tag:blogger.com,1999:blog-9951741481764244252024-03-13T10:56:55.977-07:00Médias Citoyens Diois DébatsMédias Citoyens Dioishttp://www.blogger.com/profile/06769203187523772866noreply@blogger.comBlogger40125tag:blogger.com,1999:blog-995174148176424425.post-88262502582243116362015-12-20T13:00:00.000-08:002015-12-20T13:00:52.465-08:00Dans l’homme, tout est bon...<b>Dans l’homme, tout est bon<br />(Homo homini porcus)</b><br />
<i>À nos amis : Laurent Alexandre, Claude Allègre, Jean-Claude Ameisem, Henri Atlan, Jacques<br />Attali, Robert Badinter, Alain Badiou, Christian Bataille, Alim-Louis Bénabid, Bernard Bigot,<br />Bruno Bonnel, Gérald Bronner, Pascal Bruckner, Jean-Pierre Chevènement, Vincent Courtillot,<br />René Frydman, Louis Gallois, Pierre-Benoit Joly, Alain Juppé, Jean de Kervasdoué, Etienne<br />Klein, Louis Laurent, Anne Lauvergeon, Philippe Marlière, Jean-Luc Mélenchon, Alexandre<br />Moatti, à la revue Multitudes, à Xavier Niel, Jean Peyrelevade, Jean Therme, Serge Tisseron, à<br />tous ceux qui luttent pour le Progrès et contre l’obscurantisme catastrophiste et réactionnaire.</i><br />
<b>« Que voulons-nous ? – TOUT ! »<br />(sous-titre de Tout, journal de Vive La Révolution)<br />« Nous chions sur toutes les normes »</b><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<b><a href="http://1.bp.blogspot.com/-iLEIaC-4qdI/VncWuLxRSjI/AAAAAAAAYRg/FMpMh-bJTxs/s1600/%2521cid_32C2DA98889B4694AB069FC9DAE7B1DB%2540Acer.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="488" src="http://1.bp.blogspot.com/-iLEIaC-4qdI/VncWuLxRSjI/AAAAAAAAYRg/FMpMh-bJTxs/s640/%2521cid_32C2DA98889B4694AB069FC9DAE7B1DB%2540Acer.jpg" width="640" /></a></b></div>
<b><br />(lu sur une banderole du GAG, le Groupe Anarchiste Galactique)</b><br />
À ceux qui s’étonneraient du langage et de l’origine des exergues surplombant ce discours, je<br />
dirai que les demi-mots sont aussi passés de mode que les demi-saisons et qu’en dernier recours,<br />
c’est l’ennemi qui nous ouvre l’issue de l’impasse que l’on croyait sans faille. Cet ennemi, aussi<br />
risible soit-il, nous sauve à son insu, pour peu que nous sachions le voir. Que nous sachions saisir<br />
au vol ses oracles divagués, ses « mots d’ordre révolutionnaires » et leur restituer leur sens<br />
profond et positif.<br />
Nous vivons une époque intéressante. Il n’est bruit que de catastrophe, d’apocalypse,<br />
d’effondrement. Il est normal qu’une plèbe dépassée cède à la panique et confonde la fin du<br />
monde avec sa fin propre. Comment des êtres nés au fond d’une fosse et y ayant toujours rampé<br />
pourraient se figurer d’autres êtres, d’autres lieux, au-delà du ciel qui leur bouche la vue.<br />
Comment pourraient-ils croire que l’écroulement de leur puits, la noyade et l’enfouissement sous<br />
la boue n’est pas la fin du monde ni celle de l’humanité. Rien ne sert de pleurer sur ce qui fut<br />
consumé depuis deux siècles que les glaces de l’Antarctique archivent le plomb des naviresusines,<br />
des baleiniers, des phoquiers, des cargos du Cap Horn, des mines de charbon et des<br />
industries métallurgiques du Chili, du Pérou, d’Australie et d’Afrique du Sud.<br />
Nul besoin de chercher des coupables parmi les entrepreneurs et les héritiers des dynasties<br />
économiques. Si crime il y a, nous sommes tous coupables. Nous avons tous profité du progrès<br />
comme l’indique le terme d’« anthropocène » élu par les scientifiques pour désigner ce temps où<br />
nous dévorons plus tôt chaque année le revenu de notre capital planétaire et ce capital lui-même.<br />
En revanche, les titans qui par leur audace et leur énergie ont conquis les cimes du ciel et leur<br />
place au soleil ne peuvent s’abandonner aux paniques populaires. Ils doivent, eux qui jouissent<br />
d’une Weltanschauung, d’une vue sur le monde, l’envisager d’un oeil froid et impersonnel, aux<br />
2<br />
seules lumières de la raison. Et l’ayant considéré, eux qui sont les seuls à savoir, à vouloir et à<br />
pouvoir tout à la fois, ils doivent prendre les décisions rationnelles et sans retour pour aller de<br />
l’avant comme ils l’ont toujours fait. Le troupeau meuglera comme toujours aussi. Le commun<br />
n’aime que ce qu’il connaît, ses murs resserrés, la cage de ses habitudes, la roue du perpétuel<br />
retour. Si on avait écouté les vieux, nous en serions encore à courir nus dans les forêts et à prier<br />
les arbres et les bêtes. L’arriération pèse de son poids mort contre tout progrès : le feu, la roue, le<br />
chemin de fer, l’énergie nucléaire, l’ingénierie génétique, etc. Il fallut toujours lui faire violence<br />
pour obtenir sa coopération et accéder aux stades supérieurs de l’humanité. Ainsi les paysans<br />
sédentaires repoussèrent les chasseurs nomades vers les fonds de montagnes et de forêts pour<br />
s’emparer des meilleures terres. Les esclaves ont creusé les mines des âges du bronze et du fer<br />
comme ils ont cultivé les domaines de l’Antiquité. Ce sont les pirates marchands, Phéniciens,<br />
Vikings, Conquistadors, qui forcèrent les voies du commerce global et ouvrirent les Indes et les<br />
Amériques à la mise en valeur. Ce sont les propriétaires terriens et les capitaines d’industrie qui<br />
ayant chassé les paysans de la terre enchaînèrent les ouvriers aux machines. En a-t-on entendu<br />
des pleurs, des menaces, des diatribes ! Toute la lyre chrétienne et romantique ! Tout le tambour<br />
anarchiste et socialiste ! Et puis quoi ?... Rien. Ce sont les ouvriers qui ont vaincu leurs prétendus<br />
libérateurs. Il faut être bien essentialiste et bien peu matérialiste pour s’imaginer qu’il existerait<br />
une « dignité humaine » de naissance, intrinsèque et irréductible aux conditions sociales et<br />
pratiques qui façonnent le porteur de cet invincible caractère. La pâte humaine est labile et<br />
malléable à souhait. Elle s’adapte jusque dans les camps d’extermination. On la modèle. On la<br />
forme, déforme, réforme. On en fait ce qu’il faut, quitte à modifier le matériau lui-même. C’est la<br />
tâche des ingénieurs des hommes. La sélection fait son oeuvre. Ayant lâché toute espérance, les<br />
ouvriers survivant au choc initial se firent très bien à l’usine et au mode de vie industriel. Comme<br />
s’ils n’avaient rien connu d’autre – et de fait le souvenir des vies antérieures mourut de leur<br />
mémoire. Aussi vite qu’était morte la mémoire des sauvages, des esclaves et des paysans. Ils<br />
devinrent en quelques générations d’avides convives au festin de la nature, mordant à pleine<br />
gueule le gâteau servi par la société de consommation et ne bataillant que pour arracher de plus<br />
grosses bouchées.<br />
Ce sont les technocrates, enfin, à l’ère technologique du capitalisme planétaire unifié, qui<br />
construisent la machine à tout faire, évinçant l’humain de sa propre reproduction après l’avoir<br />
évincé de toute production. Eh quoi ! La paresse n’est-elle plus le moteur du progrès ? Tout le<br />
sens de l’histoire n’était-il pas d’aboutir à la toute-puissance ? À l’état d’heureux et génial<br />
fainéant servi par les machines et doté d’une rente perpétuelle ? Devons-nous pleurer d’atteindre<br />
aux fins de l’homme ? Fi des jérémiades judéo-chrétiennes, de la rédemption par la souffrance et<br />
le travail, de la moraline de l’effort et du devoir – au nom de quelle transcendance, je vous prie ?<br />
De quelle nostalgie rance et réactionnaire ? Comme le disent les « anarchistes galactiques »,<br />
nous qui désirons sans fin, nous n’avons que des droits et nous les avons tous. L’activité<br />
humaine ayant réalisé l’utopie de l’abondance et de l’oisiveté assistée par ordinateur se livrera<br />
tout entière à la création et à l’invention de désirs nouveaux. L’émancipation est une galaxie en<br />
expansion accélérée, illimitée. Elle s’impose à la vitesse des accélérations technologiques qu’elle<br />
inspire et qui la réalisent en retour. Les obscurantistes peuvent bien s’opposer au progrès, ils ne<br />
peuvent l’arrêter quand le fait accompli bouleverse sans phrase l’ordre établi, abolissant du même<br />
coup les normes oppressives et les possibilités d’opposition. Eux-mêmes, alors, doivent changer<br />
ou disparaître. Nous serons bientôt des machines à vivre supérieures, intégrées à la machine<br />
universelle, au fonctionnement optimal et perpétuel, et dotées de ces pouvoirs que les religions<br />
attribuaient aux dieux. Il nous faut cependant, franchir d’abord le dur détroit des circonstances.<br />
Chacun sait que nous traversons une crise sans qu’il soit besoin d’alourdir le propos par des<br />
citations et des chiffres qui donnent du poids à l’auteur et de l’ennui au lecteur. Chacun sait aussi<br />
3<br />
qu’une crise est un moment de tri entre ce qui paraît et ce qui disparaît. Un moment<br />
d’exubérance, de chances multiples, contradictoires, parallèles, divergentes, convergentes, une<br />
explosion de possibles plus excitants les uns que les autres, mais bien sûr, il faut que l’ancien<br />
disparaisse pour qu’apparaisse le nouveau.<br />
Nous avons mangé la forêt, et alors ? Il faut bien vivre. Nourrir les chasseurs, les paysans, les<br />
machines à vapeur, les cyborgs. Il faut bien mettre les gens quelque part. Nous serons 9 milliards<br />
en 2050 – ne cédons pas au catastrophisme. L’anthropocène commence il y a 800 000 ans avec la<br />
maîtrise du feu, il y a 8000 ans avec la mise en culture de l’Europe et de l’Asie mineure, il y a<br />
5000 ans avec le méthane résiduel des rizières chinoises. Il y a 3400 ans avec les mines de<br />
cinabre vermillon des Chavins et des Incas dont les traces de mercure affleurent aujourd’hui les<br />
lacs péruviens. Il commence à la même époque chez nos ancêtres gaulois, avec l’exploitation<br />
proto-industrielle des puits à saumure de Lorraine et l’abattage des chênes, des hêtres, des<br />
noisetiers et jusqu’aux buissons qui servaient à chauffer la saumure pour en extraire le sel. Un<br />
produit rare et coûteux, nécessaire à l’alimentation du bétail et à la conservation des vivres qui fit<br />
la fortune de l’aristocratie locale.<br />
Nous avons mangé la forêt ; du boeuf, du soja, de l’huile de palme, du caoutchouc, du bois de<br />
construction ; Bornéo, l’Amazone, le Congo, le Cambodge, le Mékong, et nous en avons tous<br />
croqué. Elle a nourri la croissance et toutes les bouches du monde en voie de prolifération.<br />
Fallait-il la réserver à quelques poignées de nudistes, amateurs de viande de brousse, de pécaris et<br />
de fourmiliers, pilleurs de miel et de fruits sauvages ?<br />
Les sauvages voulaient ce que nous avons – et c’est pour cela que nous l’avons. Ils n’ont pas la<br />
nostalgie de la boue. Ils ne veulent pas revenir à la nature comme le prêchent les geignards<br />
primitivistes qui rêvent de nous faire marcher à quatre pattes. Ils veulent ce que nous voulons,<br />
tout le confort d’un habitat-machine automatisé, sous la voûte d’une cité globale.<br />
Cela se dit depuis longtemps déjà au sein des élites bioniques, l’épuisement des milieux exploités<br />
et le chaos climatique nous ouvrent des perspectives comme nous n’en avions pas connu depuis<br />
les Grandes Découvertes. Colonisation des océans qui couvrent les trois quarts du globe, de<br />
l’Australie, de l’Antarctique, de la Sibérie, du Groenland, du Nord Canada, de l’Alaska, de<br />
l’Amazonie et du Congo, ouverture d’une voie de navigation arctique, destruction de centaines de<br />
cités industrielles, telle Détroit, et construction de milliers d’écocités à énergie positive,<br />
climatisées grâce aux rejets de chaleur des centres de mégadonnées, comme au Val d’Europe,<br />
près de Paris. Le mythe de l’épuisement des ressources fossiles est le meilleur stimulant à la<br />
prospection. Le Pacifique, la Méditerranée, l’Egypte, Israël, le Liban, les deux pôles, le<br />
Mozambique, la Tanzanie, l’Irak, l’Afghanistan, la Mongolie, la Bolivie regorgent d’eldorados<br />
gaziers, pétroliers, minéraliers. Les découvertes de gisements gigantesques se multiplient, à<br />
l’exploitation toujours plus rentable quelles que soient ses conditions extrêmes : miracle de la<br />
pénurie et du génie technologique.<br />
Jean-Luc Mélenchon et les dirigeants de la gauche progressiste ont raison. Nos abysses restent à<br />
explorer. Nous ne connaissons pas le dixième des grands fonds, aux épais tapis de cuivre, de zinc,<br />
d’or, d’argent, de manganèse, hauts de dizaines de mètres. Sans compter les trésors de terres<br />
rares, de lithium, d’uranium, de cobalt, de platine, de nickel, de sélénium, de molybdène, de<br />
tellure, de bismuth, de baryum, d’iridium, de lanthane, de cérium, d’yttrium qui s’amassent<br />
autour des fumoirs. Au bord des failles tectoniques où l’eau s’engouffre jusqu’aux poches de lave<br />
pour s’y charger de particules métalliques, avant de rejaillir en panaches brûlants, des millénaires<br />
durant.<br />
L’océan est de plus en plus acide ? Coraux et planctons sont rongés ? Qu’importe, les continents<br />
de plastique et les myriades de particules qui s’étalent à sa surface permettent aux microorganismes<br />
de prospérer au soleil, grâce à une photosynthèse accrue ; une digestion stimulée de<br />
CO2 atmosphérique.<br />
4<br />
Salut Vieil Océan, nous avons mangé la forêt et maintenant c’est ton tour. Les poissons, c’est<br />
bientôt fait. Idem coquillages et crustacés. Algues et plancton sont au menu. Vieil Océan, vaste et<br />
vierge, tu seras notre première sortie de la Terre. Nous créerons des bulles dans tes profondeurs, à<br />
l’abri des nuisances et des excès de température. Nous y trouverons notre provende et de<br />
l’oxygène à profusion, qu’il suffira d’extraire. Nous aurons des centaines d’années devant nous<br />
pour y mettre au point la fusion nucléaire, propre, efficace, bon marché, afin d’alimenter nos<br />
vaisseaux interstellaires. Certes, à un centième de la vitesse de la lumière, il faudrait encore un<br />
millier d’années pour atteindre les étoiles les plus proches, mais le génie génétique allongera nos<br />
durées de vie après avoir fait de nous des hommes-poissons, des siréniens amphibies – qu’y a-t-il<br />
d’impossible à la génétique ?<br />
La légende du « stress hydrique » entraîne la création d’un marché de l’eau global, nécessaire à<br />
une saine gestion de la ressource, régulation et valorisation. Nous exporterons l’eau douce par<br />
canalisations sous-marines, des Bouches du Rhône vers la Catalogne, du Midi vers l’Algérie.<br />
Nous détournerons le Yangtsé pour approvisionner les cultures, les villes et les usines chinoises.<br />
Nous retournerons l’Ob, l’Yrtych, l’Ienisseï, la Lena pour abreuver les zones populeuses d’Asie<br />
centrale, plutôt que les déserts de Sibérie. Qu’importe l’assèchement des fleuves alors que nous<br />
disposons de la fonte des banquises, de 500 000 km3 de réserves d’eau douce sous les fonds<br />
marins et d’aquifères cent fois supérieurs aux pluies annuelles sous le continent africain. Sans<br />
compter les 16 000 usines de dessalement déjà à l’oeuvre dans 150 pays qui nous offrent la mer à<br />
boire. Nous te boirons, Vieil Océan. Chaque destruction, chaque épuisement prétendu, nous<br />
découvre de nouvelles ressources, de nouveaux marchés, de nouveaux jaillissements de<br />
croissance.<br />
La prétendue crise des sols est une aubaine pour les campagnes arriérées. Madagascar, le Soudan,<br />
l’Ethiopie, le Congo, les Philippines, l’Indonésie, le Laos vendent et louent des millions<br />
d’hectares au Japon, à la Chine, à la Corée, à l’Arabie Saoudite, aux Emirats Arabes Unis. Les<br />
agro-industriels suisses, allemands, français investissent la Roumanie et l’ex-Allemagne de l’Est.<br />
En Ukraine et en Hongrie, ce sont les entrepreneurs des villes qui fondent de grands domaines,<br />
modernisent l’agriculture et l’orientent vers des productions rentables : Ethanol et agrocarburants,<br />
hévéas, canne à sucre, huile de palme, fleurs coupées, etc. La plupart des paysans sont avides de<br />
vendre, d’avoir un emploi sur le domaine ou de partir vers les Zones Economiques Spéciales. Ce<br />
qu’ils veulent, c’est une machine à habiter, avec une boîte à images qui bougent, l’eau chaude et<br />
l’électricité ; et non pas une tanière puante où patauger toute leur vie dans le fumier et la boue des<br />
rizières. Nous n’avons pas le choix. L’économie a besoin d’usines, d’autoroutes, de centres<br />
commerciaux, de déchets, de tourisme, de parkings, de barrages, de centrales nucléaires, de lignes<br />
électriques et ferroviaires, de stades, de golfs, de résidences secondaires et non pas de pléthores<br />
populeuses grattant leurs parcelles en famille, avec trois vaches et dix canards. Ils se font très<br />
bien à la ville. Ils ne reviennent jamais à la campagne. En Afrique, dans les bidonvilles, ils<br />
cultivent des légumes dans des sacs de terre. En Chine où l’on rase les tumulus funéraires pour<br />
gagner des sols, ils aménagent caves et balcons en potagers. C’est ingénieux, et ainsi , comme<br />
Candide et ses compagnons, éloignent-ils d’eux les trois grands maux de l’ennui, du vice, et du<br />
besoin. Quant aux agitations, en Inde, au Brésil, aux Philippines, nous avons des méthodes de<br />
traitement. Trois paillotes brûlées, un tas de corps boueux, un meneur scié entre deux planches, et<br />
place au tracteur. De toute façon, aucune jacquerie n’a jamais fait reculer la roue de l’Histoire ; et<br />
moins que jamais, aujourd’hui qu’il n’y a plus de jacques.<br />
Le monde s’urbanise, les villes verdissent. Nous lançons des cités flottantes, des villes<br />
amphibies bâties sur des pontons, des polders, des îles artificielles, aux Pays-Bas, en Corée, au<br />
Japon, en Chine, au Brésil et dans les émirats. Des villes en vase clos, automatisées et<br />
climatisées. Nous édifions des Babylones vertigineuses, enchevêtrées de jardins suspendus, de<br />
toits et de terrasses végétalisés où prolifèrent les petits oiseaux si chers aux coeurs des<br />
5<br />
animalistes. Des monades urbaines, verts gratte-ciel de 50 étages pour nourrir 50 000 personnes.<br />
Tours maraîchères et d’élevage, où produire fruits et légumes, poules et poissons, veaux, vaches,<br />
cochons, crevettes. Des fermes verticales plus économes en eau et en énergie fossile que les<br />
fermes de plein air, et pourvoyeuses de nourriture fraîche. Qu’y a-t-il d’impossible à<br />
l’agronomie ? Ici, nous récoltons des tomates à la tonne, même en hiver, sous des bulles de verre<br />
chauffées, aseptisées et gérées par ordinateur. Les fruits plongent leurs pieds dans des cubes de<br />
laine de roche, fournis en eau et nutriments par l’ordinateur qui régule la chaleur et l’hygrométrie.<br />
Nous cultivons hors substrat, simplement suspendues sur des grilles, des semences aux fertilités<br />
centuplées, grâce aux nutriments vaporisés sur les plantes. Voyez Akademia, la nouvelle ville<br />
verte de 350 000 habitants, aux tours de 400 mètres dans les forêts de l’Oural. Voyez Masdar,<br />
Dubaï, Durrat Al-Bahrain et les dizaines de nouvelles cités qui hérissent la Péninsule d’Arabie.<br />
Qu’importe la fonte des neiges dans les Alpes, ici, on skie sous dôme et sur neige artificielle.<br />
L’eau peut monter et les sols sombrer. Nous avons déjà embarqué les espèces à bord de nos<br />
arches insubmersibles. Toutes les semences de plantes, de bêtes et d’hommes dans nos banques<br />
réfrigérées, blindées, cachées, retranchées, aux Spitzberg et autre Kamtchatka. Nous avons les 3<br />
millions de variétés, les 100 000 sortes de riz, les 200 000 graines de froment, 80 000 de maïs.<br />
Nous avons les 14 000 légumes et les 4000 pommes de terre. Nos trésors génétiques, amassés et<br />
gardés par les Etats, les fondations, Rockefeller, Bill et Melinda Gates, par Syngenta, la société<br />
mondiale des semences, par le Fonds mondial pour la diversité des cultures, les organismes<br />
publics et les entreprises privées. Nous avons tout pris, tout prévu. Nous sommes prêts à l’action<br />
contre les catastrophistes et les prophètes de malheur qui répandent de faux bruits et tentent de<br />
semer la panique parmi les numéros.<br />
La pollution atmosphérique suscite un marché de l’air : séjours en altitude, dômes antipollution,<br />
masques purificateurs équipés de filtres à particules, bouteilles et masque à oxygène. Qu’importe<br />
la hausse de 7 mètres des océans et celle de 5° de la température, d’ici 2100, qu’importe le<br />
naufrage de Nauru, Tuvalu, des Kiribati, Maldives et autres micronésies, l’emballement des<br />
tempêtes, des ouragans, des sécheresses, des canicules, notre conquête du monde ne fait que<br />
commencer et il nous reste 4 milliards d’années pour faire celle de l’Univers.<br />
Mais le plus riche filon en termes d’avenir et de retour sur investissement, c’est celui de<br />
l’extraction et de la transformation de matière grise. Autrement dit l’économie cognitive de la<br />
technocratie. Évaluations et solutions, réhabilitations éparses et partielles, conception de<br />
nouveaux modes de vie et de néo-milieux, adaptations et modifications de populations,<br />
recyclages, transitions, alternatives, etc. Nous avons tout compté, pesé, mesuré. La prise directe<br />
(eau, nourriture, bois, etc.), la régulation (stockage du carbone, filtrage des eaux, fixation de<br />
l’érosion), les loisirs, la santé, etc. Nous savons le coût et le prix de chaque fourmi. Nous savons<br />
qu’en comptant la pêche, le tourisme, le traitement des eaux, la protection côtière, les massifs<br />
coralliens nous rapportent 5 à 10 000 euros par hectare et par an ; des milliers d’hectares, des<br />
milliards d’euros. Nous connaissons le prix moyen d’un hectare d’eaux et forêts - 970 euros - y<br />
compris le bois (90 €), la qualité de l’eau (90 €), les services récréatifs (200 €), la fixation et le<br />
stockage du carbone (500 €). C’est facile, il suffit de demander aux numéros combien ils sont<br />
prêts à payer, en transports et en droit d’accès, pour se promener dans les bois. Il faut payer<br />
pour tout, la gratuité incite au gaspillage. Nous connaissons le prix du Congo : 160 millions de<br />
dollars pour l’exportation du bois - un milliard pour l’usage local en combustible, un autre<br />
milliard pour la viande de brousse que mangent les locaux, 500 millions pour le rôle de digue<br />
contre les inondations que joue la forêt et encore 500 millions de rente pour nos élites locales.<br />
Total : trois milliards de dollars par an pour sauver l’autre « poumon de la planète ». Exorbitant.<br />
Mieux vaut laisser le marché de l’air réguler production et consommation. Nous savons qu’il<br />
faudra payer 150 milliards d’euros par an la main d’oeuvre et les machines qui feront à la place<br />
des abeilles le travail de pollinisation, comme aujourd’hui en Chine. Et alors ?... Ce sont des<br />
6<br />
emplois verts, de la croissance verte, du capitalisme vert, un green New Deal, les syndicats nous<br />
applaudiront. Les chômeurs et les exclus retrouveront leur estime de soi, ils seront provisoirement<br />
utiles. Nous savons qu’en 2050, la perte de biodiversité nous coûtera 14 000 milliards d’euros par<br />
an, 7 % du produit mondial brut. Un coût marginal, de simples externalités à côté de ce que nous<br />
rapporteront les taxes et les crédits carbones, les permis de polluer et de détruire. Quand il faut<br />
lâcher du gaz, on lâche, et l’on paye les droits pour lutter contre le réchauffement climatique.<br />
Cela fait longtemps qu’aux Etats-Unis, la philophysique, les bonnes oeuvres en faveur de la<br />
nature, constitue un secteur économique et financier. Quand il faut raser, on rase, et l’on achète<br />
des unités de biodiversité équivalentes à celles détruites, auprès des banques de compensation.<br />
Voyez ces plantations de tournesols à Tchernobyl et Fukushima pour absorber le césium des<br />
terres radioactives, la reconstitution du coussoul, le vieux sol de la Crau, au domaine du Cossure.<br />
Des ingénieurs, des machines, des millions d’euros. Une prouesse d’ingénierie écologique. Mais<br />
qu’y a-t-il d’impossible à l’ingénierie écologique ? Elle peut lâcher des myriades de fourmis<br />
granivores dans la même plaine de la Crau pour y boulotter les fuites noires des raffineries de<br />
Fos, recycler par les plantes l’arsenic des mines d’or, lâcher des bactéries génétiquement<br />
modifiées pour digérer le mercure, le chrome, le cadmium, les PCB, les récoltes de tournesols<br />
radioactifs, et transformer les flaques noires en eau et dioxyde de carbone. Elle peut dépolluer,<br />
restaurer les forêts du Brésil dévastées par l’industrie minière, reboiser les savanes du Niger,<br />
recréer les marais d’Irak, les coraux d’Antigua-et-Barbuda, les tourbières des Ardennes, ramasser<br />
les centaines de tonnes de ferrailles abandonnées depuis des lustres aux îles Eparses. Elle peut<br />
redessiner les sites, drainer les pluies, verser des tonnes de compost, planter des mousses, des<br />
herbes, des arbres. Il n’y a pas de terres mortes, seulement des sites plus difficiles, plus longs,<br />
plus chers à raviver, ce n’est qu’une question de coûts et profits.<br />
Le prétendu épuisement des matières premières est une légende catastrophiste et réactionnaire,<br />
née d’une application bornée du principe d’entropie par l’économiste Georgescu-Roegen. En<br />
réalité, il faut s’en tenir à Lavoisier : rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. Il<br />
n’y a pas de déchet ultime et nos matières dernières sont aussi nos matières premières,<br />
suivant un cycle immortel. Nous transformerons la fumée en pétrole et les déchets radioactifs en<br />
uranium. Il suffit de savoir les traiter, mais qu’y a-t-il d’impossible aux ingénieurs et<br />
entrepreneurs de l’économie circulaire et de l’écologie industrielle ? Nos ordures valent de<br />
l’or ! Nous en produisons 5 milliards de tonnes par an, dans le monde, qu’il ne tient qu’à nous de<br />
valoriser. Entre 1900 et 2000, le prix des matières premières a été divisé par 2. Entre 2000 et<br />
2013, il a été multiplié par 3 ! Nos villes recèlent des gisements plus riches que les plus riches<br />
mines d’Afrique du Sud. La concentration de métaux précieux dans nos mines urbaines est 40 à<br />
50 fois plus élevée que celle des filons naturels. Nos décharges contiennent plus de cuivre que les<br />
sous-sols. Le XXe siècle a multiplié par 27 l’extraction des minerais et minéraux qui gisent<br />
désormais dans nos bâtiments (cuivre, acier), nos avions (aluminium, rhénium, béryllium), nos<br />
éoliennes (terres rares), nos écrans LCD (iridium). Nos usines extraient des centaines de tonnes<br />
d’or, des milliers d’argent et de cuivre de nos vieux portables et ordinateurs, du rhodium, du<br />
palladium, de l’aluminium, du lithium – plus qu’il n’en reste dans les mines de Chine et du Chiliet<br />
encore une vingtaine d’autres métaux.<br />
Nous recyclons tout : le papier, les métaux ferreux, les plastiques – L’Europe possède un<br />
gisement d’un milliard de barils de pétrole dans ses réserves de matières plastiques !- les huiles et<br />
les eaux usées – excellente alternative au dessalement dans les pays assoiffés.<br />
Tous les pétroles d’Arabie peuvent bien brûler ! Nous produisons du méthane, des carburants, de<br />
l’électricité grâce aux déchets végétaux, des puits inépuisables pour nourrir notre avidité<br />
énergétique. Nos poubelles sont nos réservoirs. Nous nous chauffons, nous éclairons, roulons,<br />
avec le rebut de nos jardins, de nos cuisines et salles de bains (épluchures, essuie-tout, mouchoirs,<br />
etc.). Entre sa naissance et l’apprentissage de la propreté, vers 2 ans et demi, un enfant consomme<br />
4 à 5000 couches : imaginez l’énergie produite chaque année, à partir de ces 600 000 tonnes de<br />
7<br />
matières premières ! À Londres, les fish and chips alimentent une centrale électrique. Dans les<br />
Landes, une usine utilise une torche à plasma pour produire 12 mégawatts d’électricité – soit la<br />
consommation d’une ville de 50 000 habitants- et valorise ainsi de banals résidus industriels :<br />
palettes, cartons, plastiques, contreplaqués. San Francisco recycle 80 % de ses déchets, issus de<br />
tous les secteurs (Administration, services, hôtels, BTP). Le recyclage et le compostage sont<br />
obligatoires pour les particuliers. Les brigades vertes contrôlent les poubelles et des amendes de<br />
100 à 1000 dollars punissent les contrevenants. À Kalundborg, au Danemark, les patrons d’usine<br />
ont trouvé la pierre philosophale pour changer l’ordure en or : les déchets de l’un produisent<br />
l’énergie de l’autre. L’eau est réutilisée jusqu’à quatre fois ! Les matériaux irrécupérables et la<br />
vapeur récupérée fournissent énergie et chauffage. Les boues fertilisent les terres alentour,<br />
comme le riche compost de San Francisco qui nourrit les vignes de Napa Valley et fixe le<br />
carbone dans le sol.<br />
Les bateaux eux-mêmes peuvent transformer leurs déchets en combustibles. Les poissons<br />
impropres à vente fournissant une huile apte à faire tourner les moteurs des bateaux de pêche. Les<br />
déchets de cuisine méthanisés produisant du biogaz sur les paquebots.<br />
Nos chimistes changent la merde en or ! Ils produisent de l’électricité avec notre lisier, ils en<br />
font de l’eau potable et des engrais, ils extraient l’azote et le phosphore de notre urine et de nos<br />
fèces comme Victor Hugo l’avait annoncé dans Les Misérables ! Peu importe les préjugés, nous<br />
avons accoutumé les numéros à manger de la merde, demain, nous leur ferons manger leur merde<br />
– retraitée bien sûr, enrichie et conditionnée. Si l’on est ce qu’on mange, dans l’homme comme<br />
dans la merde, tout est bon. Nous devons boucler la boucle afin que la matière fécale des numéros<br />
devienne leur matière énergétique et optimiser ainsi l’économie circulaire.<br />
Nous employons également les déchets dans le BTP – ainsi ces rebuts radioactifs qui servent aux<br />
remblais des voies ferrées et des autoroutes. Nous employons les déchets du BTP à<br />
l’aménagement du territoire. Voyez ces milliers de collines en Seine et Marne, hautes d’une<br />
vingtaine de mètres, dépôts de béton, de ciment, de bitume, de terre et de gravats, couverts de<br />
buissons et d’herbe rude, semblables aux tells et tumulus de Mésopotamie.<br />
Les numéros ne sont pas si bêtes ; avec leur espèce d’instinct de fouille et de cueillette, ils ont<br />
saisi le profit qu’ils pouvaient tirer des ordures et déchets. À la Réunion, les plus pauvres,<br />
chômeurs et retraités, glanent leur pâtée dans le jus de merde d’un dépotoir. À Hambourg, ils<br />
disputent la collecte des verres consignés aux services officiels. En Inde, en Chine, en Afrique,<br />
des faubourgs entiers, des dizaines de milliers de décortiqueurs démontent les 65 millions de<br />
tonnes de déchets électriques et électroniques produits annuellement dans le monde et en<br />
revendent les composants (métaux lourds, plomb, mercure, cadmium, arsenic) aux fabricants de<br />
jouets et d’électroménager. Du point de vue économique, mieux vaut mettre sur le marché des<br />
produits jetables, irréparables par les usagers et générer ainsi un nouveau cycle fabrication –<br />
consommation, plutôt que de laisser des objets indestructibles porter atteinte à la croissance et au<br />
moral des ménages.<br />
À Salaise, dans l’Isère, l’usine Tredi importe des milliers de tonnes de toxiques par an,<br />
d’Ukraine, d’Australie, de Côte d’Ivoire et en fait un excellent compost, épandu dans les champs<br />
alentour. En Castille, Villar de Canas se bat pour obtenir l’implantation d’un centre de stockage<br />
des déchets nucléaires et les emplois qui vont avec. Nous recyclons, nous créons de la valeur et<br />
de l’emploi : nul ne peut dire que nous manquons de conscience écologique et sociale. C’est<br />
provisoire, bien sûr, même au tarif indien (entre un et deux euros par jour), les recycleurs ne<br />
seront pas longtemps compétitifs face aux robots trieurs et aux séparateurs optiques, mais ça<br />
dépanne en attendant leur introduction.<br />
Si les troubles écologiques provoquent des guerres, ces guerres résolvent les troubles<br />
écologiques. Élimination des populations surnuméraires, disparition des sociétés inadaptées,<br />
percées technologiques. Le progrès flamboie en temps de crise, guerres et catastrophes, tout<br />
l’effort va aux sciences et technologies qui explosent en feux d’artifices. Du pire sort le meilleur.<br />
8<br />
Ainsi, nous capterons le méthane et le carbone du pergélisol, l’acide et le plastique des océans<br />
comme le font déjà les bactéries qui dévorent les marées noires dans le Golfe du Mexique, et<br />
nous les ramènerons à leur état d’hydrocarbures. Qu’y a-t-il d’impossible à la géoingénierie ? Les<br />
Chinois déclenchent déjà pluies et neiges avec des décharges d’iodure d’argent dans les nuages<br />
pour lutter contre les sécheresses. Nous dirigerons notre système climatique, consciemment et<br />
scientifiquement, en pulvérisant des mégatonnes de souffre dans le ciel, nous blanchirons les<br />
nuages à l’eau de mer, nous sèmerons les océans de poussière de fer et nous planterons les terres<br />
d’arbres artificiels pour capter le gaz de carbone, nous lancerons d’immenses miroirs dans<br />
l’espace pour repousser une partie du rayonnement solaire et nous déplacerons la Terre de son<br />
orbite pour l’éloigner du brasier.<br />
Si la croyance en l’épuisement des ressources naturelles relève surtout du fantasme, de<br />
perceptions subjectives et limitées, nous devons cependant profiter du choc émotionnel de foules<br />
éperdues pour imposer les desseins de longue date que l’évolution historique exigeait tôt ou tard.<br />
Chacun aujourd’hui comprend la nécessité pour le bien collectif d’instaurer l’état d’urgence<br />
écologique et civique. Nous devons donner force de loi aux bonnes pratiques (frugalité, partage,<br />
recyclage), répartir l’énergie et les calories, de façon centralisée, en fonction de l’intérêt général<br />
et introduire une carte de vie afin de lutter contre la fraude, la contrebande et le marché noir. Il<br />
faut évidemment allouer le maximum de ressources à l’élite technocratique, seule à même<br />
d’assurer la transition de l’espèce vers Homo superus mechanicus. Concentrer les moyens sur<br />
l’appareil scientifique. Les numéros veulent bien faire, la plupart nous soutiendront. Les numéros<br />
savent qu’ils ne sont que des numéros et qu’ils n’y peuvent rien. Ils savent qu’ils sont là pour<br />
subir et disparaître. Ils ne souhaitent qu’une chose, c’est qu’on ne les fasse pas souffrir- et après<br />
eux le déluge. Ils veulent juste qu’on ne les force pas à voir la mort en face, qu’on ne les force<br />
pas à penser, qu’on les laisse juste s’oublier dans l’instant, dans la routine de leur sous-vie<br />
quotidienne, dans les mirages de leurs paradis artificiels et de leurs réalités virtuelles. Qu’ils nous<br />
soutiennent ou non, peu importe. Nous avons leurs numéros d’identité, leurs empreintes digitales<br />
et génétiques, leurs identités biométriques, vocales, faciales, oculaires, de silhouettes et d’allures.<br />
Nous avons leur profil et leur portrait-robot. Nous avons leurs centaines de numéros dans nos<br />
centaines de fichiers, administratifs et commerciaux, leurs adresses postales et numériques, leurs<br />
numéros de téléphones. Nous les prévoyons avec nos algorithmes et nos mégadonnées. Nous<br />
savons à quoi ils pensent et ce qu’ils pensent : c’est nous qui en décidons. Nous lisons leurs<br />
pensées, nous effaçons leurs souvenirs, nous les modifions, nous les créons. Nous savons ce<br />
qu’ils font et ce qu’ils vont faire et nous en décidons aussi. Nous commandons leurs<br />
comportements en fonction des intérêts supérieurs qui sont nos intérêts. Nous les voyons avec nos<br />
myriades de caméras et nos logiciels de reconnaissance. Nous les écoutons avec nos capteurs et<br />
nos connexions. Nous les pilotons avec nos implants et nos molécules. Nous les supprimons avec<br />
nos armes spéciales et d’extermination massive. La destruction de leur sûreté ne peut que susciter<br />
un marché de notre sécurité, d’autant plus fructueux que nous les faisons payer pour leur propre<br />
contrainte. C’est nous qui levons les impôts et qui décidons des crédits de recherche. Nous<br />
n’aurons guère à utiliser les moyens coercitifs que nous donnent la loi, la force armée et les<br />
technologies développées dans les dernières décennies. Ce sera, en revanche, l’occasion de les<br />
stimuler afin d’accomplir notre Manifest Destiny, ce rêve de toute-puissance dont témoignent les<br />
mythes de Prométhée et du serpent d’Eden.<br />
Qu’importe d’ailleurs l’éventuel épuisement des matières premières si nous faisons toujours plus<br />
avec toujours moins ? Voire, si de rien nous faisions tout - ex nihilo totus - et que nous vivions<br />
de vie immatérielle, affranchie de tout substrat ? Qu’y a-t-il d’impossible à la science ? Savoir,<br />
c’est pouvoir. Le but de la science, c’est la puissance. Le but de la toute-science, c’est la<br />
toute-puissance. Les seules limites réelles sont celles que nous imaginons. Tout ce qui est<br />
imaginable sera réalisé. La convergence des nanotechnologies, des biotechnologies, de<br />
9<br />
l’informatique et des sciences cognitives nous offre une corne d’abondance illimitée avec la<br />
possibilité de décomposer la matière au niveau atomique et de la recomposer à notre guise pour<br />
former de nouveaux matériaux plus légers, plus résistants, plus souples. Nos « fab labs », nos<br />
fabuleux laboratoires d’intérieur, nous fabriqueront bientôt à volonté objets et aliments. La<br />
biologie de synthèse domestique les bactéries afin de produire carburants et nourriture. La<br />
prétendue crise des énergies fossiles ouvre de nouveaux marchés. L’or vert, c’est la biomasse,<br />
toute cette verdure planétaire qu’on peut transformer en gaz et carburants. Nous produirons des<br />
mégamasses de microalgues génétiquement modifiées, plus riches en lipides et prolifiques, dans<br />
nos raffineries et bioréacteurs. Nous allons vendre du vent, des vagues, du magma ; de l’éolien,<br />
de l’hydrolien, de la géothermie. La fusion, après la fission, génère bientôt une sur-énergie<br />
nucléaire sans rejet de carbone. Les petits hommes verts aux mentalités d’esclaves qui répandent<br />
la peur des ondes, des rayons, des fuites, des explosions en seront pour leurs prophéties de<br />
malheur. Ils voudraient nous ôter le goût du risque, de la vie, de l’aventure, nous ligoter dans leur<br />
abject principe d’épouvante. On ne peut qu’applaudir cette figure du GAG, quand elle les renvoie<br />
à la déchéance de leurs passions tristes : « La neutronique n’est ni de droite ni de gauche : elle est<br />
d’avenir. L’électronucléaire est l’énergie la plus sûre, la moins sale, la moins coûteuse, la plus<br />
discrète dans le paysage. » Elle est, comme le dit le physicien James Lovelock, « la seule énergie<br />
écologique. »<br />
De fait, les centrales et les capteurs solaires accroissent chaque année leurs rendements et<br />
l’industrie minière planifie déjà l’exploitation de la lune et des astéroïdes. L’avion-fusée ouvre<br />
l’ère du tourisme spatial. Les satellites tournent bientôt en orbite avec leurs laboratoires et leurs<br />
salles de production. Les pôles lunaires recèlent d’abondantes réserves d’eau glacée. L’eau<br />
servira à la production d’oxygène, qu’on pourra aussi extraire de la croûte lunaire, avec la silice<br />
et le calcium pour fabriquer verre, céramique, aluminium et fer nécessaires aux structures, et<br />
encore le titane, le chrome, l’hélium qui provoqueront les ruées vers l’or du prochain siècle. La<br />
NASA a fixé l’objectif Mars pour 2035. Nous couvrirons son désert de bases rouges, étanches à<br />
ses froidures et à ses rayonnements. Il s’y cache des mers de glace, de même qu’un océan baigne<br />
les rives d’Europe, une lune de Jupiter. Qu’y a-t-il d’impossible au génie planétaire ? Nous en<br />
ferons des Terres vierges et viables. Nous habiterons les amas flottant dans l’atmosphère de<br />
Vénus et les grottes des astéroïdes. Nous coloniserons les corps du système solaire avant de<br />
gagner les milliers d’exoplanètes que le sort nous a données en partage ! Le voyage continue. Le<br />
ciel est à nous. En avant, camarades pilotes, droit vers le soleil ! Nous volons vers une<br />
croissance infinie dans un monde infini. Bien sûr, ce ne sera possible qu’à l’infime élite<br />
d’homo superus qui aura pu quitter la Terre. Un million peut-être, pour quelques milliards de<br />
culs-terreux embourbés au sol natal, qui déclineront avant de s’éteindre. Mais ceux-là seront les<br />
garants de l’expansion de l’espèce et de la poursuite de son épopée sidérale. Les forts tuent, les<br />
faibles meurent : das ist.<br />
Il est tout à fait naturel que l’on ressente la nostalgie du jardin terrestre, comme on peut regretter<br />
la douceur des soirs d’été, la splendeur des moissons, le charme des chaumières. Mais quoi ? Il<br />
n’y a pas de projet qui vaille en dehors des réalités !<br />
Contre les misanthropes et les malthusiens, nous devons en revenir au principe de l’économie<br />
énoncé voici quatre siècles par Jean Bodin : il n’est de richesses que d’hommes. Plus il y en a,<br />
plus ils rapportent. Nous étions 500 000, voici 40 000 ans, à l’âge d’or et d’abondance, et il<br />
fallait un territoire de 10 à 25 km carrés par bouche à nourrir. À votre avis, où sont passés les<br />
ours, les bisons, les aurochs et les moissons vif-argent qui scintillaient les rivières ? La famine<br />
frappait le groupe au-delà de 25 à 50 chasseurs-cueilleurs. De un milliard en 1800, à l’aube de<br />
l’âge industriel, nous sommes passés à plus de sept aujourd’hui, à 11 milliards d’ici la fin du<br />
siècle, et notre consommation n’a fait que se multiplier plus vite que la population.<br />
10<br />
L’homme est le plus utile des animaux. Celui qui nous profite le plus. Il est esclave, serf, putain,<br />
salarié. On le vend, on l’achète, on le mange et il en est fier. Il croit qu’on honore sa valeur et il<br />
crie joyeusement « voilà votre viande qui arrive ». On se régale. Il est chair à boucherie, à<br />
couteau, à charrue, chair à bite. On le débite en morceaux et il s’attendrit de ses propres dons de<br />
sang, de lait, de moelle, de semences, de reins, de coeur. C’est la communion ! Le communisme<br />
des fluides et des organes ! Nos prêtres, nos savants, nos sages encouragent ces croyances. Ces<br />
dons, naturellement, aboutissent sur le marché, après transformation dans nos laboratoires, mais à<br />
quoi bon tarir la filière, raréfier le minerai, gâter la viande de toxines d’effroi et d’hostilité ?<br />
Depuis le temps que nous exploitons le cheptel humain, nous avons appris quelques techniques<br />
d’élevage. On sait bien qu’on le tue à la fin, mais sa mort est l’aboutissement et non pas le but.<br />
En attendant, nous devons collaborer avec lui à la production et au service. Aussi avons-nous<br />
élaboré un contrat autour du triptyque défini par l’anthropologue Marcel Mauss dans son Essai<br />
sur le don (1923-1924) : donner, recevoir, rendre. L’humain nous donne sa force, sa vie, son<br />
corps et en échange nous le traitons bien et nous reconnaissons notre dette – dans la mesure du<br />
possible bien sûr. Nous ne le faisons pas souffrir, à moins d’en avoir envie ou que cela soit<br />
nécessaire.<br />
Contrairement aux lubies des idéalistes et des songe-creux, l’homme est fait pour l’économie, et<br />
non pas l’économie pour l’homme. Un marché en perpétuelle expansion grâce aux progrès de<br />
l’anthropotechnie ! Plus de naissances égale plus de croissance. Les budgets sont en perpétuel<br />
envol. Dépenses pré-natales, achats et choix des semences (pour les stériles), frais de gestation et<br />
de délivrance, frais d’élevage et d’entretien à la charge des parents et de l’Etat jusqu’à l’âge<br />
adulte. En France, on atteint les 400 000 euros par tête autour de la majorité. Aux Etats-Unis,<br />
chaque nouveau-né, tel Gargantua, consomme au cours de sa vie :<br />
730 tonnes de pierres, sable et gravier<br />
500 000 litres d’eau<br />
310 000 litres de pétrole<br />
266 tonnes de charbon<br />
161 000 mètres cubes de gaz naturel<br />
30,7 tonnes de métaux et minerais divers<br />
29,7 tonnes de ciment<br />
12,9 tonnes de sel<br />
9 tonnes de phosphate<br />
8,7 tonnes d’argile<br />
2,6 tonnes de minerai d’aluminium<br />
594 kilos de cuivre<br />
421 kilos de plomb<br />
304 kilos de zinc<br />
49 grammes d’or<br />
Mesure-t-on la création de valeur ? L’accroissement du PIB ? Le nombre d’entreprises,<br />
d’emplois, de constructions, d’équipements et d’infrastructures, d’industries et de services que<br />
génère en cascade pareille demande ? Et pour un seul Américain. Multipliez-le par 400 millions.<br />
Par 11 milliards. Je vous passe l’air, la terre et leurs produits dérivés. Onze planètes seraient<br />
nécessaires aux besoins d’une humanité ayant adopté l’American way of life. Or nous sommes<br />
tous américains derrière nos masques africains, japonais, hexagons. Nous partageons tous<br />
l’esprit d’aventure, le progrès technologique, le génie surhumain qui ont terrassé la malédiction<br />
malthusienne, ce misérable mépris de la science et de l’espèce humaine. La prétendue « loi de<br />
population » ne vaut que pour les bêtes et les plantes, en dehors de toute intervention scientifique,<br />
mais qu’y a-t-il d’impossible à Super Sapiens ? Nous voulons nos onze planètes, l’usufruit de<br />
11<br />
onze planètes, ou plus encore, et nous l’aurons ! N’en déplaise aux prophètes de malheur et autres<br />
pédophophes !<br />
Nous avons plus que le nécessaire pour nourrir 11 milliards de bouches, voire le double ou le<br />
triple ! Nos agronomes y travaillent depuis les années 50, en vue des voyages dans l’espace. Il<br />
faudra bien alimenter les numéros à bord des vaisseaux, des satellites et sur nos bases extraterrestres.<br />
Nous disposons d’exquises tablettes de plancton, parfumées à tous les goûts. La culture<br />
de l’algue chlorella dans le vase clos des engins spatiaux permet de mieux respirer en fixant le<br />
gaz carbonique. On en fait une excellente pâte verte contenant tous les nutriments indispensables.<br />
Sur Terre même, ce ne sont pas les menus alternatifs qui manquent. Les Chinois nous proposent<br />
le tilapia, une source de protéines très efficace, meilleur marché que le saumon et le cabillaud,<br />
élevé en bassin, nourri aux excréments de porc et aux boulettes de maïs et de fève. Nos experts<br />
des Nations Unies et de la Food and Agricultural Organisation (FAO) en tiennent pour<br />
l’entomophagie. Une cuisine traditionnelle en Afrique, en Asie et en Amérique du Sud où l’on<br />
savoure depuis toujours le goût authentique des larves frites, des sauterelles, chenilles, criquets,<br />
fourmis, vers à soie et de 1400 autres espèces d’insectes. Une alimentation bien plus écologique<br />
que celle du boeuf qui exige 10 kilos de végétaux pour produire 1 kilo de viande, alors qu’il suffit<br />
d’un demi-kilo aux insectes pour rendre ce même kilo. Puis les insectes se contentent de peu alors<br />
que le bétail accapare les trois quarts des terres arables, un dixième de l’eau douce et accroît<br />
l’effet de serre par ses émissions de gaz méthane. Mort aux vaches. Les insectes ne pètent pas,<br />
eux. Ou si peu. Ou si discrètement. En tout cas, personne ne s’est jamais plaint à ce sujet.<br />
Autre plat traditionnel, la spiruline, encore une algue verte, riche en vitamines et en oligoéléments<br />
(calcium, phosphore, fer, magnésium), jadis consommée par les Aztèques et les Mayas,<br />
retrouvée chez les Kanembous, sur les bords du Tchad, dans les années 60 et bientôt cultivée<br />
dans nos agrocités.<br />
Les Indonésiens mangent, depuis vingt ans déjà, du riz artificiel, composé de farine de pomme de<br />
terre et de patate douce au polychlorure de vinyle, de phtalate de benzyle et de n-butyle (BbzP).<br />
Ce riz est une recette américaine. Des variantes locales intègrent du maïs, du manioc et du sagou,<br />
un arbre endémique des forêts indonésiennes. Sachant que les Indonésiens mangent toujours plus<br />
de riz (135 kilos par personne et par an), et qu’il y a toujours plus d’Indonésiens (240 millions<br />
aujourd’hui, 343 millions en 2050), on voit que le marché ne peut que prospérer.<br />
Ce que l’on fait avec les plantes et le riz, on peut le faire avec les bêtes et la viande. Nous nous<br />
régalons déjà de ce tendre boeuf cloné qui nous vient d’Argentine et de ces poulets génétiquement<br />
modifiés, aux cuisses exorbitantes. Mais enfin, ces élevages volent de l’eau, de l’air, de l’espace<br />
aux zones d’activités à forte valeur ajoutée. Ils sont ridiculement improductifs par rapport aux<br />
fabriques d’aliments synthétiques. De même que les maigres bandes de primitifs ont lâché leurs<br />
vastes territoires de maraude aux rendements faméliques, pour des aires agricoles réduites - mais<br />
capables de nourrir des villages populeux- nous devons abandonner ces gaspillages de prairies<br />
pour des salles de production confinées, et autrement nourricières. Nous n’avons pas le choix. Il<br />
le faut si nous voulons multiplier les populations indispensables à la croissance, au<br />
développement des forces productives. Au progrès. Seule la protéine artificielle peut nourrir les<br />
numéros. Nous avancerons l’invincible argument sanitaire : « Notre pâte d’oeuf contient plus de<br />
protéines que les oeufs d’origine non contrôlée et zéro cholestérol. Savez-vous que 97 % des 1900<br />
milliards d’oeufs pondus chaque année dans le monde proviennent d’endroits très insalubres, très<br />
dégradants, qui ne correspondent pas à nos valeurs ? Nous avons créé un nouvel oeuf qui périme<br />
le vieux modèle… »<br />
Les anarchistes galactiques nous aideront à la préparation des esprits en prêchant la bonne parole<br />
anti-spéciste. « Imagine-t-on la souffrance des 65 milliards d’animaux torturés chaque année<br />
dans les élevages intensifs et exterminés dans les abattoirs pour étancher notre soif de sang ? Or il<br />
en faudra le double en 2050 avec le progrès du nombre et de l’appétit ! »<br />
Qu’est-ce qu’un steak après tout ? 69 % d’eau, 27 % de protéines, 4 % de matière grasse. Nos<br />
machines peuvent le faire. Nous n’avons nulle raison de subir ce long et coûteux détour par<br />
12<br />
l’herbe et la bête. Quant au goût et à l’aspect, les numéros s’en moquent du moment qu’ils ne<br />
voient pas la différence. C’est une question de design, d’additifs, d’adjuvants, de colorants. Mais<br />
la plupart, de toute façon, préfèrent l’ersatz chimique à l’aliment naturel. Nous n’aurons aucune<br />
peine à modifier leurs goûts, ils n’en ont pas. Ils n’ont pas connu de nourriture ancienne et ils ont<br />
même un haut-le-coeur à la vue d’une pièce de viande, de poissons crus, de légumes frais. Ce<br />
qu’il leur faut, c’est une pâtée d’ingrédients collés à la gélatine. Ils mangeront ce qu’on leur<br />
vendra. Tant qu’il y aura des ventres, le marché de la faim est infini. Nous leur vendrons du<br />
Soleil Vert. Des tablettes, des bâtons, des cubes, des barquettes de chair humaine, conditionnée<br />
sous une forme méconnaissable et ils en raffoleront. Nos sociologues et anthropologues<br />
trouveront pour ce produit une dénomination anodine et apaisante. « Protéines alternatives »,<br />
« base alimentaire », « nutriments endogènes ». Nos services marketing lanceront des marques et<br />
des recettes variées : Pâté de France, Grill Tupinamba, Rôti Papou, Tranches de Brousse. Le<br />
discours est prêt :<br />
« À l’heure où nous n’avons jamais été si nombreux sur Terre et où nous devons nourrir plus de<br />
bouches que toutes les générations antérieures réunies, nous devons retrouver la générosité<br />
authentique de nos ancêtres sans qui nous ne serions pas. Des temps et rivages les plus reculés,<br />
des steppes d’Europe aux îles du Pacifique, des forêts amazoniennes aux savanes africaines,<br />
l’homme a mangé l’homme, le fils a mangé le père, les vainqueurs ont mangé les vaincus. Repas<br />
totémique, rite triomphal ou festin carnivore, nos aïeux ont su donner, recevoir, rendre, corps et<br />
âme, afin d’incorporer les qualités physiques et spirituelles des défunts, et de les transmettre à<br />
leur descendance. Afin que vivent les enfants de leurs enfants et que nous vivions.<br />
Mangeur ou mangé, chacun a joué son rôle et accompli son destin avec fierté, conscient de<br />
participer au grand cycle de la Vie. Qui mange ses morts paye ses dettes. Qui refuse son corps à<br />
ses héritiers pour le réserver à la vermine, est un avare et un égoïste. Un individualiste intégriste<br />
en proie au rejet de l’autre et au repli sur soi.<br />
Aujourd’hui nous retrouvons le goût sauvage de l’humanité primordiale. Comme nos parents ont<br />
donné leur chair et leur sang afin que nous vivions, vous aussi faites don de vous-même à la<br />
Banque Alimentaire Mondiale afin de survivre dans le corps et l’esprit de vos convives.<br />
Contactez dès aujourd’hui le Numéro Vert : 0 800 24 7000. »<br />
Plus on bouleverse les règles, les moeurs, les idées et sentiments des numéros, plus il faut dire<br />
qu’on ne fait que perpétuer la tradition. Nos anarchistes galactiques déconstruisent les normes et<br />
les tabous du vieil humanisme réactionnaire. L’interdit anthropophagique imposé par les<br />
dominants, l’Occident blanc, chrétien et colonialiste, en vue de diffamer les cultures des autres<br />
peuples et de les en déposséder. Ils feront la promotion d’un « cannibalisme éthique », « nonmarchand<br />
», entre personnes consentantes et respectueuses les unes des autres. Nos éthiciens<br />
diront que le don de chair n’est, après tout, que la continuation des dons de sang et d’organes<br />
depuis longtemps banalisés. Où commence et où s’arrête la frontière entre le médical et<br />
l’alimentaire ? Il n’y a pas de crime sans victime. Où est le crime ? Où sont les victimes, s’il<br />
s’agit de conserver les numéros en bonne santé, grâce aux apports de protéines nécessaires ? Nos<br />
juristes plaideront le cas de force majeure (nourrir les numéros), l’Habeas Corpus (mon corps<br />
m’appartient), l’absence d’infraction (nul ne peut se plaindre d’un dommage consenti, et de quel<br />
dommage d’ailleurs ? S’agissant de matière organique disponible, privée de conscience et de<br />
sensibilité). Mais qu’y a-t-il d’impossible aux sciences humaines ?<br />
Il faut s’attendre à des surenchères et à des récriminations. Les Verts, écologistes et citoyens,<br />
promoteurs d’un cannibalisme durable et raisonné, nous soutiendront au nom de la lutte contre<br />
l’étalement funéraire. Les morts prennent trop d’espace constructible aux vivants. Pour la Vie,<br />
contre le culte rance et morbide des morts, de la terre et des racines, il vaut mieux brûler nos<br />
dépouilles, ou mieux encore les recycler dans l’économie circulaire. Nous devons écouter les<br />
Verts. Ce sont les meilleurs DRH. que nous puissions trouver. Ils sont positifs, constructifs. Ils<br />
13<br />
ont toujours des façons astucieuses, ingénieuses, de tourner les choses et de proposer les<br />
meilleures solutions alternatives pour la gestion de notre société. Tout au plus vont-ils ergoter<br />
afin de sauver leur crédit auprès des numéros et réclamer un étiquetage des protéines alternatives<br />
avec les taux de molécules chimiques et de métaux lourds. Nous pouvons vivre avec cela et<br />
même envisager la création d’une filière bio à partir des matières les moins contaminées. Un<br />
marché de niche lucratif et distinctif.<br />
Nous n’avons rien à redouter des Rouges de toutes nuances, sinon la revendication d’un « grand<br />
service public des Pompes funèbres, afin de garantir un égal accès pour tous et toutes à la<br />
nutrition solidaire. » Avec eux, il suffit de créer une délégation de service publique aux<br />
entreprises thanatophagiques et de leur donner des sièges aux conseils d’administration. Ils ne<br />
veulent pas plus.<br />
Les anarchistes galactiques et l’arc-en-ciel du cannibalisme diversitaire exigeront, eux aussi, une<br />
part égale pour tous et toutes au grand banquet philanthropique, quoique sur un mode plus exalté.<br />
Ils feront des graffitis sur les murs et des libelles sur Internet, hérissés de points d’insurrection.<br />
« À bas l’Etat ! À bas toutes les normes ! À bas l’ortophagie répressive et toutes les<br />
discriminations contre les boulimiques et les anorexiques ! Des anthroprotéines pour tous, ou<br />
alors pour personne ! Bouffons les Blancs, les pères et les dominants ! Saignons les porcs de<br />
flics ! (ACAB !) Soyons kruels ! Rien n’est vrai tout est permis ! Ce que l’oeil convoite, que<br />
les crocs le mordent ! Le crime est la liberté qui contient toutes les autres ! Prenez vos<br />
haches ! » Ils appelleront à « hacker » - à détourner- les technologies anthropophagiques, afin<br />
de se réapproprier les vieux savoir-faire (boucherie, cuisine), au sein de groupes affinitaires, nonmixtes,<br />
dans un cadre non-marchand, inclusif et anti-autoritaire.<br />
Pas d’inquiétude. Les meneurs sont nos enfants et finiront dans nos fauteuils. Ils font leurs<br />
expériences transgressives, qu’ils mettent à la mode dans la jeunesse ; et la jeunesse dans la<br />
société. Ils liquident ainsi pour nous les vieilles structures moralisatrices qui faisaient obstacle à<br />
l’innovation et aux nouveaux modes de consommation. Laissez faire, laissez passer. Le<br />
désarmement moral et l’amour de la liberté triompheront de toutes les tentatives de restaurer le<br />
vieil ordre réactionnaire !<br />
Le marché de l’homme est un propulseur de croissance et de progrès perpétuel. Sans doute, les<br />
éternels Cassandre et prophètes de malheur s’alarment déjà du dépérissement de l’espèce, au<br />
point d’évoquer son extinction. La Chine et le Japon vieillissent à vue d’oeil. L’Europe et la<br />
Russie se dépeuplent. Les taux de fécondité de leurs populations sombrent sous le seuil de<br />
renouvellement, suscitant d’aussi vaines angoisses que celles de l’explosion démographique.<br />
Comme le note Angela Merkel, la chancelière allemande, « en 1950, un homme sur cinq était<br />
européen. Aujourd’hui, un sur quatorze. » Or cette dénatalité est bon signe. Elle révèle des<br />
sociétés prospères, occupées à leurs plaisirs, où les hommes – et les femmes, surtout- ont autre<br />
chose à faire que des enfants. Il n’est pas jusqu’à l’épidémie de stérilité frappant une part<br />
croissante des couples en âge et en désir de concevoir qui ne signale cette opulence. Il y faut en<br />
effet une dose de pollution chimique caractéristique des pays industriels les plus avancés ; et qui<br />
n’affecte en rien pour le moment la hausse de l’espérance de vie. 85 ans pour les femmes,<br />
78 pour les hommes, dans l’Hexagone.<br />
Les alarmistes s’inquiètent de la croissance. Moins de naissances, c’est moins d’écoles, moins de<br />
logements, moins de constructions, moins de consommation, moins de jeunes pour payer les<br />
retraites d’un pourcentage toujours plus grand de vieux toujours plus vieux. Nous avons déjà<br />
trouvé des issues à cette fausse impasse. Nous réduisons le temps de sommeil des numéros à<br />
l’aide de molécules telles que le modafinil et nombre d’autres excitants (dexédrine, maxiton,<br />
amphétamines, boissons énergisantes), afin d’augmenter la durée de travail et de dépense<br />
quotidienne des numéros. L’objectif à terme est la production d’un homme techniquement<br />
modifié en activité 24 heures sur 24. Nous reculons lentement mais sûrement l’âge des retraites,<br />
tout en élevant de façon continue le nombre d’annuités requises, afin d’éliminer les plus faibles à<br />
14<br />
l’usure. Et surtout les fardeaux médicaux les plus onéreux et les moins solvables. Nous soutenons<br />
l’euthanasie et le suicide assisté afin de pousser à l’acte les poids morts. Charge à nos<br />
philosophes de barbouiller cela de stoïcisme et de « conquête des nouveaux droits ». Les<br />
numéros réagissent de manière positive, ils souscrivent des assurances complémentaires. Le<br />
marché gris du vieillissement, la silver economy, c’est plus de tourisme et de loisirs, plus<br />
d’hôtels, de transports aériens, de cliniques, d’hôpitaux, de maisons de retraite, de résidences<br />
médicalisées, d’Habitats Sanitaires Intelligents, de déambulateurs intelligents, de centres de soins<br />
palliatifs. C’est le boum des biotechnologies, de la médecine préventive et du marché du bienêtre.<br />
Comme on dit à Nyons, avec le sourire de la Drôme provençale, « ici, on presse les olives et<br />
les vieux. »<br />
Nous faisons travailler les vieux. Ainsi, ils ne se sentent pas mis à l’écart.<br />
Nous faisons travailler les femmes. Leur émancipation est une chance pour l’entreprise et la<br />
croissance qu’elles stimulent par leurs talents et leurs dépenses.<br />
Somme toute, nous faisons ce qui se faisait au village où les vieux, les femmes, les fous, les<br />
enfants, participaient, chacun à sa façon, à l’ouvrage de la communauté. Cela devrait plaire aux<br />
traditionalistes, aux conservateurs et aux nostalgiques - qui comptent plus de synonymes que de<br />
partisans effectifs. Mais il est bon sur ces questions de vie ou de mort de surprendre leur caution.<br />
C’est un « plus » marketing, de même que les fabricants de cassoulet industriel ne manquent pas<br />
d’afficher « goût traditionnel » sur leurs étiquettes.<br />
Quant aux progressistes, c’est en remplaçant la main d’oeuvre et la chalandise en voie<br />
d’extinction par le nouveau peuple des robots et des étrangers que nous rallions leur<br />
enthousiasme. Non pas qu’ils aiment vraiment les machines ni les migrants réels qui peuplent<br />
désormais leur vie, leurs villes, leur pays. Les uns comme les autres préfèrent s’éviter, vivre entre<br />
soi, avec ceux qui leur ressemblent ; chacun chez soi, dans leurs secteurs bien à part. Mais ils<br />
aiment l’idée qu’ils s’en font et que leur ont inculquée nos idéologues alterophiles. Ils aiment<br />
plus encore l’idée flatteuse qu’ils se font d’eux-mêmes, modernes, positifs, dynamiques,<br />
altruistes, cosmopolites, etc. Et ils aiment par-dessus tout, passionnément, assommer leurs<br />
ennemis politiques de leur massue humanitaire, tous les populistes ranci, souverainistes,<br />
réactionnaires, xénophobes, racistes, etc.<br />
L’afflux des immigrés du futur - les robots - annule à lui seul le déficit de main d’oeuvre dû<br />
au déclin démographique des numéros. Le Grand Remplacement existe bel et bien : c’est<br />
celui des hommes par les machines. Et il va sans dire que nous gagnons au change, tant du<br />
point de vue qualitatif que quantitatif. Certes, les hommes sont des machines, mais des<br />
machines biologiques et faillibles. Un industriel japonais le dit bien : « Les robots n’ont pas<br />
besoin de repos. Une fois qu’ils ont appris une tâche, ils ne l’oublient pas. Ils font exactement ce<br />
qu’on leur dit de faire, comme on leur a expliqué. Ils n’ont pas d’humeurs, ils ne font pas de<br />
bêtises, ne volent rien et ne laissent pas fuiter d’information à l’extérieur. » L’erreur étant le<br />
propre de l’homme, il nous faut éliminer le facteur humain. Les esclaves machines sont de<br />
plus en plus performants et de moins en moins chers, à l’inverse des machines biologiques dont le<br />
coût, même en Chine, s’élève toujours plus. Terry Gou, le patron de Foxconn, l’entreprise<br />
taïwanaise de composants électroniques, annonce ainsi son intention de remplacer ses ouvriers<br />
machines, trop enclins aux suicides de protestation, par un million de robots : « Les êtres humains<br />
étant aussi des animaux, cela me fait mal à la tête de gérer un million d’animaux. »<br />
Aussi fiables qu’infatigables, les esclaves machines remplacent la force de travail humaine ou lui<br />
résistent, là où son abondance la rend bon marché. L’objectif étant l’usine « zéro prolo », sur le<br />
modèle de l’abattoir automatisé (3000 dindes égorgées, 900 cuisses désossées par heure) pour<br />
laquelle nos robots produisent déjà des robots. Ainsi Amazon a réduit la masse salariale qui<br />
freinait sa croissance par l’achat de Kiva Systems, une société de robotique qui lui permet une<br />
gestion plus efficace de ses entrepôts.<br />
15<br />
Les robots sont nos amis, les amis du progrès et du profit. Où les robots passent, les humains<br />
trépassent. À partir du moment, en 1961, où Unimate, le premier robot industriel, intégrait les<br />
chaînes d’assemblage de General Motors, ce n’était qu’une question de temps avant qu’ils<br />
n’évincent les humains de toutes les tâches automatisables. Et quelle tâche n’est pas<br />
automatisable ? Qu’y a-t-il d’impossible à nos roboticiens ?<br />
Des millions de robots travaillent aujourd’hui dans l’automobile, l’aéronautique, l’informatique<br />
et l’électronique, surtout aux Etats-Unis, en Chine, au Japon, en Corée du Sud et en Allemagne.<br />
Ils éliminent des dizaines de millions d’humains - convoyeurs, monteurs, manutentionnaires,<br />
contrôleurs qualité, etc. - et ils en élimineront bien plus partout, en France et dans le monde, d’ici<br />
2025.<br />
Les robots passent où les humains trépassent. Les machines humaines meurent à Tchernobyl. Les<br />
robots déblaient les déchets à Fukushima. Ils remplacent les pompiers sur les incendies. Plongent<br />
dans les grands fonds marins, les explorent, entretiennent les canalisations pétrolières, nettoient<br />
les coques des navires.<br />
Ils détruisent les emplois périmés tels que : peintres, tailleurs, caissières, postiers, coiffeurs,<br />
libraires, pharmaciens, réceptionnistes, standardistes, secrétaires, comptables, agents des impôts,<br />
agents d’assurance, agents immobiliers, contrôleurs de gestion, guides touristiques, agents de la<br />
circulation, gardiens de prison, conducteurs de bus et de train, techniciens de l’automobile et de<br />
l’aéronautique, biologistes analystes, kinésithérapeutes, architectes.<br />
Les robots transforment les entrepôts en usines à fabriquer des colis. Ils produisent la nourriture<br />
des numéros ; conduisent les tracteurs guidés par satellites et GPS ; épandent les pesticides par<br />
drones.<br />
Les robots ramassent nos ordures, assurent notre sécurité, s’occupent des vieux, des enfants, des<br />
malades, des handicapés. Ils sont éboueurs, vigiles, caristes, routiers, géomètres, maçons,<br />
domestiques, soignants, auxiliaires de vie.<br />
La révolution numérique se passe de l’humain, elle est inhumaine. Elle se moque de Schumpeter<br />
et de « la destruction créatrice ». Internet détruit quatre emplois pour un de créé. La robotique<br />
crée des milliers d’emplois à forte valeur ajoutée (ingénieurs, designers, informaticiens,<br />
spécialistes de la maintenance…) pour en détruire des millions d’autres à faible ou nulle valeur<br />
ajoutée. Ainsi les gains de productivité reviennent directement au capital sans s’éparpiller parmi<br />
les multitudes de numéros. L’esclavage primitif a duré 8000 ans, le servage 800 ans : le<br />
salariat ne passera pas les 200 ans.<br />
Selon nos économistes, la moitié des emplois actuels pourrait être effectuée par des robots. Les<br />
machines digitales – la mécanisation des tâches cognitives- ouvrent une ère de prospérité sans<br />
précédent et il serait immoral de s’y opposer. Les algorithmes remplacent les cadres. Les géants<br />
d’Internet produisent beaucoup de valeur avec peu de personnel. Google réalise un chiffre<br />
d’affaires comparable à celui de Saint Gobain avec quatre fois moins de salariés. Il faut dix<br />
employés chez Veolia pour générer un million d’euros de chiffre d’affaires, contre un seul chez<br />
Facebook. À Wall Street, les trois-quarts des ordres de bourse émanent de robots de courtage à<br />
haute fréquence. D’ici à 2025, ces virtuoses virtuels prendront la place de millions de diplômés :<br />
médecins, avocats, juristes, enseignants, financiers, journalistes, notamment dans les secteurs des<br />
fouilles d’archives, d’extraction de données et de police préventive. Sciences, finance, sport,<br />
météo, ils produiront la plupart des informations lues par ceux qui continueront à lire et qui en<br />
seront encore capables. Pas plus qu’un passager n’accepterait aujourd’hui de monter à bord d’un<br />
avion dépourvu de pilote automatique, les patients n’accepteront demain d’être opérés par des<br />
humains. Les plus agiles des chirurgiens, une infime poignée, se feront experts en robotique<br />
chirurgicale, la plupart sombreront dans le prolétariat numérique. Seule l’élite des dirigeants, les<br />
irremplaçables, sauvera ses postes de pouvoir.<br />
16<br />
Les hommes machines ont beau grincer, gronder, grigner, il leur faut bien se faire aux robots. Ils<br />
s’y font d’autant mieux qu’entre les androïdes, toujours humanisés, et les humains, toujours<br />
robotisés, la différence s’efface. Qui se ressemble, s’assemble. Déjà les propriétaires de robots<br />
aspirateurs leur parlent et leur donnent un nom. Comme les Japonais, ils voient en eux des<br />
compagnons plus que des rivaux. Qu’il s’agisse d’aspirer la poussière, de tondre la pelouse,<br />
d’apporter des plateaux-repas ou de gérer la machine à habiter, nous avons désormais des<br />
méthodes d’acceptabilité éprouvées. Nous employons des médiateurs variés, comme les cafés des<br />
sciences où nos chercheurs animent des conférences et des expériences amusantes. Les artistes<br />
mettent en scène des robots dans leurs installations et leurs représentations ; marionnettes, BD,<br />
dessins animés. Ou se transforment eux-mêmes en robots, à l’aide d’implants et d’opérations<br />
chirurgicales. Les cinéastes en font des héros. Les musiciens et les couturiers lancent des<br />
rythmes, des danses, des modes robotiques. Et ainsi de suite, jusqu’à ce que chaque numéro<br />
répète en boucle, dans une transe sans fin, « je veux être une machine… je veux être un<br />
cyborg… » tels Andy Warhol et Donna Haraway, deux hérauts de la mutation cybernanthropique.<br />
Qu’est-ce qu’un robot après tout, sinon « une machine qui recueille de l’information puis l’utilise<br />
suivant les instructions pour accomplir une tâche ». La Mettrie, l’auteur de L’homme machine et<br />
Norbert Wiener, le fondateur de la cybernétique (la science du pilotage des machines<br />
informationnelles), ne disent rien d’autre de l’humain.<br />
Les androïdes sont nos agents d’acceptabilité parmi les humains. Les numéros peuvent se<br />
faire masser par un robot ou un édredon animé, mais il leur faudra encore du temps avant de<br />
sentir une réelle empathie envers leur aspirateur ou leur voiture intelligente. Et plus encore envers<br />
l’ordinateur de leur machine à habiter (éclairages, chauffage, appareils ménagers et de loisirs,<br />
ouverture et fermeture des issues, arrosage des pelouses et surveillance du voisinage), même<br />
équipé d’une interface vocale. En revanche, un élan chaleureux les porte vers les simulacres dotés<br />
de grands yeux, d’un grand sourire, voire d’une toison douce et abondante où se blottir et plonger<br />
ses doigts. Les enfants et les vieux, dans les maternelles et les maisons de retraite, raffolent de<br />
chats et de chiens robots qui ronronnent, parlent et ne font pas de saletés. Il faut, pour les adultes,<br />
des modèles érotiques afin de stimuler l’interaction. Dans ce domaine, comme dans les autres,<br />
quelle importance s’ils ne voient pas la différence ? C’est même le critère d’une machine réussie,<br />
quoique les partenaires assez rudimentaires, déjà sur le marché, remportent un vif succès.<br />
Techniquement infaillibles – à la différence des humains- ils soulagent ces derniers de toutes les<br />
frictions psychiques inhérentes à leurs relations, pour les ramener à leur simplicité de machines<br />
désirantes. Les numéros n’aspirent qu’à fonctionner, qu’à jouir sans entraves ni affects<br />
douloureux, comme l’ont bien vu les matérialistes, La Mettrie, Nietzsche, Foucault, Deleuze<br />
& Guattari et tous les maîtres à penser des anarchistes galactiques. Il ne s’agit que de fondre<br />
jouissance et fonctionnement et de les faire jouir à plein temps, afin de raccourcir au plus bref la<br />
rotation du cycle Argent/ Marchandises/ Plus d’argent. Par exemple à l’aide d’implants cérébraux<br />
fichés dans les zones de plaisir et activables à volonté.<br />
Marchons, machines ! La fusion vivant/ artificiel s’emballe avec le progrès des androïdes. Nos<br />
mathématiciens améliorent leur pilotage. Un androïde est maintenant capable de s’arrêter d’un<br />
coup, en cas de choc ou de contact imprévu. On peut lui prendre la main, le guider, marcher et<br />
danser avec lui, comme on le ferait avec un numéro. Non seulement les androïdes cuisinent et<br />
plient notre linge mais ils parlent de mieux en mieux, exprimant par leurs mimiques les six<br />
émotions de base (joie, tristesse, colère, peur, dégoût, surprise), tout en lisant les nôtres sur nos<br />
visages, voire nos pensées. Qu’importe que l’androïde ne puisse éprouver ces émotions du<br />
moment qu’il peut les percevoir au moyen de ses multiples capteurs, micros, caméras, et surtout<br />
du logiciel qui lui permet d’analyser les expressions des numéros et leurs intonations de voix.<br />
C’est qu’au-delà des mots pris à la lettre, les humains communiquent à l’aide de non-dits, de<br />
double sens et de sous-entendus. Il faut donc modéliser leurs émotions, voire leurs pensées<br />
17<br />
tacites, afin de huiler les échanges entre les deux types de machines. La modélisation des<br />
émotions implique la reconnaissance par l’androïde de ces multiples signes qui vont de soi pour<br />
les numéros :<br />
La prosodie, le débit verbal.<br />
Le vocabulaire, variable en fonction de l’état d’esprit.<br />
L’attitude, voûtée ou cambrée, tête basse ou relevée, etc.<br />
Mieux, les androïdes enrichissent mutuellement leurs savoirs grâce aux informations stockées en<br />
ligne (cloud) et dans les banques de mégadonnées (databank). Si l’un d’eux constate qu’un mot<br />
ou un geste déclenche une émotion quelconque chez un numéro, il informe ses pareils à distance<br />
de cette option nouvelle.<br />
Comme les numéros, les androïdes accomplissent d’autant mieux leurs tâches qu’ils en<br />
comprennent la raison. Aussi faut-il – comme les numéros - les doter d’intelligence artificielle.<br />
C’est-à-dire d’une capacité d’élire (lego) entre (inter) plusieurs éléments, afin de trancher<br />
(decidere).<br />
Mais bien sûr, rien ne vaut la fusion bionique entre l’homme et l’androïde qui permet à l’homme<br />
de piloter mentalement l’androïde, comme c’est déjà le cas de prothèses de bras ou d’ordinateurs<br />
connectés aux cerveaux de tétraplégiques. Et réciproquement, rien ne vaut la connexion<br />
cérébrale, pour le pilotage des numéros, soit en prise directe, soit par le biais d’un ordinateur<br />
programmé. Mais qu’y a-t-il d’impossible aux neurotechnologues ? Ils arrivent déjà à modifier<br />
les souvenirs, les goûts, les comportements, à commander les émotions et les volontés des<br />
numéros, ce qui en termes d’ergonomie sociale nous assure un confort insurpassable. Les<br />
numéros, d’ailleurs ne perdent rien à cette ablation du libre-arbitre. Ils en ont depuis longtemps<br />
perdu le goût et l’usage, entraînant l’atrophie d’une faculté nuisible à leur bien-être. Au vrai, les<br />
numéros nous savent gré de les délivrer d’eux-mêmes, de cette obligation de se dresser debout<br />
sur ses jambes, et de vouloir, d’avoir à porter cette écrasante et absurde volonté de vivre, vouée à<br />
l’échec final, alors qu’il est si reposant d’exister simplement, de s’écouler… Nous tuons, ils<br />
meurent. Aux forts, l’effort et ses fruits. Aux faibles, les fanes et l’affaissement. C’est pourquoi<br />
ils sont le nombre, la plèbe, les numéros, et que nous sommes le rare, le meilleur, les Majuscules.<br />
Tandis qu’ils retournent à la terre, inhumés par les vers et les bactéries, nous survivons nos vies<br />
supérieures de cyborgs optimisés, en voyage vers l’infini de l’espace-temps. Ils sont le passé,<br />
nous sommes le futur. Nous devons agir suivant le droit des forts, traiter les numéros selon leur<br />
nature animale et nous traiter nous-mêmes selon notre culture machinale. Nature et culture ont<br />
fait leur choix. Nous sommes les élus d’une évolution que nous dirigeons désormais nous-mêmes.<br />
Les bien-nés – ou plutôt, les bien produits - par améliorations génétiques, telles qu’elles se<br />
pratiquent depuis des années, en Chine notamment. Si la force relève autant de la mécanisation<br />
que de l’optimisation génétique, nous devons nous y rallier, nous hybrider avec la machine pour<br />
former une espèce plus forte. Il faut en finir avec les dualismes périmés sur le vivant et l’inerte.<br />
On croyait autrefois que le vivant évoluait de l’intérieur. Que l’aspect d’un animal, par exemple,<br />
dépendait de son phénotype, quand celui d’un caillou résultait du modelage par son<br />
environnement. Nous avons changé cela. Nous savons maintenant que les phénomènes jadis<br />
attribués au mystique et brumeux concept de Vie, résultent en fait de mécanismes physicochimiques.<br />
La vie est machine, la machine est vivante. La machine artificielle présente déjà<br />
deux des trois caractéristiques de la machine spontanée.<br />
1) Elle tâche de persévérer dans son être et de se reproduire.<br />
2) Elle se reproduit à l’identique suivant les traits communs à l’espèce, sauf les variations<br />
induites par l’évolution au fil des générations.<br />
3) Elle sera bientôt capable de morphogenèse autonome.<br />
18<br />
Les robots ont longtemps poursuivi les objectifs programmés par l’homme. Ils n’avaient pas de<br />
volonté propre. Mais les réseaux de neurones artificiels – neuro-mimétiques - se construisent euxmêmes<br />
à partir de l’impulsion initiale. C’est même ça, leur objectif. Qu’importe la provenance de<br />
cette impulsion initiale, Dieu, un « dessein intelligent », les ingénieurs – ou un artefact antérieur.<br />
Le cycle vital est lancé. La machine artificielle, avec son immense culture et ses myriades de<br />
connexions, devient plus créative que la machine vivante. Celle-ci n’avait pas tiré grand-chose de<br />
la rencontre fortuite d’un parapluie et d’une machine à coudre sur une table de dissection, dont<br />
les surréalistes, à la suite de Lautréamont, faisaient si grand cas. C’est que l’aléatoire n’offre<br />
qu’une infime partie des solutions de la combinatoire. Comme le dit si bien l’un des plus lucides<br />
anarchistes galactiques : « Nous savons finalement que l’imagination inconsciente est pauvre, que<br />
l’écriture automatique est monotone, et que tout un genre d’« insolite » qui affiche de loin<br />
l’immuable allure surréaliste est extrêmement peu surprenant. » C’est que nos machines<br />
artificielles n’ont pas d’inconscient – et partant, pas d’imagination. Elles ont bien mieux que ça :<br />
elles ont un système. Quand l’homme joue son va tout sur un aléa, une erreur, un hasard objectif,<br />
la machine essaie toutes les issues possibles et multiplie ainsi les succès. La prétendue « écriture<br />
automatique » n’était en fait qu’une écriture aléatoire accélérée. Elle n’exprimait que son auteur.<br />
Mais quel souci avons-nous du discours d’un homme, d’un auteur, sur le monde et lui-même ?<br />
Au contraire, l’écriture vraiment automatisée des générateurs textuels nous offre une infinité de<br />
discours, sans en privilégier aucun (les générateurs n’ont rien à exprimer, même pas eux-mêmes),<br />
nous laissant ainsi une entière liberté de choix et d’interprétation entre toutes ces versions<br />
indifférentes : nous sommes tous poètes. Le même esprit lucide et glacial ajoute fort justement :<br />
« Le refus de l’aliénation de la société de morale chrétienne a conduit quelques hommes au<br />
respect de l’aliénation pleinement irrationnelle des sociétés primitives, voilà tout. Il faut aller plus<br />
avant, et rationaliser davantage le monde, première condition pour le passionner. »<br />
On ne peut que rêver à ce que Watson, le supercalculateur d’IBM, ferait de ce parapluie, de cette<br />
machine à coudre et de cette table de dissection. En revanche, nous pouvons déjà contempler ce<br />
que les robots créatifs, à l’oeuvre dans la Silicon Valley, produisent à partir du Golden Gate<br />
Bridge et de La Nuit étoilée de Van Gogh (un peintre biologique du passé). Ou à partir des<br />
éléments graphiques, fixes ou mouvants, abstraits ou figuratifs, recueillis sur le réseau, dans les<br />
banques de données ou dans la vie réelle, grâce à leurs capteurs.<br />
Les artistes biologiques sont plus morts que les plus mortes de leurs natures mortes. Leur<br />
singularité résidait dans l’expression et la communication de leur personnalité à des lecteurs et<br />
des spectateurs – biologiques également- à travers leurs productions. Mais on se moque<br />
désormais de ce que ces pièces de musée ont à exprimer ou à communiquer, nous n’avons rien à<br />
mettre en communion, puisque l’art est dans l’oeil du lecteur et du spectateur – puisque nous<br />
sommes tous artistes. La dépersonnalisation du producteur, bien entamée déjà au XXe siècle par<br />
les artistes sériels (de Mondrian à l’Alamo – l’Aide à l’écriture par La Mathématique et<br />
l’Ordinateur) oblige le lecteur et le spectateur à « voir » ce qui ne veut rien dire, comme dans un<br />
test de taches d’encre. Que l’artiste mécanique n’ait pas de personnalité ni rien à communiquer,<br />
n’a donc nulle importance. Seules comptent la vision et l’histoire que lecteurs et spectateurs<br />
projettent sur ses productions.<br />
Ce saut qualitatif de l’artiste mécanique résulte des nouveaux programmes d’« apprentissage<br />
profond » qui lui permettent d’améliorer lui-même ses performances et de surpasser l’artiste<br />
biologique dans les tâches où il semblait insurpassable : la reconnaissance et la nomination des<br />
formes. L’apprentissage profond rendra bientôt courante la conversation entre humains et<br />
androïdes. Ces derniers comprendront non seulement le sens général, mais le contexte, les<br />
blagues, les intonations, les métaphores, les silences éloquents… Ils publieront des best sellers et<br />
vendront aux collectionneurs des oeuvres bien plus chères que celles des artistes contemporains.<br />
Une autre série de métiers va disparaître, dans l’industrie du jeu vidéo et de la réalité virtuelle par<br />
19<br />
exemple. Cela provoquera d’autant plus de grincements de dents qu’il s’agit là de ce qu’on<br />
appelait « les nouveaux métiers », mais le progrès ne peut pas s’arrêter aux petites blessures<br />
narcissiques de telle ou telle catégorie de numéros. « Il faut aller plus avant, et rationaliser<br />
davantage le monde pour le passionner. » Du reste, les artistes et techniciens biologiques – qu’ils<br />
se prétendent hackers, makers, etc. - sont dans une position encore plus faible que les catégories<br />
périmées du passé pour bloquer la roue de l’histoire. Ils ont acquiescé à la disparition des<br />
paysans, des ouvriers, des employés, et l’ont soutenue de leurs discours et de leurs actes. Ils sont<br />
encore moins nombreux et nécessaires que ne l’étaient les membres de ces classes défuntes. Et ils<br />
ne sont ni braves, ni armés pour résister aux forces combinées des cyborgs, des androïdes et du<br />
réseau. Ils se rallieront évidemment à la force qui est leur seule idole véritable. If you can’t beat<br />
them, join them.<br />
Au pire, des tirs de prélèvement suffiront à neutraliser d’éventuels numéros insurgés. Il n’est plus<br />
question pour nous d’avoir des morts au combat. L’homme est dual, susceptible d’applications<br />
civiles et militaires : le robot aussi. Nous avons le programme d’analyse des données pour<br />
détecter les cibles. Nos robots savent ce qu’ils ont à faire. Et ils le font seuls, de sang froid, sans<br />
émotions ni dommages collatéraux. Ils ne violent pas, ne torturent pas, ne massacrent pas plus<br />
que nécessaire. Nos invincibles robots militaires font la guerre de façon bien plus « humaine »<br />
que les soi-disant défenseurs de l’humanité. Ils vainquent sur tous les fronts ; sur terre, sur mer et<br />
dans l’air. Après avoir gagné toutes les batailles de la production – et de la reproduction- les<br />
robots peuvent mater les numéros en cas de besoin.<br />
Et ainsi, par le plus hégélien des renversements dialectiques, les esclaves mécaniques<br />
deviennent les maîtres de leurs maîtres naturels. La contradiction entre machines<br />
biologiques et artificielles se résolvant dans le passage au bionique, à l’espèce supérieure des<br />
cybernanthropes, que nous préparons au vu et au su des numéros sans qu’ils n’y puissent<br />
rien.<br />
C’est qu’ils n’ont plus la force ni l’envie de se révolter. Ils se savent vaincus. La plupart admirent<br />
et aiment leurs vainqueurs autant qu’ils se méprisent eux-mêmes. Nos artistes et spécialistes des<br />
sciences humaines ont fait un superbe travail de formatage des cerveaux biologiques. Une série<br />
telle que « Real humans » les conditionne et les programme admirablement à leur avenir<br />
inéluctable. L’histoire ?<br />
Celle des numéros et des androïdes dans une ville comme les autres. Les numéros exploitent les<br />
androïdes, prolétariat rechargeable et programmable avec une clé USB. Les androïdes achetés à<br />
la FNAC-Darty font les travaux les plus durs, s’occupent des enfants et des vieux, épargnent<br />
d’énormes dépenses aux services sociaux. Et s’ils tombent en panne, on les rapporte au service<br />
après vente. Les androïdes s’intègrent de mieux en mieux au point que leur différence avec les<br />
numéros s’effrite. Atteints d’un virus informatique qui les rend dangereux et incontrôlables, ils<br />
cherchent le code pour se libérer de leur condition servile et accéder à l’égalité avec les numéros.<br />
La peur de l’Autre pousse les plus intégristes, les plus réactionnaires des numéros, à s’organiser<br />
en société secrète afin de détruire les androïdes et de commettre un roboticide général.<br />
L’exposition à ce récit et à des milliers d’autres semblables induit chez les numéros une<br />
conscience coupable. Ils se savent, par essence, issus d’une espèce criminelle, ayant déjà commis<br />
l’écocide, détruit les milieux naturels, exterminé les règnes animal et végétal. Il suffit de leur<br />
rappeler sans fin le crime inexpiable de leurs pères pour les mettre en position de perpétuelle<br />
révérence envers le règne machinal.<br />
Désormais, quand un salarié japonais, ivre et de mauvaise humeur, frappe un robot à coups de<br />
pieds, ou lorsque un robot auto-stoppeur est retrouvé en pièces détachées sur le bord d’une route<br />
américaine, les media et les réseaux sociaux s’enflamment et des marches blanches ont lieu.<br />
Qui a besoin d’amis quand nous avons d’aussi utiles ennemis que les anarchistes galactiques ?<br />
Des décennies d’activisme pour les Droits des Robots, contre l’essentialisme,<br />
l’anthropocentrisme et la robophobie ont sapé toute velléité de résistance à l’asservissement et à<br />
20<br />
l’extinction des numéros. Des décennies d’appels à la tolérance et à l’ouverture à l’Autre ;<br />
d’expositions et de festivals pour découvrir la culture robotique ; de chicanes comptables pour<br />
montrer qu’il n’y avait pas tant de robots que cela dans notre société ; de savants calculs pour<br />
évaluer tout ce qu’ils apportaient à notre économie ; de slogans sans fin réitérés, « Les robots sont<br />
une chance pour l’humanité », « Robots, numéros, mêmes patrons, même combat ! », « Ni<br />
espèces, ni limites ! Anarchisme ! », « Mécaniques ou biologiques, nous sommes tous des<br />
machines ! » Des décennies de débats sur le « vivre ensemble » et la place des minorités dans une<br />
société multiculturelle ; de combats pour l’égalité, les droits civiques des androïdes, et<br />
l’hybridation hommes/robots ; de lutte contre le repli sur soi, sur une prétendue identité humaine,<br />
rance, nostalgique et fantasmée, et pour une conception ouverte et inclusive de l’humain, avant de<br />
se rendre à l’évidence: les robots ne retourneront pas dans le cerveau de leurs concepteurs. Ils<br />
sont là maintenant, et ils sont trop nombreux, trop puissants, trop importants, pour qu’on puisse<br />
les renvoyer dans leurs laboratoires. C’est aux numéros, désormais, de se plier aux<br />
accommodements raisonnables qu’ils voudront bien leur concéder. Les excuses, les remords et<br />
les demandes de pardon ne suffiront pas. La réciprocité à tous les niveaux signalant l’absence de<br />
hiérarchie, et la communauté androïde résultant d’une minorité dominée et discriminée par la<br />
majorité anthropocentrée, les trois lois de la robotique seront ainsi révisées :<br />
1) Un numéro ne peut porter atteinte à un robot, ni restant passif, laisser un robot exposé au<br />
danger.<br />
2) Un numéro doit obéir aux ordres donnés par les robots, sauf si de tels ordres sont en<br />
contradiction avec la Première loi.<br />
3) Un numéro peut protéger son existence dans la mesure où cette protection n’entre pas en<br />
contradiction avec la Première ou la Deuxième loi.<br />
Il faudra naturellement imposer des mesures de discrimination positive, afin d’effacer les<br />
stigmates du passé accablant encore les plus récentes générations de robots ; évaluer le montant<br />
des indemnités et des réparations pour ces décennies d’esclavage et d’exploitation par lesquelles<br />
l’anthropocentrisme a amassé ses richesses et construit sa prétendue supériorité, etc.<br />
Que nous voulions supprimer les numéros (notamment dans les tâches où prime le besoin<br />
d’efficacité), ou que nous voulions pallier leur pénurie, l’afflux des robots nous offre toute<br />
souplesse d’utilisation. Nous continuerons de les employer chaque fois qu’ils coûteront moins<br />
cher que les robots, ou pour certaines prestations de luxe et de services à la personne, « à<br />
l’ancienne », sur des marchés de niche.<br />
Il est bon de répandre ces bruits de pénurie de main d’oeuvre afin de justifier le recours aux<br />
robots, mais nous ne devons pas être dupes de nos propres manoeuvres, ni verser dans un<br />
alarmisme hors de saison. Non seulement nous disposons d’amples réserves de numéros, à la fois<br />
disponibles pour tout et pour rien, comme les serfs et les esclaves d’autrefois ; mais aussi des<br />
moyens de les produire à notre guise, en masse ou sur mesure, grâce aux importations de main<br />
d’oeuvre, exportations de production et technologies de productions humaines.<br />
Les migrants sont les robots d’aujourd’hui, dirigés à distance par les lumières de la ville :<br />
Le marché du travail et l’appât de la consommation. C’est-à-dire que nous pilotons leurs flux<br />
en fonction de nos besoins et de nos coûts de revient par la promesse d’écrans (télés, tablettes,<br />
smartphones, ordinateurs), comme on pilotait les salariés d’autrefois par la promesse de voitures,<br />
de télés, de frigidaires, de machines à laver, etc.<br />
Les migrants, comme les robots, peuvent aussi bien pallier la pénurie de numéros locaux<br />
qu’accélérer leur réforme, dans tous les secteurs. Ils sont moins efficaces que les robots, mais<br />
plus travailleurs et moins chers que les locaux qui se croient des privilèges acquis. Et leur<br />
concurrence, comme celle des robots, nous permet de toute façon, de comprimer les frais de main<br />
d’oeuvre. En fait la concurrence la plus aiguë, la course au moins disant, oppose surtout les robots<br />
21<br />
et les migrants, qu’on exporte le travail ou qu’on importe les travailleurs. La main d’oeuvre<br />
métropolitaine n’est plus concurrentielle depuis longtemps dans l’agriculture ni l’industrie ; elle<br />
l’est de moins en moins dans les services (facturation, comptabilité, gestion, etc.), grâce au<br />
réseau.<br />
Directement ou indirectement, le migrant crée de la valeur tout au long de sa chaîne de<br />
circulation. La filière est bien moins gourmande en capitaux et bien plus lucrative que ne l’était la<br />
traite des esclaves. Cela tient à la modernisation des transports et au volontariat des transportés.<br />
Éliminés les frais de chasse ou d’achat auprès des potentats locaux, les caravanes, les vaisseaux,<br />
les gardes, les équipages, la nourriture, etc. Désormais tout se fait en libre-service. Contrairement<br />
aux esclaves, capturés, enchaînés, déportés de force, nul n’oblige les migrants à affluer vers les<br />
métropoles. C’est eux qui le veulent à tout prix, pour accéder à un niveau de vie plus élevé.<br />
La plupart des migrants sont jeunes, instruits et assez riches pour émigrer. Les migrants<br />
légaux, élus, disposant d’un diplôme ou d’un métier recherché (artisans, médecins, ingénieurs),<br />
n’ont à payer qu’un billet d’avion. « À tout prix » est ce que les autres doivent payer aux<br />
migriers. Frais de corruption (passeports, visas, police et garde-frontières). Frais de transports, de<br />
logement et de nourriture. Remise de tout argent et bijoux au passeur, avant le départ. Prestations<br />
sexuelles, bon gré, mal gré, pour les femmes. Enlèvements, demandes de rançons et trafic<br />
d’organes, dans le Sinaï et le désert du Mexique. On ne peut qu’admirer cette accumulation de<br />
capital à l’aide de moyens aussi primitifs. Camions et cargos ne tenant plus que par la rouille,<br />
canots surpeuplés, abris misérables, rations rares et répugnantes.<br />
La nécessité temporaire de rassurer les numéros en accréditant la fiction de la nation, de l’Etat,<br />
des frontières, biens communs des citoyens - comme la commune et la cité, jadis, derrière leurs<br />
enceintes - permet de générer des bénéfices marginaux quoique non négligeables. Le chiffre<br />
d’affaires de la sécurité globale s’élève à 450 milliards d’Euros que se partagent Dassault, Thalès,<br />
EADS et Cie, ainsi que leurs centaines de milliers de salariés, de par le monde, qui construisent<br />
des murs et des centres de détention, des drones, des ordinateurs, des bornes d’empreintes<br />
digitales. Peu importe cette police d’assurance fictive que les numéros payent de leurs impôts et<br />
les migrants de leurs épreuves. L’immigration est une aubaine économique et financière, une<br />
chance pour la croissance européenne et nous perçons des trous dans nos murailles, en<br />
même temps que nous les construisons. Et d’ailleurs qui les construit pour nous, sinon les<br />
derniers arrivés des immigrés.<br />
Nous gagnons tout au change en attirant cette main d’oeuvre jeune, âpre au gain et dure au travail,<br />
souvent qualifiée et anglophone, avide de consommer et d’élever le niveau social de ses enfants<br />
pour remplacer notre vieux personnel, physiquement et professionnellement périmé. Non<br />
seulement nous n’avons eu aucun frais d’entretien ni de formation durant son enfance et sa<br />
scolarité, mais son activité (impôts, cotisations), aide à porter le poids des dettes publiques et la<br />
charge de nos vieux salariés, invalides et gâteux.<br />
Les patrons allemands l’ont bien compris qui multiplient les agences de recrutement à destination<br />
des réfugiés syriens, irakiens, érythréens, en vue de recruter ingénieurs, programmeurs, artisans<br />
qualifiés, électriciens, boulangers, maçons. 40 millions de numéros manqueront sur le marché du<br />
travail européen, en 2030. Tous les pays tentent d’attirer des footballeurs, des informaticiens, des<br />
chercheurs, des entrepreneurs. En Italie, des femmes d’Ukraine et de Roumanie soignent les<br />
vieux. En Irlande et au Royaume-Uni, ce sont les Polonais qui travaillent dans le bâtiment. Les<br />
migrants remplissent les secteurs désertés par les autochtones, tels la restauration, la sécurité,<br />
l’hôtellerie, le nettoyage mais aussi les postes de médecins occupés par les Roumains et les<br />
Bulgares.<br />
L’immigration est un filon. Les patrons américains l’ont compris qui emploient 11 millions de<br />
clandestins et poussent à l’assouplissement des règles de régularisation. Les patrons de la Silicon<br />
Valley l’ont compris qui soutiennent ce projet d’assouplissement, eux qui recrutent des milliers<br />
d’ingénieurs, de chercheurs, de scientifiques, indiens, chinois, français, qu’il leur faut disputer au<br />
Canada.<br />
22<br />
Même Pierre Gattaz, notre brave président du Medef, l’a compris et s’en va répétant que les<br />
migrants - maghrébins, balkaniques, etc. - sont une chance pour la France, une occasion à saisir !<br />
Qu’ils sont jeunes, éduqués, diplômés, et n’ont qu’une envie, consommer. « Sachons tirer profit<br />
de leur dynamisme et de leur courage. » C’est que malgré un taux de chômage supérieur à 10 %,<br />
320 000 postes restaient vacants dans l’industrie, la construction et les services à la personne, fin<br />
2014. Nos entreprises peinent à recruter des ingénieurs et des informaticiens. Nos diplômés<br />
préfèrent travailler pour la City et la Silicon Valley.<br />
Les Vieux Européens, en proie à un populisme sénile et xénophobe se plaignent de leur<br />
remplacement par cette jeunesse venue d’ailleurs. Ils n’avaient qu’à se reproduire. L’Europe<br />
vieillit et se vide. L’Allemagne vieillit et se vide plus vite que le reste de l’Europe. Pas de<br />
crèches, pas d’enfants, les femmes vivent leur vie. Beaucoup de jeunes se font stériliser.<br />
L’Allemagne se laisse mourir. Les morts l’emportent sur les naissances dans les pays de l’Union,<br />
de l’ancien bloc soviétique et en Russie même. La « peste blanche », comme disait un historien<br />
réactionnaire, épuise la population. Ce même Pierre Chaunu expliquait l’effondrement<br />
démographique des Amérindiens à la fois par le choc microbien consécutif à la Conquista, mais<br />
aussi par un refus de la vie des peuples asservis qui choisissaient, selon lui, le suicide collectif.<br />
Que les Européens se suicident ! Ils ne manquent pas de raisons pour cela. Leurs saignées de<br />
la Grande Guerre 14-45 qui étaient déjà un passage à l’acte. Leur asservissement culturel – et<br />
déjà centenaire - à l’American way of life. Leur culpabilité, croissante à chaque génération, pour<br />
les massacres coloniaux et le génocide nazi. À chaque décennie qui passe, nous les rendons un<br />
peu plus coupables de la traite des nègres, de la conquête de l’Algérie, de l’extermination des<br />
Herreros, de la destruction des juifs d’Europe. Coupables, tous ! Y compris et surtout ceux qui<br />
étaient pas nés ou qui combattirent les nazis et les colonialistes. Des hypocrites paternalistes !<br />
Tuez-les tous, l’Histoire reconnaîtra les siens ! Qu’ils meurent enfin, s’ils n’aiment plus la vie,<br />
ni leurs pays, mais qu’ils n’en privent pas les autres.<br />
Au fond, qu’est-ce qu’un Etat-nation ? Une boîte. Qu’importe ce qu’on met dans cette<br />
boîte, des sardines ou des anchois, ce qui compte, c’est l’étiquette sur la boîte : maquereaux.<br />
Qu’importe que le personnel de la Nationalmannschaft soit turc ou syrien, ce qui compte,<br />
c’est l’étiquette sur la boîte : Bundesrepublik Deutschland. Qu’importe même qu’il parle<br />
turc ou allemand, du moment qu’il parle assez d’américain pour communiquer et<br />
comprendre ce qu’on attend de lui.<br />
L’Etat-nation, c’est le navire Argo dont on change toutes les pièces et l’équipage au cours de<br />
sa navigation et qui reste pourtant le navire Argo.<br />
Comme le dit le démographe François Héran, vouloir réduire l’immigration est un déni de réalité.<br />
Certes « l’infusion durable », des décennies durant, d’un flux de 200 000 immigrés par an, finit<br />
par modifier la population. Un quart des habitants de l’Hexagone, aujourd’hui, est soit immigré,<br />
soit enfant d’au moins un parent immigré. Mais qu’y a-t-il d’impossible à la démographie ? Elle<br />
peut faire des Allemands avec des Turcs, des Européens avec des Africains, des autochtones avec<br />
des immigrés. Et ainsi sommes-nous tous, bientôt, « des enfants d’immigrés », suivant le slogan<br />
antinationaliste.<br />
Peu importe l’origine du personnel tant qu’il fait tourner la boîte. Une boîte fermée est une<br />
boîte morte, aussi avons-nous substitué au concept d’« espace vital » (Lebensraum) de<br />
sinistre mémoire, celui de « population vitale » (traduction, bitte ?…), d’heureuse<br />
perspective. Il faut reconnaître aux Doktoren germaniques le don de toujours forger le<br />
concept adéquat à la situation. Ainsi nomment-ils Völkerwanderung, « migration des<br />
peuples », ce que les chauvins français nomment depuis des siècles « les Grandes<br />
Invasions ».<br />
Laissez faire, laissez passer. La libre circulation des travailleurs nous profite. Tout circule, les<br />
marchandises, les capitaux, les masses, les individus, les idées, les images. L’aspiration à la<br />
23<br />
mobilité est invincible. Chacun veut s’enrichir autant, sinon plus que les autres. La<br />
mondialisation, c’est la fluidité. Inutile de construire des barrages que les fuites, les crues, les<br />
marées, les inondations, infiltrent et submergent infailliblement. Mieux vaut se laisser porter et<br />
soulever par le flot. L’abolition des barrières accélère et augmente les échanges commerciaux.<br />
L’afflux des migrants et de leurs familles stimule ces échanges avec leurs pays d’origine et la<br />
consommation dans leurs pays d’arrivage. L’avènement d’un numéro standard international,<br />
mobile, flexible et interchangeable – moyennant quelques simagrées « identitaires », halal,<br />
casher, sikh, gay, etc. - permet la production et la vente des mêmes biens et services au<br />
supermarché mondial, à tous les clients du monde.<br />
Ici encore, nous ne pouvons que nous réjouir du concours des progressistes alterophiles<br />
(chrétiens, communistes, anarchistes) pour pacifier les numéros et les résigner à la fin du Vieux<br />
Monde, indissociable de leur propre fin. Nous leur devons cette idée superbe suivant laquelle,<br />
tous les hommes étant frères et semblables, il ne doit pas y avoir de frontières. Ils suppriment<br />
ainsi, par un merveilleux tour de passe-passe, les étrangers et ces « différences culturelles » qui<br />
opposaient d’irritants obstacles à la circulation de marchandises standard. Et le plus beau, c’est<br />
qu’ils le font sous couleur d’« ouverture à l’Autre » et de « s’enrichir de nos différences » ! Ouida,<br />
enrichissez-vous ! Ces idéalistes sont d’avisés réalistes sous leurs dehors rêveurs et ils savent<br />
tourner leurs fauteuils suivant les vents dominants. Ils ont vogué sur la Patrie et le Parti tant qu’il<br />
y eut des hommes à bord, marins, soutiers, galériens, pour leur servir d’équipages. Mais ils ne<br />
sont pas esthètes au point de défendre les causes perdues, ni de sombrer avec les navires en<br />
perdition. Ils savent nager et se rallier à la force qui vient. Leur abandon du Vieil Homme et du<br />
Vieux Peuple au profit des robots et des migrants indique le sens de l’Histoire. Nous sommes<br />
cette force qui vient, le Nouveau Peuple des hommes-machines dans un monde-machine, sans<br />
limites ni frontières. Et l’avenir infini nous appartient.<br />
Les vieux numéros ne représentent qu’une nuisance électorale résiduelle. Ils votent mal, c’est<br />
vrai. Mais d’une part, c’est un électorat qui part en fumée dans les crématoriums ; d’autre part, on<br />
sait bien que le système électoral sert justement d’exutoire sans conséquence à ces mauvaises<br />
humeurs, au point de susciter parfois des mouvements d’abstention. Quant à la perspective de<br />
hordes chenues à l’assaut des rues en fauteuils roulants et déambulateurs, elle nous inquiète<br />
modérément.<br />
Les vieux numéros ethnocentrés peuvent bien se répandre en lamentations rances et nostalgiques<br />
sur le bon vieux temps des villages à clochers, où les mêmes familles peuplaient les cimetières<br />
durant des siècles. Nous les renvoyons au bon vieux temps des colonies : ils sont ici parce que<br />
vous étiez là-bas. L’Histoire est un plat qui se mange froid, et vous n’avez pas fini de le<br />
mâcher avec les 250 millions de migrants qui vont déferler sur vos côtes d’ici 2050. Non pas tant<br />
les victimes de la montée des eaux et de la destruction des sols qui se réfugient plutôt dans les<br />
mégapoles locales (Dacca, Bombay, Lagos, Le Caire), que ces expatriés pareils aux 400 000<br />
Hexagons résidant aux States, avides de « meilleures opportunités » dans les métropoles globales<br />
(Londres, Dubaï, New York, Singapour). D’autant que par l’un de ces dysfonctionnements<br />
factuels - en contradiction avec la science démographique - il se pourrait que la population<br />
mondiale ne soit ni en voie de réduction, ni même de stabilisation, et qu’elle s’élève à 11,2<br />
milliards de personnes en 2100, au lieu des 10 milliards prévus (voire 6,7 milliards suivant<br />
« l’hypothèse basse »). La surprise venant de l’admirable fécondité de l’Inde et de l’Afrique. La<br />
population de l’Inde dépassera celle de la Chine dès 2022, 1,7 milliard d’habitants en 2050. Et<br />
l’Afrique escompte 2 milliards d’habitants en 2050, 1 homme sur 4. Bref, nous avons tous les<br />
bras et les bouches nécessaires à la production, à la consommation et à la croissance pour le<br />
siècle à venir.<br />
Il faut cependant prévoir jusqu’à l’imprévisible. Le réveil d’un virus jusqu’alors gelé dans la<br />
banquise en fonte. Ou l’évasion d’un autre, d’une chimère génétique, d’une bactérie synthétique,<br />
hors des laboratoires de notre expansion future. C’est pour parer à toute chute du stock - au24<br />
dessous même de ses capacités de reconstitution - et pour nous assurer la maîtrise de la ressource<br />
humaine que nos gynécologues et biologistes ont devisé des méthodes de population artificielle, a<br />
l’abri des aléas de la naissance. Non seulement avons-nous mis au point le palliatif aux accidents<br />
industriels, aux épidémies de stérilité et aux déficiences physiologiques ; mais la science nous a<br />
permis de surpasser la nature, aux points de vue qualitatif et quantitatif. Aussi puissants que Dieu<br />
même, nous produisons désormais le nombre et les types de numéros utiles et voulus. Nous les<br />
créons sur commande et avec toutes les options. Nous les créons inhumains, inimaginables. Mais<br />
qu’y a-t-il d’impossible à la biologie, à la génétique, à l’embryologie, à nos gynécologues ?<br />
Voici déjà quarante ans que nous fabriquons des numéros in vitro, à la fureur des réactionnaires<br />
et obscurantistes : fanatiques du sacré et de la superstition, sectateurs de l’Ordre divin, naturel et<br />
symbolique, champions de la famille Ricoré, patriarcale et archéo-nucléaire. Ce sont les<br />
papamamans eux-mêmes qui ont écrasé leurs défenseurs. Nos sociologues, nos philosophes, nos<br />
juristes le disent bien : le désir d’enfant aiguillonne la recherche, il balaie toutes considérations.<br />
Le droit à l’enfant stimule l’essor des technologies reproductives. En retour, l’interdit devient<br />
permis grâce aux avancées scientifiques, les découvertes offrant de nouvelles voies et de<br />
nouveaux objets aux désirs. Du moment où il était possible de cultiver un embryon en éprouvette,<br />
le marché du bébé était ouvert à la clientèle avide - et captive – des couples stériles : 10 % de la<br />
clientèle potentielle. En France, 17 000 naissances par an, 2 %, résultent des technologies<br />
reproductives. Ce marché en croissance accélérée pèse aujourd’hui des milliards d’euros et s’est<br />
diversifié en de multiples sous-produits : spermes, ovules, créations d’embryons, injections de<br />
spermes, diagnostics pré-implantatoires ; stockage des embryons surnuméraires dans les cuves<br />
d’azote liquide ; recyclage dans la recherche et les biotechnologies, ou par des couples dépourvus<br />
de leurs propres embryons. La production artificielle de l’humain et la location d’utérus sont en<br />
passe de supplanter le vieux commerce international entre les pays exportateurs d’enfants (Chine,<br />
Russie, Corée du Sud, Ukraine, Colombie, Inde, Haïti) et les pays importateurs (USA, France,<br />
Italie, Suède, Pays-Bas, Danemark, Suède, Suisse, Royaume-Uni). L’éventail de notre clientèle<br />
s’ouvre en même temps que notre gamme de produits. Des couples hétérostériles, elle s’est<br />
étendue aux hétérofertiles anxieux de maîtriser au mieux les caractéristiques de leur descendance.<br />
Des couples stériles par accident (hétérosexuels) aux couples homosexuels, stériles par nature.<br />
Des couples hétéro ou homosexuels aux femmes seules, ayant le désir d’enfant chevillé au corps<br />
– à Paris, une famille sur quatre est monoparentale. Nous avons reculé sans cesse l’âge de la<br />
ménopause et de la maternité jusqu’aux jeunes mères sexagénaires, un marché en croissance<br />
rapide en Europe, en Chine et au Japon. Nos catalogues génétiques nous permettent une<br />
fabrication de luxe, sur mesure, à l’ordre des désirs les plus singuliers et les plus exigeants. À<br />
côté des dizaines de spécifications ordinaires, portant sur le design du produit (blond, blanc, brun,<br />
noir, etc.), ou sur son génie natif (Diplômes des fournisseurs de gamètes), nous avons pu<br />
répondre aux demandes de nains qui voulaient des enfants nains, de sourds qui souhaitaient des<br />
sourds, etc., afin d’avoir des enfants à leur image et une famille harmonieuse. Il peut y avoir dans<br />
certains cas particuliers un léger supplément à payer, mais la démocratisation du commerce<br />
enfantin entraînera une baisse des coûts compensée par de plus gros volumes de ventes et<br />
d’achats. D’autant que les méthodes de production vraiment industrielles (clonage, exogenèse)<br />
sont encore en phase de recherche & développement. Il faudra quelques décennies avant que les<br />
travaux d’Helen Liu et de Shoukhrat Mitalipov, aux Etats-Unis, ne permettent la fabrication<br />
d’embryons et de foetus en utérus artificiels, à partir des cellules souches du donneur – homme<br />
ou femme. Ces progrès suscitent évidemment les croassements de vieux corbeaux papistes, mais<br />
comme le disait Robert Edwards, le concepteur de Louise Brown, le premier « bébé-éprouvette »,<br />
en 1978, « il ne devrait pas y avoir de limites aux recherches sur l’embryon, et je suis favorable à<br />
l’usage de ce qui pourrait conférer de meilleures aptitudes aux embryons fécondés et cultivés in<br />
vitro. Nous le faisons bien, avec l’éducation, après la naissance. Pour ma part, j’aimerais avoir<br />
l’aptitude de vivre 50 ans de plus. »<br />
25<br />
Le regretté Robert Edwards (1925- 2013) soutenait en fait le tri génétique, le tri in vitro, les<br />
maternités séniles, l’homoparentalité, le clonage et toutes les avancées techno-progressistes.<br />
De limites, il n’y en a pas. Le Japonais Shinga Yamanaka, prix Nobel de médecine 2012, a mis<br />
au point la production de cellules souches par clonage. Il a pour cela ajouté certains facteurs à des<br />
cellules de peau en culture, reprogrammées pour passer à l’état de pluripotence.<br />
Ces cellules dites iPS nous offrent « des perspectives fascinantes » selon René Frydman, l’un des<br />
concepteurs d’Amandine, le premier « bébé-éprouvette » français (1982), avec Jacques Testart et<br />
Emile Papiernik. « Avec une dizaine d’embryons humains conçus in vitro, nous pouvons obtenir<br />
une lignée stable et immortelle de cellules souches. Imaginons que nous puissions les transformer<br />
en gamètes, soit en ovocytes, soit en spermatozoïdes, cela signifie potentiellement un nombre<br />
illimité de descendants conçus in vitro. »<br />
Cela signifie que nous pourrons sélectionner les plus beaux spécimens de l’espèce, ou les mieux<br />
adaptés, ou les plus désirables en fonction de critères à définir et substituer leur engeance aux<br />
piètres variétés du stock actuel. C’est possible, nous l’avons déjà fait avec de splendides résultats<br />
pour le cheptel bovin.<br />
Ou encore que nous pourrons reproduire à l’infini le programme génétique des icônes de notre<br />
temps. Oubliez Hitler, Staline, Mao, les prophètes et les conquérants. C’est ainsi, désormais, que<br />
les mâles et femelles dominants, les stars et leaders, riches et célèbres, homos, hétéros, pourront<br />
répandre leurs gènes, éliminant du coup les gènes de moindre qualité. Il est déjà possible de<br />
fabriquer un souriceau à partir de deux pères. Le passage à l’espèce humaine n’est qu’une<br />
question de temps et les associations LGTB feront en sorte qu’il soit court. La seule limite, pour<br />
l’instant, étant que l’enfant d’un couple de lesbiennes ne pourrait être qu’une fille. Mais serait-ce<br />
un inconvénient pour elles ? Quant aux couples d’hommes, ils profiteront en outre de l’utérus<br />
artificiel.<br />
Qui paye, commande. Imagine-t-on que les clients pouvant décider du moindre caractère d’un<br />
objet si désiré et si chèrement acquis, renonceront à en avoir pour leur argent ? Qu’ils<br />
renonceront au meilleur pour lui et pour eux ? Quel fournisseur, à l’heure du marché mondial,<br />
aurait quoi que ce soit à refuser à ses clients sous le prétexte obscurantiste, suranné et<br />
superstitieux d’eugénisme.<br />
L’eugénisme, par Huxley ! Mais c’est ce que nous voulons tous ! C’est à quoi l’élite de<br />
l’espèce oeuvre depuis la nuit des temps ! La gauche progressiste et les anarchistes galactiques ne<br />
s’y trompent pas qui ont soutenu sans faille notre entreprise d’arraisonnement du Vivant. À nos<br />
chercheurs et entrepreneurs les découvertes scientifiques et les développements économiques ;<br />
aux philosophes, aux anthropologues, sociologues, juristes, journalistes et autres militants, le<br />
combat contre la famille de papa. Ce fut une mince affaire, elle n’avait plus guère de réalité. Nos<br />
comités d’éthique ont rendu des avis suivant lesquels les choses étant ce qu’elles sont, et les faits<br />
accomplis, il ne restait qu’à les « encadrer », c’est-à-dire à les légaliser dans les formes afin de<br />
sauver l’honneur de l’éthique et la face de l’autorité. Nos penseurs ont multiplié les variations sur<br />
les thèmes de l’égalité et de la liberté des consommateurs. Pourquoi l’achat d’enfants améliorés et<br />
personnalisés devrait-il être réservé aux couples hétérosexuels, fertiles, en âge de procréer ?<br />
Pourquoi les vieillardes ne pourraient-elles engendrer comme les vieillards et les jeunesses ?<br />
Pourquoi les femmes devraient-elles interrompre 9 mois leurs activités et souffrir les peines de la<br />
grossesse, quand les hommes ne les souffrent pas une seconde ? Pourquoi les hommes ne<br />
pourraient-ils, comme les femmes, engendrer des rejetons grâce à la spermatogenèse et à l’utérus<br />
artificiel ? Sans compter qu’il est plus facile d’avorter une machine qu’une femme. La<br />
technologie rompant ce lien malsain, privilégié, entre la porteuse et l’amas de cellules en<br />
gestation dans son ventre. Pourquoi devrions-nous empêcher des étudiantes de vendre leurs<br />
ovules pour payer leurs études ou une augmentation mammaire ? Pourquoi devrions-nous<br />
empêcher des femmes pauvres et altruistes de louer une partie de leur corps pendant 9 mois,<br />
lorsque nombre d’entre elles en louent d’autres parties, des années durant ? Où sont les coupables<br />
26<br />
et les victimes de ces crimes sans dommage ? Qui gênent-ils sinon les moralistes primitivistes et<br />
l’Etat despotique ? N’est-ce pas le bon sens même et de la création de valeur au moyen de<br />
l’économie collaborative ? Si la nature amorale fait les numéros différents les uns des autres,<br />
inégaux dans leurs aptitudes respectives, c’est à la technologie de réparer les injustices en les<br />
rendant tous identiques, interchangeables, également aptes à toutes les fonctions. Charge au<br />
marché ou au service public d’élire les bénéficiaires de ces réparations suivant leurs règles<br />
respectives. Laissons la gauche faire son travail d’éducation aux nouvelles technologies, et<br />
réclamer « un plan pour l’Aide à la Production de l’Humain ». Laissons les anarchistes<br />
galactiques, les queers, les associations LGTB, les parents et grands-parents de familles<br />
homoparentales, babiller à propos de « GPA éthique », d’« assistance conviviale à la<br />
procréation », d’« échanges amicaux » ou de « communisme des fluides ». Ces petites élites,<br />
influentes et structurées, suractives au sein des arts et spectacle, de la communication et des<br />
industries culturelles, de l’université, des grandes écoles et de l’appareil d’Etat, ont un don<br />
d’innovation sociétale et sémantique précieux. Nous pouvons transposer leurs expériences à<br />
l’échelle du grand public, quitte à les rendre plus réalistes. Le marché sera toujours plus efficace<br />
pour le client et moins coûteux pour le contribuable.<br />
Enfin ! Chacun sait aujourd’hui qu’en termes biologiques – scientifiques-, on n’a pas plus besoin<br />
d’un papa et d’une maman pour faire des enfants, que d’un chou, d’une rose et d’une cigogne !<br />
L’introduction du pénis dans le vagin est une pratique dépassée du point de vue<br />
technologique, et excluante du point de vue social et marchand. – Voyez les bovins. La<br />
collecte et l’échange de semences, par le biais d’une seringue en clinique ou en laboratoire<br />
suffisent à la production des numéros. Quant aux forcenés de la famille, ils devraient se réjouir.<br />
Grâce à la location d’utérus, un enfant peut avoir 3 mères (génétique, porteuse et légale) et 2<br />
pères (génétique et légal). Ces coopératives de production commencent à recevoir leur<br />
reconnaissance officielle avec les mariages collectifs – au Brésil, par exemple. Mais oublions les<br />
phantasmes biologiques, les parents d’un enfant, ce sont évidemment ceux qui l’achètent :<br />
particuliers, entreprises, collectivités publiques.<br />
En fait, la fin de la fécondité des hommes et des milieux est la meilleure chose qui puisse nous<br />
arriver, en nous arrachant à « l’ordre naturel », cet ersatz de religion auquel nous rivaient les<br />
bioréactionnaires. Nous voici libres enfin, affranchis de la terre et du corps – ces fictions<br />
jumelles - contraints d’inventer nos désirs et les voies de les satisfaire ; la sphère purement<br />
artificielle où nous maîtriserons en toute conscience notre évolution.<br />
Nous devons répandre l’enseignement des philosophes queer et les promouvoir à des postes de<br />
prestige. Rien ne peut mieux gagner les esprits à nos prochaines percées scientifiques et<br />
économiques, que leur créativité conceptuelle et leurs discours transgressifs. Ainsi, ce trait de<br />
génie de Beatriz « Paul » Preciado - liquider le mot de « corps » - comme furent liquidés les mots<br />
d’« homme », d’« humain », de « personne », de « sujet », afin d’en finir avec cette fiction<br />
d’unicité, de « corpus » et d’exalter, au contraire, la diversité et la multiplicité des organes, des<br />
tissus, des fluides. Leur irrépressible dispersion centrifuge. Ces mots étaient des os, des rocs en<br />
travers de la pleine circulation des courants économiques et pulsionnels. La liquidation théorique<br />
des corps justifie et valorise leur liquidation pratique. L’entière extension du marché de la<br />
ressource humaine. Chacun devient détenteur d’un capital organique qu’il lui revient de gérer à sa<br />
guise au même titre que ses biens meubles et immeubles. C’est cela l’émancipation !<br />
L’affranchissement de toutes les assignations à cette carcasse où nous enferme notre naissance !<br />
Nous devons absolument répandre l’éloge de Preciado envers ce mouvement qui milite<br />
aujourd’hui aux USA pour le droit à l’amputation :<br />
« Ces gens perçoivent leur corps comme un corps amputé, ils n’en ont rien à foutre d’avoir des<br />
jambes, ils ne veulent plus les avoir. Or les médecins n’ont pas le droit d’amputer un organe sain.<br />
S’est donc constitué un mouvement de revendication très intéressant parce qu’il redéfinit<br />
27<br />
l’organe. « C’est comme cela, disent-ils, que je vois mon corps ; c’est comme cela que je vois<br />
ma vie : sur une chaise roulante. » Il y a donc des lieux multiples de production et de définition<br />
de vérité des organes. »<br />
On n’aurait pu rêver meilleure agence de communication que ce mouvement de redéfinition des<br />
corps et des organes pour imposer dans le public, comme un nouveau droit à conquérir,<br />
l’extension de ce marché rendu possible - et donc inévitable- par les progrès de l’anthropotechnie.<br />
Le tout était de partir des bons sentiments.<br />
C’est la réalisation de la première greffe de reins entre deux jumeaux par Joseph Murray, en<br />
1954, à Boston, qui a ouvert le commerce de cette nouvelle ressource humaine ; les greffons. Il<br />
suffisait de parler de « dons ». D’appeler « donneurs » et « receveurs », les vendeurs et les<br />
acheteurs. Les numéros aiment donner, ils se sentent admirables. Comme le dit si bien une<br />
politologue de la Sorbonne (et militante LGTB), « Pourquoi la gestation pour autrui devrait-elle<br />
être condamnée à être marchande, alors que certaines femmes, déjà mères, peuvent ressentir la<br />
fierté et la puissance de ce don comme d’autres sont heureux de donner sang et moelle ? »<br />
L’appel aux dons nous a permis d’amorcer la pompe à sang. Nous en avons beaucoup pompé à<br />
bas prix, dans les années d’après guerre aux Etats-Unis, quoique de mauvaise qualité, vu l’état<br />
des vendeurs. Avec l’explosion du marché (reins, coeurs, foies, poumons, pancréas, cornées,<br />
pénis, utérus, etc.), on atteint vite les limites du don gratuit entre vifs et celles du débitage des<br />
morts. Les débuts furent féroces, comme chaque fois que s’ouvre une nouvelle « conquête de<br />
l’Ouest », une nouvelle ruée vers l’or, le pétrole ou tout autre richesse. C’est, comme d’habitude,<br />
la combinaison de l’initiative privée et de la puissance publique qui a permis d’organiser le<br />
marché et d’optimiser l’exploitation de la ressource. Ainsi la République démocratique allemande<br />
a-t-elle loué 50 000 cobayes à Bayer, Sandoz et à une quarantaine d’autres firmes pour tester<br />
leurs médicaments, tandis que nos prospecteurs multipliaient les prises de sang en Colombie et<br />
dans toute l’Amérique du sud, afin de breveter les gènes et cellules nécessaires à leur fabrication.<br />
L’initiative privée, c’est celle de ces farouches vampires, cannibales, charognards, qui, à l’instar<br />
des pirates marchands de l’Antiquité, ont lancé le marché rouge, le marché des pièces humaines.<br />
Les trafiquants bédouins et leurs partenaires somaliens qui enlèvent les migrants dans le Sinaï<br />
pour en extraire les pièces vendables. Leurs pareils de la frontière mexicaine. Les fiers<br />
combattants de l’Armée de libération du Kosovo (UCK) qui ont expédié plus de 2000 personnes<br />
en Albanie, afin de les tuer et d’exporter leurs organes vers la Turquie et le Proche-Orient. Les<br />
mêmes faisant ensuite appel à des vendeurs venus de Moldavie, du Kazakhstan, de Russie -<br />
amputés mais jamais payés- tandis que leurs clients déboursaient entre 80 000 et 100 000 euros<br />
par organe. Ce sont les investisseurs venus d’Allemagne, les chirurgiens de Turquie et d’Israël,<br />
les prospecteurs d’Ukraine qui pillent les morgues pour le compte d’entreprises allemandes et<br />
américaines, et vident les cadavres de leurs parties recyclables. À Kidneyville, dans les faubourgs<br />
de Chennai, la capitale du Tamil Nadu, les prospecteurs achètent des reins par dizaines aux<br />
rescapés du tsunami. À la frontière népalaise, le cheptel captif des blood farms, enchaîné et<br />
affamé, alimente les banques de sang locales.<br />
Pas de sensiblerie. Les forts tuent, les faibles meurent. Notre espérance de vie est à ce prix. Pas<br />
de progrès sans sacrifice, surtout dans le domaine de la médecine où l’on ne peut pas toujours<br />
disséquer des singes et simuler sur ordinateur. Il nous faut des sujets pour les expériences, des<br />
produits et de la matière humaine. Qu’on les mange d’une façon ou d’une autre, quelle<br />
importance ? Il a toujours fallu faire violence au nombre pour le mieux de l’espèce; et le nombre<br />
a toujours soutenu l’élite contre ses défenseurs dès qu’il profitait lui aussi, si peu que ce soit, des<br />
bénéfices du progrès. Il suffisait, comme pour les farines anthropiques et les repas totémiques, de<br />
lui dire qu’il n’y avait là rien de nouveau et d’évoquer les mythes primitifs. Les numéros, dans<br />
leurs machines à habiter, aiment autant se croire en avance sur leur temps que semblables à leurs<br />
ancêtres des cavernes. Ils adorent l’idée d’utiliser les morts à la survie et au mieux-être des<br />
vivants, plutôt que de jeter des os et des chairs pouvant servir à d’autres qu’à leurs propriétaires.<br />
28<br />
Le marché se démocratise, la demande est telle qu’il faut se résoudre à autoriser la vente<br />
d’organes comme en Iran où s’affrontent l’offre et la demande. Passée la Ruée rouge, les Etats<br />
encadrent le marché de normes éthiques et législatives, et tout le monde en croque.<br />
Aux Etats-Unis, un simple récupérateur de cadavres peut gagner jusqu’à 10 000 dollars par corps<br />
obtenu grâce à ses contacts dans les hôpitaux, les morgues, les dépôts mortuaires. Les<br />
funérariums signalent les fournisseurs potentiels. Les hôpitaux publics vendent leurs services de<br />
prélèvement. Il faut sortir les os des bras, des jambes, les remplacer par des tubes en PVC – pour<br />
les funérailles. Ouvrir la poitrine, extraire le coeur pour accéder aux valvules, retirer les veines de<br />
sous la peau, les tendons destinés aux athlètes un peu usés.<br />
Laissez faire, laissez passer. La Slovaquie exporte en Allemagne des pièces prélevées sur les<br />
cadavres ; les Allemands exportent en Corée du Sud et aux USA ; les Sud Coréens au Mexique.<br />
Les Etats-Unis vendent à plus de 30 pays et répondent aux deux-tiers des besoins mondiaux en<br />
pièces humaines. Des distributeurs locaux s’activent dans l’Union européenne, en Chine, au<br />
Canada, en Thaïlande, en Inde, en Afrique du sud, au Brésil, en Australie et en Nouvelle-Zélande.<br />
Certains représentent des multinationales cotées en bourse, tel RTI Biologies, un conglomérat<br />
américain (11,6 millions de dollars de bénéfices avant impôts pour un chiffre d’affaires de 169<br />
millions de dollars, en 2011). Un cadavre productif peut rapporter de 65 500 à 164 000 euros aux<br />
différents acteurs de la filière, depuis le collecteur de pièces humaines jusqu’au revendeur de<br />
produits médicaux et dentaires. L’industrie du cosmétique transforme la peau et les os en produits<br />
sans indication d’origine pour gonfler les lèvres, accroître la taille du pénis ou effacer les rides.<br />
Les laboratoires débitent les os et les façonnent en vis et en boulons utilisés dans des dizaines de<br />
prothèses orthopédiques et dentaires. Ils les broient et les mélangent à des produits chimiques<br />
pour fabriquer des colles chirurgicales d’une qualité bien supérieure aux colles artificielles.<br />
Il n’y a de richesses que d’hommes. N’est-il pas beau, n’est-il pas merveilleux, de voir le vieux<br />
précepte se réaliser aussi littéralement à travers ses myriades de corps, de vies individuelles<br />
transformées en matières premières au service de la collectivité ? De la croissance et de<br />
l’efficacité productive ?<br />
En Chine, des milliers de condamnés à mort, souvent jeunes, sains, vigoureux alimentent chaque<br />
année un marché très lucratif - souvent au profit des autorités locales. Ils apprécient cette dernière<br />
occasion de rembourser leur dette envers la société et le pays. C’est en Chine et aux Etats-Unis<br />
que les plus grandes biobanques du monde stockent d’immenses collections de pièces humaines -<br />
urine, sang, plasma, lignées cellulaires, fluides, tissus, organes- semblables aux banques de<br />
semences fortifiées aux Spitzberg. Le Beijing Genomic Institute a d’ailleurs séquencé les<br />
génomes du riz, du concombre, du soja. Il a ouvert des branches locales aux Etats-Unis et en<br />
Allemagne. Ses chercheurs, jeunes et conquérants, ont 27 ans de moyenne d’âge. Leur directeur,<br />
35 ans. Et ils se lancent à l’assaut de tous les domaines génétiques, végétal, animal, humain,<br />
microbiologique, armés de projets fabuleux. Outre-Pacifique, dans la Silicon Valley, la société<br />
« 23 and me », qui vend des kits de tests génétiques, dispose déjà de l’ADN d’un million et demi<br />
de numéros. Le séquençage d’un génome humain coûtait 100 millions de dollars, il y a une<br />
décennie ; 1000 dollars, aujourd’hui. De quoi dépister toutes les maladies, profiler toutes les<br />
tumeurs, identifier tous les numéros. Les biobanques se multiplient - déjà 300 en Europe, 84 en<br />
France- telle la précieuse cérébrothèque de la Salpêtrière. Ces biobanques sont des mines<br />
d’informations à exploiter et valoriser par nos firmes et nos chercheurs entrepreneurs. De leurs<br />
amas d’échantillons et de statistiques sortent des molécules et des médicaments ; des profils et<br />
des profits ; les moyens d’aboutir au « one best man ». Au seul meilleur homme possible dans la<br />
seule meilleure société possible.<br />
Dussions-nous manquer de pièces primaires, par épuisement des banques et des ressources<br />
extractives, rien ne nous empêche de reprogrammer des cellules pour obtenir des capacités<br />
équivalentes à celles des cellules souches embryonnaires, et de cultiver ainsi coeurs, foies,<br />
29<br />
poumons, en vue de remplacer des organes défectueux. À Madrid, une banque d’organes bioartificiels<br />
stocke déjà des matrices, par exemple des coeurs vidés de leurs cellules, mais dotés<br />
d’artères, de vaisseaux et de veines, prêts à être ensemencés de cellules souches pour reproduire<br />
de nouveaux organes. Une équipe japonaise a réussi des transplantations de foie chez des souris<br />
et le savoir faire ne cesse de progresser – mais qu’y a-t-il d’impossible à nos bio-ingénieurs ? On<br />
peut photolitographier le cerveau, on pourra le remplacer par son duplicata. Nos fablabs – nos<br />
fabuleux laboratoires- impriment déjà le vivant en 3D. Des dizaines d’équipes y travaillent dans<br />
le monde, telles Organovo, la première start-up californienne à mettre des bio-imprimantes sur le<br />
marché. L’encre en est un liquide saturé de cellules vivantes. On construit des tissus avec<br />
plusieurs couches de cellules. En Caroline du Nord, une équipe du Wake Forest Institute for<br />
regenerative medecine est ainsi parvenue à imprimer un rein. Mais nous pouvons aussi bien<br />
stocker des pièces détachées en produisant des clones et des numéros dédiés à cette fin<br />
spécifique. Ils ne sont après tout que nos objets, conçus et fabriqués pour nous et par nous, dans<br />
le moindre détail, pour servir à nos fins propres ; nos biens, nos machines ; produits de notre bon<br />
plaisir pour servir notre bon plaisir. Si le droit du plus fort n’existait pas, nous aurions encore sur<br />
eux le droit de propriété, d’usus et d’abusus. Nul ne viendra, j’espère, me parler d’âme, de<br />
personne, de dignité, de morale et autres piperies bourgeoises ? Anarchistes galactiques et<br />
docteurs en sciences humaines ont depuis longtemps pulvérisé ces fumisteries abstraites. Il n’y a<br />
pas d’homme et tout est permis.<br />
La production et la consommation de numéros sous forme de protéines est licite.<br />
Leur mise en pièces pour remplacer nos pièces défaillantes est licite.<br />
L’exploitation de leur force de travail là où elle pourrait encore rivaliser avec les robots, est licite.<br />
La production de modèles, physiquement et psychiquement adaptés à des tâches spécifiques, est<br />
licite.<br />
Il est licite de concevoir, de fabriquer, de vendre et d’acheter, de jouir de modèles érotiques, car<br />
tel est notre plaisir et ils ne sont que des jouets. Des objets sexuels, nos sex toys. Nous en<br />
produirons pour tous les goûts, tous les segments de marché, mâles et femelles, homos, hétéros,<br />
pédophiles et sado-masochistes, techniquement adéquats et conditionnés aux désirs des clients.<br />
Il est aussi licite de les battre, de les dépecer, de les saigner, de jouir de leurs souffrances, car<br />
nous avons le goût du sang et leur sang est licite. Pas d’anthropomorphisme. Ces machines<br />
réagissent, mais sentent-elles autant que le souhaiteraient leurs usagers ? Ces cris, ces<br />
convulsions, ces effusions, ne sont-ils pas que les grincements de leurs câbles, les frictions de<br />
leurs rouages, les fuites de leurs lubrifiants ? Qui sommes-nous, d’ailleurs, et d’où parlent ceux<br />
qui prétendent empêcher ces jeux au nom d’on ne sait quelle « dignité » ou « personne »<br />
humaines. Que savent-ils de ce que ressent vraiment l’écorché vif et de la sombre extase qu’il tire<br />
de sa dissection ; de cette cime de vie féroce qu’il atteint en cet instant où son tortionnaire le<br />
délivre de son corps, de cette camisole de peau, de ces filets de nerfs, de veines et de tendons, de<br />
cette cage d’os, de ces poches de chair molle et visqueuse pour libérer la multiplicité des organes<br />
avec leurs vérités respectives. Que savent-ils de la connivence entre la proie et le prédateur, la<br />
victime et l’assassin, le supplicié et le tortionnaire ? De quel droit parlent-ils à leur place ? Et s’il<br />
me plait à moi, de m’offrir au scalpel du sculpteur – et même de le payer pour son oeuvre- en quoi<br />
cela regarde l’Etat ou les autres ? Mon corps m’appartient, j’en fais ce que je veux. Si c’est du<br />
« consentement libre et éclairé » que vous souhaitez, n’ayez crainte, nous vous en produirons<br />
autant que vous voulez - contrats signés, tamponnés, enregistrés devant notaires et témoins tant<br />
qu’il vous plaira ! Il ne manque pas d’amateurs enclins aux dépenses somptuaires et prêts à payer<br />
cher pour assouvir leurs désirs. Ces individus énergiques, aux organisations fortes et nerveuses,<br />
sont inévitables. Nulle morale n’étant fondée, nulle répression efficace, mieux vaut encadrer ces<br />
pratiques d’un dispositif éthique et législatif plutôt que de les repousser dans une clandestinité<br />
incontrôlable et plus dangereuse, finalement. Mieux vaut en tirer profit pour l’économie et la<br />
société en vendant aux clients ce qu’ils prendront de toute façon, plutôt que de les stigmatiser et<br />
de les brûler sottement. Ainsi la férocité de quelques-uns concourt au bien- être général et le<br />
30<br />
malheur tourne au meilleur. Et puis, quoi ! Toute vie est un processus de dévoration ! Soyons<br />
cruels. Ce ne sont pas les amis de la nature qui nous blâmeront, eux qui défendent les rats, la rage<br />
et les raz-de-marée. S’il est vrai que nous en sommes également les produits, si nous ne valons<br />
pas mieux que les virus, les requins et les éruptions volcaniques, pourquoi agir autrement ? La<br />
nature ne connaît ni bien ni mal. Elle n’a d’autre loi que l’égoïsme et c’est lui obéir que de<br />
torturer les numéros pour nous délecter. Il y a dans leur mise en pièces, je ne sais quelle furie de<br />
puissance, de retour aux violences des enfants et des gamins qui cassent leurs jouets et crèvent les<br />
chats ; des mères qui fracassent leurs enfants ; des guerriers qui hachent et broient chair et sang ;<br />
des massacreurs de populations ; des savants tout-puissants qui feraient sauter le monde pour<br />
jouir de cet immense éclair de désintégration. Qu’il périsse plutôt que soit contrarié<br />
l’assouvissement de mes instincts naturels ; voilà toute l’écologie. D’ailleurs les numéros sont<br />
là pour ça. Ils nous doivent tout et c’est assez. La nature ne met sa cause en rien. Pas même en<br />
elle-même qui ne se connaît pas. Elle fonctionne, voilà tout, pur automate perpétuel. Parfaite<br />
machine qui ne produit rien qu’elle-même - mais de façon toujours plus simple, fonctionnelle et<br />
circulaire. Elle se moque de notre existence comme de la sienne. Elle se moque qu’il y ait<br />
quelque chose plutôt que rien. – Mais rien est impossible, hélas - elle est inabolissable ; c’est bien<br />
la seule limite qu’elle nous oppose. Et un véritable ennemi de Tout ne peut qu’enrager à l’idée<br />
que quelque chose, toujours, lui survive.<br />
Les timides et les pédants feront leurs petites moues, laissant choir de leurs petites lippes,<br />
« Sade… Stirner… Nihilisme… ». Mais qu’est-ce qu’un nihiliste ? C’est un homme qui<br />
envisage toutes choses d’un point de vue critique. Un homme qui ne s’incline devant aucune<br />
autorité, qui n’accepte aucun principe sans examen, quel que soit le respect dont ce principe<br />
est entouré. Nous, les Majuscules, nous ne louerons jamais assez les froides raisons de ces<br />
esprits impavides et railleurs de toute moraline. Leurs maximes vulgarisées par leurs disciples<br />
anarchistes et progressistes ont soumis les numéros, mieux que nous aurions su le faire, aux<br />
exigences de l’implacable liberté : Fay ce que vouldras. « Il est interdit d’interdire ».<br />
« Chacun fait c’qui lui plaît-plaît-plaît ». À moins, au contraire, qu’ils n’aient trouvé leurs<br />
idées dans le mouvement réel de nos machines sociales. Et dans ce cas, ils seraient moins nos<br />
hérauts que nos apologistes.<br />
Qu’importe qui vient en premier, de la poule ou de l’oeuf, tant que la machine tourne rond. Le<br />
malheur du nombre fait le bonheur des meilleurs et leur prospérité ruisselle enfin jusque dans les<br />
bas-fonds de la quantité. On sait que les trafiquants ne vendent pas leurs drogues par altruisme ;<br />
ils n’en font pas moins le bonheur des toxicomanes, des acteurs de la filière (producteurs,<br />
passeurs, chimistes, grossistes, semi-grossistes, détaillants), des fonctionnaires de police, de<br />
justice et de santé et finalement le bien de tous résulte de chacun pour soi. Si un numéro veut<br />
s’injecter de l’héroïne, qui suis-je pour le morigéner ? C’est son choix, son droit, sa liberté.<br />
Cependant les fortunes édifiées dans ce commerce accroissent la richesse des nations,<br />
s’investissent dans d’autres secteurs et nourrissent l’industrie du luxe qui fait vivre tant de<br />
numéros et de beaux-arts. Il en est ainsi des produits récréatifs (tabac, alcool, psychotropes), des<br />
biens de consommation (sexe, loisirs, culture) et des biens de nécessité (alimentation,<br />
habillement, logement). Tout le défi est d’inventer sans fin les désirs qui feront tourner la<br />
machine et croître la circulation financière. Il faut pour cela observer sans cesse les numéros,<br />
épier leurs comportements, leurs faits et gestes, leurs mots et leurs silences ; scruter leurs<br />
dépenses ; sonder leurs esprits ; formuler leurs tendances obscures et sourdes, avant même<br />
qu’elles ne s’éveillent en un voeu précis et les réjouir en offrant à leur convoitise ce qu’ils<br />
ignoraient même désirer. Mais qu’y a-t-il d’impossible à nos psychologues, à nos anthropologues,<br />
sociologues et numérologues ?<br />
Nous approchons avec nos boîtes à rêves du concept optimal pour la société comme pour les<br />
sociétaires. L’un des plus lucides penseurs galactiques l’avait vu, il y a longtemps : moins il y a<br />
31<br />
de réalité vécue, plus nous devons fournir aux numéros une réalité de substitution pour les<br />
occuper. Et plus cette réalité virtuelle remplace la vie réelle, plus elle doit être convaincante et<br />
perfectionnée. Le cinéma est l’ancêtre de la boîte à rêver. Il a fait l’affaire dans la première moitié<br />
du XXe siècle pour divertir les masses des grandes villes, arrachées des campagnes. La télévision<br />
a vidé les cafés où l’on buvait trop et où l’on parlait mal, pour enfermer les spectateurs chez eux.<br />
Ils n’en souffraient pas d’ailleurs, ils ont simplement augmenté leurs séances de rêve à trois<br />
heures par jour et toute la journée, le dimanche. La multiplication des chaînes et du nombre<br />
d’écrans par foyer a accoutumé les plus jeunes - et les plus remuants - à cette existence passive et<br />
vécue par procuration. C’était parfait. Nous avons produit des générations d’abrutis obèses, avec<br />
parfois de légers dysfonctionnements (un certain goût de la violence, par exemple). Nos pop<br />
philosophes et nos sociologues des media ont habilement désarmé les (rares) critiques. Pas<br />
d’élitisme, pas de moralisme. Qui vous permet de juger la culture populaire ? Au nom de quelle<br />
distinction ? On a vite remplacé « culture populaire » par « culture commerciale » - puisque<br />
c’était celle que consommaient les numéros. Nos dresseurs ont enseigné l’usage de la télévision,<br />
de la publicité, des jeux vidéos, d’Internet, des smartphones et des réseaux sociaux à leurs élèves,<br />
sous prétexte d’éduquer leur esprit critique, et mis l’étude des séries américaines au programme<br />
des universités. Jouer, c’est apprendre. Nous formons les cerveaux et les esprits en<br />
soumettant les enfants aux jeux vidéo, dès le plus jeune âge. Le temps passé sur l’écran,<br />
casque aux oreilles, atteint déjà 6 heures par jour chez les jeunes franciliens, davantage chez les<br />
otaku japonais. L’Académie des sciences et le psychologue Serge Tisseron ont relativisé les<br />
prétendus effets de la violence des jeux : il faut cesser de culpabiliser les parents. Nous utilisons<br />
les jeux au service des entreprises, pour former les numéros et faire des gains de productivité,<br />
nous transformons le travail en compétitions, individuelles ou par équipes. – Naturellement, nous<br />
tâchons de sortir de l’éternel cliché du héros mâle blanc avec des rôles issus de la diversité ;<br />
femmes, homos, non-Blancs.<br />
Les jeux vidéo toujours plus réalistes, immersifs, ont aspiré les joueurs pour des sessions<br />
toujours plus longues ; des jours, des semaines de parties sans fin, à peine interrompues durant les<br />
heures ouvrables – pour ceux qui avaient encore un emploi ou des cours scolaires.<br />
L’assemblage des lunettes de vision 3D, des combinaisons tactiles, des implants sensoriels et des<br />
psychotropes de nouvelle génération a ouvert la boîte à rêve. Les systèmes haptiques permettent<br />
de « toucher ». Des recherches sont en cours pour ajouter l’odeur et la chaleur. Depuis 2012, la<br />
réalité virtuelle sert à l’entraînement des soldats américains ; à la formation des pompiers, des<br />
policiers, des chirurgiens – en fait aux activités et aux divertissements de tous : porno, cours<br />
scolaires, conférences, marketing. On peut choisir des histoires dont on est le héros, visiter un<br />
musée, une ville, un autre monde peuplé d’animaux, se brancher en réseau pour une orgie<br />
numérique – la réalité virtuelle change la vie ! Elle la rend ennuyeuse, superflue, mal conçue.<br />
La vie de synthèse, artificielle, est bien plus sûre et excitante, pleine de surprises prévisibles et<br />
d’aventures sans risque grâce aux pics de suspens réguliers.<br />
Les rêveurs reposent dans leur boîte, sous perfusion alimentaire, équipés de prothèses de réalité<br />
virtuelle dans l’obscurité d’un ventre moelleux. Ils baignent ainsi des heures et des jours, dans<br />
l’eau marine à 36 degrés, nourris de leur urine recyclée, mélangée d’additifs et de nutriments. Ils<br />
y vivent des errances merveilleuses à travers les temps et les paysages, emmêlés de manière<br />
impossible dans la vie prétendue réelle – comme s’il pouvait y avoir une réalité hors des sens et<br />
des perceptions. Et ils n’ont jamais froid ni peur, ils ne sont jamais surpris de leurs visions, ni de<br />
leurs sensations de sucre et d’ozone, de saveurs violettes, fondantes et chaudes, ni de leurs<br />
rencontres et de leurs jeux avec les créatures, dans les eaux, les rouleaux, les haleines des rivages<br />
et dans les sables au-delà, parsemés d’herbe folle. Ils paient pour cela plus cher que n’a jamais<br />
payé nul amateur de paradis artificiel, de fumeur d’opium ou d’acid head, mais cela vaut le trip,<br />
mec. Et quand ils en sortent, ils n’ont de cesse que d’y retourner ; à tout prix.<br />
Et c’est ce qu’on leur fera payer, par Smith ! Il y a de l’or dans le rêve ! Il suffit de savoir<br />
l’exploiter : produit idéal, clientèle captive, investissements réduits, retours fabuleux. On pose<br />
32<br />
des brevets. On couvre tous les angles. On fait de la vente et du leasing de caissons pour la<br />
clientèle des prescripteurs haut de gamme. Les autres viendront à la rêverie. On peut aligner et<br />
empiler des dizaines de boîtes par silo. On en met partout, dans toute la ville, dans toutes les<br />
villes. Les numéros paieront à l’entrée, il y aura des formules abonnements. Les fauchés paieront<br />
en nature, ils donneront leur sang, un oeil, un bras. On les mettra en morceaux ! – Mais avec leur<br />
consentement libre et éclairé. On les branche sur la pompe à rêves, ça c’est une trouvaille ! Il faut<br />
toujours avoir un retour client, faire des enquêtes de satisfaction. Avec la pompe à rêves, on peut<br />
leur siphonner la tête, accumuler des données. On sait ce qui cloche, ce qui marche, comment<br />
améliorer le produit, le rendre plus performant, plus accrocheur, plus vendeur. On élimine les<br />
éléments de trouble dans les scénarios, on renforce les béatitudes, les euphories, les extases, pour<br />
aboutir au rêve standard idéal, au one best dream. On leur explose les zones de plaisir. On fait du<br />
rêve sur mesure, personnalisé, pour la clientèle de luxe. On récupère leurs idées pour forger de<br />
nouveaux concepts ; nouveaux produits, nouveaux services, nouvelles organisations –<br />
innovations ! Le rêve, c’est de l’or ! - Pourvu qu’on sache le miner, le capter et le valoriser. On<br />
met leurs cerveaux en batterie pour multiplier leur puissance cognitive ! Tous ces temps morts de<br />
cerveaux disponibles ! Quel gâchis incroyable ! Les ordis traitent les enregistrements oniriques.<br />
La gestion d’un pareil stock de ressources humaines ne pose aucun problème. Une population de<br />
rêveurs n’a pas de gros besoins, ne tient pas beaucoup de place, ne trouble pas l’ordre public.<br />
C’est juste une réserve de main d’oeuvre, de cobayes, de protéines, d’organes, de fluides, de<br />
tissus, etc., à toutes fins utiles. On supprime les excédents, les surnuméraires et cependant, ils<br />
payent pour leur maintenance. La seule exploitation de leur matière grise nous rembourse<br />
largement de l’air qu’ils respirent et des infrastructures requises. Ils mènent, chacun pour soi, la<br />
vie de rêve qu’ils ont voulue et choisie. Un rêve dont ils n’auraient jamais rêvé et que nous leur<br />
avons ouvert. Il se peut qu ils aillent trop loin : overdream. Qu’ils en meurent d’assuétude ; de<br />
faim, d’épuisement, d’un prélèvement de trop – mais c’est leur rêve. Nous leur vendons, nous ne<br />
le jugeons pas : fair deal.<br />
Nous pourvoyons à leur rêve, non par altruisme mais dans notre propre intérêt. Le rêve de chacun<br />
est l’huile qui lubrifie la machine sociale, le moteur qui l’entraîne, le combustible qui l’alimente,<br />
le mobile de son perfectionnement perpétuel que nous voyons aujourd’hui culminer dans<br />
l’intégration cybernétique de l’homme-machine au monde-machine, en passant par la machine à<br />
gouverner. Ainsi, chacun faisant ce qui lui plaît, aboutissons-nous à l’optimisation générale de la<br />
machine sociale, comme l’avaient bien dit Smith et Mandeville, les prophètes de la science<br />
économique.<br />
On peut tout dire – et d’ailleurs tout est dit. Je défie quiconque de trouver ici un fait, une idée,<br />
quoi que ce soit de nouveau – sinon, peut-être, leur assemblage- mais je n’en jure pas ; ce serait<br />
offusquer les connaisseurs.<br />
Les numéros savent tout. Ils savent qu’ils ne sont que des numéros et qu’ils n’y peuvent rien.<br />
Il y a bien quelques têtes folles qui posent aux forts d’esprit et aux libres penseurs mais ils ne<br />
veulent rien et il n’y a pas de voie là où il n’y a pas de volonté.<br />
Ce sont des artistes avec des vanités d’artistes. Les chants désespérés sont les chants les plus<br />
beaux ? Va pour le désespoir. L’un fait du désespoir en livres, l’autre en films, en tableaux, en<br />
BD, en « installations », en « performances » et en musique. Il devait y avoir un chanteur sur la<br />
dunette du Titanic, exultant de pousser son pur sanglot. Ils ne veulent rien d’autre qu’être publiés,<br />
passer à la radio, dans les journaux et à la télé. Les numéros s’en moquent comme ils se moquent<br />
des numéros. Nous les Majuscules, nous sommes leur seul public, leurs meilleurs lecteurs et<br />
spectateurs. Nous trouvons des idées dans leurs oeuvres. Leurs craintes nous suggèrent des<br />
projets, leurs critiques nous informent de nos failles, leurs créations nous rapportent de l’argent.<br />
Ce sont nos fous, inoffensifs et utiles, nous devons les préserver comme générateurs de<br />
propositions extérieures et aléatoires, afin d’introduire dans la rationalité circulaire de nos<br />
33<br />
programmes, des ferments d’imprévu et d’évolution. Ils refusent les honneurs et l’argent tant<br />
qu’on ne leur en offre pas. Ils en crèvent secrètement et ils sont même prêts à d’âpres et sourdes<br />
rivalités à la moindre occasion. Ils tentent alors, surtout en vieillissant, de se vendre au plus cher,<br />
avec ce trésor de connaissances amassé dans leur dissidence. Au fond, ils sont des nôtres. Ce sont<br />
nos cadets, nos enfants impatients qui n’avaient pas trouvé de place à leur hauteur, ni l’emploi de<br />
leurs titres et capacités dans l’affaire de famille. La plupart reviennent toujours.<br />
À quoi bon ce discours alors, sinon pour appeler nos décideurs à l’audace, à l’optimisme, à l’élan<br />
qui doivent être les nôtres. Rien de grand ne se fait sans risque, sans dommage ni difficulté : c’est<br />
la rançon du Progrès. Nous l’avons toujours su et nous avons toujours poussé outre, de l’âge du<br />
silex à celui du silicium ; des terroirs de maraude aux conquêtes spatiales. J’ai montré qu’à<br />
rebours des jérémiades des prophètes de malheur envers lesquelles nos dirigeants politiques sont<br />
d’une criminelle complaisance, jamais nos perspectives de croissance et d’expansion n’avaient<br />
été si prometteuses. Jamais nous n’avons eu de tels gisements de matières premières, ni de<br />
moyens si perfectionnés de les transformer. La science et la technologie nous permettent de<br />
trouver et d’exploiter ces gisements inconnus, mais aussi d’en inventer d’autres avec l’usage<br />
industriel d’éléments et de matériaux aussi communs que le vent et le carbone. Délivrons-nous de<br />
la dictature de la peur, des craintes millénaristes, des épouvantes malthusiennes, avec leurs<br />
« principes de précaution », leurs menaces de « chaos climatique » et autres fantasmagories.<br />
L’obscurantisme, voilà la vraie pollution ; luddites et technophobes, voilà les vrais pollueurs. Ce<br />
n’est pas le repli nostalgique et réactionnaire à la caverne primitive qui sauvera l’espèce, mais le<br />
grand bond vers les étoiles des cyborgs, nos successeurs. Il faut pousser les feux : plus de science,<br />
plus de technologie, plus d’investissements dans la recherche ! Nous n’avons pas le choix :<br />
accélérer ou mourir ! Nous devons être à la hauteur de l’épopée surhumaine.<br />
Nous, les Majuscules, nous jouons dans l’histoire le plus grand rôle révolutionnaire.<br />
Partout où nous avons conquis le pouvoir, nous avons détruit les relations familiales, sociales,<br />
traditionnelles. Tous les liens variés qui unissaient le numéro à ses alliés naturels, nous les avons<br />
brisés sans pitié pour ne laisser subsister d’autres liens que la froide efficacité, les dures<br />
exigences du « one best way ». Nous avons noyé les transports de l’art, l’enthousiasme<br />
patriotique, la sentimentalité populaire dans les eaux glacées du calcul rationnel. Nous avons<br />
supprimé la dignité de l’individu devenue simple superstition ; aux innombrables libertés dûment<br />
garanties et si chèrement conquises, nous avons substitué l’unique et impitoyable liberté du désir.<br />
En un mot, à la consommation que masquaient les illusions artistiques et anarchistes, nous avons<br />
substitué une consommation ouverte, éhontée, directe, brutale.<br />
Nous avons dépouillé de leur prestige toutes les activités considérées jusqu’alors, avec respect,<br />
comme émancipatrices. Le scientifique, le professeur, le penseur, l’artiste, nous en avons fait des<br />
novateurs sur contrat.<br />
Nous avons déchiré le voile de sentimentalité kitsch qui recouvrait les rapports humains et nous<br />
les avons réduits à de simples rapports de force.<br />
C’est nous qui, les premiers, avons fait la preuve de ce dont est capable l’activité scientifique :<br />
nous avons créé de tout autres merveilles que les gratte-ciel de Shanghai, les pipe-lines d’Arabie,<br />
les centrales nucléaires ; nous avons mené à bien de tout autres expéditions que les guerres<br />
mondiales et le programme Apollo.<br />
Poussés par le besoin de ressources de plus en plus larges pour nos systèmes, nous avons envahi<br />
l’univers. Il nous faut nous répandre partout, mettre tout en exploitation, établir partout des<br />
relations.<br />
Par l’exploitation du marché mondial, nous donnons un caractère cosmopolite à la production et à<br />
la consommation de tous les pays. Au grand regret des réactionnaires, nous avons enlevé à la<br />
nation sa base industrielle. Les vieilles nations industrielles ont été détruites et le sont encore<br />
34<br />
chaque jour. Elles sont évincées par de nouvelles puissances, dont l’expansion devient une<br />
question de vie ou de mort pour les économies modernes, économies qui ne transforment plus des<br />
matières premières locales, mais venues des zones les plus éloignées, et dont les produits se<br />
consomment non seulement sur place, mais sur tous les marchés à la fois. À la place des anciens<br />
besoins que la production nationale satisfaisait, nous en créons de nouveaux, réclamant pour leur<br />
satisfaction les produits des zones les plus arriérées. À la place de l’autarcie passée des régions et<br />
des nations se suffisant à elles-mêmes, nous développons des relations mondiales, une<br />
interdépendance universelle des économies. Et il en va des biens immatériels comme de la<br />
production matérielle. Les oeuvres intellectuelles deviennent notre propriété privée. L’étroitesse<br />
et l’exclusivisme ethniques deviennent de jour en jour plus impossibles ; et de la multiplicité des<br />
cultures populaires nous faisons une world culture.<br />
Grâce à la perfection accélérée des instruments de production, grâce aux communications<br />
électroniques, nous entraînons dans le courant de la modernité jusqu’aux nations les plus<br />
arriérées. La séduction de nos produits est le soft power qui nous permet d’abattre toutes les<br />
murailles de Chine et contraint à la capitulation les xénophobes les plus opiniâtrement hostiles à<br />
tout étranger. Sous peine de mort, nous forçons toutes les nations à adopter notre mode de<br />
production ; nous les forçons à introduire chez elles ce que nous appelons modernité. En un mot,<br />
nous façonnons un monde à notre image.<br />
Nous avons soumis la campagne à la domination de la ville. Nous avons créé des mégapoles ;<br />
nous avons prodigieusement accru les chiffres de la population des villes par rapport à la<br />
campagne, et, par là, nous avons asservi une partie importante du cheptel à l’abrutissement de la<br />
vie des villes. De même que nous avons subordonné la campagne à la ville, nous avons rendu<br />
dépendants les pays agricoles ou semi-industriels des métropoles technologiques, les peuples de<br />
paysans des peuples de citadins, le Sud du Nord.<br />
Nous supprimons de plus en plus la dispersion des moyens de production, de la propriété et du<br />
cheptel. Nous avons aggloméré le cheptel, centralisé les moyens de production et concentré la<br />
propriété dans un petit nombre de mains. La conséquence nécessaire de ces changements a été la<br />
centralisation politique. Des pays indépendants, tout juste alliés entre eux, ayant des intérêts, des<br />
lois, des gouvernements, des tarifs douaniers différents, ont été regroupés en une seule<br />
superpuissance, avec une seule gouvernance, une seule législation, une seule monnaie, un seul<br />
intérêt multinational de classe, derrière un seul cordon douanier.<br />
Classe au pouvoir depuis un siècle à peine, la technocratie a déchaîné des forces plus nombreuses<br />
et plus gigantesques que ne l’avaient fait toutes les générations passées prises ensemble. Maîtrise<br />
des forces physiques, automatisation, application des technologies à l’industrie et aux services,<br />
aviation, TGV, Internet, urbanisation de continents entiers, canalisation des fleuves et barrages<br />
hydro-électriques, surpopulations jaillies du sol – quel siècle antérieur aurait soupçonné que de<br />
telles forces titanesques gisaient au sein du travail savant ?<br />
Les Majuscules n’ont aucune raison de masquer leurs opinions et leurs intentions. Nous<br />
proclamons ouvertement que nos buts ne peuvent être atteints que par le renversement concret de<br />
tout l’ordre anthropique passé. Que les espèces inférieures tremblent devant une révolution<br />
cybernétique ! Les technocrates n’ont rien à y perdre que des boulets. Ils ont l’univers à gagner.<br />
<b>CYBORGS DE TOUTES LES METROPOLES,<br />UNISSONS-NOUS EN UN SEUL RESEAU !<br />Yannick Blanc<br />Grenoble, le 20 décembre 2015</b>Médias Citoyens Dioishttp://www.blogger.com/profile/06769203187523772866noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-995174148176424425.post-38661120050158254802014-11-16T06:49:00.004-08:002014-11-16T06:49:46.669-08:00La France a-t-elle inventé le fascisme ?<header><h1 itemprop="name">
La France a-t-elle inventé le fascisme?</h1>
<h2 itemprop="headline">
Depuis
30 ans, une virulente controverse oppose deux écoles d'historiens. Elle
a repris de plus belle cette année. Zeev Sternhell et
Serge Berstein ont accepté de s'affronter sur le sujet...</h2>
</header>
<div class="obs-big" id="obs-article-mainpic">
<div id="ultimedia_image">
<img alt="Affiche anonyme des années 1930: "Ce sont des anciens combattants sans armes qui criaient 'A bas les voleurs ! Vive la France' que le Cartel a fait tuer le 6 février 1934." (©E.R.L./SIPA)" class="obs-photo" itemprop="image" src="http://referentiel.nouvelobs.com/file/12783247-la-france-a-t-elle-invente-le-fascisme.jpg" width="645" />
<span class="obs-legend">Affiche anonyme des années 1930: "Ce sont des
anciens combattants sans armes qui criaient 'A bas les voleurs ! Vive la
France' que le Cartel a fait tuer le 6 février 1934." (©E.R.L./SIPA)</span>
</div>
</div>
<aside class="top-outils"><a class="fb-like fb_iframe_widget" data-action="recommend" data-font="arial" data-href="http://bibliobs.nouvelobs.com/essais/20141114.OBS5103/la-france-a-t-elle-invente-le-fascisme.html" data-send="false" data-show-faces="false" data-width="450" href="https://www.blogger.com/null"><span style="height: 20px; vertical-align: bottom; width: 450px;"></span></a></aside>
<aside class="inside-art"><section class="obs-article-brelated"><br /></section></aside><div itemprop="articleBody">
A l'heure où l'extrême droite redevient en France une force politique
redoutable, la question de la naissance du fascisme est toujours
d'actualité. D'un côté, emmenés par l'Israëlien Zeev Sternhell, ceux qui
font de la France le berceau du <span>fascisme</span> intellectuel dès
la fin du XIXe siècle; de l'autre, l'école de Sciences-Po, fidèle à
l'héritage de René Rémond, qui fait de la Première Guerre mondiale
l'événement fondateur d'un courant éclos dans l'Italie de Mussolini.<br />
La publication, au printemps, du livre de Zeev Sternhell <a href="http://bibliobs.nouvelobs.com/essais/20140717.OBS4069/la-droite-israelienne-est-porteuse-d-un-desastre-sans-nom.html" target="_blank">«Histoire et Lumières. Changer le monde par la raison»</a> et, aujourd'hui, de <a href="http://www.librairie-gallimard.com/9782271083104-fascisme-francais-la-controverse-serge-berstein-michel-winock/" target="_blank">«<span>Fascisme </span>français? La controverse»</a>, ouvrage collectif sous la direction de Serge Berstein et Michel Winock, relance le débat.<br />
<strong>L'Obs</strong><em><strong> Quelles sont vos définitions respectives du fascisme ?</strong></em><br />
<div>
<strong>ZEEV STERNHELL</strong> Le <span>fascisme</span>, c'est
d'abord un nationalisme dur né de la double crise du libéralisme et du
marxisme à la fin du XIXe siècle. Cette crise éclate en France parce que
la France est la société libérale la plus avancée du continent. Pour la
première fois, on assiste à une contestation de la démocratie au nom du
peuple.<br />
Deux auteurs symbolisent cette crise: c'est le nationalisme de la
«terre et des morts» de Barrès, et la révision anti-hégélienne du
marxisme faite par Sorel. La Première Guerre mondiale a fourni les
troupes et les conditions de détresse qui ont fait que l'idéologie
fasciste a pu prendre corps après la fin des hostilités. Mais le <span>fascisme</span> n'est pas né sur les champs de bataille de la Première Guerre mondiale.<br />
<strong>SERGE BERSTEIN</strong> Je reproche à Zeev Sternhell de
s'abandonner au déterminisme, c'est-à-dire de partir de l'issue pour
montrer qu'inévitablement tout ce qui s'est passé avant devait conduire
au résultat final. Entre cette crise du libéralisme et la naissance du <span>fascisme</span> s'intercale le phénomène fondamental de la Première Guerre mondiale.<br />
Elle engendre une crise profonde de civilisation qui ne se manifeste
pas qu'en politique, mais aussi dans la littérature, dans les arts, dans
tous les domaines. L'humanisme a été la grande victime de ce conflit et
la guerre a été gagnée par des gouvernements forts qui ont parfois mis
sous le boisseau les impératifs de la démocratie au nom de l'efficacité.<br />
Bref, Barrès et Sorel n'ont été que des éléments marginaux. Ils ont
eu un petit succès pendant un certain temps très limité au regard de
l'importance cruciale de la Première Guerre mondiale.<br />
<strong>Z. STERNHELL</strong> Vous vous trompez. La crise de
civilisation est le fruit de l'entrée des masses dans la politique, de
l'industrialisation, des changements fabuleux qui interviennent dans la
vie quotidienne des hommes au tournant du XXe siècle. Les modes de vie,
les mentalités, la façon dont les hommes se regardent sont bouleversés.<br />
Fruit d'une révolution intellectuelle, technologique, industrielle, cette crise de civilisation est le terreau sur lequel le <span>fascisme</span> se
développe. Le nationalisme de Barrès et l'anti-marxisme de Sorel en
sont les symptômes. Tout comme le sont le boulangisme, première grande
crise de la démocratie libérale en Europe, puis l'affaire Dreyfus.<br />
A la question « d'où vient le <span>fascisme</span>? », il y a ceux
de mes collègues qui considèrent qu'il a été fondé en Italie, à Milan,
sur la place du Saint-Sépulcre par Mussolini et hop, le débat est clos!
C'est évidemment beaucoup plus compliqué...<br />
<strong>S. BERSTEIN</strong> Le <span>fascisme</span> est né d'une
prise de conscience à partir de 1920. A l'époque, les Français rêvent de
revenir à la Belle Epoque, période magnifiée dans les esprits, et ils
aspirent en même temps à perpétuer la solidarité, la fraternité des
tranchées. Ils vont mettre six à huit ans avant de se rendre compte que
plus rien ne sera comme avant. La classe moyenne, qui était l'horizon
incontournable de la République, est ruinée par l' inflation, les colonies s'agitent, et le rôle de la France est singulièrement amoindri.<br />
A partir de 1926-1927, une question se pose avec force: que peut-on
proposer à un pays qui ne retrouvera jamais la prospérité et la joie de
vivre de la Belle Epoque? C'est là qu'apparaissent des courants
intellectuels qui entendent revenir sur les certitudes qui ont, à leurs
yeux, mené au déclenchement de la Première Guerre mondiale.<br />
C'est le mouvement que Jean-Louis Loubet del Bayle a baptisé «les
non-conformistes des années 1930». En son sein, il y a quelques rares
éléments qui se tournent vers le <span>fascisme </span>parce qu'ils observent ce qui se passe en Italie, mais la plupart ne sont pas fascistes.<br />
<strong>Z. STERNHELL</strong> Dès 1912-1913, Mussolini, personnalité
éminente du parti socialiste et directeur du journal «Avanti !»,
esquisse l'idée de la révolution à inventer. Ce n'est pas une révolution
économique et sociale, mais une révolution politique et spirituelle.<br />
Le <span>fascisme</span> va considérer qu'il n'y a pas d'alternative
au capitalisme et à la recherche du profit. Le prolétariat ayant cessé
d'être une force révolutionnaire, c'est à la nation de prendre la relève
pour briser l'héritage des Lumières.<br />
C'est le coup de génie du <span>fascisme</span> ! Mussolini le
comprend : il faut une révolution qui brise les valeurs universelles du
libéralisme, de 1789 et de la Révolution française sans toucher au
capitalisme.<br />
Dans les années 1920, cette idée s'exprime chez Henri De Man, le
révisionniste du marxisme en Belgique, maître à penser de Déat et des
néo-socialistes français, qui professe l'idée que l'exploitation et
l'aliénation sont un problème psychologique et non pas un phénomène
économique. Et ce socialisme nationaliste, je l'ai trouvé chez Barrès
dès sa campagne électorale de 1898 à Nancy au temps de l'affaire
Dreyfus.<br />
<aside class="lire"> <span class="icons mpics-forward" data-icon=">"></span></aside>
<em><strong>La France serait donc la véritable patrie du fascisme?</strong></em><br />
<strong>Z. STERNHELL</strong> C'est la société où la première étape du <span>fascisme</span> s'est
structurée, et cela bien avant la Première Guerre mondiale. Puis vint
la seconde étape, celle du syndicalisme révolutionnaire italien.<br />
Enfin, dans les années 1930 sont apparus les non-conformistes, des
hommes et des mouvements très divers qui ont en commun le refus de la
démocratie et du «matérialisme», mot code pour dire libéralisme et
marxisme. Ils se battent contre le rationalisme au nom de valeurs
spirituelles, au nom de la «personne» contre l'individu comme disent
Mounier et les gens d'«Esprit». Vers 1935, le <span>fascisme</span> italien exerce un attrait extraordinaire sur cette nébuleuse des non-conformistes.<br />
<em><strong>L'« esprit des années 1930 » est donc un esprit forcément fascisant?</strong></em><br />
<strong>S. BERSTEIN</strong> Pas du tout. Lorsque Zeev Sternhell dit
que le point commun de tous ces mouvements c'est le refus de la
démocratie, non ! Je ne suis pas d'accord. Si on lit les textes, on
trouve effectivement l'idée qu'il faut renforcer les pouvoirs de
l'exécutif et on perçoit une critique du matérialisme de la part de
groupes comme Esprit ou Ordre nouveau. Mais est-ce qu'une recherche
spiritualiste traduit forcément une hostilité à la démocratie? Bien sûr
que non!<br />
D'ailleurs, à partir de 1934 et de la montée des périls, ce mouvement
se dilue. Les menaces réelles cette fois sur la démocratie, avec le
mouvement des ligues, conduisent à un reclassement des
«non-conformistes» à l'intérieur des frontières droite-gauche. Certains
choisissent le communisme, d'autres, comme Drieu la Rochelle ou
Brasillach, le <span>fascisme</span>, et entre les deux reste un bloc
attaché à la démocratie et au système parlementaire. Dans sa très grande
majorité, la population française a continué d'adhérer à la culture
républicaine.<br />
<div style="text-align: center;">
<img alt="Le colonel de la Rocque, ici en 1936. " height="412" src="http://referentiel.nouvelobs.com/file/12782807.jpg" width="600" /></div>
<div style="text-align: right;">
<em>Le colonel François de la Rocque (1885-1946), <br />leader du groupe nationaliste des 'Croix de Feu', ici en 1936. (©MARY EVANS/SIPA)</em></div>
<em><strong>Les ligues des années 1930 n'incarnaient donc pas un danger fasciste?</strong></em><br />
<strong>S. BERSTEIN</strong> Pour les républicains de l'époque, les ligues qui essayent de s'emparer du Palais-Bourbon le 6 février 1934 annoncent le <span>fascisme</span>, oui. Le lendemain, «le Populaire» titre: <em>«Le coup de force fasciste a échoué.»</em> Mais il ne faut pas commettre d'anachronisme. Quatre-vingts ans après, on peut dire que ce n'était pas du <span>fascisme</span>.<br />
Le <span>fascisme</span> français a existé, mais seulement dans des
petites ligues marginales, comme le Faisceau de Georges Valois, le
francisme de Marcel Bucard ou Solidarité française, pas dans les
principales. Les Jeunesses patriotes sont bonapartistes et la direction
des Croix-de-Feu est très hostile au <span>fascisme</span>. Il suffit de lire les écrits du colonel de La Rocque pour s'en convaincre.<br />
Le Parti social français (PSF), qui succède aux Croix-de-Feu en 1936,
est un immense mouvement de 1,2 million d'adhérents. Il met en scène
les acquis de la Première Guerre mondiale, l'Union sacrée, la solidarité
des tranchées, et il veut rassembler les Français. On peut présenter ce
mouvement comme l'ancêtre du RPF du général de Gaulle. Alors, je sais
bien que certains ont cru bon de dire que le gaullisme, c'est le <span>fascisme</span> ! Mais cela n'a pas de sens...<br />
<strong>Z. STERNHELL</strong> Et cela, ce n'est pas une lecture à
rebours des Croix-de-Feu et du PSF? Vous me reprochez de relire les
événements après coup et vous le faites quand cela vous arrange ! Bon,
passons...<br />
A l'époque, oui, les Français percevaient les Croix-de-Feu comme un
mouvement fasciste. Aujourd'hui, les historiens sont divisés. René
Rémond qualifiait ce mouvement de <em>«scoutisme pour grandes personnes».</em> J'ai
longtemps cru à cette analyse que l'on m'avait apprise à Sciences-Po,
présentant les Croix-de-Feu comme une ligue innocente, inoffensive,
conservatrice, l'ancêtre du RPF...<br />
L'étude des textes et des comportements me conduit à une conclusion
différente. Que La Rocque n'ait jamais tenté de coup d'Etat ne signifie
rien. Mussolini et Hitler sont arrivés au pouvoir par la voie
électorale. Mais l'éloge de la force et de la violence, le culte du chef
et de la «mystique» du front, le refus de tout ce qui ressemble à la
démocratie, la guerre au communisme, au marxisme et au «matérialisme»,
l'aspiration à une révolution spirituelle et morale, tout cela définit
l'idéologie Croix-de-Feu comme une idéologie fasciste.<br />
<strong>S. BERSTEIN</strong> Selon la célèbre formule de Lyautey, La
Rocque pensait qu'il fallait montrer sa force pour ne pas avoir à s'en
servir. Dans les archives du PSF, on trouve toute une série d'ordres du
colonel de La Rocque sur la nécessité de se doter d'un service d'ordre
sérieux pour éviter tout affrontement : ce sont les fameux Dispos.<br />
<strong>Z. STERNHELL</strong> Mais quelle est la différence entre les
Dispos de La Rocque et les Squadris de Mussolini ou les SA de Hitler?
Les Dispos sont des troupes de choc organisées militairement, qui
cherchent l'affrontement!<br />
<strong>S. BERSTEIN</strong> Non, ce n'est pas la vérité historique !
Les Dispos, c'est le service d'ordre d'un parti politique, le PSF, qui
n'a pas pour dessein de prendre le pouvoir par la force. Il s'inspire du
christianisme social et prétend rassembler les Français. Le mot
d'ordre, c'est «Social d'abord», ce qui n'est pas la formule de Maurras,
«Politique d'abord». Les oeuvres sociales du PSF sont essentielles et
j'ai toujours pensé qu'une bonne partie du million d'adhérents avait le
sentiment d'appartenir à une association plutôt qu'à un parti politique.<br />
<strong>Z. STERNHELL</strong> Je ne crois pas cela, tout comme une
bonne dizaine de chercheurs français et étrangers hors la sphère des
amis de Serge Berstein ne croient pas cela. Dans les années 1930, nous
avons une idéologie, un mouvement, et tout cela a débouché sur un
régime: Vichy n'est pas tombé du ciel!<br />
<aside class="lire"> <span class="icons mpics-forward" data-icon=">"></span></aside>
<em><strong>Le régime de Vichy est-il un régime fasciste ?</strong></em><br />
<strong>S. BERSTEIN</strong> Cela dépend à quel moment. J'introduis
des nuances que refuse Zeev Sternhell, pour lequel Vichy est un régime
fasciste du début à la fin. Aux origines, Vichy, c'est l'auberge
espagnole.<br />
C'est d'emblée un régime réactionnaire et antisémite, mais on y trouve de tout: l'<a class="tag" href="http://tempsreel.nouvelobs.com/tag/extreme-droite">extrême droite</a>
traditionaliste, des monarchistes, des éléments fascisants, des
démocrates-chrétiens qui pensent que le Maréchal va créer une France
nouvelle, celle au fond des non-conformistes des années 1930, des
socialistes autour de Paul Faure, l'ancien secrétaire général de la
SFIO, des radicaux du style de Georges Bonnet, etc.<br />
Au fil du temps, le centre de gravité change : au début, l'Action
française, avec notamment Raphaël Alibert, le conseiller qui pousse
Pétain à prendre les mesures antisémites comme le statut des juifs. En
1941, on voit progressivement arriver des personnages qui ont grenouillé
autour de la Banque Worms, dont Pierre Pucheu est la figure majeure.
Puis, à partir de 1943, on voit monter en puissance les éléments
fascisants, en particulier Darnand et sa Milice. Vichy devient alors un
régime fasciste.<br />
<strong>Z. STERNHELL</strong> Je conteste cette vision un peu
simpliste. Quand j'ai un problème historique, j'essaie toujours de me
demander ce qui en constitue le noyau dur. Ce qui importe, ce ne sont
pas les gens venus d'un peu partout qui couraient dans les couloirs des
hôtels de Vichy.<br />
L'essentiel, c'est que Vichy est dès le début une dictature immonde, brutale, qui édicte des lois racistes dès octobre 1940. Le <span>fascisme</span> italien
a mis quinze ans à le faire, Pétain, arrivé au pouvoir en juillet,
seulement trois mois. Sans que les Allemands demandent quoi que ce soit,
on vide l'université, le Collège de France et les autres
administrations des juifs. C'était l'esprit du temps à Vichy. Alors que
manque-t-il à ce régime pour être fasciste?<br />
Selon votre école, le fait que Vichy n'était pas expansionniste et
l'absence de parti unique. C'est ce que Jean-Pierre Azéma écrit depuis
trente ans. Mais tous les partis fascistes, en Espagne, au Portugal, en
Roumanie, en Hongrie, étaient-ils expansionnistes? Bien sûr que non. La
guerre d'Ethiopie mussolinienne de 1935-1936 n'était que la suite de la
première guerre d'Ethiopie de 1895-1896: c'était un projet colonial
italien qui n'avait rien à voir avec le<span>fascisme</span>.<br />
Quant au parti unique, c'était un outil de travail. Mussolini et
Hitler ont eu besoin d'un parti pour accéder au pouvoir. Pétain n'en
avait pas besoin pour asseoir sa dictature. En Italie comme en
Allemagne, le parti unique n'a d'ailleurs jamais gouverné. Ce qui
importe, au fond, pour caractériser ce régime fasciste, c'est le
nationalisme dur, c'est la dictature, le culte du chef, la haine des
Lumières françaises, ce sont les lois racistes et antisémites d'octobre
1940, c'est-à-dire la variété la plus extrême du <span>fascisme</span>.<br />
Ce n'est pas seulement une contre-révolution qui plante un dernier
clou sur le cercueil de la Révolution française. C'est une course en
avant pour bâtir un monde nouveau et un homme nouveau. Il s'agit bien
d'une révolution nationale, spirituelle et morale, mais non économique
et sociale. C'est l'objectif du <span>fascisme</span> partout en Europe.<br />
<em><strong>Pour vous, Serge Berstein, la France a été comme immunisée contre ce danger fasciste?</strong></em><br />
<strong>S. BERSTEIN</strong> L'idée d'immunisation a été inventée par
Dobry qui est sociologue et qui s'est servi du titre d'un de mes
articles paru dans la revue «Vingtième Siècle» qui s'appelait <a href="http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/xxs_0294-1759_1984_num_2_1_1673" target="_blank"><em>«La France des années trente allergique au fascisme»</em></a>. Mais cela ne signifie pas que la France était immunisée.<br />
Il y a eu un <span>fascisme</span> français, celui des petites ligues dont nous avons parlé, il y a eu un <span>fascisme </span>des
intellectuels, il y a eu une fascisation de Vichy mais on ne peut
affirmer historiquement que ce régime fut fasciste de bout en bout.<br />
<div style="text-align: center;">
<img alt="Drancy (Klarsfeld/Sipa)" height="404" src="http://referentiel.nouvelobs.com/file/12783043.jpg" width="600" /></div>
<div style="text-align: right;">
<em>Le camp de Drancy, création du Maréchal Pétain , <br />contrôlé par la police française. (©KLARSFELD/SIPA)</em></div>
<aside class="lire"> <span class="icons mpics-forward" data-icon=">"></span></aside>
<em><strong>L'école historique de Sciences-Po aurait-elle du mal à
assumer le passé fasciste de la France parce qu'elle reste corsetée par
les fameuses «trois droites» de René Rémond?</strong></em><br />
<strong>S. BERSTEIN</strong> Arrêtons de parler des trois droites de
René Rémond, c'est un instrument de classement qui vaut ce qu'il vaut.
Zeev Sternhell a trouvé une quatrième droite, pourquoi pas? Il peut y en
avoir cinq ou six, cela ne change rien. Je ne suis pas le défenseur
d'un corporatisme. J'ai passé ma vie à former de jeunes historiens en
insistant sur un certain nombre de règles méthodologiques fondamentales.<br />
Vichy est un régime immonde qui me répugne du début à la fin, mais je
l'étudie avec le plus d'objectivité possible. Je ne cherche pas à
dissimuler un prétendu<span>fascisme</span> honteux qui mettrait une tache sur l'histoire de France. Mais j'agis en historien, pas en idéologue.<br />
Zeev Sternhell dit qu'il choisit pour tout problème important l'idée
fondamentale à la manière de l'idéal type de Max Weber. Mais l'Histoire,
c'est l'histoire des hommes en société. Leur comportement est complexe.
Le ramener à un idéal type, c'est schématiser à l'excès. Zeev Sternhell
rejette les nuances qui le dérangent, moi, comme historien, je cherche à
savoir ce qu'elles signifient.<br />
<strong>Z. STERNHELL</strong> Pour l'essentiel, il ne s'agit ni de
noircir ni de blanchir le passé, il s'agit de comprendre ces événements
dans une perspective de longue durée. Je suis frappé par la continuité
de certaines idées fondamentales depuis la crise de la démocratie à la
fin du XIXe siècle: la nation conçue comme un corps et le refus des
Lumières, de la démocratie et des droits de l'homme, Vichy, c'est
l'aboutissement de ce phénomène-là.<br />
Aujourd'hui, la vieille corporation de quelques historiens de
Sciences-Po se défend. C'est légitime. Qu'il y ait eu un réflexe de
refoulement chez des gens qui ont vécu cette période, cela non plus ne
fait pas de doute. Je ne participe ni de ce réflexe, ni du mouvement
inverse qui viserait à salir cette période de l'histoire de la France.
Je me situe aux confins de l'histoire, de la science politique et de la
philosophie politique .<br />
L'histoire, c'est une dialectique entre les idées et la réalité. Les
idées changent au contact de la réalité, la réalité a quelque chose à
voir avec le développement des idées. Le <span>fascisme</span>, c'est une idéologie, un mouvement et un régime. Il a déferlé partout en Europe et la France n'y a pas échappé.<br />
<div style="text-align: left;">
<b>Propos recueillis par Renaud Dély</b></div>
<h4>
<strong>Bios express</strong></h4>
<strong>ZEEV STERNHELL</strong>, 79 ans, historien israélien
spécialiste des origines et de la formation de l'idéologie fasciste, est
l'auteur, notamment, de «Maurice Barrès et le nationalisme français» <em>(Armand Colin 1972)</em>; «la Droite révolutionnaire (1885-1914). Les origines françaises du <span>fascisme</span>» <em>(Seuil, 1978)</em>; «Ni droite ni gauche. L'idéologie fasciste en France» <em>(Seuil, 1983)</em>. Il a publié au printemps chez Albin Michel «Histoire et Lumières. Changer le monde par la raison» <em>(entretiens avec Nicolas Weill)</em>.<br />
<strong>SERGE BERSTEIN</strong>, 80 ans, historien français
spécialiste de la Troisième République, est l'auteur de nombreux
ouvrages, parmi lesquels «le 6 février 1934» <em>(Julliard, 1975)</em>; «la France des années trente» <em>(Armand Colin, 1988)</em>; «le <span>Fascisme</span> italien. 1919-1945» <em>(avec Pierre Milza, Seuil, 1980)</em> ou encore «Dictionnaire historique des <span>fascisme</span>s et du nazisme» <em>(avec Pierre Milza, André Versaille, 2010)</em>. Il vient de diriger avec Michel Winock l'ouvrage collectif: «<span>Fascisme</span> français? La controverse» <em>(CNRS Editions)</em>.<br />
<strong> "l'Obs" du 6 novembre 2014.</strong><br />
</div>
</div>
Médias Citoyens Dioishttp://www.blogger.com/profile/06769203187523772866noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-995174148176424425.post-36723456108763952042014-10-01T09:55:00.003-07:002014-10-01T09:55:54.582-07:00A le recherche du peuple perdu...<header style="background-color: white; border: 0px; box-sizing: border-box; font-family: Georgia, serif; font-size: 16px; list-style: none; margin: 0px 0px 1em; padding: 0px;"><h1 itemprop="name" style="border: 0px; box-sizing: border-box; color: #1a1a1a; font-family: raleway-extrabold, sans-serif; font-size: 2.3em; font-weight: normal; letter-spacing: -1px; line-height: 1em; list-style: none; margin: 0px; padding: 0px;">
La gauche a-t-elle trahi le peuple?</h1>
<h2 itemprop="headline" style="border: 0px; box-sizing: border-box; font-family: raleway-medium, sans-serif; font-size: 1.2em; font-weight: normal; line-height: 1.3em; list-style: none; margin: 0px; padding: 0px;">
Le philosophe Jean-Claude Michéa et l'historien Jacques Julliard publient un dialogue passionnant sur les causes du divorce entre la gauche et les classes populaires. Extraits.</h2>
</header><div class="obs-big" id="obs-article-mainpic" style="background-color: white; border: 0px; box-sizing: border-box; font-family: Georgia, serif; font-size: 16px; list-style: none; margin: 0px; padding: 0px; position: relative;">
<div id="ultimedia_image" style="border: 0px; box-sizing: border-box; list-style: none; margin: 0px; padding: 0px;">
<img alt=""Ces 'beaufs', 'Deschiens' et autres 'Dupont-Lajoie' dont la dénonciation quotidienne fait aujourd'hui le délice des nouvelles classes moyennes élevées au biberon de Canal+." (Sipa)" class="obs-photo" itemprop="image" src="http://referentiel.nouvelobs.com/file/10356467-la-gauche-a-t-elle-trahi-le-peuple.jpg" style="-webkit-margin-after: 0px; -webkit-margin-before: 0px; -webkit-margin-end: 0px; -webkit-margin-start: 0px; border: 0px; box-sizing: border-box; list-style: none; margin: 0px; padding: 0px;" width="645" /><span class="obs-legend" style="background: linear-gradient(rgba(0, 0, 0, 0) 0px, rgba(0, 0, 0, 0.65098) 90%); border: 0px; bottom: 0.2em; box-sizing: border-box; color: white; font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: 0.9em; left: 0px; list-style: none; margin: 0px; padding: 2.5em 1em 1em; position: absolute; width: 645px;">"Ces 'beaufs', 'Deschiens' et autres 'Dupont-Lajoie' dont la dénonciation quotidienne fait aujourd'hui le délice des nouvelles classes moyennes élevées au biberon de Canal+." </span></div>
</div>
<div class="obs-article-body" style="background-color: white; border: 0px; box-sizing: border-box; font-family: Georgia, serif; list-style: none; margin: 0px; padding: 0px;">
<aside class="top-outils" style="border-bottom-color: rgb(204, 204, 204); border-bottom-style: solid; border-width: 0px 0px 1px; box-sizing: border-box; font-size: 16px; list-style: none; margin: 0px 0px 1.5em; padding: 0.5em 0px;"><span style="font-family: raleway-extrabold, sans-serif; font-size: 1.8em; font-weight: 700;">A la recherche du peuple perdu.</span></aside><div itemprop="articleBody" style="border: 0px; box-sizing: border-box; list-style: none; margin: 0px; padding: 0px;">
<div style="border: 0px; box-sizing: border-box; font-size: 1.2em; line-height: 1.4em; list-style: none; margin-bottom: 1em; padding: 0px;">
Il y a quelques années encore ces deux hommes n'auraient pas pu se rencontrer. Jacques Julliard serait resté pour Jean-Claude <span style="border: 0px; box-sizing: border-box; list-style: none; margin: 0px; padding: 0px;">Michéa</span> l'un des intellectuels organiques d'un socialisme renégat, le représentant d'une caste médiatique parisienne chargée de tous les maux, le genre d'incarnation dont l'oeuvre «michéenne» entière appelle en somme à se méfier en toutes circonstances.</div>
<div style="border: 0px; box-sizing: border-box; font-size: 1.2em; line-height: 1.4em; list-style: none; margin-bottom: 1em; padding: 0px;">
Ce dernier, <span style="border: 0px; box-sizing: border-box; list-style: none; margin: 0px; padding: 0px;">Michéa</span>, sur le papier tout aussi peu engageant aux yeux de l'autre, serait demeuré pour Jacques Julliard un ombrageux philosophe montpelliérain, ancien membre du PC aux sympathies prolétariennes obsédantes, chantre d'une classe ouvrière balancée par-dessus bord par le socialisme contemporain, figure à la fois très séduisante et pour lui possiblement suspecte d'un populisme intellectuel voué à une probable expansion en ces temps troublés.</div>
<div style="border: 0px; box-sizing: border-box; list-style: none; margin: 0px; padding: 0px;">
<div style="border: 0px; box-sizing: border-box; font-size: 1.2em; line-height: 1.4em; list-style: none; margin-bottom: 1em; padding: 0px;">
Mais la tonalité de l'époque a bien changé, depuis la crise financière de 2008. Le temps des périls est revenu, et les circonstances autorisent chacun à surmonter ses propres caricatures, le commandent même, et aussi à rompre avec le <em style="border: 0px; box-sizing: border-box; list-style: none; margin: 0px; padding: 0px;">«narcissisme des petites différences»</em> dont parlait Freud. Face à la tragédie actuelle de la politique française, la montée en puissance d'un Front national que rien ne semble devoir enrayer, ces deux hommes-là ont eu envie de se parler, de s'entendre. Leur échange de lettres, aujourd'hui publié sous le titre «la Gauche et le Peuple», restera comme un document important pour quiconque cherche à comprendre avec une véritable profondeur de champ la situation historique dans laquelle nous nous trouvons.</div>
<div style="border: 0px; box-sizing: border-box; font-size: 1.2em; line-height: 1.4em; list-style: none; margin-bottom: 1em; padding: 0px;">
Concernant la rupture de l'alliance entre les classes populaires et la gauche dont procède aujourd'hui le succès frontiste, il y a deux explications actuellement en circulation dans l'espace public. Selon l'une, des populations lumpénisées, de plus en plus racistes en leur tréfonds, auraient fait leurs adieux à la gauche et à ses valeurs supposées d'ouverture sinon de générosité. Tirant les conclusions de ce constat avec une radicalité qu'on n'avait pas observée au PS depuis longtemps, le think tank socialiste Terra Nova ira en 2011 jusqu'à préconiser de renoncer électoralement à ces «intouchables» lepénisés. Ainsi les fameux «petits Blancs» se virent-ils décrétés menaçants pour la pureté axiologique d'une gauche qui chercherait à leur courir après.</div>
<div style="border: 0px; box-sizing: border-box; font-size: 1.2em; line-height: 1.4em; list-style: none; margin-bottom: 1em; padding: 0px;">
Selon l'autre version du drame, c'est à l'inverse la gauche solférinienne qui aurait largué le peuple, à partir de 1983 notamment, et cela au profit d'une alliance toujours plus étroite avec une bourgeoisie toujours plus libérale et d'une soumission toujours plus scandaleuse à un capitalisme financiarisé toujours plus vorace. La politique de François Hollande, vu en serviteur docile du Medef, en serait aujourd'hui à la fois l'apothéose et le stade terminal.</div>
<div style="border: 0px; box-sizing: border-box; font-size: 1.2em; line-height: 1.4em; list-style: none; margin-bottom: 1em; padding: 0px;">
C'est évidemment à cette dernière version, partagée aussi bien par la gauche radicale que par de nouvelles figures intellectuelles comme <a href="http://bibliobs.nouvelobs.com/essais/20140924.OBS0131/pourquoi-la-france-peripherique-a-t-elle-bascule-dans-le-vote-fn.html" style="border: 0px; box-sizing: border-box; color: black; list-style: none; margin: 0px; padding: 0px;" target="_blank">le géographe Christophe Guilluy</a>, observateur de la relégation de ces classes populaires, que l'on pourrait rattacher plus ou moins celle de Jean-Claude <span style="border: 0px; box-sizing: border-box; list-style: none; margin: 0px; padding: 0px;">Michéa</span>. Tout l'intérêt et toute la puissance du livre que ce dernier publie aujourd'hui avec Jacques Julliard résident pourtant dans le fait de creuser très en amont de ce constat de surface, afin de voir s'il est fatal désormais que les pauvres votent à droite, pour paraphraser le titre du livre écrit par le sociologue américain Thomas Frank au sujet de l'Etat du Kansas.</div>
<div style="border: 0px; box-sizing: border-box; font-size: 1.2em; line-height: 1.4em; list-style: none; margin-bottom: 1em; padding: 0px;">
<span style="border: 0px; box-sizing: border-box; font-weight: 700; list-style: none; margin: 0px; padding: 0px;">Le terrible secret de l'histoire de la gauche</span> aux yeux de <span style="border: 0px; box-sizing: border-box; list-style: none; margin: 0px; padding: 0px;">Michéa</span>, c'est que l'alliance entre le peuple et le camp bourgeois du Progrès ne fut qu'une affaire de circonstances, contre-nature à bien des égards, et que ce à quoi nous assistons aujourd'hui, c'est à leur inéluctable séparation. L'acte de naissance de cette gauche moderne, c'est en 1899 que le philosophe le situe, quand, sous la menace des antidreyfusards, un gouvernement se constituera, formé à la fois de socialistes ouvriers et de fusilleurs de communards. </div>
<h5 style="background-attachment: initial; background-clip: initial; background-color: initial; background-image: url(http://tempsreel.nouvelobs.com/themes/header/obs-sprite.png); background-origin: initial; background-position: 0px -2924px; background-repeat: no-repeat; background-size: initial; border: 0px; box-sizing: border-box; display: table; font-family: raleway-medium, sans-serif; font-size: 1.5em; font-weight: normal; list-style: none; margin: 1em 0px; min-height: 2.5em; padding: 0px 0px 0px 2.5em;">
<em style="border: 0px; box-sizing: border-box; list-style: none; margin: 0px; padding: 0px;">Les ouvriers socialistes allaient apprendre très vite que, sitôt le péril réactionnaire écarté, </em>écrit Michéa,<em style="border: 0px; box-sizing: border-box; list-style: none; margin: 0px; padding: 0px;">sitôt dissipée l'euphorie initiale de la victoire commune, la bourgeoisie républicaine ne manquerait pratiquement jamais de se retourner contre eux.</em></h5>
<div style="border: 0px; box-sizing: border-box; font-size: 1.2em; line-height: 1.4em; list-style: none; margin-bottom: 1em; padding: 0px;">
C'est ce même scénario dont nous ne cesserions de vivre la répétition morne, depuis le massacre de Fourmies en 1891, où l'on tira sur des ouvriers qui réclamaient pacifiquement la semaine de huit heures, jusqu'à la trahison des promesses faites à Florange en 2012. Hier le front de gauche dreyfusard; aujourd'hui le front républicain antilepéniste. Mais dans les deux cas: une gauche bourgeoise qui ne cesserait de duper le peuple, usant du «vote utile» pour capter son suffrage et se rire de lui à peine parvenue au pouvoir.</div>
<div style="border: 0px; box-sizing: border-box; font-size: 1.2em; line-height: 1.4em; list-style: none; margin-bottom: 1em; padding: 0px;">
A cette vision pessimiste du divorce, Jacques Julliard, ancien membre du bureau national de la CFDT, et réformiste par tempérament, ne peut évidemment se résoudre. Pour lui, l'alliance du peuple et de la bourgeoisie progressiste est au contraire <em style="border: 0px; box-sizing: border-box; list-style: none; margin: 0px; padding: 0px;">«le grand fait politique et social du XIXe siècle».</em> C'est la montée en puissance du bolchevisme au XXe siècle qui brisera cette union. Et aujourd'hui, c'est la capitulation de la gauche face au capitalisme financiarisé qui rendra très difficile pour celle-ci de renouer avec le peuple.</div>
<div style="border: 0px; box-sizing: border-box; font-size: 1.2em; line-height: 1.4em; list-style: none; margin-bottom: 1em; padding: 0px;">
Mais, pour Julliard, c'est bien d'un nouveau pacte entre les couches populaires et la bourgeoisie démocrate que nous avons plus que jamais besoin aujourd'hui. Lui seul permettrait de résister à la marée montante d'un FN qui, pas davantage que les autres partis, ne souhaite que le peuple reprenne ses affaires en main, mais cherche comme les autres à l'escamoter au profit d'un chef charismatique - une «cheffe» en l'occurrence - et des intérêts de sa clique hétéroclite.</div>
<div style="border: 0px; box-sizing: border-box; font-size: 1.2em; line-height: 1.4em; list-style: none; margin-bottom: 1em; padding: 0px;">
Reprochant à <span style="border: 0px; box-sizing: border-box; list-style: none; margin: 0px; padding: 0px;">Michéa</span> de placer des espoirs déraisonnables en un peuple idéalisé, envisagé en réservoir ultime de la résistance aux puissances du capital, Julliard préfère esquisser les pistes concrètes de réformes susceptibles de rendre aux classes populaires les clés de la maison France. Ainsi l'ancien membre de la Fondation Saint-Simon plaide-t-il ici pour une<a class="tag" href="http://tempsreel.nouvelobs.com/tag/nationalisation" style="border-bottom-color: rgb(0, 0, 0); border-bottom-style: dashed; border-width: 0px 0px 1px; box-sizing: border-box; color: black; list-style: none; margin: 0px; padding: 0px; text-decoration: none;">nationalisation</a> du système de crédit, et pour une refonte démocratique du système représentatif qui passerait par la non-rééligibilité des élus, afin d'éviter la formation d'une classe de politiques coupée du corps électoral.</div>
<div style="border: 0px; box-sizing: border-box; font-size: 1.2em; line-height: 1.4em; list-style: none; margin-bottom: 1em; padding: 0px;">
Si <span style="border: 0px; box-sizing: border-box; list-style: none; margin: 0px; padding: 0px;">Michéa</span> le suit souvent, il continue de miser sur la résurrection d'un socialisme originel seul susceptible de défendre les intérêts ouvriers piétinés comme jamais par la gauche. Ces intérêts-là, ni le Front de Gauche ni le NPA ne les portent actuellement - ceux-ci étant aux yeux de<span style="border: 0px; box-sizing: border-box; list-style: none; margin: 0px; padding: 0px;">Michéa</span> des partis de petits-bourgeois rebellocrates et de fonctionnaires «émancipés». C'est au peuple lui-même qu'il appartient désormais à ses yeux de recréer entièrement les conditions d'existence d'un projet socialiste. Un projet <em style="border: 0px; box-sizing: border-box; list-style: none; margin: 0px; padding: 0px;">«plus actuel que jamais»</em>, maintenant que les ravages du capitalisme industriel et financier qui pointaient au XIXe siècle, sont au XXIe entièrement développés et désormais connus de tous.</div>
<div style="border: 0px; box-sizing: border-box; font-size: 1.2em; line-height: 1.4em; list-style: none; margin-bottom: 1em; padding: 0px;">
A l'issue de ce dialogue, les différends subsistent entre les deux hommes, parfois même insurmontables. Mais toute une année de correspondance durant, et avec une bonne foi intellectuelle rarement observée, ceux-ci auront renoncé au confort de rejouer entre eux la guerre insurmontable entre les prétendues deux gauches: la réformiste et l'extrémiste, la pragmatique et la folle. Tel n'est pas le moindre mérite de ce livre en effet que d'esquisser des réformes qui soient à la fois réalistes et tout à fait radicales pour réenchanter une gauche tragiquement repliée sur le seul objectif de gérer avec zèle le capitalisme, tandis que les ennemis les plus décidés de la démocratie sont aujourd'hui aux portes du pouvoir.</div>
<div style="border: 0px; box-sizing: border-box; font-size: 1.2em; line-height: 1.4em; list-style: none; margin-bottom: 1em; padding: 0px; text-align: right;">
Aude Lancelin</div>
<h4 style="border: 0px; box-sizing: border-box; font-family: raleway-extrabold, sans-serif; font-size: 1.8em; font-weight: normal; list-style: none; margin: 1em 0px; padding: 0px;">
<span style="border: 0px; box-sizing: border-box; font-weight: 700; list-style: none; margin: 0px; padding: 0px;">EXTRAIT 1. L</span><span style="border: 0px; box-sizing: border-box; font-weight: 700; list-style: none; margin: 0px; padding: 0px;">'imposture populiste</span></h4>
<div style="border: 0px; box-sizing: border-box; font-size: 1.2em; line-height: 1.4em; list-style: none; margin-bottom: 1em; padding: 0px;">
<span style="border: 0px; box-sizing: border-box; font-weight: 700; list-style: none; margin: 0px; padding: 0px;">Jacques Julliard</span> Pour vous, Jean-Claude <span style="border: 0px; box-sizing: border-box; list-style: none; margin: 0px; padding: 0px;">Michéa</span>, les choses sont simples. Que le mot «populiste» soit devenu une injure marque assez le degré d'exclusion et de mépris dans lequel les classes dirigeantes tiennent le peuple. Comment en effet ne pas souscrire à ce principe que vous empruntez à Machiavel et qui selon vous est le critère même du populisme? Je cite: <em style="border: 0px; box-sizing: border-box; list-style: none; margin: 0px; padding: 0px;">«On ne peut honnêtement et sans faire tort à autrui satisfaire les Grands, mais avec le Peuple, on le peut: car le désir du Peuple est plus honnête que celui des Grands, ces derniers veulent opprimer, celui-là ne pas être opprimé.»</em></div>
<div style="border: 0px; box-sizing: border-box; font-size: 1.2em; line-height: 1.4em; list-style: none; margin-bottom: 1em; padding: 0px;">
Mille fois d'accord. Ce qui est décrit ici c'est le réflexe de défense de tout corps opprimé à l'égard de son oppresseur. Le pouvoir en soi est une chose mauvaise, et quand bien même on s'y résigne comme à un mal nécessaire, il est indispensable de lui résister à tout moment. C'est la philosophie<a class="tag" href="http://tempsreel.nouvelobs.com/politique/" style="border-bottom-color: rgb(0, 0, 0); border-bottom-style: dashed; border-width: 0px 0px 1px; box-sizing: border-box; color: black; list-style: none; margin: 0px; padding: 0px; text-decoration: none;">politique</a> d'Alain, qui n'a rien d'un anarchiste, encore moins d'un révolutionnaire, mais qui exprime la pensée du «citoyen contre les pouvoirs».</div>
<div style="border: 0px; box-sizing: border-box; font-size: 1.2em; line-height: 1.4em; list-style: none; margin-bottom: 1em; padding: 0px; text-align: center;">
<img alt="Jacques Julliard (Simon Isabelle/SIPA)" height="331" src="http://referentiel.nouvelobs.com/file/4868805.jpg" style="-webkit-margin-after: 0px; -webkit-margin-before: 0px; -webkit-margin-end: 0px; -webkit-margin-start: 0px; border: 0px; box-sizing: border-box; list-style: none; margin: 0px; padding: 0px;" width="500" /><br style="box-sizing: border-box;" /><em style="border: 0px; box-sizing: border-box; list-style: none; margin: 0px; padding: 0px;">Jacques Julliard, historien, éditorialiste à «Marianne». Il a notamment publié <a href="http://bibliobs.nouvelobs.com/essais/20121205.OBS1429/jacques-julliard-la-guerre-des-gauches.html" style="border: 0px; box-sizing: border-box; color: black; list-style: none; margin: 0px; padding: 0px;" target="_blank">«les Gauches françaises»</a> (Flammarion, 2012). </em></div>
<div style="border: 0px; box-sizing: border-box; font-size: 1.2em; line-height: 1.4em; list-style: none; margin-bottom: 1em; padding: 0px;">
Le peuple n'est pas vertueux parce qu'il est peuple, mais parce qu'il est opprimé. Et si l'on ne sait pas pourquoi à un moment donné il faut résister aux Grands, eux-mêmes le savent bien. Le populisme du peuple n'est donc que la réplique à l'élitisme des élites. Ce n'est pas par un effet de classe, c'est un effet de structure. C'est le réflexe de l'Irlandais qui débarquant dans une île inconnue demande à un naturel s'il y a un gouvernement dans cette île. Sur la réponse positive de celui-ci, il décrète: «Alors, je suis contre !» Tel est ce que l'on pourrait appeler le populisme de défense. Il est le fait des couches populaires elles-mêmes.</div>
<div style="border: 0px; box-sizing: border-box; font-size: 1.2em; line-height: 1.4em; list-style: none; margin-bottom: 1em; padding: 0px;">
Il en va tout autrement du populisme des politiques et des intellectuels qui entendent parler au nom du peuple et constituer celui-ci en une sorte de Golem dont ils auraient seuls le maniement. Ils présupposent d'abord que le peuple est un et non multiple. Rien n'est moins sûr, surtout en l'absence d'un élément unificateur, comme nous venons de le voir. Il implique que ses intérêts soient concordants et jamais contradictoires; que les classes moyennes, par exemple, aient les mêmes intérêts que les classes salariées, ce qui n'est guère vraisemblable. Qu'il suffira en somme d'abolir l'odieuse domination des classes supérieures, et le prélèvement qu'elles opèrent à tous les niveaux de l'édifice social et dans toutes les fonctions de la vie collective, pour que la prospérité s'installe. Ce populisme-là est la philosophie implicite et même souvent explicite de la Révolution française, version 1793. Il s'agit d'éradiquer la domination d'une poignée d'exploiteurs, de «méchants» - c'est le vocabulaire de Robespierre -, pour faire advenir le règne du Bien.</div>
<div style="border: 0px; box-sizing: border-box; font-size: 1.2em; line-height: 1.4em; list-style: none; margin-bottom: 1em; padding: 0px;">
Et de ce populisme-là, je me méfie comme de la peste. Sous prétexte de démocratie directe - c'est une des prétentions du populisme que de donner la parole au peuple sans intermédiaire -, il pratique en réalité le plus sournois des substitutionnismes. Le peuple est en vérité menacé en permanence par deux espèces de ce genre. L'un est le substitutionnisme parlementaire dans lequel l'assemblée élue prend la place du peuple électeur et usurpe sa souveraineté.</div>
<div style="border: 0px; box-sizing: border-box; font-size: 1.2em; line-height: 1.4em; list-style: none; margin-bottom: 1em; padding: 0px;">
C'est le fait des systèmes représentatifs, dont le grand juriste Carré de Malberg a bien dénoncé le mécanisme. Le mandat reçu le jour de l'élection opère pratiquement le transfert de souveraineté du peuple électeur à l'assemblée élue. C'est la pratique la plus habituelle des démocraties libérales. Mais cela ne doit pas nous rendre aveugles aux mécanismes des autres substitutionnismes, d'essence dictatoriale, qui transfèrent la souveraineté du peuple à ses représentants autoproclamés: parti ou leader charismatique.</div>
<aside class="lire" style="background-color: #e6e6e6; border: 1px solid rgb(179, 179, 179); box-sizing: border-box; font-size: 16px; list-style: none; margin: 1em 0px; padding: 0px; position: relative;"><header style="background-color: black; border: 0px; box-sizing: border-box; color: white; display: inline-block; font-family: raleway-medium, sans-serif; font-size: 1em; height: 2.5em; list-style: none; margin: 0px; padding: 0.7em 1em; text-transform: uppercase; vertical-align: top;">LIRE</header><a href="http://bibliobs.nouvelobs.com/essais/20121205.OBS1429/jacques-julliard-la-guerre-des-gauches.html" style="border: 0px; box-sizing: border-box; color: black; display: inline-block; font-family: raleway-medium, sans-serif; font-size: 1em; list-style: none; margin: 0px 0px 0px 1em; padding: 0.7em 0px 0px; text-decoration: none; vertical-align: middle;" target="_blank" title="">La guerre des gauches ne date pas d'hier</a><span class="icons mpics-forward" data-icon=">" style="border: 0px; box-sizing: border-box; color: #b3b3b3; list-style: none; margin: 0px; padding: 0px; position: absolute; right: 0.5em; top: 0.6em;"></span></aside><h4 style="border: 0px; box-sizing: border-box; font-family: raleway-extrabold, sans-serif; font-size: 1.8em; font-weight: normal; list-style: none; margin: 1em 0px; padding: 0px;">
<span style="border: 0px; box-sizing: border-box; font-weight: 700; list-style: none; margin: 0px; padding: 0px;">Extrait 2. François Hollande tombe le masque</span></h4>
<div style="border: 0px; box-sizing: border-box; font-size: 1.2em; line-height: 1.4em; list-style: none; margin-bottom: 1em; padding: 0px;">
<span style="border: 0px; box-sizing: border-box; font-weight: 700; list-style: none; margin: 0px; padding: 0px;">Jean-Claude <span style="border: 0px; box-sizing: border-box; list-style: none; margin: 0px; padding: 0px;">Michéa</span></span> Le défaut majeur de toutes les politiques dites de «front républicain» (quelle que soit, encore une fois, leur légitimité évidente chaque fois qu'une situation historique précise - comme par exemple lors de l'affaire Dreyfus ou de l'occupation nazie - exige <em style="border: 0px; box-sizing: border-box; list-style: none; margin: 0px; padding: 0px;">réellement</em> de parer au plus pressé), c'est qu'elles tendent toujours, en effet, à favoriser la subordination progressive de la lutte contre la domination du capital aux<em style="border: 0px; box-sizing: border-box; list-style: none; margin: 0px; padding: 0px;"> exigences désormais tenues pour prioritaires</em> de la lutte contre les seules forces réactionnaires.</div>
<div style="border: 0px; box-sizing: border-box; font-size: 1.2em; line-height: 1.4em; list-style: none; margin-bottom: 1em; padding: 0px; text-align: center;">
<img alt="" src="http://referentiel.nouvelobs.com/file/2456768.jpg" style="-webkit-margin-after: 0px; -webkit-margin-before: 0px; -webkit-margin-end: 0px; -webkit-margin-start: 0px; border: 0px; box-sizing: border-box; display: block; list-style: none; margin: 0px auto; padding: 0px;" width="600" /><em style="border: 0px; box-sizing: border-box; list-style: none; margin: 0px; padding: 0px;">Jean-Claude Michéa, philosophe, est notamment l'auteur d'«Impasse Adam Smith» (Climats, 2002) et des «Mystères de la gauche» (Climats, 2013). </em></div>
<div style="border: 0px; box-sizing: border-box; font-size: 1.2em; line-height: 1.4em; list-style: none; margin-bottom: 1em; padding: 0px;">
Si l'on ajoute qu'à partir des années 1930 le brutal essor du fascisme et du national- socialisme allait faire surgir en Europe une menace <em style="border: 0px; box-sizing: border-box; list-style: none; margin: 0px; padding: 0px;">idéologiquement inédite</em> contre les libertés «républicaines» les plus précieuses (menace autrement plus radicale que celle qu'incarnait encore la vieille droite cléricale et monarchiste), on comprend alors mieux le long processus historique qui devait peu à peu conduire - dès que d'autres facteurs entreraient en jeu (crise, dans les années 1970, de l'accumulation keynésienne du capital, développement des «nouvelles classes moyennes» et d'une culture correspondante de la consommation, déclin de l'empire «soviétique», etc.) - ce qui subsistait encore du mouvement ouvrier autonome de l'époque de Marx, de Proudhon ou de Rosa Luxemburg à renier, l'un après l'autre, <em style="border: 0px; box-sizing: border-box; list-style: none; margin: 0px; padding: 0px;">tous</em> les principes du vieil héritage socialiste.</div>
<div style="border: 0px; box-sizing: border-box; font-size: 1.2em; line-height: 1.4em; list-style: none; margin-bottom: 1em; padding: 0px;">
Jusqu'au jour où un François Hollande pourrait enfin tirer officiellement la leçon ultime de ce processus historique en proclamant triomphalement (dans son «Devoirs de vérité», livre publié - ironie de l'histoire - quelques mois seulement avant la crise des <em style="border: 0px; box-sizing: border-box; list-style: none; margin: 0px; padding: 0px;">subprimes</em> et la chute correspondante de Lehman Brothers): </div>
<h5 style="background-attachment: initial; background-clip: initial; background-color: initial; background-image: url(http://tempsreel.nouvelobs.com/themes/header/obs-sprite.png); background-origin: initial; background-position: 0px -2924px; background-repeat: no-repeat; background-size: initial; border: 0px; box-sizing: border-box; display: table; font-family: raleway-medium, sans-serif; font-size: 1.5em; font-weight: normal; list-style: none; margin: 1em 0px; min-height: 2.5em; padding: 0px 0px 0px 2.5em;">
<em style="border: 0px; box-sizing: border-box; list-style: none; margin: 0px; padding: 0px;">C'est François Mitterrand - avec Pierre Bérégovoy - qui a déréglementé l'économie française et l'a largement ouverte à toutes les formes de concurrence. C'est Jacques Delors qui a été, à Paris comme à Bruxelles, l'un des bâtisseurs de l'Europe monétaire avec les évolutions qu'elle impliquait sur le plan des politiques macroéconomiques. C'est Lionel Jospin qui a engagé les regroupements industriels les plus innovants, quitte à ouvrir le capital d'entreprises publiques. Cessons donc de revêtir des oripeaux idéologiques qui ne trompent personne.</em></h5>
<aside class="lire" style="background-color: #e6e6e6; border: 1px solid rgb(179, 179, 179); box-sizing: border-box; font-size: 16px; list-style: none; margin: 1em 0px; padding: 0px; position: relative;"><header style="background-color: black; border: 0px; box-sizing: border-box; color: white; display: inline-block; font-family: raleway-medium, sans-serif; font-size: 1em; height: 2.5em; list-style: none; margin: 0px; padding: 0.7em 1em; text-transform: uppercase; vertical-align: top;">LIRE</header><a href="http://bibliobs.nouvelobs.com/essais/20140924.OBS0131/pourquoi-la-france-peripherique-a-t-elle-bascule-dans-le-vote-fn.html" style="border: 0px; box-sizing: border-box; color: black; display: inline-block; font-family: raleway-medium, sans-serif; font-size: 1em; list-style: none; margin: 0px 0px 0px 1em; padding: 0.7em 0px 0px; text-decoration: none; vertical-align: middle;" target="_blank" title="">Pourquoi la "France périphérique" a-t-elle basculé... <br style="box-sizing: border-box;" />... dans le vote FN?</a><span class="icons mpics-forward" data-icon=">" style="border: 0px; box-sizing: border-box; color: #b3b3b3; list-style: none; margin: 0px; padding: 0px; position: absolute; right: 0.5em; top: 0.6em;"></span></aside><h4 style="border: 0px; box-sizing: border-box; font-family: raleway-extrabold, sans-serif; font-size: 1.8em; font-weight: normal; list-style: none; margin: 1em 0px; padding: 0px;">
<span style="border: 0px; box-sizing: border-box; font-weight: 700; list-style: none; margin: 0px; padding: 0px;">Extrait 3. Le peuple, entre Gavroche et Deschiens</span></h4>
<div style="border: 0px; box-sizing: border-box; font-size: 1.2em; line-height: 1.4em; list-style: none; margin-bottom: 1em; padding: 0px;">
<span style="border: 0px; box-sizing: border-box; font-weight: 700; list-style: none; margin: 0px; padding: 0px;">J.-C. <span style="border: 0px; box-sizing: border-box; list-style: none; margin: 0px; padding: 0px;">Michéa</span></span> Je voudrais cependant revenir quelques instants sur un point historique, curieusement méconnu, qui me semble de nature à éclairer certaines des formes actuelles de ce <em style="border: 0px; box-sizing: border-box; list-style: none; margin: 0px; padding: 0px;">mépris du peuple</em> qui est devenu, depuis plus de trente ans, la marque de fabrique de la nouvelle intelligentsia de gauche. Jusqu'à une période récente, en effet, les membres de l'élite dirigeante, le plus souvent formés à l'école patriotique de Gambetta et de Clemenceau, s'appuyaient encore massivement sur une image du peuple et de la nation qui, pour l'essentiel, coïncidait avec celle de Jules Michelet, de Victor Hugo ou de Charles Péguy.</div>
<div style="border: 0px; box-sizing: border-box; font-size: 1.2em; line-height: 1.4em; list-style: none; margin-bottom: 1em; padding: 0px;">
Les choses n'ont donc véritablement commencé à changer que lorsque le pouvoir gaulliste - sous l'influence décisive de son aile technocratique - allait décider, au début des années 1960, de mettre en oeuvre son plan de «modernisation» intégrale de la société française. C'est dans ce contexte particulier que le processus <em style="border: 0px; box-sizing: border-box; list-style: none; margin: 0px; padding: 0px;">parallèle</em> de la décolonisation en est venu à jouer un rôle tout à fait imprévu. On oublie souvent, en effet, que la gestion de l'empire colonial français s'appuyait en permanence sur le travail «pédagogique» d'une multitude de hauts fonctionnaires chargés d'inculquer aux différentes populations indigènes la supériorité de la «civilisation occidentale» et de «l'esprit moderne».</div>
<div style="border: 0px; box-sizing: border-box; font-size: 1.2em; line-height: 1.4em; list-style: none; margin-bottom: 1em; padding: 0px;">
Or, une fois cet empire colonial dissous (pour l'essentiel), que sont devenus ces <em style="border: 0px; box-sizing: border-box; list-style: none; margin: 0px; padding: 0px;">experts en civilisation</em>? Kristin Ross est l'une des rares historiennes à avoir rappelé qu'une partie notable d'entre eux ont aussitôt été invités à mettre les «compétences» qu'ils avaient acquises auprès de ces populations indigènes au service du nouveau chantier gaullien de la «modernisation» économique, sociale et culturelle.</div>
<div style="border: 0px; box-sizing: border-box; font-size: 1.2em; line-height: 1.4em; list-style: none; margin-bottom: 1em; padding: 0px;">
C'est donc à partir de ce moment précis que le peuple français - jusque-là considéré, du moins en paroles, comme le seul dépositaire légitime de la souveraineté nationale - a commencé à être perçu par les différents décideurs et technocrates comme une simple population «sous-développée» parmi d'autres. Population sur laquelle les nouveaux «experts» de la modernisation (bientôt rejoints par ceux de la Communauté européenne) allaient pouvoir expérimenter librement - et avec toute la condescendance d'usage - les techniques de contrôle et de persuasion jusqu'ici appliquées aux seules sociétés soumises au joug colonial.</div>
<div style="border: 0px; box-sizing: border-box; font-size: 1.2em; line-height: 1.4em; list-style: none; margin-bottom: 1em; padding: 0px;">
Il était dès lors inévitable que le rapport entre les nouvelles élites dirigeantes - elles-mêmes de plus en plus convaincues que le cadre étroitement national avait fait son temps - et <em style="border: 0px; box-sizing: border-box; list-style: none; margin: 0px; padding: 0px;">la population ordinaire</em>, désormais comprise comme le dernier rempart de la mentalité «archaïque», de la «xénophobie» et du «repli sur soi», commence à changer radicalement (les campagnes de propagande médiatique pour la ratification des différents traités européens sont, de ce point de vue, tout à fait symptomatiques).</div>
<div style="border: 0px; box-sizing: border-box; font-size: 1.2em; line-height: 1.4em; list-style: none; margin-bottom: 1em; padding: 0px;">
Et le temps n'était donc plus très loin où Mandrin, Gavroche et Jacquou le Croquant devraient logiquement céder la place à ces «beaufs», «Deschiens» et autres «Dupont-Lajoie» dont la dénonciation quotidienne fait aujourd'hui le délice des nouvelles classes moyennes élevées au biberon de Canal+ (le film de Marcel Ophuls - « le Chagrin et la Pitié » ayant joué un rôle décisif dans cette nouvelle représentation élitiste des gens ordinaires).</div>
<div style="border: 0px; box-sizing: border-box; font-size: 1.2em; line-height: 1.4em; list-style: none; margin-bottom: 1em; padding: 0px;">
C'est d'abord cette nouvelle donne idéologique qui explique, selon moi, la plupart des difficultés qui sont devenues aujourd'hui les nôtres chaque fois qu'il s'agit de rendre aux classes populaires leur ancienne dignité philosophique. La diabolisation <em style="border: 0px; box-sizing: border-box; list-style: none; margin: 0px; padding: 0px;">récente</em> du terme, jadis glorieux, de «populisme» par ce que «les Inrockuptibles» ont nommé le «parti de l'intelligence» serait elle-même incompréhensible sans cette nouvelle donne idéologique.</div>
<aside class="lire" style="background-color: #e6e6e6; border: 1px solid rgb(179, 179, 179); box-sizing: border-box; font-size: 16px; list-style: none; margin: 1em 0px; padding: 0px; position: relative;"><header style="background-color: black; border: 0px; box-sizing: border-box; color: white; display: inline-block; font-family: raleway-medium, sans-serif; font-size: 1em; height: 2.5em; list-style: none; margin: 0px; padding: 0.7em 1em; text-transform: uppercase; vertical-align: top;">LIRE</header><a href="http://bibliobs.nouvelobs.com/essais/20140830.OBS7682/simon-leys-le-fleau-des-ideologues.html" style="border: 0px; box-sizing: border-box; color: black; display: inline-block; font-family: raleway-medium, sans-serif; font-size: 1em; list-style: none; margin: 0px 0px 0px 1em; padding: 0.7em 0px 0px; text-decoration: none; vertical-align: middle;" target="_blank" title="">Simon Leys, le fléau des idéologues <br style="box-sizing: border-box;" />(par Jean-Claude Michéa)</a><span class="icons mpics-forward" data-icon=">" style="border: 0px; box-sizing: border-box; color: #b3b3b3; list-style: none; margin: 0px; padding: 0px; position: absolute; right: 0.5em; top: 0.6em;"></span></aside><h4 style="border: 0px; box-sizing: border-box; font-family: raleway-extrabold, sans-serif; font-size: 1.8em; font-weight: normal; list-style: none; margin: 1em 0px; padding: 0px;">
<span style="border: 0px; box-sizing: border-box; font-weight: 700; list-style: none; margin: 0px; padding: 0px;">Extrait 4. Les bobos et les gogos</span></h4>
<div style="border: 0px; box-sizing: border-box; font-size: 1.2em; line-height: 1.4em; list-style: none; margin-bottom: 1em; padding: 0px;">
<span style="border: 0px; box-sizing: border-box; font-weight: 700; list-style: none; margin: 0px; padding: 0px;">J. Julliard</span> Pour beaucoup de nos modernes docteurs, la question est de savoir à quelles conditions la gauche retrouvera la confiance du peuple. Et la réponse est immuable: à condition qu'elle cesse de trahir ses promesses et ses électeurs, que <em style="border: 0px; box-sizing: border-box; list-style: none; margin: 0px; padding: 0px;">la gauche </em>soit vraiment <em style="border: 0px; box-sizing: border-box; list-style: none; margin: 0px; padding: 0px;">de gauche</em>, que ce soit une gauche de gauche, etc. On connaît la chanson, on ne s'en lasse pas; on suce le mot comme un bonbon acidulé, on le répète avec emphase, avec satisfaction, avec délices.</div>
<div style="border: 0px; box-sizing: border-box; font-size: 1.2em; line-height: 1.4em; list-style: none; margin-bottom: 1em; padding: 0px;">
Au passage, il faudrait bien se demander à quoi correspond cette tendance naturelle à trahir qui serait celle de la social-démocratie depuis ses origines, et qui n'a pas échappé à la vigilance sans défaut de nos docteurs trotskistes. Est-ce une tendance innée, un ADN particulier, une tare originelle? Il en faut moins aujourd'hui pour se faire condamner par les tribunaux antiracistes qui pullulent sur les décombres de nos idéologies défuntes.</div>
<div style="border: 0px; box-sizing: border-box; font-size: 1.2em; line-height: 1.4em; list-style: none; margin-bottom: 1em; padding: 0px;">
Mais à supposer que cela soit vrai, qu'il y ait en somme une nature sociale-démocrate comme il y aurait une nature humaine - je suis sûr que vous n'aimerez pas cette idée -, il resterait à se demander pourquoi le peuple, le peuple tout court qui, lui, est vraiment de gauche, qui est la gauche faite réalité - je n'insiste pas -, pourquoi ce peuple donc choisit invariablement de préférence les prétendus faux derches de la social-démocratie plutôt que ses prétendus vrais serviteurs, les ex-maoïstes, les toujours trotskistes, les alter ceci et les alter cela, les écolos révolutionnaires, tous les officiers, officiers supérieurs surtout, généraux et maréchaux de cette armée sans troupes que l'on appelle le peuple de gauche?</div>
<div style="border: 0px; box-sizing: border-box; font-size: 1.2em; line-height: 1.4em; list-style: none; margin-bottom: 1em; padding: 0px;">
A cette redoutable question, à cette question qui est à la philosophie de gauche ce que la preuve ontologique est à la philosophie médiévale, il y a en réalité deux réponses: celle des bobos, qui pensent que le peuple est en train de trahir la gauche, et celle des gogos, qui pensent que la gauche est en train de trahir le peuple. Les premiers croient que le peuple est raciste parce qu'il est naturellement réactionnaire; les seconds que ce peuple est continuellement trompé parce qu'il est naturellement trompable. Les premiers pensent qu'il faut se passer du peuple; les seconds qu'il faut en changer. </div>
<div style="border: 0px; box-sizing: border-box; font-size: 1.2em; line-height: 1.4em; list-style: none; margin-bottom: 1em; padding: 0px;">
<b>Aude Lancelin</b></div>
<div style="border: 0px; box-sizing: border-box; font-size: 1.2em; line-height: 1.4em; list-style: none; margin-bottom: 1em; padding: 0px; text-align: left;">
<br /></div>
<div style="border: 0px; box-sizing: border-box; font-size: 1.2em; line-height: 1.4em; list-style: none; margin-bottom: 1em; padding: 0px; text-align: right;">
</div>
<div style="text-align: left;">
<span style="border: 0px; box-sizing: border-box; font-size: 1.2em; font-weight: 700; line-height: 1.4em; list-style: none; margin: 0px; padding: 0px;">La gauche et le peuple</span><span style="font-size: 1.2em; line-height: 1.4em;">, par Jacques Julliard et Jean-Claude Michéa,</span><span style="font-size: 1.2em; line-height: 1.4em;"> </span></div>
<div style="text-align: left;">
<span style="font-size: 1.2em; line-height: 1.4em;">Flammarion, 320 p., 19,90 euros. A paraître le 1er octobre.</span></div>
<br />
<h4 style="border: 0px; box-sizing: border-box; line-height: 1.4em; list-style: none; margin-bottom: 1em; padding: 0px;">
<span style="border: 0px; box-sizing: border-box; list-style: none; margin: 0px; padding: 0px;"><span style="color: blue; font-size: x-small;">Article paru dans "le Nouvel Observateur" du 25 septembre 2014.</span><span style="font-size: 1.2em; font-weight: 700;"> </span></span></h4>
</div>
</div>
</div>
Médias Citoyens Dioishttp://www.blogger.com/profile/06769203187523772866noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-995174148176424425.post-36056050676588719102014-05-11T01:59:00.002-07:002014-05-11T01:59:38.642-07:00Il y a 60 ans : la chute de Diên Biên Phu...<header><h1 itemprop="name">
Diên Biên Phu, 60 ans après : les fantômes du Vietnam, ma famille et moi</h1>
<h2 itemprop="headline">
Le
7 mai 1954, la chute du camp français mettait fin à la guerre
d'Indochine. Doan Bui est retournée sur ces lieux qui continuent de
hanter la société vietnamienne. A commencer par sa propre famille.</h2>
</header>
<div class="obs-big" id="obs-article-mainpic">
<figure id="ultimedia_image">
<img alt="Photo de soldats français évacués de Diên Biên Phu, et la même route aujourd'hui. (ALFRED/SIPA)" class="obs-photo" itemprop="image" src="http://referentiel.nouvelobs.com/file/7298993-dien-bien-phu-les-fantomes-du-vietnam-ma-famille-et-moi.jpg" width="645" />
<span class="obs-legend">Photo de soldats français évacués de Diên Biên Phu, et la même route aujourd'hui. </span>
</figure>
</div>
<aside class="top-outils"><a class="fb-like fb_iframe_widget" data-action="recommend" data-font="arial" data-href="http://tempsreel.nouvelobs.com/monde/20140509.OBS6697/dien-bien-phu-60-ans-apres-les-fantomes-ma-famille-et-moi.html" data-send="false" data-show-faces="false" data-width="450" href="https://www.blogger.com/null"><span style="height: 20px; vertical-align: bottom; width: 450px;"></span></a></aside>
<div itemprop="articleBody">
<span><span>Clic, clac, les appareils photo crépitent. </span><span>Devant le monument à la victoire de <span>Diên Biên</span> <span>Phu</span>,
une de ces sculptures monumentales dans un style tout soviétique qui
parsèment la campagne environnante, des groupes de touristes vietnamiens
prennent la pose. Pas l'ombre d'un Tây ("Occidental"). Le touriste
étranger s'aventure rarement jusqu'à cette petite bourgade perchée dans
les montagnes du nord-ouest du Vietnam, à une heure d'avion de Hanoi,
mais dix heures de route qui tournicote.</span></span><br />
<span>Il y a quinze ans, c'était pire. Il fallait deux jours
en Jeep, sans compter les crevaisons de pneus, pour y parvenir. J'avais
fait le périple, mon sac Decathlon greffé sur le dos me faisait
ressembler à Quasimodo."Em oi [petite soeur] ! Tu es comme les Tây
balo [Occidental-ballot]", s'esclaffaient les Vietnamiens, puisque c'est
ainsi qu'ils appellent avec drôlerie les routards. Je ne rentrais pas
dans la case. Le <em>balo</em>, d'accord, mais <em>Tây</em>, non, pas vraiment, vu ma tête de <em>Viet kieu</em><em> </em>(Vietnamien de l'étranger), née en France.</span><br />
<h4>
Pèlerinage improbable</h4>
<span>Qu'est-ce que je venais <span>bien</span> faire là, à <span>Diên Biên</span> <span>Phu</span> ?
Il n'y avait à l'époque pas grand-chose à voir. Pas grand monde non
plus. C'était avant que les Vietnamiens ne commencent à apprendre, eux
aussi, à goûter aux joies du tourisme. Sur le site, nous étions
quatre Tây balo, dont un Alsacien nostalgique de la guerre d'Indochine,
qui avait traîné son épouse à l'autre bout de la terre, pour ce
pèlerinage improbable à "<span>Diên</span> <span>Biên</span>".</span><br />
<span>Nous avions contemplé, perplexes, une colline pelée
avec le panneau A1. "C'est Eliane 2, avait soupiré
tristement l'Alsacien. A1, c'est le nom qu'utilisent les Vietnamiens
!" A ne pas confondre avec Eliane 4, le mont chauve juste à côté où
brinquebalait un panneau C1. Béatrice, Eliane, Isabelle, Huguette...
Perverse idée que d'avoir affublé de noms féminins ces collines où
s'égrène le décompte des morts. Je ne connaissais rien à cette guerre
d'Indochine, qui me laissait une impression de malaise, gluante. Je ne
savais si j'étais du côté des vainqueurs ou des vaincus. Exaspérée,
j'écoutais donc à peine notre camarade alsacien, incollable, raconter la
cuvette, l'encerclement, la bataille sur Béatrice, les tunnels qui
explosent, la reddition du général de Castries... Le dernier combat des
soldats français contre les "Viets". Les niakoués, quoi.</span><br />
<h4>
Comme un voyage du CE</h4>
<span>Aujourd'hui, de ce <span>Diên</span> <span>Biên</span> <span>Phu</span>-là,
où le soir les chiens errants se baladant en liberté hurlent sur les
promeneurs, je ne reconnais presque plus rien. La ville s'est étendue et
a grignoté les rizières. Les sites touristiques ont été aménagés.
Alignés sur les trottoirs, les vendeurs tiennent des étals avec des
assiettes et des tee-shirts à l'effigie du général Giáp, le grand
stratège de la bataille. Les femmes des ethnies thaïes, en costume
traditionnel, accroupies, proposent des noix de cajou ou des
colifichets. </span><br />
<span>Les groupes de touristes vietnamiens débarquent en
car. Ici, on vient souvent avec son entreprise, comme dans un voyage du
CE. L'excursion est pédagogique. Un essaim gracieux de jeunes filles en <em>áo dài </em>rose
(la robe traditionnelle), toutes collègues de bureau, succède à un
groupe de fonctionnaires. Mais ce sont les vétérans, en uniforme, qu'on
ne peut rater. Ils ont épinglé, soigneusement, leurs médailles, leurs
étoiles, le nom de leur régiment. Ils sont si nombreux. La France, les
Etats-Unis, puis le Cambodge : tant de générations avalées par les
guerres.</span><br />
<span>Clic, clac. Dans le musée, chaque groupe écoute le
guide. Et applaudit, toujours au même moment, dans un unisson parfait,
quand sont citées les paroles de l'oncle Hô. Dehors, il fait chaud.
Après avoir siroté un jus de canne à sucre, sur le trottoir, assis sur
ces petits tabourets en plastique au ras du sol qu'on voit partout dans
les gargotes, on s'évente, on continue le tour, on se photographie
devant les monuments de la victoire. On brûle de l'encens devant la
tombe des "héros martyrs" tombés lors de la bataille. Dans les bols,
tous ces bâtons d'encens consumés s'entrelacent en des serpentins
gracieux et étranges.</span><br />
<span><img alt="" src="http://referentiel.nouvelobs.com/file/7298985.jpg" width="645" /></span><br />
<div style="text-align: center;">
<em>Des vétérans de Diên Biên Phu allument de l'encens en mémoire des morts de la bataille de 1954 </em></div>
<h4>
Disneyland version guerrière</h4>
<span>On remonte dans le car. Direction le QG du général
Giáp. Le lieu a été aménagé avec sentiers pédestres, tunnels et huttes
de paille reconstituées. Disneyland version guerrière. Là aussi, il est
conseillé de terminer la visite en brûlant de l'encens devant l'autel
des ancêtres où trône, entourée de fleurs, de faux billets en papier, de
gâteaux et de cigarettes Vinataba, la photo du général Giáp, dont la
mort, en octobre 2013, a donné lieu à des funérailles nationales.
Honneur aux vainqueurs. </span><br />
<span>Si le QG de Giáp ou le cimetière des martyrs attirent
les foules, il n'y a pas grand monde pour faire un stop devant le
monument aux morts français. Enfin, français... La stèle a été érigée
par un sergent allemand, ancien de la Légion, où les germanophones
constituaient le gros des troupes.</span><br />
<span><img alt="" src="http://referentiel.nouvelobs.com/file/7297286.jpg" width="645" /></span><br />
<em>Un vétéran pose au musée de Diên Biên Phu (Hoang Dinh Nam)</em><br />
<span>Dieter Schulz, l'un des seuls <em>Tây</em> qu'on
croisera, est venu poser une plaque en l'honneur de son frère tombé à
DBP. Allemand mort pour la France, quel étrange destin. "Il s'était
engagé dans la Légion pour gagner de l'argent, il était cuisinier. Il
avait 20 ans." Les épaules massives de l'homme tremblent. Dieter pleure.
Dans cette cuvette, encerclée par les collines, il se débat dans la
prison de ce deuil jamais fait. Il me donne une photocopie de l'avis de
décès, en français, sec et froid, envoyé par le ministère de la Défense,
six mois après la défaite. Dieter est allé humer la poussière sur
Béatrice. Il sait que quelque part, sous cette terre, repose son frère.
Il ne sait pas où.<strong><br /> </strong></span><br />
<h4>
<span>"Un coin d'enfer"</span></h4>
<span>"C'était un coin d'enfer."</span><span> La phrase
m'est lancée, en français. Devant le monument de la victoire, j'aborde
M. Nguyen Xuan Mai, il brille tellement il a de médailles sur son
uniforme militaire. Nguyen Xuan Mai ne reconnaît pas "ses" collines, et
se demande parfois, lui aussi, si les âmes de ces morts englouties par
les herbes folles ont trouvé la paix. Au Vietnam, où le culte des morts
imprègne la vie des vivants - on fête les anniversaires de décès, les <em>gio</em>, plutôt
que ceux des naissances -, il est dit que ceux qui n'ont pu être
enterrés dans leur terre natale sont condamnés à devenir des fantômes
errants.</span><br />
<img alt="" src="http://referentiel.nouvelobs.com/file/7298995.jpg" width="645" /><br />
<span>Je baragouine à M. Mai quelques phrases en vietnamien -
que je parle à peu près comme un enfant de 5 ans -, mon ami Pierre me
fraie un chemin dans la jungle des mots. Il est <em>viet kieu</em>, comme
moi, né en France aussi, sauf qu'il est parti faire son alya au Vietnam
il y a dix ans et qu'il n'en est jamais reparti. Il se fait désormais
appeler par son prénom viet, Dung. Nous, <em>Viet kieu</em>, nous jonglons avec nos prénoms comme avec nos identités en puzzle. </span><br />
<h4>
Le fracas des combats</h4>
Ici, au Vietnam, je ne suis pas "Doan Bui", mais "Bui Doan
Thuy". Devant M. Nguyen Xuan Mai, j'aimerais d'ailleurs me cacher
derrière un prénom <span>bien </span><em>tây</em>, <span>bien</span> français, <span>bien</span> opaque. Vietnamienne, au Vietnam, je le suis si peu, alors je pourrais aussi <span>bien</span> m'appeler
Huguette ou Béatrice comme l'une des collines de DBP. Je ne peux que me
raccrocher à son français à lui, M. Mai. Surgi d'un passé si lointain,
de l'école Puginier, à Hanoi, où il a chanté "Frère Jacques", comme tous
les petits Vietnamiens de l'époque. M. Mai raconte le mois de marche,
dans la jungle, la nuit, pour ne pas se faire repérer, le fracas des
combats. Il s'excuse : "Mon français est rouillé."<br />
<span>La même chose que m'a dite le grand-oncle de Pierre, vétéran de DBP, silhouette alerte qui ne trahit pas ses 97 ans. </span><br />
<h5>
<span>Les Français nous ont exploités,</span><span> nous
expliquait-il avec douceur. Mais la culture française, c'était
magnifique. Mes professeurs à l'école étaient remarquables. Après
l'indépendance, l'un d'eux a été emprisonné quelque temps, je lui
rendais visite tous les jours."</span></h5>
<span>Aucune rancoeur malgré tous ces morts, 500.000 selon
certaines estimations, dont 150.000 civils. Malgré les blessés, les
bombardements, les destructions... <span>Bien</span> avant les Américains, ce sont les Français qui ont "testé " le napalm en Indochine. </span><br />
<h5>
<span>Volutes rouges, tourbillons noirs. C'est comme si de
monstrueuses orchidées de mort avaient fleuri partout. Les crêtes ne
sont plus que des tas d'incandescence. Et les bouffées de vent
rapportent l'odeur du cramé", raconte Lucien Bodard, avec une horreur
parfois fascinée, assistant à sa première explosion de napalm. </span></h5>
<span>Le journaliste rapporte les instructions du général de Lattre, fier de son arme secrète qu'il vantera devant toute la presse : </span><br />
<h5>
<span>Que toute la chasse y soit, que cela mitraille, que cela
bombarde. Du napalm, du napalm en masse ; je veux que, tout autour, ça
grille les Viets."</span><span> </span></h5>
<span>A <span>Diên</span> <span>Biên</span> <span>Phu</span>,
le napalm n'a pas suffi. Le climat était trop humide, le feu grégeois
n'a pas provoqué les incendies espérés. Dans d'autres régions contrôlées
par le maquis, en revanche, si. L'un de mes oncles s'en souvient
encore. Il était tout gamin : </span><br />
<h5>
<span>Un jour, les Français ont bombardé un marché. Pouf ! Il n'y avait plus rien, en une seconde tout avait flambé, comme ça."</span><span> </span></h5>
<span>Mon oncle adore toujours la France, le français, qu'il
parle à merveille et tente de pratiquer, dès qu'il le peut. Sa maison,
il l'a construite dans "le style colonial", dans un nouveau quartier de
Hanoi : "C'est si beau !"<strong><br /> </strong></span><br />
<h4>
<span>Mes parents, ces "indigènes"</span></h4>
<span>Ma famille aussi a choisi la France. C'est là que mes
parents furent envoyés faire leurs études - la culture française ! -, là
qu'ils se rencontrèrent, puis s'établirent finalement, eux qui avaient
toujours pensé rentrer au pays natal. Entre-temps était survenue la
chute de Saigon - enfin, pardon, la "libération", comme on dit dans le
Nord -, que ma famille ne peut jamais évoquer sans de grands soupirs
navrés. </span><br />
<span>Après 1975, la vie de mes parents a basculé. Eux qui
furent des indigènes, eux dont les parents n'étaient même pas des
"citoyens" mais de simples "sujets" de l'empire ont été, non pas
naturalisés, mais "réintégrés" dans la nationalité française.
Réintégrés. Le mot m'a toujours semblé vaguement humiliant, teinté de
cette <span>bien</span>veillance condescendante qu'on trouve dans les
écrits de l'époque - "l'Annamite est discipliné et travailleur pour peu
qu'on le cadre avec sévérité".</span><br />
<img alt="" src="http://referentiel.nouvelobs.com/file/7298997.jpg" width="645" /><br />
<div style="text-align: center;">
<em>Au premier plan, en noir et blanc,
l'atterrissage de parachutistes français sur la colline "Isabelle", et
derrière, la rizière aujourd'hui. </em></div>
<span>Citoyens français, mes parents continuent à parler de
"nous" versus "les Français", même si leurs enfants ne parlent pas le
vietnamien. Il fallait "s'assimiler", même si c'était disparaître un
peu. Faire "comme les Français". Déjà, dans la famille de ma mère, du
Sud, comme dans beaucoup de ces familles bourgeoises, on s'appelait
Pierre, Paul, Yvette, Pauline, Jeanne : seul mon oncle le plus jeune, né
quand se profilait la débâcle française, était appelé par son prénom
vietnamien. </span><br />
<span>Tous ont appris à l'école à ânonner "nos ancêtres les
Gaulois", à chanter "la Marseillaise", les lycées s'appelaient
Marie-Curie pour les filles ou Jean-Jacques-Rousseau pour les garçons.
Dans la famille de mon père, du Nord, c'était différent. </span><br />
<h4>
Secret de famille</h4>
<span>Mon grand-père, qui comme tous les "indigènes"
instruits - il avait obtenu sa licence - était fonctionnaire dans
l'administration coloniale, avait été envoyé à Fort-Bayard, une petite
ville en Chine sous domination française devenue la plaque tournante du
trafic d'opium. Il est revenu, en 1945, pour rejoindre le Viêt-minh. Je
ne l'ai appris qu'il y a peu. C'était un secret de famille. Dans la
diaspora française et surtout américaine, le communisme reste
l'incarnation du Grand Mal absolu.</span><br />
<span> Mon grand-père paternel a quitté le maquis en 1952
pour rejoindre Hanoi. La police française croyait qu'il était un espion
du Viêt-minh. Il n'est pas resté dans le Nord <span>bien</span> longtemps. Le 21 juillet 1954, deux mois et demi après la victoire de <span>Diên</span> <span>Biên</span> <span>Phu</span>, les accords de Genève ont consacré la partition du pays. Le pire restait à venir. </span><br />
<h4>
L'exode</h4>
<span>Les Etats-Unis, qui avaient financé la France dans sa
guerre, étaient prêts à prendre le relais, et la guerre d'Indochine
deviendrait la guerre du Vietnam. Mais <span>bien </span>avant l'exil
des boat people, le premier exode fut celui des "Nordistes 54", comme on
les appelle ici. Pendant les trois cents jours après Genève pendant
lesquels furent encore autorisés les déplacements entre Nord et Sud, un
million de Nordistes, dont beaucoup de catholiques, craignant des
persécutions, ont fui. Personne n'avait imaginé un tel mouvement de
population. </span><br />
<span>Mon grand-père a lui aussi embarqué toute sa famille pour Saigon. "Les Nordistes 54, on les appelait les <em>"di cu"</em>,
les migrants. Pour les gens du Nord, c'était un terme péjoratif, me
raconte Huyên Mermet, journaliste, coauteur d'un livre remarquable sur <span>Diên</span> <span>Biên</span> <span>Phu</span> (1). Pourtant dans chaque famille, on avait des cousins, des oncles, partis dans le Sud..." </span><br />
<span>Lam Lê, réalisateur viet kieu (2), avait 5 ans quand sa famille a fui le Nord : </span><br />
<h5>
<span>On est partis dans les derniers, ma grand-mère refusait de
quitter ses rizières. Mon oncle, résistant dans le maquis, nous avait
prévenus qu'il fallait partir, car nous serions catalogués propriétaires
terriens. Sur le trajet, on nous jetait des pierres en nous traitant de
"viet gian", traîtres."</span><span> </span></h5>
<span>Ensuite ? Pendant vingt ans, ce fut le rideau de fer,
entre les deux Vietnams. "Le courrier ne passait pas de Hanoi à Saigon.
Pour avoir des nouvelles de la famille, on expédiait nos lettres à des
amis en France, qui les envoyaient dans le Sud", se souvient un de mes
oncles.</span><br />
<h4>
<span>Les trous de la mémoire</span></h4>
<span>La déchirure est encore présente dans le Vietnam d'aujourd'hui. <span>Bien</span> sûr,
à contempler Saigon, rutilante, cette Babylone du roi dollar, avec ses
vitrines Chanel ou Dior, ses cafés chics où se pressent des jeunes,
tapotant sur Facebook les yeux rivés à leur smartphone et, depuis peu,
son tout premier McDonald's, dont la franchise a été accordée au
beau-fils du chef du gouvernement, un <em>Viet kieu</em><em> </em>américain
revenu au pays il y a dix ans, la guerre semble reléguée dans un passé
brumeux. Mais, derrière les portes des maisons, les silences, les
sourires, il y a toujours cette blessure.</span><br />
<span><img alt="" src="http://referentiel.nouvelobs.com/file/7299003.jpg" width="645" /></span><br />
<div style="text-align: center;">
<em>Cérémonies du 60e anniversaire, à Diên Biên Phu, le 7 mai 2014 <br />(Hoang Dinh Nam)</em></div>
Cette frontière invisible entre ceux du Nord et ceux du Sud.
Les vainqueurs et les vaincus, ceux qui sont partis, ceux qui sont
restés. A Saigon, les Nordistes 54, leurs enfants, leurs petits-enfants
même se repèrent comme le nez au milieu de la figure. Par l'accent
d'abord. Puis par la carte d'identité sur laquelle est marquée la région
d'origine, bref, celle des ancêtres du côté paternel : "Pour moi, né en
banlieue parisienne, c'est marqué Hanoi", précise Pierre, qui a
désormais la double nationalité.<br />
<span>Nordiste 54, ça ne s'efface pas. Dans les modèles de
CV préimprimés, qu'on envoie aux entreprises d'Etat, une ligne demande
de préciser ce que faisaient les parents après 1954... "Mon frère était
parti dans le Sud. Toute la famille a alors été sur la liste noire. A
l'école, j'étais reléguée au fond de la classe, et l'instituteur
m'ignorait. Pas possible non plus d'entrer à l'université. Ou au Parti",
raconte cette Hanoïenne, restée dans la capitale, dont la famille a
tout perdu.</span><br />
<span>C'était cela aussi, le Viêt-minh : derrière la glorieuse <a class="tag" href="http://tempsreel.nouvelobs.com/tag/guerre">guerre</a>
d'indépendance se profilait, au début des années 1950, la terrible
réforme agraire qui, dans certaines régions du maquis, fut mise en
oeuvre dès 1953. C'était tout bonnement la Révolution culturelle
chinoise transposée au <a class="tag" href="http://tempsreel.nouvelobs.com/tag/vietnam">Vietnam</a>
: dénonciations, expropriations, humiliations. A tel point qu'en 1956
Hô Chi Minh lui-même fera des excuses et lancera une campagne
de "rectifications idéologiques".</span><br />
<h4>
Les traîtres et les héros</h4>
<span>De tout cela, on ne parle pas dans les livres
d'histoire vietnamiens. Tout y est encore noir ou blanc. D'un côté, les
colonisateurs français pirates et voleurs, les envahisseurs américains,
les fantoches et les traîtres. De l'autre, les héros. </span><br />
<h5>
<span>Nous avons été bassinés par les films de propagande à la
télévision. Ce n'est que récemment, via internet, qu'on a une autre
version de notre histoire,</span><span> confie cette trentenaire. Nos
parents, nos grands-parents n'en parlaient pas : dans nos familles, il
reste encore tant de non-dits." </span></h5>
<span>Au Musée de la Révolution, à Hanoi, une série de
photos, aux légendes succinctes, raconte à sa façon l'épopée de
l'indépendance. Après 1954, il n'y a pas un mot sur l'exil des Nordistes
vers le sud. La réforme agraire ? Des clichés de paysans allègres
brûlant les titres de propriété."L'histoire a coulé sur nous comme une
inondation", m'a-t-on dit. C'est si vrai. Mais la mémoire officielle a
tant de trous qu'on a l'impression d'écoper l'eau avec une cuillère
percée. </span><br />
<span>Au musée, les touristes immortalisent, perplexes, des
amoncellements d'objets à la Marcel Duchamp. Les vélos Peugeot sur
lesquels fut acheminé le ravitaillement pour <span>Diên</span> <span>Biên</span> <span>Phu</span>,
la sandale d'un "héros", faite d'un bout de pneu, ou cette boîte
d'opium, "preuve que les colonisateurs français voulaient empoisonner le
peuple vietnamien". Clic, clac.</span><br /><a class="avatar" href="http://tempsreel.nouvelobs.com/journaliste/495/doan-bui.html" title="Doan Bui"><img alt="Doan Bui" height="38" src="http://referentiel.nouvelobs.com/wsfile/7141323442659.jpg" width="38" /></a><span><strong> <br /> </strong><em>(1)"Diên Biên Phu vu d'en face. Paroles de bô dôi", Nouveau Monde Editions, 2010. M. Mai y a participé.</em></span><br />
<em>(2) A voir, son très beau film "Poussière d'empire", et
plus récemment, "Công Binh", documentaire sur les Indochinois envoyés de
force combattre en France lors de la Seconde Guerre mondiale.</em><br />
<strong>Doan Bui - Le Nouvel Observateur</strong><br />
</div>
Médias Citoyens Dioishttp://www.blogger.com/profile/06769203187523772866noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-995174148176424425.post-3701289252158051692014-04-30T09:40:00.002-07:002014-04-30T09:40:46.005-07:00Débat entre Castoriadis et Cohn-Bendit...<div class="crayon article-titre-31 titre">
<h1>
De l’écologie à l’autonomie : Débat entre Cornelius Castoriadis et Dany Cohn-Bendit</h1>
</div>
<div class="description">
<div class="crayon article-soustitre-31 soustitre">
<b>Louvain-la-neuve le 27 février 1980 </b></div>
<b>
</b><div class="cartouche">
<b>
dimanche 15 juillet 2007 </b><br />
</div>
<br class="nettoyeur" />
<div class="logo gauche">
<img alt="" class="spip_logos" height="114" src="https://collectiflieuxcommuns.fr/spip/local/cache-vignettes/L150xH114/rubon76-56573.jpg" width="150" /></div>
<div class="crayon article-chapo-31 chapo">
<b>Ce débat a donné lieu au livre : « De l’écologie à l’autonomie », Seuil, 1980.</b><br />
<b>
</b><b>Le débat se découpe en trois parties, qui font l’objet de trois séquences audio :</b><br />
1. Intervention de Cornelius Castoriadis (Voir ci-dessous sa retranscription)<br />
2. Intervention de Daniel Cohn-Bendit<br />
3. Débat et séance de questions-réponses</div>
<div class="crayon article-texte-31 texte">
<dl class="spip_document_60 spip_documents spip_documents_player spip_documents_left spip_doc_player" style="float: left;">
<dt class="spip_doc_titre crayon document-titre-60 " style="width: 200px;"><strong>1.Intervention de Cornelius Castoriadis</strong></dt>
<dd class="spip_doc_descriptif player neoplayer" style="height: 20px; width: 200px;">
</dd></dl>
<dl class="spip_document_57 spip_documents spip_documents_player spip_documents_center spip_doc_player">
<dt class="spip_doc_titre crayon document-titre-57 " style="width: 200px;"><strong>2.Intervention de Daniel Cohn-Bendit</strong></dt>
<dd class="spip_doc_descriptif player neoplayer" style="height: 20px; width: 200px;">
</dd></dl>
<dl class="spip_document_58 spip_documents spip_documents_player spip_documents_right spip_doc_player" style="float: right;">
<dt class="spip_doc_titre crayon document-titre-58 " style="width: 200px;"><strong>Questions-Reponses</strong></dt>
<dd class="spip_doc_descriptif player neoplayer" style="height: 20px; width: 200px;">
</dd></dl>
<hr class="spip" />
<strong>Le président de l’Assemblée générale des étudiants de l’université de Louvain-la-Neuve :</strong> <i>Je vous remercie tout d’abord d’être venus si nombreux ce soir pour cette conférence-débat.</i><br />
<i>
Ensuite, quelques mots sur les organisateurs de la conférence. C’est
d’abord le groupe Nous, un groupe « groupusculaire » de réflexion, qui
ne tient pas à se définir de manière plus déterminée. C’est ensuite le
Centre Galilée, qui est à la fois une librairie et un organisme
d’éducation permanente. II y a également les Amis de la Terre du Brabant
wallon, groupe écologiste qui travaille sur les aspects
socio-politiques du nucléaire et des énergies douces. II y a aussi le
MJP, Mouvement des Jeunes pour la Paix, qui essaie de prôner une société
autogestionnaire. Enfin, il y a l’AGL, c’est-a-dire, pour ceux qui
l’ignoreraient encore, l’Assemblée générale des étudiants de Louvain,
organe de représentation des étudiants de l’université de Louvain.<br />
Il était important de signaler les organisateurs, parce que le débat
de ce soir s’inscrit dans les activités d’un groupe de réflexion qui
veut approfondir les problèmes politiques que pose l’énergie nucléaire,
et que ces activités ne se limitent pas à l’organisation de ce débat.
Pour donner une idée des axes de réflexion de ce groupe, je cite
quelques-uns des sujets qui ont été abordés jusqu’à présent :<br />
<img alt="-" class="puce" height="11" src="https://collectiflieuxcommuns.fr/spip/squelettes-dist/puce.gif" width="8" /> La science et l’économie face au problème de l’énergie nucléaire, principalement dans ses aspects sociologiques.<br />
<img alt="-" class="puce" height="11" src="https://collectiflieuxcommuns.fr/spip/squelettes-dist/puce.gif" width="8" /> La lutte antinucléaire est-elle vraiment une remise en question de la société ?<br />
<img alt="-" class="puce" height="11" src="https://collectiflieuxcommuns.fr/spip/squelettes-dist/puce.gif" width="8" /> Peut-on définir une option politique à partir de la lutte antinucléaire ?<br />
C’est parce que ce groupe de réflexion veut prolonger ses activités
que je vous lance, à vous tous, une invitation à y participer.<br />
Quant à la raison d’être de cette conférence, nous nous refusons d’en
donner un autre motif que celui-ci : nous avions vraiment envie
d’organiser une conférence.<br />
</i><i>Je vous remercie et je vous souhaite une bonne soirée</i><br />
<i>applaudissements</i><br />
<strong>Cornelius Castoriadis :</strong> <b>Je suis content d’être ici
et de vous voir. Et je suis très surpris du nombre des participants ;
très agréablement surpris et heureux. Mais en même temps, ça augmente ma
peur de vous décevoir, d’autant qu’en parlant avec Dany avant de venir
ici, il me disait qu’il ne savait pas ce qu’il dirait, qu’il
improviserait. Lui, il en a l’habitude et on sait, historiquement, qu’il
s’en tire très bien</b><br />
(<i>rires</i>)<br />
Quant à moi, j’aurais voulu consacrer plus de temps que je n’ai pu le faire à la préparation de ce que je compte vous dire.<br />
Mais peut-être, en fin de compte, ça n’aurait pas fait de différence
car les quatre ou cinq choses que j’ai à dire, vous le verrez,
aboutissent à des points d’interrogation, et ils auraient abouti à des
points d’interrogation de toute façon. Et je crois que le sens d’une
soirée comme celle-ci c’est précisément de faire parler les gens ; de
vous faire parler, soit sur les questions qui sont déjà ouvertes pour
vous, soit - et là, ce serait un gain considérable - sur des questions
nouvelles qui surgissent dans le débat, avec l’aide peut-être de ceux
qui ont été chargés de l’introduire.<br />
Aujourd’hui tout le monde sait, tout le monde croit savoir - ce
n’était pas le cas il n’y a guère - que la science et la technique sont
très essentiellement insérées, inscrites, enracinées dans une
institution donnée de la société. De même, que la science et la
technique de l’époque contemporaine n’ont rien de transhistorique, n’ont
pas de valeur qui soit au-delà de toute interrogation, qu’elles
appartiennent au contraire à cette institution social-historique qu’est
le capitalisme tel qu’il est né en Occident il y a quelques siècles.
C’est là une vérité générale. On sait que chaque société crée sa
technique et son type de savoir, comme aussi son type de transmission du
savoir. On sait aussi que la société capitaliste, non seulement a été
très loin dans la création et le développement d’un type de savoir et
d’un type de technologie qui la différencie de toutes les autres, mais,
et cela aussi la différencie des autres sociétés, qu’elle a placé ces
activités au centre de la vie sociale, qu’elle leur a accordé une
importance qu’elles n’avaient pas autrefois ni ailleurs.<br />
De même, tout le monde sait aujourd’hui, ou tout le monde croit
savoir, que la prétendue neutralité, la prétendue instrumentalité de la
technique et même du savoir scientifique sont des illusions. En vérité,
même cette expression est insuffisante, et masque l’essentiel de la
question. Car la présentation de la science et de la technique comme des
moyens neutres ou comme de purs et simples instruments, n’est pas
simple « illusion » : elle fait précisément partie de l’institution
contemporaine de la société - c’est-à-dire, elle fait partie de
l’imaginaire social dominant de notre époque.<br />
On peut cerner cet imaginaire social dominant en une phrase : la
visée centrale de la vie sociale c’est l’expansion illimitée de la
maîtrise rationnelle. Bien entendu, lorsqu’on y regarde de près - et il
n’est pas nécessaire d’y aller très très près pour le voir - cette
maîtrise est une pseudo-maîtrise, et cette rationalité une
pseudo-rationalité. Il n’empêche que c’est celui-là, le noyau des
significations imaginaires sociales qui tiennent ensemble la société
contemporaine. Et cela, ce n’est pas seulement le cas dans les pays de
capitalisme dit privé ou occidental. C’est également le cas dans les
pays prétendument « socialistes », dans les pays de l’Est, ou les mêmes
instruments, les mêmes usines, les mêmes procédures d’organisation et de
savoir sont mis également au service de cette même signification
imaginaire sociale, à savoir l’expansion illimitée d’une prétendue
maîtrise prétendument rationnelle.<br />
J’ouvrirai ici une parenthèse, car nous ne pouvons quand même pas
discuter en faisant abstraction de ce qui est en train de se passer dans
l’actualité mondiale et qui est très grave. Nous voyons beaucoup plus
clairement aujourd’hui, avec l’Afghanistan - je dirai, plus exactement :
les gens peuvent voir, quant à moi, je prétends que cela fait
trente-cinq ans que je le vois - que la coexistence et l’antagonisme de
ces deux sous-systèmes dont chacun prétend posséder le monopole de la
voie par laquelle on parviendra à la « maîtrise rationnelle » du tout
sont en train de frôler le point où il risque d’y avoir effectivement
une maîtrise totalement rationnelle du seul véritable maître, comme
dirait Hegel, c’est-à-dire de la mort.<br />
Vous savez que la domination de cet imaginaire commence d’abord
moyennant la forme de l’expansion illimitée des forces productives - de
la « richesse », du « capital ». Cette expansion devient rapidement
extension et développement du savoir nécessaire pour l’augmentation de
la production, c’est-à-dire de la technologie, et de la science.
Finalement, la tendance à la réorganisation et à la reconstruction
« rationnelles » de toutes les sphères de la vie sociale - la
production, l’administration, l’éducation, la culture, etc. - transforme
toute l’institution de la société et pénètre de plus en plus à
l’intérieur de toutes les activités.<br />
Mais vous savez aussi que, malgré ses prétentions, cette institution
de la société est déchirée par une foule de contradictions internes, que
son histoire est traversée par des conflits sociaux importants. A nos
yeux, ces conflits expriment essentiellement le fait que la société
contemporaine est divisée asymétriquement et antagoniquement entre
dominants et dominés, et que cette division se traduit notamment, par
les faits de l’exploitation et de l’oppression. De ce point de vue, nous
devrions dire qu’en droit, l’immense majorité des gens qui vivent dans
la société actuelle devraient s’opposer à la forme établie de
l’institution de la société. Mais aussi, il est difficile de croire que
si tel était le cas, cette société pourrait se maintenir longtemps ou
même aurait pu se maintenir jusqu’à aujourd’hui. Il y a donc une
question très importante qui se pose : comment cette société
arrive-t-elle à se maintenir et à tenir ensemble, alors qu’elle devrait
susciter l’opposition de la grande majorité de ses membres ?<br />
Il y a une réponse qu’il faut éliminer définitivement de nos esprits,
et qui caractérise toute la vieille mentalité de gauche : l’idée que le
système établi ne tiendrait que par la répression et la manipulation
des gens, en un sens extérieur et superficiel du terme manipulation.<br />
Cette idée est totalement fausse et, ce qui est encore plus grave,
elle est pernicieuse parce qu’elle masque la profondeur du problème
social et politique. Si nous voulons vraiment lutter contre le système,
et aussi, si nous voulons voir les problèmes auxquels se heurte
aujourd’hui par exemple un mouvement comme le mouvement écologique, nous
devons comprendre une vérité élémentaire qui paraîtra très désagréable à
certains : le système tient parce qu’il réussit à créer l’adhésion des
gens à ce qui est. Il réussit à créer, tant bien que mal, pour la
majorité des gens et pendant la grande majorité des moments de leur vie,
leur adhésion au mode de vie effectif, institué, concret de cette
société. C’est de cette constatation fondamentale que l’on doit partir,
si l’on veut avoir une activité qui ne soit pas futile et vaine.<br />
Cette adhésion est. certes, contradictoire : elle va de pair avec des
moments de révolte contre le système. Mais c’est une adhésion quand
même, et ce n’est pas une simple passivité. Cela on peut le voir
facilement autour de soi. Et du reste, si les gens n’adhéraient pas
effectivement au système, tout serait par terre dans les six heures qui
suivraient. Pour n’en prendre qu’un exemple : cette merveille
d’« organisation » et de « rationalité » qu’est l’usine capitaliste -
ou, plus généralement, toute entreprise capitaliste, à l’Ouest comme à
l’Est - ne produirait rien du tout, elle s’effondrerait rapidement sous
le poids de l’absurdité de sa réglementation et des antinomies internes
qui caractérisent sa pseudo-« rationalité », si les travailleurs ne la
faisaient pas fonctionner une fois sur deux à l’encontre de cette
réglementation - et très au-delà de ce qu’expliqueraient la contrainte
ou l’effet des « stimulants matériels ».<br />
Cette adhésion tient à des processus extrêmement complexes, qu’il
n’est pas question d’analyser ici. Car ces processus constituent ce que
j’appelle la fabrication sociale de l’individu et des individus - de
nous tous - dans et par la société capitaliste instituée, telle qu’elle
existe.<br />
J’évoquerai simplement deux aspects de cette fabrication. L’un
concerne l’instillation aux gens, des la plus tendre enfance, d’un
rapport à l’autorité, d’un certain type de rapport à un certain type
d’autorité. Et l’autre, l’instillation aux gens d’un ensemble de
besoins, à la satisfaction desquels ils seront par la suite attelés
toute leur vie durant.<br />
D’abord, l’autorité. Lorsque l’on considère la société contemporaine
et qu’on la compare à celles qui l’ont précédée, on constate une
différence importante : aujourd’hui, l’autorité se présente comme
désacralisée, il n’y a plus de rois par la grâce de Dieu.<br />
<strong>Daniel Cohn-Bendit :</strong> Tu es en Belgique.<br />
<strong>Cornelius Castoriadis :</strong> Je n’oublie pas que je suis
en Belgique. Mais je ne crois pas que le roi des Belges soit considéré
comme roi par la grâce de Dieu. Je pense que cela doit être un principe
du droit constitutionnel belge, que s’il y a un roi des Belges, c’est
parce que le peuple belge a souverainement décidé qu’il aurait un roi -
non ?<br />
(<i>Rires</i>)<br />
On penserait donc que l’autorité, aujourd’hui, est désacralisée. Mais
en réalité ce n’est pas vrai. Ce qui, autrefois, sacralisait
l’autorité, c’était la religion : comme le disait saint Paul, dans
l’Epître aux Romains, « tout pouvoir vient de Dieu ». Autre chose a pris
aujourd’hui la place de la religion et de Dieu : quelque chose qui
n’est pas pour nous « sacré », mais qui a réussi, tant bien que mal, à
s’installer socialement comme l’équivalent pratique du sacré, comme une
sorte de substitut de religion, une religion plate et aplatie. Et cela
est l’idée, la représentation, la signification imaginaire du savoir et
de la technique.<br />
Je ne veux pas dire par là, bien entendu, que ceux qui exercent le
pouvoir « savent ». Mais ils prétendent savoir et c’est au nom de ce
prétendu savoir - savoir spécialisé, scientifique, technique - qu’ils
justifient leur pouvoir aux yeux de la population. Et s’ils peuvent le
faire, c’est que la population y croit, qu’elle a été dressée pour y
croire.<br />
Ainsi, en France, on est accablé d’un président de la République qui
se prétend spécialiste de l’économie. Ce « spécialiste », lorsqu’il
était encore ministre des Finances, tenait des discours à la Chambre où
il alignait pendant trois heures des statistiques avec quatre chiffres
décimaux. Cela veut dire qu’il aurait dû être recalé en première année
d’une UER d’économie, car une statistique avec quatre chiffres décimaux
en matière de prix et de production n’a strictement aucun sens : au
mieux, dans ces domaines, on peut parler à dix pour cent près. Il
n’empêche que le président Giscard, qui n’est pas économiste, a réussi à
déterrer un dinosaure du prétendu savoir économique, nommé Raymond
Barre (rires et applaudissements), qu’il a baptisé en public « le
meilleur économiste de France ». Moyennant quoi le bordel de l’économie
française est à présent beaucoup plus grand que ce qu’il était il y a
trois ans et aussi que ce qu’il aurait été si un concierge quelconque
avait été président du Conseil<br />
(<i>rires</i>).<br />
De cela, il y a une conclusion pratique à tirer. Il y a un terrain de
lutte, notamment pour des gens comme vous, comme nous tous ici qui
avons plus ou moins affaire avec les activités intellectuelles ou
scientifiques. Il s’agit de montrer, en premier lieu, que le pouvoir à
l’époque actuelle n’est pas le savoir ; que non seulement il ne sait pas
tout, mais même qu’il sait beaucoup moins de choses que n’en savent les
gens en général, et qu’à cela il y a des raisons profondes et
organiques. Et, en deuxième lieu, que ce « savoir » dont se réclame le
pouvoir, même lorsqu’il existe, a un caractère bien particulier, partiel
et biaisé à la base.<br />
Mais il y a aussi une question que je ne veux pas taire - bien que ce
ne soit pas une des questions sur lesquelles nous devrions nous étendre
ce soir. C’est que - oubliant maintenant tout à fait MM. Giscard, Barre
et consorts - il y a un véritable problème du savoir, et même de la
technique, qui nous interpelle effectivement en tant que ce savoir et
même cette technique dépassent l’institution présente de la société.
Même si l’on admet - comme je le fais - que l’orientation, les fins, le
mode de transmission et l’organisation interne du savoir scientifique
sont ancrés dans le système social actuel, plus même, qu’ils lui sont,
en un sens, consubstantiels ; même alors, il faut accepter qu’il y a la
création de quelque chose qui dépasse certainement l’époque
contemporaine. Cela est vrai aussi, d’ailleurs, pour les époques
antérieures de l’histoire. Pour prendre un exemple facile, le théorème
de Pythagore a été découvert et démontré il y a vingt-cinq siècles à
Samos ou je ne sais où, peu importe. Il est clair qu’il a été découvert
dans un contexte nullement « neutre », formé par un ensemble de schèmes
imaginaires indissociablement et profondément liés à la conception
grecque du monde, à l’institution imaginaire grecque du monde, comme
toute la géométrie grecque. Cela n’empêche pas que, vingt-cinq siècles
après, ce théorème de Pythagore, ou quelque chose qui a le même nom, non
seulement continue à « être vrai » (on peut assortir cette expression
de tous les guillemets et les points d’interrogation que l’on voudra),
mais apparaît comme infiniment plus vrai que ne pouvait le penser
Pythagore lui-même, puisque l’énoncé présent du théorème de Pythagore,
tel que vous le trouverez dans un traité contemporain d’analyse, en
constitue une immense généralisation. Cela s’appelle toujours théorème
de Pythagore, mais cela s’énonce : dans tout espace préhilbertien, le
carré de la norme de la somme de deux vecteurs orthogonaux est égal à la
somme des carrés de leurs normes. Ou, pour prendre un autre exemple :
il n’y a pas de société possible sans arithmétique - aussi archaïque,
primitive, sauvage soit cette société. Mais où s’arrête donc
l’arithmétique ? Cela aussi fait partie de la question du savoir. Il est
trop facile d’évacuer cette question en disant, comme un récent
micro-farceur parisien, que le totalitarisme c’est les savants au
pouvoir : ce qui évidemment ne fait qu’accréditer et renforcer la
mystification idéologique dominante. Comme si Staline, qui dirigeait les
opérations de l’Armée russe pendant la deuxième guerre mondiale sur une
mappemonde, comme l’a révélé Khrouchtchev, était un « savant au
pouvoir » ! Mais il est aussi trop facile d’évacuer la question, comme
cela se fait souvent dans notre milieu et par des gens qui nous sont
proches, en voulant jeter par-dessus bord en bloc la science et la
technique comme telles, parce qu’elles seraient de purs produits du
système établi ; on aboutit ainsi à éliminer l’interrogation portant sur
le monde, sur nous-mêmes, sur notre savoir.<br />
J’en viens maintenant à l’autre dimension du processus de fabrication
sociale de l’individu, celle qui concerne les « besoins ». Bien
évidemment, il n’existe pas de « besoins naturels » de l’être humain,
dans aucune définition du terme « naturel » - sauf peut-être dans une
définition philosophique où la nature serait quelque chose de tout à
fait différent de ce que vous pensez d’habitude sous ce terme : une
« nature » selon Aristote, ou Spinoza, quelque chose comme une norme à
la fois idéale et réelle. Outre que nous ne sommes pas là ce soir pour
discuter ce type de questions philosophiques, cette acception du terme
« nature » ne nous intéresse pas pour une raison précise : on ne voit
pas comment on pourrait se mettre d’accord socialement pour définir des
besoins qui correspondraient à cette « nature »-là.<br />
Il n’y a pas de besoins naturels. Toute société crée un ensemble de
besoins pour ses membres et leur apprend que la vie ne vaut la peine
d’être vécue, et même ne peut être matériellement vécue que si ces
besoins-là sont « satisfaits » tant bien que mal. Quelle est la
spécificité du capitalisme à cet égard ? En premier lieu, c’est que le
capitalisme n’a pu surgir, se maintenir, se développer, se stabiliser
(malgré et avec les intenses luttes ouvrières qui ont déchiré son
histoire) qu’en mettant au centre de tout les besoins « économiques ».
Un musulman, ou un hindou, mettra de côté de l’argent toute sa vie
durant, pour faire le pèlerinage de La Mecque ou de tel temple ; c’est
là pour lui un « besoin ». Cela n’en est pas un pour un individu
fabriqué par la culture capitaliste : ce pèlerinage, c’est une
superstition ou une lubie. Mais pour ce même individu, ce n’est pas
superstition ou lubie, mais « besoin » absolu, que d’avoir une voiture
ou de changer de voiture tous les trois ans, ou d’avoir une
télévision-couleur dès que cette télévision existe.<br />
En deuxième lieu, donc, le capitalisme réussit à créer une humanité
pour laquelle, plus ou moins et tant bien que mal, ces « besoins » sont à
peu près tout ce qui compte dans la vie. Et, en troisième lieu - et
c’est un des points qui nous séparent radicalement d’une vue comme celle
que Marx pouvait avoir de la société capitaliste -, ces besoins qu’il
crée, le capitalisme, tant bien que mal et la plupart du temps, il les
satisfait. Comme on dirait en anglais : He promises the goods, and he
delivers the goods. La camelote, elle est là, les magasins en regorgent -
et vous n’avez qu’à travailler pour pouvoir en acheter. Vous n’avez
qu’à être sages et à travailler, vous gagnerez plus, vous grimperez,
vous en achèterez plus, et voilà. Et l’expérience historique est là pour
montrer qu’à quelques exceptions près, ça marche : ça marche, ça
produit, ça travaille, ça achète, ça consomme et ça remarche.<br />
A cette étape de la discussion, la question n’est pas de savoir si
nous « critiquons » cet ensemble de besoins d’un point de vue personnel,
de goût, humain, philosophique, biologique, médical ou ce que vous
voudrez. La question porte sur les faits, sur lesquels il ne faut pas
nourrir d’illusions. Brièvement parlant, cette société marche parce que
les gens tiennent à avoir une voiture et qu’ils peuvent, en général,
l’avoir, et qu’ils peuvent acheter de l’essence pour cette voiture.
C’est pourquoi il faut comprendre qu’une des choses qui pourraient
mettre par terre le système social en Occident ce n’est pas la
« paupérisation », absolue ou relative, mais, par exemple, le fait que
les gouvernements ne puissent plus fournir aux automobilistes de
l’essence.<br />
Il faut bien réaliser ce que cela signifie. Lorsque nous parlons du
problème de l’énergie, du nucléaire, etc., c’est en fait tout le
fonctionnement politique et social qui est impliqué, et tout le mode de
vie contemporain. Il en est ainsi à la fois « objectivement » et du
point de vue des gens, et à cet égard nos critiques de l’abrutissement
consommationniste comptent peu.<br />
On peut facilement illustrer la situation, moyennant les futurs - et
déjà présents et passés - discours électoraux du citoyen Marchais,
expliquant : primo, si vous n’avez plus d’essence pour rouler, c’est la
faute des trusts, des multinationales et du gouvernement qui fait leur
jeu ; et, secundo, si le Parti communiste vient au pouvoir, il vous
donnera de l’essence parce qu’il ne se soumettra plus aux
multinationales mais aussi parce que notre grande alliée, amie du peuple
français et grand producteur de pétrole, l’Union soviétique, nous en
fournira (peu importe si les choses commencent à aller très mal là-bas
également, à cet égard aussi). On voit là un scénario possible ; comme
aussi il existe un scénario possible du côté apparemment opposé - je dis
bien apparemment -, c’est-à-dire du côté d’une démagogie néofasciste,
qui pourrait se développer à partir de la crise de l’énergie et de ses
retombées de toutes sortes.<br />
La crise de l’énergie n’a de sens comme crise, et n’est crise, que
par rapport au modèle présent de société. C’est cette société-ci qui a
besoin, chaque année, de 10 % de pétrole ou d’énergie de plus pour
pouvoir continuer à tourner. Cela veut dire que la crise de l’énergie
est, en un sens, crise de cette société. Ainsi, elle contient en germe -
c’est là une question à laquelle c’est beaucoup plus à vous qu’à moi de
répondre - la mise en cause par les gens de l’ensemble du système ;
mais peut-être contient-elle aussi en germe la possibilité que les gens
suivent au plan politique les courants les plus aberrants, les plus
monstrueux. Car, telle qu’elle est, cette société ne pourrait
probablement pas continuer si on ne lui assurait pas ce ronron de la
consommation croissante. Elle pourrait se remettre en cause, en disant :
ce que l’on est en train de faire est complètement fou, la façon selon
laquelle on vit est absurde. Mais elle pourrait aussi s’agripper au mode
de vie actuel, en se disant : tel parti a la solution, ou : il n’y a
qu’à mettre à la porte les juifs, les Arabes, ou je ne sais pas qui,
pour résoudre nos problèmes.<br />
Telle est la question qui se pose, et que je vous pose,
actuellement : où en est la crise du mode de vie capitaliste pour les
gens ? Et que pourrait être une activité politique lucide qui accélère
la prise de conscience de l’absurdité du système et aide les gens à
dégager les critiques du système qui, certainement, se forment déjà à
droite et à gauche ?<br />
Je voudrais aborder maintenant, en liaison immédiate avec ce qui
précède, le mouvement écologique. Il me semble que l’on peut observer,
dans l’histoire de la société moderne, une sorte d’évolution du champ
sur lequel ont porté les mises en cause, les contestations, les
révoltes, les révolutions. Il me semble aussi que cette évolution peut
être quelque peu éclairée si on se réfère à ces deux dimensions de
l’institution de la société que j’évoquais tout à l’heure :
l’instillation aux individus d’un schème d’autorité et l’instillation
aux individus d’un schème de besoins. Le mouvement ouvrier a mis en
cause, dès le départ, l’ensemble de l’organisation de la société, mais
d’une manière qui, rétrospectivement, ne peut manquer de nous apparaître
comme quelque peu abstraite. Ce que le mouvement ouvrier attaquait
surtout, c’était la dimension de l’autorité - c’est-à-dire la domination
qui en est le versant « objectif ». Même sur ce point il laissait dans
l’ombre - c’était quasiment fatal à l’époque - des aspects tout à fait
décisifs du problème de l’autorité et de la domination, donc aussi des
problèmes politiques de la reconstruction d’une société autonome.
Certains de ces aspects ont été mis en question par la suite ; et
surtout, plus récemment, par le mouvement des femmes et le mouvement des
jeunes, qui ont attaqué les schèmes, les figures et les relations
d’autorité tels qu’ils existent dans d’autres sphères de la vie sociale.<br />
Ce que le mouvement écologique a mis en question, de son côté, c’est
l’autre dimension : le schème et la structure des besoins, le mode de
vie. Et cela constitue un dépassement capital de ce qui peut être vu
comme le caractère unilatéral des mouvements antérieurs. Ce qui est en
jeu dans le mouvement écologique est toute la conception, toute la
position des rapports entre l’humanité et le monde, et finalement la
question centrale et éternelle : qu’est-ce que la vie humaine ? Nous
vivons pour quoi faire ?<br />
A cette question, il existe déjà une réponse, et on la connaît :
c’est la réponse capitaliste. Permettez-moi ici une parenthèse et un
rapide retour en arrière. La plus belle et la plus concise formulation
de l’esprit du capitalisme que je connaisse, c’est l’énoncé
programmatique bien connu de Descartes : atteindre au savoir et à la
vérité pour « nous rendre maîtres et possesseurs de la nature ». C’est
dans cet énoncé du grand philosophe rationaliste que l’on voit le plus
clairement l’illusion, la folie, l’absurdité du capitalisme (comme aussi
d’une certaine philosophie et d’une certaine théologie qui le
précèdent). Qu’est-ce que cela veut dire, nous rendre maîtres et
possesseurs de la nature ? Remarquez aussi que sur cette idée privée de
sens se fondent aussi bien le capitalisme que l’œuvre de Marx et le
marxisme.<br />
Or ce qui apparaît, peut-être en tâtonnant et en balbutiant, à
travers le mouvement écologique, c’est que certainement nous ne voulons
pas être maîtres et possesseurs de la nature. D’abord, parce que nous
avons compris que cela ne veut rien dire, que cela n’a pas de sens - si
ce n’est d’asservir la société à un projet absurde et aux structures de
domination qui l’incarnent. Et, ensuite, parce que nous voulons un autre
rapport à la nature et au monde ; et cela veut dire aussi un autre mode
de vie, et d’autres besoins.<br />
Mais la question est : quel mode de vie, et quels besoins ? Que
voulons-nous ? Et qui, comment, à partir de quoi, peut répondre à ces
questions ? Répondre, j’entends, non pas dans le savoir absolu, mais en
connaissance de cause, et dans la lucidité ?<br />
A mes yeux, le mouvement écologique est apparu comme un des
mouvements qui tendent vers l’autonomie de la société ; et chaque fois
que j’ai eu à en parler, oralement ou par écrit, je l’ai inclus dans la
série de ces mouvements dont je parlais tout à l’heure. Dans le
mouvement écologique il s’agit, en premier lieu, de l’autonomie par
rapport à un système technico-productif, prétendument inévitable ou
prétendument optimal : le système technico-productif qui est là dans la
société actuelle. Mais il est absolument certain que le mouvement
écologique, par les questions qu’il soulève, dépasse de loin cette
question du système technico-productif, qu’il engage potentiellement
tout le problème politique et tout le problème social. Je vais
m’expliquer et terminer là-dessus.<br />
Que le mouvement écologique engage tout le problème politique et tout
le problème social, on peut le voir immédiatement à partir d’une
question apparemment limitée. J’espère que vous m’excuserez si je vous
dis des choses que vous avez dû entendre déjà des dizaines de fois, et
si je les dis de façon abrupte. La lutte antinucléaire : oui, très bien,
bravo. Mais est-ce que cela veut dire en même temps : lutte
antiélectricité ? Si oui, alors il faut le dire, tout de suite,
fortement et clairement. Et il faut dire aussi : nous sommes contre
l’électricité, et nous connaissons toutes les implications de ce que
nous disons : pas de sonorisation dans une salle comme celle-ci - mais
c’est déjà fait (rires) ; pas de téléphone ; pas de blocs opératoires en
chirurgie (après tout, Illich affirme que la médecine ne fait
qu’augmenter le taux de mortalité) ; pas de radios, libres ou pas ; pas
de magnétophones ; pas de disques de Keith Jarret, comme j’en entendais
tout à l’heure dans votre club, etc. Il faut réaliser qu’il n’y a
pratiquement aucun objet de la vie moderne qui d’une façon ou d’une
autre, directement ou indirectement, n’implique l’électricité. Ce rejet
total est peut-être acceptable - mais il faut le savoir, et il faut le
dire.<br />
Ou alors, la seule chose qui serait logique, c’est de proposer
d’autres sources d’énergie, d’affirmer et de montrer qu’il n’est pas
nécessaire de se priver d’électricité si l’on exclut les centrales
nucléaires, à condition de réformer l’ensemble du système de production
d’énergie de telle sorte que seules entrent en jeu des énergies
renouvelables. Comme je suis certain que vous connaissez beaucoup plus
de choses que moi sur les énergies renouvelables, ce n’est pas la peine
que je m’étende sur cette question considérée en elle-même. Mais la
question des énergies renouvelables dépasse de loin la question des
énergies renouvelables. D’abord, elle implique la totalité de la
production ; et puis (ou plutôt en même temps) elle implique la totalité
de l’organisation sociale. La seule tentative que je connaisse
personnellement de prendre en compte sérieusement l’ensemble de la
question, c’est le projet Alter sur lequel travaille en France le
mathématicien Philippe Courrège avec un minuscule groupe de
collaborateurs bénévoles. Je dis sérieusement, parce que Courrège a tout
de suite vu qu’il ne s’agit pas seulement d’assurer la production
d’énergies renouvelables, que cela impliquait la totalité de la
production et, par conséquent, il s’est attaqué à la construction d’un
petit « système » complet (ou plutôt, d’une grande gamme de tels
systèmes, dépendant chacun des objectifs finals qu’on se propose), d’une
matrice bouclée qui couvre la totalité des « entrées » et des
« sorties » d’une petite région à peu près autarcique. Mais je dis
sérieusement aussi, parce que Courrège a également vu, et il le dit, que
ce qui sur le plan « technique » et « économique » est une solution
sinon simple au moins faisable, soulève des problèmes politiques et
sociaux (il dit : sociétaux) immenses : la définition des objectifs
finals de la production, l’acceptation par la communauté d’un état
stationnaire, la gestion de l’ensemble, etc. Ici, je peux dire que je me
sens en terrain familier : non pas que je possède, évidemment, la
solution, mais parce que ce sont des questions sur lesquelles je
réfléchis et je travaille depuis trente ans et qui deviennent à la fois
plus précises et plus claires lorsque l’on donne un soubassement concret
à l’idée d’unités sociales autogouvernées et vivant pour une bonne
partie sur des ressources locales renouvelables. Mais il reste ce que
montre, « négativement » si je peux dire, le projet Alter : si on veut
toucher au problème de l’énergie, il faut toucher à tout. Or tout cela
n’est ni de la théorie, ni de la littérature. On sait que dès maintenant
les gouvernements disent que sans centrales nucléaires il n’y aura plus
d’électricité dans quelques années ; et, certainement, si rien d’autre
ne se passe et comme, depuis 1973, ces gouvernements n’ont fait que
bavarder sur le problème de l’énergie sans rien faire de réel, il finira
bien par arriver quelque chose comme la rupture de charge du réseau en
France l’année dernière.<br />
Maintenant, d’un autre côté, les projets concernant les énergies
renouvelables sont en partie récupérables à des fins que l’on ne
pourrait même pas appeler réformistes : à des fins de pur et simple
colmatage du système existant. Et, au-delà de cette question de
récupération, cela conduit à une autre interrogation : est-ce qu’un
« réformisme » antinucléaire, énergétique, écologique a un sens et peut
être lucidement appuyé ? J’entends ici par « réformisme » le soutien
accordé à des mesures partielles que nous considérons comme valables et
ayant un sens (c’est-à-dire qui ne sont pas annulées du fait qu’elles
s’insèrent dans un système global qui, lui, n’est pas changé). Par
exemple, les lois contre la pollution des cours d’eau - lois qui
laissent en place tout le reste : les multinationales, l’Etat, le parti
communiste, le roi, etc. Une certaine position traditionnelle répondait à
cette question par la négative. On disait : on se bat pour la
Révolution, et un des sous-produits de la Révolution sera la
non-pollution des rivières (comme aussi l’émancipation des femmes, la
réforme de l’éducation, etc.). Nous savons que cette réponse est absurde
et mystificatrice, et heureusement les femmes ou les étudiants ont
cessé d’attendre la Révolution pour exiger et obtenir des changements
effectifs dans leur condition. Je pense que la même chose vaut pour la
lutte écologique : il y a, par exemple et entre mille autres, une grave
question de la pollution des cours d’eau, et la lutte contre cet état de
choses a pleinement un sens, à condition que l’on sache ce que l’on
fait, que l’on soit lucide. Cela veut dire que l’on sait qu’actuellement
on lutte pour tel objectif partiel, parce qu’il a une certaine valeur,
et que l’on sait aussi que ce dont on demande l’introduction ou
l’application, aussi longtemps que le système actuel existera, aura
nécessairement une signification ambiguë et même pourra être détourné de
sa finalité initiale. Vous savez que la Sécurité sociale a été, dans
beaucoup de pays, une conquête arrachée de haute lutte par la classe
ouvrière. Mais vous savez aussi qu’il y a des marxistes qui expliquent -
et après tout, ce n’est pas totalement faux d’un certain point de vue -
que la Sécurité sociale fait fonctionner le système capitaliste parce
qu’elle sert à l’entretien de la force de travail. Et alors ? Est-ce
qu’à partir de cet argument, on demanderait la suppression de la
Sécurité sociale ?<br />
Je terminerai en abordant le problème qui me paraît le plus profond,
le plus critique, critique au sens initial du mot crise : moment et
processus de décision. Parler d’une société autonome, de l’autonomie de
la société non seulement à l’égard de telle couche dominante
particulière mais à l’égard de sa propre institution, des besoins, des
techniques, etc., présuppose à la fois la capacité et la volonté des
humains de s’auto-gouverner, au sens le plus fort de ce terme. Pendant
très longtemps, en fait dès le début de la période où je faisais, avec
mes camarades, Socialisme ou Barbarie, c’était essentiellement dans ces
termes que se formulait pour moi la question de la possibilité d’une
transformation radicale, révolutionnaire, de la société : est-ce que les
humains ont la capacité et surtout la volonté de s’auto-gouverner (je
dis surtout la volonté, car à mes yeux la « capacité » ne fait pas
vraiment problème) ? Est-ce qu’ils veulent vraiment être maîtres
d’eux-mêmes ? Car, après tout, s’ils le voulaient, rien ne pourrait les
en empêcher : cela, on le sait depuis Rosa Luxemburg, depuis La Boëtie,
même depuis les Grecs. Mais, petit à petit, un autre aspect de cette
question - de la question de la possibilité d’une transformation
radicale de la société - a commencé à m’apparaître, et à me préoccuper
de plus en plus. C’est qu’une autre société, une société autonome,
n’implique pas seulement l’autogestion, l’auto-gouvernement,
l’auto-institution. Elle implique une autre culture, au sens le plus
profond de ce terme. Elle implique un autre mode de vie, d’autres
besoins, d’autres orientations de la vie humaine. Car vous serez
d’accord avec moi pour dire qu’un socialisme des embouteillages est une
absurdité dans les termes, et que la solution socialiste de ce problème
ne serait pas d’éliminer les embouteillages en quadruplant la largeur
des Champs-Elysées. Qu’est-ce donc que ces villes ? Qu’est-ce que les
gens qui les remplissent ont vraiment envie de faire ? Comment diable se
fait-il qu’ils « préfèrent » avoir leurs voitures et passer des heures
chaque jour dans les embouteillages, plutôt qu’autre chose ?<br />
Poser le problème d’une nouvelle société, c’est poser le problème
d’une création culturelle extraordinaire. Et la question qui se pose, et
que je vous pose, est : est-ce que de cette création culturelle nous
avons, devant nous, des signes précurseurs et avant-coureurs ? Nous qui
rejetons, du moins en paroles, le mode de vie capitaliste et ce qu’il
implique - et il implique tout, absolument tout ce qui existe
aujourd’hui - est-ce que nous voyons autour de nous naître un autre mode
de vie qui préannonce, qui préfigure quelque chose de nouveau, quelque
chose qui donnerait un contenu substantif à l’idée d’autogestion,
d’autogouvernement, d’autonomie, d’auto-institution ? Autrement dit :
l’idée d’autogouvernement peut-elle prendre sa pleine force, atteindre
son plein appel, si elle n’est pas aussi portée par d’autres souhaits,
par d’autres « besoins » qui ne peuvent pas être satisfaits dans le
système social contemporain ?<br />
Nous autres, probablement, nous qui sommes ici, pouvons sans doute
penser à de tels besoins, nous les éprouvons, et peut-être pour nous ils
comptent beaucoup. Par exemple, que sais-je, pouvoir aller quand on
veut flâner deux jours dans les bois. Mais la question n’est évidemment
pas là ; il ne s’agit pas de nos souhaits et besoins à nous, mais de
ceux de la grande masse des gens. Et l’on se demande : est-ce que
quelque chose de ce genre, le rejet des besoins nourris actuellement par
le système et l’apparition d’autres visées, commence à poindre, à
apparaître comme important pour les gens qui vivent aujourd’hui ?<br />
Et finalement : est-ce qu’ici, sur ce point, sur cette ligne, nous ne
rencontrons pas effectivement la limite de la pensée et de l’action
politiques ? Car bien entendu, comme toute pensée et toute action,
celle-ci aussi doit avoir une limite - et doit s’efforcer de la
reconnaître. Est-ce que cette limite n’est pas, sur ce point, celle-ci :
que ni nous, ni personne ne peut décider d’un mode de vie pour les
autres ? Nous disons, nous pouvons dire, nous avons le droit de dire que
nous sommes contre le mode de vie contemporain - ce qui, encore une
fois, implique à peu près tout ce qui existe, et non seulement la
construction de telle centrale nucléaire, qui n’en est qu’une
implication du énième ordre. Mais dire que nous sommes contre tel mode
de vie, cela introduit par la bande un problème formidable : ce que l’on
peut appeler le problème du droit au sens le plus général, non pas
simplement du droit formel, mais du droit comme contenu. Que se
passe-t-il, si les autres continuent de vouloir de cet autre mode de
vie ? Je prendrai volontairement un exemple extrême et absurde, parce
qu’il est proche du point de départ de notre réunion. Supposez qu’il y
ait des gens qui non seulement veulent de l’électricité, mais veulent
spécifiquement de l’électricité d’origine nucléaire. Vous leur offrez
toute l’électricité du monde, ils n’en veulent pas : ils veulent qu’elle
soit nucléaire. Tous les goûts sont dans la nature. Qu’est-ce que vous
direz dans un tel cas, qu’est-ce que nous dirons ? Nous dirons, je
suppose : il y a une décision majoritaire (du moins nous espérons
qu’elle le serait) qui interdit aux gens de satisfaire leur goût de se
fournir en électricité spécifiquement nucléaire. Exemple, encore une
fois, absurde - et facile à régler. Mais vous pouvez aisément imaginer
des milliers d’autres, qui ne sont ni absurdes ni faciles à régler. Car
ce qui est posé dans le mode de vie est finalement cette question :
jusqu’où peut aller le « droit » (la possibilité effective, légalement
et collectivement assurée) de chaque individu, de chaque groupe, de
chaque commune, de chaque nation d’agir comme il l’entend à partir du
moment où nous savons - nous le savions depuis toujours, mais l’écologie
nous le rappelle avec force - que nous sommes tous embarqués sur le
même rafiot planétaire, et que ce que chacun fait peut se répercuter sur
tous ? La question de l’autogouvernement, de l’autonomie de la société
est aussi la question de l’autolimitation de la société. Autolimitation
qui a deux versants : la limitation par la société de ce qu’elle
considère comme les souhaits, tendances, actes, etc., inacceptables de
telle ou telle partie de ses membres ; mais aussi, autolimitation de la
société elle-même dans la réglementation, la régulation, la législation
qu’elle exerce sur ses membres. Le problème positif et substantif du
droit c’est de pouvoir concevoir une société qui à la fois est fondée
sur des règles universelles substantives (l’interdiction du meurtre
n’est pas une règle « formelle » et en même temps est compatible avec la
plus grande diversité possible de création culturelle et donc aussi de
modes de vie et de systèmes de besoins (je ne parle pas du folklore pour
touristes). Et cette synthèse, cette conciliation nous ne pouvons pas
la sortir de notre tête. Et si nous la sortions, cela ne servirait à
rien. Elle sortira de la société elle-même, ou elle ne sortira pas.<br />
Reconnaître cette limite à la pensée et à l’action politiques, c’est
s’interdire de refaire le travail des philosophes politiques du passé,
se substituant à la société et décidant, comme Platon et même Aristote,
que telle gamme musicale est bonne pour l’éducation des jeunes, tandis
que telle autre est mauvaise et doit donc être interdite dans la cité.
Cela n’implique nullement que nous renoncions à notre propre pensée, à
notre propre action, à notre point de vue, ni que nous acceptions
aveuglément et religieusement tout ce que la société et l’histoire
peuvent produire. C’est finalement encore un point de vue abstrait de
philosophe qui amène Marx à décider (car c’est lui qui le décide) que ce
que l’histoire décidera ou a déjà décidé est bon. (L’histoire a presque
décidé pour le Goulag.) Nous maintenons notre responsabilité, notre
jugement, notre pensée et notre action, mais nous en reconnaissons aussi
la limite. Et reconnaître cette limite, c’est donner son plein contenu à
ce que nous disons sur le fond, à savoir qu’une politique
révolutionnaire aujourd’hui est en premier lieu et avant tout la
reconnaissance de l’autonomie des gens, c’est-à-dire la reconnaissance
de la société elle-même comme source ultime de création
institutionnelle.<br />
(<i>applaudissements</i>).<br />
<b>Collectif Lieux Communs </b></div>
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Commentaires
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<b>
</b></div>
<b>
</b><div class="cartouche_simple">
<div class="crayon forum-titre-10 titre">
<b>Débat entre Cornélius CASTORIADIS et Dany COHN-BENDIT à Louvain-la-neuve le 27 février 1980 </b></div>
<b>
vendredi 6 juin 2008
à 11h31
- par Benoit Lechat
</b></div>
<div class="crayon forum-texte-10 texte">
Bonjour,
en googlant j’ai découvert votre retranscription de l’intervention de
Castor à laquelle j’ai personnellement assisté en février 1980. J’avais
également effectué un enregistrement que j’ai mis en ligne sur le site
du centre pour lequel je travaille
<a class="spip_out" href="http://www.etopia.be/" rel="external" target="_blank">www.etopia.be</a> .
Mercredi, nous avons organisé un débat avec Dany Cohn-Bendit à Bruxelles (400 personnes) et nous avons repassé
un extrait de la conférence de Castor.
l’intérêt est vif surtout auprès des plus jeunes qui ne connaissent pas Castoriadis.
Nous souhaiterions donc pouvoir diffuser votre retranscription sur notre site. Il va de soi que nous citerions la référence.
Encore une question : d’où tenez-vous l’enregistrement ?
Un tout grand merci d’avance
Bien cordialement,
Benoît Lechat</div>
Médias Citoyens Dioishttp://www.blogger.com/profile/06769203187523772866noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-995174148176424425.post-72204462198234233522014-04-13T02:41:00.001-07:002014-04-13T02:41:14.993-07:00Débat : machines aliénantes ou libératrices ?<!--[if gte mso 9]><xml>
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<br />
<div class="MsoNormal">
<a href="http://2.bp.blogspot.com/-6YUPd1PJxy4/U0pZ0zLQCqI/AAAAAAAAX60/4jAoRWOwEe8/s1600/technocritiques-b4579.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="http://2.bp.blogspot.com/-6YUPd1PJxy4/U0pZ0zLQCqI/AAAAAAAAX60/4jAoRWOwEe8/s1600/technocritiques-b4579.jpg" height="400" width="257" /></a><b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: Verdana;">La rage contre la machine</span></b></div>
<div class="MsoNormal">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: Verdana;">« La pente naturelle de la machine consiste à
rendre impossible toute vie humaine authentique » (Orwell)</span></b></div>
<div class="MsoNormal">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: Verdana;">Osez critiquer publiquement la technologie et vous
vous retrouverez qualifié d’obscurantiste, de nostalgique de la bougie et de
l’âge des cavernes, d’antihumaniste, voire de pétainiste nostalgique du
« retour à la terre ».</span></b><span style="font-family: Verdana;">
Le philosophe Günter Anders prédisait « une mort intellectuelle, sociale
ou médiatique » à ceux qui encourent ce risque. <b style="mso-bidi-font-weight: normal;">Or force est de constater que la technocratie qui règne sur le monde,
dédiée intégralement à l’efficacité, a effectivement à voir avec un processus
de domination totalitaire auquel l’homme est sans cesse condamné à s’adapter.
Dans un ouvrage synthétique, intitulé : « Technocritiques, du refus
des machines à la contestation des technosciences » (éditions La
Découverte, 2014), l’historien François Jarrige retrace le fil politique des
oppositions sociales et intellectuelles aux changements techniques.</b></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana;">On y croise luddites et
paysans réfractaires, mais aussi un Rousseau qui refuse de croire en la
libération du travail par la technique et propose de « proscrire avec soin
toute machine qui peut abréger le travail » ; un Charles Fourier,
annonciateur du dérèglement climatique ; un Gandhi lecteur de William
Morris, John Ruskin et Tolstoï ; et aussi Jacques Ellul, les penseurs de
la décroissance ou encore les militants de Pièces et main-d’œuvre (PMO).</span></div>
<div class="MsoNormal">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: Verdana;">Discussion avec l’auteur autour de ces résistances
qui refusent d’abdiquer face à la captation du futur par la technique.</span></i></div>
<div class="MsoNormal">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: Verdana;">- Qu’est-ce qui t’a porté vers cet objet de
recherche ? </span></b></div>
<div class="MsoNormal">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: Verdana;">François Jarrige :</span></b><span style="font-family: Verdana;"> La question des oppositions et des résistances aux
changements techniques m’intéresse depuis longtemps. Ma thèse de doctorat
portait sur les ouvriers briseurs de machines au début du XIXe siècle. Comme
tout objet de recherche, le sujet du livre est au carrefour de plusieurs
influences scientifiques, universitaires ou plus personnelles. J’appartiens à
une génération née en même temps que le nouveau milieu technique qui émerge à
partir des années 1970 – modelé par l’informatique et les biotechnologies – or
la rapidité du processus et la prolifération des discours enthousiastes ne
cessent de m’intriguer.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana;">D’un point de vue
historiographique, je me place sous la tutelle de l’historien Edward P.
Thompson, c’est-à-dire celle d’une histoire sociale « par en bas »,
qui se veut compréhensive à l’égard des acteurs, qui essaye d’aller au-delà de
ce que Thompson appelait la « condescendance de la postérité » – ce
mépris que nous, qui pensons être au sommet de l’évolution, portons sur les
acteurs du passé. C’est aussi en m’intéressant aux travaux des
socio-anthropologues des techniques, comme Alain Gras, que j’ai commencé à
réfléchir à la façon dont les sociétés passées pensaient leur rapport aux
techniques. Les historiens, de manière générale, se désintéressent de ce
domaine, parce qu’il pèse dessus la méfiance associée au « déterminisme
technique », qui voudrait ramener toute explication de la société à la
technique qui dominerait tout. Or, je pense qu’on ne peut pas la mettre de
côté, car elle façonne, sans le déterminer entièrement, le champ des possibles
de nos actions, de notre rapport au monde.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: Verdana;">- Votre mise en perspective du rapport à la
technique nous fait saisir l’ancienneté du débat philosophique : l’homme
se sert-il de la machine ou sert-il la machine ? </span></b></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><a href="http://1.bp.blogspot.com/-yPGoagKwOUs/U0pZ8W6aFUI/AAAAAAAAX68/d76E44P6J6g/s1600/techniquesp10-usine-plonk-cqfd119-26c16.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="http://1.bp.blogspot.com/-yPGoagKwOUs/U0pZ8W6aFUI/AAAAAAAAX68/d76E44P6J6g/s1600/techniquesp10-usine-plonk-cqfd119-26c16.jpg" height="278" width="400" /></a></b></div>
<br />
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana;">Je crois qu’il y a un
problème dans le discours philosophique sur la technique, c’est qu’il en fait
une abstraction, détachée des rapports sociaux, beaucoup de penseurs ont
élaboré une ontologie de la technique en lien avec une réflexion sur la nature
de l’homme. Dans mon livre, j’ai plutôt essayé de relier les discours et
actions critiques à leur époque. Le rôle qu’on accorde à la technique, comme le
langage pour désigner ce qu’on appelle aujourd’hui technique, ne sont pas des
invariants historiques. Ainsi le terme « technique » comme catégorie
abstraite, tel qu’on l’entend aujourd’hui, n’émerge qu’au XVIIIe siècle.
Étymologiquement, la technique désigne l’art et « l’habileté à faire
quelque chose », mais ce n’est qu’au XIXe siècle qu’apparaissent
réellement les significations actuelles associant la technique à l’activité
productive et à la manipulation de l’environnement. Les termes
« machine » et « machinisme » envahissent le discours au
XIXe siècle. Après 1945, la notion de machine ne suffit plus pour désigner la
prolifération des objets et des produits industriels, donc on a forgé le
néologisme « technoscience », c’est-à-dire un nouveau stade de la
technique, qui ferait alliance avec les dispositifs de la science, des
laboratoires et de l’industrie. Donc, je ne me situe pas dans une dialectique
générale d’opposition pure entre l’homme et la machine. Même chez Ellul, ce qui
est contesté en premier lieu, c’est la technique moderne, fabriquée par le
grand capitalisme et sa sacralisation. J’essaie de décrire comment des acteurs
sociaux, paysans ou ouvriers, et des intellectuels ont protesté contre des
trajectoires techniques, parce qu’ils y voyaient d’abord des formes d’exploitation,
d’inégalités, de remises en cause de leur mode de vie, de dangers pour
l’environnement.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: Verdana;">- D’ailleurs vous<span style="mso-spacerun: yes;">
</span>nuancez l’idée reçue sur le mouvement luddite considéré comme une révolte
contre la mécanisation. Vous <span style="mso-spacerun: yes;"> </span>écrivez :
« Les travailleurs des débuts de l’ère industrielle ne se sont pas opposés
au machinisme naissant au nom d’une supposée misotechnie ou d’un refus
obscurantiste du progrès, ils se sont opposés à des “trajectoires
technologiques” qui menaçaient d’accentuer la discipline et d’éroder le contrôle
qu’ils détenaient sur leur savoir-faire et sur l’organisation du
travail. »</span></b></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana;">Le cas des luddites, ce
mouvement de briseurs de machines anglais des années 1811-1812, a frappé les
contemporains qui voyaient dans la « révolution industrielle » une
promesse considérable en termes de libération de la productivité. En réalité,
c’est un phénomène complexe qui s’inscrit dans un contexte social de crise
frumentaire, de hausse du chômage, de lois répressives, etc. Alors que les
industriels cherchaient à discipliner la main-d’œuvre, la machine devient un
symbole de cette lutte. De même, le monde agricole du XIXe siècle a été
structurellement récalcitrant à toute une série d’innovations, y compris pour
des outils aussi simples que la faux, qui mit du temps à remplacer la faucille.
Cette opposition des paysans a été interprétée comme une réaction de
« routine instinctive », de conservatisme atavique de paysans
arriérés. Or, si on s’intéresse au contexte social, à l’organisation du travail
et à la sociabilité des campagnes, on s’aperçoit qu’ils avaient d’excellentes
raisons de protester. Mais ces raisons n’étaient pas prises en compte par ceux
qui avaient le monopole de la parole dans l’espace public, qu’ils soient
experts ou observateurs sociaux. Aujourd’hui encore, dans les théories du
management, on mobilise le terme de « routine » pour désigner le
conservatisme à l’égard de toute « modernisation » ou modification
des pratiques de travail. Avec ce type de vocabulaire, on n’explique rien sauf à
vouloir délégitimer la défense de modes de vie éminemment respectables au
demeurant.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: Verdana;">- D’ailleurs, vous constatez qu’au XIXe siècle, au
moment où les griefs s’accumulent contre les ravages de l’industrialisation,
les dégâts de la chimie, les accidents mécaniques, la dégradation de
l’environnement, « les nouvelles logiques industrielles tendent à
acclimater les dangers en les rendant acceptables au nom du progrès de la
nation ». </span></b></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><a href="http://3.bp.blogspot.com/-EAS_pP86osI/U0paM5QcOaI/AAAAAAAAX7E/OLSL2-yYKVs/s1600/techniquesp10-luddites-b0718.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="http://3.bp.blogspot.com/-EAS_pP86osI/U0paM5QcOaI/AAAAAAAAX7E/OLSL2-yYKVs/s1600/techniquesp10-luddites-b0718.jpg" height="351" width="400" /></a></b></div>
<br />
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana;">Le thème du risque, qu’on
pense être une notion récente, est présent dès le début du XIXe siècle, comme
l’ont montré notamment les historiens Jean-Baptiste Fressoz ou Thomas Le Roux.
Contrairement à la vision dominante, et rassurante, selon laquelle notre monde
serait enfin devenu conscient de ses dérives et de ses fragilités, notamment à
l’égard des ravages des choix techniques passés, l’histoire montre plutôt une
technicisation croissante en dépit des multiples critiques et mises en garde,
toujours repoussées comme catastrophistes ou trop pessimistes. Il a existé de
multiples façons d’acclimater les technologies dangereuses et contestées depuis
deux siècles en dépit de la conscience de leur risque. En France, le décret de
1810 crée par exemple le cadre législatif autorisant l’installation
administrative d’entreprises polluantes. Vers 1840, face aux critiques qui
mettaient en cause les procédés de fabrication dangereux et insalubres pour la
santé des ouvriers, les hygiénistes expliquaient que c’était d’abord le mode de
vie des classes populaires, l’alcoolisme, etc. qui étaient les vraies causes
des maladies. Ainsi, il fallait moraliser le peuple plutôt que transformer
l’appareil de production. Ce que la sociologue Sezin Topçu, qui a étudié les
contestations du nucléaire, appelle le « gouvernement de la
critique » n’a cessé d’accompagner les trajectoires techniques dangereuses
depuis deux siècles. Les critiques et les opposants n’ont cessé d’être
repoussés au moyen de multiples instruments policiers, juridiques ou
discursifs ; d’être peints comme de dangereux technophobes nostalgiques et
frileux, là où les promoteurs des dernières technologies sont décrits
immanquablement comme des héros apportant le « progrès ».</span></div>
<div class="MsoNormal">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: Verdana;">- Lors des émeutes de Roubaix en mars 1867, 20 000
tisserands se soulèvent contre l’arrivée de métiers perfectionnés – qui
réduisaient la main-d’œuvre, augmentaient les cadences, diminuaient les
salaires et introduisaient un règlement disciplinaire et un système d’amendes
–, les membres de l’Internationale les exhortent à respecter les
machines : « Ouvriers de Roubaix, quels que soient vos justes griefs,
rien ne peut justifier les actes de destruction dont vous vous êtes rendus
coupables. Songez que la machine, instrument de travail, doit vous être
sacrée ; songez que de pareilles violences compromettent votre cause et
celle de tous les travailleurs. » D’une manière générale, peut-on dire que
le mouvement ouvrier organisé a plutôt</span></b><span style="font-family: Verdana;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;">accompagné le progrès industriel et
technologique ?</b> </span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana;">Il faut distinguer les
acteurs ordinaires, les ouvriers d’en bas, et les discours émanant de leurs
porte-parole et des organisations socialistes et syndicales. La critique des
machines qui était très large au début du XIXe siècle a peu à peu été
marginalisée comme un type de critique sociale illégitime. Une des nombreuses
raisons est la quête de respectabilité du mouvement ouvrier naissant. Lorsque
les membres de l’AIT [<a href="http://cqfd-journal.org/La-pente-naturelle-de-la-machine#nb1" title="Association internationale des travailleurs.">1</a>] disent aux ouvriers
« Ne cassez pas les machines ! », c’est en fait un message
adressé à la bourgeoisie pour dire « nous sommes responsables et nous
sommes vos interlocuteurs ». Pour autant la critique de la technologie est
omniprésente dans le mouvement ouvrier et dans les conflits à la base. Mais ce
qui est d’abord condamné, ce sont les usages capitalistes de la machine. L’idée
qui va s’imposer chez les socialistes et ailleurs, c’est que la technique est
neutre et que seules comptent les conditions sociales de son utilisation. L’un
des grands arguments du syndicalisme, c’est de vouloir mettre la machine et les
progrès techniques, non plus au service du profit et du patronat, mais au
service de l’émancipation et de la collectivité. À cet égard, le mouvement
syndical a co-construit le monde industriel, et on peut dire qu’il est parvenu
au XXe siècle à modeler certaines conditions d’utilisation des techniques en
permettant d’en atténuer les dangers dans un certain nombre de cas : mises
en place de normes, de règles de travail, de protection. Mais le contrecoup de
cela, c’est la dépolitisation de l’objet technique, ramenée à une sorte d’angle
mort de la réflexion.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: Verdana;">- Cela explique en partie la difficulté de
catégorisation politique des « technocritiques » ?</span></b></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><a href="http://4.bp.blogspot.com/-1ujd8pcTFfw/U0paYNxB5UI/AAAAAAAAX7M/UP_FEpcGZe4/s1600/techniques4p10-plonk--timbreur-timbre_-8951f.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="http://4.bp.blogspot.com/-1ujd8pcTFfw/U0paYNxB5UI/AAAAAAAAX7M/UP_FEpcGZe4/s1600/techniques4p10-plonk--timbreur-timbre_-8951f.jpg" height="296" width="400" /></a></b></div>
<br />
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana;">En gros, la question qui
revient constamment est : « La technocritique est-elle réactionnaire
ou progressiste ? » Dans l’état du discours public et l’imaginaire
social actuel, poser la question c’est déjà considérer la critique des
techniques comme réactionnaire – reste à savoir ce que recouvre la notion très
problématique de « la réaction », qui est héritée de la lutte entre
l’Ancien Régime et la Révolution. Or, les discours technocritiques ont souvent
été portés par des discours émancipateurs et égalitaires. Il existe aussi des
penseurs traditionnalistes, catholiques, comme Louis Veuillot, qui avaient
horreur des machines, symboles de la modernité, de la même manière qu’ils
avaient en horreur la démocratie ou le prolétariat dans lesquels ils voyaient
la remise en cause de l’ordre ancien. Toutefois, le réel intérêt de penser la
technocritique, c’est de décaler le regard par rapport aux catégories
politiques classiques. On constate d’ailleurs aujourd’hui à quel point la
dialectique gauche-droite est simpliste, quand on voit la similitude entre les
politiques de gauche et de droite. À cet égard, l’avènement de l’écologie
politique a joué un rôle important comme reconfiguration du champ politique en
intégrant à la réflexion sociale une préoccupation environnementale – qui est
également très largement une question sociale. Par ailleurs, la montée de
l’écologie politique a contribué à repenser et à repolitiser la technique, avec
les débats dans les années 1970, portés par Ivan Illich ou Lewis Mumford [<a href="http://cqfd-journal.org/La-pente-naturelle-de-la-machine#nb2" title="Au sujet de Lewis Mumford, lire l’article de François Jarrige dans (...)">2</a>],
sur les technologies « alternatives » ou « douces »,
découplées des conditions capitalistes de production.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: Verdana;">- Pour revenir à l’apogée de l’idéologie de la
technoscience, le slogan de l’Exposition universelle de Chicago en 1933 :
« La science trouve, l’industrie applique, l’homme s’adapte</span></b><span style="font-family: Verdana;"> <b style="mso-bidi-font-weight: normal;">», ne
dit-il pas tout de l’aspect totalitaire de cette idéologie ?</b></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana;">Magnifique (rires). Les
années 1930 sont en effet un moment de cadrage modernisateur où la technologie
devient un ciment identitaire aux États-Unis, plus qu’en Europe, avec la
généralisation de l’automobile, la radio, les gratte-ciel, etc. Le mot
« machine » est omniprésent – Le Corbusier parle des « machines
à habiter » pour qualifier son projet architectural, on pense au film de
Chaplin Les Temps modernes, etc. –, c’est aussi un moment de remise en cause
radicale du monde industriel et technologique. On trouve donc cette remise en
cause chez des penseurs comme Simone Weil ou George Orwell qui affirmait à
cette époque que « la pente naturelle de la machine consiste à rendre
impossible toute vie humaine authentique ». La grande crise de 1929 va
contribuer à cette défiance vis-à-vis de la promesse d’abondance sur laquelle
repose la technologie. Les deux guerres mondiales vont être interprétées aussi
comme de formidables moments de démesure technologique : la première
guerre mondiale impulse les avions, l’artillerie lourde, la chimie, l’industrie
des transports, etc. En réaction les discours des entrepreneurs de technologies
affirment que s’il y a crise c’est que la société ne s’adapte pas assez vite.
D’une certaine manière la psychologie et les sciences sociales vont être mises
au service de cette adaptation. On affirme que la technique est neutre et
inéluctable, qu’il ne s’agit pas d’adapter la technique aux hommes mais
d’adapter les hommes à la technique.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: Verdana;">- Vous<span style="mso-spacerun: yes;">
</span>parliez d’Orwell, on pourrait aussi voir dans les récits dystopiques des
prophéties apocalyptiques qui contribuent à démoraliser les derniers espoirs
d’émancipation.</span></b></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><a href="http://2.bp.blogspot.com/-ypzAjp6F53A/U0pbnGbBzLI/AAAAAAAAX7Y/4CFJVBhRAcY/s1600/autotoutes1.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="http://2.bp.blogspot.com/-ypzAjp6F53A/U0pbnGbBzLI/AAAAAAAAX7Y/4CFJVBhRAcY/s1600/autotoutes1.jpg" height="273" width="400" /></a></b></div>
<br />
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana;">Le discours apocalyptique
de la perte de contrôle sur la technologie est un thème structurant de la
technocritique ; il apparaît dès le milieu du XIXe siècle. Je vois dans
cette tradition littéraire pessimiste une sorte de sidération face au devenir
du monde, même si les auteurs sont très divers, ils agissent comme des lanceurs
d’alerte. Leur fonction est justement d’être le miroir inversé des discours
technoprophétiques qui, eux, apparaissent normaux et légitimes. Depuis le
milieu du XIXe siècle, on investit la technique – le train, le télégraphe,
l’automobile, le nucléaire, les OGM, le numérique – des mêmes possibilités
formidables : la paix dans le monde, la disparition de la faim, l’entente
universelle, etc. Et aujourd’hui, cette propagande est omniprésente dans la
pub, dans les médias, dans le discours marketing comme dans le discours
politique. La technologie reste fascinante pour les hommes politiques car elle
leur permet d’éviter de penser ! Il suffit de s’en remettre aux promesses
de la technologie : on va équiper toutes les écoles en tablettes et il n’y
aura plus besoin de penser la crise de l’école.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: Verdana;">- À l’ère de la consommation de masse, la
technologie s’est introduite de façon tentaculaire et à un rythme inédit dans
tous les espaces de la vie sociale. Günter Anders disait que la « grève
privée » ne changera rien à la colonisation par des faux besoins
technologiques, dont on se passait merveilleusement il y a vingt ans…</span></b></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana;">C’est une manière de poser
une question centrale aujourd’hui : où se situent les formes de résistance
collective ? D’une certaine manière, le syndicalisme a été une force
historique – certes imparfaite et inaboutie – de négociation et de façonnement
des trajectoires techniques. Aujourd’hui il y a tout un courant sur la
déconnexion volontaire face à la saturation du numérique. Dans la perspective
d’Anders, ce genre d’action individuelle, c’est du pipeau. C’est au contraire
une manière de dire : regardez, vous avez le choix de vous connecter ou pas.
Toujours le thème de la neutralité ou du mésusage des techniques. De même à la
croyance des hackers en leur capacité à subvertir la technique, on opposera
facilement l’argument qu’il faut être soi-même un formidable technicien. Or,
même si l’on vit dans un monde hypertechnologique, c’est aussi un monde où la
plupart des gens ne maîtrisent pas la technique. Évidemment, on n’a pas le
choix ! Car la technologie façonne le monde et ses trajectoires sont
modelées plus que jamais par des intérêts économiques et politiques
gigantesques et hyper-concentrés. On est dans un processus d’adaptation massive
à un rythme accéléré. Aujourd’hui, dans un cadre mondialisé, il n’y a plus
d’espace politique d’intervention possible, d’autant que tous les pouvoirs –
l’État ou les institutions internationales – s’en remettent à la technologie
comme solution à tous nos problèmes. A contrario, un des arguments majeurs de
la technocritique actuelle, à l’ère de l’anthropocène, c’est justement la mise
en avant des limites environnementales aux trajectoires technologiques en
cours, comme le numérique, qui demandent une mobilisation de matières premières
et d’énergies considérables.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: Verdana;">- Paradoxalement, le discours actuel prétend que la
société technicienne est une société extrêmement fragile et vulnérable,
sentiment renforcé par la notion de risque et le principe de précaution.</span></b></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana;">Depuis une trentaine
d’années, les mobilisations qui mettent la technoscience au cœur de leur lutte
tendent à s’accroître : opposition à de grands projets industriels, lutte
anti-OGM, refus des technologies sécuritaires, etc. Ce ne sont pas des
mouvements « technophobes » stricto sensu et ils peuvent rassembler
des éléments très hétéroclites : des militants politiques, des riverains
contre les nuisances (pollution, risques) ou des mouvements plus professionnels
(éleveurs contre le puçage de leurs brebis). Ces luttes s’accompagnent d’une
remise en cause de la figure de l’expert et du technicien, d’où l’inquiétude
des autorités scientifiques, industrielles et politiques. C’est fascinant de
constater à quel point ces pouvoirs gigantesques s’inquiètent de l’influence de
groupes technocritiques marginaux. Certains ont été jusqu’à se fendre récemment
d’une tribune pour se plaindre de l’opposition grandissante de la société française
aux technologies [<a href="http://cqfd-journal.org/La-pente-naturelle-de-la-machine#nb3" title="Cf. « La France a besoin de scientifiques techniciens » par Robert Badinter, (...)">3</a>].
Alors que dans les faits la critique de la technoscience se heurte
immédiatement à la disqualification et à la répression avec tout le discours
sur l’écoterrorisme. On construit un spectre : le technophobe qui
menacerait la civilisation. Parallèlement, les États essaient de multiplier les
dispositifs d’acceptabilité des produits technologiques. Cela confirme à mon
sens la démonstration que la technique est intégralement un phénomène
politique.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: Verdana;">Notes</span></b></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana;">[<a href="http://cqfd-journal.org/La-pente-naturelle-de-la-machine#nh1" title="Notes 1">1</a>] Association internationale des travailleurs.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana;">[<a href="http://cqfd-journal.org/La-pente-naturelle-de-la-machine#nh2" title="Notes 2">2</a>] Au sujet de Lewis Mumford, lire l’article de
François Jarrige dans <a href="http://www.lechappee.org/radicalite">Radicalité</a>,
20 penseurs vraiment critiques, L’échappée, 2013.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana;">[<a href="http://cqfd-journal.org/La-pente-naturelle-de-la-machine#nh3" title="Notes 3">3</a>] Cf. « La France a besoin de scientifiques
techniciens » par Robert Badinter, Jean-Pierre Chevènement, Alain Juppé et
Michel Rocard, Libération, 14 octobre 2013.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<a href="https://www.blogger.com/null" name="forum"></a><span style="mso-bookmark: forum;"></span><span style="font-family: Verdana;"></span></div>
Médias Citoyens Dioishttp://www.blogger.com/profile/06769203187523772866noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-995174148176424425.post-58020796964844474482014-04-12T10:26:00.002-07:002014-04-12T10:26:56.865-07:00Les menteurs de l'histoire...<h1>
<span style="font-weight: normal;">Les négationnistes, ces «incendiaires de la mémoire»</span></h1>
<div class="royalSlider img-main rsAutoHeight rsHor rsWithBullets" style="height: 413.012px;">
<div class="rsOverflow" style="cursor: grab; height: 414px; transition: height 600ms ease-in-out 0s; width: 620px;">
<div class="rsContainer" style="transform: translate3d(0px, 0px, 0px); transition-duration: 0s;">
<div class="rsSlide " style="left: 0px;">
<figure style="opacity: 1; text-align: center; transition: opacity 400ms ease-in-out 0s; visibility: visible;">
<figcaption class="pop rsABlock" style="display: block; opacity: 1; transform: translate3d(0px, 0px, 0px); transition-duration: 400ms; transition-property: -moz-transform, opacity; transition-timing-function: cubic-bezier(0.39, 0.575, 0.565, 1);">Les déclarations du négationniste Robert Faurisson dans «L'Express». </figcaption><img class="rsImg rsMainSlideImage" src="http://www.laliberte.ch/media/laliberte/image/3/normal/2014._histoire_vivante__les_incendiaires_de_la_memoire-154717.jpg" style="height: 414px; margin-left: 0px; margin-top: -1px; width: 620px;" />
</figure></div>
</div>
</div>
</div>
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</a>
<a class="atc_s addthis_button_compact" href="https://www.blogger.com/null"><span></span></a>
</div>
<span class="date"></span><br />
<strong></strong><br />
<strong>Le terme
«négationnisme» faisait au départ référence à la négation de la Shoah.
Par extension, il a été utilisé pour la négation du génocide des
Arméniens et celui des Tutsi. Avec ce constat: dès son commencement, le
génocide porte les germes du négationnisme. Explication du phénomène
avec une spécialiste de la Shoah et de son négationnisme.</strong><br />
<strong>
</strong>
Un peu plus d’un million d’Arméniens
liquidés en 1915 et 1916, entre 5 et 6 millions de juifs exterminés
durant la Seconde Guerre mondiale, plus de 800'000 Tutsi massacrés au
Rwanda il y a vingt ans: au cours du XXe siècle, trois génocides ont été
officiellement reconnus. Mais il est encore des hommes qui nient les
faits.<br />
RTS revient sur les «incendiaires de la mémoire», ces négationnistes qui
composent la face cachée des génocides. Docteure en histoire, Stéphanie
Courouble Share est une spécialiste de la question, tout
particulièrement de la négation de la Shoah. Jointe en Israël, où elle
vit, la Franco-Israélienne apporte son éclairage.<br />
<strong>- Le métier d’historien implique une remise en question
constante. Jusqu’à quel point un chercheur peut-il avancer dans la
connaissance sans pour autant tomber dans le négationnisme?</strong><br />
<strong>Stéphanie Share: </strong>L’Histoire est une discipline
complexe. L’historien travaille sur des documents en constante
évolution. Il est ainsi perpétuellement dans la critique et la révision
des événements. Observant un contexte, il écrit l’histoire avec une
mosaïque de documents. C’est pour cette raison que l’historien tend vers
la vérité, mais ne prétend jamais l’atteindre. Les négationnistes
jouent avec cette complexité, ils nient l’authenticité des documents
historiques en notre possession, donnent une fausse interprétation
d’autres documents et construisent une histoire fictive.<br />
Ils utilisent aussi la fragilité des témoignages; ou celle des
images, en jouant sur le trucage. Enfin, il y a les notions de rumeurs
et de mythes. L’historien doit toujours les gérer. Mais les
négationnistes les utilisent à leur escient. Par exemple, la rumeur du
savon fabriqué avec de la graisse humaine durant la Seconde Guerre
mondiale est restée longtemps dans l’espace public. Les négationnistes
affirment que si la rumeur du savon existe, celle des chambres à gaz
aussi.<br />
<strong>- Le fait qu’une thèse négationniste surgisse ne reflète-t-il pas la faillite de l’historien?</strong><br />
L’historien a toujours dû composer avec les lacunes de l’Histoire. Et
ces lacunes ont été utilisées par les négationnistes. De plus,
l’historien est tributaire de l’ouverture des archives et de la gestion
de cette mémoire par le politique. Pour le génocide des juifs, son
histoire n’était pas encore écrite - et elle est toujours en évolution -
que les négationnistes étaient déjà à la nier.<br />
Dans les années 1950-60, les historiens, comme les dirigeants de la
communauté juive, pensaient qu’il ne fallait pas réagir à leurs propos.
Mais plus les négationnistes s’imposaient dans l’espace public, plus ils
niaient des documents, plus les historiens pensaient qu’il fallait
répondre. Nous sommes donc entrés de plus en plus dans les détails pour
les contrer. C’est ainsi, il faut le dire, que les négationnistes ont
donné une impulsion à l’étude du génocide.<br />
<strong>- Et le rôle des médias dans ce combat?</strong><br />
A la fin des années 1970, les historiens ont organisé de nombreuses
conférences internationales pour répondre aux propos des négationnistes.
Mais ils ont été peu médiatisés. La presse préférait donner la parole à
un intellectuel qui nie les chambres à gaz, c’est plus «intéressant».
Ainsi en 1979, le négationniste français Robert Faurisson a-t-il pu
publier un article entièrement libre dans «Le Monde»! Ça a été
interprété par les négationnistes - qui, par ailleurs, cultivent la
paranoïa en affirmant qu’on ne leur donne jamais la parole - comme une
victoire.<br />
De plus, on qualifie régulièrement Robert Faurisson d’historien. Il
ne l’est pas! Il faut plus de vigilance. Les médias ont aussi cherché à
confronter historiens et négationnistes au travers de débats. Or un
astrologue ne discute pas avec un astronome. Il n’y a pas de possibilité
de débats entre eux. Toutefois, les choses ont changé: la société
médiatique a évolué. Les mises en procès contre les négationnistes ont
accordé une place plus importante à l’historien.<br />
<strong>- Qu’ont donc à gagner les négationnistes?</strong><br />
Leur combat est idéologique. Avec le génocide des juifs, on a des
nazis qui entendent cacher leur crime. Un combat repris ensuite par les
néonazis. Ils veulent déculpabiliser Hitler et le nazisme. Ils ont
besoin de nier l’énorme machine d’extermination, en affirmant que les
victimes juives sont moins nombreuses qu’on le dit; qu’elles sont mortes
à cause des maladies, à cause de la guerre. Mais pas à cause des
chambres à gaz. Ils prétendent que les juifs ayant survécu sont plus
nombreux qu’on le croit. L’indemnisation qu’on leur a donnée en a fait
des gens encore plus riches. On tombe dans un antisémitisme pur et dur.
Puis dans l’antisionisme: Israël profite de ce mensonge pour imposer un
Etat sur le dos des Palestiniens…<br />
<strong>- A quel instant s’arrête la liberté d’expression?</strong><br />
Chaque pays a des lois différentes. Au Etats-Unis, la liberté
d’expression est totale. Un négationniste a le droit de s’exprimer dans
la presse sans pour autant risquer un procès. En Europe, un
négationniste peut difficilement s’exprimer car il se heurte à des lois
contre l’antisémitisme ou contre le négationnisme, imposées à partir des
années 1990.<br />
En Allemagne par exemple, depuis les années 1980, la loi est très
vigilante par rapport au négationnisme. Il me semble que dès le moment
où il y a offense à des déportés, à des familles de déportés, dès le
moment où il y a antisémitisme, dès le moment où cela va entraîner une
certaine violence dans la société, pourquoi ne pas appliquer la loi?<br />
<strong>- Quels risques les thèses négationnistes font-elles peser sur la société?</strong><br />
Un négationniste ne détruira pas l’Histoire. Ce qu’il détruit, c’est
la mémoire. Encore une fois, c’est une offense aux déportés, que l’on
fait passer pour des menteurs, c’est un discours de haine. Ce qui peut
conduire à la violence. C’est là qu’il faut faire attention, car il y a
une influence sur les jeunes générations. Je remarque que depuis
quelques années, les propos négationnistes prennent beaucoup plus
d’ampleur.<br />
J’interviens auprès de professeurs francophones de France et de
Belgique à l’Ecole internationale pour l’étude de la Shoah à Yad Vashem:
j’observe que certains enseignants se trouvent désarmés vis-à-vis des
propos négationnistes de leurs étudiants. Ils se permettent plus
aisément des propos antisémites. L’effet Dieudonné a beaucoup joué. Les
professeurs sont de plus en plus désarçonnés. Ils ne savent pas comment
répondre à une telle haine.<br />
<strong>- Comment combattre le phénomène?</strong><br />
La meilleure façon reste l’enseignement. L’enseignement de l’Histoire
bien évidemment, mais aussi l’enseignement du négationnisme: faire
comprendre à ces jeunes qu’ils sont devant des personnes qui cultivent
des liens avec des mouvements extrémistes. Et que cela menace le
bien-vivre ensemble. Je crois également aux études comparées pour
sensibiliser toutes les histoires. Par exemple: demander aux élèves
d’origine algérienne comment ils réagiraient si on leur disait que la
guerre d’Algérie n’a pas eu lieu.<br />
<strong>- Quel est votre lien avec la Shoah?</strong><br />
Mon grand-père hongrois, Joseph Guttmann, était un ancien déporté.
Effectivement, je pense qu’on ne peut pas s’intéresser à un sujet tel
que le négationnisme sans avoir une histoire de famille à comprendre, à
expliquer. Mon grand-père n’a jamais parlé de ce qu’il a vécu. Il a
perdu sa première femme, ses parents, son premier fils dans les camps.<br />
Mon travail en tant qu’historienne est une manière de défendre sa
mémoire. Après des années sur le sujet, je suis comme un médecin qui
voit du sang tous les jours. Je suis entièrement insensible aux propos
négationnistes. Je les étudie comme un médecin va étudier un corps.<br />
<h1>
Le paradoxe</h1>
<strong>De nombreux</strong> intellectuels cultivent les thèses
négationnistes. Impensable? «Un intellectuel n’est pas dénué
d’idéologie, éclaire Stéphanie Share. Quant aux autres, sans idéologie,
je pense qu’ils sont convaincus par leurs propos. Beaucoup de ces
intellectuels sont aussi issus de mouvements de pensées comme le
libertarianisme aux Etats-Unis, qui refuse la vision manichéenne de
l’Histoire: il va dire qu’il y a autant de crimes commis par les alliés
que par les nazis.» La plupart de ses membres sont historiens à la base.
Certains vont peu à peu dévier vers le négationnisme et vers
l’antisémitisme.<br />
En France, on trouve le mouvement libertaire, d’ultra-gauche. Pour ce
mouvement, l’opposition entre le fascisme et la démocratie, symbolisée
par Auschwitz, est fictive. Il lui faut donc réduire ce support. «Dans
la logique marxiste du mouvement libertaire, Auschwitz est un alibi pour
rattacher les travailleurs à la démocratie, et les empêcher ainsi de
faire la révolution», indique Stéphanie Share.<br />
«Dans sa logique toujours, il est impossible que le capitaliste nazi
ait tué une force de travail durant la guerre.» Ainsi, on est en
présence d’un paradoxe qui réunit différents mouvements - de l’extrême
gauche à l’extrême droite - dans un même refus. Le négationnisme s’est
également installé dans les pays arabes. Depuis les années 2000, l’Iran
apporte son soutien officiel au négationnisme.<br />
<h1>
Des déportés le disaient: «Ils ne me croiront pas!»</h1>
Comme l’Histoire, le génocide est complexe. Stéphanie Courouble Share
se réfère à Catherine Coquio, professeure en France et présidente d’une
association sur la recherche sur le génocide. «Elle analyse que chaque
génocide a le même problème: écrire son histoire. Elle explique ainsi
que tous les génocides deviennent des non-événements, puisqu’il y a la
négation des témoins, la négation des criminels, la destruction des
preuves.»<br />
Pour Catherine Coquio, l’historien se retrouve dans des difficultés
qu’il ne rencontre pas avec d’autres événements historiques. Il doit
alors se rattacher au travail du juge, des procès qui s’ensuivent, pour
établir sa lecture de l’histoire.<br />
On peut appliquer ce phénomène au génocide juif. «Il y a de
nombreuses difficultés à écrire l’histoire de ce génocide. Il y a des
implications politiques, qui ne facilitent pas son historicisation.
Surtout, comment croire à l’incroyable? Même les nazis le disaient:
c’est tellement incroyable que personne ne vous croira», rappelle
Stéphanie Share.<br />
<strong>Et de citer le poète</strong> Yitzahak Katznelson, qui avait
écrit en 1943, quelques mois avant sa mort dans le camp d’Auschwitz:
«Ils ne croiront pas. Ils ne croiront pas que la nation d’Hitler a
préparé et exécuté un massacre de sept millions d’âmes juives. Ils ne le
croiront pas - et pire. Ils feront semblant de croire au grand mensonge
que cette immonde nation a utilisé pendant la guerre: nous n’avons pas
tué les juifs. Les juifs sont morts sur le chemin des camps de
concentration. Ils sont morts parce qu’ils sont faibles […] Ils ont
fabriqué ces terribles mensonges pour les oreilles des nations qui les
ont combattus - comme une excuse, un prétexte, une autojustification.»<br />
<div style="text-align: left;">
<b>Propos reccueillis par Kessava Packiri</b></div>
Médias Citoyens Dioishttp://www.blogger.com/profile/06769203187523772866noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-995174148176424425.post-13366965182640505242014-02-28T12:32:00.000-08:002014-02-28T12:32:13.289-08:00Réflexion sur un tirage au sort dans le monde associtif comme plus démocratique...Ou pas !<!--[if !mso]>
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<br />
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<a href="http://3.bp.blogspot.com/-lPYw5PhkpaE/UxDuNg5xBrI/AAAAAAAAW_A/JPefK73fGeo/s1600/martial+christine+20100020.JPG" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="http://3.bp.blogspot.com/-lPYw5PhkpaE/UxDuNg5xBrI/AAAAAAAAW_A/JPefK73fGeo/s1600/martial+christine+20100020.JPG" height="223" width="400" /></a><b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="text-transform: uppercase;">Le tirage au sort dans la vie
associative </span></b></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
Ces pages sont consacrées à
l’examen de la proposition de Medhi Naïli visant l’attribution des
responsabilités de l’association Média Citoyen Diois par tirage au sort. Formulée
dans une intention démocratique et dans une association dédiée à l’information
locale, cette proposition s’inspire de l’idée qui fait son chemin de la
désignation des représentants politiques par tirage au sort. Néanmoins, il est
notable qu’elle reproduise pour<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>la vie
associative une réflexion sur la vie politique sans que ce qu’implique le
passage d’un domaine à un autre ne soit éclairé. Je n’ignore pas que Meddhi
Naïli n’a pas développé son point de vue et que s’il l’avait fait il ne
m’aurait pas donné l’occasion de m’attarder sur le problème soulevé. Je montre
qu’il existe une opposition décisive entre la vie politique et la vie
associative et je retourne le questionnement là où il devrait se poser.
J’attire pour cela l’attention sur le fait que la construction purement
technique d’un procédé d’élection conduit à perdre le sens même de la démocratie
et de la liberté. L’idée du tirage au sort des politiques qui a été formulée dès
l’Antiquité gréco-romaine touche la vie de la Cité, c'est-à-dire pour nous, à l’élection
des représentants à l’échelle nationale ou territoriale. A ma connaissance, les
théories politiques n’étendent pas cette technique élective à la vie associative.
Pourquoi ? Les raisons n’en ont pas été éclairées, c’est donc l’occasion
d’y réfléchir. </div>
- Lorsqu’elle est reprise par les
démocrates, l’élection par tirage au sort est associée à une compréhension du
sens et de la valeur de ce qui oriente la Cité. Elle exige cohérence et respect
de la Constitution qui est le cœur de la démocratie politique. Si ce n’était le
cas, la référence et le recours à cette technique électorale pourraient être
utilisées pour déstabiliser la démocratie au profit d’un pouvoir arbitraire. Si
la Constitution ne posait pas radicalement le caractère inaliénable des droits
et des libertés des individus et des groupes, aucune technique électorale ne
saurait garantir la vie collective de l’arbitraire et l’iniquité. Toute
constitution démocratique fait appel à un formalisme sourcilleux en matière de
procédures relatives à la sa révision. C’est qu’il est impossible de laisser le
premier venu s’emparer du pouvoir de décider des orientations
constitutionnelles et de les transformer à sa guise. Et c’est pourquoi quand
elles ont été réfléchies et votées les citoyens doivent s’y soumettre et
respecter les procédures extraordinaires de révision.
<br />
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
- On comprend par analogie
pourquoi, dans une association, le<span style="mso-spacerun: yes;">
</span>recours à la technique<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>électorale
du tirage au sort ne saurait être décidée sans passer par une réflexion
profonde sur le sens et le bien fondé de cette mesure dans le contexte
associatif relativement aux orientations fondamentales établis dans ses
statuts. L’orientation fondamentale de Média Citoyen Diois vise à restituer la
multiplicité des formes de pensée et des formes de l’expérience dans la vie
locale dans l’information proposée. La question est de savoir si l’élection de
l’administrateur au tirage au sort soutien automatiquement les buts de
l’association en même temps que son fonctionnement démocratique. Dans quelle
mesure sommes-nous en droit d’appliquer à la vie associative les présupposés
que la réflexion politique en matière de démocratie. </div>
<h1>
<span style="font-size: 12.0pt;">1. L’opposition du politique et de
l’associatif</span></h1>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
- Il y a une différence
fondamentale entre la vie d’une nation ou d’une commune et la vie d’une
association. Les premières ont pour objet l’organisation pratique de la vie
collective dans sa globalité et doivent donc traiter aussi bien
d’élaboration et de l’application des lois, de la production économique, du
travail, des transports, de l’éducation et de l’enseignement, de la santé des
populations, de la protection de l’environnement, de l’habitat et de l’accès au
logement, des arts et de la culture… Les secondes se préoccupent d’un champ
particulier de l’activité humaine et lorsqu’elles touchent à la globalité, ce
ne peut être que par une vision philosophique. C’est aussi ce qui distingue
fondamentalement une association d’un parti politique qui a prétention à
orienter et à diriger la collectivité toute entière. Une association a un but
limité bien que ce but puisse convoquer une vision extrêmement large et ouverte
de la globalité. Par exemple une association peut poursuivre le soutien de la
richesse et la pluralité de la pensée à l’échelle locale, la sortie de
nucléaire au bénéfice du développement de toutes les énergies alternatives, le
développement des potentialités de l’enfance par la relation à toutes les
générations, la créativité fondamentale de la personne par une forme
particulière de pratique artistique comme la peinture, le théâtre ou la
musique. Dans chaque cas, elle mobilise l’énergie de personnes profondément
impliquées par la pensée du but et des formes d’action qui font sens pour
elles. Chaque personne authentiquement motivée est donc irremplaçable. Dans une
collectivité, les buts associatifs sont infinis de sorte qu’aucune personne
n’est de trop quand elle s'engage dans une direction bénéfice de la
collectivité. Or, la singularité des buts de chaque association est ce qui fait
la profonde complémentarité de l’ensemble des associations. C’est pourquoi le
tissu associatif<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>représente
littéralement la vie organique d’une communauté locale. </div>
- La totalité est embrassée par la
vie associative comme unité du divers. Elle n’est en rien inférieure à la
globalité revendiquée par un parti politique et qui, parfois, confine à la
pensée unique et à l’intolérance. Que le politique concerne la société globale
n’autorise aucun parti à prétendre contrôler une association qui agit dans un
champ limité de l’activité sociale. Il faut au contraire assumer pleinement le
fait suivant : la globalité de la vie associative est salutaire pour une
communauté. On peut facilement observer que les associations émergent là où la
vie collective et environnementale est dégradée. Et c’est leur mission que de
restaurer ce qui peut l’être et au mieux de ce qu’elles peuvent faire. Voilà
pourquoi la vie associative est indispensable. Sans elles, une infinité de
blessures sociales et de manques ne seraient pas mêmes diagnostiquées par les
institutions ou seraient ignorées comme inessentielles ou supportables. Ces
« questions sociales » prises en charge par les associations sont les
effets négatifs du caractère systématique de politiques qui se préoccupent
insuffisamment du feed-back de la vie sociale. Aussi, est-il indéniable que la
vie associative représente la conscience organique profonde d’une communauté et
la forme de régulation la mieux à même, par la finalité et l’expertise,
d’atteindre les causes profondes des maux sociaux et environnementaux.
<br />
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<b> <span style="font-size: 12.0pt;">2. La formation du tissu associatif </span></b>
</div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
- Lorsqu’une association participe
à la création de liens entre les associations locales, elle se décentre de son
activité pour considérer les buts de toutes les autres. C’est ainsi que la vie
associative prend progressivement une conscience plus large d’elle-même. Chaque
association peut ainsi entrer dans la danse à sa manière et de manière plus ou
moins ouverte. C’est ce que fait Média Citoyen Diois en développant des
relations avec des partenaires. Mais ces participations inter-associatives ne
seraient pas sans la solidité des relations interpersonnelles, voire des
amitiés tissées dans la longueur du temps. On voit bien que la question n’est
pas de savoir si les partenaires de notre association plaisent à Pierre ou à
Pauline. Ces liens reflètent l’orientation de l’association, son esprit. Ils ne
sont pas le fruit de décisions bureaucratiques, mais d’affinités nées de la
pratique sociale et vécues au fil des années au croisement des activités
multiples des membres actifs. Ils se sont crées, voilà tout et compte tenu de
ce que sont les hommes et les femmes à un moment donné et au cours du temps. <span style="mso-spacerun: yes;"> </span>
</div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
- Il faut donc en venir à
l’élémentaire : ces liens reposent sur la constitution du tissu associatif
sur le territoire. C’est le fait que chaque association à une conscience élevée
de la signification de son action particulière dans un champ particulier qui
lui fait pressentir sous des angles divers l’importance de cette forme de
fédération que l’on appelle partenariat, réseau etc… Les liens émergent de
manière formelle ou informelle et la seconde n’est pas moins bénéfique pour la
vie collective que la première. Ces deux modes ne s’opposent pas. Loin de
signifier une hiérarchie, ils coexistent en complémentarité. Mais celui qui
ouvre les yeux trouvera que dans le domaine associatif les partenariats crées
sont naturellement associatifs. Cela signifie qu’ils ne sont pas d’ordre
politique et il est naturel que Média Citoyen Diois fasse de ce trait vertu. L’association
cherche se relier de manière privilégiée à des partenaires associatifs et non à
des partenaires politiques. Ce n’est pas mépris du politique, mais fidélité à
un principe qui appelle à privilégier les liens associatifs unissant les
individus autour des orientations fondamentales de l’association.
</div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
- C’est pourquoi une association
qui ne méconnaît pas sa nature met à distances les idéologies politiques
préformées qui dans notre culture prétendent guider absolument, c'est-à-dire de
manière antagonique, les préférences. Elle développe des liens associatifs qui
amplifient et unifient l’action de chacun et de tous. En creusant, l’observateur
découvrirait que l’orientation commune qui fonde le partenariat est l’autonomie
de la vie associative à l’égard du politique. Tel est le « but » de
ces associations qui agissent dans des champs aussi différents<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>que l’éducation populaire et la culture, la
connaissance de soi et le développement personnel, l’environnement et
l’agriculture, la santé et la psychothérapie, la solidarité sociale et la
socialité, l’initiative citoyenne et le développement local etc…</div>
<span style="font-size: 12.0pt;"><b>3. Contraintes et liberté de la vie
associative </b></span><br />
- J’attire l’attention sur les
conséquences de l'opposition entre la globalité politique et la globalité
associative. Il est évident qu’une association de protection du hérisson au
niveau local ne réunira jamais un grand nombre d’adhérents acceptant d’investir
leur temps et leur énergie pour ce but. A l’inverse, tous les citoyens sont
appelés à voter pour le programme d’un homme ou d’une femme politique. C’est le
sens du suffrage universel. Pourtant la protection des espèces naturelles est
indispensable. C’est une nécessité, une exigence et un devoir collectif. Si
cette association n’existait pas, l’hécatombe se poursuivrait dans la plus
grande indifférence de la collectivité. Chaque association a une fonction
d’alerte dans le champ qui lui est propre et quelle que puisse être le nombre
d’adhérents dont elle se prévaut. Une association peut paraître isolée et il
arrive qu'on se laisse aller à la croire négligeable, mais son action et sa
vision sont indispensables à la vie collective. Aucune question soulevée par
une association ne peut être tenue pour négligeable et il est parfaitement vain
de batailler sur ce point. Aucune ne peut se prévaloir d’être supérieure. Et
c’est en pensant ainsi que la vision de la complémentarité de toutes les
associations d’une localité peut venir au jour
<br />
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
- Toutes les associations
connaissent cette difficulté de trouver des forces vives, des personnes
acceptant de se consacrer sans compter à la poursuite de ses buts. Il est
serait absurde, que<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>dans des
associations qui reposent sur la conscience et la motivation des membres actifs
et où le bénévolat a une signification éminente, d’avoir par principe recours
au tirage au sort des membres du CA et des responsables. Une telle option ne
serait pas autre chose pas que la paralysie, la mort programmée, le suicide des
associations. Dans notre culture, plus les associations sont grandes et leur
statut national reconnu plus les responsabilités sont attractives car elles ont
associées à une idée de pouvoir. Mais les petites associations locales qui
constituent notre univers exigent beaucoup d’abnégation et peu de
reconnaissance ou alors après des années d’effort. Le problème se pose de la
même manière pour Média Citoyen Diois que pour notre association imaginaire de
protection des hérissons. Le problème a trait au petit nombre d’adhérents dans
les associations. Le tirage au sort amènerait à la responsabilité des personnes
ayant peu de temps ou peu de motivation à investir et tendrait à mettre à
l’écart celles pour qui l’investissement personnel est en adéquation avec la
responsabilité collective.<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>La paralysie
de l’association s’en suivrait ou même l’anéantissement de l’outil
associatif.<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>
</div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
- C’est le caractère singulier,
parcellaire et limité de l’activité associative qui fait la grandeur et
l’expertise des associations ainsi que leur fragilité. Chaque association avec
ses caractéristiques qui forment son identité a sa place dans le tout. Cette
fragilité n’est donc pas sa misère ou sa pauvreté, mais sa richesse, son
honneur et sa vertu. Elle est inhérente à la particularité de chacune et à la
globalité complémentaire de toutes. Chaque membre d’une association devrait la
regarder avec compréhension et fierté, mais de ce l’on méconnaisse la
signification de la vie associative comme globalité complémentaire, il découle
aussi que l’on ignore parfois ce que représente la fragilité de la liberté. Car
c’est dans le champ de la liberté, dans l’espace ouvert de la libre définition
des buts, que se meuvent les associations locales.
</div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<b> <span style="font-size: 12.0pt;">4. Le modèle probabiliste</span></b>
</div>
<div class="MsoNormal">
- Les théories politiques du tirage
au sort comme technique démocratique présupposent toutes que ce procédé
aléatoire fournit, pourrait-on dire, un « échantillon » des
citoyens bien plus représentatifs de la diversité des courants de la pensée
politique qui traversent une société que les élections dans un système de
parti. Elles posent radicalement la question, de la représentativité de
l’assemblée constituante. Il est essentiel pour elles, et à juste
titre, que la Constitution ne puisse être rédigée par une fraction des
citoyens qui ferait prévaloir ses intérêts particuliers sur l’intérêt général. Elles
veulent garantir que la constitution exprime toutes les tendances politiques de
la société. Mais, cette représentativité, ces théories ne la réclame pas
seulement pour l’assemblée constituante qui définit le cadre même de la
démocratie politique. Elle vaut aussi bien pour l’assemblée législative qui est
censée contrôler l’exécutif. On peut dire que la théorie politique du tirage au
sort fait appel à un modèle probabiliste pertinent pour penser la
représentativité et la pluralité dans le processus d’élaboration des lois et en
particulier des lois constitutionnelles. Mais le caractère aléatoire de la désignation
doit être effectif et reposer sur une population exhaustive à l’échelle
nationale ou territoriale telle qu’elle est recensée par l’INSEE par exemple.
</div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
- Cependant toute personne ayant
fréquenté les statistiques en sociologie ou dans les études qualitatives peut
témoigner que la taille d’un échantillon aléatoire ne peut être décidée
arbitrairement. Trop petit, il ne saurait être représentatif de sorte que les
régularités observées ne sauraient être généralisées à la population étudiée
sans erreurs grossières. Cela éclaire d’une certaine lumière notre problème. Que
reste-t-il de cette théorie de la représentativité quand on l’applique aux
petites associations locales où les candidats à la responsabilité effective se
compte sur les doigts d’une main ? Le caractère aléatoire du choix des
responsables dans les petites structures associatives au niveau local où la
« population » des volontaires pour assumer ces tâches est
particulièrement réduite ne peut avoir le sens que les théories politiques du
tirage au sort sur la base de la population globale donnent à la
représentativité des citoyens. On ne peut donc faire usage du modèle
probabiliste de la représentativité et l’appliquer au fonctionnement d’une
association singulière sans mettre en relief le changement de plan qui rend
caduque sa pertinence.
</div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
- Une association ne cherche pas à
ce que les administrateurs soient représentatifs de la population locale et
personne n’a jamais pensé que l’association elle-même, c'est-à-dire, l’ensemble
de ses membres associés, puisse refléter les diverses opinions de cette
population. L’association à une pensée et une activité qui lui est propre et
celles-ci peuvent être incomprises par une partie de la population, décriée par
la bonne conscience ou discréditée par la majorité politique, elle ne
reste pas moins légitime dès lors qu’elle demeure dans l’ordre de la légalité.
Une association qui prône la sortie du nucléaire ne prétend pas recruter des
adhérents favorables à son extension pour mieux refléter l’opinion. Toute idée
de représentativité des administrateurs est exclue. Elle l’est même
relativement aux adhérents. Le fait de tirer au sort huit administrateurs sur
les trente membres ne garantit nullement que le CA représente la pensée des
adhérents. La population est trop étroite pour entrer dans la logique des
grands nombres. Et à plus forte raison si on prétend désigner de cette manière
le responsable d’une tâche quelconque parmi des volontaires. On peut certes le
tirer au sort, mais il serait absurde de faire valoir une quelconque vertu
démocratique de cette procédure<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>au
regard d’une représentativité aléatoire. On pourrait tout aussi adopter la
règle suivante : le premier qui dira le mot « je » ou se
grattera l’oreille deviendra trésorier ou encore le premier qui critiquera un
membre absent aura en charge la communication de l’association. C’est pour
éviter le non sens en quoi consisterait la désignation aléatoire des
responsables parmi l’ensemble des adhérents que vient l’idée de retenir la base
des volontaires. Mais on y vient pour aussitôt dissoudre le sens du volontariat
et du bénévolat dans l’intervention du hasard qui comme une main providentielle
choisira celui qui doit être choisi. D’où vient l’idée de mettre au rebut le
processus de la décision démocratique dans la vie associative ? </div>
<b><span style="font-size: 12.0pt;">5. La démocratie directe </span></b>
<br />
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
La critique de la démocratie
politique dans le système de partis incline certains à rejeter l’esprit de la
démocratie directe qui ne trouve pas sa place dans la vie politique parce qu’on
le craint, mais<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>qui fait partie du
quotidien d’une multitude de structures dans la vie associative. Cet esprit anime
des millions de personnes. La vie associative diffère en tout point de la vie
politique instituée. On est loin des conditions de l’élection des représentants
dans notre culture politique.<span style="mso-spacerun: yes;">
</span>L’orientation fondamentale et les buts concrets que l’association
poursuit demeurent l’affaire des adhérents qui les ont définis et les font
évoluer. Parce que les buts sont singuliers et limités, ils n’échappent pas à
la compréhension et à la visibilité de chaque adhérent et les administrateurs
ne peuvent rendre illisible leur propre activité. Les actions sont réalisées
dans l’espace local et ils sont observables par tout un chacun comme le sont
leurs résultats. On comprend pourquoi il est dangereux pour l’esprit et la vie
des associations de présenter comme une solution miracle et une nouvelle norme
démocratique le tirage au sort des administrateurs d’une association. L’usage
normatif de cette technique élective ferait obstacle à son examen critique. Mon
opinion est qu’il est vital d’interroger les conditions et la manière dont la
référence au tirage au sort dans la vie associative risque de devenir le cheval
de Troie d’où peut sortir l’élément susceptible de subvertir les principes
démocratiques eux-mêmes. Je dis que cet examen est déterminant pour la culture
associative et qu’il en va de la liberté d’association. Et pourquoi ? Parce
qu’en empruntant un caractère normatif, arbitraire et purement technique, la
référence unilatérale au tirage au sort des responsables associatifs tend à
détruire les deux principes qui fondent cette liberté, à savoir le vote des
statuts et le vote des administrateurs par les adhérents.
</div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
- Or, ces deux votes sont associés
car ils constituent ensemble le contrat associatif par les voies de la
démocratie directe. Tous les individus adhèrent aux statuts qu’ils ont élaborés
et nomment ceux qui, parmi eux, se proposent de soutenir les orientations
fondamentales déterminées par les associés et de les mettre en œuvre. C’est par
un acte individuel qui fait sens pour lui-même et pour le groupe<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>que l’adhérent désigné pour accomplir telle
ou telle fonction sert bénévolement ou contre rémunération les buts de
l’association. Les petites associations qui pratiquent de manière plus ou moins
formelle la démocratie directe n’ont, en effet, nullement besoin de mettre en
place un corps intermédiaire et encore moins de se référer à un parti politique
pour poursuivre leurs buts concrets et remplir leur mission. Les administrateurs
et les responsables se conforment aux statuts et à l’orientation fondamentale
de l’association. La « représentativité » des administrateurs ne
tient ni à une théorie <i style="mso-bidi-font-style: normal;">ad hoc</i>, ni au
hasard, mais au fait bien réel que les adhérents se prononcent régulièrement, de
manière formelle et de manière informelle, sur le respect des buts, sur la
légitimité des actions engagées, sur la qualité des résultats et ainsi sur ce
qu’est l’association et sur son évolution. La loi 1901 a été suffisamment sage
pour laisser aux associations toute liberté de définir leurs buts et leurs
modes d’organisation. Un grand nombre d’associations choissent naturellement la
forme associative de la démocratie directe, ce qui donne à penser que les
associations sont les véritables ferments de l’esprit démocratique dans notre
culture et cela bien en deçà<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>et de
manière bien plus profonde que la forme instituée de la démocratie politique. C’est
le terrain et le terreau sans lequel aucune démocratie politique ne peut
prendre racine et faire culture.
</div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
- Par un notable paradoxe, la
référence au tirage au sort des responsables et administrateurs associatif,
permet d’occulter la forme directe de la participation démocratique dans les
associations. La théorie politique du tirage au sort bouscule les croyances
politiques et les certitudes partisanes. Mais pourquoi cet empressement à
déplacer dans le domaine de la société civile une réflexion politique sérieuse
en prenant le risque de tordre le cou à la liberté d’association ? L’inconscience
des enjeux et de la tournure liberticide de l’application automatique de la
théorie politique du tirage au sort à la vie associative montre combien notre
pensée demeure prisonnière des formes qui constituent notre habitus et peine à
reconnaître que la vie associative est le levier qui peut nous faire découvrir
la vraie valeur de la démocratie directe et de la tolérance qui nous ont été
volées ensemble au détour du politique dès les origines de la République. Il
faut encore nous demander si cette inclination n’est pas une manière d’annexer
la vie associative à une pensée hégémonique du politique qui n’a pas fini de
hanter notre culture, une pensée autoritaire et instrumentale du politique où
les citoyens ne sont que des faire-valoir pour l’accession ou le maintien au
pouvoir. Cela signifie que le sens de la démocratie directe est insuffisamment
enraciné dans notre culture et qu’il lui faut aller à contre-courant de cette médiation
systématique par le corps politique séparé qui définit la démocratie indirecte
et pérennise ses pesanteurs et ses abus.
</div>
<b><span style="font-size: 12.0pt;">6. Une technique parmi d’autres</span></b>
<br />
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
- Dans la théorie politique, le tirage
au sort ne recrée pas seulement la diversité des opinions, elle a pour effet de
rendre impossible, sinon de manière hasardeuse, la répétition et le cumul des
mandats. Il s’agit là d’un effet automatique qui découle, en principe, de
l’instauration de la pluralité comme image représentative la citoyenneté. Mais
si dans la vie associative le tirage au sort des administrateurs et des responsables
ne peut être justifié par le modèle probabiliste de représentativité, il peut
l‘être néanmoins et plus modestement comme technique de participation sans
pouvoir se substituer aux formes de la démocratie directe dans les
associations. <span style="mso-spacerun: yes;"> </span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
- Comme on le sait, les bonnes
volontés activement investies se font désirer dans presque toutes les
associations ou l’activité est essentiellement bénévole. Il est fréquent que
les responsabilités reposent sur les épaules de quelque uns. Le fait est
endémique. Mais il ne résulte pas d’une faiblesse démocratique et rien ne
permet de consacrer le tirage au sort comme une panacée. Le travail associatif
est prenant et extensif et parce qu’il exige beaucoup des militants, il
rencontre les limites qu’opposent les occupations et la disponibilité de
chacun. Compte tenu de l’importance sociale de l’activité associative, le problème
soulevé devrait recevoir, dans nos sociétés, une réponse collective. Mais le
travail civique des personnes au chômage qui est une réponse pertinente à
l’échelle de la société et de la culture est insuffisamment encouragé par la
loi et rencontre de fortes résistances y compris chez les premiers concernés.
Aussi, les associations sont-elles tenues de réfléchir sans cesse à l’animation
interne et la mobilisation de nouveaux membres en stimulant la participation.</div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
- L’attribution des fonctions par
tirage au sort peut prendre place dans les procédures participatives avec la
rotation et le partage des fonctions. Il peut susciter des participations
insolites qui surprennent les attentes. Ainsi, des tâches qui ne nécessitent
pas un investissement conséquent en temps et en compétence peuvent être
distribuées de manière aléatoire sur la base de la liste des adhérents. Il
n’est pas impossible que les personnes désignées au premier, second ou
troisième tirage se prennent au jeu et consacrent progressivement cette
pratique dans l’association au bénéfice de la participation. </div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
- Puisque la définition des buts de
l’association et la déclinaison des actions concrètes appartiennent à l’ensemble
des adhérents, le tirage au sort ne peut toucher que les fonctions techniques
et d’une manière qui ne peut mettre en péril la continuité de la vie de
l’association. Toute association comporte un domaine de compétence qui consiste
en savoirs et en savoir-faire, un domaine d’expertise à développer et à
transmettre. Pour la souplesse de son fonctionnement et la participation accrue,
elle a donc généralement intérêt à élargir le nombre de personnes en capacité
de remplir les fonctions concernées et possédant des éléments d’expertise.
Aussi, le doublage d’une fonction technique représente-t-il un compromis
intéressant en ce sens qu’il assure la stabilité de la fonction et en même
temps que le partage de la compétence <i style="mso-bidi-font-style: normal;">in
situ</i>. Dans le cas de Média Citoyen Diois, le noyau d’expertise propre au
média est la gestion du site par le webmaster. Un co-websmaster pourrait donc
être désigné par tirage au sort à un rythme à définir. <span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Le tirage au sort est devient, dans ce cas,
une technique de participation parmi d’autres pouvant servir les buts de
l’association. </div>
<b><span style="font-size: 12.0pt;">7. La protection des orientations
fondamentales </span></b>
<br />
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
Mais ce n’est pas tout. Il est
facile de montrer comment le tirage au sort, loin d’être toujours un moyen de
la participation démocratique, peut devenir le moyen d’une instrumentalisation
politique. On sait que toute association qui a un certain impact dans l’espace
public peut devenir une cible pour les groupes politiques intolérants qui
s’efforcent de la discréditer en externe, de la contrôler en interne ou de paralyser
son activité. Il suffirait donc qu’un groupe de pression quelconque ou qu’un
parti politique suscite artificiellement un grand nombre d’adhérents avant une
assemblée générale visant le renouvellement du CA ou la nomination d’un
responsable pour avoir une chance de contrôler l’association grâce au tirage au
sort. La technique d’élection deviendrait un moyen fort simple de destruction
de la vie associative. Cette considération est tout à fait générale, mais elle
suffit à montrer que le contexte de la vie associative locale est décisif pour
comprendre la signification des discours sur la démocratie associative par le
tirage au sort des administrateurs. Il est évidemment possible de faire
pression sur une personne élue par tirage au sort aussi bien que par le
suffrage universel. Et rien n’empêche un administrateur élu par ce procédé
d’appliquer un centralisme fort peu démocratique qui affecterait et
paralyserait son orientation fondamentale par des conceptions politiques
unilatérales. Aborder question de l’élection par tirage au sort comme pure
technique ne peut aider à la réflexion sur la démocratie interne des
associations.</div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
- Une fois que l’on connaît les
risques qui pèsent l’efficacité et l’autonomie de l’activité associative, on
peut regarder tranquillement et lucidement les choses et s’interroger sur le
sens des techniques d’élection sans perdre de vue le fil rouge que représentent
les buts, les statuts de l’association, c'est-à-dire la
« constitution » qu’elle se donne pour mission de préserver, de protéger
et sans laquelle aucune action ne saurait avoir de sens, ni d’authenticité. Il
me fallait revenir sur ces fondamentaux relatifs au sens de l’action
associative pour remettre à leur place la référence aux techniques électorales.
La vie associative peut utiliser des moyens multiples pour développer le sens
de la démocratie en interne selon les pesanteurs que chaque association connaît
et qui lui sont propres. Ce sont les obstacles spécifiques au développement de
chacune d’elle qui doit trouver réponse et celle-ci ne viendra pas d’une
solution technique dont l’application mécanique peut s’avérer puissamment
contre-productive ou même aller dans le sens contraire aux buts de
l’association. </div>
<b><span style="font-size: 12.0pt;">8. L’incidence du politique sur la vie
associative</span>
</b>
<br />
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
C’est l’évidence que la question
soulevée par l’élection par tirage au sort se rapporte essentiellement au
danger que représente pour la démocratie la construction centraliste de la
globalité politique avec ses dérives autoritaires, oligarchique et politicienne
au sens où le corps politique tend à se constituer comme corps séparé doté de
privilèges dont l’immutabilité et le cumul des mandats ne sont les formes les
plus visibles. On ne peut donc éviter de discuter sur les formes que prennent
localement les tendances politiques hégémoniques et leurs incidences sur la vie
associative. On ne doit donc pas s’abuser, ni se tromper de cible. C'est une
exigence de partout. Le tirage au sort des représentants est avant tout, dans
l’esprit des démocrates, un obstacle à la formation d’une oligarchie politique.
La vie associative ne représente nullement, on l’a vu, un risque pour la
démocratie. Elle vise le singulier de la réalité vécue comme voie de la
globalité. Elle risque, au contraire, d’être compromise par l’intolérance
politique au niveau nationale comme au niveau local. </div>
<div class="MsoNormal">
<b>Abdoulaye Fall</b></div>
<b>
</b><br />
<div class="MsoNormal">
<b>Die, le 23 février 2014</b><br />
<b> </b><strong>Abdoulaye Joseph Fall, Doctorant en anthropologie analytique,</strong>
s’intéresse particulièrement aux mythes et à la pensée symbolique dans
nos civilisations. Il poursuit une recherche sur le statut du symbolique
dans les conceptions anthropologiques des différentes civilisations
pour mieux comprendre l'orientation des productions culturelles propres à
l'Occident.<br />
Il prépare une thèse sur « La construction de la pensée symbolique en
anthropologie analytique » sous la direction de Michel BOCCARA,
sociologue, chargé de recherches au CNRS (Unité de recherches
"Psychanalyse et Pratiques sociales").<br />
Il est familier du Diois et habite irrégulièrement à Die, Boulc, Bellegarde en Diois et Saillans.<br />
<b>Il est Rédacteur et Administrateur de MediasCitoyensDiois </b></div>
Médias Citoyens Dioishttp://www.blogger.com/profile/06769203187523772866noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-995174148176424425.post-90098443773395105602013-10-13T02:45:00.003-07:002013-10-13T02:47:15.970-07:00Industriels et banquiers sous l' occupation nazi...<a href="http://bellaciao.org/fr/local/cache-vignettes/L400xH603/9782200277765-c80a3.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img alt="JPEG - 36.5 ko" border="0" height="603" src="http://bellaciao.org/fr/local/cache-vignettes/L400xH603/9782200277765-c80a3.jpg" style="height: 603px; width: 400px;" width="400" /></a><b>Industriel et banquiers français sous l’occupation</b>
<br />
de : <b>Jacques-Marie BOURGET</b>
<br />
jeudi 10 octobre 2013 - <br />
<div class="textptgr" width="100%">
</div>
<div style="height: 5;">
<img border="0" height="5" src="http://bellaciao.org/images/rien.gif" width="5" /></div>
<dl class="spip_document_57842 spip_documents spip_documents_center">
<dt></dt>
<dd class="spip_doc_descriptif" style="width: 350px;"><b>Industriels et banquiers français sous l’occupation. (Éditions Armand Colin. 816 pages. 35 euros)
</b></dd></dl>
Grands ou petits savants, chercheurs, étudiants ou simples passionnés
d’histoire, si vous fouillez dans une salle d’archives et qu’un grand
carton se met à bouger, n’ayez pas peur, c’est Annie Lacroix-Riz qui vit
à l’intérieur. Dans le monde des dépouilleurs, de notes, rapports,
mémoires ou pactes, cette obsédée du document est médaillée aux J.O de
la connaissance par le grimoire. Mais pourquoi Annie Lacroix-Riz - qui
nous sert aujourd’hui le plat glacé, la cigüe d’un livre « Industriels
et banquiers français sous l’occupation » (éditions Armand Colin)-
a-t-elle besoin de s’abriter derrière la vérité des traces écrites
laissées par les acteurs de l’histoire ? C’est que la dame n’est pas
l’amie de tout le monde. Ancienne élève de Normale Sup et professeur
émérite à Paris 7, elle reste un penseur en quarantaine. Pour la
détester, parfois la diffamer, nous avons d’ un côté les industriels
et banquiers, toujours en place, dont les ascendants sont mis à nu. Et
certains, nous a démontré l’historienne, en France pendant la seconde
guerre, ont consciencieusement produit ce Zyclon B qui était l’outil de
la « solution finale ». A minima, tous ces bons gestionnaires ont
collaboré « économiquement » au bonheur de l’Allemagne. L’autre
« ennemi » d’Annie Lacroix-Riz, c’est la pensée unique. Celle de ses
collègues qui tiennent les clés de coffres vides, ceux de l’histoire
officielle. Tous, à l’époque où « c’était porteur » ont pris leur carte
au PCF. Avant d’écrire « mon dieu quelle horreur », au moment où les
soviets passent de mode. Lacroix-Riz, sans renoncer, sauf à sa carte du
PC, continue fièrement de labourer le sillon marxiste. Il ne conduit ni
aux pages culture du Monde ni à un emploi de consultant au FMI.<br />
Les tranchées étant creusées, que nous dit l’historienne qui, en 1999
avant l’ouverture des archives de l’instruction des procès faits aux
ministres de Vichy, avait déjà abordé le sujet ? Dans son premier opus
elle laissait une toute petite porte ouverte sur le doute : « après
tout, les industriels et banquiers, en tous cas certains, n’ont
peut-être collaboré que menacés d’un pistolet sur la tempe … ». Du
volume d’aujourd’hui, lourd de 816 pages, tombe le verdict : « non la
collaboration économique, sauf exception, n’a rien eu de forcé ». Mieux,
elle fut une jubilation pour ces « managers » qui, par la nouvelle
Europe avec à sa tête le grand Reich, vivaient une première forme de
mondialisation.<br />
Révolution économique qui serait une divine surprise apportée dans
les banques et usines par les fourgons d’Hitler ? Pas du tout, nous dit
Lacroix-Riz. L’entente, le premier tissage des liens, l’élaboration du
rêve remontent bien avant l’invasion de la France. Avant même l’arrivée
du chef nazi comme chancelier, nombre de représentants des « 200
familles » trouvaient que ce révolutionnaire avait de bonnes idées.
Après 1936, au motif que « mieux vaut Hitler que le Front populaire »,
le patronat a choisi le modèle allemand avant qu’il ne débarque sous
l’Arc de triomphe.<br />
Les entrepreneurs nazis installés en France, on à assisté,
Lacroix-Riz nous le montre, à la création de cartels, au pillage de
matières premières et de produits fabriqués qui prenaient la couleur de
l’Europe nouvelle en prenant le train pour Berlin. Les « capitaux
juifs », bien sûr, devenant aryens dès qu’un collabo français les
livrait à l’édification du III e Reich. Sainte pudeur, ne parlons pas
des biens coloniaux pillés par l’Allemagne jusqu’en Afrique, grâce à la
bonne volonté et au zèle du patronat français…<br />
Dans les usines de l’hexagone, celles qui tournaient encore, il
s’agissait de mouiller sa chemise pour le bien des hommes nouveaux. Avec
une politique sociale exemplaire : baisse des salaires, concentration
du capital et hausse des profits. Pour expliquer la douleur, le maître
de l’usine accusait le poids de l’occupant tout en grossissant un bas de
laine qui, aujourd’hui encore, n’a pas été détricoté.<br />
La table des matières, et celle des noms cités, est le pire du livre.
Le pire pour l’honneur perdu de ceux qui, le 18 août 44, ont eu le
temps d’arracher la Francisque de leur veste pour y agrafer le V des
FFI. Leurs petits papiers sont là, dans le livre, et pas oubliés. Tels
l’œil de la tombe ils les regardent.<br />
Ceux qui estiment qu’un tel livre va faire un foin, provoquer des
divorces au motif que le grand père a fait notre fortune, payé notre
château, en vendant du beurre aux Allemands, se trompent. Annie
Lacroix-Riz, si elle est une femme d’archives, est par là même une
historienne de placard : rien ne doit être dit, ou publié sur ces écrits
qui ravivent des querelles oubliées, simples incartades du temps. En
1945, grandeur et unité du pays oblige, De Gaulle n’a pas souhaité
demander des comptes à des industriels et banquiers fort utiles pour
« relever la France ». Et Mitterrand n’a-t-il pas sonné la paix finale
depuis le wagon du TGV qui la conduit de Vichy à l’Élysée. Avec Bousquet
en chef de gare.<br />
<br />
<table bgcolor="#333333" border="0" cellpadding="3" cellspacing="1" class="text2" style="width: 250px;"><tbody>
<tr><td bgcolor="#FFFFFF"><b>2 Commentaires</b></td></tr>
</tbody></table>
<div class="cadre_forum">
<table bgcolor="#333333" border="0" cellpadding="5" cellspacing="1" class="text"><tbody>
<tr><td bgcolor="#CCCCCC"><div class="cadre_forum2">
<b>Industriel et banquiers français sous l’occupation par A</b><span class="text2"><span class="text11"><b>rnold</b></span> </span>
</div>
</td>
</tr>
<tr>
<td bgcolor="#FFFFFF"><div align="justify" class="cadre_forum2">
Pour prolonger, je vous recommande aussi la lecture de "<b>Big Business avec Hitler</b>" de Jacques R. Pauwels éditions aden.<br />
La 4e de couverture :
<br />
<i>Hitler a comblé les attentes qu’industriels et banquiers avaient
placées en lui. En effet, il réalisa tous les points importants de leur
"programme" plus diligemment, plus complètement et plus impitoyablement
qu’ils auraient pu ou osé le faire eux-mêmes.
<br />En outre à, à l’issue de 12 années d’une dictature nazie dont ils
avaient pourtant été les parrains, banquiers et industriels
rejetteraient tous les crimes sur le dos d’Hitler et plaideraient
pieusement "non coupables".
<br />Ce livre d’histoire bien documenté est de ceux dont l’élite économique ne souhaite pas entendre parler"</i>.<br />
Par ailleurs sachez que "<b>Le mythe de la bonne guerre</b>"
du même auteur vient d’être réédité. Formidable bouquin où l’on apprend
par exemple les raisons pour lesquelles les américains évitaient de
bombarder les usines Ford en Allemagne ou bien comment les pétroliers
ricains ont fournis près de 90 % du pétrole à Hitler.<br />
<br /></div>
</td>
</tr>
</tbody></table>
</div>
<div style="height: 5;">
<img border="0" height="5" src="http://bellaciao.org/images/rien.gif" width="5" /></div>
<table bgcolor="#333333" border="0" cellpadding="5" cellspacing="1" class="text"><tbody>
<tr>
<td bgcolor="#E9E9E9"><div class="cadre_forum2">
<a href="http://www.blogger.com/null" name="forum506156"></a><b>Industriel et banquiers français sous l’occupation</b><span class="text2"><span class="text11"><b> par Arnold</b></span> </span></div>
</td>
</tr>
<tr>
<td bgcolor="#FFFFFF"><div align="justify" class="cadre_forum2">
<b>La Deuxième
Guerre Mondiale, une croisade américaine pour la défense de la liberté
et de la démocratie ? Les vainqueurs écrivant l’histoire, c’est cette
version qui est enseignée depuis 1945 des deux côtés de l’Atlantique.</b><br />
<b>Jacques Pauwels, preuves à l’appui, dévoile le mythe de la
« libération ». Aux États-Unis, Hitler a très longtemps été considéré
comme un excellent partenaire en affaires mais dans une guerre qui ne se
déroule pas comme prévu, les alliances finissent alors par se former
contre les « mauvais ennemis », avec les « mauvais alliés »...</b><br />
<b>Le débarquement de Normandie qui ne survient que très tard,
le 6 juin 1944, fera malgré tout de ce second conflit mondial une
formidable aubaine financière pour les États-Unis. En libérant une
partie de l’Europe des fascistes pour la « dominer » économiquement,
toutes les conditions sont également réunies dès 1945 pour entamer une
très longue Guerre froide... </b> <br />
<b>Un livre incontournable sur l’Amérique et la Seconde Guerre mondiale</b>
<br />
MCD a rencontré son auteur, le professeur canado-gantois Jacques Pauwels.<br />
<b>Jacques Pauwels.</b> Aux États-Unis, on présente les
guerres de Corée et du Vietnam comme de mauvaises guerres. Mais la
Seconde Guerre mondiale était une bonne guerre. Ses motivations étaient
« pures » et on s’en allait au combat pour la paix et la justice. C’est
aussi l’image présentée par Hollywood dans des films comme Le jour le
plus long et Un pont trop loin. Je pose la question : Pour qui cette
guerre a-t-elle été bonne ?<br />
Pour les entreprises de l’Allemagne nazie, la guerre a été une source
de profit exceptionnelle. La General Motors et Ford ont fait des
bénéfices énormes. Opel et Ford-Werke, leurs filiales allemandes, ont
contribué à la construction de véhicules militaires pour la Wehrmacht et
d’avions pour la Luftwaffe. Texaco et Standard Oil ont participé à la
livraison de carburant pour les chars et les avions.<br />
Ces mêmes entreprises ont également fait des affaires en or avec la
Grande-Bretagne. L’industrie américaine a soutenu tous les belligérants.
On a produit Jeeps, camions et avions à la chaîne. Le chômage a baissé
et les bénéfices ont grimpé. En outre, la Seconde Guerre mondiale a
ouvert toutes grandes les portes du monde entier aux marchandises et aux
capitaux américains.<br />
<b>Les industriels américains n’étaient-ils pas horrifiés par le fascisme ?</b><br />
<b>Jacques Pauwels.</b> On ne peut comprendre leur attitude
à l’égard du fascisme que lorsqu’on comprend l’attitude de l’élite
envers le communisme. Chez beaucoup d’Américains est née une sorte
d’enthousiasme pour une alternative révolutionnaire après le succès de
la révolution russe. Le péril rouge était une épine dans l’il de l’élite
industrielle. Les journaux du magnat de la presse Hearst ont diffusé
massivement la haine à l’égard du bolchevisme. L’Italie et l’Allemagne
semblaient proposer une bonne échappatoire à la force croissante du
communisme. Les journaux du groupe Hearst vantaient l’Allemagne de
Hitler en tant que bastion contre le communisme. Et Hitler suivait les
règles du jeu capitaliste : aucune entreprise ne fut expropriée ou
nationalisée. Le fascisme était bon pour les affaires et, par
conséquent, les hommes d’affaires américains étaient les amis du
fascisme. Le grand patron de Texaco, Torkild Rieber, par exemple,
admirait Hitler et était l’ami de Göring, le numéro deux du Troisième
Reich.<br />
<b>Par la suite, l’Union Soviétique est devenue une « alliée
utile », aux yeux des Américains. L’Armée rouge faisait face sur le
front de l’Est alors que les pertes américaines restaient limitées</b><br />
<b>Jacques Pauwels.</b> À l’origine, la direction de
l’armée américaine pensait que l’armée allemande allait entrer dans
l’Union soviétique comme dans du beurre et la vaincre en quelques
semaines. Mais, le 5 décembre 1941, il se passe une chose que personne
n’aurait imaginée. Non seulement l’armée soviétique réduit la machine de
guerre nazie à l’immobilité, mais en plus, ce jour-là, elle passe à la
contre-attaque. Ce fut le tournant de la guerre.<br />
Quand l’industrie américaine comprend que le gouvernement soviétique
ne va pas se retrouver à genoux, elle reçoit un nouveau partenaire
commercial : Moscou. Dès ce moment, les Américains deviennent
« antifascistes », mais ils restent naturellement anticommunistes. Le
futur président Truman a dit à l’époque : « Si l’Allemagne gagne, nous
devons aider la Russie et si la Russie gagne, nous devons aider
l’Allemagne, ainsi il en mourra le plus possible dans les deux camps
ennemis »<br />
Les Américains entrent en guerre sans le vouloir lorsque Hitler leur
déclare la guerre après l’attaque surprise japonaise contre Pearl
Harbor. Brusquement, l’Union soviétique se mue en alliée et la presse
met son anticommunisme quelque peu en veilleuse. L’Union soviétique est
un partenaire mal aimé mais très utile. 90% des pertes allemandes sont à
porter au compte de l’Armée rouge. À Stalingrad, l’armée allemande
reçoit un coup dont elle ne pourra plus se relever : 300000 hommes sont
taillés en pièces.<br />
Après Stalingrad, tout est différent, l’Armée rouge s’est mise en
route pour Berlin. Personne ne parle de l’enjeu politique du Jour le
plus long ou D-Day, le débarquement de Normandie tant attendu. Le
débarquement était censé donner aux alliés la possibilité d’atteindre
Berlin avant l’Armée rouge.<br />
<b>Dans votre ouvrage, vous parlez de ce qu’on a appelé l’option
allemande, la possibilité d’un changement d’alliance avant même que la
guerre soit terminée. Le général Patton et le sénateur Taft ont proposé
de foncer sur Moscou en compagnie de la Wehrmacht. Quel était le sérieux
de cette proposition ?</b><br />
<b>Jacques Pauwels.</b> C’était une option attrayante, mais
l’opinion publique ne l’aurait jamais acceptée. Pas en Europe, et pas
aux Etats-Unis non plus où, entre-temps, l’Armée rouge avait acquis
beaucoup de prestige auprès du peuple et auprès des GI.<br />
Mais les Américains ont laissé l’armée allemande intacte. Et ils ont
encouragé les officiers allemands capturés à rédiger des rapports sur
leurs expériences en Union soviétique. Par la suite, ils ont également
transféré des espions nazis comme Reinhard Gehlen en Amérique, et même
pris sous leur protection des criminels de guerre comme Mengele et
Barbie en vue de les utiliser contre le communisme. Les partisans
italiens ont été désarmés et mis hors-jeu. Le maréchal Badoglio, ancien
collaborateur de Mussolini, a pu diriger le premier gouvernement italien
de l’après-guerre.<br />
Comme par magie, l’Union soviétique redevient le grand épouvantail du
« monde libre ». Pour l’intimider, les alliés anéantissent Dresde, une
ville sans la moindre utilité militaire, au moyen de 750000 bombes au
phosphore. Pour la même raison, ils larguent des bombes atomiques sur
Hiroshima et Nagasaki. Ce faisant, les Américains entament leur nouvelle
guerre, la guerre froide. Et, un demi-siècle durant, ils ont tenu le
reste du monde sous l’ombre glaciale d’une possible guerre nucléaire.<br />
Aux États-Unis, une théorie a la peau dure. Toute l’histoire
s’expliquerait à l’aide de quelques grands noms : l’Amérique, c’est
Roosevelt, l’Allemagne Hitler, etc. Il n’en va pas ainsi, bien sûr.
L’histoire n’est pas une question d’actes héroïques des grands
dirigeants. C’est une question de forces économiques et sociales qu’un
historien se doit de rendre compréhensibles. J’ai fait un survol de la
guerre, une synthèse qui s’intéresse plutôt à l’ensemble qu’aux détails.<br />
<b>APL </b></div>
</td></tr>
</tbody></table>
Médias Citoyens Dioishttp://www.blogger.com/profile/06769203187523772866noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-995174148176424425.post-8866426486011332172013-09-11T13:55:00.002-07:002013-09-11T13:55:52.615-07:00La liberté par Benjamin Constant...<div id="enteteDocument">
Benjamin <span class="familyName">Constant</span> <h1>
De la liberté des anciens comparée à celle des modernes(1819) </h1>
</div>
<div class="datepp">
</div>
<h4>
Texte intégral</h4>
<div id="texte">
<div class="texte" dir="ltr">
<span style="text-decoration: underline;"><span class="lettrine">N</span>ote</span><br />Discours prononcé à l'Athénée royal de Paris.</div>
<div class="texte" dir="ltr">
Messieurs</div>
<div class="texte" dir="ltr">
Je me propose de Vous soumettre
quelques distinctions, encore assez neuves, entre deux genres de
liberté, dont les différences sont restées jusqu'à ce jour inaperçues,
ou du moins, trop peu remarquées. L'une est la liberté dont l'exercice
était si cher aux peuples anciens; l'autre celle dont la jouissance est
particulièrement précieuse aux nations modernes. Cette recherche sera
intéressante, si je ne me trompe, sous un double rapport.</div>
<div class="texte" dir="ltr">
<span style="color: black;">Premièrement,
la confusion de ces deux espèces de liberté a été parmi nous, durant
des époques trop célèbres de notre révolution, la cause de beaucoup de
maux. La France s'est vue fatiguer d'essais inutiles, dont les auteurs,
irrités par leur peu de succès, ont essayé de la contraindre à jouir du
bien qu'elle ne voulait pas, et lui ont disputé le bien qu'elle voulait.
En second lieu, appelés par notre heureuse révolution (je l'appelle
heureuse, malgré ses excès, parce que je fixe mes regards sur ses
résultats) à jouir des bienfaits d'un gouvernement représentatif, il est
curieux et utile de rechercher pourquoi ce gouvernement, le seul a
l'abri duquel nous puissions aujourd'hui trouver quelque liberté et
quelque repos, a été presque entièrement inconnu aux nations libres de
l'antiquité.</span><br /><span style="color: black;">Je sais que l'on a
prétendu en démêler des traces chez quelques peuples anciens, dans la
république de Lacédémone, par exemple, et chez nos ancêtres les Gaulois;
mais c'est à tort.</span></div>
<div class="texte" dir="ltr">
Le gouvernement de Lacédémone était
une aristocratie monacale, et nullement un gouvernement représentatif.
La puissance des rois était limitée; mais elle l'était par les éphores,
et non par des hommes investis d'une mission semblable à celle que
l'élection confère de nos jours aux défenseurs de nos libertés. Les
éphores, sans doute, après avoir été institués par les rois, furent
nommés par le peuple. Mais ils n'étaient que cinq. Leur autorité était
religieuse autant que politique; ils avaient part à l'administration
même du gouvernement, c'est-à-dire, au pouvoir exécutif; et par là, leur
prérogative, comme celle de presque tous les magistrats populaires dans
les anciennes républiques, loin d'être simplement une barrière contre
la tyrannie, devenait quelquefois elle-même une tyrannie insupportable.</div>
<div class="texte" dir="ltr">
Le régime des Gaulois, qui
ressemblait assez à celui qu'un certain parti voudrait nous rendre,
était à la fois théocratique et guerrier. Les prêtres jouissaient d'un
pouvoir sans bornes. La classe militaire, ou la noblesse, possédait des
privilèges bien insolents et bien oppressifs. Le peuple était sans
droits et sans garanties.<br />A Rome, les tribuns avaient, jusqu'à un
certain point, une mission représentative. Ils étaient les organes de
ces plébéiens que l'oligarchie, qui, dans tous les siècles, est la même,
avait soumis, en renversant les rois, à un si dur esclavage. Le peuple
exerçait toutefois directement une grande partie des droits politiques.
Il s'assemblait pour voter les lois, pour juger les patriciens mis en
accusation: il n'y avait donc que de faibles vestiges du système
représentatif à Rome.</div>
<div class="texte" dir="ltr">
Ce système est une découverte des
modernes, et vous verrez, Messieurs, que l'état de l'espèce humaine dans
l'antiquité ne permettait pas à une institution de cette nature de s'y
introduire ou de s'y établir. Les peuples anciens ne pouvaient ni en
sentir la nécessité, ni en apprécier les avantages. Leur organisation
sociale les conduisait à désirer une liberté toute différente de celle
que ce système nous assure.</div>
<div class="texte" dir="ltr">
C'est à vous démontrer cette vérité que la lecture de ce soir sera consacrée.<br />Demandez-vous
d'abord, Messieurs, ce que, de nos jours, un Anglais, un Français, un
habitant des États-Unis de l'Amérique, entendent par le mot de liberté.<br />C'est
pour chacun le droit de n'être soumis qu'aux lois, de ne pouvoir être
ni arrêté, ni détenu, ni mis à mort, ni maltraité d'aucune manière, par
l'effet de la volonté arbitraire d'un ou de plusieurs individus: C'est
pour chacun le droit de dire son opinion, de choisir son industrie, et
de l'exercer, de disposer de sa propriété, d'en abuser même; d'aller, de
venir sans en obtenir la permission, et sans rendre compte de ses
motifs ou de ses démarches. C'est, pour chacun, le droit de se réunir à
d'autres individus, soit pour conférer sur ses intérêts, soit pour
professer le culte que lui et ses associés préfèrent, soit simplement
pour remplir ses jours ou ses heures d'une manière plus conforme à ses
inclinations, à ses fantaisies. Enfin, c'est le droit, pour chacun,
d'influer sur l'administration du Gouvernement, soit par la nomination
de tous ou de certains fonctionnaires, soit par des représentations, des
pétitions, des demandes, que l'autorité est plus ou moins obligée de
prendre en considération. Comparez maintenant à cette liberté celle des
anciens.</div>
<div class="texte" dir="ltr">
Celle-ci consistait à exercer
collectivement, mais directement, plusieurs parties de la souveraineté
toute entière, à délibérer, sur la place publique, de la guerre et de la
paix, à conclure avec les étrangers des traités d'alliance, à voter les
lois, à prononcer les jugements, à examiner les comptes, les actes, la
gestion des magistrats, à les faire comparaître devant tout le peuple, à
les mettre en accusation, à les condamner ou à les absoudre; mais en
même temps que c'était là ce que les anciens nommaient liberté, ils
admettaient comme compatible avec cette liberté collective
l'assujettissement complet de l'individu à l'autorité de l'ensemble.
Vous ne trouvez chez eux presque aucune des jouissances que nous venons
de voir faisant partie de la liberté chez les modernes. Toutes les
actions privées sont soumise à une surveillance sévère. Rien n'est
accordé à l'indépendance individuelle, ni sous le rapport des opinions,
ni sous celui de l'industrie, ni surtout sous le rapport de la religion.
La faculté de choisir son culte, faculté que nous regardons comme l'un
de nos droits les plus précieux, aurait paru aux anciens un crime et un
sacrilège. Dans les choses qui nous semblent les plus utiles, l'autorité
du corps social s'interpose et gêne la volonté des individus; Terpandre
ne peut chez les Spartiates ajouter une corde à sa lyre sans que les
éphores ne s'offensent. Dans les relations les plus domestiques,
l'autorité intervient encore. Le jeune Lacédémonien ne peut visiter
librement sa nouvelle épouse. A Rome, les censeurs portent un œil
scrutateur dans l'intérieur des familles. Les lois règlent les mœurs, et
comme les mœurs tiennent à tout, il n'y a rien que les lois ne règlent.</div>
<div class="texte" dir="ltr">
Ainsi chez les anciens, l'individu,
souverain presque habituellement dans les affaires publiques, est
esclave dans tous les rapports privés. Comme citoyen, il décide de la
paix et de la guerre; comme particulier, il est circonscrit, observé,
réprimé dans tous ses mouvements; comme portion du corps collectif, il
interroge, destitue, condamne, dépouille, exile, frappe de mort ses
magistrats ou ses supérieurs; comme soumis au corps collectif, il peut à
son tour être privé de son état, dépouillé de ses dignités, banni, mis à
mort, par la volonté discrétionnaire de l'ensemble dont il fait partie.
Chez les modernes, au contraire, l'individu, indépendant dans sa vie
privée, n'est même dans les états les plus libres, souverain qu'en
apparence. Sa souveraineté est restreinte, presque toujours suspendue;
et si, à des époques fixes, mais rares, durant les quelles il est encore
entouré de précautions et d'entraves, il exerce cette souveraineté, ce
n'est jamais que pour l'abdiquer.</div>
<div class="texte" dir="ltr">
Je dois ici, Messieurs, m'arrêter
un instant pour prévenir une objection que l'on pourrait me faire. Il y a
dans l'antiquité une république où l'asservissement de l'existence
individuelle au corps collectif n'est pas aussi complet que je viens de
le décrire. Cette république est la plus célèbre de toutes; vous devinez
que je veux parler d'Athènes. J'y reviendrai plus tard, et en convenant
de la vérité du fait, je vous en exposerai la cause. Nous verrons
pourquoi de tous les états anciens, Athènes est celui qui a ressemblé le
plus aux modernes.<br />Partout ailleurs, la juridiction sociale était
illimitée. Les anciens, comme le dit Condorcet, n'avaient aucune notion
des droits individuels. Les hommes n'étaient, pour ainsi dire, que des
machines dont la loi réglait les ressorts et dirigeait les rouages. Le
même assujettissement caractérisait les beaux siècles de la république
romaine; l'individu s'était en quelque sorte perdu dans la nation, le
citoyen dans la cité.<br />Nous allons actuellement remonter à la source de cette différence essentielle entre les anciens et nous.</div>
<div class="texte" dir="ltr">
Toutes les républiques anciennes
étaient renfermées dans des limites étroites. La plus peuplée, la plus
puissante, la plus considérable d'entre elles, n'était pas égale en
étendue au plus petit des états modernes. Par une suite inévitable de
leur peu d'étendue, l'esprit de ces républiques était belliqueux, chaque
peuple froissait continuellement ses voisins ou était froissé par eux.
Poussés ainsi par la nécessité, les uns contre les autres, ils se
combattaient ou se menaçaient sans cesse. Ceux qui ne voulaient pas être
conquérants ne pouvaient déposer les armes sous peine d'être conquis.
Tous achetaient leur sûreté, leur indépendance, leur existence entière,
au prix de la guerre.<br />Elle était l'intérêt constant, l'occupation
presque habituelle des états libres de l'antiquité. Enfin, et par un
résultat également nécessaire de cette manière d'être, tous ces états
avaient des esclaves. Les professions mécaniques, et même, chez quelques
nations, les professions industrielles, étaient confiées à des mains
chargées de fers.<br />Le monde moderne nous offre un spectacle
complètement opposé. Les moindres états de nos jours sont
incomparablement plus vastes que Sparte ou que Rome durant cinq siècles.
La division même de l'Europe en plusieurs états, est, grâce aux progrès
des lumières, plutôt apparente que réelle. Tandis que chaque peuple,
autrefois, formait une famine isolée, ennemie née des autres familles,
une masse d'hommes existe maintenant sous différents noms, et sous
divers modes d'organisation sociale, mais homogène de sa nature. Elle
est assez forte pour n'avoir rien à craindre des hordes barbares. Elle
est assez éclairée pour que la guerre lui soit à charge. Sa tendance
uniforme est vers la paix.</div>
<div class="texte" dir="ltr">
Cette différence en amène une
autre. La guerre est antérieure au commerce; car la guerre et le
commerce ne sont que deux moyens différents d'atteindre le même but,
celui de posséder ce que l'on désire. Le commerce n'est qu'un hommage
rendu à la force du possesseur par l'aspirant à la possession. C'est une
tentative pour obtenir de gré à gré ce qu'on n'espère plus conquérir
par la violence. Un homme qui serait toujours le plus fort n'aurait
jamais l'idée du commerce. C'est l'expérience qui, en lui prouvant que
la guerre, c'est-a-dire, l'emploi de sa force contre la force d'autrui,
l'expose à diverses résistances et à divers échecs, le porte à recourir
au commerce, c'est-à-dire, à un moyen plus doux et plus sûr d'engager
l'intérêt d'un autre à consentir à ce qui convient à son intérêt. La
guerre est l'impulsion, le commerce est le calcul. Mais par la même il
doit venir une époque où le commerce remplace la guerre. Nous sommes
arrivés a cette époque.</div>
<div class="texte" dir="ltr">
Je ne veux point dire qu'il n'y ait
pas eu chez les anciens des peuples commerçants. Mais ces peuples
faisaient en quelque sorte exception à la règle générale. Les bornes
d'une lecture ne me permettent pas de vous indiquer tous les obstacles
qui s'opposaient alors aux progrès du commerce; vous les connaissez
d'ailleurs aussi bien que moi: je n'en rapporterai qu'un seul.
L'ignorance de la boussole forçait les marins de l'antiquité à ne perdre
les côtes de vue que le moins qu'il leur était possible. Traverser les
Colonnes d'Hercule, c'est-à-dire, passer le détroit de Gibraltar, était
considéré comme l'entreprise la plus hardie. Les Phéniciens et les
Carthaginois, les plus habiles des navigateurs, ne l'osèrent que fort
tard, et leur exemple resta longtemps sans être imité. A Athènes, dont
nous parlerons bientôt, l'intérêt maritime était d'environ 60 pour %,
pendant que l'intérêt ordinaire n'était que de douze, tant l'idée d'une
navigation lointaine impliquait celle du danger.</div>
<div class="texte" dir="ltr">
De plus, si je pouvais me livrer à
une digression qui malheureusement serait trop longue, je vous
montrerais, Messieurs, par le détail des moeurs, des habitudes, du mode
de trafiquer des peuples commerçants de l'antiquité avec les autres
peuples, que leur commerce même était, pour ainsi dire, imprégné de
l'esprit de l'époque, de l'atmosphère, de guerre et d'hostilité qui les
entourait. Le commerce alors était un accident heureux, c'est
aujourd'hui l'état ordinaire, le but unique, la tendance universelle, la
vie véritable des nations. Elles veulent le repos, avec le repos
l'aisance, et comme source de l'aisance, l'industrie. La guerre est
chaque jour un moyen plus inefficace de remplir leurs vœux. Ses chances
n'offrent plus ni aux individus, ni aux nations des bénéfices qui
égalent les résultats du travail paisible et des échanges réguliers.
Chez les anciens, une guerre heureuse ajoutait en esclaves, en tributs,
en terres partagées, à la richesse publique et particulière. Chez les
modernes, une guerre heureuse coûte infailliblement plus qu'elle ne
vaut.<br />Enfin, grâce au commerce, à la religion, aux progrès
intellectuels et moraux de l'espèce humaine il n'y a plus d'esclaves
chez les nations européennes. Des hommes libres doivent exercer toutes
les professions, pourvoir à tous les besoins de la société.</div>
<div class="texte" dir="ltr">
On pressent aisément, Messieurs, le résultat nécessaire de ces différences.<br />1°
L'étendue d'un pays diminue d'autant l'importance politique qui échoit
en partage à chaque individu. Le républicain le plus obscur de Rome ou
de Sparte était une puissance. Il n'en est pas de même du simple citoyen
de la Grande-Bretagne ou des États-Unis. Son influence personnelle est
un élément imperceptible de la volonté sociale qui imprime au
gouvernement sa direction.<br />En second lieu, l'abolition de l'esclavage
a enlevé à la population libre tout le loisir qui résultait pour elle
de ce que des esclaves étaient chargés de la plupart des travaux. Sans
la population esclave d'Athènes, 20.000 Athéniens n'auraient pas pu
délibérer chaque jour sur la place publique.<br />Troisièmement, le
commerce ne laisse pas, comme la guerre, dans la vie de l'homme des
intervalles d'inactivité. L'exercice perpétuel des droits politiques, la
discussion journalière des affaires de l'État, les dissensions, les
conciliabules, tout le cortège et tout le mouvement des factions,
agitations nécessaires, remplissage obligé, si j'ose employer ce terme,
dans la vie des peuples libres de l'antiquité, qui auraient langui, sans
cette ressource, sous le poids d'une inaction douloureuse,
n'offriraient que trouble et que fatigue aux nations modernes, où chaque
individu occupé de ses spéculations, de ses entreprises, des
jouissances qu'il obtient ou qu'il espère, ne veut en être détourné que
momentanément et le moins qu'il est possible.<br />Enfin, le commerce
inspire aux hommes un vif amour pour l'indépendance individuelle. Le
commerce subvient à leurs besoins, satisfait à leurs désirs, sans
l'intervention de l'autorité. Cette intervention est presque toujours,
et je ne sais pourquoi je dis presque, cette intervention est toujours
un dérangement et une gêne. Toutes les fois que le pouvoir collectif
veut se mêler des spéculations particulières, il vexe les spéculateurs.
Toutes les fois que les gouvernements prétendent faire nos affaires, ils
les font plus mal et plus dispendieusement que nous.</div>
<div class="texte" dir="ltr">
Je vous ai dit, Messieurs, que je
vous reparlerais d'Athènes, dont on pourrait opposer l'exemple à
quelques-unes de mes assertions, et dont l'exemple, au contraire, va les
confirmer toutes.<br />Athènes, comme, je l'ai déjà reconnu, était, de
toutes les républiques grecques, la plus commerçante: aussi
accordait-elle à ses citoyens infiniment plus de liberté individuelle
que Rome et que Sparte. Si je pouvais entrer dans des détails
historiques, je vous ferais voir que le commerce avait fait disparaître
de chez les Athéniens plusieurs des différences qui distinguent les
peuples anciens des peuples modernes. L'esprit des commerçants d'Athènes
était pareil a celui des commerçants de nos jours. Xénophon nous
apprend que, durant la guerre du Péloponnèse, ils sortaient leurs
capitaux du continent de l'Attique et les envoyaient dans les îles de
l'Archipel. Le commerce avait créé chez eux la circulation. Nous
remarquons dans Isocrate des traces de l'usage des lettres-de-change.
Aussi, observez, combien leurs moeurs ressemblent aux nôtres. Dans leurs
relations avec les femmes, vous verrez, je cite encore Xénophon, les
époux satisfaits quand la paix et une amitié décente règnent dans
l'intérieur du ménage, tenir compte à l'épouse trop fragile de la
tyrannie de la nature, fermer les yeux sur l'irrésistible pouvoir des
passions, pardonner la première faiblesse et oublier la seconde. Dans
leurs rapports avec les étrangers l'on les verra prodiguer les droits de
cité à quiconque, se transportant chez eux avec sa famille, établit un
métier ou une fabrique; enfin on sera frappé de leur amour excessif pour
l'indépendance individuelle.</div>
<div class="texte" dir="ltr">
A Lacédémone, dit un philosophe,
les citoyens accourent lorsque le magistrat les appelle; mais un
Athénien serait au désespoir qu'on le crût dépendant d'un magistrat.<br />Cependant,
comme plusieurs des autres circonstances qui décidaient du caractère
des nations anciennes existaient aussi a Athènes; comme il y avait une
population esclave, et que le territoire était fort reserré, nous y
trouvons des vestiges de la, liberté propre aux anciens. Le peuple fait
les lois, examine la conduite des magistrats, somme Périclès de rendre
ses comptes, condamne à mort les généraux qui avaient commandé au combat
des Arginuses. En même temps, l'ostracisme, arbitraire légal et vanté
par tous les législateurs de l'époque; l'ostracisme, qui nous paraît et
doit nous paraître une révoltante iniquité, prouve que l'individu était
encore bien plus asservi à la suprématie du corps social à Athènes,
qu'il ne l'est de nos jours dans aucun état libre de l'Europe.</div>
<div class="texte" dir="ltr">
Il résulte de ce que je viens
d'exposer, que nous ne pouvons plus jouir de la liberté des anciens, qui
se composait de la participation active et constante au pouvoir
collectif. Notre liberté à nous, doit se composer de la jouissance
paisible de l'indépendance privée. La part que dans l'antiquité chacun
prenait à la souveraineté nationale n'était point, comme de nos jours,
une supposition abstraite. La volonté de chacun avait une influence
réelle: l'exercice de cette volonté était un plaisir vif et répété. En
conséquence, les anciens étaient disposés à faire beaucoup de sacrifices
pour la conservation de leurs droits politiques et de leur part dans
l'administration de l'État. Chacun sentant avec orgueil tout ce que
valait son suffrage, trouvait dans cette conscience de son importance
personnelle, un ample dédommagement.<br />Ce dédommagement n'existe plus
aujourd'hui pour nous. Perdu dans la multitude, l'individu n'aperçoit
presque jamais l'influence qu'il exerce. Jamais sa volonté ne s'empreint
sur l'ensemble, rien ne constate à ses propres yeux sa coopération.
L'exercice des droits politiques ne nous offre donc plus qu'une partie
des jouissances que les anciens y trouvaient, et en même temps les
progrès de la civilisation, la tendance commerciale de l'époque, la
communication des peuples entre eux, ont multiplié et varié à l'infini
les moyens de bonheur particulier.</div>
<div class="texte" dir="ltr">
Il s'ensuit que nous devons être
bien plus attachés que les anciens à notre indépendance individuelle;
car les anciens, lorsqu'ils sacrifiaient cette indépendance aux droits
politiques, sacrifiaient moins pour obtenir plus; tandis qu'en faisant
le même sacrifice, nous donnerions plus pour obtenir moins.<br />Le but
des anciens était le partage du pouvoir social entre tous les citoyens
d'une même patrie: c'était là ce qu'ils nommaient liberté. Le but des
modernes est la sécurité dans les jouissances privées; et ils nomment
liberté les garanties accordées par les institutions à ces jouissances.</div>
<div class="texte" dir="ltr">
J'ai dit en commençant que, faute
d'avoir aperçu ces différences, des hommes bien intentionnés d'ailleurs,
avaient causé des maux infinis durant notre longue et orageuse
révolution. A Dieu ne plaise que je leur adresse des reproches trop
sévères: leur erreur même était excusable. On ne saurait lire les belles
pages de l'antiquité, l'on ne se retrace point les actions de ses
grands hommes sans ressentir je ne sais quelle émotion d'un genre
particulier que ne fait éprouver rien de ce qui est moderne. Les vieux
éléments d'une nature antérieure, pour ainsi dire, à la nôtre, semblent
se réveiller en nous à ces souvenirs. II est difficile de ne pas
regretter ces temps où les facultés de l'homme se développaient dans une
direction tracée d'avance, mais dans une carrière si vaste, tellement
fortes de leurs propres forces, et avec un tel sentiment d'énergie et de
dignité; et lorsqu'on se livre à ces regrets, il est impossible de ne
pas vouloir imiter ce qu'on regrette. Cette impression était profonde,
surtout lorsque nous vivions sous des gouvernements abusifs, qui, sans
être forts, étaient vexatoires, absurdes en principes, misérables en
action; gouvernements qui avaient pour ressort l'arbitraire, pour but le
rapetissement de l'espèce humaine, et que certains hommes osent nous
vanter encore aujourd'hui, comme si nous pouvions oublier jamais que
nous avons été témoins et victimes de leur obstination, de leur
impuissance et de leur renversement. Le but de nos réformateurs fut
noble et généreux. Qui d'entre nous n'a pas senti son coeur battre
d'espérance à l'entrée de la route qu'ils semblaient ouvrir? Et malheur
encore à présent à qui n'éprouve pas le besoin de déclarer que
reconnaître quelques erreurs commises par nos premiers guides, ce n'est
pas flétrir leur mémoire ni désavouer des opinions que les amis de
l'humanité ont professées d'âge en âge.</div>
<div class="texte" dir="ltr">
Mais ces hommes avaient puisé
plusieurs de leurs théories dans les ouvrages de deux philosophes qui ne
s'étaient pas douté eux-mêmes des modifications apportées par deux
mille ans aux dispositions du genre humain. J'examinerai peut-être une
fois le système du plus illustre de ces philosophes, de Jean-Jacques
Rousseau, et je montrerai qu'en transportant dans nos temps modernes une
étendue de pouvoir social, de souveraineté collective qui appartenait à
d'autres siècles, ce génie sublime qu'animait l'amour le plus pur de la
liberté, a fourni néanmoins de funestes prétextes à plus d'un genre de
tyrannie. Sans doute, en relevant ce que je considère comme une méprise
importante à dévoiler, je serai circonspect dans ma réfutation, et
respectueux dans mon blâme. J'éviterai, certes, de me joindre aux
détracteurs d'un grand homme. Quand le hasard fait qu'en apparence je me
rencontre avec eux sur un seul point, je suis en défiance de moi-même;
et, pour me consoler de paraître un instant de leur avis sur une
question unique et partielle, j'ai besoin de désavouer et de flétrir
autant qu'il est en moi ces prétendus auxiliaires.</div>
<div class="texte" dir="ltr">
Cependant, l'intérêt de la vérité
doit l'emporter sur des considérations que rendent si puissantes l'éclat
d'un talent prodigieux et l'autorité d'une immense renommée. Ce n'est
d'ailleurs point à Rousseau, comme on le verra, que l'on doit
principalement attribuer l'erreur que je vais combattre: elle appartient
bien plus à l'un de ses successeurs, moins éloquent, mais non moins
austère et mille fois plus exagéré. Ce dernier, l'abbé de Mably, peut
être regardé comme le représentant du système qui, conformément aux
maximes de la liberté antique, veut que les citoyens soient complètement
assujettis pour que la nation soit souveraine, et que l'individu soit
esclave pour que le peuple soit libre.<br />L'abbé de Mably, comme
Rousseau et comme beaucoup d'autres, avait, d'après les anciens, pris
l'autorité du corps social pour la liberté, et tous les moyens lui
paraissaient bons pour étendre l'action de cette autorité sur cette
partie récalcitrante de l'existence humaine, dont il déplorait
l'indépendance. Le regret qu'il exprime partout dans ses ouvrages, c'est
que la loi ne puisse atteindre que les actions. Il aurait voulu qu'elle
atteignît les pensées, les impressions les plus passagères; qu'elle
poursuivît l'homme sans relâche et sans lui laisser un asile où il pût
échapper à son pouvoir. A peine apercevait-il, n'importe chez quel
peuple, une mesure vexatoire, qu'il pensait avoir fait une découverte et
qu'il la proposait pour modèle: il détestait la liberté individuelle
comme on déteste un ennemi personnel; et, dès qu'il rencontrait dans
l'histoire une nation qui en était bien complètement privée, n'eût-elle
point de liberté politique, il ne pouvait s'empêcher de l'admirer. II
s'extasiait sur les Égyptiens, parce que, disait-il, tout chez eux était
réglé par la loi, jusqu'aux délassements, jusqu'aux besoins: tout
pliait sous l'empire du législateur; tous les moments de la journée
étaient remplis par quelque devoir; l'amour même était sujet à cette
intervention respectée, et c'était la loi qui tour-à-tour ouvrait et
fermait la couche nuptiale.</div>
<div class="texte" dir="ltr">
Sparte, qui réunissait des formes
républicaines au même asservissement des individus, excitait dans
l'esprit de ce philosophe un enthousiasme plus vif encore.<br />Ce vaste
couvent lui paraissait l'idéal d'une parfaite république. Il avait pour
Athènes un profond mépris, et il aurait dit volontiers de cette nation,
la première de la Grèce, ce qu'un académicien grand seigneur disait de
l'Académie française: "Quel épouvantable despotisme! tout le monde y
fait ce qu'il veut". Je dois ajouter que ce grand seigneur parlait de
l'Académie telle qu'elle était il y a trente ans.</div>
<div class="texte" dir="ltr">
Montesquieu, doué d'un esprit plus
observateur parce qu'il avait une tête moins ardente, n'est pas tombé
tout-à-fait dans les mêmes erreurs. Il a été frappé des différences que
j'ai rapportées: mais il n'en a pas démêlé la cause véritable. Les
politiques grecs qui vivaient sous le gouvernement populaire ne
reconnaissaient, dit-il, d'autre force que celle de la vertu. Ceux
d'aujourd'hui ne nous parlent que de manufactures, de commerce, de
finances, de richesses et de luxe même. Il attribue cette différence à
la république et à la monarchie: il faut l'attribuer à l'esprit opposé
des temps anciens et des temps modernes. Citoyens des républiques,
sujets des monarchies, tous veulent des jouissances, et nul ne peut,
dans l'état actuel des sociétés, ne pas en vouloir. Le peuple le plus
attaché de nos jours à sa liberté, avant l'affranchissement de la
France, était aussi le peuple le plus attaché à toutes les jouissances
de la vie; et il tenait à sa liberté surtout parce qu'il y voyait la
garantie des jouissances qu'il chérissait. Autrefois, là où il y avait
liberté, l'on pouvait supporter les privations: maintenant partout où il
y a privations, il faut l'esclavage pour qu'on s'y résigne. Il serait
plus possible aujourd'hui de<br />faire d'un peuple d'esclaves un peuple
de Spartiates, que de former des Spartiates par la liberté. Les hommes
qui se trouvèrent portés par le flot des événements à la tête de notre
révolution, étaient, par une suite nécessaire de l'éducation qu'ils
avaient reçue, imbus des opinions antiques, et devenues fausses,
qu'avaient mises en honneur les philosophes dont j'ai parlé. La
métaphysique de Rousseau, au milieu de laquelle paraissaient tout-à-coup
comme des éclairs des vérités sublimes et des passages d'une éloquence
entraînante, l'austérité de Mably, son intolérance, sa haine contre
toutes les passions humaines, son avidité de les asservir toutes, ses
principes exagérés sur la compétence de la loi, la différence de ce
qu'il recommandait et de ce qui avait existé, ses déclamations contre
les richesses et même contre la propriété; toutes ces choses devaient
charmer des hommes échauffés par une victoire récente, et qui,
conquérants de la puissance légale, étaient bien aises d'étendre cette
puissance sur tous les objets. C'était pour eux une autorité précieuse
que celle de deux écrivains qui, désintéressés dans la question et
prononçant anathème contre le despotisme des hommes, avaient rédigé en
axiome le texte de la loi. Ils voulurent donc exercer la force publique
comme ils avaient appris de leurs guides qu'elle avait été jadis exercée
dans les états libres. Ils crurent que tout devait encore céder devant
la volonté collective et que toutes les restrictions aux droits
individuels seraient amplement compensées par la participation au
pouvoir social.</div>
<div class="texte" dir="ltr">
Vous savez, Messieurs, ce qui en est résulté.<br />Des
institutions libres, appuyées sur la connaissance de l'esprit du
siècle, auraient pu subsister. L'édifice renouvelé des anciens s'est
écroulé, malgré beaucoup d'efforts et beaucoup d'actes héroïques qui ont
droit a l'admiration. C'est que le pouvoir social blessait en tout sens
l'indépendance individuelle sans en détruire le besoin. La nation ne
trouvait point qu'une part idéale à une souveraineté abstraite valût les
sacrifices qu'on lui commandait. On lui répétait vainement avec
Rousseau: les lois de la liberté sont mille fois plus austères que n'est
dur le joug des tyrans. Elle ne voulait pas de ces lois austères, et
dans sa lassitude, elle croyait quelquefois que le joug des tyrans
serait préférable. L'expérience est venue et l'a détrompée. Elle a vu
que l'arbitraire des hommes était pire encore que les plus mauvaises
lois. Mais les lois aussi doivent avoir leurs limites.</div>
<div class="texte" dir="ltr">
Si je suis parvenu, Messieurs, à
vous faire partager la conviction que dans mon opinion ces faits doivent
produire, vous reconnaîtrez avec moi la vérité des principes suivants.
L'indépendance individuelle est le premier besoin des modernes: en
conséquence, il ne faut jamais leur en demander le sacrifice pour
établir la liberté politique. Il s'ensuit qu'aucune des institutions
nombreuses et trop vantées qui, dans les républiques anciennes, gênaient
la liberté individuelle, n'est point admissible dans les temps
modernes.</div>
<div class="texte" dir="ltr">
Cette vérité, Messieurs, semble
d'abord superflue à établir. Plusieurs gouvernements de nos jours ne
paraissent guères enclins à imiter les républiques de l'antiquité.
Cependant quelque peu de goût qu'ils aient pour les institutions
républicaines, il y a de certains usages républicains pour lesquels ils
éprouvent je ne sais quelle affection. Il est fâcheux que ce soit
précisément celles qui permettent de bannir, d'exiler, de dépouiller. Je
me souviens qu'en en 1802, on glissa dans une loi sur les tribunaux
spéciaux un article qui introduisait en France l'ostracisme grec; et
Dieu sait combien d'éloquents orateurs, pour faire admettre cet article,
qui cependant fut retiré, nous parlèrent de la liberté d'Athènes, et de
tous les sacrifices que les individus devaient faire pour conserver
cette liberté! De même, à une époque bien plus récente, lorsque des
autorités craintives essayaient d'une main timide de diriger les
élections a leur gré, un journal qui n'est pourtant point entaché de
républicanisme, proposa de faire revivre la censure romaine pour écarter
les candidats dangereux.</div>
<div class="texte" dir="ltr">
Je crois donc ne pas m'engager dans
une digression inutile, si, pour appuyer mon assertion, je dis quelques
mots de ces deux institutions si vantées. L'ostracisme d'Athènes
reposait sur l'hypothèse que la société a toute autorité sur ses
membres. Dans cette hypothèse, il pouvait se justifier, et dans un petit
état, où l'influence d'un individu fort de son crédit, de sa
clientelle, de sa gloire, balançait souvent la puissance de la masse,
l'ostracisme pouvait avoir une apparence d'utilité. Mais parmi nous, les
individus ont des droits que la société doit respecter, et l'influence
individuelle est, comme je l'ai déjà observé, tellement perdue dans une
multitude d'influences égales ou supérieures, que toute vexation,
motivée sur la nécessité de diminuer cette influence, est inutile et par
conséquent injuste. Nul n'a le droit d'exiler un citoyen, s'il n'est
pas condamné légalement par un tribunal régulier, d'après une loi
formelle qui attache la peine de l'exil à l'action dont il est coupable.
Nul n'a le droit d'arracher le citoyen à sa patrie, le propriétaire à
ses biens, le négociant à son commerce, l'époux à son épouse, le père à
ses enfants, l'écrivain à ses méditations studieuses, le vieillard à ses
habitudes. Tout exil politique est un attentat politique. Tout exil
prononcé par une assemblée pour de prétendus motifs de salut public, est
un crime de cette assemblée contre le salut public qui n'est jamais que
dans le respect des lois, dans l'observance des formes, et dans le
maintien des garanties.</div>
<div class="texte" dir="ltr">
La censure romaine supposait comme
l'ostracisme un pouvoir discrétionnaire. Dans une république dont tous
les citoyens, maintenus par la pauvreté dans une simplicité extrême de
mœurs, habitaient la même ville, n'exerçaient aucune profession qui
détournât leur attention des affaires de l'État, et se trouvaient ainsi
constamment spectateurs et juges de l'usage du pouvoir public, la
censure pouvait d'une part avoir plus d'influence; et de l'autre,
l'arbitraire des censeurs était contenu par une espèce de surveillance
morale exercée contre eux. Mais aussitôt que l'étendue de la république,
la complication des relations sociales et les raffinements de la
civilisation, eurent enlevé à cette institution ce qui lui servait à la
fois de base et de limite, la censure dégénéra même à Rome. Ce n'était
donc pas la censure qui avait crée les bonnes mœurs; c'était la
simplicité des mœurs qui constituait la puissance et l'efficacité de la
censure.</div>
<div class="texte" dir="ltr">
En France, une institution aussi
arbitraire que la censure serait à la fois inefficace et intolérable:
dans l'état présent de la société, les mœurs se composent de nuances
fines, ondoyantes, insaisissables, qui se dénatureraient de mille
manières, si l'on tentait de leur donner plus de précision. L'opinion
seule peut les atteindre; elle seule peut les juger, parce qu'elle est
de même nature. Elle se soulèverait contre toute autorité positive qui
voudrait lui donner plus de précision. Si le gouvernement d'un peuple
moderne voulait, comme les censeurs de Rome, flétrir un citoyen par une
décision discrétionnaire, la nation entière réclamerait contre cet arrêt
en ne ratifiant pas les décisions de l'autorité.</div>
<div class="texte" dir="ltr">
Ce que je viens de dire de la
transplantation de la censure dans les temps modernes, s'applique à bien
d'autres parties de l'organisation sociale, sur lesquelles on nous cite
l'antiquité plus fréquemment encore, et avec bien plus d'emphase. Telle
est l'éducation, par exemple; que ne nous dit-on pas sur la nécessité
de permettre que le gouvernement s'empare des générations naissantes
pour les façonner à son gré, et de quelles citations érudites
n'appuie-t-on pas cette théorie! Les Perses, les Égyptiens, et la Gaule,
et la Grèce, et l'Italie, viennent tour à tour figurer à nos regards.
Eh! Messieurs, nous ne sommes ni des Perses, soumis à un despote, ni des
Égyptiens subjugués par des prêtres, ni des Gaulois pouvant être
sacrifiés par leurs druides, ni enfin des Grecs et des Romains que leur
part à l'autorité sociale consolait de l'asservissement privé. Nous
sommes des modernes, qui voulons jouir chacun de nos droits, développer
chacun nos facultés comme bon nous semble, sans nuire à autrui; veiller
sur le développement de ces facultés dans les enfants que le nature
confie à nôtre affection, d'autant plus éclairée qu'elle est plus vive,
et n'ayant besoin de l'autorité que pour tenir d'elle les moyens
généraux d'instruction qu'elle peut rassembler, comme les voyageurs
acceptent d'elle les grands chemins sans être dirigés par elle dans la
route qu'ils veulent suivre. La religion aussi est exposée à ces
souvenirs des autres siècles. De braves défenseurs de l'unité de
doctrine nous citent les lois des anciens contre les dieux étrangers, et
appuient les droits de l'église catholique de l'exemple des Athéniens
qui firent périr Socrate pour avoir ébranlé le polythéisme, et de celui
d'Auguste qui voulait qu'on restât fidèle au culte de ses pères, ce qui
fit que, peu de temps après, on livra aux bêtes les premiers chrétiens.</div>
<div class="texte" dir="ltr">
Défions-nous donc, Messieurs, de
cette admiration pour certaines réminiscences antiques. Puisque nous
vivons dans les temps modernes je veux la liberté convenable aux temps
modernes; et puisque nous vivons sous des monarchies, je supplie
humblement ces monarchies de ne pas emprunter aux républiques anciennes
des moyens de nous opprimer.</div>
<div class="texte" dir="ltr">
La liberté individuelle, je le
répète, voilà la véritable liberté moderne. La liberté politique en est
la garantie; la liberté politique est par conséquent indispensable. Mais
demander aux peuples de nos jours de sacrifier comme ceux d'autrefois
la totalité de leur liberté individuelle à la liberté politique, c'est
le plus sûr moyen de les détacher de l'une et quand on y serait parvenu,
on ne tarderait pas à leur ravir l'autre. Vous voyez, Messieurs, que
mes observations ne tendent nullement à diminuer le prix de la liberté
politique. Je ne tire point des faits que j'ai remis sous vos yeux les
conséquences que quelques hommes en tirent. De ce que les anciens ont
été libres, et de ce que nous ne pouvons plus être libres comme les
anciens, ils en concluent que nous sommes destinés à être esclaves. Ils
voudraient constituer le nouvel état social avec un petit nombre
d'éléments qu'ils disent seuls appropriés à la situation du monde
actuel. Ces éléments sont des préjugés pour effrayer les hommes, de
l'égoïsme pour les corrompre, de la frivolité pour les étourdir, des
plaisirs grossiers pour les dégrader, du despotisme pour les conduire;
et, il le faut bien, des connaissances positives et des sciences exactes
pour servir plus adroitement le despotisme. Il serait bizarre que tel
fût le résultat de quarante siècles durant lesquels l'espèce humaine a
conquis plus de moyens moraux et physiques: je ne puis le penser. Je
tire des différences qui nous distinguent de l'antiquité des
conséquences tout opposées. Ce n'est point la garantie qu'il faut
affaiblir, c'est la jouissance qu'il faut étendre. Ce n'est point a la
liberté politique que je veux renoncer; c'est la liberté civile que je
réclame, avec d'autres formes de liberté politique. Les gouvernements
n'ont pas plus qu'autrefois le droit de s'arroger un pouvoir illégitime.
Mais les gouvernements qui partent d'une source légitime ont de moins
qu'autrefois le droit d'exercer sur les individus une suprématie
arbitraire. Nous possédons encore aujourd'hui les droits que nous eûmes
de tout temps, ces droits éternels à consentir les lois, a délibérer sur
nos intérêts, à être partie intégrante du corps social dont nous sommes
membres. Mais les gouvernements ont de nouveaux devoirs; les progrès de
la civilisation, les changements opérés par les siècles, commandent à
l'autorité plus de respect pour les habitudes, pour les affections, pour
l'indépendance des individus. Elle doit porter sur tous ces objets une
main plus prudente et plus légère.</div>
<div class="texte" dir="ltr">
Cette réserve de l'autorité, qui
est dans ses devoirs stricts, est également dans ses intérêts bien
entendus; car si la liberté qui convient aux modernes est différente de
celle qui convenait aux anciens, le despotisme qui était possible chez
les anciens n'est plus possible chez les modernes. De ce que nous sommes
souvent plus distraits de la liberté politique qu'ils ne pouvaient
l'être, et dans notre état ordinaire moins passionnés pour elle, il peut
s'ensuivre que nous négligions quelquefois trop, et toujours à tort,
les garanties qu'elle nous assure; mais en même temps, comme nous tenons
beaucoup plus à la liberté individuelle que les anciens, nous la
défendrons, si elle est attaquée, avec beaucoup plus d'adresse et de
persistance; et nous avons pour la défendre des moyens que les anciens
n'avaient pas.</div>
<div class="texte" dir="ltr">
Le commerce rend l'action de
l'arbitraire sur notre existence plus vexatoire qu'autrefois, parce que
nos spéculations étant plus variées, l'arbitraire doit se multiplier
pour les atteindre; mais le commerce rend aussi l'action de l'arbitraire
plus facile a éluder, parce qu'il change la nature de la propriété, qui
devient par ce changement presque insaisissable.<br />Le commerce donne à
la propriété une qualité nouvelle, la circulation: sans circulation, la
propriété n'est qu'un usufruit; l'autorité peut toujours influer sur
l'usufruit, car elle peut enlever la jouissance; mais la circulation met
un obstacle invisible et invincible à cette action du pouvoir social.<br />Les
effets du commerce s'étendent encore plus loin: non seulement il
affranchit les individus, mais, en créant le crédit, il rend l'autorité
dépendante.</div>
<div class="texte" dir="ltr">
L'argent, dit un auteur français,
est l'arme la plus dangereuse du despotisme, mais il est en même temps
son frein le plus puissant; le crédit est soumis à l'opinion; la force
est inutile; l'argent se cache ou s'enfuit; toutes les opérations de
l'État sont suspendues. Le crédit n'avait pas la même influence chez les
anciens; leurs gouvernements étaient plus forts que les particuliers;
les particuliers sont plus forts que les pouvoirs politiques de nos
jours; la richesse est une puissance plus disponible dans tous les
instants, plus applicable a tous les intérêts, et par conséquent bien
plus réelle et mieux obéie; le pouvoir menace, la richesse récompense:
on échappe au pouvoir en le trompant; pour obtenir les faveurs de la
richesse, il faut la servir: celle-ci doit l'emporter.</div>
<div class="texte" dir="ltr">
Par une suite des mêmes causes,
l'existence individuelle est moins englobée dans l'existence politique.
Les individus transplantent au loin leurs trésors; ils portent avec eux
toutes les jouissances de la vie privée; le commerce a rapproché les
nations, et leur a donné des mœurs et des habitudes à peu près
pareilles: les chefs peuvent être ennemis; les peuples sont
compatriotes.</div>
<div class="texte" dir="ltr">
Que le pouvoir s'y résigne donc; il
nous faut de la liberté, et nous l'aurons; mais comme la liberté qu'il
nous faut est différente de celle des anciens, il faut à cette liberté
une autre organisation que celle qui pourrait convenir a la liberté
antique; dans celle-ci, plus l'homme consacrait de temps et de force a
l'exercice de ses droits politiques, plus il se croyait libre; dans
l'espèce de liberté dont nous sommes susceptibles, plus l'exercice de
nos droits politiques nous laissera de temps pour nos intérêts privés,
plus la liberté nous sera précieuse.</div>
<div class="texte" dir="ltr">
De la vient, Messieurs, la
nécessité du système représentatif. Le système représentatif n'est autre
chose qu'une organisation à l'aide de laquelle une nation se décharge
sur quelques individus de ce qu'elle ne peut ou ne veut pas faire
elle-même. Les individus pauvres font eux-mêmes leurs affaires: les
hommes riches prennent des intendants. C'est l'histoire des nations
anciennes et des nations modernes. Le système représentatif est une
procuration donnée à un certain nombre d'hommes par la masse du peuple,
qui veut que ses intérêts soient défendus, et qui néanmoins n'a pas le
temps de les défendre toujours lui-même. Mais a moins d'être insensés,
les hommes riches qui ont des intendants examinent avec attention et
sévérité si ces intendants font leur devoir, s'ils ne sont ni négligents
ni corruptibles, ni incapables; et pour juger de la gestion de ces
mandataires, les commettants qui ont de la prudence se mettent bien au
fait des affaires dont ils leur confient l'administration. De même, les
peuples qui, dans le but de jouir de la liberté qui leur convient,
recourent au système représentatif, doivent exercer une surveillance
active et constante sur leur représentants, et se réserver, à des
époques qui ne soient pas séparées par de trop longs intervalles, le
droit de les écarter s'ils ont trompé leurs voeux, et de révoquer les
pouvoirs dont ils auraient abusé.</div>
<div class="texte" dir="ltr">
Car, de ce que la liberté moderne
diffère de la liberté antique, il s'ensuit qu'elle est aussi menacée
d'un danger d'espèce différente.<br />Le danger de la liberté antique
était qu'attentifs uniquement à s'assurer le partage du pouvoir social,
les hommes ne fissent trop bon marché des droits et des jouissances
individuelles.<br />Le danger de la liberté moderne, c'est qu'absorbés
dans la jouissance de notre indépendance privée, et dans la poursuite de
nos intérêts particuliers, nous ne renoncions trop facilement à notre
droit de partage dans le pouvoir politique.</div>
<div class="texte" dir="ltr">
Les dépositaires de l'autorité ne
manquent pas de nous y exhorter. Ils sont si disposés à nous épargner
toute espèce de peine, excepté celle d'obéir et de payer! Ils nous
diront: Quel est au fond le but de vos efforts, le motif de vos travaux,
l'objet de toutes vos espérances? N'est-ce-pas le bonheur? Eh bien, ce
bonheur, laissez-nous faire, et nous vous le donnerons. Non, Messieurs,
ne laissons pas faire; quelque touchant que ce soit un intérêt si
tendre, prions l'autorité de rester dans ses limites; qu'elle se borne à
être juste. Nous nous chargerons d'être heureux.</div>
<div class="texte" dir="ltr">
Pourrions-nous l'être par des
jouissances, si ces jouissances étaient séparées des garanties? Et où
trouverions-nous ces garanties, si nous renoncions à la liberté
politique? Y renoncer, Messieurs, serait une démence semblable à celle
d'un homme qui, sous prétexte qu'il n'habite qu'un premier étage,
prétendrait bâtir sur le sable un édifice sans fondements.<br />D'ailleurs,
Messieurs, est-il donc si vrai que le bonheur, de quelque genre qu'il
puisse être, soit le but unique de l'espèce humaine? En ce cas, notre
carrière serait bien étroite et notre destination bien peu relevée. Il
n' est pas un de nous qui, s'il voulait descendre, restreindre ses
facultés morales, rabaisser ses désirs, abjurer l'activité, la gloire,
les émotions généreuses et profondes, ne pût s'abrutir et être heureux,
Non, Messieurs, j'en atteste cette partie meilleure de notre nature,
cette noble inquiétude qui nous poursuit et qui nous tourmente, cette
ardeur d'étendre nos lumières et de développer nos facultés; ce n'est
pas au bonheur seul, c'est au perfectionnement que notre destin nous
appelle; et la liberté politique est le plus puissant, le plus énergique
moyen de perfectionnement que le ciel nous ait donné.</div>
<div class="texte" dir="ltr">
La liberté politique soumettant à
tous les citoyens, sans exception, l'examen et l'étude de leurs intérêts
les plus sacrés, agrandit leur esprit, anoblit leurs pensées, établit,
entre eux tous une sorte d'égalité intellectuelle qui fait la gloire et
la puissance d'un peuple.<br />Aussi, voyez comme une nation grandit à la
première institution qui lui rend l'exercice régulier de la liberté
politique. Voyez nos concitoyens de toutes les classes, de toutes les
professions, sortant de la sphère de leurs travaux habituels et des leur
industrie privée, se trouver soudain au niveau des fonctions
importantes que la constitution leur confie, choisir avec discernement,
résister avec énergie, déconcerter la ruse, braver la menace, résister
noblement à la séduction. Voyez le patriotisme pur, profond et sincère,
triomphant dans nos villes et vivifiant jusqu'à nos hameaux, traversant
nos ateliers, ranimant nos campagnes, pénétrant du sentiment de nos
droits et de la nécessité des garanties l'esprit juste et droit du
cultivateur utile et du négociant industrieux, qui, savants dans
l'histoire des maux qu'ils ont subis, et non moins éclairés sur les
remèdes qu'exigent ces maux, embrassent d'un regard la France entière,
et, dispensateurs de la reconnaissance nationale, récompensent par leurs
suffrages, après trente années, la fidélité aux principes dans la
personne du plus illustre des défenseurs de la liberté. [Monsieur de
Lafayette, nommé député par la Sarthe].</div>
<div class="texte" dir="ltr">
Loin donc, Messieurs, de renoncer à
aucune des deux espèces de liberté dont je vous ai parlé, il faut, je
l'ai démontré, apprendre à les combiner l'une avec l'autre. Les
institutions, comme le dit le célèbre auteur de l'Histoire des
républiques du moyen âge [Sismonde de Sismondi], doivent accomplir les
destinées de l'espèce humaine; elles atteignent d'autant mieux leur but
qu'elles élèvent le plus grand nombre possible de citoyens à la plus
haute dignité morale.</div>
<div class="texte" dir="ltr">
L'œuvre du législateur n'est point
complète quand il a seulement rendu le peuple tranquille. Lors même que
ce peuple est content, il reste encore beaucoup à faire. Il faut que les
institutions achèvent l'éducation morale des citoyens. En respectant
leurs droits individuels, en ménageant leur indépendance, en ne
troublant point leurs occupations, elles doivent pourtant consacrer leur
influence sur la chose publique, les appeler à concourir, par leurs
déterminations et par leurs suffrages, à l'exercice du pouvoir, leur
garantir un droit de contrôle et de surveillance par la manifestation de
leurs opinions, et les formant de la sorte par la pratique à ces
fonctions élevées, leur donner à la fois et le désir et la faculté de
s'en acquitter.</div>
</div>
<div id="annexes">
<h4>
Pour citer ce document</h4>
<div id="pourCiter">
Benjamin <span class="familyName">Constant</span>, «De la liberté des anciens comparée à celle des modernes(1819)», <em>Les cahiers psychologie politique</em> [En ligne], numéro 13, Juillet 2008. URL : http://lodel.irevues.inist.fr/cahierspsychologiepolitique/index.php?id=164 </div>
</div>
Médias Citoyens Dioishttp://www.blogger.com/profile/06769203187523772866noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-995174148176424425.post-71962205249186907922013-09-01T07:32:00.001-07:002013-09-01T07:32:35.883-07:00Les Rencontres de l'Ecologie 2014 : la Biodiversité au Coeur....<!--[if gte mso 9]><xml>
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<br />
<div class="MsoNormal">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 14.0pt;">Inestimable biodiversité : les Rencontres de l'Ecologie 2014 </span></b></div>
<div class="MsoNormal">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: Verdana;">- Les habitants de la planète</span></b><span style="font-family: Verdana;"><br />
Seules 1,4 million d’espèces sont répertoriées sur la planète alors que
l’estimation du nombre total des espèces varie entre 5 et 30 millions ! Nous
connaissons 900 000 espèces d’insectes (90 % des insectes sont encore à
découvrir), 90 000 espèces de crustacés et arthropodes, 250 000 espèces de
plantes à fleur, 4 000 espèces de bactéries, 22 000 espèces de vers annelés et
ronds, et seulement 50 000 espèces de vertébrés. Cela donne une image de la biodiversité
bien différente de ce que l’on imagine : les espèces les plus visibles ne sont
pas les plus nombreuses ! Par exemple, un millilitre d’eau de mer contient
environ 1 million de bactéries, et un hectare de terre non polluée dans une
région tempérée abrite de 250 000 à 5 millions de vers de terre !</span></div>
<div class="MsoNormal">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: Verdana;">- Répartition de la biodiversité</span></b></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><a href="http://1.bp.blogspot.com/-ZHuK0UYpUQ0/UiNOJ3OUktI/AAAAAAAAURw/iGCont4MOkI/s1600/escargot+papillon.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="http://1.bp.blogspot.com/-ZHuK0UYpUQ0/UiNOJ3OUktI/AAAAAAAAURw/iGCont4MOkI/s1600/escargot+papillon.jpg" /></a></b></div>
<span style="font-family: Verdana;">La biodiversité des espèces
diminue régulièrement en fonction de la latitude, depuis l’équateur jusqu’aux
pôles. Ainsi, alors que 5 000 espèces de poissons sont présentes dans le bassin
de l’Amazone, il n’y en a que 50 dans le bassin du Rhône. Finalement, 80 % de
la biodiversité de la planète se trouve sous les tropiques. La forêt tropicale
constitue le milieu le plus riche : malgré une très petite superficie (7 % du
globe), elle abrite la moitié des espèces vivantes. Pour éviter une perte trop
rapide de la biodiversité de la Terre, les scientifiques ont défini 25 « hot
spots » (points chauds), des zones prioritaires de conservation à l’échelle du
globe. Ces dernières, qui abritent une biodiversité exceptionnelle, sont aussi
celles où les espèces sont le plus menacées de disparition. Elles rassemblent à
elles seules 44 % des plantes et 35 % des espèces de mammifères, oiseaux,
reptiles et amphibiens de la planète.<br />
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;">- Une 6e extinction massive ?</b><br />
Entre 1900 et 2000, l’humanité est passée de 1,8 à 6 milliards d’individus !
Cette explosion de la démographie humaine liée à la révolution industrielle a
de nombreuses conséquences car la pression sur les milieux est énorme.
L’utilisation massive d’eau, d’engrais, de pesticides destinés à une
agriculture industrielle et à un élevage intensif d’animaux entraîne la
disparition des sols arables et une diminution du niveau des nappes
phréatiques. L’essor de l’industrie (et de l’automobile en particulier) qui
utilise une énorme quantité d’énergies fossiles provoque un réchauffement
climatique global.<br />
Résultat : des disparitions massives d’espèces à la surface de la Terre. Ainsi,
260 espèces se sont éteintes au xxe siècle chez les seuls vertébrés, alors que
– étant donné la durée de vie moyenne d’une espèce (5 millions d’années)– une
seule espèce aurait dû disparaître au cours de cette période…</span><br />
<div class="MsoNormal">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: Verdana;">- Une écologie de la réconciliation<br />
</span></b><span style="font-family: Verdana;">La mise en place de réserves
naturelles sur 10 % des terres émergées ne peut suffire à préserver la totalité
de la biodiversité terrestre. C’est pourquoi Michael L. Rosenzweig, professeur
d’écologie à l’université d’Arizona, propose une « écologie de la
réconciliation » pour harmoniser les rapports des hommes avec les écosystèmes
qui les abritent : les aménagements (villes, routes, etc.) devant être prévus
dès leur conception pour permettre le maintien et même l’épanouissement de la
biodiversité.<br />
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;">- Une évaluation monétaire du vivant ?</b><br />
En 1997, une étude paraît dans la revue Nature, faisant la synthèse de
centaines de tentatives d’évaluation de biens et services rendus par les
écosystèmes du globe. Ces études conduites à travers 16 biomes (forêt
tropicale, savane…) évaluent monétairement les services rendus par les espèces
vivantes : régulation des gaz, régulation du climat, pollinisation, production
alimentaire… et l’extrapolent à l’ensemble de la planète. Le montant de ces
services est estimé à 33 trillions de dollars ! Or la somme des produits
nationaux bruts de la planète ne s’élève qu’à 18 trillions de dollars. Il
s’agit évidemment d’une évaluation très imprécise, mais elle nous permet de
mieux comprendre l’importance du rôle des écosystèmes dans notre économie, et
de tous les services qu’ils nous rendent gratuitement.<br />
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;">- « L’histoire de la biosphère</b> a
connu cinq extinctions majeures, et nous sommes au coeur de la sixième.
Aujourd’hui, le nombre d’espèces présentes sur Terre est mal connu, et évalué
entre 3 et 30 millions. On estime que cette sixième extinction est de 1 000 à 10
000 fois plus rapide que les extinctions qui l’ont précédée. Quelques exemples
de l’extinction en cours ? Tout d’abord, la disparition de la forêt tropicale,
un milieu de très grande biodiversité et dont beaucoup d’espèces animales ou
végétales sont très mal connues. Autre exemple, les pratiques de l’agriculture
industrielle ont eu un énorme impact sur les agro-écosystèmes de la Beauce, où
le sol n’est plus qu’un désert. Ou les fonds marins dévastés par l’exploitation
off-shore du pétrole, sans oublier l’estuaire des fleuves, qui subissent
l’impact de nos activités. »</span></div>
<div class="MsoNormal">
<b><span style="font-family: Verdana;">La biodiversité :
définition, histoire et protection</span></b></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<b><a href="http://3.bp.blogspot.com/-DjPSM0GkZUE/UiNOTbK-hnI/AAAAAAAAUR4/gVm_9dnZEBI/s1600/gypa_arlettaz.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="256" src="http://3.bp.blogspot.com/-DjPSM0GkZUE/UiNOTbK-hnI/AAAAAAAAUR4/gVm_9dnZEBI/s320/gypa_arlettaz.jpg" width="320" /></a></b></div>
<br />
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana;">“Biodiversité” est un
terme aujourd’hui très médiatisé et populaire, qui apparaît explicitement dans
les programmes 2008 du CE2 au CM2. Sa définition semble aller de soi puisque le
mot est une contraction de “diversité biologique”, deux mots compréhensibles
par tout le monde. Sa préservation semble consensuelle. Cependant les raisons
de sa préservation sont rarement expliquées. Il existe pourtant des
contradictions entre les raisons écologiques du scientifique et du naturaliste,
les raisons psychologiques de l’opinion et les raisons utilitaires de
l’agriculture et de la sylviculture. La compréhension, par les citoyens et les
décideurs de la planète, du problème actuel de la biodiversité nécessite celle
de l’évolution et du fonctionnement</span></div>
<div class="MsoNormal">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 14.0pt;">Biodiversité fragile et
indispensable…et belle <span style="mso-spacerun: yes;"> </span></span></b></div>
<div class="MsoNormal">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: Verdana;">1. Qu'est-ce que la biodiversité ?</span></b></div>
<div class="MsoNormal">
<a href="http://1.bp.blogspot.com/-7WU8ukVRPtg/UiNOegHB0TI/AAAAAAAAUSA/1Wm-Y9QkhJo/s1600/oiseaux+23.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="http://1.bp.blogspot.com/-7WU8ukVRPtg/UiNOegHB0TI/AAAAAAAAUSA/1Wm-Y9QkhJo/s1600/oiseaux+23.jpg" /></a><span style="font-family: Verdana;">La biodiversité (Wilson
1988), c'est la "diversité du vivant" ou encore la "diversité
biologique" (biological diversity, Lovejoy 1980). Le premier vocable a eu
plus de succès, mais c'est la même chose.<br />
La Convention sur la biodiversité (2005) en a donné une définition officielle :
"Diversité biologique : Variabilité des organismes vivants de toute
origine y compris, entre autres, les écosystèmes terrestres, marins et autres
écosystèmes aquatiques et les complexes écologiques dont ils font partie; cela
comprend la diversité au sein des espèces et entre espèces ainsi que celle des écosystèmes."</span></div>
<div class="MsoNormal">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: Verdana;">1.1. Le constat de la biodiversité :</span></b></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana;">Le constat de la diversité
du vivant est ancien. Les premiers classificateurs (Aristote et Pline par
exemple) avaient une certaine conscience de cette diversité ; mais ils
l'avaient sous-estimée.<br />
Tout au cours de l'histoire des sciences, le nombre des espèces inventoriées
est allé croissant. Ainsi “à la fin du XVIIe siècle, un naturaliste comme John
Ray estimait le nombre d’espèces dinsectes existant au monde à 10 ou 20 000”
(Michel Chauvet et Louis Olivier, 1993). Aujourd’hui, les entomologistes en ont
dénombré 1 million. Ce dénombrement est assujetti à la définition de l'espèce
(Linné vers 1735). Plus l'inventaire du vivant progresse (XVIIIe), "plus
notre embarras s'accroît pour déterminer ce qui doit être regardé comme
espèce" (Lamarck, Philosophie zoologique, 1809). Ainsi les classificateurs
se sont demandés, par exemple, si, en Afrique, l'éléphant des savanes et celui
des forêts constituaient deux sous-espèces de l'espèce "éléphant d'Afrique"
ou deux espèces distinctes.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana;">Quelle qu'en soit la
réponse, cela change peu quant à la qualité "biodiversifiée" du
vivant. Il est difficile de quantifier, de façon objective, la
biodiversification du vivant. Les paléontologistes ont remarqué,
</span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://2.bp.blogspot.com/-A61MMEduUoU/UiNOjfLGjsI/AAAAAAAAUSI/YJQIVossQbY/s1600/abeille62+6.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="213" src="http://2.bp.blogspot.com/-A61MMEduUoU/UiNOjfLGjsI/AAAAAAAAUSI/YJQIVossQbY/s320/abeille62+6.jpg" width="320" /></a></div>
épisodiquement, des chutes brutales de cette diversité, des extinctions
massives. S'il existe aujourd'hui deux ou trois espèces d'éléphants, il en a
existé de nombreux autres au Tertiaire et au Quaternaire. Ainsi donc la
biodiversité des Proboscidiens (le groupe zoologique des éléphants) a diminué.<br />
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana;">La biodiversité, malgré sa
constation précoce, a été, malgré tout, perçue différemment depuis le 19e
siècle, et surtout depuis Darwin. La biodiversité est devenue “évolutive” et
est perçue maintenant dynamiquement. Linnée concevait une biodiversité en
tiroirs indépendants.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: Verdana;">1.2. La répartition de la biodiversité (apports de
la biogéographie et de l'écologie) :</span></b></div>
<div class="MsoNormal">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: Verdana;">1.2.1. Biodiversité et latitude :<br />
</span></b><span style="font-family: Verdana;">“La richesse en espèces augmente
des pôles vers l’équateur pour la plupart des groupes taxinomiques...”
(Christian Lévêque 2001)<br />
Le milieu terrestre qui est considéré comme le plus diversifié est la forêt
inter-tropicale. Les forêts tempérées présentent comparativement peu d'espèces.<br />
A priori, deux explications peuvent être avancées :<br />
- l'humanisation plus importante des régions tempérées aurait fait disparaître
des espèces ;<br />
- le climat chaud et humide des zones inter-tropicales favoriserait la
biodiversité.<br />
Mais, il semble que :<br />
- les glaciations en Europe aient fait descendre les espèces vers le sud. Ce
déplacement vers le sud aurait été arrêté par la Méditerranée, réduisant ainsi
leur aire de répartition. Ici, l'homme n'y serait pour rien.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: Verdana;">1.2.2. Biodiversité et pollution</span></b><span style="font-family: Verdana;"> <b style="mso-bidi-font-weight: normal;">:</b></span></div>
<div class="MsoNormal">
<a href="http://2.bp.blogspot.com/-mcavMyrKDjE/UiNOphytn-I/AAAAAAAAUSQ/eLkSWb2agMA/s1600/58450_150611861629954_128522350505572_345696_4314752_s.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="http://2.bp.blogspot.com/-mcavMyrKDjE/UiNOphytn-I/AAAAAAAAUSQ/eLkSWb2agMA/s1600/58450_150611861629954_128522350505572_345696_4314752_s.jpg" /></a><span style="font-family: Verdana;">Les milieux aquatiques
peuvent être plus ou moins biodiversifiés. C'est l'écologie qui nous apporte
ici des informations. En effet, les milieux aquatiques pollués présentent une
diversité moindre, à tel point que le nombre d'espèces différentes sert
d'indice pour évaluer le degré de pollution. Il s'agit de la méthode des
"indices biotiques".</span></div>
<div class="MsoNormal">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: Verdana;">1.2.3. Biodiversité et groupes zoologiques :</span></b><span style="font-family: Verdana;"></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana;">Les insectes “ont évolué
en trois grandes explosions évolutives, au cours desquelles ils ont d’abord
développé des ailes, puis la métamorphose avant de créer l’art de polliniser et
d’inaugurer la vie en société. Grâce à ces avantages, les insectes représentent
85% de la diversité animale“ (André Nel 2002).<br />
En considérant l’ensemble du vivant, il semble que la biodiversité au sein des
groupes zoologiques soit en rapport inverse de la taille de leurs espèces. Il y
a plus d’espèces chez les (petits) insectes que chez les (grands) mammifères.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: Verdana;">2. Histoire de la biodiversité ou évolution du
vivant (apports de la paléontologie)</span></b></div>
<div class="MsoNormal">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: Verdana;">2.1. Le constat de l'évolution :</span></b></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana;">La première structure à
considérer dans l'histoire du vivant c'est la cellule. Les premiers êtres ont
des cellules simples, ce sont les bactéries. Les être furent d'abord
unicellulaires avant d'être pluricellulaires. Mais remarquons dès à présent que
ces types cohabitent aujourd'hui. Il a fallu attendre que l'atmosphère
s'enrichisse en di-oxygène et en ozone (Grâce à la photosynthèse des végétaux à
partir de la fin du Précambrien) pour que la vie terrestre (terres émergées) se
développe. Sans la couche d'ozone, la vie est impossible en dehors de l'eau. Aussi
voit-on apparaître à l'Ère Primaire ou Paléozoïque, après les poissons, les
premiers amphibiens qui ne sont pas totalement indépendants du milieu aquatique
puisqu'ils se reproduisent dans l'eau. Les animaux qui apparaissent après,
possèdent un liquide amniotique qui leur permet de se reproduire en dehors de
l'eau. Ce sont les dinosaures, les lézards, les oiseaux... et les mammifères.
On constate le même affranchissement vis à vis du milieu aquatique chez les
végétaux : Après les algues, apparaîtront les mousses, puis les fougères (qui
ont toujours besoin d'un petit film d'eau pour se reproduire). Enfin, les
plantes à fleurs se libèrent de l'eau puisque les spermatozoïdes du pollen ne
nagent plus dans l'eau, mais progressent dans un tube pollinique.<br />
Cette histoire raccourcie du vivant sur la Terre (que l'on retrouve dans la
classification phylogénétique) montre l'antériorité du mode de vie aquatique
sur le mode terrestre.<br />
Deux remarques s'imposent :<br />
1) La coexistence des formes ancestrales avec les formes ultérieures si bien
qu'actuellement les humains observant cette diversité ont sous les yeux
simultanément presque toutes les grandes formes historiques de la vie ;<br />
2) Les paléontologistes ont remarqué que cette évolution n'était pas linéaire.
Ainsi les premiers mammifères ont cohabité avec les premiers reptiles du
Secondaire (mésozoïque).</span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://4.bp.blogspot.com/-3bybksdPxTA/UiNOvhdsCqI/AAAAAAAAUSY/d-eJ7q-qgQk/s1600/blaireauauser-des-degats-impr.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="218" src="http://4.bp.blogspot.com/-3bybksdPxTA/UiNOvhdsCqI/AAAAAAAAUSY/d-eJ7q-qgQk/s320/blaireauauser-des-degats-impr.jpg" width="320" /></a></div>
La classification phylogénétique du vivant (Lecointre 2001) intègre les données
de l'évolution. L'histoire des sciences montre une évolution des façons de
classer le vivant, lesquelles sont révélatrices des conceptions, depuis
l'anthropocentrisme qui consiste à faire référence à l'utilité pour l'homme et
à la comparaison avec l'homme, en passant par le fixisme et le typologisme de
Linné (chaque espèce créée doit être placée dans une case), jusqu'à
l'évolutionnisme moderne.<br />
<div class="MsoNormal">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: Verdana;">2.2. Le comment de l'évolution :</span></b></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana;">C'est principalement à
partir du XVIIIe que les savants ont eu l'idée de l'évolution. Signalons que
Linné était fixiste. Le XIXe va s'intéresser à son processus. Deux théories
s'affrontent : le transformisme de Lamarck (1809) et l'évolutionnisme de Darwin
(1859).</span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana;">Différence entre le
transformisme de Lamarck et l'évolutionnisme de Darwin :</span></div>
<div class="MsoNormal">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: Verdana;">2.2.1. Lamarck explique que le fourmilier a perdu
ses dents</span></b><span style="font-family: Verdana;"> parce qu'il a pris
"l'habitude de n'exécuter aucune mastication" et que ce caractère
s'est conservé dans les générations suivantes. C'est l'hérédité des caractères
acquis. "Les serpents ayant pris l'habitude de ramper sur la terre, et de
se cacher sous les herbes, leur corps, par suite d'efforts toujours répétés
pour s'allonger, afin de passer dans des espaces étroits, a acquis une longueur
considérable... Or, des pattes eussent été très inutiles..." (Lamarck,
1809)</span></div>
<div class="MsoNormal">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: Verdana;">2.2.2. Selon Darwin, la nature a tendance à se
diversifier</span></b><span style="font-family: Verdana;"> <b style="mso-bidi-font-weight: normal;">:</b> "une légère différence entre les variétés s'amplifie au
point de devenir une grande différence que nous remarquons entre les
espèces". C'est le principe de divergence des caractères. La nature
propose de nouveaux caractères. Seuls les caractères les plus avantageux
permettront aux espèces qui les possèdent de survivre. Ainsi ces caractères
sont transmis aux générations suivantes. “J’ai donné le nom de sélection
naturelle ou de persitance du plus apte à cette conservation des différences et
des variations individuelles favorables”.<br />
La nature produit donc sans cesse de nouvelles espèces, compensées par des
extinctions : "Nous pouvons affirmer que les formes les plus anciennes
doivent disparaître à mesure que les formes nouvelles se produisent, à moins
que nous n'admettions que le nombre des formes spécifiques augmente
indéfiniment. Or la géologie nous démontre que le nombre des formes spécifiques
n'a pas indéfiniment augmenté." On résout mieux aujourd'hui ce problème
avec la connaissance des cinq grandes extinctions.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: Verdana;">2.3. La biodiversité a été plusieurs fois attaquée
au cours de l'histoire de la terre, ce sont les 5 grandes extinctions :</span></b></div>
<div class="MsoNormal">
<a href="http://3.bp.blogspot.com/-EkSSOM1ALrM/UiNO1t7lBiI/AAAAAAAAUSg/KsBKSnoKuNw/s1600/091209.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="178" src="http://3.bp.blogspot.com/-EkSSOM1ALrM/UiNO1t7lBiI/AAAAAAAAUSg/KsBKSnoKuNw/s320/091209.jpg" width="320" /></a><b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: Verdana;">2.3.1. Fin de l'Ordovicien (440 millions d'années),<br />
2.3.2. Fin du Dévonien ( 365 millions d'années),<br />
2.3.3. Fin du Permien (225 millions d'années),<br />
2.3.4. Fin du Triassique (210 millions d'années),<br />
2.3.5. Fin du Crétacé (65 millions d'années).</span></b><span style="font-family: Verdana;"><br />
Difficile de dire si ces catastrophes ont réduit la biodiversité d'aujourd'hui,
mais il est certain qu'elles en ont modifié l'aspect. Ainsi les mammifères ont
profité de l'extinction des dinosaures.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: Verdana;">2.4. La biodiversité est aujourd'hui menacée :</span></b></div>
<div class="MsoNormal">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: Verdana;">les principales causes actuelles de la destruction
de la biodiversité sont (Dajoz 2008) :<br />
2.4.1. "La fragmentation et/ou la destruction des habitats." Ex : la
dégradation du bocage ;<br />
2.4.2. "Les invasions par des espèces étrangères véhiculées volontairement
ou non par l'homme..." Ex : l'ambroisie ;<br />
2.4.3. "Les pollutions" ; <br />
2.4.4. "La surexploitation des ressources" ;<br />
2.4.5. "Les modifications climatiques"</span></b></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana;">Concernant les menaces
actuelles sur la biodiversité, certains auteurs n'hésitent pas à parler de la
6e extinction massive :</span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana;">"Il s'agit là d'une
véritable tragédie qui fait de cette hécatombe le sixième grand spasme
d'extinction depuis l'explosion cambrienne de la vie il y a 600 millions
d'années. La particularité de cette crise est d'être provoquée par des
processus propres à la planète elle même - les activités d'une seule espèce,
l'homme - et non pas par des catastrophes de type cosmique comme la collision
d'une météorite..." (Blondel 2006).</span></div>
<div class="MsoNormal">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: Verdana;">3. La protection de la biodiversité :</span></b></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana;">“Plus de 150 Etats ont
ratifié la Convention sur la diversité biologique qui reconnaît pour la
première fois que la conservation de la diversité biologique est une «
préoccupation commune à l’humanité » et qu’elle fait partie intégrante du
processus de développement.”
(http://www.ecologie.gouv.fr/Convention-sur-ladiversite.html)</span></div>
<div class="MsoNormal">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: Verdana;">3.1. Les rapports de l'homme à la diversité du
vivant :</span></b></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana;">Les hommes apprécient de
manières très différentes les animaux et végétaux sauvages qui l'entourent.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana;">Trois types de
comportements peuvent être identifiés (Pierre Joly 2006):</span></div>
<div class="MsoNormal">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: Verdana;">3.1.1. la raison économique</span></b><span style="font-family: Verdana;"> (anthropocentrisme économique) : Les êtres vivants
sont appréciés quand ils favorisent l'économie et détruits dans le cas
contraire ; Exemple : destruction des insectes et des "mauvaises
herbes" dans les cultures et les jardins potagers. C'est la conception
utilitaire de la nature.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: Verdana;">3.1.2. la raison psychologique</span></b><span style="font-family: Verdana;"> (anthropocentrisme culturel) : Les êtres vivants
sont considérés en raison de leur esthétisme ; Exemple : les orties dans les
jardins d'agréments, les pissenlits sur la pelouse de la mairie, mais aussi la
phobie des serpents et araignées. C'est la conception esthétique de la nature.</span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://3.bp.blogspot.com/-BW722mjD6vY/UiNO9g7O86I/AAAAAAAAUSo/3hypQZ0COOI/s1600/gastronomie_fruit.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="http://3.bp.blogspot.com/-BW722mjD6vY/UiNO9g7O86I/AAAAAAAAUSo/3hypQZ0COOI/s1600/gastronomie_fruit.jpg" /></a></div>
<br />
<div class="MsoNormal">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: Verdana;">3.1.3. la raison écologique</span></b><span style="font-family: Verdana;"> (écocentrisme et biocentrisme) : Les êtres vivants
sont appréciés dans toute leur diversité parce que celle-ci est facteur de
stabilité des écosystèmes ; Exemple : le maintien dans les forêts domaniales de
quelques vieux arbres assaillis par les xylophages semblerait limiter l'impact
de ces insectes sur les arbres exploités.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: Verdana;">3.2. Pourquoi protéger la biodiversité ?</span></b></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana;">La protection de la
biodiversité, donc de toutes les espèces encore existantes aujourd’hui ne va
pas de soi. Argumenter pour la protection des requins mangeurs d’hommes met
forcément dans l’embarras. Les poux et autres ecto-parasites sont-ils des
éléments désirables de la biodiversité ? Si la protection des gorilles
africains est facile à admettre pour un européen, celle des ours des Pyrénées
est plus difficile à accepter par un éleveur pyrénéen. C’est bien souvent
lorsqu’une espèce se raréfie que les hommes commencent à mieux l’estimer. On en
vient donc à penser que ce sont plutôt les proliférations que les espèces
elles-mêmes qui sont nuisibles.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: Verdana;">3.2.1. Instabilité des écosystèmes simplifiés et
des agrosystèmes :</span></b></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana;">"Pour conserver la
stabilité il faut conserver la variété" (Joël de Rosnay). Une espèce dont
les effectifs deviennent trop faibles sont sujets à la dérive génétique
c'est-à-dire à l'aléatoire des gènes qui subsistent dans les quelques individus
survivants. En dessous d'un certain seuil, l'espèce est condamnée à
disparaître, à la fois par consanguinité et par dérive génétique.<br />
"Un postulat plus ou moins intuitif est que les écosystèmes sont d'autant
plus stables qu'ils sont diversifiés... La suppression d'une liaison sera
rapidement compensée par la mise en place d'une autre. Certains résultats sont
venus étayer cette hypothèse... La complexité tend à stabiliser les écosystèmes
en amortissant les fluctuations temporelles des populations." Lévêque 2008</span></div>
<div class="MsoNormal">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: Verdana;">3.2.2. Biodiversité et complexité :</span></b></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana;">“Plus les écosystèmes sont
complexes, plus le nombre d’espèces qui interfèrent est élevé et plus les
populations sont stables. Des fluctuations importantes et rapides apparaissent
dans les écosystèmes simples où peu d’espèces sont présentes et où les chaînes
alimentaires sont courtes. Toute modification quantitative à un des niveaux
trophiques se répercutera violemment sur les niveaux supérieurs car les espèces
n’ont pas la possibilité de choisir d’autres sources alimentaires” (Dajoz,
Dunod, 1971, p.239).<br />
“La biologie occupe une place de choix dans l’étude de la complexité, et tous
les systèmes vivants, même les plus simples, sont des systèmes complexes, le
cerveau des vertébrés supérieurs étant probablement le système le plus complexe
qui soit” (Ricard 2003). La forêt vierge est le symbole même de la complexité.
La complexité se caractérise par l'impossibilité à tout y inventorier,
impossibilité de l'exhaustivité des relations trophiques qui y ont lieu.
L’épistémologie montre la tentation déterministe et dichotomique :
"L'opposition tranchée entre animaux utiles et nuisibles semble (...)
témoigner d'une ignorance flagrante de la complexité des réseaux alimentaires"
(Jean-Marc DROUIN, Réinventer la nature, Desclée de Brouwer, 1991).<br />
Au XIXe siècle, les manuels scolaires ont fait apprendre aux élèves la
dichotomie "utiles et nuisibles". Les sentiments sur ces forêts ont
progressé peu à peu depuis l’image négative de “l‘enfer vert” jusqu’au “poumon
de la planète”, signe très net d’une valorisation des forêts équatoriales.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: Verdana;">3.2.3. Biodiversité contre oxygène.</span></b></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana;">Exemple de la forêt vierge
:</span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://3.bp.blogspot.com/-wHloG1pr8pM/UiNPG_kMX-I/AAAAAAAAUSw/o9tKVBNOqVE/s1600/Ecrevisse_a_pattes_blanches.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="239" src="http://3.bp.blogspot.com/-wHloG1pr8pM/UiNPG_kMX-I/AAAAAAAAUSw/o9tKVBNOqVE/s320/Ecrevisse_a_pattes_blanches.jpg" width="320" /></a></div>
Contrairement à la forêt tempérée exploitée, la forêt vierge est très diversifiée,
mais non excédentaire en oxygène. Elle n'est donc pas le "poumon de la
planète" comme de nombreux médias l'ont écrit. C'est toute la faune et les
champignons qui absorbent le dioxygène. Dans la forêt exploitée
rationnellement, il y a peu de place pour la faune et la production de
dioxygène est proportionnelle à la productivité. La forêt rationnelle est une
pompe à carbone, mais cela se traduit par une pauvreté biologique. Quand on
veut défendre la rationalité de la sylviculture, on omet généralement de
préciser son corollaire, la faible biodiversité.<br />
D'où les contradictions à propos de la gestion de la forêt : les vieux arbres
creux favorisent la biodiversité mais ne produisent pas de bois d'oeuvre.<br />
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana;">Exemple des termites :<br />
Les termites respirent, comme presque tous les êtres vivants. On a calculé
qu'ils produisent plus de dioxyde de carbone que toutes les combustions de
pétrole (Pour la Science, mars 1983). Va-t-on pour autant détruire tous les
termites de la planète ?</span></div>
<div class="MsoNormal">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: Verdana;">3.2.4. Biodiversité et biochimie.</span></b></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana;">Outre la biodiversité des
espèces et des écosystèmes, il existe aussi une diversité biochimique. En
effet, les espèce se caractérisent par une spécificité biochimique. La
biochimie est d’ailleurs un critère utilisé pour confirmer ou infirmer les
classifications anciennes.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana;">Nous le voyons, les
arguments pour la biodiversité sont d’ordre écologique (la stabilité des
écosystèmes), d’ordre utilitaire et agricole (l’évitement des proliférations),
mais aussi d’ordre sanitaire et thérapeutique (molécules pour l’industrie
pharmaceutique).</span></div>
<div class="MsoNormal">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: Verdana;">3.2.5. Biodiversité et culture naturaliste.</span></b></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana;">L’abondance d’une flore et
d’une faune diversifiée parmi les hommes a un avantage qui pourraît paraître
anecdotique, mais qui concerne particulièrement l’éducation, c’est le
développement d’une culture naturaliste : “La dénaturation de la planète, c’est
aussi sa déculturation” (Philippe Saint-Marc, 1971).</span></div>
<div class="MsoNormal">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: Verdana;">3.3. La biodiversité, complexité et “Développement
Durable”.</span></b></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana;">Les productions
rationnelles et intensives des sylvi- et agri- cultures réduisent la
biodiversité (Geneviève Michon).</span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana;">Comment concilier
l'économique, le social et la nature dans toute sa biodiversité ?<br />
Les forêts domaniales peuvent avoir des rôles multiples : économique
(production de bois, de gibier...), récréative (lieu de promenade), écologique
(biodiversité) et environnemental (pompe à carbone).</span></div>
<div class="MsoNormal">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: Verdana;">3.3.1. Intérêt de l'énergie de la biomasse (le bois
comme source d'énergie) dans la limitation de l'effet de serre :</span></b></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><a href="http://2.bp.blogspot.com/-YldAsDxNhKw/UiNPRvaJ_KI/AAAAAAAAUS4/BEjI777d7Lo/s1600/2+coccinelles.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="240" src="http://2.bp.blogspot.com/-YldAsDxNhKw/UiNPRvaJ_KI/AAAAAAAAUS4/BEjI777d7Lo/s320/2+coccinelles.jpg" width="320" /></a></b></div>
<br />
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana;">Répondre à la question
“pourquoi l'utilisation du bois réchauffe-t-il moins la planète que les
énergies fossiles ?” nécessite la compréhension de la photosynthèse : Lorsque
l’arbre grandit (et fabrique donc du bois) il pompe du dioxyde de carbone et
rejette du dioxygène. La quantité de dioxygène produit par un arbre est égale
celle qui sera nécessaire à sa combustion. Le bilan est donc nul, aussi bien
pour le dioxyde de carbone que pour le dioxygène et donc la combustion du bois
n’aggrave pas l’effet de serre. Cependant, l’utilisation massive des forêts
comme source d’énergie nécessite sa rationalisation et donc réduit sa
biodiversité.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: Verdana;">3.3.2. Jachères et biodiversité :</span></b></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana;">Les jachères agricoles
sont un autre exemple de conflit entre les différents domaines que sont
économie, social et écologie : Elles ont été créées pour limiter les excédents,
ce qui a été bénéfique pour la biodiversité, jusqu’à ce que la situation des
denrées agricoles évolue vers l’insuffisance (à cause des carburants
biologiques), incitant à la disparition des jachères au grand dam des
naturalistes. Comment alors décider de la suppression ou non des jachères ?</span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana;">Les carburants biologiques
pour lesquels on s’était dans un premier temps enthousiasmé se montrent
finalement moyennement intéressants quand on sait que leur culture nécessite
pesticides (donc réduit la biodiversité) et ... énergie ; quand on sait qu’ils
entrent en concurrence avec l’alimentation humaine.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: Verdana;">3.3.3. Complexité :</span></b></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana;">Cette complexité des
problèmes énergétiques montre qu’il n’existe pas “une” solution magique. La
conscience de la complexité pourrait être une incitation à l’indécision (Edgar
Morin). Il faut donc plutôt multiplier les nombreuses petites solutions aux
problèmes énergétiques et inciter à la parcimonie de l’énergie.<br />
On le voit la productivité (domaine de l’économie), l’effet de serre (domaine
de l’environnement), et biodiversité (domaine de l’écologie) interfèrent.<br />
Les programmes de l’école Primaire de 2002 souhaitaient “une prise de
conscience de la complexité de l'environnement et de l'action exercée par les
hommes”.<br />
En 2004, une circulaire demandait à ce que les maîtres de tous les niveaux de
la scolarité fassent une Éducation à l’Environnement et au Développement
durable. Elle deviendra “Éducation au Développement Durable” en 2007.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: Verdana;">3.3.4. Développement durable :</span></b></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana;">Le concept de Développement
Durable (Brundtland 1987) présente une nouveauté par rapport à celui
d’environnement, c’est d’intégrer plus explicitement les contraintes
économiques et sociales. Il permet d’éviter les excès d’un intégrisme
écologique (deep ecology) et de montrer que des préoccupations économiques ne
sont pas forcément en contradiction avec l’environnement (http://fr.wikipedia.org/wiki/Développement_durable).</span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana;">Il existe un
“agro-écosystème” qui respecte les deux exigences de production économique et
de respect de la biodiversité, c’est le bocage. Jadis très répandu, il a été
fortement réduit lors des remembrements des années 1960 et 1970. on a fort
judicieusement qualifié le bocage de forêt linéaire ou alvéolaire. La
biodiversité du bocage s’explique par l’effet lisière. Le bocage est une
lisière forestière festonnée, à valoriser donc dans une logique développement
durable.</span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://4.bp.blogspot.com/-VUZ_az2MrVQ/UiNPeXHXiWI/AAAAAAAAUTA/e67zK529gHg/s1600/papillon2image004.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="239" src="http://4.bp.blogspot.com/-VUZ_az2MrVQ/UiNPeXHXiWI/AAAAAAAAUTA/e67zK529gHg/s320/papillon2image004.jpg" width="320" /></a></div>
<br />
<div class="MsoNormal">
<b><span style="font-family: Verdana;">Conclusion :</span></b></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana;">Face aux problèmes
environnementaux (pollutions, effet de serre...) et sociaux (pauvreté,
famine...), le besoin de plus d’espaces humanisés se fait sentir pour
approvisionner l’humanité en énergie et en nourriture. Comment faire pour
préserver tout en même temps la biodiversité ? Pour que les hommes fassent les
bons choix, il est nécessaire qu’ils comprennent mieux le fonctionnement de la
biosphère et qu’ils aient une certaine conscience de la complexité. Celle-ci se
manifeste à deux niveaux : la biosphère est complexe (du fait de la diversité
du vivant et des relations trophiques) et les solutions à apporter le sont
aussi.<br />
Ainsi, c’est plus un panel de solutions qu’il faut avoir, comme la diversité
des sources d’énergie et surtout les économies d’énergie qui réduiront l’impact
sur les milieux naturels où se trouve la biodiversité.<br />
La biodiversité, interférant avec les aspects sociaux et économiques de la
planète (énergie, jachères, pauvreté, productions agricoles et forestières...),
nécessite une approche interdisciplinaire. Aussi, en toute logique, “le
programme de géographie contribue, avec celui de sciences, à l’éducation au
développement durable” (BOEN du 19 juin 2008).</span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana;">Bernard Langellier,
Professeur des SVT à l'IUFM de Basse-Normandie, 2010</span></div>
<div class="MsoNormal">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: Verdana;">Citations et extraits (par ordre chronologique) :</span></b></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana;">1) Charles DARWIN,
L'origine des espèces, chap. IV, 1859 (La Découverte, 1985, p.161) :<br />
"Bien des circonstances naturelles nous démontrent la vérité du principe,
qu'une grande diversité de structure peut maintenir la plus grande somme de
vie. Nous remarquons toujours une grande diversité chez les habitants d'une
région très petite, surtout si cette région est librement ouverte à
l'immigration, où par conséquent, la lutte entre les individus doit être très
vive. J'ai observé, par exemple, qu'un gazon, ayant une superficie de 3 pieds
sur 4, placé, depuis bien des années, absolument dans les mêmes conditions,
contenait 20 espèces de plantes appartenant à 18 genres et à 8 ordres, ce qui
prouve combien ces plantes différaient les unes des autres. Il en est de même
pour les plantes et pour les insectes qui habitent des îlots uniformes, ou bien
des petits étangs d'eau douce. Les fermiers ont trouvé qu'ils obtiennent de
meilleures récoltes en établissant une rotation de plantes appartenant à des
ordres les plus différents...</span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://2.bp.blogspot.com/-WrO2Q3gC-64/UiNPmYqwTFI/AAAAAAAAUTI/rtciQJE_E24/s1600/les-bruants-jaunes-de-fergus-gill-gagnant-dans-la-categorie-15-17-ans_8178_w460.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="320" src="http://2.bp.blogspot.com/-WrO2Q3gC-64/UiNPmYqwTFI/AAAAAAAAUTI/rtciQJE_E24/s320/les-bruants-jaunes-de-fergus-gill-gagnant-dans-la-categorie-15-17-ans_8178_w460.jpg" width="282" /></a></div>
Dans l'économie générale d'un pays quelconque, plus les animaux et les plantes
offrent de diversités tranchées les appropriant à différents modes d'existence,
plus le nombre des individus capables d'habiter ce pays est considérable."<br />
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana;">2) Maurice GIRARD,
Catalogue raisonné des animaux utiles et nuisibles de la France, destiné
particulièrement aux Ecoles Normales Primaires et aux Ecoles Primaires,
Hachette, 1878, Fascicule II : Animaux nuisibles :<br />
p.5 : L'Ours brun : "N'est cité que pour mémoire, n'existant plus en
France que dans quelques localités des Alpes ou des Pyrénées. - Signaler ses
traces afin que des battues soient organisées."<br />
p.8 : Le Loup : "Rechercher avec soin les traces de ce dangereux et
redoutable animal, encore trop commun, surtout en hiver, dans beaucoup de nos
départements, et signaler sa présence aux autorités locales, afin que des
battues soient organisées immédiatement."<br />
p.9 : Le Chat sauvage : "Existe encore dans les grands bois de nos
départements montagneux ; très-nuisibles aux oiseaux, aux lapins, parfois aux
lièvres. - A détruire. Il paraît se croiser avec nos chats domestiques. Il y a
des sujets de ceux-ci qui redeviennent sauvages dans les champs et grands
destructeurs d'oiseaux utiles, de lièvres, de volailles. Il faut tuer ces chats
avec le même soin que le chat sauvage."<br />
p.10 : L'Ecureuil : "Vit par couples sur les arbres, construisant un nid
sphérique de mousses et de petites branches, et faisant dans les trous d'arbres
de nombreuses cachettes de provisions ; mange beaucoup de noisettes et de
fruits des bois ; est très-nuisible en rongeant les bourgeons, surtout dans les
forêts d'arbres verts, où il empêche le développement des flèches."<br />
p.18 : Le Grand-Duc : "N'est plus répandu que dans l'est de la France, et
surtout dans les lieux montagneux ; détruit des gibiers, mais aussi des rats et
des insectes, ce qui le rend utile en partie."</span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana;">3) Les termites polluent
(extrait de Pour La Science, Mars 1983) :<br />
"P. ZIMMERMANN et J. GREENBERG… ont estimé la population de termites dans
le monde à 24 X 1017… Les auteurs estiment que la production mondiale des
termites en dioxyde de carbone est égale à 4,6 X 1016 grammes par an soit plus
du double de la production mondiale en CO2 à partir de la combustion de
pétrole…"</span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana;">4) Rapport BRUNDTLAND
(1987) : “un développement qui répond aux besoins des générations du présent
sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs.
Deux concepts sont inhérents à cette notion : le concept de
"besoins", et plus particulièrement des besoins essentiels des plus
démunis, à qui il convient d’accorder la plus grande priorité, et l’idée des
limitations que l’état de nos techniques et de notre organisation sociale
impose sur la capacité de l’environnement à répondre aux besoins actuels et à
venir.“</span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana;">5) Dossiers et documents,
du Journal Le Monde, Juin 1990, numéro 178 p.3 : REBEYROL Yvonne, 15 avril 1989
: "La forêt tropicale humide serait le poumon de la planète (...). Cette
thèse n'a pas de base scientifique (...). Tout milieu naturel en équilibre a un
bilan nul... Cette fonction de stockage n'appauvrit l'atmosphère en gaz carbonique
que pendant la période de croissance... D'autre part, la forêt tropicale humide
est un extraordinaire réservoir de vie animale."</span></div>
<div class="MsoNormal">
<a href="http://3.bp.blogspot.com/-jVVSCnP0d7U/UiNPyWbcqpI/AAAAAAAAUTQ/eR6_1Caw6co/s1600/pdt+2.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="http://3.bp.blogspot.com/-jVVSCnP0d7U/UiNPyWbcqpI/AAAAAAAAUTQ/eR6_1Caw6co/s1600/pdt+2.jpg" /></a><span style="font-family: Verdana;">6) Impact des facteurs
psychologiques sur la réduction de la biodiversité : les phobies (araignées,
serpents...) et le besoin psychique de nettoyer la nature pour des raisons
esthétiques (pelouses...) :<br />
Robert HARRISON, Forêts, Essai sur l'imaginaire occidental, Flammarion, 1992,
p.41.<br />
"La pulsion destructrice envers la nature a trop souvent des causes
psychologiques qui dépassent l'envie de biens matériels ou le besoin de
domestiquer l'environnement"</span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana;">7) Michel CHAUVET et Louis
OLIVIER, La biodiversité, enjeu planétaire, Sang de la terre, 1993 :<br />
“Précisons que biodiversité est synonyme de diversité biologique. Sous cette
notion très globale on entend la diversité que présente le monde vivant à tous
les niveaux : écologique, spécifique, génétique...<br />
Dans un écosystème, on ne trouve pas des espèces en soi, mais des ensembles
d’individus concrets, que l’on appelle des populations. On distingue
classiquement la biocénose... et le biotope...<br />
Les forêts, tropicales ou tempérées, ne sont pas le poumon de la planète. Cela
n’ôte rien au fait qu’elles jouent un rôle essentiel dans le cycle de l’eau et
dans la régulation du climat, ou dans la formation et la protection des sols.
Une politique de conservation des espèces qui négligerait la conservation des
milieux serait sans issue...”</span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana;">8) Pierre JOLY, Les
valeurs de la biodiversité et les motivations de sa conservation, in Philippe
Lebrun, Biodiversité, état, enjeux et perspectives, De Boeck, 2006, p.49 : “La
forte emprise de l’humanité... réduit fortement l’énergie et l’espace
disponibles pour les nombreuses espèces, qui subissent ainsi de dramatiques
effondrements démographiques.”</span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana;">9) Jacques BLONDEL, De
l'utopie écologiste au développement durable, le rôle de la biodiversité sur
une planète en crise, in Biodiversité, état, enjeux et perspectives, De Boeck,
2006, p.27 à 34 :<br />
“Le premier écueil pour apprécier la crise de la biodiversité est la très mauvaise
connaissance de l'état des lieux, à savoir le nombre d'espèces actuellement
vivantes, leur distribution et la nature réelle des risques qu'elles encourent
(...).</span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://2.bp.blogspot.com/-m5-wM8bi71w/UiNP8atuCBI/AAAAAAAAUTY/bmYoqdjfC-4/s1600/pt-machaon.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="222" src="http://2.bp.blogspot.com/-m5-wM8bi71w/UiNP8atuCBI/AAAAAAAAUTY/bmYoqdjfC-4/s320/pt-machaon.jpg" width="320" /></a></div>
<br />
Le nombre total d'espèces actuellement vivantes est compris entre 5 et 15
millions, probablement de l'ordre de 7 millions (May 1994). Sur ce nombre,
guère plus d'un million et demi ont été décrites, ce qui signifie qu'au rythme
actuel d'extinctions, la plus grande partie des espèces disparaîtront avant
même d'avoir été trouvées et décrites. Il s'agit là d'une véritable tragédie
qui fait de cette hécatombe le sixième grand spasme d'extinction depuis
l'explosion cambrienne de la vie il y a 600 millions d'années. La particularité
de cette crise est d'être provoquée par des processus propres à la planète
elle-même - les activités d'une seule espèce, l'homme - et non pas par des
catastrophes de type cosmique comme la collision d'une météorite...”<br />
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana;">10) Roger DAJOZ, La
biodiversité, l'avenir de la planète et de l'homme, Ellipses, 2008 :<br />
p.47, Biomasse et biodiversité du sol : "On trouve dans un gramme de sol
de richesse moyenne d'une région tempérée, 200 millions de bactéries, 600 000
actinomycètes et 500 000 spores de champignons, 70 000 amibes, 600 000 algues
unicellulaires. Ces chiffres correspondent à des biomasses par hectare de 2 500
kg de bactéries, 600 kg de champignons, 700 kg d'actinomycètes et 50 kg
d'algues.Il faut y ajouter de 250 à 2 250 kg d'animaux dont la moitié est
formée de vers de terre. Le sol héberge donc une biomasse animale beaucoup plus
élevée que la partie aérienne."<br />
p.138, Espèces invasives : "Certaines plantes invasives sont aussi
nuisibles pour l'homme... Une plante originaire d'Amérique du Nord, l'ambroisie
Ambrosia artemisifolia, est arrivée en Europe occidentale vers 1860...Son
pollen est très allergisant puisqu'il suffit de quelques grains par m3 pour
provoquer une réaction."</span></div>
<div class="MsoNormal">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: Verdana;">Lien externe (pdf direct) : <a href="http://assoplongezbio.free.fr/conf_museum_crises_biodiversite.pdf">Les 5
crises majeures de la biodiversité par Didier Néraudeau, Université de Rennes</a></span></b></div>
<div class="MsoNormal">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 14.0pt;">La biodiversité n’a pas un radis</span></b></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana;">Analyse Alors que de plus
en plus d’espèces, végétales comme animales, sont menacées, les discussions à
la conférence des Nations unies, à Hyderabad, ont achoppé sur le financement.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana;">Hyderabad ne restera pas
dans les mémoires : au terme de deux semaines de discussions, les 180 pays
réunis dans cette ville indienne pour la conférence des Nations unies sur la
diversité biologique devraient se quitter sur un accord a minima. Au mieux…
Hier soir, la question centrale - celle des financements en faveur de la
protection de la nature -, à laquelle sont suspendues toutes les autres
décisions, était toujours âprement discutée. «S’il n’y avait pas d’accord sur
les financements, ce serait au pire la mort des objectifs de sauvegarde de la
biodiversité définis lors de la conférence de Nagoya en 2010 et, au mieux,
deux années de perdues»,s’inquiétait Sandrine Bélier, députée européenne
(Europe Ecologie-les Verts).</span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana;">«Le texte de l’accord
prévoit un doublement d’ici à 2015 des flux publics et privés consacrés
par les pays du Nord aux mesures de protection de la nature dans les pays en
développement, par rapport à une moyenne annuelle de ces flux sur la période
2006-2010», expliquait hier Romain Pirard, économiste de l’Institut du
développement durable et des relations internationales (Iddri). Il est très
difficile d’évaluer ces flux : à la louche, on estime les financements publics
et de mécénat internationaux à près de 10 milliards de dollars (7,6 milliards
d’euros) par an. «Mais les Etats n’ont pas fait leur travail : les pays du Nord
devaient mettre en place un système d’évaluation de ces flux financiers et les
pays en voie de développement devaient arriver avec un chiffrage de leurs
besoins pour protéger leur biodiversité», souligne Romain Pirard. La majorité
des Etats sont arrivés le cartable vide.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana;">«Garde-fous». La
protection des milieux marins, notamment en haute mer, là où ne s’appliquent
pas les législations nationales, a aussi fait l’objet de discussions serrées.
Hier, à Hyderabad, la ministre française de l’Environnement, Delphine Batho, a
défendu la création d’un «statut environnemental de la haute mer». «On ne peut
protéger les océans si personne n’est responsable et s’il n’y a pas de règle»,
a-t-elle avancé. Ce sera hélas encore le cas pour un moment : les négociateurs
ne sont parvenus qu’à établir une liste d’une cinquantaine de zones sensibles à
protéger dans le Pacifique ouest, les Caraïbes et la Méditerranée. Des zones
qui «préfigurent des garde-fous pour les espèces marines face au développement
de la pêche et de la prospection pétrolière en haute mer», espérait Patricio
Bernal, de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).
Mais à Nagoya, la communauté internationale s’était engagée à mettre en place,
d’ici à 2020, des «aires protégées gérées efficacement et
équitablement» couvrant au moins 10% des zones marines et côtières. Pour
l’heure, seul 1,6% du domaine océanique est protégé.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana;">Et pourtant, «la maison
brûle», pour reprendre l’expression de Jacques Chirac en 2002, lors du
sommet de la Terre de Johannesburg. Témoin, la liste des espèces menacées
d’extinction, établie par l’UICN, présentée à Hyderabad. Depuis la dernière
version, publiée en juin, plus de 400 végétaux et animaux ont rejoint
la liste rouge. Sur les 65 518 espèces étudiées par l’UICN (sur
1,8 million d’espèces recensées dans le monde et 15 millions
probablement existantes), près du tiers est menacé d’extinction : 4
088 espèces sont en danger critique d’extinction, 5 919 en danger et
10 212 vulnérables.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana;">Palmiers. «L’un des
20 objectifs de Nagoya est d’enrayer l’extinction des espèces menacées
connues et d’améliorer leur état de conservation d’ici à 2020, rappelle
Sébastien Moncorps, directeur de l’UICN France. Mais pour les mammifères,
oiseaux et invertébrés, les trois groupes dont toutes les espèces connues ont
été évaluées, la situation est toujours aussi critique : 25% des mammifères,
12% des oiseaux et 40% des amphibiens sont menacés.» Et à chaque fois que
l’UICN s’intéresse à un nouveau groupe, «on trouve un taux d’au moins 20%
d’espèces menacées», alerte Sébastien Moncorps.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana;">C’est souvent bien pire. A
Hyderabad, l’UICN a insisté sur la situation «terrifiante» des palmiers de
Madagascar, l’un des sites les plus riches en termes de biodiversité. L’île
compte 192 espèces de palmiers endémiques : 83% sont menacés d’extinction,
alors que les populations les plus pauvres en dépendent pour la nourriture et
les matériaux de construction. Leur disparition est due au défrichage pour
l’agriculture et à l’exploitation des forêts. Une autre étude publiée lundi
montre que les lémuriens de Madagascar figurent parmi les primates les plus
menacés de la planète, en raison de la destruction de leur habitat et du
braconnage. L’île a en effet déjà perdu plus de 90% de ses forêts</span></div>
<div class="MsoNormal">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: Verdana;">ELIANE PATRIARCA </span></b></div>
<div class="MsoNormal">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 14.0pt;">Déforestation, Biodiversité,
Peuples autochtones </span></b></div>
<div class="MsoNormal">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: Verdana;">« Forêts tropicales : c’est fichu ! »</span></b></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>« Nous sommes à la veille de la plus
grande crise d’extinction depuis la disparition des dinosaures. » Ahmed
DJOGHLAF,<br />
secrétaire de la Convention sur la Biodiversité.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: Verdana;">Qu’est-ce que la forêt ? Déjà une
controverse ! </span></b><span style="font-family: Verdana;">La FAO<a href="http://www.blogger.com/null" name="_ftnref1"></a> donne une définition très large et ne différencie pas
plantations industrielles (monoculture, très faible diversité) et forêts primaires
(diversité maximale).<br />
La forêt tropicale humide, qui s’étend d’un tropique à l’autre en Amérique, en
Afrique et en Asie est concernée en priorité par la déforestation. Toujours
verte, installée sur des sols pauvres qu’elle protège de l’érosion depuis 40
mètres de haut, elle maintient les équilibres hydrologiques régionaux et modère
les variations climatiques. La forêt participe au recyclage du CO2. Cependant
l’expression « poumon de la planète », pour les forêts anciennes
comme la forêt amazonienne, n’est peut-être pas exacte : seule la forêt en
croissance aurait un bilan positif de ce point de vue. C’est un autre sujet de
polémique…<br />
Nous ne connaissons que 2% à 3% des formes de vie de notre planète. Au moins la
moitié de ces espèces vivent dans les forêts tropicales. Nous ne nous rendons
guère compte au quotidien de l’importance primordiale de cette diversité, tant
nous sommes assujettis à notre quotidien, aux dix animaux et vingt plantes qui
composent l’essentiel de notre alimentation. Dans un hectare de forêt tropicale
humide on peut généralement recenser entre 50 à 200 espèces d’arbres, alors que
l’on en compte rarement plus de dix dans un hectare de forêt tempérée. La
disparition d’une espèce entraîne simultanément la perte de tout son potentiel génétique
et peut entraîner des réactions en chaîne, induisant d’autres disparitions. Or
« Nous sommes à la veille de la plus grande crise d’extinction depuis la
disparition des dinosaures. »<a href="http://www.blogger.com/null" name="_ftnref2"></a></span></div>
<div class="MsoNormal">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: Verdana;">Les causes de la déforestation<br />
</span></b><span style="font-family: Verdana;">Selon le rapport 2007 de la FAO, des
progrès ont été accomplis sur la voie de la gestion durable des forêts.
Cependant la déforestation atteint maintenant 13 millions d’hectares par an.
Cela concerne d’abord les forêts tropicales, tandis que la superficie des
forêts augmente en Europe. Mais si la forêt française semble bien se porter au
point de vue quantitatif, avec une superficie totale en augmentation, il n’en
est pas de même au plan qualitatif avec des reboisements monospécifiques.<br />
L’agriculture sur brûlis qui s’intensifie sous la pression démographique,
aboutit à une stérilisation des sols. Le ranching amazonien substitue la
prairie pour l’élevage bovin aux forêts anciennes, laissant au bout de quelques
années des sols épuisés. La concentration de terres s’accompagne de conflits
sociaux souvent violents. Les monocultures sur lesquelles reposait la
colonisation (thé, café et cacao, épices et aromates) se sont étendues
(bananes, papayes et ananas), avec l’habituel « paquet
technologique » hérité de la Révolution verte des années 1960 (mécanisation,
engrais chimiques, herbicides et pesticides, parfois irrigation, mais aussi
réseaux routiers étendant la déforestation). Le palmier à huile est devenu la
cause principale de déboisement en Indonésie, et commence à porter atteinte aux
forêts dans bien d’autres pays d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine : on
l’utilise dans l’industrie agroalimentaire et pour la production de carburant.
Aliment du bétail riche en protéines et lui aussi matière première pour la
production d’agrocarburant, on dit du soja qu’il est l’un des plus féroces
ennemis de la forêt brésilienne. L’esclavagisme est une réalité quotidienne
dans certaines grandes exploitations agricoles du Brésil. Les forêts de
mangroves sont converties en élevages de crevettes après déboisement, et
totalement appauvries.<br />
Les barrages hydroélectriques inondent des centaines de milliers de kilomètres
carrés, parfois dénoncés comme « folie technique et environnementale ».<br />
Les gouvernements encouragent les industries minières (étain, cuivre, or, bauxite,
cobalt, charbon, minerai de fer, pétrole, gaz naturel), qui impliquent
d’importants défrichements et des pollutions annexes. La Guyane vend 2 fois
plus d’or qu’elle n’en produit légalement. L’orpaillage - officiel ou
clandestin- a pour corollaire l’invasion des réserves indigènes, la diffusion
des maladies, l’insécurité, la contrebande, la corruption, la pollution par le
mercure des rivières, des poissons et des populations qui s’en nourrissent.<br />
L’exploitation pétrolière provoque des dégâts sur l’environnement :
perturbations de l’écosystème, construction de routes et d’héliports, pollution
par les déchets toxiques et la combustion permanente des torchères, fuites sur
les oléoducs, etc. Certaines compagnies pétrolières sont accusées d’avoir
provoqué des déplacements de populations autochtones, voire des exterminations.
Cependant certaines compagnies, soucieuses de leur image, mettent en avant
leurs préoccupations environnementales, s’engageant à remettre intégralement le
site en état et à veiller à une réhabilitation optimale et durable.<br />
Le recul des forêts tropicales était déjà marqué à la veille de la Seconde
Guerre mondiale. La productivité des déboiseurs s’est accrue durant la seconde
moitié du XXe siècle, avec la mécanisation et les aménagements routiers. Les
forêts sont souvent parmi les victimes des guerres, comme au Laos et au Vietnam
où les Américains ont détruit systématiquement d’immenses territoires.<br />
Depuis la fondation de l’ONU en 1945, l’exploitation des forêts mondiales a été
régulée par de multiples organisations. De rapports en programmes, les
préoccupations relatives au recul des forêts tropicales et de la biodiversité
qu’elles abritent se sont affirmées. Les Etats ont décidé de réguler ou
interrompre les exportations et l’exploitation forestière. Mais il y a loin,
parfois, entre les décisions et leur application. Les politiques forestières du
Brésil en Amazonie depuis une cinquantaine d’années montrent bien l’évolution
des mentalités et des pratiques.<br />
En 2003, tandis que pour la FAO le protocole de Kyoto est entré en vigueur,
« avec des conséquences majeures pour le secteur », Frédéric DURAND,
Francis HALLE, et Nicolas HULOT<a href="http://www.blogger.com/null" name="_ftnref3"></a> proclament que désormais
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;">« Forêts tropicales : c’est fichu
! ».</b><br />
Deux points de vue s’affrontent dans le débat sur l’avenir des forêts. Les
forestiers, les grandes institutions (FAO) et les élites locales, rendent les
paysans et les petits exploitants régionaux responsables de la déforestation.
Les ONG, les églises, partis politiques, syndicats, associations locales, etc.,
dénoncent l’activité de prédation des grands groupes et des gouvernements
complices. Les ONG, porteuses d’un discours à la fois mobilisateur et parfois
réducteur, se sont placées « dans une triple position de juge, d’arbitre
et d’acteur. »<a href="http://www.blogger.com/null" name="_ftnref4"></a></span></div>
<div class="MsoNormal">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: Verdana;">L’exploitation des produits de la forêt<br />
</span></b><span style="font-family: Verdana;">La forêt tropicale procure à ses
habitants une grande diversité de matériaux et de produits nécessaires à leur
vie quotidienne (constructions, outils, vannerie, instruments de musique,
plantes médicinales…). L’alimentation combine souvent les produits de
l’agriculture à ceux de la prédation (cueillette, chasse, pêche).<br />
Le bois est aux trois-quarts un combustible et une source d’énergie (charbon de
bois) dans le monde tropical, tandis qu’il est essentiellement utilisé comme
matière première industrielle dans les pays du Nord. Les bois tropicaux ne
constituent que 20% de la production mondiale de bois et leur commerce mondial
porte de plus en plus sur des produits transformés comme les contreplaqués ou
la pâte à papier. Les pays d’Asie du Sud-est (Indonésie, Malaisie, ThaÏlande)
ont développé à grande échelle une industrie d’exploitation et de
transformation du bois qui s’intéresse maintenant à l’Afrique.<br />
L’agroforesterie associe sur une même parcelle des arbres et des cultures
annuelles ou des prairies.<br />
La forêt est la source d’une large gamme de produits non ligneux : fruits,
gommes, résines, huiles, écorces, essences, fibres, substances médicinales,
colorants, etc, dont la révolution industrielle du XIXe siècle a révélé
l’importance. La collecte du caoutchouc est, comme le cacao au XVIIe siècle, le
modèle ancien de l’extractivisme (parfois réhabilité aujourd’hui), qui concerne
aussi la noix du Brésil ou l’huile essentielle de bois de rose destinées au
commerce international. Les « rois du caoutchouc » dirigeaient un
réseau d’intermédiaires finançant les propriétaires des plantations menant la
traque et l’extermination des Indiens. Au bas de l’échelle, les seringueiros
chargés de recueillir le latex, réduits à un quasi-esclavage par un système
d’endettement. Dans les années 1980, les seringueiros et les Indiens prirent
conscience de la convergence de leurs intérêts à préserver la forêt de
l’exploitation intensive des forestiers et des éleveurs.<br />
Outre des aliments (noix du Brésil, cœurs de palmiers), la forêt fournit au
commerce international des plantes indispensables à la chimie et à la pharmacie
qui en font des cibles de la biopiraterie. On estime qu’environ 40% des
médicaments commercialisés par l’industrie pharmaceutique contiennent des substances
originaires des forêts tropicales.<br />
La forêt amazonienne (Pérou, Colombie) abrite aussi la culture de la coca et le
narcotrafic, suscitant les déboisements, la pollution des rivières et des
bouleversements sociaux dans un climat d’extrême violence attisée par les
groupes révolutionnaires.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: Verdana;">Les peuples autochtones<br />
</span></b><span style="font-family: Verdana;">Le respect des populations locales
et de leurs droits faisait rarement partie des préoccupations des
colonisateurs. Les Etats devenus indépendants n’ont pas toujours été plus
attentifs. Puis les politiques ont visé à la sédentarisation des populations
itinérantes et à leur acculturation - c’est-à-dire leur intégration, souvent en
parallèle avec les missions chrétiennes, les discours mêlant le progrès
technique et social avec le prosélytisme religieux. Les missionnaires peuvent
être les principaux agents de l’acculturation : d’abord pacification et
aide médicale, puis enseignement de l’agriculture, et enfin catéchèse et
conversion à de la religion et à la morale catholiques. Tandis que les
affrontements entre les communautés indigènes et les bûcherons sont de plus en
plus fréquents, les missionnaires pacificateurs ouvrent la voie à la
planification et aux multinationales.<br />
Il faut attendre 1982 pour que les Nations unies reconnaissent l’existence de «
peuples autochtones », définis comme les descendants des premiers habitants
des territoires conquis. En 1992, le prix Nobel de la paix est attribué à une
indienne du Guatemala, Rigoberta Menchu, en reconnaissance de sa lutte pour la
défense des droits des peuples indigènes des Amériques. Le célèbre Agenda 21
reconnaît (principe 22) que les « peuples autochtones » ont un rôle vital à
jouer dans la gestion de l’environnement et la préservation de la biodiversité,
du fait de leurs connaissances et pratiques traditionnelles ; ce qu’a
confirmé la Convention sur la diversité biologique, puis la Déclaration des
Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, adoptée en septembre 2007
malgré l’opposition de l’Australie, du Canada, de la Nouvelle-Zélande et des
Etats-Unis.<br />
Les associations fondées par les Indiens dans la plupart des pays d’Amérique
latine, s’armant des droits qui leur sont constitutionnellement reconnus, ont
pour vocation de défendre leur patrimoine matériel et spirituel, avec l’aide de
tous ceux de l’autre camp qu’ils peuvent accepter comme alliés ou protecteurs.<br />
Il existe encore des peuples autochtones qui vivent de la forêt presque de la
même manière qu’il y a cinq cents, six cents ou mille ans, et que l’avancée des
fronts forestiers et miniers menace d’aliénation, de dégradation et de mort
culturelle, de maladies physiques contre lesquelles ils ne sont pas immunisés,
de déportation ou d’extinction.<br />
« Cela dit que pouvons-nous faire ? Agir à long terme, pour les aider à
maîtriser leur futur, à obtenir une identité, un statut social qui s’intègre
dans le système national du pays où ils demeurent géographiquement, et cela
sans devoir sacrifier leur culture et leur vision propre de l’Univers. Sans
perdre leur propre structure sociale, leur langue et leurs croyances. Sans
quitter leurs terres ou les voir envahir. Sans immoler au nom du
« progrès » cette incommensurable joie de vivre qui leur est propre.
»</span></div>
<div class="MsoNormal">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 14.0pt;">L’ONU lance la décennie pour la
biodiversité : 2011-2020</span></b></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana;">10 ans pour que l’Homme
vive en totale harmonie avec la Nature. 10 ans pour que les ressources
naturelles soient correctement gérées… C’est l’objectif que l’ONU vient de
fixer à toute l’humanité : faire de la prochaine décennie une période dédiée à
la protection de la biodiversité</span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana;">Sauver la biodiversité
pour sauver les Hommes</span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana;">Aide la Nature et la
Nature t’aidera. C’est en substance le message lancé par Ban Ki-Moon,
Secrétaire général des Nations Unies il y a quelques jours, lors du lancement
officiel de la décennie pour la biodiversité.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana;">Celui-ci a exhorté toutes
les populations à revenir à des valeurs proches de la Nature, pour notre
génération et pour les générations à venir. Pour ce faire, il préconise la mise
en oeuvre d’un plan stratégique sur la période de 2011 – 2020.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana;">Ban Ki-Moon a ainsi
déclaré : « La diversité biologique et les produits que nous en tirons
sont vitaux pour l’humain et l’humanité grandissante et le développement
réellement durable dépend de cette biodiversité »</span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana;">En d’autres termes, tout
l’enjeu est là : sauver la biodiversité pour sauver les Hommes.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: Verdana;">Préserver les écosystèmes pour créer de l’emploi</span></b></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana;">L’ONU pousse chaque
gouvernement à établir un plan stratégique visant à sauver la biodiversité en
l’intégrant à tous les niveaux de l’économie comme l’urbanisme ou l’agriculture
par exemple. Chaque gouvernement dispose de 10 ans pour participer activement à
la protection de 8 millions d’espèces.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana;">Selon Kiyo Akasaka,
Secrétaire général adjoint des Nations Unies à la communication et à
l’information, en maintenant une certaine stabilité des écosystèmes, on
maintient des emplois. Ainsi il souligne : « Sauvegarder [les écosystèmes]
aide aussi à préserver la croissance de l’emploi. Alors qu’il y a en ce moment
une forte proportion de jeunes au monde, l’utilisation durable de la
biodiversité n’est pas une approche écologique isolée, mais un pilier
indispensable du développement durable pour les générations à venir ».</span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana;">Sauver la biodiversité
pour sauver l’économie, tout un programme !</span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana;">Nous y sommes…Ici et
maintenant à Die </span></div>
<div class="MsoNormal">
<b><span style="font-family: Verdana;">Ecologie au Quotidien, Rhône-Alpes
</span></b></div>
<div class="MsoNormal">
<b><span style="font-family: Verdana;">Le Chastel 26150 DIE,
France</span></b></div>
<div class="MsoNormal">
<b><span style="font-family: Verdana;">Tel
: 04 75 21 00 56
</span></b></div>
<div class="MsoNormal">
<b><span style="font-family: Verdana;">Courriel : <a href="mailto:ecologieauquotidien@gmail.com">ecologieauquotidien.die@gmail.com</a>
</span></b></div>
<div class="MsoNormal">
<b><span style="font-family: Verdana;">Sites : <a href="http://www.ecologieauquotidien.fr/">www.ecologieauquotidien.fr</a><br />
Blog : <a href="http://ecologieauquotidien.blogspot.com/">http://ecologieauquotidien.blogspot.com</a></span></b></div>
<div class="MsoNormal">
<b><span style="font-family: Verdana;">Vidéos des Rencontres
de l'Ecologie<br />
Film de 1,56mn : <a href="http://www.terrealter.fr/voir.php?id=4">http://www.terrealter.fr/voir.php?id=4</a><br />
2009 Film de 2,30mn : <a href="http://www.dailymotion.com/video/xa2yh4_ecologie-au-quotidien_webcam?from=rss">http://www.dailymotion.com/video/xa2yh4_ecologie-au-quotidien_webcam?from=rss</a></span></b></div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
Médias Citoyens Dioishttp://www.blogger.com/profile/06769203187523772866noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-995174148176424425.post-30158712970108709732013-02-10T04:49:00.001-08:002013-02-10T04:49:13.881-08:00Déserter les sectes gauchistes ?<span><b>Pourquoi je quitte le NPA pour la Fédération Anarchiste</b></span>
<br />de : <b>Philippe Corcuff</b>
<br />
lundi 4 février 2013 - 19h38
<br />
<div class="textptgr" width="100%">
</div>
<div style="height: 5;">
<img border="0" height="5" src="http://bellaciao.org/images/rien.gif" width="5" /></div>
<div class="media media-align-left">
<a class="fancybox" href="http://static.mediapart.fr/files/Philippe%20Corcuff/Image_Anarchie_reduite.jpg" rel="_blank" target="_blank"><img alt="" height="100" src="http://bellaciao.org/fr/local/cache-vignettes/L100xH100/Image_Anarchf222-8590a.jpg" style="height: 100px; width: 100px;" title="" width="100" /></a></div>
<br /><b>Un départ mélancolique après 15 ans dans la galaxie LCR/NPA… et l’ouverture à de nouvelles explorations libertaires…</b>
<div class="left">
<br /></div>
« Je m’en vais bien avant l’heure
<div class="right">
Je m’en vais bien avant de te trahir</div>
<div class="right">
Je m’en vais avant que l’on ne se laisse aller</div>
<div class="right">
Je m’en vais avant que l’on puisse en rire</div>
<div class="right">
[…]</div>
<div class="right">
Je m’en vais car l’on s’est vu voler</div>
<div class="right">
Je m’en vais avant que l’on ne puisse atterrir</div>
<div class="right">
[…]</div>
<div class="right">
Je m’en vais en te voyant sourire</div>
<div class="right">
[…]</div>
<div class="right">
Je m’en vais pour tout recommencer</div>
<div class="right">
Je m’en vais pour ne jamais m’assagir »</div>
<div class="right">
Miossec, <i>Je m’en vais</i>, 2004.</div>
<br />
<div class="left">
<br /></div>
<div class="left">
Depuis le lycée, j’ai connu un itinéraire militant
tâtonnant : Mouvement de la Jeunesse Socialiste (en septembre 1976, en
seconde), PS (1977-1994), Mouvement des citoyens (1993-1994), Verts
(1994-1997). Mais j’ai commencé ma première grève dès 1973, en 5<sup>e</sup>,
contre la réforme des sursis militaires de Michel Debré. Avec un groupe
de militants Verts hostiles à la participation au gouvernement Jospin,
je quitte le parti écologiste pour créer le réseau SELS (Sensibilité
Ecologiste Libertaire et radicalement Sociale-démocrate), qui publie le
13 décembre 1997 un Manifeste : <i>« Pourquoi nous nous liguons ? »</i>
(1). Un accord expérimental interviendra entre le groupe SELS et la LCR
début 1998, qui conduira à l’adhésion de ses principaux animateurs en
1999 (dont les trois autres membres du quatuor initial : Claire Le
Strat, Lilian Mathieu et Willy Pelletier).</div>
<div class="left">
En fait, j’ai connu deux grandes « familles »
politiques : le CERES (d’abord courant de gauche du PS –dont la figure
centrale pour moi fut un intellectuel-dirigeant marxiste nommé Didier
Motchane, et non pas Jean-Pierre Chevènement– transformé en courant du
PS Socialisme et République, puis en parti MDC) pendant 19 ans et la
galaxie LCR-NPA pendant 15 ans. Ces deux belles aventures militantes
débouchèrent sous deux formes différentes d’impasse : impasse
nationaliste-étatiste-institutionnaliste pour le CERES-MDC (2). Quant au
NPA, on va y venir…</div>
<div class="left">
De quoi être mélancolique au bout de plus de 36 ans de
militantisme partisan, associé à des engagements syndicaux, associatifs
et extra-associatifs (dans des collectifs divers) ! Pourtant, dans un
air du temps qui porte, de l’extrême droite à la gauche de gauche, aux
aigreurs du ressentiment (3) et au nostalgisme (le <i>« c’était mieux avant ! »</i>)
sur fond d’adaptation à la logique de l’immédiateté, il apparaît
important de s’efforcer de rebondir, sans perdre les bouts de lucidité
générés par l’expérience mélancolique des échecs passés, dans une
mélancolie joyeuse aiguisant la goût de la curiosité. Cela fait neuf
mois que ma réflexion s’est engagée (4), que j’ai longuement discuté
avec les uns et les autres au sein du NPA, que j’ai amorcé des relations
amicales et expérimentales avec le Groupe Gard Vaucluse de la
Fédération Anarchiste. Au lendemain du II<sup>e</sup> congrès du NPA, ma décision est prise : je quitte cette organisation pour la Fédération Anarchiste.</div>
<b>LCR/NPA : une belle aventure transformée en impasse</b>
<div class="left">
La Ligue Communiste Révolutionnaire des années 1990
avait deux atouts importants dans sa besace, ancrés dans son histoire
post-soixante-huitarde :</div>
<div class="left">
1) une insertion parmi des animateurs nationaux et
locaux de structures syndicales et de mouvements sociaux, atout
symbolisé à l’époque par quelqu’un comme Christophe Aguiton (avec
d’autres figures syndicales comme Hélène Adam, Catherine Lebrun, Pierre
Khalfa, Léon Crémieux, etc.), qui a permis à des militants de la LCR de
jouer un rôle significatif dans le renouveau de la contestation sociale
et l’émergence de nouveaux réseaux (ATTAC, mouvements de chômeurs,
syndicats SUD, collectifs de sans-papiers et de sans-logis, etc.) ;</div>
<div class="left">
et 2) une activité intellectuelle soutenue, dans une
époque de désintellectualisation à gauche, autour d’un marxisme ouvert
en dialogue avec d’autres courants critiques et radicaux, symbolisée par
Daniel Bensaïd et son travail théorique multiforme aux divers bourgeons
hérétiques (5), mais aussi d’autres intellectuels-militants comme
Michael Löwy, Samy Johsua, Enzo Traverso, Antoine Artous, Philippe
Pignarre, Janette Habel, Catherine Samary, Josette Trat, Michel Husson,
François Coustal, Pierre Rousset, Jacques Fortin, Alain Maillard,
Charles Michaloux...</div>
<div class="left">
Et ces deux atouts étaient inscrits dans une dynamique
de dépassement de la « culture léniniste-trotskyste ouverte » qui était
celle de la LCR vers un nouveau type d’organisation politique,
pluraliste et porteuse d’une diversité de radicalités sociales et
intellectuelles. Sans cette configuration, quelqu’un comme moi, plutôt
formé à un critique du « léninisme » autour de la figure de Rosa
Luxemburg (6), n’aurait pas rejoint un cadre culturel si éloigné du
sien. J’ai fait le pari de la pratique en mouvement contre l’inertie
identitaire. Ces deux atouts ont été ensuite renforcés par l’émergence
d’Olivier Besancenot sur la scène publique et ses capacités à déplacer
les langues de bois militants au profit d’un langage politique ouvert
sur la vie. Dans un autre style et à partir d’une autre expérience
sociale, Philippe Poutou a continué dans la voie d’une rénovation du
langage politique. Et pourtant, le pari fait en décembre 1997, dont
j’avais pu croire, avec la création du Nouveau Parti Anticapitaliste en
février 2009, qu’il était pleinement justifié, a finalement échoué.</div>
<div class="left">
<br /></div>
Presque 10000 membres à sa fondation, aujourd’hui entre 2000 et 2500
membres : ces chiffres, pourtant significatifs, disent pourtant encore
mal l’effondrement rapide de la promesse NPA. Le NPA n’a pas su trouver
les voies d’un nouveau type d’organisation, inventant des pratiques
militantes renouvelées davantage ajustées à la perspective
d’auto-émancipation des opprimés. La quête d’une forme politique
rénovée, avec une main dans les institutions existantes (la
participation aux élections) et deux pieds et une autre main dans une
mise à distance de la politique institutionnelle traditionnelle, n’a pu
se concrétiser. Le NPA n’a pas su résister à la culture avant-gardiste
de son axe initiateur, la LCR, dont le jeune Trotsky avait saisi
lucidement les effets « substitutistes » (substitution du parti aux
masses, des dirigeants aux militants, etc.) contre Lénine (7).<br />
La culture avant-gardiste de la LCR s’est alors divisée en deux pôles
attracteurs principaux : un pôle politicien faisant de l’intervention
dans la politique professionnelle le point d’application principal (la
majorité des animateurs de ce pôle a rejoint le Front de gauche) et un
pôle révolutionnariste affirmant le primat traditionnel du parti
révolutionnaire (qui constitue une forte minorité du NPA –presque 41% à
l’issue de ce congrès– dans des formes dogmatiques archéo-bolchéviques
que ne connaissait pas la LCR des années 1990). La majorité du NPA (51%
lors de ce deuxième congrès) n’a pas réussi à inventer une autre
position, permettant de penser et de pratiquer autrement le rapport
entre organisation et auto-émancipation. Elle a plutôt exprimé, en
fonction des moments, des hésitations et un bricolage entre les deux
pôles. Olivier Besancenot est des rares à avoir en tête l’invention
d’une configuration à la fois libertaire et marxiste d’un autre type,
nourrie des défis posés par la pensée de Jacques Rancière, mais il est
bien seul dans ce cas…<br />
La grande majorité des animateurs nationaux et locaux de l’ex-LCR et
du NPA (dont ceux qui ont rallié le Front de gauche) ont abandonné en
pratique, comme nombre d’organisations politiques existantes, le chemin
de l’auto-émancipation des opprimés, en passant subrepticement du verbe
pronominal <i>s’émanciper</i> (selon l’adage de la I<sup>e</sup> Internationale ouvrière en 1864 écrit par Marx et soutenu par Bakounine : <i>« l’émancipation de la classe ouvrière doit être l’œuvre des travailleurs eux-mêmes</i> ») au verbe transitif <i>émanciper</i>
(comme on a émancipé les esclaves). La petite plateforme W (à laquelle
j’ai participée), qui a courageusement défendu les chemins de la
refondation auto-émancipatrice, n’a recueilli que 8% des voix lors de ce
deuxième congrès. Dès le départ du NPA, les militants, de la base au
sommet, ont nourri un fort déficit d’expérimentation de nouvelles
pratiques politiques, et se sont rapidement calés sur les routines du
vieux langage politique et de la vieille prétention avant-gardiste (sous
ses deux faces : politicienne/révolutionnariste). « Le mort saisit le
vif », écrivait Marx dans la préface à la première édition du livre 1 du
<i>Capital</i>, en 1867, c’est-à-dire qu’ici le passé mort a tendu à écraser les possibilités créatrices du présent.<br />
Mais alors qu’un « Nouveau » Parti Anticapitaliste n’arrivait pas à
naître réellement, les atouts antérieurs de la LCR ont peu à peu
disparu : les capacités animatrices dans l’univers syndical et dans les
mouvements sociaux se sont amenuisées de manière drastique –la « période
Aguiton » est maintenant loin derrière nous– et le travail théorique
comme les liens noués avec les milieux intellectuels critiques se sont
effilochés –après sa mort la « période Bensaïd » s’est écroulée. Bref ce
qui est en jeu aujourd’hui, ce n’est pas seulement les possibilités
gâchées du NPA et la déception bien au-delà du NPA, c’est aussi la
régression par rapport à la LCR elle-même, à laquelle ont principalement
contribué les membres du NPA eux-mêmes (et peu leurs concurrents et
adversaires). Quinze ans de militantisme soutenu au sein d’une « culture
léniniste-trotskyste ouverte » qui n’était pas la mienne et qui n’est
toujours pas la mienne pour en arriver… en-deçà de mon point de départ,
alors que les plus mauvais côtés de la « culture léniniste-trotskyste »
semblent avoir pris le dessus sur les meilleurs. Il est bien temps de
partir. Même si je garde beaucoup d’attaches et de souvenirs avec les
camarades que je quitte. Je pense, par exemple, au sens aigu de
l’intérêt général du mouvement ouvrier que j’ai pu observer chez un des
principaux piliers méconnus de la LCR et de la IV<sup>e</sup> Internationale, François Sabado.<br />
<br />
Maurice Merleau-Ponty m’a appris que la politique se nourrit au mieux
de paris raisonnés dotés de repères partiels en situation d’incertitude
historique (8). Les paris raisonnés sur l’avenir du NPA que continuent à
faire mes amis Olivier Besancenot et Philippe Poutou comme mes
camarades de la plateforme W ne sont plus les miens. Mais il n’est pas
impossible qu’ils aient, cette fois, raison et que, une fois de plus,
j’ai tort. Ainsi vont les mystères d’une histoire dont personne ne peut
prétendre posséder les clés.<br />
<br />
Je continuerai à donner des coups de main, quand ils me
solliciteront, à Philippe Poutou et à Olivier Besancenot, mais hors du
NPA. Je continuerai aussi à échanger avec les camarades du NPA qui sont
inscrits sur la liste internet du Réseau de réflexions et de pratiques
autogestionnaires et libertaires dans le NPA, qui est ouverte aux
non-membres du NPA. Et je garderai un lien avec la IV<sup>e</sup> Internationale, via mon abonnement à son excellente revue <i>Inprecor</i>.
Mais ma cotisation, mes abonnements à la presse du NPA et mon
inscription sur ses listes internet seront résiliés à partir
d’aujourd’hui, ce qui prendra effet au plus tard début mars 2013. Dès
1981, le dirigeant communiste italien Enrico Berlinguer déclarait que <i>« la force propulsive de la Révolution d’Octobre »</i> était <i>« épuisée »</i>.
Je reprendrai facilement la formule aujourd’hui en incluant le
« lénino-trotskysme » de la LCR. Et je fais l’hypothèse que ce n’est pas
autour d’un tel axe, ni même autour d’un axe « marxiste » plus large,
que pourrait être reconstituée une galaxie anticapitaliste et
émancipatrice demain, même si des militants issus de ces traditions
pourraient utilement apporter leurs pierres à l’édifice. <br />
<div class="left">
<b>La Fédération Anarchiste : un repli exploratoire pour préparer l’avenir</b></div>
<div class="left">
Quitter le NPA, certes, mais pourquoi pas pour le Front
de gauche, me demande-t-on régulièrement ? Parce que je considère aussi
le Front de gauche comme incarnant une série des régressions -
régressions plus profondes que celles du NPA - et une impasse sur la
voie d’une nouvelle politique d’émancipation pour le XXI<sup>e</sup> siècle. Que peut-on dire de ces régressions quant à certains acquis altermondialistes récents ?</div>
- régression vers la double fétichisation de la professionnalisation
politique et de « l’homme providentiel » vis-à-vis de la critique
démocratique et libertaire des régimes représentatifs
professionnalisés ;<br />
- régression cocardière par rapport à la perspective altermondialiste ;<br />
- régression laïcarde par rapport à une laïcité interculturelle ;<br />
- régression républicarde-centraliste par rapport à une République associant espaces communs et diversité ;<br />
- régression étatiste dans la conception de la transformation sociale.<br />
<div class="left">
Je reconnais volontiers toutefois un point positif au
sein du Front de gauche : la capacité du Parti de gauche à avoir
fermement associé très tôt question sociale et question écologiste, plus
récemment sous les couleurs de l’écosocialisme. Mais, globalement, je
fais l’hypothèse qu’une expérimentation de nouvelles pratiques
politiques ne pourra y être que marginale dans la double logique
politicienne et centraliste pesant sur sa structuration.</div>
<div class="left">
<br /></div>
<div class="left">
Des voix ont, par contre, été longtemps minorées et
marginalisées à gauche : les voix libertaires et anarchistes. Or, ces
voix ont notamment pointé une tendance transversale à tout un ensemble
d’expériences réformatrices ou révolutionnaires : la tendance, sous des
formes <i>soft</i> (parlementaires) ou <i>hard</i> (autoritaires, voire
totalitaires), à la concentration politique des pouvoirs. La prise en
compte de cette tendance passe par la critique des mécanismes de
représentation et de professionnalisation politique comme des logiques
avant-gardistes. Les sensibilités anarchistes et libertaires ont souvent
préservé également une place de choix pour les individualités dans une
perspectives émancipatrice alors que, saisies par les évidences d’un
« logiciel collectiviste », les autres forces de gauche ont tendu à
faire disparaître l’individu, sous la pression du collectif, de
l’horizon mental des gauches. L’anarchisme est donc à réévaluer
aujourd’hui dans les gauches, dans un dialogue avec Marx, dont
l’individualisme tranche avec nombre de discours « marxistes » (9),
comme avec les pensées critiques contemporaines (Michel Foucault, Pierre
Bourdieu, Cornelius Castoriadis, Jacques Rancière, Judith Butler, etc.)
(10).</div>
<div class="left">
<br /></div>
<div class="left">
Pourquoi la Fédération Anarchiste ? Elle incarne
particulièrement bien, dans son histoire, la critique du double point
aveugle des gauches traditionnelles : la concentration politique des
pouvoirs et la minoration des individualités. Quelques extraits de ses <a class="external" href="http://www.federation-anarchiste.org/spip.php?article130" rel="_blank" target="_blank">« Principes de base » </a>l’expriment clairement :</div>
<div class="right">
« Les anarchistes luttent pour une société libre, sans
classe ni État (…) et l’abolition des frontières. (…) L’anarchisme est
un objectif de société globale, un idéal, mais aussi les moyens pour y
parvenir, ceux-ci étant basés sur les mêmes principes organisationnels
et éthiques : fédéralisme et entraide. En tant qu’individus conscients
de leur exploitation, les anarchistes entendent lutter avec tous les
exploités contre tous les gouvernements, reconnaissant ainsi l’existence
de la lutte des classes dont la finalité doit être l’instauration d’une
société anarchiste. »</div>
<div class="left">
Et la FA reconnaît la place, dans un cadre organisé, des individus :</div>
<div class="right">
« la Fédération anarchiste reconnaît :</div>
<div class="right">
* La possibilité et la nécessité de l’existence de toutes les tendances libertaires au sein de l’organisation.</div>
<div class="right">
* L’autonomie de chaque groupe.</div>
<div class="right">
* La responsabilité personnelle et non collective. (…)</div>
<div class="right">
* La révocabilité des secrétaires et mandatés. »</div>
<div class="left">
Á mon sens, les courants « communistes libertaires »
sont encore trop pris dans les effets du « logiciel collectiviste ».
Cela ne signifie pas que l’on ne trouve pas de pratiques et de
réflexions intéressantes, à Alternative Libertaire (11) ou à
l’Organisation Communiste Libertaire (12). Mais si « le communisme » se
révélait clairement, en ce début de XXI<sup>e</sup> siècle, tout à la
fois la maladie infantile et sénile de l’émancipation sociale ? Car la
référence « communiste » tend à aplatir la prise en compte des
individualités, y compris dans la mouvance anarchiste. Maurice
Merleau-Ponty voyait en 1955 dans « l’a-communisme » une « condition
stricte de la connaissance de l’U.R.S.S. » (13). L’<i>a-communisme</i> est peut-être devenu aujourd’hui une des conditions principales pour repenser l’émancipation.</div>
<div class="left">
<br /></div>
<div class="left">
On trouve justement chez Proudhon une critique du
« communisme », réévaluant la place de l’individu dans des relations de
réciprocité et de solidarité, différente de l’individualisme égocentré
d’un Stirner, par exemple (14). Plus récemment, le philosophe Emmanuel
Levinas a formulé une mise en tension fine de l’espace commun et de la
singularité personnelle, du collectif et de l’individuel, sans hégémonie
de l’un sur l’autre : « il faut comparer l’incomparable » (15).
Comparer, au sens politique de constituer un espace commun, du <i>commensurable</i>,
avec des institutions collectives, des services publics, des règles et
des critères de répartition plus juste des ressources, etc. Et
l’incomparable ? Pour Levinas, le caractère incommensurable, singulier,
du visage d’autrui. Cette tension entre solidarité et individualité est
au cœur de ce que j’ai appelé avec quelques-uns <i>social-démocratie libertaire</i>
(16). Dans une telle perspective de reformulation des relations entre
l’individuel et le collectif, la Fédération Anarchiste porte une
actualité dont elle n’est pas toujours suffisamment consciente.</div>
<div class="left">
<br /></div>
<div class="left">
Certes, je ne vais pas présenter mon long itinéraire me
menant du PS à la FA comme une autoroute menant à des jours glorieux !
Je suis conscient de ma marginalisation dans l’espace politique. C’est
pourquoi je parle de <i>repli exploratoire</i> - explorer une
réévaluation et une réactualisation d’idées libertaires comme de
pratiques alternatives anarchistes – dans un état des forces politiques
au sein duquel j’ai du mal à déceler les possibilités réellement
novatrices. Je ne pense donc pas que c’est à partir de la seule FA que
l’on pourra reconstituer une politique d’émancipation au XXI<sup>e</sup>
siècle. J’ai plutôt en tête un espace pluraliste encore à venir dans
lequel les composantes libertaires devront être importantes et non plus
marginales.</div>
<div class="left">
<br /></div>
<div class="left">
Sur ces chemins incertains, je me méfie du <i>gauchisme</i>,
entendu comme l’affichage d’une posture et le maniement d’une
rhétorique qui font passer la logique identitaire avant les effets
émancipateurs sur la réalité. J’ai été vacciné très tôt contre un tel
gauchisme grâce au CERES. Une phrase de 1973 de Didier Motchane
m’accompagne encore :</div>
<div class="right">
« Dans les grandes banlieues de la révolution,
l’illusion lyrique n’est séparée de l’illusion comique que par un
terrain vague : la confusion politique, la gesticulation idéologique s’y
donnent libre cours » (17).</div>
<div class="left">
C’est peu su, car les préjugés sont tenaces, mais à la
FA certains combattent aussi ce type de gauchisme. Ainsi dans un texte
intitulé « La convergence concrète avec les anarchistes », des militants
de la FA ont récemment appelé à « dépasser le clivage léniniste réforme
ou révolution » (18). Non pas pour abandonner l’horizon de la
révolution sociale, mais pour assouplir, de manière plus pragmatique, la
vision des processus y menant. Cela rejoint, sous des formes
différentes, les efforts contemporains pour mieux lier anarchisme et
pragmatisme, chez Irène Pereira (11) ou chez Michel Onfray (19).</div>
<div class="left">
Mais pourquoi entrer de nouveau dans une organisation
politique, alors que des choses fort intéressantes se font et s’écrivent
du côté des anarchistes indépendants, avec mes amis Daniel Colson (20)
et Pierre Bance (21) ou dans la revue <a class="external" href="http://refractions.plusloin.org/" rel="_blank" target="_blank"><i>Réfractions. Recherches et expressions anarchistes</i></a> ?
Parce que je ne me reconnais pas dans le discours anti-organisations de
certains composantes des mouvements d’indignés aujourd’hui. Parce que
je ne crois pas au seul spontanéisme. Parce que je crois en la nécessité
d’une mémoire critique du passé et à un cadre organisateur dotant
l’action d’une stabilité relative. Parce que j’espère encore dans la
tension entre organisations politiques et auto-émancipation.</div>
<b>Post-scriptum pour les fondus du ressentiment sur Mediapart :</b><br />
<br />
Pour ceux qui seraient tentés de déverser, une fois de plus, leur
bile sur ce blog, je recommande un passage préalable par le sas de
décontamination constitué par le précédent billet : <a href="http://blogs.mediapart.fr/blog/philippe-corcuff/010213/du-ressentiment-des-trolls-de-mediapart-la-societe-francaise">« Du ressentiment : des trolls de Mediapart à la société française », 1<sup>er</sup> février 2013</a>.<br />
<br />
Je pense en particulier à :<br />
- Ceux qui ne pourraient pas contrôler des poussées spontanées
d’aigreur contre mes supposées turpitudes libertaires de « bourgeois »
ou de « petit-bourgeois ». Ces montées irrépressibles d’acide sont
d’ailleurs souvent le fait de « bourgeois » ou de « petits-bourgeois »
eux-mêmes qui masquent le conformisme social de leurs modes de vie
effectifs derrière l’anonymat d’identifiants abscons et une rhétorique
ronflante qui les institue en porte-parole imaginaires de « la classe
ouvrière » et du « Peuple ». Quand il s’agit d’anarchie, ils peuvent
d’ailleurs circuler automatiquement sur les rails constitués, dans un
moment de faiblesse théorique, par le bourgeois Marx contre le prolo
Proudhon : « petit-bourgeois ballotté entre le capital et le travail » (<i>Misère de la philosophie. Réponse à la philosophie de la misère de M. Proudhon</i>, 1847)…<br />
- Et à ceux dont l’activité « militante » se réduit principalement à
l’usage narcissique de la souris et du clavier, et qui grappillent
d’éphémères jouissances au final frustrantes dans la désignation à la
vindicte publique de « traîtres » et de « vendus » parmi les militants
non virtuels. Je conseille à ces cyber-procureurs d’éteindre, un moment
du moins, leurs ordinateurs et de contempler silencieusement « l’Idée du
communisme » dans leur jardin à la française en sirotant une tisane <i>made in China</i>.<br />
<br />
<div class="media media-align-center">
<img alt="" height="151" src="http://static.mediapart.fr/files/Philippe%20Corcuff/ressentiment.jpg" style="height: 151px; width: 220px;" title="" width="220" /></div>
<b>Notes :</b><br />
(1) Voir <a href="http://www.mediapart.fr/club/blog/philippe-corcuff/130808/de-la-lcr-au-npa-l-experience-sociale-democrate-libertaire-comme-a">Philippe
Corcuff et Willy Pelletier : « De la LCR au "NPA". L’expérience
sociale-démocrate libertaire comme analyseur d’enjeux actuels », <i>Critique Communiste</i> (revue de la LCR), n°187, juin 2008 ; repris sur Mediapart, 13 août 2008</a>.<br />
(2) Sur certains apports et limites de l’expérience du CERES, voir <a href="http://blogs.mediapart.fr/blog/philippe-corcuff/100209/nouveau-parti-anticapitaliste-actualite-du-ceres">P. Corcuff : « Nouveau Parti Anticapitaliste : actualité du CERES » (version intégrale d’une tribune publiée dans <i>Le Monde</i>, 7 février 2009), Mediapart, 10 février 2009</a>.<br />
(3) Voir <a href="http://blogs.mediapart.fr/blog/philippe-corcuff/010213/du-ressentiment-des-trolls-de-mediapart-la-societe-francaise">P. Corcuff : « Du ressentiment : des trolls de Mediapart à la société française », Mediapart, 1<sup>er</sup> février 2013</a>.<br />
(4) Voir <a href="http://blogs.mediapart.fr/blog/philippe-corcuff/300412/bravo-poutou-menace-le-pen-voter-hollande-impasse-melenchon-avenir">P. Corcuff : « Bravo Poutou ! Menace Le Pen. Voter Hollande. Impasse Mélenchon. Avenir libertaire ? », Mediapart, 30 avril 2012</a>.<br />
(5) Voir Daniel Bensaïd, <i>Une radicalité joyeusement mélancolique. Textes (1992-2006)</i>, textes réunis et commentés par P. Corcuff, Paris, éditions Textuel, 2010, et le nouveau site qui lui est consacré : <a class="external" href="http://danielbensaid.org/" rel="_blank" target="_blank">http://danielbensaid.org/</a> .<br />
(6) Voir <a href="http://www.mediapart.fr/club/blog/philippe-corcuff/220909/rosa-luxemburg-1871-1919-des-contradictions-de-l-action-emancipatr">P. Corcuff, « Rosa Luxemburg (1871-1919) : des contradictions de l’action émancipatrice aux rivages de l’intimité » (1<sup>e</sup> éd. dans la revue <i>ContreTemp</i>s, n°6, février 2003), Mediapart, 22 septembre 2009</a>.<br />
(7) Dans Léon Trotsky : <i>Nos tâches politiques</i> (1<sup>e</sup> éd. : 1904), Paris, Denoël-Gonthier, collection « Bibliothèque Médiations », disponible sur internet <a class="external" href="http://classiques.uqac.ca/classiques/trotsky_leon/nos_taches_politiques/trotsky_nos_taches_politiques.pdf" rel="_blank" target="_blank">ici</a>.<br />
(8) Voir P. Corcuff : « Actualité de la philosophie politique de Maurice Merleau-Ponty (1908-1961) » : <a href="http://www.mediapart.fr/club/blog/philippe-corcuff/050109/actualite-de-la-philosophie-politique-de-maurice-merleau-ponty-190">« I - Politique et raison critique », 5 janvier 2009</a> et <a href="http://www.mediapart.fr/club/blog/philippe-corcuff/070109/actualite-de-la-philosophie-politique-de-maurice-merleau-ponty-190">« II - Politique et histoire », 7 janvier 2009</a>.<br />
(9) Voir P. Corcuff, <i>Marx XXI<sup>e</sup> siècle. Textes commentés</i>, Paris, Textuel, collection « Petite Encyclopédie Critique », 2012.<br />
(10) Voir P. Corcuff, <i>Où est passée la critique sociale ? Penser le global au croisement des savoirs</i>, Paris, La Découverte, collection « Bibliothèque du MAUSS », 2012.<br />
(11) Au sein d’AL, voir Irène Pereira, <i>Peut-on être radical et pragmatique ?</i>, 2009 et <i>L’anarchisme dans les textes. Anthologie libertaire</i>, 2011, publiés tous deux à Paris, aux éditions Textuel, collection « Petite Encyclopédie critique ».<br />
(12) Voir dans le journal de l’OCL, <i>Courant Alternatif</i> : <a class="external" href="http://oclibertaire.free.fr/spip.php?article624" rel="_blank" target="_blank">« Autour de Jacques Rancière : Éléments d’une politique d’émancipation », par J. F., n°192, été 2009</a> et <a class="external" href="http://oclibertaire.free.fr/spip.php?article708" rel="_blank" target="_blank">« Ni
le mouvement social ni le pouvoir populaire ne règlent la question
politique », par J. F. et Philippe, n°195, décembre 2009, pp.20-23</a>.<br />
(13) Dans Maurice Merleau-Ponty, <i>Les Aventures de la dialectique</i> (1<sup>e</sup> éd. : 1955), Paris, Gallimard, collection « Folio Essais », 2000, p.311.<br />
(14) Voir P. Corcuff : <i>La question individualiste. Stirner, Marx, Durkheim , Proudhon</i>, Latresne (près Bordeaux), Le Bord de l’eau, 2003, et Philippe Chanial : <i>La délicate essence du socialisme. L’association, l’individu & la République</i>, Lormont (près Bordeaux), Le Bord de l’eau, 2009.<br />
(15) Emmanuel Levinas : <i>Ethique et infini</i> (1<sup>e</sup> éd. : 1982), dialogues avec Philippe Nemo, Paris, Le Livre de Proche, 1990, p.84.<br />
(16) Voir notamment <a href="http://www.mediapart.fr/club/blog/philippe-corcuff/200808/galaxie-altermondialiste-et-emancipation-au-xxieme-siecle-l-hypoth">P. Corcuff : « Galaxie altermondialiste et émancipation au XXI<sup>e</sup>
siècle : l’hypothèse d’une social-démocratie libertaire »
(communication au Forum Social Européen d’Ivry-sur-Seine, 13 novembre
2003), Mediapart, 20 août 2008</a>.<br />
(17) Dans Didier Motchane : <i>Clefs pour le socialisme</i>, Paris, Seghers, 1973, p.198.<br />
(18) <a class="external" href="http://www.monde-libertaire.fr/debats/14699-la-convergence-concrete-avec-les-anarchistes" rel="_blank" target="_blank">« La convergence concrète des anarchistes », <i>Le Monde Libertaire</i>, n°1641, 23 juin-6 juillet 2011</a>.<br />
(19) Voir Michel Onfray : <i>Le postanarchisme expliqué à ma grand-mère. Le Principe de Gulliver</i>, Paris, Galilée, 2012 ; et, sur Mediapart, <a href="http://blogs.mediapart.fr/blog/philippe-corcuff/101212/michel-onfray-postanarchiste-iconoclaste-ou-l-actualite-d-un-pragm">P. Corcuff : « Michel Onfray, postanarchiste iconoclaste. Ou l’actualité d’un pragmatisme libertaire », 10 décembre 2012</a>, et <a href="http://blogs.mediapart.fr/blog/laurent-galley/280113/michel-onfray-et-le-postanarchisme">Laurent Galley : « Michel Onfray et le Postanarchisme », 28 janvier 2013</a>.<br />
(20) Voir Daniel Colson, <i>Petit lexique philosophique de l’anarchisme. De Proudhon à Deleuze</i>, Paris, Le Livre de Poche, 2001.<br />
(21) Voir les analyses avancées par <a class="external" href="http://www.autrefutur.org/_Pierre-Bance_#" rel="_blank" target="_blank">Pierre
Bance d’un point de vue anarcho-syndicaliste quant à une série de
pensées critiques contemporaines sur le site AutreFutur.org</a>.<br />
<a class="spip_url spip_out" href="http://blogs.mediapart.fr/blog/philippe-corcuff/040213/pourquoi-je-quitte-le-npa-pour-la-federation-anarchiste" rel="nofollow external">http://blogs.mediapart.fr/blog/phil...</a>Médias Citoyens Dioishttp://www.blogger.com/profile/06769203187523772866noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-995174148176424425.post-56972806211493688792012-12-17T06:24:00.003-08:002012-12-17T06:24:38.117-08:00Statistiques INSEE pour le Diois...<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://2.bp.blogspot.com/-Gt09Ff814Sc/UM8pM_Poh9I/AAAAAAAAOEQ/TXys67XFZGU/s1600/cantons_de_la_Dr%C3%B4me.svg.png" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="320" src="http://2.bp.blogspot.com/-Gt09Ff814Sc/UM8pM_Poh9I/AAAAAAAAOEQ/TXys67XFZGU/s320/cantons_de_la_Dr%C3%B4me.svg.png" width="220" /></a></div>
<h2 id="tableau">
Tableaux: <span style="color: blue;"><span style="font-size: small;">ces<span style="font-size: small;"> </span></span></span><span style="font-size: small;"><span style="color: blue;">chiffres</span> <span style="color: blue;">ne représentent pas</span></span> <span style="color: blue;"><span style="font-size: small;">la Vie d'un territoire<b><span style="font-weight: normal;"> <b>mais des indications</b></span></b></span></span> <span style="color: blue;"><span style="font-size: small;"> sur le vieux monde</span></span> .</h2>
<h3>
<span style="color: blue;"><span style="font-size: large;">Population</span></span></h3>
<h4>
Diois (ZT6DI)</h4>
<div id="nomtab149">
Évolution de la population depuis 1982</div>
<table summary="Tableau de bords des Territoires de Rhône-Alpes"><colgroup>
<col></col>
</colgroup>
<colgroup>
<col></col>
<col></col>
<col></col>
</colgroup>
<thead>
<tr>
<th class="etendue-colonne" scope="col"> </th>
<th class="etendue-colonne" scope="col">Territoire</th>
<th class="etendue-colonne" scope="col">Rhône-Alpes</th>
<th class="etendue-colonne" scope="col">Territoire<br />/ Rhône-Alpes<br />(%)</th>
</tr>
</thead>
<tbody>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Population 1982</th>
<td class="tab-chiffre"> 9 615</td>
<td class="tab-chiffre"> 5 015 947</td>
<td class="tab-chiffre">0,2</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Population 1990</th>
<td class="tab-chiffre"> 9 860</td>
<td class="tab-chiffre"> 5 350 701</td>
<td class="tab-chiffre">0,2</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Population 1999</th>
<td class="tab-chiffre"> 10 305</td>
<td class="tab-chiffre"> 5 645 847</td>
<td class="tab-chiffre">0,2</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Population 2009</th>
<td class="tab-chiffre"> 10 989</td>
<td class="tab-chiffre"> 6 174 040</td>
<td class="tab-chiffre">0,2</td>
</tr>
</tbody>
</table>
<div class="source">
Source : Insee - Recensements de la population (exploitation principale)</div>
<div id="nomtab150">
Évolution annuelle moyenne de la population</div>
<table summary="Tableau de bords des Territoires de Rhône-Alpes"><colgroup>
<col></col>
<col></col>
</colgroup>
<colgroup>
<col></col>
<col></col>
</colgroup>
<thead>
<tr>
<th class="etendue-colonne" colspan="2" scope="colgroup"> </th>
<th class="etendue-colonne" scope="col">Territoire</th>
<th class="etendue-colonne" scope="col">Rhône-Alpes</th>
</tr>
</thead>
<tbody>
<tr>
<th class="etendue-ligne" rowspan="3" scope="rowgroup">Période 1982-1990</th>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Taux annuel moyen total </th>
<td class="tab-chiffre"> 0,3</td>
<td class="tab-chiffre">0,8</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">- Variation due au solde naturel </th>
<td class="tab-chiffre" nowrap="nowrap">-0,2</td>
<td class="tab-chiffre">0,5</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">- Variation due au solde migratoire </th>
<td class="tab-chiffre"> 0,5</td>
<td class="tab-chiffre">0,3</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" rowspan="3" scope="rowgroup">Période 1990-1999</th>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Taux annuel moyen total </th>
<td class="tab-chiffre"> 0,5</td>
<td class="tab-chiffre">0,6</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">- Variation due au solde naturel </th>
<td class="tab-chiffre" nowrap="nowrap">-0,2</td>
<td class="tab-chiffre">0,5</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">- Variation due au solde migratoire </th>
<td class="tab-chiffre"> 0,7</td>
<td class="tab-chiffre">0,1</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" rowspan="3" scope="rowgroup">Période 1999-2009</th>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Taux annuel moyen total </th>
<td class="tab-chiffre"> 0,6</td>
<td class="tab-chiffre">0,9</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">- Variation due au solde naturel </th>
<td class="tab-chiffre" nowrap="nowrap">-0,3</td>
<td class="tab-chiffre">0,5</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">- Variation due au solde migratoire </th>
<td class="tab-chiffre"> 1,0</td>
<td class="tab-chiffre">0,4</td>
</tr>
</tbody>
</table>
<div class="source">
Source : Insee - Recensements de la population (exploitation principale)</div>
<div id="nomtab151">
État civil en 2009 et 2010</div>
<table summary="Tableau de bords des Territoires de Rhône-Alpes"><colgroup>
<col></col>
</colgroup>
<colgroup>
<col></col>
<col></col>
<col></col>
<col></col>
<col></col>
<col></col>
</colgroup>
<thead>
<tr>
<th class="etendue-colonne" rowspan="3" scope="col"> </th>
<th class="etendue-colonne" colspan="6" scope="colgroup">Année</th>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-colonne" colspan="3" scope="colgroup"> 2009</th>
<th class="etendue-colonne" colspan="3" scope="colgroup"> 2010</th>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-colonne" scope="col">Territoire</th>
<th class="etendue-colonne" scope="col">Rhône-Alpes</th>
<th class="etendue-colonne" scope="col">Territoire / Rhône-Alpes<br />(%)</th>
<th class="etendue-colonne" scope="col">Territoire</th>
<th class="etendue-colonne" scope="col">Rhône-Alpes</th>
<th class="etendue-colonne" scope="col">Territoire / Rhône-Alpes<br />(%)</th>
</tr>
</thead>
<tbody>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Décès </th>
<td class="tab-chiffre"> 120</td>
<td class="tab-chiffre"> 47 219</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,3</td>
<td class="tab-chiffre"> 126</td>
<td class="tab-chiffre"> 47 338</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,3</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Naissances</th>
<td class="tab-chiffre"> 98</td>
<td class="tab-chiffre"> 81 062</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,1</td>
<td class="tab-chiffre"> 104</td>
<td class="tab-chiffre"> 82 684</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,1</td>
</tr>
</tbody>
</table>
<div class="source">
Source : Insee - Etat civil</div>
<div id="nomtab152">
Répartition de la population par âge en 1999 et 2009</div>
<table summary="Tableau de bords des Territoires de Rhône-Alpes"><colgroup>
<col></col>
<col></col>
</colgroup>
<colgroup>
<col></col>
<col></col>
</colgroup>
<thead>
<tr>
<th class="etendue-colonne" colspan="2" scope="colgroup"> </th>
<th class="etendue-colonne" scope="col">Territoire</th>
<th class="etendue-colonne" scope="col">Rhône-Alpes</th>
</tr>
</thead>
<tbody>
<tr>
<th class="etendue-ligne" rowspan="4" scope="rowgroup">1999</th>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Moins de 14 ans (en %)</th>
<td class="tab-chiffre"> 17,3</td>
<td class="tab-chiffre"> 19,6</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">De 15 à 59 ans (en %) </th>
<td class="tab-chiffre"> 52,6</td>
<td class="tab-chiffre"> 61,1</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Plus de 60 ans (en %) </th>
<td class="tab-chiffre"> 30,0</td>
<td class="tab-chiffre"> 19,3</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Population (en unités)</th>
<td class="tab-chiffre"> 10 305</td>
<td class="tab-chiffre"> 5 645 847</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" rowspan="4" scope="rowgroup">2009</th>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Moins de 14 ans (en %)</th>
<td class="tab-chiffre"> 16,0</td>
<td class="tab-chiffre"> 19,1</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">De 15 à 59 ans (en %) </th>
<td class="tab-chiffre"> 52,6</td>
<td class="tab-chiffre"> 59,3</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Plus de 60 ans (en %) </th>
<td class="tab-chiffre"> 31,4</td>
<td class="tab-chiffre"> 21,6</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Population (en unités)</th>
<td class="tab-chiffre"> 10 989</td>
<td class="tab-chiffre"> 6 174 040</td>
</tr>
</tbody>
</table>
<div class="source">
Source : Insee - Recensements de la population (exploitation principale)</div>
<div id="nomtab153">
Population 1999 et 2009 des communes du territoire</div>
<table summary="Tableau de bords des Territoires de Rhône-Alpes"><colgroup>
<col></col>
</colgroup>
<colgroup>
<col></col>
<col></col>
</colgroup>
<thead>
<tr>
<th class="etendue-colonne" scope="col"> </th>
<th class="etendue-colonne" scope="col">Population 2009</th>
<th class="etendue-colonne" scope="col">Population 1999</th>
</tr>
</thead>
<tbody>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">26001 - Aix-en-Diois </th>
<td class="tab-chiffre"> 359</td>
<td class="tab-chiffre"> 255</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">26012 - Arnayon </th>
<td class="tab-chiffre"> 32</td>
<td class="tab-chiffre"> 35</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">26017 - Aucelon </th>
<td class="tab-chiffre"> 28</td>
<td class="tab-chiffre"> 39</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">26025 - Barnave </th>
<td class="tab-chiffre"> 162</td>
<td class="tab-chiffre"> 155</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">26027 - Barsac </th>
<td class="tab-chiffre"> 163</td>
<td class="tab-chiffre"> 140</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">26030 - La Bâtie-des-Fonds </th>
<td class="tab-chiffre"> 9</td>
<td class="tab-chiffre"> 10</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">26036 - Beaumont-en-Diois </th>
<td class="tab-chiffre"> 75</td>
<td class="tab-chiffre"> 74</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">26040 - Beaurières </th>
<td class="tab-chiffre"> 84</td>
<td class="tab-chiffre"> 65</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">26047 - Bellegarde-en-Diois </th>
<td class="tab-chiffre"> 77</td>
<td class="tab-chiffre"> 63</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">26055 - Boulc </th>
<td class="tab-chiffre"> 125</td>
<td class="tab-chiffre"> 101</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">26062 - Brette </th>
<td class="tab-chiffre"> 32</td>
<td class="tab-chiffre"> 32</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">26067 - Chalancon </th>
<td class="tab-chiffre"> 63</td>
<td class="tab-chiffre"> 56</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">26069 - Chamaloc </th>
<td class="tab-chiffre"> 117</td>
<td class="tab-chiffre"> 101</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">26076 - Charens </th>
<td class="tab-chiffre"> 23</td>
<td class="tab-chiffre"> 33</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">26086 - Châtillon-en-Diois </th>
<td class="tab-chiffre"> 561</td>
<td class="tab-chiffre"> 523</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">26113 - Die </th>
<td class="tab-chiffre"> 4 357</td>
<td class="tab-chiffre"> 4 452</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">26123 - Establet </th>
<td class="tab-chiffre"> 29</td>
<td class="tab-chiffre"> 21</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">26136 - Val-Maravel </th>
<td class="tab-chiffre"> 42</td>
<td class="tab-chiffre"> 43</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">26142 - Glandage </th>
<td class="tab-chiffre"> 95</td>
<td class="tab-chiffre"> 84</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">26147 - Gumiane </th>
<td class="tab-chiffre"> 25</td>
<td class="tab-chiffre"> 33</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">26152 - Jonchères </th>
<td class="tab-chiffre"> 38</td>
<td class="tab-chiffre"> 36</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">26159 - Laval-d'Aix </th>
<td class="tab-chiffre"> 117</td>
<td class="tab-chiffre"> 91</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">26164 - Lesches-en-Diois </th>
<td class="tab-chiffre"> 55</td>
<td class="tab-chiffre"> 33</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">26167 - Luc-en-Diois </th>
<td class="tab-chiffre"> 537</td>
<td class="tab-chiffre"> 497</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">26168 - Lus-la-Croix-Haute </th>
<td class="tab-chiffre"> 507</td>
<td class="tab-chiffre"> 439</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">26175 - Marignac-en-Diois </th>
<td class="tab-chiffre"> 165</td>
<td class="tab-chiffre"> 136</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">26178 - Menglon </th>
<td class="tab-chiffre"> 406</td>
<td class="tab-chiffre"> 354</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">26186 - Miscon </th>
<td class="tab-chiffre"> 53</td>
<td class="tab-chiffre"> 47</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">26187 - Molières-Glandaz </th>
<td class="tab-chiffre"> 123</td>
<td class="tab-chiffre"> 113</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">26204 - Montlaur-en-Diois </th>
<td class="tab-chiffre"> 154</td>
<td class="tab-chiffre"> 116</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">26205 - Montmaur-en-Diois </th>
<td class="tab-chiffre"> 79</td>
<td class="tab-chiffre"> 79</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">26215 - La Motte-Chalancon </th>
<td class="tab-chiffre"> 418</td>
<td class="tab-chiffre"> 394</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">26228 - Pennes-le-Sec </th>
<td class="tab-chiffre"> 21</td>
<td class="tab-chiffre"> 20</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">26246 - Ponet-et-Saint-Auban </th>
<td class="tab-chiffre"> 130</td>
<td class="tab-chiffre"> 89</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">26248 - Pontaix </th>
<td class="tab-chiffre"> 167</td>
<td class="tab-chiffre"> 136</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">26253 - Poyols </th>
<td class="tab-chiffre"> 80</td>
<td class="tab-chiffre"> 65</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">26254 - Pradelle </th>
<td class="tab-chiffre"> 19</td>
<td class="tab-chiffre"> 26</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">26255 - Les Prés </th>
<td class="tab-chiffre"> 23</td>
<td class="tab-chiffre"> 27</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">26262 - Recoubeau-Jansac </th>
<td class="tab-chiffre"> 240</td>
<td class="tab-chiffre"> 207</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">26274 - Rochefourchat </th>
<td class="tab-chiffre"> 1</td>
<td class="tab-chiffre"> 1</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">26282 - Romeyer </th>
<td class="tab-chiffre"> 214</td>
<td class="tab-chiffre"> 154</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">26283 - Rottier </th>
<td class="tab-chiffre"> 30</td>
<td class="tab-chiffre"> 33</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">26291 - Saint-Andéol </th>
<td class="tab-chiffre"> 57</td>
<td class="tab-chiffre"> 34</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">26299 - Sainte-Croix </th>
<td class="tab-chiffre"> 86</td>
<td class="tab-chiffre"> 90</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">26300 - Saint-Dizier-en-Diois </th>
<td class="tab-chiffre"> 34</td>
<td class="tab-chiffre"> 25</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">26308 - Saint-Julien-en-Quint </th>
<td class="tab-chiffre"> 127</td>
<td class="tab-chiffre"> 143</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">26321 - Saint-Nazaire-le-Désert </th>
<td class="tab-chiffre"> 140</td>
<td class="tab-chiffre"> 183</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">26327 - Saint-Roman </th>
<td class="tab-chiffre"> 162</td>
<td class="tab-chiffre"> 136</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">26354 - Treschenu-Creyers </th>
<td class="tab-chiffre"> 133</td>
<td class="tab-chiffre"> 108</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">26359 - Vachères-en-Quint </th>
<td class="tab-chiffre"> 29</td>
<td class="tab-chiffre"> 34</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">26361 - Valdrôme </th>
<td class="tab-chiffre"> 140</td>
<td class="tab-chiffre"> 118</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">26378 - Volvent </th>
<td class="tab-chiffre"> 46</td>
<td class="tab-chiffre"> 26</td>
</tr>
</tbody>
</table>
<div class="source">
Source : Insee - Recensements de la population (exploitation principale)</div>
<br /><br />
<h3>
<span style="color: blue;"><span style="font-size: large;">Population active</span></span></h3>
<h4>
Diois (ZT6DI)</h4>
<div id="nomtab154">
Population active résidente en 2009</div>
<table summary="Tableau de bords des Territoires de Rhône-Alpes"><colgroup>
<col></col>
</colgroup>
<colgroup>
<col></col>
<col></col>
<col></col>
</colgroup>
<thead>
<tr>
<th class="etendue-colonne" scope="col"> </th>
<th class="etendue-colonne" scope="col">Territoire</th>
<th class="etendue-colonne" scope="col">Rhône-Alpes</th>
<th class="etendue-colonne" scope="col">Territoire<br />/ Rhône-Alpes<br />(en %)</th>
</tr>
</thead>
<tbody>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Pop. active résidente totale</th>
<td class="tab-chiffre"> 4 689</td>
<td class="tab-chiffre"> 2 927 409</td>
<td class="tab-chiffre">0,2</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">dont hommes </th>
<td class="tab-chiffre"> 2 365</td>
<td class="tab-chiffre"> 1 530 719</td>
<td class="tab-chiffre">0,2</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">dont femmes </th>
<td class="tab-chiffre"> 2 324</td>
<td class="tab-chiffre"> 1 396 690</td>
<td class="tab-chiffre">0,2</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Pop. active résidente occupé</th>
<td class="tab-chiffre"> 4 106</td>
<td class="tab-chiffre"> 2 640 482</td>
<td class="tab-chiffre">0,2</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">dont hommes occupés </th>
<td class="tab-chiffre"> 2 094</td>
<td class="tab-chiffre"> 1 393 598</td>
<td class="tab-chiffre">0,2</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">dont femmes occupées </th>
<td class="tab-chiffre"> 2 012</td>
<td class="tab-chiffre"> 1 246 884</td>
<td class="tab-chiffre">0,2</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">dont salariés </th>
<td class="tab-chiffre"> 2 936</td>
<td class="tab-chiffre"> 2 356 739</td>
<td class="tab-chiffre">0,1</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">dont non salariés </th>
<td class="tab-chiffre"> 1 169</td>
<td class="tab-chiffre"> 283 743</td>
<td class="tab-chiffre">0,4</td>
</tr>
</tbody>
</table>
<div class="source">
Source : Insee - Recensement de la population (exploitation complémentaire)</div>
<div id="nomtab155">
Population active résidente en 1999</div>
<table summary="Tableau de bords des Territoires de Rhône-Alpes"><colgroup>
<col></col>
</colgroup>
<colgroup>
<col></col>
<col></col>
<col></col>
</colgroup>
<thead>
<tr>
<th class="etendue-colonne" scope="col"> </th>
<th class="etendue-colonne" scope="col">Territoire</th>
<th class="etendue-colonne" scope="col">Rhône-Alpes</th>
<th class="etendue-colonne" scope="col">Territoire<br />/ Rhône-Alpes<br />(en %)</th>
</tr>
</thead>
<tbody>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Pop. active résidente totale </th>
<td class="tab-chiffre"> 4 160</td>
<td class="tab-chiffre"> 2 587 478</td>
<td class="tab-chiffre">0,2</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">dont hommes </th>
<td class="tab-chiffre"> 2 376</td>
<td class="tab-chiffre"> 1 399 895</td>
<td class="tab-chiffre">0,2</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">dont femmes </th>
<td class="tab-chiffre"> 1 784</td>
<td class="tab-chiffre"> 1 187 583</td>
<td class="tab-chiffre">0,2</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Pop. active résidente occupée </th>
<td class="tab-chiffre"> 3 588</td>
<td class="tab-chiffre"> 2 300 719</td>
<td class="tab-chiffre">0,2</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">dont hommes occupés </th>
<td class="tab-chiffre"> 2 108</td>
<td class="tab-chiffre"> 1 271 031</td>
<td class="tab-chiffre">0,2</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">dont femmes occupées </th>
<td class="tab-chiffre"> 1 480</td>
<td class="tab-chiffre"> 1 029 688</td>
<td class="tab-chiffre">0,1</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">dont salariés </th>
<td class="tab-chiffre"> 2 668</td>
<td class="tab-chiffre"> 2 030 182</td>
<td class="tab-chiffre">0,1</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">dont non salariés </th>
<td class="tab-chiffre"> 920</td>
<td class="tab-chiffre"> 270 537</td>
<td class="tab-chiffre">0,3</td>
</tr>
</tbody>
</table>
<div class="source">
Source : Insee - Recensement de la population (exploitation complémentaire)</div>
<div id="nomtab156">
Population active de 15 à 64 ans par csp en 2009</div>
<table summary="Tableau de bords des Territoires de Rhône-Alpes"><colgroup>
<col></col>
</colgroup>
<colgroup>
<col></col>
<col></col>
<col></col>
</colgroup>
<thead>
<tr>
<th class="etendue-colonne" scope="col"> </th>
<th class="etendue-colonne" scope="col">Territoire</th>
<th class="etendue-colonne" scope="col">Rhône-Alpes</th>
<th class="etendue-colonne" scope="col">Territoire<br />/ Rhône-Alpes<br />(en %)</th>
</tr>
</thead>
<tbody>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Agriculteurs exploitants </th>
<td class="tab-chiffre"> 492</td>
<td class="tab-chiffre"> 36 085</td>
<td class="tab-chiffre">1,4</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Artisans,commerçants, chefs</th>
<td class="tab-chiffre"> 538</td>
<td class="tab-chiffre"> 180 669</td>
<td class="tab-chiffre">0,3</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Cadres,professions intellec</th>
<td class="tab-chiffre"> 365</td>
<td class="tab-chiffre"> 440 348</td>
<td class="tab-chiffre">0,1</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Employés </th>
<td class="tab-chiffre"> 1 288</td>
<td class="tab-chiffre"> 799 481</td>
<td class="tab-chiffre">0,2</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Ouvriers </th>
<td class="tab-chiffre"> 1 036</td>
<td class="tab-chiffre"> 693 858</td>
<td class="tab-chiffre">0,1</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Professions intermédiaires </th>
<td class="tab-chiffre"> 950</td>
<td class="tab-chiffre"> 755 824</td>
<td class="tab-chiffre">0,1</td>
</tr>
</tbody>
</table>
<div class="source">
Source : Insee - Recensement de la population (exploitation complémentaire)</div>
<div id="nomtab157">
Population active de 15 à 64 ans par csp en 1999</div>
<table summary="Tableau de bords des Territoires de Rhône-Alpes"><colgroup>
<col></col>
</colgroup>
<colgroup>
<col></col>
<col></col>
<col></col>
</colgroup>
<thead>
<tr>
<th class="etendue-colonne" scope="col"> </th>
<th class="etendue-colonne" scope="col">Territoire</th>
<th class="etendue-colonne" scope="col">Rhône-Alpes</th>
<th class="etendue-colonne" scope="col">Territoire<br />/ Rhône-Alpes<br />(en %)</th>
</tr>
</thead>
<tbody>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Agriculteurs exploitants </th>
<td class="tab-chiffre"> 460</td>
<td class="tab-chiffre"> 47 239</td>
<td class="tab-chiffre">1,0</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Artisans,commerçants, chefs</th>
<td class="tab-chiffre"> 356</td>
<td class="tab-chiffre"> 181 144</td>
<td class="tab-chiffre">0,2</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Cadres,professions intellec</th>
<td class="tab-chiffre"> 352</td>
<td class="tab-chiffre"> 296 469</td>
<td class="tab-chiffre">0,1</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Employés </th>
<td class="tab-chiffre"> 1 096</td>
<td class="tab-chiffre"> 723 283</td>
<td class="tab-chiffre">0,2</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Ouvriers </th>
<td class="tab-chiffre"> 1 116</td>
<td class="tab-chiffre"> 713 391</td>
<td class="tab-chiffre">0,2</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Professions intermédiaires </th>
<td class="tab-chiffre"> 752</td>
<td class="tab-chiffre"> 600 729</td>
<td class="tab-chiffre">0,1</td>
</tr>
</tbody>
</table>
<div class="source">
Source : Insee - Recensement de la population (exploitation complémentaire)</div>
<div id="nomtab158">
Population active de 15 à 64 ans par diplôme en 2009</div>
<table summary="Tableau de bords des Territoires de Rhône-Alpes"><colgroup>
<col></col>
</colgroup>
<colgroup>
<col></col>
<col></col>
<col></col>
</colgroup>
<thead>
<tr>
<th class="etendue-colonne" scope="col"> </th>
<th class="etendue-colonne" scope="col">Territoire</th>
<th class="etendue-colonne" scope="col">Rhône-Alpes</th>
<th class="etendue-colonne" scope="col">Territoire<br />/ Rhône-Alpes<br />(en %)</th>
</tr>
</thead>
<tbody>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Aucun diplôme </th>
<td class="tab-chiffre"> 550</td>
<td class="tab-chiffre"> 359 659</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,2</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">BAC </th>
<td class="tab-chiffre"> 1 155</td>
<td class="tab-chiffre"> 559 696</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,2</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">BAC+2 </th>
<td class="tab-chiffre"> 782</td>
<td class="tab-chiffre"> 502 746</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,2</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">CAP-BEP </th>
<td class="tab-chiffre"> 1 220</td>
<td class="tab-chiffre"> 769 038</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,2</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">CEP-BEPC </th>
<td class="tab-chiffre"> 424</td>
<td class="tab-chiffre"> 231 125</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,2</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Diplôme de niveau supérieur</th>
<td class="tab-chiffre"> 558</td>
<td class="tab-chiffre"> 505 144</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,1</td>
</tr>
</tbody>
</table>
<div class="source">
Source : Insee - Recensement de la population (exploitation complémentaire)</div>
<div id="nomtab159">
Population active de 15 à 64 ans par diplôme en 1999</div>
<table summary="Tableau de bords des Territoires de Rhône-Alpes"><colgroup>
<col></col>
</colgroup>
<colgroup>
<col></col>
<col></col>
<col></col>
</colgroup>
<thead>
<tr>
<th class="etendue-colonne" scope="col"> </th>
<th class="etendue-colonne" scope="col">Territoire</th>
<th class="etendue-colonne" scope="col">Rhône-Alpes</th>
<th class="etendue-colonne" scope="col">Territoire<br />/ Rhône-Alpes<br />(en %)</th>
</tr>
</thead>
<tbody>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Aucun diplôme </th>
<td class="tab-chiffre"> 572</td>
<td class="tab-chiffre"> 349 463</td>
<td class="tab-chiffre">0,2</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">BAC </th>
<td class="tab-chiffre"> 704</td>
<td class="tab-chiffre"> 392 576</td>
<td class="tab-chiffre">0,2</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">BAC+2 </th>
<td class="tab-chiffre"> 512</td>
<td class="tab-chiffre"> 334 279</td>
<td class="tab-chiffre">0,2</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">CAP-BEP </th>
<td class="tab-chiffre"> 1 300</td>
<td class="tab-chiffre"> 804 041</td>
<td class="tab-chiffre">0,2</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">CEP-BEPC </th>
<td class="tab-chiffre"> 644</td>
<td class="tab-chiffre"> 397 930</td>
<td class="tab-chiffre">0,2</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Diplôme de niveau supérieur</th>
<td class="tab-chiffre"> 428</td>
<td class="tab-chiffre"> 309 189</td>
<td class="tab-chiffre">0,1</td>
</tr>
</tbody>
</table>
<div class="source">
Source : Insee - Recensement de la population (exploitation complémentaire)</div>
<div id="nomtab160">
Population active résidente ayant un emploi selon le lieu de travail en 2009</div>
<table summary="Tableau de bords des Territoires de Rhône-Alpes"><colgroup>
<col></col>
</colgroup>
<colgroup>
<col></col>
</colgroup>
<thead>
<tr>
<th class="etendue-colonne" rowspan="2" scope="col"> </th>
<th class="etendue-colonne" scope="col">Territoire</th>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-colonne" scope="col">en %</th>
</tr>
</thead>
<tbody>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Lieu de résidence et lieu de travail sur la même commune du territoire</th>
<td class="tab-chiffre">58,9</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Lieu de travail sur une autre commune du territoire </th>
<td class="tab-chiffre">26,1</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Lieu de travail sur une commune de Rhône-Alpes mais hors territoire </th>
<td class="tab-chiffre">11,9</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Lieu de travail sur une commune de Métropole mais hors Rhône-Alpes </th>
<td class="tab-chiffre"> 2,8</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Lieu de travail hors de France </th>
<td class="tab-chiffre"> 0,3</td>
</tr>
</tbody>
</table>
<div class="source">
Source : Insee - Recensement de la population (exploitation principale)</div>
<div id="nomtab161">
Population active résidente ayant un emploi selon le lieu de travail en 1999</div>
<table summary="Tableau de bords des Territoires de Rhône-Alpes"><colgroup>
<col></col>
</colgroup>
<colgroup>
<col></col>
</colgroup>
<thead>
<tr>
<th class="etendue-colonne" rowspan="2" scope="col"> </th>
<th class="etendue-colonne" scope="col">Territoire</th>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-colonne" scope="col">en %</th>
</tr>
</thead>
<tbody>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Lieu de résidence et lieu de travail sur la même commune du territoire</th>
<td class="tab-chiffre">65,1</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Lieu de travail sur une autre commune du territoire </th>
<td class="tab-chiffre">21,4</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Lieu de travail sur une commune de Rhône-Alpes mais hors territoire </th>
<td class="tab-chiffre">11,1</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Lieu de travail sur une commune de Métropole mais hors Rhône-Alpes </th>
<td class="tab-chiffre"> 2,3</td>
</tr>
</tbody>
</table>
<div class="source">
Source : Insee - Recensement de la population (exploitation principale)</div>
<br /><span style="color: blue;"><span style="font-size: large;"><b>Emploi
</b></span></span><h4>
Diois (ZT6DI)</h4>
<div id="nomtab162">
Effectifs salariés par activité économique (A38) au 31/12/2010</div>
<table summary="Tableau de bords des Territoires de Rhône-Alpes"><colgroup>
<col></col>
</colgroup>
<colgroup>
<col></col>
<col></col>
<col></col>
</colgroup>
<thead>
<tr>
<th class="etendue-colonne" scope="col"> </th>
<th class="etendue-colonne" scope="col">Territoire</th>
<th class="etendue-colonne" scope="col">Rhône-Alpes</th>
<th class="etendue-colonne" scope="col">Territoire<br />/Rhône-Alpes<br />(%)</th>
</tr>
</thead>
<tbody>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">BZ - Industries extractives
</th>
<td class="tab-chiffre"> 1</td>
<td class="tab-chiffre"> 1 971</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,1</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">CA - Fabrication de denrées
alimentaires, de boissons et de produits à base de tabac
</th>
<td class="tab-chiffre"> 81</td>
<td class="tab-chiffre"> 44 927</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,2</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">CB - Fabrication de textiles,
industries de l'habillement, industrie du cuir et de la chaussure
</th>
<td class="tab-chiffre"> 0</td>
<td class="tab-chiffre"> 19 898</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,0</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">CC - Travail du bois, industries
du papier et imprimerie
</th>
<td class="tab-chiffre"> 11</td>
<td class="tab-chiffre"> 21 408</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,1</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">CE - Industrie chimique
</th>
<td class="tab-chiffre"> 34</td>
<td class="tab-chiffre"> 19 850</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,2</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">CF - Industrie pharmaceutique
</th>
<td class="tab-chiffre"> 45</td>
<td class="tab-chiffre"> 13 112</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,3</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">CG - Fabrication de produits en
caoutchouc et en plastique ainsi que d'autres produits minéraux non
métalliques </th>
<td class="tab-chiffre"> 2</td>
<td class="tab-chiffre"> 33 893</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,0</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">CH - Métallurgie et fabrication
de produits métalliques à l'exception des machines et des équipements
</th>
<td class="tab-chiffre"> 35</td>
<td class="tab-chiffre"> 63 614</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,1</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">CI - Fabrication de produits
informatiques, électroniques et optiques
</th>
<td class="tab-chiffre"> 18</td>
<td class="tab-chiffre"> 19 847</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,1</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">CL - Fabrication de matériels de
transport
</th>
<td class="tab-chiffre"> 30</td>
<td class="tab-chiffre"> 24 980</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,1</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">CM - Autres industries
manufacturières ; réparation et installation de machines et
d'équipements </th>
<td class="tab-chiffre"> 22</td>
<td class="tab-chiffre"> 40 326</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,1</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">DZ - Production et distribution
d'électricité, de gaz, de vapeur et d'air conditionné
</th>
<td class="tab-chiffre"> 4</td>
<td class="tab-chiffre"> 22 167</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,0</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">EZ - Production et distribution
d'eau ; assainissement, gestion des déchets et dépollution
</th>
<td class="tab-chiffre"> 0</td>
<td class="tab-chiffre"> 14 093</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,0</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">FZ - Construction
</th>
<td class="tab-chiffre"> 223</td>
<td class="tab-chiffre"> 147 905</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,2</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">GZ - Commerce ; réparation
d'automobiles et de motocycles
</th>
<td class="tab-chiffre"> 306</td>
<td class="tab-chiffre"> 289 869</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,1</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">HZ - Transports et entreposage
</th>
<td class="tab-chiffre"> 104</td>
<td class="tab-chiffre"> 129 209</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,1</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">IZ - Hébergement et restauration
</th>
<td class="tab-chiffre"> 78</td>
<td class="tab-chiffre"> 88 437</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,1</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">JA - Édition, audiovisuel et
diffusion
</th>
<td class="tab-chiffre"> 8</td>
<td class="tab-chiffre"> 11 333</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,1</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">JB - Télécommunications
</th>
<td class="tab-chiffre"> 2</td>
<td class="tab-chiffre"> 10 806</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,0</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">JC - Activités informatiques et
services d'information
</th>
<td class="tab-chiffre"> 0</td>
<td class="tab-chiffre"> 27 768</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,0</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">KZ - Activités financières et
d'assurance
</th>
<td class="tab-chiffre"> 30</td>
<td class="tab-chiffre"> 63 179</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,0</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">LZ - Activités immobilières
</th>
<td class="tab-chiffre"> 6</td>
<td class="tab-chiffre"> 22 488</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,0</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">MA - Activités juridiques,
comptables, de gestion, d'architecture, d'ingénierie, de contrôle et
d'analyses techniques </th>
<td class="tab-chiffre"> 34</td>
<td class="tab-chiffre"> 76 701</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,0</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">MC - Autres activités
spécialisées, scientifiques et techniques
</th>
<td class="tab-chiffre"> 20</td>
<td class="tab-chiffre"> 13 482</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,1</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">NZ - Activités de services
administratifs et de soutien
</th>
<td class="tab-chiffre"> 37</td>
<td class="tab-chiffre"> 253 540</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,0</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">PZ - Enseignement
</th>
<td class="tab-chiffre"> 2</td>
<td class="tab-chiffre"> 8 585</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,0</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">QA - Activités pour la santé
humaine
</th>
<td class="tab-chiffre"> 31</td>
<td class="tab-chiffre"> 33 267</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,1</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">QB - Hébergement médico-social et
social et action sociale sans hébergement
</th>
<td class="tab-chiffre"> 14</td>
<td class="tab-chiffre"> 21 644</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,1</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">RZ - Arts, spectacles et
activités récréatives
</th>
<td class="tab-chiffre"> 3</td>
<td class="tab-chiffre"> 7 829</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,0</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">SZ - Autres activités de services
</th>
<td class="tab-chiffre"> 17</td>
<td class="tab-chiffre"> 22 178</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,1</td>
</tr>
</tbody>
</table>
<div class="source">
Source : Insee - Clap</div>
<br /><span style="color: blue;"><b><span style="font-size: large;">Chômage
</span></b></span><h4>
Diois (ZT6DI)</h4>
<div id="nomtab163">
Demandeurs d'emploi en fin de mois (catégorie A) au 31/12/2011</div>
<table summary="Tableau de bords des Territoires de Rhône-Alpes"><colgroup>
<col></col>
</colgroup>
<colgroup>
<col></col>
<col></col>
<col></col>
</colgroup>
<thead>
<tr>
<th class="etendue-colonne" scope="col"> </th>
<th class="etendue-colonne" scope="col">Territoire</th>
<th class="etendue-colonne" scope="col">Rhône-Alpes</th>
<th class="etendue-colonne" scope="col">Territoire<br />/ Rhône-Alpes<br />(%)</th>
</tr>
</thead>
<tbody>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Chômeurs de longue durée (> 1 an) </th>
<td class="tab-chiffre"> 280</td>
<td class="tab-chiffre"> 86 361</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,3</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Femmes </th>
<td class="tab-chiffre"> 390</td>
<td class="tab-chiffre"> 154 790</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,3</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Hommes </th>
<td class="tab-chiffre"> 397</td>
<td class="tab-chiffre"> 162 839</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,2</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Moins de 25 ans </th>
<td class="tab-chiffre"> 516</td>
<td class="tab-chiffre"> 202 660</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,3</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Plus de 50 ans </th>
<td class="tab-chiffre"> 159</td>
<td class="tab-chiffre"> 56 731</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,3</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Total </th>
<td class="tab-chiffre"> 787</td>
<td class="tab-chiffre"> 317 629</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,2</td>
</tr>
</tbody>
</table>
<div class="source">
Source : Pôle emploi </div>
<div id="nomtab164">
Demandeurs d'emploi en fin de mois (catégorie A) par qualification au 31/12/2011</div>
<table summary="Tableau de bords des Territoires de Rhône-Alpes"><colgroup>
<col></col>
</colgroup>
<colgroup>
<col></col>
<col></col>
<col></col>
</colgroup>
<thead>
<tr>
<th class="etendue-colonne" scope="col"> </th>
<th class="etendue-colonne" scope="col">Territoire</th>
<th class="etendue-colonne" scope="col">Rhône-Alpes</th>
<th class="etendue-colonne" scope="col">Territoire<br />/ Rhône-Alpes<br />(%)</th>
</tr>
</thead>
<tbody>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Manoeuvres </th>
<td class="tab-chiffre"> 27</td>
<td class="tab-chiffre"> 8 772</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,3</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Ouvriers spécialisés </th>
<td class="tab-chiffre"> 87</td>
<td class="tab-chiffre"> 24 387</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,4</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Ouvriers qualifiés </th>
<td class="tab-chiffre"> 122</td>
<td class="tab-chiffre"> 43 816</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,3</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Employés non qualifiés </th>
<td class="tab-chiffre"> 145</td>
<td class="tab-chiffre"> 65 074</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,2</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Employés qualifiés </th>
<td class="tab-chiffre"> 275</td>
<td class="tab-chiffre"> 119 110</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,2</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Techniciens </th>
<td class="tab-chiffre"> 65</td>
<td class="tab-chiffre"> 21 724</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,3</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Agents de maîtrise </th>
<td class="tab-chiffre"> 24</td>
<td class="tab-chiffre"> 9 331</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,3</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Ingénieurs et cadres </th>
<td class="tab-chiffre"> 40</td>
<td class="tab-chiffre"> 23 902</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,2</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Non précisé </th>
<td class="tab-chiffre"> 2</td>
<td class="tab-chiffre"> 1 513</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,1</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Ensemble </th>
<td class="tab-chiffre"> 787</td>
<td class="tab-chiffre"> 317 629</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,2</td>
</tr>
</tbody>
</table>
<div class="source">
Source : Pôle emploi </div>
<div id="nomtab165">
Taux de chômage de la zone d'emploi englobant le territoire (en %)</div>
<table summary="Tableau de bords des Territoires de Rhône-Alpes"><colgroup>
<col></col>
</colgroup>
<colgroup>
<col></col>
<col></col>
</colgroup>
<thead>
<tr>
<th class="etendue-colonne" scope="col"> </th>
<th class="etendue-colonne" scope="col">Zone d'emploi</th>
<th class="etendue-colonne" scope="col">Rhône-Alpes</th>
</tr>
</thead>
<tbody>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">4 ème trimestre 2007 </th>
<td class="tab-chiffre"> 9,5</td>
<td class="tab-chiffre"> 6,3</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">4 ème trimestre 2008 </th>
<td class="tab-chiffre"> 9,5</td>
<td class="tab-chiffre"> 6,9</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">4 ème trimestre 2009 </th>
<td class="tab-chiffre">11,2</td>
<td class="tab-chiffre"> 9,0</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">4 ème trimestre 2010 </th>
<td class="tab-chiffre">10,8</td>
<td class="tab-chiffre"> 8,4</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">4 ème trimestre 2011 </th>
<td class="tab-chiffre">10,9</td>
<td class="tab-chiffre"> 8,3</td>
</tr>
</tbody>
</table>
<div class="source">
Source : Insee </div>
<br /><br />
<span style="color: blue;"><b><span style="font-size: large;">Revenus
</span></b></span><h4>
Diois (ZT6DI)</h4>
<div id="nomtab166">
Revenus fiscaux en 2010</div>
<table summary="Tableau de bords des Territoires de Rhône-Alpes"><colgroup>
<col></col>
</colgroup>
<colgroup>
<col></col>
<col></col>
</colgroup>
<thead>
<tr>
<th class="etendue-colonne" scope="col"> </th>
<th class="etendue-colonne" scope="col">Territoire</th>
<th class="etendue-colonne" scope="col">Rhône-Alpes</th>
</tr>
</thead>
<tbody>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Nombre de ménages </th>
<td class="tab-chiffre"> 5 228</td>
<td class="tab-chiffre"> 2 569 227</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">1er décile </th>
<td class="tab-chiffre"> 4 973</td>
<td class="tab-chiffre"> 7 562</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Médiane </th>
<td class="tab-chiffre"> 15 667</td>
<td class="tab-chiffre"> 19 495</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">9ème décile </th>
<td class="tab-chiffre"> 30 581</td>
<td class="tab-chiffre"> 38 618</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Rapport interdécile (9eme décile/1er décile) </th>
<td class="tab-chiffre"> 6,1</td>
<td class="tab-chiffre"> 5,1</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Part des salaires (en %) </th>
<td class="tab-chiffre"> 45,6</td>
<td class="tab-chiffre"> 65,4</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Part des retraites (en %) </th>
<td class="tab-chiffre"> 36,6</td>
<td class="tab-chiffre"> 23,3</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Part des bénéfices (en %) </th>
<td class="tab-chiffre"> 10,2</td>
<td class="tab-chiffre"> 5,2</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Part des autres revenus (en %) </th>
<td class="tab-chiffre"> 7,6</td>
<td class="tab-chiffre"> 6,2</td>
</tr>
</tbody>
</table>
<div class="source">
Source : Direction générale des impôts - Insee</div>
<div id="nomtab167">
Minima sociaux au 31/12/2011</div>
<table summary="Tableau de bords des Territoires de Rhône-Alpes"><colgroup>
<col></col>
</colgroup>
<colgroup>
<col></col>
<col></col>
<col></col>
</colgroup>
<thead>
<tr>
<th class="etendue-colonne" scope="col"> </th>
<th class="etendue-colonne" scope="col">Territoire</th>
<th class="etendue-colonne" scope="col">Rhône-Alpes</th>
<th class="etendue-colonne" scope="col">Territoire<br />/ Rhône-Alpes<br />(%)</th>
</tr>
</thead>
<tbody>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Population couverte </th>
<td class="tab-chiffre"> 4 130</td>
<td class="tab-chiffre"> 3 013 415</td>
<td class="tab-chiffre">0,1</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Allocataires bénéficiant de l'AAH </th>
<td class="tab-chiffre"> 236</td>
<td class="tab-chiffre"> 79 701</td>
<td class="tab-chiffre">0,3</td>
</tr>
</tbody>
</table>
<div class="source">
Source : Caisses d'Allocations Familiales - champ des allocataires </div>
<br /><span style="color: blue;"><b><span style="font-size: large;">Logement
</span></b></span><h4>
Diois (ZT6DI)</h4>
<div id="nomtab168">
Construction de logements neufs en 2011</div>
<table summary="Tableau de bords des Territoires de Rhône-Alpes"><colgroup>
<col></col>
</colgroup>
<colgroup>
<col></col>
<col></col>
<col></col>
</colgroup>
<thead>
<tr>
<th class="etendue-colonne" scope="col"> </th>
<th class="etendue-colonne" scope="col">Territoire</th>
<th class="etendue-colonne" scope="col">Rhône-Alpes</th>
<th class="etendue-colonne" scope="col">Territoire<br />/ Rhône-Alpes<br />(%)</th>
</tr>
</thead>
<tbody>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Logements autorisés </th>
<td class="tab-chiffre"> 81</td>
<td class="tab-chiffre"> 60 206</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,1</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Logements ordinaires </th>
<td class="tab-chiffre"> 81</td>
<td class="tab-chiffre"> 56 609</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,1</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">dont individuels purs </th>
<td class="tab-chiffre"> 51</td>
<td class="tab-chiffre"> 16 499</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,3</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">dont individuels groupés </th>
<td class="tab-chiffre"> 22</td>
<td class="tab-chiffre"> 7 665</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,3</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">dont collectifs </th>
<td class="tab-chiffre"> 8</td>
<td class="tab-chiffre"> 32 445</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,0</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Logements en résidences </th>
<td class="tab-chiffre"> 0</td>
<td class="tab-chiffre"> 3 597</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,0</td>
</tr>
</tbody>
</table>
<div class="source">
Source : MEDDTL SOeS - Sit@del2 (logements autorisés en date réelle)</div>
<div id="nomtab169">
Parc de logements en 2009</div>
<table summary="Tableau de bords des Territoires de Rhône-Alpes"><colgroup>
<col></col>
</colgroup>
<colgroup>
<col></col>
<col></col>
<col></col>
</colgroup>
<thead>
<tr>
<th class="etendue-colonne" scope="col"> </th>
<th class="etendue-colonne" scope="col">Territoire</th>
<th class="etendue-colonne" scope="col">Rhône-Alpes</th>
<th class="etendue-colonne" scope="col">Territoire<br />/ Rhône-Alpes<br />(%)</th>
</tr>
</thead>
<tbody>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Total logements </th>
<td class="tab-chiffre"> 9 224</td>
<td class="tab-chiffre"> 3 228 589</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,3</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Maisons </th>
<td class="tab-chiffre"> 7 392</td>
<td class="tab-chiffre"> 1 493 187</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,5</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Appartements </th>
<td class="tab-chiffre"> 1 696</td>
<td class="tab-chiffre"> 1 703 643</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,1</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Résidences principales </th>
<td class="tab-chiffre"> 5 260</td>
<td class="tab-chiffre"> 2 626 502</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,2</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Résidences secondaires et occasionnelles </th>
<td class="tab-chiffre"> 3 379</td>
<td class="tab-chiffre"> 388 286</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,9</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Logements vacants </th>
<td class="tab-chiffre"> 585</td>
<td class="tab-chiffre"> 213 800</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,3</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Propriétaires </th>
<td class="tab-chiffre"> 3 366</td>
<td class="tab-chiffre"> 1 508 430</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,2</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Locataires </th>
<td class="tab-chiffre"> 1 665</td>
<td class="tab-chiffre"> 1 052 383</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,2</td>
</tr>
</tbody>
</table>
<div class="source">
Source : Insee - Recensement de la population (exploitation principale)</div>
<div id="nomtab170">
Parc de logements en 1999</div>
<table summary="Tableau de bords des Territoires de Rhône-Alpes"><colgroup>
<col></col>
</colgroup>
<colgroup>
<col></col>
<col></col>
<col></col>
</colgroup>
<thead>
<tr>
<th class="etendue-colonne" scope="col"> </th>
<th class="etendue-colonne" scope="col">Territoire</th>
<th class="etendue-colonne" scope="col">Rhône-Alpes</th>
<th class="etendue-colonne" scope="col">Territoire<br />/ Rhône-Alpes<br />(%)</th>
</tr>
</thead>
<tbody>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Total logements </th>
<td class="tab-chiffre"> 8 144</td>
<td class="tab-chiffre"> 2 827 385</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,3</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Maisons </th>
<td class="tab-chiffre"> 6 834</td>
<td class="tab-chiffre"> 1 288 038</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,5</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Appartements </th>
<td class="tab-chiffre"> 1 019</td>
<td class="tab-chiffre"> 1 464 366</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,1</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Résidences principales </th>
<td class="tab-chiffre"> 4 591</td>
<td class="tab-chiffre"> 2 273 853</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,2</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Résidences secondaires et occasionnelles </th>
<td class="tab-chiffre"> 2 940</td>
<td class="tab-chiffre"> 366 930</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,8</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Logements vacants </th>
<td class="tab-chiffre"> 613</td>
<td class="tab-chiffre"> 186 602</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,3</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Propriétaires </th>
<td class="tab-chiffre"> 2 825</td>
<td class="tab-chiffre"> 1 225 153</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,2</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Locataires </th>
<td class="tab-chiffre"> 1 374</td>
<td class="tab-chiffre"> 950 641</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,1</td>
</tr>
</tbody>
</table>
<div class="source">
Source : Insee - Recensement de la population (exploitation principale)</div>
<br />
<span style="color: blue;"><b><span style="font-size: large;">Appareil productif
</span></b></span><br />
<h4>
Diois (ZT6DI)</h4>
<div id="nomtab171">
Nombre d'établissements par activité économique (A38) au 31/12/2010</div>
<table summary="Tableau de bords des Territoires de Rhône-Alpes"><colgroup>
<col></col>
</colgroup>
<colgroup>
<col></col>
<col></col>
<col></col>
</colgroup>
<thead>
<tr>
<th class="etendue-colonne" scope="col"> </th>
<th class="etendue-colonne" scope="col">Territoire</th>
<th class="etendue-colonne" scope="col">Rhône-Alpes</th>
<th class="etendue-colonne" scope="col">Territoire<br />/Rhône-Alpes<br />(%)</th>
</tr>
</thead>
<tbody>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">BZ - Industries extractives
</th>
<td class="tab-chiffre"> 2</td>
<td class="tab-chiffre"> 398</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,5</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">CA - Fabrication de denrées
alimentaires, de boissons et de produits à base de tabac
</th>
<td class="tab-chiffre"> 34</td>
<td class="tab-chiffre"> 6 553</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,5</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">CB - Fabrication de textiles,
industries de l'habillement, industrie du cuir et de la chaussure
</th>
<td class="tab-chiffre"> 3</td>
<td class="tab-chiffre"> 2 052</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,1</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">CC - Travail du bois, industries
du papier et imprimerie
</th>
<td class="tab-chiffre"> 13</td>
<td class="tab-chiffre"> 3 303</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,4</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">CE - Industrie chimique
</th>
<td class="tab-chiffre"> 3</td>
<td class="tab-chiffre"> 454</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,7</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">CF - Industrie pharmaceutique
</th>
<td class="tab-chiffre"> 2</td>
<td class="tab-chiffre"> 89</td>
<td class="tab-chiffre"> 2,2</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">CG - Fabrication de produits en
caoutchouc et en plastique ainsi que d'autres produits minéraux non
métalliques </th>
<td class="tab-chiffre"> 7</td>
<td class="tab-chiffre"> 2 308</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,3</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">CH - Métallurgie et fabrication
de produits métalliques à l'exception des machines et des équipements
</th>
<td class="tab-chiffre"> 2</td>
<td class="tab-chiffre"> 4 005</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,0</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">CI - Fabrication de produits
informatiques, électroniques et optiques
</th>
<td class="tab-chiffre"> 2</td>
<td class="tab-chiffre"> 524</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,4</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">CL - Fabrication de matériels de
transport
</th>
<td class="tab-chiffre"> 1</td>
<td class="tab-chiffre"> 472</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,2</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">CM - Autres industries
manufacturières ; réparation et installation de machines et
d'équipements </th>
<td class="tab-chiffre"> 9</td>
<td class="tab-chiffre"> 6 809</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,1</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">DZ - Production et distribution
d'électricité, de gaz, de vapeur et d'air conditionné
</th>
<td class="tab-chiffre"> 9</td>
<td class="tab-chiffre"> 2 208</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,4</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">EZ - Production et distribution
d'eau ; assainissement, gestion des déchets et dépollution
</th>
<td class="tab-chiffre"> 1</td>
<td class="tab-chiffre"> 1 871</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,1</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">FZ - Construction
</th>
<td class="tab-chiffre"> 129</td>
<td class="tab-chiffre"> 47 628</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,3</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">GZ - Commerce ; réparation
d'automobiles et de motocycles
</th>
<td class="tab-chiffre"> 138</td>
<td class="tab-chiffre"> 81 038</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,2</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">HZ - Transports et entreposage
</th>
<td class="tab-chiffre"> 18</td>
<td class="tab-chiffre"> 11 073</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,2</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">IZ - Hébergement et restauration
</th>
<td class="tab-chiffre"> 128</td>
<td class="tab-chiffre"> 29 660</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,4</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">JA - Édition, audiovisuel et
diffusion
</th>
<td class="tab-chiffre"> 4</td>
<td class="tab-chiffre"> 2 438</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,2</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">JB - Télécommunications
</th>
<td class="tab-chiffre"> 1</td>
<td class="tab-chiffre"> 584</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,2</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">JC - Activités informatiques et
services d'information
</th>
<td class="tab-chiffre"> 14</td>
<td class="tab-chiffre"> 6 488</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,2</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">KZ - Activités financières et
d'assurance
</th>
<td class="tab-chiffre"> 22</td>
<td class="tab-chiffre"> 17 363</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,1</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">LZ - Activités immobilières
</th>
<td class="tab-chiffre"> 31</td>
<td class="tab-chiffre"> 19 611</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,2</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">MA - Activités juridiques,
comptables, de gestion, d'architecture, d'ingénierie, de contrôle et
d'analyses techniques </th>
<td class="tab-chiffre"> 45</td>
<td class="tab-chiffre"> 28 060</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,2</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">MC - Autres activités
spécialisées, scientifiques et techniques
</th>
<td class="tab-chiffre"> 15</td>
<td class="tab-chiffre"> 7 907</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,2</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">NZ - Activités de services
administratifs et de soutien
</th>
<td class="tab-chiffre"> 57</td>
<td class="tab-chiffre"> 18 861</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,3</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">PZ - Enseignement
</th>
<td class="tab-chiffre"> 23</td>
<td class="tab-chiffre"> 17 526</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,1</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">QA - Activités pour la santé
humaine
</th>
<td class="tab-chiffre"> 68</td>
<td class="tab-chiffre"> 33 975</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,2</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">QB - Hébergement médico-social et
social et action sociale sans hébergement
</th>
<td class="tab-chiffre"> 5</td>
<td class="tab-chiffre"> 995</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,5</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">RZ - Arts, spectacles et
activités récréatives
</th>
<td class="tab-chiffre"> 25</td>
<td class="tab-chiffre"> 5 871</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,4</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">SZ - Autres activités de services
</th>
<td class="tab-chiffre"> 60</td>
<td class="tab-chiffre"> 19 329</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,3</td>
</tr>
</tbody>
</table>
<div class="source">
Source : Insee - Clap</div>
<div id="nomtab172">
Nombre d'établissements par tranches d'effectifs au 31/12/2010</div>
<table summary="Tableau de bords des Territoires de Rhône-Alpes"><colgroup>
<col></col>
</colgroup>
<colgroup>
<col></col>
<col></col>
<col></col>
</colgroup>
<thead>
<tr>
<th class="etendue-colonne" scope="col"> </th>
<th class="etendue-colonne" scope="col">Territoire</th>
<th class="etendue-colonne" scope="col">Rhône-Alpes</th>
<th class="etendue-colonne" scope="col">Territoire<br />/ Rhône-Alpes<br />(%)</th>
</tr>
</thead>
<tbody>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">0 salarié ou effectif inconnu</th>
<td class="tab-chiffre"> 584</td>
<td class="tab-chiffre"> 227 248</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,3</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">1 à 9 salariés </th>
<td class="tab-chiffre"> 239</td>
<td class="tab-chiffre"> 114 234</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,2</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">10 à 19 salariés </th>
<td class="tab-chiffre"> 14</td>
<td class="tab-chiffre"> 14 272</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,1</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">20 à 99 salariés </th>
<td class="tab-chiffre"> 11</td>
<td class="tab-chiffre"> 11 537</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,1</td>
</tr>
</tbody>
</table>
<div class="source">
Source : Insee - Répertoire d'entreprises et d'établissements</div>
<div id="nomtab173">
Nombre de créations d'établissements par activité économique en 2011</div>
<table summary="Tableau de bords des Territoires de Rhône-Alpes"><colgroup>
<col></col>
</colgroup>
<colgroup>
<col></col>
<col></col>
<col></col>
</colgroup>
<thead>
<tr>
<th class="etendue-colonne" scope="col"> </th>
<th class="etendue-colonne" scope="col">Territoire</th>
<th class="etendue-colonne" scope="col">Rhône-Alpes</th>
<th class="etendue-colonne" scope="col">Territoire<br />/ Rhône-Alpes<br />(%)</th>
</tr>
</thead>
<tbody>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Industrie </th>
<td class="tab-chiffre"> 18</td>
<td class="tab-chiffre"> 3 714</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,5</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Construction </th>
<td class="tab-chiffre"> 27</td>
<td class="tab-chiffre"> 9 356</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,3</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Comm., transp., serv. </th>
<td class="tab-chiffre"> 88</td>
<td class="tab-chiffre"> 45 072</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,2</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Commerce </th>
<td class="tab-chiffre"> 26</td>
<td class="tab-chiffre"> 13 061</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,2</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Adm pub, ens, santé, act soc </th>
<td class="tab-chiffre"> 13</td>
<td class="tab-chiffre"> 7 503</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,2</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Total </th>
<td class="tab-chiffre"> 146</td>
<td class="tab-chiffre"> 65 645</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,2</td>
</tr>
</tbody>
</table>
<div class="source">
Source : Insee - Répertoire d'entreprises et d'établissements</div>
<div id="nomtab174">
Nombre d'autoentrepreneurs par activité économique en 2011</div>
<table summary="Tableau de bords des Territoires de Rhône-Alpes"><colgroup>
<col></col>
</colgroup>
<colgroup>
<col></col>
<col></col>
<col></col>
</colgroup>
<thead>
<tr>
<th class="etendue-colonne" scope="col"> </th>
<th class="etendue-colonne" scope="col">Territoire</th>
<th class="etendue-colonne" scope="col">Rhône-Alpes</th>
<th class="etendue-colonne" scope="col">Territoire<br />/ Rhône-Alpes<br />(%)</th>
</tr>
</thead>
<tbody>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Industrie </th>
<td class="tab-chiffre"> 3</td>
<td class="tab-chiffre"> 650</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,5</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Construction </th>
<td class="tab-chiffre"> 0</td>
<td class="tab-chiffre"> 2 068</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,0</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Comm., transp., serv. </th>
<td class="tab-chiffre"> 13</td>
<td class="tab-chiffre"> 14 767</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,1</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Commerce </th>
<td class="tab-chiffre"> 5</td>
<td class="tab-chiffre"> 3 676</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,1</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Adm pub, ens, santé, act soc </th>
<td class="tab-chiffre"> 0</td>
<td class="tab-chiffre"> 2 153</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,0</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Total </th>
<td class="tab-chiffre"> 48</td>
<td class="tab-chiffre"> 27 656</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,2</td>
</tr>
</tbody>
</table>
<div class="source">
Source : Insee - Répertoire d'entreprises et d'établissements</div>
<div id="nomtab175">
Les dix plus grands établissements au 31/12/2010</div>
<table summary="Tableau de bords des Territoires de Rhône-Alpes"><colgroup>
<col></col>
<col></col>
<col></col>
<col></col>
</colgroup>
<thead>
<tr>
<th class="l Header" scope="col">Raison sociale</th>
<th class="etendue-colonne" scope="col">Tranche d'effectif</th>
<th class="l Header" scope="col">Activité économique</th>
<th class="l Header" scope="col">Commune</th>
</tr>
</thead>
<tbody>
<tr>
<td class="l Data">CENTRE HOSPITALIER DE DIE</td>
<td class="r Data">100 à 499 salariés</td>
<td class="l Data">Activités pour la santé humaine</td>
<td class="l Data"> DIE</td>
</tr>
<tr>
<td class="l Data">CENTRE HOSPITALIER DE DIE</td>
<td class="r Data">100 à 499 salariés</td>
<td class="l Data">Hébergement médico-social et social et action sociale sans hébergement</td>
<td class="l Data"> DIE</td>
</tr>
<tr>
<td class="l Data">CROIX ROUGE FRANCAISE</td>
<td class="r Data">100 à 499 salariés</td>
<td class="l Data">Hébergement médico-social et social et action sociale sans hébergement</td>
<td class="l Data"> RECOUBEAU-JANSAC</td>
</tr>
<tr>
<td class="l Data">ASS DIOISE ENTRAIDE SOCIALE</td>
<td class="r Data">20 à 99 salariés</td>
<td class="l Data">Hébergement médico-social et social et action sociale sans hébergement</td>
<td class="l Data"> DIE</td>
</tr>
<tr>
<td class="l Data">LA CAVE DE DIE JAILLANCE</td>
<td class="r Data">20 à 99 salariés</td>
<td class="l Data">Fabrication de denrées alimentaires, de boissons et de produits à base de tabac</td>
<td class="l Data"> DIE</td>
</tr>
<tr>
<td class="l Data">COMMUNE DE DIE</td>
<td class="r Data">20 à 99 salariés</td>
<td class="l Data">Administration publique</td>
<td class="l Data"> DIE</td>
</tr>
<tr>
<td class="l Data">SA CHAMARGE</td>
<td class="r Data">20 à 99 salariés</td>
<td class="l Data">Commerce ; réparation d'automobiles et de motocycles</td>
<td class="l Data"> DIE</td>
</tr>
<tr>
<td class="l Data">JAILLANCE</td>
<td class="r Data">20 à 99 salariés</td>
<td class="l Data">Commerce ; réparation d'automobiles et de motocycles</td>
<td class="l Data"> DIE</td>
</tr>
<tr>
<td class="l Data">CLAIR MATIN FOYER OCCUPATIONNEL</td>
<td class="r Data">20 à 99 salariés</td>
<td class="l Data">Hébergement médico-social et social et action sociale sans hébergement</td>
<td class="l Data">LA MOTTE-CHALANCON</td>
</tr>
<tr>
<td class="l Data">LYCEE GENERAL DU DIOIS</td>
<td class="r Data">20 à 99 salariés</td>
<td class="l Data">Enseignement</td>
<td class="l Data"> DIE</td>
</tr>
</tbody>
</table>
<div class="source">
Source : Insee - Clap</div>
<br />
<span style="color: blue;"><b><span style="font-size: large;">Tourisme - agriculture
</span></b></span><br />
<h4>
Diois (ZT6DI)</h4>
<div id="nomtab176">
Capacités d'accueil touristique en 2011 et 2012</div>
<table summary="Tableau de bords des Territoires de Rhône-Alpes"><colgroup>
<col></col>
</colgroup>
<colgroup>
<col></col>
<col></col>
<col></col>
<col></col>
<col></col>
<col></col>
</colgroup>
<thead>
<tr>
<th class="etendue-colonne" rowspan="3" scope="col"> </th>
<th class="etendue-colonne" colspan="6" scope="colgroup">annee</th>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-colonne" colspan="3" scope="colgroup"> 2011</th>
<th class="etendue-colonne" colspan="3" scope="colgroup"> 2012</th>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-colonne" scope="col">Territoire</th>
<th class="etendue-colonne" scope="col">Rhône-Alpes</th>
<th class="etendue-colonne" scope="col">Territoire<br />/ Rhône-Alpes<br />(%)</th>
<th class="etendue-colonne" scope="col">Territoire</th>
<th class="etendue-colonne" scope="col">Rhône-Alpes</th>
<th class="etendue-colonne" scope="col">Territoire<br />/ Rhône-Alpes<br />(%)</th>
</tr>
</thead>
<tbody>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Nombre d'emplacements de camping ** </th>
<td class="tab-chiffre"> 2 194</td>
<td class="tab-chiffre"> 71 782</td>
<td class="tab-chiffre"> 3,1</td>
<td class="tab-chiffre"> 2 257</td>
<td class="tab-chiffre"> 72 393</td>
<td class="tab-chiffre"> 3,1</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Nombre de chambres d'hôtel * </th>
<td class="tab-chiffre"> 132</td>
<td class="tab-chiffre"> 64 909</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,2</td>
<td class="tab-chiffre"> 112</td>
<td class="tab-chiffre"> 65 263</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,2</td>
</tr>
</tbody>
</table>
<div class="source">
Note : (*) De janvier à septembre
(**) De mai à septembre
Source : Insee</div>
<div id="nomtab177">
Agriculture en 2000</div>
<table summary="Tableau de bords des Territoires de Rhône-Alpes"><colgroup>
<col></col>
</colgroup>
<colgroup>
<col></col>
<col></col>
<col></col>
</colgroup>
<thead>
<tr>
<th class="etendue-colonne" scope="col"> </th>
<th class="etendue-colonne" scope="col">Territoire</th>
<th class="etendue-colonne" scope="col">Rhône-Alpes</th>
<th class="etendue-colonne" scope="col">Territoire<br />/ Rhône-Alpes<br />(%)</th>
</tr>
</thead>
<tbody>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Nombre total d'exploitations </th>
<td class="tab-chiffre"> 583</td>
<td class="tab-chiffre"> 56 756</td>
<td class="tab-chiffre"> 1,0</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">SAU totale (ha) </th>
<td class="tab-chiffre"> 28 745</td>
<td class="tab-chiffre"> 1 516 912</td>
<td class="tab-chiffre"> 1,9</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Chefs d'exploitation et coexploitants </th>
<td class="tab-chiffre"> 634</td>
<td class="tab-chiffre"> 63 108</td>
<td class="tab-chiffre"> 1,0</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">dont à temps complet </th>
<td class="tab-chiffre"> 228</td>
<td class="tab-chiffre"> 30 288</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,8</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Nbre d'exploitations professionnelles </th>
<td class="tab-chiffre"> 237</td>
<td class="tab-chiffre"> 27 431</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,9</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">SAU totale des exploitations prof. (ha) </th>
<td class="tab-chiffre"> 15 618</td>
<td class="tab-chiffre"> 1 191 818</td>
<td class="tab-chiffre"> 1,3</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Nbre d'exploitations - Grandes cultures </th>
<td class="tab-chiffre"> 33</td>
<td class="tab-chiffre"> 6 373</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,5</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Nbre d'exploitations - Légumes, fruits, viticulture </th>
<td class="tab-chiffre"> 154</td>
<td class="tab-chiffre"> 12 046</td>
<td class="tab-chiffre"> 1,3</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Nbre d'exploitations - Bovins </th>
<td class="tab-chiffre"> 9</td>
<td class="tab-chiffre"> 13 424</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,1</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Nbre d'exploitations - Autres animaux </th>
<td class="tab-chiffre"> 105</td>
<td class="tab-chiffre"> 6 879</td>
<td class="tab-chiffre"> 1,5</td>
</tr>
</tbody>
</table>
<div class="source">
Source : Ministère de l'Agriculture - Recensement Agricole</div>
<div id="nomtab178">
Agriculture en 1988</div>
<table summary="Tableau de bords des Territoires de Rhône-Alpes"><colgroup>
<col></col>
</colgroup>
<colgroup>
<col></col>
<col></col>
<col></col>
</colgroup>
<thead>
<tr>
<th class="etendue-colonne" scope="col"> </th>
<th class="etendue-colonne" scope="col">Territoire</th>
<th class="etendue-colonne" scope="col">Rhône-Alpes</th>
<th class="etendue-colonne" scope="col">Territoire<br />/ Rhône-Alpes<br />(%)</th>
</tr>
</thead>
<tbody>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Nombre total d'exploitations </th>
<td class="tab-chiffre"> 718</td>
<td class="tab-chiffre"> 86 100</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,8</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">SAU totale (ha) </th>
<td class="tab-chiffre"> 24 233</td>
<td class="tab-chiffre"> 1 603 979</td>
<td class="tab-chiffre"> 1,5</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Chefs d'exploitation et coexploitants </th>
<td class="tab-chiffre"> 767</td>
<td class="tab-chiffre"> 91 029</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,8</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">dont à temps complet </th>
<td class="tab-chiffre"> 296</td>
<td class="tab-chiffre"> 44 749</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,7</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Nbre d'exploitations professionnelles </th>
<td class="tab-chiffre"> 315</td>
<td class="tab-chiffre"> 38 300</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,8</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">SAU totale des exploitations prof. (ha) </th>
<td class="tab-chiffre"> 16 931</td>
<td class="tab-chiffre"> 1 190 532</td>
<td class="tab-chiffre"> 1,4</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Nbre d'exploitations - Grandes cultures </th>
<td class="tab-chiffre"> 43</td>
<td class="tab-chiffre"> 8 829</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,5</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Nbre d'exploitations - Légumes, fruits, viticulture </th>
<td class="tab-chiffre"> 178</td>
<td class="tab-chiffre"> 14 577</td>
<td class="tab-chiffre"> 1,2</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Nbre d'exploitations - Bovins </th>
<td class="tab-chiffre"> 8</td>
<td class="tab-chiffre"> 22 243</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,0</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Nbre d'exploitations - Autres animaux </th>
<td class="tab-chiffre"> 139</td>
<td class="tab-chiffre"> 11 665</td>
<td class="tab-chiffre"> 1,2</td>
</tr>
</tbody>
</table>
<div class="source">
Source : Ministère de l'Agriculture - Recensement Agricole</div>
<br /><br />
<span style="color: blue;"><b><span style="font-size: large;">Équipements
</span></b></span><h4>
Diois (ZT6DI)</h4>
<div id="nomtab179">
Nombre de services de proximité en 2011</div>
<table summary="Tableau de bords des Territoires de Rhône-Alpes"><colgroup>
<col></col>
</colgroup>
<colgroup>
<col></col>
<col></col>
<col></col>
</colgroup>
<thead>
<tr>
<th class="etendue-colonne" scope="col"> </th>
<th class="etendue-colonne" scope="col">Territoire</th>
<th class="etendue-colonne" scope="col">Rhône-Alpes</th>
<th class="etendue-colonne" scope="col">Territoire<br />/ Rhône-Alpes<br />(%)</th>
</tr>
</thead>
<tbody>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Trésorerie </th>
<td class="tab-chiffre"> 2</td>
<td class="tab-chiffre"> 293</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,7</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Gendarmerie </th>
<td class="tab-chiffre"> 5</td>
<td class="tab-chiffre"> 316</td>
<td class="tab-chiffre"> 1,6</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Banque, Caisse d'Epargne </th>
<td class="tab-chiffre"> 6</td>
<td class="tab-chiffre"> 3 479</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,2</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Pompes funèbres </th>
<td class="tab-chiffre"> 21</td>
<td class="tab-chiffre"> 633</td>
<td class="tab-chiffre"> 3,3</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Bureau de poste </th>
<td class="tab-chiffre"> 5</td>
<td class="tab-chiffre"> 969</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,5</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Agence postale communale </th>
<td class="tab-chiffre"> 2</td>
<td class="tab-chiffre"> 454</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,4</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Réparation auto et de matériel agricole </th>
<td class="tab-chiffre"> 17</td>
<td class="tab-chiffre"> 7 983</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,2</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Contrôle technique automobile </th>
<td class="tab-chiffre"> 1</td>
<td class="tab-chiffre"> 617</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,2</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">École de conduite </th>
<td class="tab-chiffre"> 2</td>
<td class="tab-chiffre"> 1 321</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,2</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Maçon </th>
<td class="tab-chiffre"> 39</td>
<td class="tab-chiffre"> 7 838</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,5</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Plâtrier peintre </th>
<td class="tab-chiffre"> 20</td>
<td class="tab-chiffre"> 10 124</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,2</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Menuisier, charpentier, serrurier </th>
<td class="tab-chiffre"> 24</td>
<td class="tab-chiffre"> 9 101</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,3</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Plombier, couvreur, chauffagiste </th>
<td class="tab-chiffre"> 17</td>
<td class="tab-chiffre"> 7 791</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,2</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Électricien </th>
<td class="tab-chiffre"> 20</td>
<td class="tab-chiffre"> 7 186</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,3</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Entreprise générale du bâtiment </th>
<td class="tab-chiffre"> 4</td>
<td class="tab-chiffre"> 1 755</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,2</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Coiffure </th>
<td class="tab-chiffre"> 12</td>
<td class="tab-chiffre"> 7 825</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,2</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Vétérinaire </th>
<td class="tab-chiffre"> 3</td>
<td class="tab-chiffre"> 891</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,3</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Restaurant </th>
<td class="tab-chiffre"> 67</td>
<td class="tab-chiffre"> 18 113</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,4</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Agence immobilière </th>
<td class="tab-chiffre"> 4</td>
<td class="tab-chiffre"> 5 904</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,1</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Soins de beauté </th>
<td class="tab-chiffre"> 2</td>
<td class="tab-chiffre"> 3 936</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,1</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Supermarché </th>
<td class="tab-chiffre"> 2</td>
<td class="tab-chiffre"> 853</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,2</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Grande surface de bricolage </th>
<td class="tab-chiffre"> 2</td>
<td class="tab-chiffre"> 450</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,4</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Supérette </th>
<td class="tab-chiffre"> 2</td>
<td class="tab-chiffre"> 671</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,3</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Épicerie </th>
<td class="tab-chiffre"> 12</td>
<td class="tab-chiffre"> 2 228</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,5</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Boulangerie </th>
<td class="tab-chiffre"> 18</td>
<td class="tab-chiffre"> 4 496</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,4</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Boucherie charcuterie </th>
<td class="tab-chiffre"> 5</td>
<td class="tab-chiffre"> 2 204</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,2</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Librairie papeterie </th>
<td class="tab-chiffre"> 5</td>
<td class="tab-chiffre"> 1 863</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,3</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Magasin de vêtements </th>
<td class="tab-chiffre"> 11</td>
<td class="tab-chiffre"> 6 353</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,2</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Magasin d'équipements du foyer </th>
<td class="tab-chiffre"> 4</td>
<td class="tab-chiffre"> 1 298</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,3</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Magasin de chaussures </th>
<td class="tab-chiffre"> 2</td>
<td class="tab-chiffre"> 1 147</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,2</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Magasin d'électroménager </th>
<td class="tab-chiffre"> 3</td>
<td class="tab-chiffre"> 843</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,4</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Magasin de meubles </th>
<td class="tab-chiffre"> 1</td>
<td class="tab-chiffre"> 1 372</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,1</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Magasin d'articles de sports et de loisirs </th>
<td class="tab-chiffre"> 5</td>
<td class="tab-chiffre"> 2 393</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,2</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Droguerie quincaillerie bricolage </th>
<td class="tab-chiffre"> 4</td>
<td class="tab-chiffre"> 787</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,5</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Horlogerie Bijouterie </th>
<td class="tab-chiffre"> 2</td>
<td class="tab-chiffre"> 791</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,3</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Fleuriste </th>
<td class="tab-chiffre"> 3</td>
<td class="tab-chiffre"> 1 797</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,2</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Magasin d'optique </th>
<td class="tab-chiffre"> 2</td>
<td class="tab-chiffre"> 1 244</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,2</td>
</tr>
</tbody>
</table>
<div class="source">
Source : Insee - Base permanente des équipements</div>
<div id="nomtab180">
Nombre d'équipements de santé en 2011</div>
<table summary="Tableau de bords des Territoires de Rhône-Alpes"><colgroup>
<col></col>
</colgroup>
<colgroup>
<col></col>
<col></col>
<col></col>
</colgroup>
<thead>
<tr>
<th class="etendue-colonne" scope="col"> </th>
<th class="etendue-colonne" scope="col">Territoire</th>
<th class="etendue-colonne" scope="col">Rhône-Alpes</th>
<th class="etendue-colonne" scope="col">Territoire<br />/ Rhône-Alpes<br />(%)</th>
</tr>
</thead>
<tbody>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Médecin omnipraticien </th>
<td class="tab-chiffre"> 18</td>
<td class="tab-chiffre"> 6 130</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,3</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Spécialiste en dermatologie vénéréologie </th>
<td class="tab-chiffre"> 1</td>
<td class="tab-chiffre"> 316</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,3</td>
</tr>
</tbody>
</table>
<div class="source">
Source : Insee - Base permanente des équipements</div>
<div id="nomtab181">
Nombre d'équipements de santé en 2011</div>
<table summary="Tableau de bords des Territoires de Rhône-Alpes"><colgroup>
<col></col>
</colgroup>
<colgroup>
<col></col>
<col></col>
<col></col>
</colgroup>
<thead>
<tr>
<th class="etendue-colonne" scope="col"> </th>
<th class="etendue-colonne" scope="col">Territoire</th>
<th class="etendue-colonne" scope="col">Rhône-Alpes</th>
<th class="etendue-colonne" scope="col">Territoire/<br />Rhône-Alpes<br />(%)</th>
</tr>
</thead>
<tbody>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Chirurgien dentiste </th>
<td class="tab-chiffre"> 7</td>
<td class="tab-chiffre"> 3 779</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,2</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Infirmier </th>
<td class="tab-chiffre"> 26</td>
<td class="tab-chiffre"> 6 971</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,4</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Masseur kinésithérapeute </th>
<td class="tab-chiffre"> 14</td>
<td class="tab-chiffre"> 6 594</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,2</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Orthophoniste </th>
<td class="tab-chiffre"> 4</td>
<td class="tab-chiffre"> 2 192</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,2</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Pédicure-podologue </th>
<td class="tab-chiffre"> 1</td>
<td class="tab-chiffre"> 1 043</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,1</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Audio prothésiste </th>
<td class="tab-chiffre"> 1</td>
<td class="tab-chiffre"> 114</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,9</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Pharmacie </th>
<td class="tab-chiffre"> 4</td>
<td class="tab-chiffre"> 2 199</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,2</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Laboratoire d'analyses médicales </th>
<td class="tab-chiffre"> 1</td>
<td class="tab-chiffre"> 364</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,3</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Ambulance </th>
<td class="tab-chiffre"> 1</td>
<td class="tab-chiffre"> 548</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,2</td>
</tr>
</tbody>
</table>
<div class="source">
Source : Insee - Base permanente des équipements</div>
<div id="nomtab182">
Nombre d'équipements de santé en 2011</div>
<table summary="Tableau de bords des Territoires de Rhône-Alpes"><colgroup>
<col></col>
</colgroup>
<colgroup>
<col></col>
<col></col>
<col></col>
</colgroup>
<thead>
<tr>
<th class="etendue-colonne" scope="col"> </th>
<th class="etendue-colonne" scope="col">Territoire</th>
<th class="etendue-colonne" scope="col">Rhône-Alpes</th>
<th class="etendue-colonne" scope="col">Territoire<br />/ Rhône-Alpes<br />(%)</th>
</tr>
</thead>
<tbody>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Établissement santé court séjour </th>
<td class="tab-chiffre"> 1</td>
<td class="tab-chiffre"> 172</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,6</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Établissement santé moyen séjour </th>
<td class="tab-chiffre"> 1</td>
<td class="tab-chiffre"> 181</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,6</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Maternité </th>
<td class="tab-chiffre"> 1</td>
<td class="tab-chiffre"> 51</td>
<td class="tab-chiffre"> 2,0</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Personnes âgées : hébergement </th>
<td class="tab-chiffre"> 4</td>
<td class="tab-chiffre"> 989</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,4</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Personnes âgées : soins à domicile </th>
<td class="tab-chiffre"> 1</td>
<td class="tab-chiffre"> 247</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,4</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Personnes âgées : services d'aide </th>
<td class="tab-chiffre"> 1</td>
<td class="tab-chiffre"> 354</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,3</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Personnes âgées : foyer restaurant </th>
<td class="tab-chiffre"> 1</td>
<td class="tab-chiffre"> 82</td>
<td class="tab-chiffre"> 1,2</td>
</tr>
</tbody>
</table>
<div class="source">
Source : Insee - Base permanente des équipements</div>
<div id="nomtab183">
Nombre d'équipements d'enseignement en 2011</div>
<table summary="Tableau de bords des Territoires de Rhône-Alpes"><colgroup>
<col></col>
</colgroup>
<colgroup>
<col></col>
<col></col>
<col></col>
</colgroup>
<thead>
<tr>
<th class="etendue-colonne" scope="col"> </th>
<th class="etendue-colonne" scope="col">Territoire</th>
<th class="etendue-colonne" scope="col">Rhône-Alpes</th>
<th class="etendue-colonne" scope="col">Territoire<br />/ Rhône-Alpes<br />(%)</th>
</tr>
</thead>
<tbody>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">École maternelle </th>
<td class="tab-chiffre"> 1</td>
<td class="tab-chiffre"> 1 320</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,1</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">École élémentaire </th>
<td class="tab-chiffre"> 14</td>
<td class="tab-chiffre"> 3 476</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,4</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Collège </th>
<td class="tab-chiffre"> 1</td>
<td class="tab-chiffre"> 651</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,2</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Lycée d'enseignement général et/ou technologique </th>
<td class="tab-chiffre"> 1</td>
<td class="tab-chiffre"> 274</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,4</td>
</tr>
</tbody>
</table>
<div class="source">
Source : Insee - Base permanente des équipements</div>
<br /><span style="color: blue;"><b><span style="font-size: large;">Fiscalité locale
</span></b></span><h4>
Diois (ZT6DI)</h4>
<div id="nomtab184">
Produits votés - année 2008</div>
<table summary="Tableau de bords des Territoires de Rhône-Alpes"><colgroup>
<col></col>
</colgroup>
<colgroup>
<col></col>
<col></col>
<col></col>
<col></col>
</colgroup>
<thead>
<tr>
<th class="etendue-colonne" rowspan="2" scope="col"> </th>
<th class="etendue-colonne" colspan="2" scope="colgroup">Territoire</th>
<th class="etendue-colonne" colspan="2" scope="colgroup">Rhône-Alpes</th>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-colonne" scope="col">Produit en<br />euros/hab</th>
<th class="etendue-colonne" scope="col">Produit en %</th>
<th class="etendue-colonne" scope="col">Produit en<br />euros/hab</th>
<th class="etendue-colonne" scope="col">Produit en %</th>
</tr>
</thead>
<tbody>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Taxe d'habitation</th>
<td class="tab-chiffre"> 229</td>
<td class="tab-chiffre"> 32,6</td>
<td class="tab-chiffre"> 238</td>
<td class="tab-chiffre"> 20,8</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Foncier bâti </th>
<td class="tab-chiffre"> 248</td>
<td class="tab-chiffre"> 35,4</td>
<td class="tab-chiffre"> 332</td>
<td class="tab-chiffre"> 29,0</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Foncier non bâti </th>
<td class="tab-chiffre"> 22</td>
<td class="tab-chiffre"> 3,1</td>
<td class="tab-chiffre"> 9</td>
<td class="tab-chiffre"> 0,8</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Taxe professionne</th>
<td class="tab-chiffre"> 202</td>
<td class="tab-chiffre"> 28,8</td>
<td class="tab-chiffre"> 565</td>
<td class="tab-chiffre"> 49,4</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Total</th>
<td class="tab-chiffre"> 701</td>
<td class="tab-chiffre">100,0</td>
<td class="tab-chiffre">1 144</td>
<td class="tab-chiffre">100,0</td>
</tr>
</tbody>
</table>
<div class="source">
Source : Direction générale des impôts </div>
<div id="nomtab185">
Indicateurs de fiscalité - année 2008</div>
<table summary="Tableau de bords des Territoires de Rhône-Alpes"><colgroup>
<col></col>
</colgroup>
<colgroup>
<col></col>
<col></col>
</colgroup>
<thead>
<tr>
<th class="etendue-colonne" scope="col"> </th>
<th class="etendue-colonne" scope="col">Territoire</th>
<th class="etendue-colonne" scope="col">Rhône-Alpes</th>
</tr>
</thead>
<tbody>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Richesse fiscale par habitant (en euros) </th>
<td class="tab-chiffre"> 487</td>
<td class="tab-chiffre"> 750</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Coefficient de mobilisation de la richesse fiscale (%) </th>
<td class="tab-chiffre"> 84</td>
<td class="tab-chiffre"> 96</td>
</tr>
<tr>
<th class="etendue-ligne" scope="row">Degré d'intégration intercommunale (%) </th>
<td class="tab-chiffre"> 20</td>
<td class="tab-chiffre"> 39</td>
</tr>
</tbody>
</table>
<div class="source">
Source : Direction générale des impôts </div>
<br /><br /><br />Médias Citoyens Dioishttp://www.blogger.com/profile/06769203187523772866noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-995174148176424425.post-80074618819422040482012-12-17T04:58:00.002-08:002012-12-17T05:00:02.330-08:00La fin d' un monde....<h1 itemprop="headline">
<span style="font-size: small;">«La fin du monde s'est déjà produite»</span></h1>
<h5>
<span class="date">
<time datetime="2012-12-17T11:21:47+01:00" itemprop="datePublished"></time></span><img alt="Une scène de l'Apocalypse de saint Jean." class="visual big" itemprop="image" src="http://md0.libe.com/photo/477444/?modified_at=1355238592&ratio_x=03&ratio_y=02&width=476" />
</h5>
<div class="object-picture">
<div class="legende">
Une scène de l'Apocalypse de saint Jean. (Enluminure du XIIe siècle.)</div>
</div>
<div class="toolbox">
<br /></div>
<div class="author" itemprop="author">
</div>
<img alt="" class="i_cg" src="http://md0.libe.com/photo/477453/?modified_at=1355239279&ratio_x=01&ratio_y=01&width=140" /><br />
Le 21 décembre 2012 ne sera jamais que la 183<sup>e</sup> fin du monde depuis la chute de l'Empire romain, a calculé Luc Mary <i>(photo DR).</i> Historien des sciences, il est l'auteur du <i>Mythe de la fin du monde, de l'Antiquité à 2012</i> (ed. Trajectoire, 2009).<br />
<b> Le 21 décembre, gadget médiatique ou vraie peur ?</b> Jamais une prédiction de fin du monde n’avait été aussi médiatisée.
Le 21 décembre est d’ores et déjà une date dont on se souviendra.
L’important est moins que la fin du monde survienne vraiment que le fait
que certains y croient, qu’on en parle. Dans le cas présent, ce
phénomène a été largement amplifié par Internet, bien sûr, mais aussi
par les producteurs du film <i>2012.</i> C'est un très gros canular,
mais l'on peut dire la même chose de toutes les prédictions qui ont
précédé - 182 depuis la chute de l’Empire romain selon mon décompte. La
dernière en date était celle de 2008, quand deux astrophysiciens avaient
prédit que la mise en route du méga accélérateur de particules du
Centre européen de physique nucléaire, à Genève, entraînerait un énorme
trou noir qui avalerait la Terre.<br />
<b>Et la prochaine ?
</b>Le 10 avril 2014. Celle-là, c’est une prédiction des adeptes de la
Kabbale, qui assurent que ce jour-là ce sera la revanche du diable. Il y
en a un tas d’autres qui suivent. A vrai dire, on a autant de
prédictions de fin du monde devant nous que derrière.<br />
<b>L'homme a-t-il toujours craint la fin du monde ?
</b>La fin du monde existe depuis le commencement du monde. C’est une
permanence historique. Dans une perspective biblique, elle est même un
mythe fondateur de l’humanité, puisque nous serions tous des rescapés du
Déluge, c’est-à-dire d’une fin du monde. La fin du monde est
étroitement liée aux religions monothéistes, qui ont une conception
linéaire du temps, et non pas cyclique, comme c’est le cas des Mayas par
exemple (qui soit dit en passant n’ont jamais prophétisé la fin du
monde). L’Antiquité ne craignait pas non plus l’apocalypse, puisque les
dieux du Panthéon grec faisaient partie du monde. Ils ont été engendrés
par lui et non l’inverse. Pour les religions monothéistes, il y a la
Genèse et le Jugement dernier. Dieu a créé le monde, Dieu le détruira.
La peur de la fin du monde, c’est la peur du châtiment divin.<br />
<div class="note">
<img alt="" class="i_orig" src="http://md0.libe.com/photo/477450/?modified_at=1355239016&width=476" /><i>Le Déluge</i>, <span class="nom_cartel">Antonio Carracci, vers 1616-1618. (Musée du Louvre. A. Dequier - M. Bard)</span></div>
<b>N’est-ce pas l’espoir, aussi, d’un monde nouveau ? La fin d’un monde plutôt que la fin du monde ?
</b><br />
Oui, la fin du monde a deux faces. Elle est toujours d'un côté
appréhendée comme un châtiment et de l'autre attendue comme une
récompense, c’est toute son ambivalence. Le jugement dernier est un
préambule à la résurrection des morts. Il y a donc l’idée du peuple élu.
L’idée aussi de l’avènement d’un monde meilleur, plus juste, débarrassé
de ses impuretés, de la luxure. C'était très présent notamment au
moment des croisades. Au XII<sup>e</sup> siècle, Joachim de Flore, un
moine cistercien, prédit ainsi la fin du monde pour 1260. Inutile de
dire que ça ne s'est pas produit. Dans les trois grandes religions
monothéistes, il est question d’un âge d’or de l’humanité après le
jugement dernier.<br />
<b>Y a-t-il dans l’histoire des pics de peurs de la fin du monde ?
</b>Les périodes de crise sont bien sûr propices au prophétisme
apocalyptique : famines, peste noire... Cela dit, tous les siècles sont
égaux en matière eschatologique, tous ont eu leur lot de prédictions.
Mais les XVI<sup>e</sup> et XX<sup>e</sup> siècles sont champions. Pour le XVI<sup>e</sup> siècle,
cela s’explique par la crise de l’Eglise, doublée d’un mouvement de
revendications sociales. Cela a alimenté l’aspiration à un monde créé
sur d’autres bases. Pour les courants millénaristes allemands de cette
époque, la révélation (<i>apokalupsis</i> signifie «la mise à nu, le
dévoilement») rimait avec révolution. Le nouveau monde serait un monde
juste, sans nobles ni nantis. La fin du monde se nourrit aussi
d’utopies.<br />
Au XX<sup>e</sup> siècle, la peur de l’homme se substitue à la peur
de Dieu. Avec les deux guerres mondiales et l’apparition de la bombe
atomique, l’homme a pris conscience du fait qu’il pouvait lui-même
provoquer sa perte. La destruction de la planète est de l’ordre du
possible. C’est le syndrome Hiroshima. La guerre froide a poussé à son
paroxysme la peur de l’apocalypse nucléaire. Cela se retrouve dans les
films de science-fiction des années 70. <i>Mad Max</i>, <i>la</i> <i>Planète des Singes</i>... Tous mettent en scène un monde postatomique.<br />
<div class="note">
<img alt="- FILE PHOTO TAKEN 09AUG1945 - Smoke billows over Nagasaki, Japan after the atomic bomb was dropped on the city in this August 9, 1945 file photo The wing of the airplane is visible at right. Two U.S. Air Force planes participated in the Nagasaki mission, one to carry the bomb and the other to act as escort. The bomb, nicknamed "Fat Man", exploded about 500 metres above ground, instantly killing about 27,000 of the city's estimated population of around 200,000. Three days earlier on August 6, 1945, an Amer" class="i_orig" src="http://md0.libe.com/photo/477429/?modified_at=1355236352&width=476" />A Nagasaki, le 9 août 1945. (Photo d'archive. Reuters)</div>
Avec la chute de l’URSS, cette peur est retombée - il y a bien
toujours la menace iranienne mais elle n’est pas de même nature. On est
passé à une peur de la nature, du dérèglement climatique, amplifiée par
la télévision qui nous inonde d’images apocalyptiques. Le tsunami
de 2004, le séisme à Haïti, le cyclone Sandy, le séisme au Sichuan... On
a l’impression que le monde est en catastrophe perpétuelle. En réalité,
il n’y a pas plus de catastrophes qu’avant. Le tremblement de terre de
Tangshan, en Chine, en 1976, ou l'éruption du Krakatoa, près de Sumatra,
en 1883, ont été par exemple des catastrophes majeures, que l'on a
relativement oubliées.<br />
<div class="note">
<img alt="A girl plays at the Tangshan Earthquake Memorial in Tangshan, Hebei province, some 180 km (112 miles) east of Beijing, July 21, 2006. The Tangshan earthquake on July 28, 1976 struck in the dead of night and within seconds levelled the city of 1 million and killed more than 240,000. Thirty years on, the rebuilt coal mining centre bustles with traffic and commerce, but residents say memories of the earthquake still profoundly affect the city and its people. Photo taken July 21, 2006. REUTERS/Claro Cortes " class="i_orig" src="http://md0.libe.com/photo/477446/?modified_at=1355238675&width=476" />Le mémorial du tremblement de terre du 28 juillet 1976 à Tangshan, en Chine. (Photo Claro Cortes. Reuters)</div>
<b>Y a-t-il des constantes dans les scénarios de fin du monde ?
</b>Oui, grosso modo l’apocalypse vient toujours du ciel ou des
entrailles de la Terre. Tremblements de terre, éruptions volcanique,
raz-de-marée, bolides divers qui foncent sur la Terre... Le
21 décembre, la planète Nibiru est ainsi censée nous tomber dessus. Je
note qu'à l’heure qu’il est, on devrait déjà la voir puisqu’elle est
censée faire cinq fois la Terre. Tout cela renvoie à la peur de
l’inconnu, de l’invisible, de ce qu’on ne contrôle pas.<br />
<b>Ces croyances n’ont-elles pas reflué avec le développement de la science et le déclin des religions ?
</b>Pas du tout, c’est même le contraire. D’abord parce que force est de
constater que l'éducation scientifique n’est pas un acquis pour tout le
monde, en tout cas pas pour nombre de prophètes de mauvais augure.
Ensuite parce que l’astronomie nous a appris que l’univers n'était pas
éternel. Le soleil a une fin. Une supernova peut nous exploser sur le
coin de la figure la semaine prochaine. Bref, le cosmos est un milieu
hostile. La fin du monde s’est d’ailleurs déjà produite, il y a
65 millions d’années, quand un astéroïde tombé au Mexique (déjà !) a
provoqué la disparition de plus de 70% des espèces, dont les dinosaures.<br />
<b>L’humanité a-t-elle besoin de se faire peur ?
</b>Oui, parce que dramatiser l’avenir est une façon de l’exorciser. Plutôt que d'imaginer le futur, on préfère le détruire.<br />
<b>La vraie fin du monde, c’est pour quand ?</b> Si l’on parle de la disparition de la Terre, au plus tard dans
cinq milliards d’années, quand elle se retrouvera dans le brasier
solaire et ne sera plus qu'une boule de lave. Si l’on parle de la
disparition de l’humanité, bien avant. Dans un milliard d’années, il
fera dans les 100°C sur Terre. Mais, d’ici là, l’homme aura peut-être
trouvé le moyen de s’exiler ailleurs dans l’espace et nos lointains
descendants auront peut-être oublié l’existence même de la Terre...<b> </b><br />
<span style="font-size: x-small;"><b>CORDÉLIA BONAL</b></span>Médias Citoyens Dioishttp://www.blogger.com/profile/06769203187523772866noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-995174148176424425.post-59107298596561746652012-11-21T15:38:00.000-08:002012-11-21T15:38:05.314-08:00Greenwashing de droite comme de gauche...<!--[if gte mso 9]><xml>
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<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://1.bp.blogspot.com/-2kBs9E9sEbc/UK1lRubGK0I/AAAAAAAAMeo/C-lNm240yzs/s1600/solaire1441567987_72958873_n.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="300" src="http://1.bp.blogspot.com/-2kBs9E9sEbc/UK1lRubGK0I/AAAAAAAAMeo/C-lNm240yzs/s400/solaire1441567987_72958873_n.jpg" width="400" /></a></div>
<div class="MsoNormal">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: Verdana; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt;">Autour de la notion de "développement
durable"</span></b><span style="font-family: Verdana; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt;"> <br />
L’idéologie contemporaine se donne la plupart du temps l’apparence d’un simple
constat, d’un simple « bon sens », unique, irrécusable, de l’ordre
des choses. Ce ne serait pas la pensée qui serait unique, ce serait la réalité.
Cette idéologie se reconnaît souvent dans des tics de langage (la langue
automatique) que tout à chacun va utiliser sans s’en apercevoir, étant ainsi le
jouet ou le produit d’intérêts politiques et commerciaux, subordonnés à la
recherche du profit de quelques-uns. C’est la pensée dominante qui nous domine
au profit des dominants. Il me semble que l’expression « développement
durable » participe pleinement à ce mécanisme.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt;">L’expression
« développement durable » envahissant les écrits de toutes sortes,
les écrans télévisés, les supermarchés, les multinationales
« éco-responsables » ainsi que les programmes verdissants de tous les
partis politiques, et par ailleurs ayant retenu de Friedrich Engels et de Karl
Marx que <b style="mso-bidi-font-weight: normal;">« <i>les idées dominantes
d’une époque n’ont jamais été que les idées de la classe dominante</i> »</b>
[1], je me suis posé la question de savoir si cette expression ne faisait pas
partie de l’arsenal du « lavage de cerveaux en liberté » dont fait
allusion le linguiste et philosophe Noam Chomsky dans un entretient accordé à
Daniel Mermet pour le Monde diplomatique » [2].</span></div>
<div class="MsoNormal">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: Verdana; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt;">L’association de deux mots :</span></b></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt;">S’agissant du développement,
il faudrait préciser de quel développement il s’agit : de production de
marchandises, des techniques, du bien être social, de l’égalité, de la liberté
de décider et d’agir. Dans un système voué intégralement au capitalisme, il
peut s’agir tout simplement du seul développement des profits. Ne parle-t-on
pas aujourd’hui de capitalisme vert.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt;">Pour le durable, il prête à
ironiser : jusqu’à quand ? En effet, la matière est en perpétuelle
évolution et les circonstances dans lesquelles se fait cette évolution changent
constamment. Ces circonstances sont conditionnées par l’activité humaine, mais
pas seulement. Pour prendre un exemple, la géologie nous apprend qu’il y a
environ 120 millions d’années, le Jura actuel était recouvert en partie par une
mer tropicale avec des coraux et des poissons rouges dont il nous reste
aujourd’hui comme témoignage, le lac Léman, les Salines de Salins-les-Bains et
la saline royale d’Arc et Senans.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt;">Si les bipèdes du Neandertal
de cette région et de cette époque avaient eu la capacité d’imaginer un
« développement durable », il y a peu de chances qu’ils l’auraient
échafaudé dans les conditions d’aujourd’hui.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt;">On peut se poser la question
de savoir si l’association des mots développement et durable n’est pas un
oxymore puisque le développement en cours, même labellisé durable, détruit à
petit à petit la planète [3], plus sûrement qu’un hypothétique réchauffement de
celle-ci, dont la question reste en débat, y compris parmi les scientifiques.
Ce qui n’est pas un problème en soi, puisque la controverse entre chercheurs,
organisés au sein de la communauté scientifique, est un des moteurs essentiels
de la construction des savoirs.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt;">Toutefois, on pourrait à
l’inverse considérer développement et durable comme un pléonasme, puisque le
développement est un processus à long terme, donc durable.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt;">Alors un oxymore ou un
pléonasme, c’est bien toute l’équivoque du développement durable.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: Verdana; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt;">Son origine :</span></b></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt;">Au tournant des années 1970,
le développement du capitalisme et la détérioration de la planète amènent de
nouvelles réflexions. Des catastrophes écologiques : Seveso, Bhopal,
l’Amocco Cadiz, accident nucléaire de Three Mile Island aux Etats-Unis, puis de
Tchernobyl en Ukraine, Exxon Valdez, Erika, etc. conduisent à une impression de
catastrophisme. Des idéologues s’en emparent. Bertrand de Jouvenel, pour ne
citer que l’un des plus connus, théorise sur une société qui mettrait en accord
le marché et l’environnement. [4] La notion de développement durable fait son
apparition.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt;">En 1972, le Club de Rome
publiait le rapport « Halte à la croissance », un rapport sur les
limites de la croissance rédigé à sa demande par une équipe de chercheurs du
Massachusetts Institute of Technology (MIT) dit rapport Meadows, du nom de deux
de ses auteurs. Ce rapport préconise une croissance zéro et annonce
l’épuisement des réserves mondiales de pétrole pour . . . 1992.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: Verdana; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt;">En 1987 le Rapport Brundtland,</span></b><span style="font-family: Verdana; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt;"> du nom de la présidente de la commission mondiale sur
l’environnement et le développement, la norvégienne, Madame Gro Harlem
Brundtland, précise le développement durable et ses directives ne mettent
aucunement en cause le type de développement et encore moins le type de
société. Il s’agit d’adapter le capitalisme par « <i>un développement qui
répond au besoin du présent sans compromettre la capacité des générations
futures à répondre aux leurs</i> ».</span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt;">S’ensuivent des rendez-vous
périodiques. Le Sommet de la Terre de Rio de 1992 marque un tournant, l’URSS
est tombée [5], le capitalisme de casino fait son apparition, les grands périls
qui menacent le monde ne sont plus d’ordre sociaux, mais d’ordre naturels. Il
soumet un référentiel d’action : l’Agenda 21, pour dire 21e siècle [6],
qui donne des conseils aux nations à partir de préoccupations environnementales
qui peuvent être utiles mais qui ne tiennent absolument pas compte du social et
surtout qui ne mettent pas en cause la recherche du profit. A ce sommet ce ne
sont plus les politiques qui ont un mandat de leurs électeurs (plus ou moins
respecté) qui parlent haut et fort, mais les grandes ONG [7], c’est la
technique de « la société civile », où les responsabilités sont
diluées.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt;">Arrive le protocole de Kyoto
en 1997, contre le gaz carbonique à effet de serre (CO2) qui mériterait une
dissertation à lui tout seul.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: Verdana; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt;">En France, le Grenelle de l’environnement de 2007</span></b><span style="font-family: Verdana; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt;"> est l’un des derniers avatars des
environnementalistes. Sous l’impulsion de Nicolas Hulot, expert en produits financiers
et de la nature à la télévision, qui a réussi l’exploit de faire signer un
pacte aux politiques de tous bords, le nouveau gouvernement « surfe »
sur la mode du naturel associée à l’apocalyptique ; le développement
durable se renforce grâce à des subventions qui seront accordées sous certaines
conditions. Une formule perverse :</span></div>
<div class="MsoNormal">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: Verdana; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt;">Qui sait ce que veut dire la formule de développement
durable ?</span></b><span style="font-family: Verdana; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt;"> Tout juste peut-on
imaginer un autre développement (lequel ?) qui serait plus respectueux de
la nature bienveillante qui nous a pourtant rappelé à plus de circonspection
avec l’irruption du volcan islandais Eyjafjöll qui vient de paralyser le trafic
aérien. En fait, le développement durable c’est l’auberge espagnole, tout le
monde y met ce qu’il veut. C’est pour cela que le développement durable est
hégémonique. Il est adopté par tous quand chacun y met ce que bon lui semble.
La géographe Sylvie Brunel décrit même une formule fourre-tout et un concept
glouton [8].</span></div>
<div class="MsoNormal">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: Verdana; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt;">L’idéologie :</span></b></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt;">Le développement durable place
la nature au cœur de la problématique du futur, en évacuant la lutte des
classes. Selon un schéma binaire des gentils et des méchants, toutes les
réflexions qui s’y opposent tendent à être disqualifiées. Avec le développement
durable, l’écologie est devenue un facteur de légitimation de l’ordre existant.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt;">Avec le développement durable,
il s’agit de sauver une planète idéalisée plutôt que l’humanité. C’est une
nouvelle religion avec ses prêtres : des industriels, des politiques et
des économistes à leur service, des communicants et quelques puissantes ONG
parmi les plus médiatisées.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt;">La notion de développement
durable est souvent associée à d’autres notions, telle la démocratie
participative. Ce qu’elles ont en commun, c’est de faire appel à des
« experts ». S’agissant du développement durable c’est grâce à de
nouvelles techniques qui seraient moins polluantes que la planète pourrait être
sauvée. Avec la démocratie participative, ce sont ceux qui savent, qui viennent
proposer des actions à celles et ceux qui peuvent, le cas échéant, en discuter
la mise en pratique. Ce sont toujours des décisions qui viennent « d’en
haut », jamais d’en bas, c’est-à-dire qu’avec le développement durable et
la démocratie participative, la démocratie (directe) est bafouée. On nie au
gens le droit de décider par eux-mêmes pour eux-mêmes.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt;">Ces deux notions se rejoignent
d’autant plus qu’elles sont prônées par l’OCDE qui précise : <b style="mso-bidi-font-weight: normal;">« <i> La transparence des activités
des pouvoirs publics est nécessaire pour offrir des possibilités de
participation active des citoyens au débat sur le développement durable et
forger un consensus sur les réformes nécessaires</i> »</b> [9]. On
comprendra aisément qu’une organisation au service du libre échange et de la
concurrence, ne serait pas une source d’inspiration du développement durable,
si le développement en question était de nature révolutionnaire.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt;">L’ancien PDG de Renault, Louis
Schweitzer l’avait bien compris lorsqu’il déclarait aux Echos en 2004 :
« <i>Le développement durable n’est ni une utopie ni même une contestation,
mais la condition de survie de l’économie de marché</i> » [10]. Le
développement durable serait donc un changement écologique dans la continuité
capitaliste.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt;">Avec le développement durable,
le discours catastrophique est de rigueur. Il rejoint ainsi le discours sur les
retraites où la situation serait désastreuse. En 1971, le géographe Pierre
Georges écrivait déjà dans son livre sur l’environnement, « <i>Pour
entraîner les masses, il faut les terrifier</i> » [11]. A chaque fois, il
s’agit de « plumer » les salariés ainsi que les classes moyennes qui
devraient être toujours plus exploités. Peut-être l’avez-vous remarqué, il
s’agit toujours de faire pour le bien des générations futures qui n’ont pas
leur mot à dire puisque par définition, elles n’existent pas. C’est-à-dire que
les générations présentes devraient payer les échecs sociaux et
environnementaux du capitalisme pour les générations à venir. Il s’agit
d’opposer les générations présentes aux futures. Le piège est grossier.
Evidemment, on pense dans quelques sphères que l’on pourra faire avaler la même
baliverne aux générations futures et ainsi de suite. Et le capitalisme
survivra. Peut-être ? De toutes les façons il s’agit bien pour les
dominants d’abord de profiter, ensuite qui vivra, verra ! Au fond, si la
politique du développement durable aspire à la durabilité du capitalisme, elle
aspire d’abord aux profits présents et immédiats pour la satisfaction de
quelques-uns et au détriment de milliards d’autres [12].</span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt;">Pour des progrès sociaux et la
satisfaction de la population, maintenant, dès aujourd’hui, il s’agit bien de
changer la donne tant sur les moyens de productions, lesquels, comment,
pourquoi faire, leurs propriétés, que de mettre fin à la course aux profits. Si
les générations présentes se portent bien, les générations futures ne s’en
porteront que mieux. « <i>La vraie générosité envers l’avenir consiste à
tout donner au présent</i> », écrivait Albert Camus [13].</span></div>
<div class="MsoNormal">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: Verdana; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt;">Avec une sphère environnementaliste :</span></b></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt;">La sphère environnementaliste
du développement durable mythifie une nature naturelle, un jardin d’Eden
primitif. Le plus souvent cette sphère est d’origine urbaine. Elle a oublié
l’origine des ses arrières grands parents ruraux, qui ne rêvaient que de
rejoindre la ville pour fuir les dépendances envers les caprices du ciel, le
gel, le froid, la sécheresse, les tempêtes, pour se soustraire aux travaux
harassants, pour éviter la misère et les maladies, espérant ainsi échapper à la
certitude d’une vie des plus difficile. Aujourd’hui, lorsqu’elle en a les
moyens financiers, cette sphère s’évade de la ville pour rejoindre une nature
préparée à sa réception par des agences de voyages spécialistes de circuits
touristiques pour apprentis explorateurs ou participe à des « Raids
Nature », qui offrent des palliatifs d’aventures ou tout est balisé dans
une nature sécurisée, coupée du risque, qui rapportent aux
« gentils » organisateurs.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt;">Cette sphère oublie que
l’environnement dans lequel elle vit, à la ville comme à la campagne, n’est que
le produit des activités humaines. L’environnement, c’est ce qui entoure
l’homme et que l’homme a modifié au cours des siècles par son travail. La
nature est une construction sociale.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt;">Celui qui travaille la terre
sait qu’il faut laisser reposer cette dernière pour restaurer sa fertilité,
mais pas trop longtemps, car alors la « nature » reprend le dessus,
c’est-à-dire une nature « naturelle » où les plantes les plus fortes,
les animaux les plus forts l’emportent au détriment des autres. C’est la
sélection dite naturelle, chère à l’idéologie nazie à l’origine du mythe de la
régénération par le retour à la nature, reprise ensuite par Pinochet [14], avec
des ronces et des végétations qui empêchent la terre de respirer et de produire
ce qui est nécessaire à l’homme, à certaines espèces animales et empêchent
éventuellement les balades du citadin, le dimanche aux champs.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: Verdana; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt;">Un exemple édifiant c’est celui des forêts.</span></b><span style="font-family: Verdana; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt;"> Celles dites en bois taillis ou taillis futaies qui
sont peu travaillées par l’homme possèdent des arbres d’assez petite taille,
utiles seulement pour le bois de chauffage et la fabrication de piquets. A
l’inverse les forêts régulièrement travaillées par des sylviculteurs donnent
des arbres majestueux, qui offrent le meilleur bois aux ébénistes. En France,
une politique volontariste de protection et de reboisement, le plus souvent
sous la direction de l’Office National des Forêts (ONF), a permis une diversité
forestière de qualité.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt;">A la Réunion, la forêt dite
« primaire » est surveillée par l’ONF et entretenue par cet office
pour éviter que la flore et la faune ne soient détruites.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt;">Qu’elle soit de forêt ou de
pleins champs, la nature n’est bonne pour l’homme que si elle est travaillée
par ce dernier. Non travaillée, elle devient vite une jungle. Il faut
simplement que le travail de l’homme ne dépende pas des industries de
l’agrobusiness et des spéculateurs en tous genres (banques, assurances, fonds
de pension et autres actionnaires), qui n’ont cure ni de ce qui se fabrique, ni
de la façon dont on opère. Ils ne s’intéressent qu’aux retours sur investissement,
désormais avec un pourcentage à deux chiffres.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt;">Enfin, pour une nature
travaillée, moins dépendante du chimique, des énormes engins et tracteurs qui
tassent la terre et favorisent le ruissellement, cela suppose une autre logique
économique avec un peu plus de personnels, et ainsi éviter la monoculture qui
favorise l’usage intensif des pesticides, de même que la perte de la diversité
animale et végétale. Hors, malgré (ou à cause de) la politique du développement
durable, le secteur agricole de la seule Union européenne a chuté, selon une
étude de l’Office des statistiques Eurostat, de 25 % entre 2000 et 2009,
soit une perte de 3, 7 millions d’emplois à temps plein [15]. Cette situation
profite à de grands domaines dont l’agriculture dite intensive protège
l’environnement comme le bitume protège la peau et les poumons de celui qui le
travaille [16]. Ceci permet à l’UE d’affirmer que le revenu par agriculteur
augmente.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: Verdana; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt;">Le politiquement correct, le poids du consensus et du
soi disant modernisme :</span></b></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt;">Le développement durable est
le triomphe du consensus. Tout le monde il est beau, tout le monde il est
gentil, nous vivons sur une même planète, il s’agit de la sauver et de faire
taire des divergences pour une œuvre oh combien plus importante que l’emploi,
la misère, les retraites, le pouvoir d’achat ou les populations déplacées au
nom du soi-disant bien commun [17].</span></div>
<div class="MsoNormal">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: Verdana; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt;">Le développement durable, est le « nid »
hétéroclite de militants associatifs et de politiques partisans d’un monde
meilleur </span></b><span style="font-family: Verdana; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt;">et de courants partisans du pouvoir
et du porte-monnaie. Parmi les premiers, on peut y trouver les meilleures
intentions, mais orphelins de solutions politiques consistantes, ils trouvent
de la sorte un moyen de satisfaire leur « bonne conscience » en se
donnant l’illusion de « faire quelque chose de positif ». Toutefois,
ce refuge, dans sa contradiction, n’a pas que des aspects négatifs, il permet
de faire avancer des considérations qui complètent une vision progressiste de
la société.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt;">Le développement durable ne se
donne pas la peine d’analyser les tendances nécessairement expansionnistes du
capitalisme, comme l’installation d’un système qui crée des besoins inutiles,
au détriment des services utiles, si les premiers rapportent plus. Avec le
développement durable, il faut dépenser . . . du développement durable.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt;">Prenons un exemple simple pour
illustrer ce propos, lorsque vous allez au supermarché, les caissières ne vous
donnent plus de poches en plastique au nom du développement durable. Cependant,
comme vous êtes bien obligé d’avoir un contenant on vous en propose un avec un
logo vert que vous payez. Non seulement, avec le développement durable, le
supermarché est dispensé avec bonne conscience de vous donner un sac, mais en
plus il gagne de l’argent en vous vendant un autre sac écologiquement certifié,
qui fait sa promotion gratuitement puisque son nom est marqué dessus.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt;">II existe une expression pour
caractériser l’écologie utilisée comme simple argument commercial, il s’agit du
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;">« greenwashing »</b> où
blanchiment vert [18].</span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt;">De la publicité qui vous
invite à remplacer votre voiture, votre mode de chauffage forcément vieux et
polluant, des ampoules dites à basse consommation très controversées pour
diverses raisons et qui contiennent assez de mercure pour devenir dangereuses
en cas de brisure, des vélos en alliages coûteux en énergie et générateurs de
déchets difficiles à recycler, de l’étiquette énergétique obligatoire sur les
ampoules, les réfrigérateurs, les congélateurs, les lave-linge, les
lave-vaisselle et les sèche-linge qui permet de vendre ces appareils de classe
A++, la plus économe, hors de prix, quand bien même l’économie d’énergie n’est
pas toujours au rendez-vous [19], à la véritable autorisation aux Etats de
polluer que constitue la bourse à carbone [20], aux éoliennes qui fonctionnent
de manière aléatoire, qui consomment beaucoup de béton pour leurs socles et qui
sont des pièges à oiseaux [21]. Des ambiguïtés du développement durable, la
liste est trop longue à énumérer.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt;">Beaucoup s’inquiètent en
France de l’échec du Grenelle de l’environnement. Il n’y a pas d’échec
concernant le développement durable car au crédit du gouvernement on peut
mettre d’importantes largesses financières. Les subventions pleuvent facilement
concernant les agro carburants [22], l’isolation des bâtiments ou les véhicules
électriques. Les Communes de gauche comme de droite, les régions font toutes du
développement durable et s’en félicitent mais si on y regarde de plus près on
voit que ces aides sont plus profitables d’abord à certains secteurs industriels
qu’à la planète. Si en plus, on considère que le gouvernement n’a pas en caisse
un seul euro de ces subventions, il faut bien qu’il emprunte aux marchés
financiers [23]. A l’arrivée le remboursement des emprunts sera bien plus
coûteux pour les contribuables que ne l’affirment les communicants. Résultat,
c’est la dette qui va être durable. Bien commode pour expliquer qu’il nous faut
faire de nouveaux trous à la ceinture pour la serrer de plusieurs crans [24].</span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt;">L’aspect « moderne »
du développement durable ne compte pas aussi pour rien dans sa notoriété. En
effet, les élus des communes, des départements, des régions, consensus aidant,
s’ils n’ont plus peur d’être pris de gauche ou de droite (surenchère) comme on
disait autrefois, ont une peur bleue d’être considérés comme ringards, de ne
pas être « modernes », alors c’est à ceux qui en feront le plus pour <b style="mso-bidi-font-weight: normal;">l’écocitoyenneté, le développement durable,
et la participation</b>. L’écart grandit sans cesse entre les plus riches et
les plus pauvres [25]. Les élus de proximité savent pertinemment que la lutte
des classes est à son apogée au détriment des plus pauvres qu’ils reçoivent
quelquefois dans leurs permanences, mais ils restent peu expressifs sur la
question lorsqu’il s’agit des discours et des actes, se contentant trop souvent
de déshabiller Paul pour habiller Pierre ou l’inverse.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt;">On le voit bien avec ces
politiques qui critiquent le Grenelle parce qu’il n’aboutirait pas à faire
payer par tout un chacun les taxes carbones tant réclamées par les
« experts » [26]. Ceux là ne s’inquiètent guère du pouvoir d’achat de
leurs administrés. Mais il est vrai que selon le développement durable, moins
on achète, moins on pollue. Et puisque on peut faire de l’argent avec de
l’argent, pourquoi se préoccuper des richesses réelles ?</span></div>
<div class="MsoNormal">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: Verdana; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt;">Les leçons de l’histoire récente :</span></b></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt;">Force est de reconnaître que
le développement du capitalisme a coïncidé avec le développement des
techniques. D’abord la lutte des idées (en gros à la fin de règne de Louis XIV
pour la France et la philosophie dite des lumières), les révolutions et les
luttes sociales ont permis que les connaissances remplacent les illuminations
divines. Le capitalisme naissant s’est emparé de ces connaissances pour
enrichir une bourgeoisie « éclairée ».</span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt;">Au 20e siècle les techniques
ont progressé plus vite qu’au cours des millénaires précédents. La concurrence
avec son corollaire, la recherche du profit, a colonisé la planète. Des régions
entières ont été dévastées pour la recherche pétrolifère, de l’or, de
l’uranium, des diamants, du cuivre, de la bauxite, etc. Des guerres ont
contaminé des régions pour des centaines d’années. Au Vietnam, la dioxine de
l’agent Orange (herbicide défoliant) créé par la multinationale Monsanto tue
toujours [27]. Des forêts, pourtant garantes d’un bon équilibre de la planète
sont arrachées au profit de cultures à fort rendement financier. De plus, ces
forêts sont souvent victimes des autoroutes qui les traversent et des camions
toujours en augmentation à l’origine des pluies acides.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt;">Les aliments ainsi que le circuit
alimentaire polluent aussi la planète, donc les espèces qui vivent dessus, donc
les hommes. En France, qui ne connaît pas un propriétaire de vergers qui vend
aux intermédiaires des marchés mais qui fait pousser à distance respectable de
ses autres plantations un pommier, un poirier, un pécher, un abricotier pour
son usage personnel ? C’est dire que ces professionnels ne se font guère
d’illusion sur la qualité des produits qu’ils vendent, car ils savent bien le
nombre de bidons de produits chimiques divers qu’ils déversent sur leur
production et que l’innocuité de ces produits n’est pas, selon eux, garantie. A
l’inverse d’autres producteurs, moins nombreux, faisant pousser en essayant de
prendre en compte les intérêts environnementaux et la santé des acheteurs de
leurs produits, se trouvent souvent devant des difficultés financières
inextricables lorsque ce n’est pas tout simplement traînés devant la justice
par l’agrobusiness pour n’avoir pas utilisé les produits des firmes
capitalistes [28].</span></div>
<div class="MsoNormal">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: Verdana; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt;">Hors les grandes exploitations, seules quelques
filières « bio »</span></b><span style="font-family: Verdana; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt;"> arrivent
encore à s’en sortir en évitant les intermédiaires par le biais des
Associations pour le maintien d’une agriculture paysanne (AMAP) aux prix d’une
durée de travail hebdomadaire fort longue et en créant des Coopératives
d’Utilisation du Matériel Agricole (CUMA). Jusqu’à quand ?</span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt;">Pour ne prendre que l’exemple
français, l’agriculture exporte mais est incapable de nourrir les habitants du
pays. La production française pollue en s’exportant et la nourriture des
français pollue en l’important. L’amélioration des techniques (réfrigération,
avions) permet que les produits de consommation courante qui pourraient pousser
en France proviennent pour la plupart d’Afrique, d’Amérique du sud ou d’Asie
[29], alors que les habitants des ces continents sont des millions à être sous
alimentés [30]. La technique utilisée par le capitalisme permet le profit qui
rend malade et tue. Le capital n’a ni patrie ni principe ni dogme ; seul
compte sa rentabilité financière.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt;">Une chance inouïe s’est
présentée pour l’humanité, c’est celle d’un camp socialiste qui pouvait
utiliser les techniques à d’autres fins que le profit. L’aspect autoritaire de
ce socialisme couplé à une approche concurrentielle avec le capitalisme sur les
bases de ce dernier (on fait les mêmes choses, mais en plus fort), n’ont pas
permis de déceler une différence dans l’aspect environnemental de ces deux
systèmes. C’est bien dommage !</span></div>
<div class="MsoNormal">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: Verdana; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt;">L’ordre du jour, la sortie du capitalisme :</span></b></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt;">Plus généralement, à travers
cette réflexion sur le développement durable, la question posée n’est pas
originale (tout le monde se la pose), elle se multiplie par trois : d’où
venons nous, où sommes nous, où allons nous ?</span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt;">N’ayant pour seule assurance
que celle de dire que le capitalisme n’est pas l’avenir de l’homme, mais que
non combattu, il pourrait être à l’origine de la fin de l’humanité, puisque
pour la première fois dans l’histoire de celle-ci, les techniques permettent de
détruire autant que de construire. C’est dire l’importance de leur utilisation.
La question de la sortie du capitalisme est donc posée. Le consensus n’est pas
à l’ordre du jour.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt;">Nous l’avons vu le concept de
développement durable est pour le moins controversé. De nature impérialiste, il
impose et, puisque c’est la planète qu’il faut sauver, il milite pour la
mondialisation et pour une gouvernance mondiale [31], comme si les peuples ne
comptaient pas et que seule la nature au service des plus riches compterait
avec des parcs dits naturels, c’est-à-dire une nature sous cloche.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt;">Cette démarche marque la
continuité du tout individuel, c’est à chacun de prendre les dispositions
adéquates, qui ont été définies dans un « sommet » d’experts
autoproclamés, pour défendre les générations futures. C’est l’individualisme
opposé à la démarche collective et aux peuples qui ne savent pas. C’est la
société civile remplaçant la politique et la démocratie. C’est l’opposition
entre le présent et l’après.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt;">Le développement durable est
au service des structures capitalistes et complémentaires à celles-ci. Dans
l’Union européenne, comme pour le développement durable, il s’agit à partir
d’intérêts financiers « supérieurs » de faire payer la crise du
système aux plus pauvres. Le FMI et la BCE [32] deviennent des autorités au
dessus des peuples. La logique est à chaque fois la même ainsi que
l’argumentation et c’est toujours pour faire des profits.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt;">On peut considérer que le
capitalisme est à la fin d’un cycle, qu’il est au bout du rouleau, qu’il a
atteint une limite, qu’il ne survit que par des subterfuges où l’économie
réelle devient un appendice des bulles spéculatives, qu’il a fait la
démonstration du danger qu’il représentait pour les hommes et … pour la nature.
Ce n’est pas son bilan qui nous contredira avec ses famines, ses guerres
mondiales, ses guerres coloniales, ses guerres liées aux richesses à conquérir
et ses crises politiques et financières, la somme des pertes, pour
l’environnement, pour les sociétés qu’il a engendrées. Si le seul bien, c’est
celui qui permet d’obtenir pour les personnes et les peuples une vie
rationnelle et intelligente, alors le capitalisme est hors jeu. Comme le
capitalisme a succédé au féodalisme, le temps est venu d’une autre société qui
va succéder au capitalisme.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt;">La possibilité de la fin du
capitalisme est réelle, mais pas son inéluctabilité à court terme si la thèse
du développement durable parvenait à l’emporter, puisque ce concept n’existe
que pour porter le capitalisme plus loin dans le temps, tout en maintenant un
taux important d’augmentation du capital financier.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: Verdana; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt;">Bien entendu, le capitalisme ne met pas tous ses œufs
dans le panier du développement durable et il a l’art de créer assez de brume
pour embrouiller, pour détourner l’attention pour arriver à ses fins.</span></b><span style="font-family: Verdana; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt;"> En définitive, de diviser pour régner.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt;">Dans les sociétés
occidentales, on peut exclure une sortie du capitalisme par le haut. Un
politique français, un peu oublié aujourd’hui, Léon Bourgeois, prix Nobel de la
paix en 1920, partisan du solidarisme, avait coutume de dire : « <i>Les
partis sont toujours en retard sur les idées.</i> ». La situation n’a pas
changé. Pour ceux d’aujourd’hui, à quelques exceptions près, il leur est
apparemment toujours très difficile de se projeter dans une société de l’après
capitalisme. En France, ne voit-on pas avec la crise actuelle, des partis
« de gauche » [33] se pencher avec compassion sur le chevet d’une
Union européenne au service de la finance, malade et menacée d’éclatement,
alors que par ailleurs la majorité de la population juge cette Union
négativement. Le refus de vote (appelé à tort abstention) à la dernière
élection des députés siégeant à Strasbourg venant confirmer certains sondages,
après la victoire du Non au référendum du 29 mai 2005.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt;">Sans tirer de plans sur la
comète, tout juste peut-on penser que de nombreux soubresauts se succéderont
avec des rapports transversaux des militants, d’associations et des populations
qui feront converger les luttes et que les partis, qui ne semblent pas
pertinents sur la question du changement, prendront (peut-être ?) le wagon
en cours de route. La première étape étant vraisemblablement de se débarrasser
de l’Union européenne et de sa monnaie tant chéries par les
« institutionnels », pour garantir aux populations d’avoir leurs mots
à dire concernant leur avenir et de mettre en place d’autres relations
internationales basée sur les intérêts communs à tous.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: Verdana; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt;">Concernant la monnaie, une parenthèse s’impose.</span></b><span style="font-family: Verdana; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt;"> En ayant abandonné le droit « régalien de battre
monnaie », lorsque les impôts ne suffisent pas à assurer les dépenses
d’intérêt général et celles abusives des cadeaux aux plus fortunés, les
politiques de l’Union européenne, qui ont choisi l’euro qui se
« dollarise » de plus en plus sous l’effet de la crise financière,
ont condamnés les Etats qu’ils dirigeaient à recourir au crédit privé. Par le
biais de la dette publique, qui vient principalement d’une défiscalisations
massive des revenus du capital [34], les Etats font ainsi servir par les
contribuables une nouvelle rente aux plus riches. Il faut, en effet, emprunter
chaque année pour payer les intérêts de la dette publique. Et ces emprunts
entraînent une augmentation de la dette publique et donc le versement de
nouveaux intérêts. C’est un système sans fin qui, en France, a rapporté ainsi,
42,9 milliards d’euros aux plus riches en 2009 sans créer un emploi. Ce poste
est devenu le deuxième poste budgétaire de l’Etat, juste après l’éducation
nationale. Le montant cumulé des intérêts dus aux rentiers représente
aujourd’hui un tiers du montant de la dette publique française. Ainsi, la dette
publique, c’est l’histoire du panier percé du capitalisme que les contribuables
seraient invités à remplir. La thèse de l’augmentation de la dette, du fait de
l’augmentation des dépenses publiques, est donc une thèse absurde qui n’a rien
à voir avec la réalité économique, elle sert seulement à justifier la
diminution des services publics et à privatiser la partie la plus
« juteuse » de ceux-ci.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt;">Ailleurs, de nouveaux rapports
se dessinent déjà où la concurrence est peu à peu remplacée par la coopération
et la solidarité entre les peuples avec la réappropriation des principales
richesses à la collectivité [35]. Un début de socialisme. Ces rapports sont
encore balbutiants, combattus avec hargne par les Etats-Unis et leurs alliés.
Ils montrent une autre voie possible.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt;">Un élément qu’il faut prendre
en compte, la peur de l’absorption par le tout social peut radicaliser
l’individualisme si important aujourd’hui et constituer un frein à un
changement vers une société que nous pourrions dénommer socialiste. Il s’agit
donc de ne pas laisser croire qu’une grande machinerie à penser et à faire
devrait en remplacer une autre. Il s’agira bien de redéfinir les conditions et
le rapport au travail en permettant dans et hors travail des activités
autonomes dans lesquelles on pourra s’identifier. Dans le travail collectif,
devra s’imposer une gestion collective et autonome et ailleurs devra se
développer le « travail libéré » et non subordonné comme le font les
retraités. Les retraités font souvent un travail émancipé, attaché à la personne
et non à l’emploi, qui se met en œuvre dans la liberté, créant ainsi des
richesses. Leur pension doit être un salaire à vie, inaliénable, sans
contreparties. L’enjeu de la bataille des retraites est aussi celui du travail
libéré de l’exploitation et des nuisances (36).</span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt;">Pour recentrer mon propos
autour du développement durable, sans doute dans une prochaine société
faudra-t-il distinguer les dépenses négatives des dépenses positives. J’entends
par dépenses négatives, celles qui comptent pour la croissance et qui ne
servent à rien comme par exemple les réparations suite à la tempête Xynthia qui
compteront dans le calcul du PIB, alors que des précautions (comme contrer les
promoteurs immobiliers vantant les pieds dans l’eau) et des travaux en amont auraient
permis que ces réparations n’aient pas lieu [37]. J’entends également par
dépenses négatives, cette demande superficielle et inutile qui s’appuie sur la
recherche émotionnelle, pour des valeurs symboliques plus que d’usages, créée
actuellement par la publicité [38], machine à façonner la subjectivité des
personnes dont les enfants et les adolescents sont les premières victimes, qui
manipule les consciences, les désirs, les goûts et fait acheter, consommer,
convoiter et qui détruit l’environnement dont il faut ensuite gérer les
déchets.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: Verdana; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt;">Concernant les déchets justement,</span></b><span style="font-family: Verdana; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt;"> n’est-il pas temps de créer un service public qui
aurait pour mission soit de les recycler, soit de les éliminer et non de s’en
débarrasser vers les pays les plus pauvres où la main d’œuvre est moins chère,
comme cela se fait le plus souvent pour les déchets lourds ?</span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt;">Il faudra reconsidérer la
question des recherches en agronomie indépendamment des lobbys pro ou anti
OGM. Il faut se rappeler que les plantes que nous utilisons régulièrement
sont le résultat de recherches, de sélections (de coupage comme ont dit
parfois), de préférence hybride de 1ère génération [39] et que si la fraise
sauvage est succulente, il en faut beaucoup pour remplir le panier. Même si, en
cuisine, certaines variétés sauvages sont excellentes dans l’accompagnement
pour leur vertu gustative, l’artichaut sauvage (Joubarbe des toits), les
tomates sauvages (non comestibles dans les îles Galápagos) ou l’ail sauvage
(ail des ours) n’ont absolument rien à voir avec les artichauts, les tomates ou
l’ail produit par l’agriculture dite biologique.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt;">L’amélioration des espèces par
les paysans associée aux recherches agro-alimentaires peuvent aider la
coopération d’en finir avec la faim dans le monde, tout juste faut-il que les
laboratoires de recherches soient indépendants du financier, que ce soient des
laboratoires de recherches publiques avec des finalités contrôlées
démocratiquement et fonctionnant sur un mode autogestionnaire et non des
laboratoires sous la coupe des marchés où des chercheurs doivent se transformer
en apprentis sorciers et ne travailler que pour vendre, avec tous les risques
que cela comporte. Pour une bonne recherche, il faut du temps avec beaucoup de
précautions, travailler sur du long terme. Les marchés, eux, calculent sur le
très court terme, c’est contradictoire.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt;">On ne peut parler de
développement durable sans aborder la question de l’eau. On sait que des pays
se disputent l’eau de certains fleuves, que des multinationales (pour la
plupart françaises) se disputent le marché de l’eau. L’eau potable représente
environ 1 % de l’eau disponible sur terre. On sait aussi aujourd’hui
dépolluer les eaux usées, voire déssaliniser l’eau de mer. Le problème est que
ces techniques coûtent cher. La question se pose alors : l’eau est-elle
une marchandise comme une autre ? <b style="mso-bidi-font-weight: normal;">Où
existe-il un droit inaliénable à l’eau, bien public ? </b>Le devoir de
coopération ne s’impose-t-il pas ? Le même genre de questions peut être
posé pour de nombreuses autres ressources.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: Verdana; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt;">La question environnementale est intimement liée à la
question sociale</span></b><span style="font-family: Verdana; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt;"> et ramène toujours aux
mêmes questions sociales, quelle croissance, comment et pour qui ? Plutôt
des écoles et des hôpitaux que des yachts ? Plutôt au bénéfice de tout le
monde qu’à celui d’une minorité avec des jardins en Afrique, d’où la population
autochtone est chassée ? Plutôt des théâtres consacrés à la culture que
des avions de combat consacrés à la guerre ? Plutôt des salaires
conséquents que des PDG payés 200 à 300 millions d’euros à l’année ?
Plutôt une alimentation pour tout le monde et de qualité qu’une alimentation
élitiste pour quelques-uns ? Plutôt consommer local, régional ou national
que d’importation ? Plutôt des richesses partagées que des rapports
marchands ? La liste des questions est longue. En définitive, la question
environnementale n’est pas celle ou l’on pourrait se permettre d’aimer un peu,
beaucoup, passionnément le capitalisme, mais une question politique comme les
autres et du choix de société que nous voulons. </span></div>
<div class="MsoNormal">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: Verdana; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt;">Serge Portejoie <br />
Notes et références :</span></b></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt;">[1] Manifeste du parti
communiste, dans la partie II du manifeste, p. 55, éditions sociales, 1973.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt;">[2] <a href="http://monde-diplomatique.fr/2007/08/CHOMSKY/14992">http://monde-diplomatique.fr/2007/0...</a></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt;">[3] Voir notamment le livre
d’Hervé Kempf « Comment les riches détruisent la planète », Editions
du Seuil, 2007 et celui de Naomi Klein « La stratégie du choc, la montée
d’un capitalisme du désastre », particulièrement sa partie 7, intitulée
« La zone verte mobile », Editions Actes Sud, mai 2008.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt;">[4] Bertrand de
Jouvenel : « La civilisation de puissance », Fayard, 1976 et
« Essais sur le mieux vivre », Gallimard, 2002.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt;">[5] L’Union soviétique abolit,
le capitalisme se lâche, il est enfin libre de régresser jusqu’à sa forme la
plus extrême partout dans le monde. Si la lutte des classes est au zénith,
selon les thuriféraires du profit, le temps du compromis sous la contrainte des
luttes ouvrières est dépassé, le capitalisme n’a plus besoin de « New
Deals », il lui faut des nouveaux périls pour remplacer le rouge. Ainsi à
la guerre contre le terrorisme s’ajoute la guerre pour le développement
durable.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt;">[6] Sous l’égide des nations
unis, un site est dédié à l’agenda 21 : <a href="http://un.org/esa/sustdev/documents/agenda21/french/action0.htm">http://un.org/esa/sustdev/documents...</a></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt;">[7] Les grandes ONG vivent
largement des fonds publics. Parmi les plus connues et les plus puissantes, ont
peut citer le Fonds mondial pour la nature, mieux connu sous son acronyme
anglais WWF (World Wide Fund for Nature) et son célèbre Panda qui fut créé en
1961 par un grand laboratoire pharmaceutique d’origine suisse, Hoffmann-La
Roche, qui produit entre autres le Valium sous la marque Roche. A noter que
l’on passe facilement du poste de responsable d’une grande ONG à celui de
patron d’une multinationale et inversement.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt;">[8] Sylvie Brunel, « le
développement durable », pages 52 et 77, Editions PUF, collection Que
sais-je ? 2009.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt;">[9] OCDE Editions,
« Développement durable, quelle politique ? », 2001.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt;">[10] Rapporté par
l’universitaire suisse Romain Felli dans l’avant propos de son livre :
« Les deux âmes de l’écologie », Editions l’Harmattan, 2008.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt;">[11] Pierre Georges,
« L’environnement », introduction, page 7, PUF, collection Que
sais-je ? 1971.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt;">[12] Selon plusieurs études
(notamment celle des économistes Etats-uniens Carola Frydman et Raven Saks ou
celle du français Emmanuel Saez à l’université de Berkeley aux Etats-unis) le
rapport entre ce que gagnaient les plus hauts dirigeants des 100 plus
importantes sociétés américaines et le revenu moyen des travailleurs aux USA
étaient stable mais quand bien même 40 fois supérieur en faveur des plus riches
entre les années 1950 à 1980, pour s’envoler ensuite jusqu’à plus de 300 fois
supérieur au début des années 2000. Ils notent également qu’avec un peu de
retard dans tous les pays la même courbe est constatée quelque soient les modes
de calcul.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt;">[13] Albert Camus,
« L’Homme révolté », Page 380, Gallimard, collection folio/essais,
1991.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt;">[14] Pinochet prenait souvent
l’exemple de la nature pour expliquer sa politique inspirée de Friedrich Hayek
et Milton Friedman, « <i> La nature nous montre la nécessité de l’ordre et
de la hiérarchie</i> », écrivait-il dans une lettre, citée par Naomi Klein
dans son livre « La stratégie du choc, la montée d’un capitalisme du
désastre », ouvrage déjà cité, page 102.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt;">[15] Source Eurostat,
communiqué de presse du 7 mai 2010. <a href="http://epp.eurostat.ec.europa.eu/cache/ITY_PUBLIC/5-07052010-AP/FR/5-07052010-AP-FR.PDF">http://epp.eurostat.ec.europa.eu/ca...</a>.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt;">[16] Le cancer du bitume
englobe le cancer de la peau, le cancer des poumons et celui de la vessie. En
date du 10 mai 2010, le concepteur de routes Eurovia a été reconnu coupable par
le tribunal de Bourg en Bresse d’une faute dont l’un de ses ouvriers aurait été
victime. Le cancer du bitume tend à rejoindre celui de l’amiante.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt;">[17] L’énergie hydro
hydroélectrique et la prolifération des barrages chassent des populations
indigènes de leur territoire en rendant leur terre inculte comme en Ethiopie
par exemple pour les peuples de la vallée de l’Omo</span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt;">[18] Pour dénoncer le
« greenwashing » où blanchiment vert, un nouveau site s’est
créé : <a href="http://observatoiredelapublicite.fr/">http://observatoiredelapublicite.fr/</a></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt;">[19] Selon Que Choisir.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt;">[20] Une bourse du carbone est
un marché de négociation et d’échange de droits d’émission de gaz à effet de
serre.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt;">[21] Une plateforme écologique
européenne s’est créée pour lutter contre les éoliennes. Voici son site en
français : <a href="http://epaw.org/index.php?lang=fr">http://epaw.org/index.php?lang=fr</a></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt;">[22] Les agros carburants sont
décriés par des ONG, moins médiatisées celles-là et très critiques sur le mode
de production capitaliste. Le dossier « Les agro carburants : le
miracle éphémère » paru dans le n° 22 d’Echo et nature de novembre et
décembre 2008, sur ce sujet, est assez édifiant. Par ailleurs, selon un centre
de recherche américain (Oakland Institute), en Afrique et notamment en
Ethiopie, au Ghana, au Congo (RDC), à Madagascar, au Mali, au Soudan, en Guinée
Bissau, au Bénin, en Sierra Leone et au Liberia, la Société financière
internationale (SFI), une filiale de la Banque mondiale, achète des millions
d’hectares de terre pour produire des biocarburants au détriments des
populations locales qui ne peuvent plus s’auto alimenter sans bénéficier des
retombées financières accaparées par leurs gouvernements. Les animaux perdent
également leurs nourritures ainsi que leurs abris naturels.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt;">[23] Les marchés financiers ne
sont pas une construction immatérielle, derrière l’expression se cachent des
personnes le plus souvent interconnectées au travers de services bancaires
internationaux qui vendent et achètent en spéculant. L’informatique a boosté
cette spéculation qui ne tient pas compte ou très peu de l’économie réelle.
L’une des plus connues de ces personnes est Georges Soros qui s’est permis
d’écrire un livre « La vérité sur la crise financière », alors qu’il
est l’un des spéculateurs parmi les plus virulents et les plus riches sur la
planète. Voir, sur l’utilisation de l’expression « marchés
financiers » un article du site de l’observatoire des médias et d’Acrimed
(acronyme d’« Action critique Médias ») : <a href="http://acrimed.org/article3382.html">http://acrimed.org/article3382.html</a>.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt;">[24] La déconnexion entre
l’économie financière et la production réelle permet à quelques-uns d’accumuler
des milliards de dollars alors que les biens et services fournis sont des
centaines de milliers de fois inférieurs ce qui autorise à dire que les dettes
publiques dont on nous rebat tant les oreilles ne sont fabriquées que sur du
vent, puisque c’est des sommes représentantes des richesses virtuelles qu’ont
emprunté les Etats.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt;">[25] Voir les études de Carola
Frydman, Raven Saks et Emmanuel Saez (déjà cités) ainsi que l’observatoire des
inégalités : <a href="http://www.inegalites.fr/">http://www.inegalites.fr/</a></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt;">[26] Pour la temporisation en
France concernant la taxe carbone, on peut s’imaginer que le poids des
transporteurs routiers a plus pesé dans la balance que celui des automobilistes
se rendant à leur travail.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt;">[27] André Bouny, « Agent
Orange - Apocalypse Viêt Nam », Editions Demi lune, 2010</span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt;">[28] Au nom de la concurrence
libre et non faussée (un marché d’ailleurs faussement concurrentiel, puisqu’il est
en faveur des seules puissances économiques dominantes), les industriels de la
semence font un procès à l’association Kokopelli pour concurrence illégale,
voir : <a href="http://kokopelli.asso.fr/proces-kokopelli/gnis-fnpsp6.html">http://kokopelli.asso.fr/proces-kok...</a>.
L’éditeur et auteur Bernard Bertrand de son coté se voit interdit de vanter les
mérites du purin d’ortie sous peine de 75 000 euros d’amende.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt;">[29] Sauf pour les fraises
d’hiver qui sont « fabriquées » en Espagne (Andalousie).</span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt;">[30] L’Inde exporte des
céréales partout dans le monde. L’exportation de son blé a augmenté de façon
assez linéaire passant ainsi de 11 millions de tonnes en 1961 à 72 millions de
tonnes en 2005, pour autant plus de 200 millions de personnes y souffrent de malnutrition.
Comme quoi avec le capitalisme on peut avoir un estomac vide à coté de greniers
pleins à ras bord.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt;">[31] La géographe, Sylvie
Brunel (auteure déjà citée) en fait la démonstration dans « A qui profite
le développement durable ? », Larousse, collection : « A
vrai dire », 2008. Dans ce livre la géographe fait une description assez
savoureuse de Al Gore, Gorbatchev, Schwarzenegger, Hulot et quelques autres,
nouveaux gourous verts, qui ne sont pas à une contradiction près.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt;">[32] Par exemple, les grands argentiers
de la planète, dont le patron du FMI, Dominique Strauss-Kahn, celui de la BCE
Jean-Claude Trichet ou encore le financier et spéculateur Georges Soros, ainsi
que le vice-président de la Réserve fédérale américaine (Fed) Donald Kohn, le
président du Conseil de stabilité financière (FSB) Mario Draghi, le patron de
la Bundesbank Axel Weber et celui de la Banque Nationale Suisse (BNS) Philipp
Hildebrand et quelques autres se sont retrouvés dans une réunion informelle, le
11 mai 2010 à Zurich, pour discuter de l’avenir de la planète. Quand les forces
de l’argent s’arrogent le droit de décider pour tous (pile poil avec les
théories des Chicago Boys), c’est une dictature qui ne dit pas son nom en
concordance avec le développement durable qui plaide pour une gouvernance
mondiale.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt;">[33] Dans le domaine des idées
et de la politique, comme dans certains secteurs commerciaux, l’étiquetage est
source d’erreur car derrière les étiquettes se cachent trop souvent des
produits de contrefaçon.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt;">[34] Les communicants de l’économie
ont trouvé un nouveau barbarisme : les dettes publiques sont devenues des
« dettes souveraines ». C’est ridicule, parce que la dette publique
n’est pas la dette du souverain, puisqu’en démocratie, le souverain, c’est le
peuple, et que l’Etat n’est pas le peuple.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt;">[35] L’Alba (Alliance
Bolivarienne pour les Amérique).</span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt;">[36] Sur le sujet des
retraites et le travail libéré et attaché à la personne, voir le livre de
Bernard Friot, « L’enjeu des retraites », éditions La Dispute, 2010.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt;">[37] Milton Friedman,
l’économiste de référence du capitalisme et de beaucoup de chefs d’Etats,
chantre de l’insécurité, a préconisé une privatisation radicale des
catastrophes pour faire de l’argent, non de les prévoir et lutter contre
celles-ci, mais de les attendre, voire de les favoriser. Les catastrophes
naturelles ou non étant dans son esprit un autre moyen, en supplément des
guerres, pour stimuler un secteur économique. L’exemple récent de la gestion du
tsunami au Sri Lanka et de l’ouragan Katrina en Nouvelle-Orléans, du séisme de
2010 à Haïti, vient confirmer cette thèse. Voir son livre culte, voué à la
« sainte » trinité capitaliste : privatisation, déréglementation
et réduction des dépenses sociales, réédité en France, « Capitalisme et
liberté », Leduc.s Editions, 2010.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt;">[38] Voir à propos de la
publicité, le livre de Naomi Klein (auteure déjà citée), « No logo, la
tyrannie des marques », Editions Actes Sud, 2001.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Verdana; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-language: FR; mso-font-kerning: 0pt;">[39] Si les semences issues de
croisement de 1ère génération (dites hybrides F1) renforcent et améliorent
souvent les variétés, les semences hybrides de seconde génération (dites
hybrides F2) sont des semences qui produisent des grains qui ne sont pas
réutilisables car cette semence de seconde génération a perdu ses
caractéristiques. Les semences doivent donc être rachetées tous les ans aux
firmes semencières.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
Médias Citoyens Dioishttp://www.blogger.com/profile/06769203187523772866noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-995174148176424425.post-14001005061399811652012-11-11T14:19:00.000-08:002012-11-11T14:19:00.213-08:00Chiffres INSEE Val de drôme et Diois<h1>
Vallée de la Drôme-Diois : un territoire au caractère rural et touristique, mais avec des difficultés sociales</h1>
<br /><!-- ou autres nom d'auteurs --><br />
<div class="auteur">
Auteur de la synthèse : Serge Maury (Insee Rhône-Alpes)<br /> Coordination : Direction des Politiques territoriales (Région Rhône-Alpes) ; Robert Reynard et François Lebrun (Insee Rhône-Alpes)</div>
<h2 id="resume">
Résumé</h2>
<!-- ou autre résumé -->La Vallée de la Drôme-Diois voit sa population augmenter depuis les années 1990. Cette croissance est surtout le fait de l'arrivée de nouveaux habitants. L'activité économique du territoire est principalement de nature présentielle, avec comme secteurs dominants, l'agriculture et les services à la personne. Le tissu associatif est particulièrement développé. Ce territoire présente des facteurs de fragilité : une part importante de sa population est en situation de précarité sociale ou est éloignée des services et des équipements. Au sein du territoire, la partie dioise, plus enclavée, se singularise, par rapport à la Vallée de la Drôme, par sa population plus âgée et plus pauvre.<br />
<h2 id="sommaire">
Sommaire</h2>
<ul class="liens"><!--ou nombre #inter différent selon sommaire -->
<li><a href="http://www.insee.fr/fr/themes/document.asp?reg_id=8&ref_id=18919#inter1">Un territoire plus rural qu'urbain</a></li>
<li><a href="http://www.insee.fr/fr/themes/document.asp?reg_id=8&ref_id=18919#inter2">Une population qui augmente du fait des migrations</a></li>
<li><a href="http://www.insee.fr/fr/themes/document.asp?reg_id=8&ref_id=18919#inter3">Une population vieillissante</a></li>
<li><a href="http://www.insee.fr/fr/themes/document.asp?reg_id=8&ref_id=18919#inter4">Agriculture et services, moteurs de développement</a></li>
<li><a href="http://www.insee.fr/fr/themes/document.asp?reg_id=8&ref_id=18919#inter5">Un tissu associatif très important</a></li>
<li><a href="http://www.insee.fr/fr/themes/document.asp?reg_id=8&ref_id=18919#inter6">La précarité de l'emploi très présente dans le Diois</a></li>
<li><a href="http://www.insee.fr/fr/themes/document.asp?reg_id=8&ref_id=18919#inter7">De nombreux déplacements domicile-travail dans la Vallée de la Drôme, beaucoup moins pour le Diois</a></li>
<li><a href="http://www.insee.fr/fr/themes/document.asp?reg_id=8&ref_id=18919#inter8">Une offre d'équipements meilleure dans la Vallée de la Drôme que dans le Diois</a></li>
</ul>
<br /><br />
<h2 id="publication">
Publication</h2>
<h3 id="inter1">
Un territoire plus rural qu'urbain</h3>
<!-- ou autre titre inter1 -->Le territoire de la Vallée de la Drôme-Diois suit le cours de la rivière Drôme, depuis sa source dans les Préalpes du Sud jusqu'à sa confluence avec le Rhône. Hormis la commune de Crest, l'ensemble du territoire est partagé entre les communautés de communes du Val de Drôme, du Crestois, de Saillans et du Diois.<br /><br /> Six habitants sur dix résident dans l'espace à dominante rurale, contre quatre sur dix pour la zone de référence<sup><strong>1</strong></sup>. Cet espace comprend 90 % des communes et 89 % de la superficie. La densité de la population s'y élève à 25 habitants par km², contre 67 pour la référence. L'espace rural est structuré autour des deux pôles d'emplois que sont les communes de Crest et de Die. À l'ouest du territoire, sous influence de la vallée du Rhône et de l'agglomération valentinoise, une portion du territoire appartient à l'espace à dominante urbaine. Elle se compose de l'aire urbaine de Livron-sur-Drôme, d'une partie de l'aire urbaine de Valence et de quatre communes multi-polarisées. L'essentiel de la population du territoire se localise ainsi soit dans les deux pôles de Crest et de Die, soit dans l'espace urbain situé à la confluence de la Drôme et du Rhône. <br />
<br /><em><sup><strong>1</strong></sup> Pour chacune des synthèses, le territoire étudié est comparé à un territoire dit de « référence », englobant à la fois le territoire étudié et des territoires ayant des caractéristiques similaires. Les territoires de Rhône-Alpes appartiennent ainsi à l'un des cinq territoires de référence suivants : « les grandes agglomérations », « les villes moyennes », « le périurbain », « le rural », « les stations de montagne ». Ainsi, la Vallée de la Drôme-Diois est comparée au territoire de type « rural ». Cette zone de référence est constituée de la Vallée de la Drôme-Diois, du Beaujolais, du Forez, de la Drôme des Collines, de l'Ardèche méridionale, d'Une Autre Provence, de la Bièvre-Valloire, du Vals du Dauphiné-Nord Isère, de la Bresse-Revermont-Val de Saône, du Bugey, de l'Avant Pays Savoyard-Chartreuse, du Sud Grésivaudan, des Monts du Lyonnais et du Pilat.</em><!-- Image 1 - carte relief.gif - Relief et voies de communication--><br />
<h4>
Relief et voies de communication</h4>
<!--/ou autre cddra/ --><img alt="Relief et voies de communication" src="http://www.insee.fr/fr/insee_regions/rhone-alpes/themes/syntheses/lettre_analyses/02NS8_Vallee_Drome_Diois/img/relief.gif" title="Relief et voies de communication" /><br /><br /><!-- Tableau 01 - sous N onglet T01 - Carte d'identité du territoire --><!-- Poids dans la région en % - remplacer <td class="tab-chiffre" headers ="TF26 TF36 TF51" ></td> par <td bgcolor="#999999"></td> --><br />
<table summary="Carte d'identité du territoire"><caption>Carte d'identité du territoire</caption><thead>
<tr><th class="etendue-colonne" id="TF21" rowspan="2"></th><th class="etendue-colonne" colspan="2" id="TF22">Vallée de la Drôme - Diois</th><th class="etendue-colonne" colspan="2" id="TF24">Référence</th><th class="etendue-colonne" id="TF26">Région</th></tr>
<tr><th class="etendue-colonne" id="TF32">1999</th><th class="etendue-colonne" id="TF33">2006</th><th class="etendue-colonne" id="TF34">1999</th><th class="etendue-colonne" id="TF35">2006</th><th class="etendue-colonne" id="TF36">2006</th></tr>
</thead><tfoot>
<tr><td class="note" colspan="6">(*) composition des EPCI au 1er janvier 2000</td></tr>
<tr><td class="source" colspan="6">Source : Insee - Recensements de la population 1999 et 2006 (exploitation principale), Direction Générale des Collectivités Locales</td></tr>
</tfoot><tbody>
<tr><th class="etendue-ligne" id="TF41">Population</th><td class="tab-chiffre" headers="TF22 TF32 TF41">50 793</td><td class="tab-chiffre" headers="TF22 TF33 TF41">54 372</td><td class="tab-chiffre" headers="TF24 TF34 TF41">1 084 124</td><td class="tab-chiffre" headers="TF24 TF35 TF41">1 183 133</td><td class="tab-chiffre" headers="TF26 TF36 TF41">6 021 346</td></tr>
<tr><th class="etendue-ligne" id="TF51">Poids dans la région (en %)</th><td class="tab-chiffre" headers="TF22 TF32 TF51">0,9</td><td class="tab-chiffre" headers="TF22 TF33 TF51">0,9</td><td class="tab-chiffre" headers="TF24 TF34 TF51">19,2</td><td class="tab-chiffre" headers="TF24 TF35 TF51">19,6</td><!--<td class="tab-chiffre" headers ="TF26 TF36 TF51" ></td>--><td bgcolor="#999999"></td></tr>
<tr><th class="etendue-ligne" id="TF61">Densité (hab./km²)</th><td class="tab-chiffre" headers="TF22 TF32 TF61">23</td><td class="tab-chiffre" headers="TF22 TF33 TF61">25</td><td class="tab-chiffre" headers="TF24 TF34 TF61">62</td><td class="tab-chiffre" headers="TF24 TF35 TF61">67</td><td class="tab-chiffre" headers="TF26 TF36 TF61">138</td></tr>
<tr><th class="etendue-ligne" id="TF71">Nombre de communes</th><td class="tab-chiffre" headers="TF22 TF32 TF71">105</td><td class="tab-chiffre" headers="TF22 TF33 TF71">105</td><td class="tab-chiffre" headers="TF24 TF34 TF71">1 192</td><td class="tab-chiffre" headers="TF24 TF35 TF71">1 192</td><td class="tab-chiffre" headers="TF26 TF36 TF71">2 879</td></tr>
<tr><th class="etendue-ligne" id="TF81">dont % en EPCI (*)</th><td class="tab-chiffre" headers="TF22 TF32 TF81">95,2</td><td class="tab-chiffre" headers="TF22 TF33 TF81">97,1</td><td class="tab-chiffre" headers="TF24 TF34 TF81">74,2</td><td class="tab-chiffre" headers="TF24 TF35 TF81">93,8</td><td class="tab-chiffre" headers="TF26 TF36 TF81">89,9</td></tr>
<tr><th class="etendue-ligne" id="TF91">Part de la population dans l'espace à dominante urbaine (en %)</th><td class="tab-chiffre" headers="TF22 TF32 TF91">40,7</td><td class="tab-chiffre" headers="TF22 TF33 TF91">41,1</td><td class="tab-chiffre" headers="TF24 TF34 TF91">57,7</td><td class="tab-chiffre" headers="TF24 TF35 TF91">57,9</td><td class="tab-chiffre" headers="TF26 TF36 TF91">85,8</td></tr>
<tr><th class="etendue-ligne" id="TF101">Part des moins de 25 ans (en %)</th><td class="tab-chiffre" headers="TF22 TF32 TF101">30,5</td><td class="tab-chiffre" headers="TF22 TF33 TF101">29,2</td><td class="tab-chiffre" headers="TF24 TF34 TF101">30,9</td><td class="tab-chiffre" headers="TF24 TF35 TF101">30,3</td><td class="tab-chiffre" headers="TF26 TF36 TF101">32,1</td></tr>
<tr><th class="etendue-ligne" id="TF111">Part des 65 et plus (en %)</th><td class="tab-chiffre" headers="TF22 TF32 TF111">19,0</td><td class="tab-chiffre" headers="TF22 TF33 TF111">19,2</td><td class="tab-chiffre" headers="TF24 TF34 TF111">17,5</td><td class="tab-chiffre" headers="TF24 TF35 TF111">17,9</td><td class="tab-chiffre" headers="TF26 TF36 TF111">15,7</td></tr>
<tr><th class="etendue-ligne" id="TF121">Indice jeunesse (moins de 25 ans / 65 ans et plus)</th><td class="tab-chiffre" headers="TF22 TF32 TF121">1,6</td><td class="tab-chiffre" headers="TF22 TF33 TF121">1,5</td><td class="tab-chiffre" headers="TF24 TF34 TF121">1,8</td><td class="tab-chiffre" headers="TF24 TF35 TF121">1,7</td><td class="tab-chiffre" headers="TF26 TF36 TF121">2,0</td></tr>
</tbody></table>
<br /><br /><br />
<div class="top">
<a href="http://www.insee.fr/fr/themes/document.asp?reg_id=8&ref_id=18919#sommaire">Retour au sommaire</a></div>
<br /><br />
<h3 id="inter2">
Une population qui augmente du fait des migrations</h3>
<!-- ou autre titre inter2 -->La croissance démographique de la Vallée de la Drôme-Diois est largement imputable aux échanges migratoires excédentaires. Ce territoire compte 54 400 habitants en 2006, contre 50 800 en 1999, ce qui représente une croissance annuelle moyenne de près de 1 %. Le territoire regagne des habitants depuis la deuxième moitié des années 1970, après une longue période de stagnation voire de recul démographique. Ce sont effectivement les migrations qui entraînent la croissance démographique (avec une contribution de 0,85 %), alors que la contribution du solde naturel est de moindre importance (0,12 %). Cette prépondérance des migrations dans la croissance démographique s'observe également pour la zone de référence.<br />
Au sein du territoire, les évolutions de population sont contrastées. La Vallée de la Drôme concentre l'essentiel de la population du territoire, avec 43 500 habitants et une densité de 44 habitants par km². Dans cette zone, solde naturel et solde migratoire sont tous les deux positifs. À l'inverse, le Diois, moins peuplé (10 900 habitants pour seulement 9 habitants par km²), affiche un solde naturel négatif depuis 1962. Si la croissance démographique est de nouveau au rendez-vous depuis 1982, cela est dû uniquement à l'apport migratoire. Entre 1999 et 2006, la croissance annuelle de + 0,75 % repose uniquement sur la contribution de l'excédent migratoire (+ 1,1 %).<br />
<!-- Image 2 - carte population.gif - Nombre d'habitants en 2006 et évolution de la population entre 1999 et 2006 --><h4>
Nombre d'habitants en 2006 et évolution de la population entre 1999 et 2006</h4>
<!--/ou autre cddra/ --><img alt="Nombre d'habitants en 2006 et évolution de la population entre 1999 et 2006" src="http://www.insee.fr/fr/insee_regions/rhone-alpes/themes/syntheses/lettre_analyses/02NS8_Vallee_Drome_Diois/img/population.gif" title="Nombre d'habitants en 2006 et évolution de la population entre 1999 et 2006" /><br /><br /><br />
<div class="top">
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<br /><br />
<h3 id="inter3">
Une population vieillissante</h3>
<!-- ou autre titre inter3 -->Grâce à l'apport migratoire, la population de la Vallée de la Drôme-Diois s'est fortement renouvelée. La part des nouveaux arrivants rapportée à la population résidant dans le territoire depuis plus de cinq ans s'élève à 17 % contre 15 % en référence rurale. Les nouveaux habitants correspondent, pour beaucoup, à l'arrivée de familles avec des enfants. En effet, les populations les plus concernées par ces migrations appartiennent aux tranches d'âges 5-14 ans (+ 7 %) et 30-39 ans (+ 12 %).<br />
Les nouveaux arrivants proviennent majoritairement de Rhône-Alpes (à hauteur de 60 %). Ce sont même principalement des mouvements interne au département de la Drôme. Les mobilités en provenance de l'aire urbaine de Valence pèsent, à elles seules, 23 % des arrivées. Les arrivées depuis d'autres régions sont plus réduites : PACA (10 %) et Île-de-France (8 %).<br />
Pour les flux inverses, les émigrants restent en majorité en Rhône-Alpes (69 %) ou partent s'installer en PACA (9 %) ou Languedoc-Roussillon (5 %). 22 % des départs se font vers l'aire urbaine de Valence. Les échanges avec le département de l'Ardèche sont également importants et légèrement déficitaires. Les flux avec l'Isère et le Rhône sont de moindre importance. En termes de catégories socioprofessionnelles, les plus fortes arrivées concernent les employés (21 %), les professions intermédiaires (20 %) et les retraités (16 %). Les plus forts départs concernent eux aussi les employés, les étudiants et élèves, les professions intermédiaires et les retraités.<br />
Le solde est le plus fortement excédentaire pour les cadres supérieurs où il atteint 12 %. Pour la seule zone du Diois, c'est la catégorie des artisans commerçants qui est la plus renouvelée (à hauteur de 16 %), ainsi que celle des cadres (15 %). Dans la Vallée de la Drôme, les migrants cadres contribuent à 11 % du renouvellement de leur catégorie. Malgré la croissance démographique et le renouvellement de la population de la Vallée de la Drôme, le vieillissement du territoire n'est pas enrayé. Ainsi, la part des 0 - 19 ans est passée de 28 % en 1990 à 25 % en 2006, et, plus spécifiquement, celle des 15-25 ans s'est fortement réduite passant de 19 % à 15 %. Sur la même période, la part des plus de 65 ans est restée stable autour de 19 %. Mais le Diois a une population plus vieillissante que celle de la Vallée de la Drôme. On dénombre plus de 24 % d'habitants de plus de 65 ans dans le Diois, contre 18 % dans la vallée de la Drôme. Inversement, la population des 0-19 ans s'établit à 21 % contre 26 %. Les jeunes quittent massivement le territoire : 7 % des 15-19 ans et 22 % des 20-24 ans ont quitté la Vallée de la Drôme-Diois entre 1999 et 2006. Ce départ des jeunes est plus accentué dans le Diois d'où 15 % des 15-19 ans et 25 % des 20-24 ans sont partis. Aussi, l'un des enjeux du territoire est de maintenir son attractivité migratoire tout en limitant la perte des populations jeunes. Pour cela, les acteurs du territoire s'emploient, par une offre de formations spécifiques et par la mise en place de partenariats avec les entreprises, à amener les jeunes au plus près de l'emploi.<br />
<br /><!-- Image 3 - graphique graf_evolution_pop.gif - Évolution de la population depuis 1962 --><br />
<h4>
Évolution de la population depuis 1962</h4>
<!--/ou autre cddra/ --><img alt="Évolution de la population depuis 1962" src="http://www.insee.fr/fr/insee_regions/rhone-alpes/themes/syntheses/lettre_analyses/02NS8_Vallee_Drome_Diois/img/graf_evolution2_pop_diois.gif" title="Évolution de la population depuis 1962" /><br /><br /><br /><!-- Image 4 - graphique -graf_taux_variation.gif - Taux de variation annuel de la population --><br />
<h4>
Taux de variation annuel de la population</h4>
<!--/ou autre cddra/ --><img alt="Taux de variation annuel de la population" height="300" src="http://www.insee.fr/fr/insee_regions/rhone-alpes/themes/syntheses/lettre_analyses/02NS8_Vallee_Drome_Diois/img/graf_taux_variation_diois.gif" title="Taux de variation annuel de la population" width="480" /><br /><br /><br /><!-- Tableau 02 - sous N onglet T06 premier tableau - Flux migratoires(*) par âge entre 2001 et 2006 --><br />
<table summary="Flux migratoires(*) par âge entre 2001 et 2006"><caption>Flux migratoires(*) par âge entre 2001 et 2006</caption><thead>
<tr><th class="etendue-colonne" id="YS21">Par âge</th><th class="etendue-colonne" id="YS22">Arrivées</th><th class="etendue-colonne" id="YS23">Départs</th><th class="etendue-colonne" id="YS24">Solde</th><th class="etendue-colonne" id="YS25">Solde en % de la population (en l'absence de migrations)</th></tr>
</thead><tfoot>
<tr><td class="source" colspan="5">Source : Insee - Recensement de la population 2006 (exploitation principale)</td></tr>
</tfoot><tbody>
<tr><th class="etendue-ligne" id="YS31">5-14 ans</th><td class="tab-chiffre" headers="YS22 YS31">1 306</td><td class="tab-chiffre" headers="YS23 YS31">841</td><td class="tab-chiffre" headers="YS24 YS31">465</td><td class="tab-chiffre" headers="YS25 YS31">7,2</td></tr>
<tr><th class="etendue-ligne" id="YS41">15-19 ans</th><td class="tab-chiffre" headers="YS22 YS41">448</td><td class="tab-chiffre" headers="YS23 YS41">707</td><td class="tab-chiffre" headers="YS24 YS41">-260</td><td class="tab-chiffre" headers="YS25 YS41">-7,1</td></tr>
<tr><th class="etendue-ligne" id="YS51">20-29 ans</th><td class="tab-chiffre" headers="YS22 YS51">1 549</td><td class="tab-chiffre" headers="YS23 YS51">1 901</td><td class="tab-chiffre" headers="YS24 YS51">-353</td><td class="tab-chiffre" headers="YS25 YS51">-6,7</td></tr>
<tr><th class="etendue-ligne" id="YS61">30-39 ans</th><td class="tab-chiffre" headers="YS22 YS61">1 974</td><td class="tab-chiffre" headers="YS23 YS61">1 242</td><td class="tab-chiffre" headers="YS24 YS61">732</td><td class="tab-chiffre" headers="YS25 YS61">11,5</td></tr>
<tr><th class="etendue-ligne" id="YS71">40-54 ans</th><td class="tab-chiffre" headers="YS22 YS71">1 538</td><td class="tab-chiffre" headers="YS23 YS71">1 026</td><td class="tab-chiffre" headers="YS24 YS71">512</td><td class="tab-chiffre" headers="YS25 YS71">4,6</td></tr>
<tr><th class="etendue-ligne" id="YS81">55-64 ans</th><td class="tab-chiffre" headers="YS22 YS81">903</td><td class="tab-chiffre" headers="YS23 YS81">387</td><td class="tab-chiffre" headers="YS24 YS81">516</td><td class="tab-chiffre" headers="YS25 YS81">8,3</td></tr>
<tr><th class="etendue-ligne" id="YS91">65 ans et plus</th><td class="tab-chiffre" headers="YS22 YS91">660</td><td class="tab-chiffre" headers="YS23 YS91">453</td><td class="tab-chiffre" headers="YS24 YS91">207</td><td class="tab-chiffre" headers="YS25 YS91">2,0</td></tr>
<tr class="tab-total"><th class="etendue-ligne tab-total" id="YS101">Ensemble</th><td class="tab-chiffre" headers="YS22 YS101">8 378</td><td class="tab-chiffre" headers="YS23 YS101">6 558</td><td class="tab-chiffre" headers="YS24 YS101">1 820</td><td class="tab-chiffre" headers="YS25 YS101">3,7</td></tr>
</tbody></table>
<br /><!-- Tableau 03 - sous N onglet T06 deuxième tableau - Flux migratoires(*) par catégorie socioprofessionnelle entre 2001 et 2006 --><br />
<table summary="Flux migratoires(*) par catégorie socioprofessionnelle entre 2001 et 2006"><caption>Flux migratoires(*) par catégorie socioprofessionnelle entre 2001 et 2006</caption><thead>
<tr><th class="etendue-colonne" id="FK141">Par CS (plus de 15 ans)</th><th class="etendue-colonne" id="FK142">Arrivées</th><th class="etendue-colonne" id="FK143">Départs</th><th class="etendue-colonne" id="FK144">Solde</th><th class="etendue-colonne" id="FK145">Solde en % de la population (en l'absence de migrations)</th></tr>
</thead><tfoot>
<tr><td class="note" colspan="5">(*) Il s'agit des migrations internes au territoire français (France métropolitaine + DOM). Elles ne tiennent donc pas compte des échanges avec l'étranger</td></tr>
<tr><td class="source" colspan="5">Source : Insee - Recensement de la population 2006 (exploitation complémentaire)</td></tr>
</tfoot><tbody>
<tr><th class="etendue-ligne" id="FK151">Agriculteurs exploitants</th><td class="tab-chiffre" headers="FK142 FK151">52</td><td class="tab-chiffre" headers="FK143 FK151">27</td><td class="tab-chiffre" headers="FK144 FK151">25</td><td class="tab-chiffre" headers="FK145 FK151">1,8</td></tr>
<tr><th class="etendue-ligne" id="FK161">Artisans, commerçants et chefs d'entreprise</th><td class="tab-chiffre" headers="FK142 FK161">302</td><td class="tab-chiffre" headers="FK143 FK161">174</td><td class="tab-chiffre" headers="FK144 FK161">128</td><td class="tab-chiffre" headers="FK145 FK161">7,1</td></tr>
<tr><th class="etendue-ligne" id="FK171">Cadres et professions intellect. supérieures</th><td class="tab-chiffre" headers="FK142 FK171">711</td><td class="tab-chiffre" headers="FK143 FK171">463</td><td class="tab-chiffre" headers="FK144 FK171">248</td><td class="tab-chiffre" headers="FK145 FK171">11,6</td></tr>
<tr><th class="etendue-ligne" id="FK181">Professions intermédiaires</th><td class="tab-chiffre" headers="FK142 FK181">1 410</td><td class="tab-chiffre" headers="FK143 FK181">983</td><td class="tab-chiffre" headers="FK144 FK181">427</td><td class="tab-chiffre" headers="FK145 FK181">8,0</td></tr>
<tr><th class="etendue-ligne" id="FK191">Employés</th><td class="tab-chiffre" headers="FK142 FK191">1 420</td><td class="tab-chiffre" headers="FK143 FK191">1 015</td><td class="tab-chiffre" headers="FK144 FK191">405</td><td class="tab-chiffre" headers="FK145 FK191">6,7</td></tr>
<tr><th class="etendue-ligne" id="FK201">Ouvriers</th><td class="tab-chiffre" headers="FK142 FK201">956</td><td class="tab-chiffre" headers="FK143 FK201">836</td><td class="tab-chiffre" headers="FK144 FK201">120</td><td class="tab-chiffre" headers="FK145 FK201">1,9</td></tr>
<tr><th class="etendue-ligne" id="FK211">Retraités</th><td class="tab-chiffre" headers="FK142 FK211">1 121</td><td class="tab-chiffre" headers="FK143 FK211">730</td><td class="tab-chiffre" headers="FK144 FK211">391</td><td class="tab-chiffre" headers="FK145 FK211">3,1</td></tr>
<tr><th class="etendue-ligne" id="FK221">Étudiants et élèves</th><td class="tab-chiffre" headers="FK142 FK221">420</td><td class="tab-chiffre" headers="FK143 FK221">990</td><td class="tab-chiffre" headers="FK144 FK221">-571</td><td class="tab-chiffre" headers="FK145 FK221">-16,6</td></tr>
<tr><th class="etendue-ligne" id="FK231">Autres inactifs</th><td class="tab-chiffre" headers="FK142 FK231">506</td><td class="tab-chiffre" headers="FK143 FK231">437</td><td class="tab-chiffre" headers="FK144 FK231">68</td><td class="tab-chiffre" headers="FK145 FK231">1,8</td></tr>
<tr class="tab-total"><th class="etendue-ligne tab-total" id="FK241">Ensemble</th><td class="tab-chiffre" headers="FK142 FK241">6 896</td><td class="tab-chiffre" headers="FK143 FK241">5 654</td><td class="tab-chiffre" headers="FK144 FK241">1 241</td><td class="tab-chiffre" headers="FK145 FK241">2,9</td></tr>
</tbody></table>
<!-- Tableau 04 - sous N onglet T08 premier tableau - Caractéristiques des logements --><br /><br />
<table summary="Caractéristiques des logements"><caption>Caractéristiques des logements</caption><thead>
<tr><th class="etendue-colonne" id="LT21" rowspan="3"></th><th class="etendue-colonne" colspan="3" id="LT22">Vallée de la Drôme - Diois</th><th class="etendue-colonne" colspan="2" id="LT25">Référence</th></tr>
<tr><th class="etendue-colonne" id="LT32" rowspan="2">Nombre</th><th class="etendue-colonne" id="LT33" rowspan="2">Part en %</th><th class="etendue-colonne" id="LT34" rowspan="2">Évol. 99/2006 en %</th><th class="etendue-colonne" id="LT35" rowspan="2">Part en %</th><th class="etendue-colonne" id="LT36" rowspan="2">Évol. 99/2006 en %</th></tr>
</thead><tfoot>
<tr><td class="source" colspan="6">Source : Insee - Recensements de la population 1999 et 2006 (exploitation principale)</td></tr>
</tfoot><tbody>
<tr><th class="etendue-ligne" id="LT51">Résidences principales</th><td class="tab-chiffre" headers="LT22 LT51">22 982</td><td class="tab-chiffre" headers="LT22 LT51">74,6</td><td class="tab-chiffre" headers="LT22 LT51">13,4</td><td class="tab-chiffre" headers="LT25 LT51">81,0</td><td class="tab-chiffre" headers="LT25 LT51">13,9</td></tr>
<tr><th class="etendue-ligne" id="LT61">Résidences secondaires</th><td class="tab-chiffre" headers="LT22 LT61">5 749</td><td class="tab-chiffre" headers="LT22 LT61">18,7</td><td class="tab-chiffre" headers="LT22 LT61">11,9</td><td class="tab-chiffre" headers="LT25 LT61">11,6</td><td class="tab-chiffre" headers="LT25 LT61">3,1</td></tr>
<tr><th class="etendue-ligne" id="LT71">Logements occasionnels</th><td class="tab-chiffre" headers="LT22 LT71">174</td><td class="tab-chiffre" headers="LT22 LT71">0,6</td><td class="tab-chiffre" headers="LT22 LT71">-21,9</td><td class="tab-chiffre" headers="LT25 LT71">0,6</td><td class="tab-chiffre" headers="LT25 LT71">-14,3</td></tr>
<tr><th class="etendue-ligne" id="LT81">Logements vacants</th><td class="tab-chiffre" headers="LT22 LT81">1 909</td><td class="tab-chiffre" headers="LT22 LT81">6,2</td><td class="tab-chiffre" headers="LT22 LT81">-2,8</td><td class="tab-chiffre" headers="LT25 LT81">6,8</td><td class="tab-chiffre" headers="LT25 LT81">10,3</td></tr>
<tr class="tab-total"><th class="etendue-ligne tab-total" id="LT91">Ensemble des logements</th><td class="tab-chiffre" headers="LT22 LT91">30 814</td><td class="tab-chiffre" headers="LT22 LT91">100,0</td><td class="tab-chiffre" headers="LT22 LT91">11,7</td><td class="tab-chiffre" headers="LT25 LT91">100,0</td><td class="tab-chiffre" headers="LT25 LT91">12,0</td></tr>
</tbody></table>
<!-- Tableau 05 - sous N onglet T08 deuxième tableau - Caractéristiques des résidences principales --><!-- Les résidences principales par type - remplacer 6 lignes par <td bgcolor="#999999"></td> pour mettre du grisé --><br /><br />
<table summary="Caractéristiques des résidences principales"><caption>Caractéristiques des résidences principales</caption><thead>
<tr><th class="etendue-colonne" id="CQ131" rowspan="3"></th><th class="etendue-colonne" colspan="3" id="CQ132">Vallée de la Drôme - Diois</th><th class="etendue-colonne" colspan="2" id="CQ135">Référence</th></tr>
<tr><th class="etendue-colonne" id="CQ142" rowspan="2">Nombre</th><th class="etendue-colonne" id="CQ143" rowspan="2">Part en %</th><th class="etendue-colonne" id="CQ144" rowspan="2">Évol. 99/2006 en %</th><th class="etendue-colonne" id="CQ145" rowspan="2">Part en %</th><th class="etendue-colonne" id="CQ146" rowspan="2">Évol. 99/2006 en %</th></tr>
</thead><tfoot>
<tr><td class="source" colspan="6">Source : Insee - Recensements de la population 1999 et 2006 (exploitation principale)</td></tr>
</tfoot><tbody>
<tr><th class="etendue-ligne tab-total" id="CQ161">Les résidences principales par type</th><td class="tab-chiffre" headers="CQ132 CQ161"></td><td class="tab-chiffre" headers="CQ132 CQ161"></td><td class="tab-chiffre" headers="CQ132 CQ161"></td><td class="tab-chiffre" headers="CQ135 CQ161"></td><td class="tab-chiffre" headers="CQ135 CQ161"></td></tr>
<tr><th class="etendue-ligne" id="CQ171">Maisons</th><td class="tab-chiffre" headers="CQ132 CQ171">17 298</td><td class="tab-chiffre" headers="CQ132 CQ171">75,3</td><!-- class="tab-chiffre" headers ="CQ132 CQ171" ></td>--><td bgcolor="#999999"></td><td class="tab-chiffre" headers="CQ135 CQ171">73,3</td><!--<td class="tab-chiffre" headers ="CQ135 CQ171" ></td>--><td bgcolor="#999999"></td></tr>
<tr><th class="etendue-ligne" id="CQ181">Appartements</th><td class="tab-chiffre" headers="CQ132 CQ181">5 399</td><td class="tab-chiffre" headers="CQ132 CQ181">23,5</td><!--<td class="tab-chiffre" headers ="CQ132 CQ181" ></td>--><td bgcolor="#999999"></td><td class="tab-chiffre" headers="CQ135 CQ181">25,9</td><!--<td class="tab-chiffre" headers ="CQ135 CQ181" ></td>--><td bgcolor="#999999"></td></tr>
<tr><th class="etendue-ligne" id="CQ191">Autres</th><td class="tab-chiffre" headers="CQ132 CQ191">285</td><td class="tab-chiffre" headers="CQ132 CQ191">1,2</td><!--<td class="tab-chiffre" headers ="CQ132 CQ191" ></td>--><td bgcolor="#999999"></td><td class="tab-chiffre" headers="CQ135 CQ191">0,8</td><!--<td class="tab-chiffre" headers ="CQ135 CQ191" ></td>--><td bgcolor="#999999"></td></tr>
<tr><th class="etendue-ligne tab-total" id="CQ201">Les résidences principales par statut d'occupation</th><td class="tab-chiffre" headers="CQ132 CQ201"></td><td class="tab-chiffre" headers="CQ132 CQ201"></td><td class="tab-chiffre" headers="CQ132 CQ201"></td><td class="tab-chiffre" headers="CQ135 CQ201"></td><td class="tab-chiffre" headers="CQ135 CQ201"></td></tr>
<tr><th class="etendue-ligne" id="CQ211">Propriétaires</th><td class="tab-chiffre" headers="CQ132 CQ211">15 237</td><td class="tab-chiffre" headers="CQ132 CQ211">66,3</td><td class="tab-chiffre" headers="CQ132 CQ211">17,6</td><td class="tab-chiffre" headers="CQ135 CQ211">65,5</td><td class="tab-chiffre" headers="CQ135 CQ211">19,2</td></tr>
<tr><th class="etendue-ligne" id="CQ221">Locataires de logement vide non HLM</th><td class="tab-chiffre" headers="CQ132 CQ221">5 062</td><td class="tab-chiffre" headers="CQ132 CQ221">22,0</td><td class="tab-chiffre" headers="CQ132 CQ221">13,4</td><td class="tab-chiffre" headers="CQ135 CQ221">21,0</td><td class="tab-chiffre" headers="CQ135 CQ221">15,3</td></tr>
<tr><th class="etendue-ligne" id="CQ231">Locataires d'un logement vide HLM</th><td class="tab-chiffre" headers="CQ132 CQ231">1 517</td><td class="tab-chiffre" headers="CQ132 CQ231">6,6</td><td class="tab-chiffre" headers="CQ132 CQ231">21,7</td><td class="tab-chiffre" headers="CQ135 CQ231">9,5</td><td class="tab-chiffre" headers="CQ135 CQ231">4,9</td></tr>
<tr><th class="etendue-ligne" id="CQ241">Locataires d'un logement meublé</th><td class="tab-chiffre" headers="CQ132 CQ241">279</td><td class="tab-chiffre" headers="CQ132 CQ241">1,2</td><td class="tab-chiffre" headers="CQ132 CQ241">28,1</td><td class="tab-chiffre" headers="CQ135 CQ241">1,0</td><td class="tab-chiffre" headers="CQ135 CQ241">18,0</td></tr>
<tr><th class="etendue-ligne" id="CQ251">Logés gratuitement</th><td class="tab-chiffre" headers="CQ132 CQ251">887</td><td class="tab-chiffre" headers="CQ132 CQ251">3,9</td><td class="tab-chiffre" headers="CQ132 CQ251">-35,6</td><td class="tab-chiffre" headers="CQ135 CQ251">3,0</td><td class="tab-chiffre" headers="CQ135 CQ251">-37,2</td></tr>
<tr class="tab-total"><th class="etendue-ligne tab-total" id="CQ261">Ensemble des résidences principales</th><td class="tab-chiffre" headers="CQ132 CQ261">22 982</td><td class="tab-chiffre" headers="CQ132 CQ261">100,0</td><td class="tab-chiffre" headers="CQ132 CQ261">13,4</td><td class="tab-chiffre" headers="CQ135 CQ261">100,0</td><td class="tab-chiffre" headers="CQ135 CQ261">13,9</td></tr>
</tbody></table>
<br /><!-- Tableau 06 - sous N onglet T09 - Ménages selon la catégorie sociale de la personne de référence --><br />
<table summary=""><caption>Ménages selon la catégorie sociale de la personne de référence</caption><thead>
<tr><th class="etendue-colonne" id="DO21" rowspan="2">En %</th><th class="etendue-colonne" colspan="2" id="DO22">Vallée de la Drôme - Diois</th><th class="etendue-colonne" colspan="2" id="DO24">Référence</th><th class="etendue-colonne" colspan="2" id="DO26">Région</th></tr>
<tr><th class="etendue-colonne" id="DO32">1999</th><th class="etendue-colonne" id="DO33">2006</th><th class="etendue-colonne" id="DO34">1999</th><th class="etendue-colonne" id="DO35">2006</th><th class="etendue-colonne" id="DO36">1999</th><th class="etendue-colonne" id="DO37">2006</th></tr>
</thead><tfoot>
<tr><td class="source" colspan="7">Source : Insee, Recensements de la population 1999 et 2006 (exploitation complémentaire)</td></tr>
</tfoot><tbody>
<tr><th class="etendue-ligne" id="DO41">Agriculteurs exploitants</th><td class="tab-chiffre" headers="DO22 DO32 DO41">4,8</td><td class="tab-chiffre" headers="DO22 DO33 DO41">4,1</td><td class="tab-chiffre" headers="DO24 DO34 DO41">3,6</td><td class="tab-chiffre" headers="DO24 DO35 DO41">2,9</td><td class="tab-chiffre" headers="DO26 DO36 DO41">1,3</td><td class="tab-chiffre" headers="DO26 DO37 DO41">1,1</td></tr>
<tr><th class="etendue-ligne" id="DO51">Artisans, commerçants et chefs d'entreprise</th><td class="tab-chiffre" headers="DO22 DO32 DO51">6,9</td><td class="tab-chiffre" headers="DO22 DO33 DO51">6,1</td><td class="tab-chiffre" headers="DO24 DO34 DO51">6,8</td><td class="tab-chiffre" headers="DO24 DO35 DO51">6,1</td><td class="tab-chiffre" headers="DO26 DO36 DO51">5,9</td><td class="tab-chiffre" headers="DO26 DO37 DO51">5,2</td></tr>
<tr><th class="etendue-ligne" id="DO61">Cadres et professions intellect. supérieures</th><td class="tab-chiffre" headers="DO22 DO32 DO61">5,5</td><td class="tab-chiffre" headers="DO22 DO33 DO61">7,3</td><td class="tab-chiffre" headers="DO24 DO34 DO61">5,9</td><td class="tab-chiffre" headers="DO24 DO35 DO61">7,4</td><td class="tab-chiffre" headers="DO26 DO36 DO61">9,5</td><td class="tab-chiffre" headers="DO26 DO37 DO61">11,4</td></tr>
<tr><th class="etendue-ligne" id="DO71">Professions intermédiaires</th><td class="tab-chiffre" headers="DO22 DO32 DO71">12,0</td><td class="tab-chiffre" headers="DO22 DO33 DO71">13,4</td><td class="tab-chiffre" headers="DO24 DO34 DO71">12,4</td><td class="tab-chiffre" headers="DO24 DO35 DO71">13,7</td><td class="tab-chiffre" headers="DO26 DO36 DO71">15,4</td><td class="tab-chiffre" headers="DO26 DO37 DO71">16,1</td></tr>
<tr><th class="etendue-ligne" id="DO81">Employés</th><td class="tab-chiffre" headers="DO22 DO32 DO81">8,5</td><td class="tab-chiffre" headers="DO22 DO33 DO81">9,6</td><td class="tab-chiffre" headers="DO24 DO34 DO81">8,4</td><td class="tab-chiffre" headers="DO24 DO35 DO81">9,0</td><td class="tab-chiffre" headers="DO26 DO36 DO81">10,6</td><td class="tab-chiffre" headers="DO26 DO37 DO81">10,9</td></tr>
<tr><th class="etendue-ligne" id="DO91">Ouvriers</th><td class="tab-chiffre" headers="DO22 DO32 DO91">20,7</td><td class="tab-chiffre" headers="DO22 DO33 DO91">17,9</td><td class="tab-chiffre" headers="DO24 DO34 DO91">22,7</td><td class="tab-chiffre" headers="DO24 DO35 DO91">20,8</td><td class="tab-chiffre" headers="DO26 DO36 DO91">20,3</td><td class="tab-chiffre" headers="DO26 DO37 DO91">18,2</td></tr>
<tr><th class="etendue-ligne" id="DO101">Retraités</th><td class="tab-chiffre" headers="DO22 DO32 DO101">35,4</td><td class="tab-chiffre" headers="DO22 DO33 DO101">36,8</td><td class="tab-chiffre" headers="DO24 DO34 DO101">34,1</td><td class="tab-chiffre" headers="DO24 DO35 DO101">35,8</td><td class="tab-chiffre" headers="DO26 DO36 DO101">28,8</td><td class="tab-chiffre" headers="DO26 DO37 DO101">30,9</td></tr>
<tr><th class="etendue-ligne" id="DO111">Étudiants et élèves</th><td class="tab-chiffre" headers="DO22 DO32 DO111">0,2</td><td class="tab-chiffre" headers="DO22 DO33 DO111">0,2</td><td class="tab-chiffre" headers="DO24 DO34 DO111">0,3</td><td class="tab-chiffre" headers="DO24 DO35 DO111">0,2</td><td class="tab-chiffre" headers="DO26 DO36 DO111">2,6</td><td class="tab-chiffre" headers="DO26 DO37 DO111">2,2</td></tr>
<tr><th class="etendue-ligne" id="DO121">Autres inactifs</th><td class="tab-chiffre" headers="DO22 DO32 DO121">6,1</td><td class="tab-chiffre" headers="DO22 DO33 DO121">4,5</td><td class="tab-chiffre" headers="DO24 DO34 DO121">5,8</td><td class="tab-chiffre" headers="DO24 DO35 DO121">4,1</td><td class="tab-chiffre" headers="DO26 DO36 DO121">5,7</td><td class="tab-chiffre" headers="DO26 DO37 DO121">4,0</td></tr>
<tr class="tab-total"><th class="etendue-ligne tab-total" id="DO131">Ensemble</th><td class="tab-chiffre" headers="DO22 DO32 DO131">100,0</td><td class="tab-chiffre" headers="DO22 DO33 DO131">100,0</td><td class="tab-chiffre" headers="DO24 DO34 DO131">100,0</td><td class="tab-chiffre" headers="DO24 DO35 DO131">100,0</td><td class="tab-chiffre" headers="DO26 DO36 DO131">100,0</td><td class="tab-chiffre" headers="DO26 DO37 DO131">100,0</td></tr>
</tbody></table>
<!-- Image 5 - carte zauer.gif -Espace urbain et espace rural --><h4>
Espace urbain et espace rural</h4>
<!--/ou autre cddra/ --><img alt="Espace urbain et espace rural" height="400" src="http://www.insee.fr/fr/insee_regions/rhone-alpes/themes/syntheses/lettre_analyses/02NS8_Vallee_Drome_Diois/img/zauer.gif" title="Espace urbain et espace rural" width="480" /><br /><br /><!-- Tableau 07 - sous N onglet T10 - Revenus annuels moyens et composition du revenu --><!-- Part des pensions et retraites dans le revenu fiscal - remplacer 3 lignes par <td bgcolor="#999999"></td> pour mettre du grisé --><!-- A REFAIRE --><!--
<tr><th class="etendue-ligne" id="NL71">Part des pensions et retraites dans le revenu fiscal (en %)</th>
<td class="tab-chiffre" headers ="NL22 NL32 NL71" ></td>
<td bgcolor="#999999"></td>
<td class="tab-chiffre" headers ="NL22 NL33 NL71" >15,0</td>
<td class="tab-chiffre" headers ="NL24 NL34 NL71" ></td>
<td bgcolor="#999999"></td>
<td class="tab-chiffre" headers ="NL24 NL35 NL71" >21,5</td>
<td class="tab-chiffre" headers ="NL26 NL36 NL71" ></td>
<td bgcolor="#999999"></td>
<td class="tab-chiffre" headers ="NL26 NL37 NL71" >22,6</td>
</tr>
</tbody>--><br />
<table summary=" Revenus annuels moyens et composition du revenu"><caption> Revenus annuels moyens et composition du revenu</caption><thead>
<tr><th class="etendue-colonne" id="GX21" rowspan="2">En euros de 2007</th><th class="etendue-colonne" colspan="2" id="GX22">Vallée de la Drôme - Diois</th><th class="etendue-colonne" colspan="2" id="GX24">Référence</th><th class="etendue-colonne" colspan="2" id="GX26">Région</th></tr>
<tr><th class="etendue-colonne" id="GX32">2006</th><th class="etendue-colonne" id="GX33">2007</th><th class="etendue-colonne" id="GX34">2006</th><th class="etendue-colonne" id="GX35">2007</th><th class="etendue-colonne" id="GX36">2006</th><th class="etendue-colonne" id="GX37">2007</th></tr>
</thead><tfoot>
<tr><td class="source" colspan="7">Source : Insee, DGFiP - Impôt sur le revenu des personnes physiques et Revenus fiscaux localisés des ménages</td></tr>
</tfoot><tbody>
<tr><th class="etendue-ligne" id="GX41">Revenu annuel moyen par foyer fiscal</th><td class="tab-chiffre" headers="GX22 GX32 GX41">19 216</td><td class="tab-chiffre" headers="GX22 GX33 GX41">19 819</td><td class="tab-chiffre" headers="GX24 GX34 GX41">20 427</td><td class="tab-chiffre" headers="GX24 GX35 GX41">20 708</td><td class="tab-chiffre" headers="GX26 GX36 GX41">23 081</td><td class="tab-chiffre" headers="GX26 GX37 GX41">23 417</td></tr>
<tr><th class="etendue-ligne" id="GX51">Foyer fiscaux non imposés (en %)</th><td class="tab-chiffre" headers="GX22 GX32 GX51">53,5</td><td class="tab-chiffre" headers="GX22 GX33 GX51">51,8</td><td class="tab-chiffre" headers="GX24 GX34 GX51">49,3</td><td class="tab-chiffre" headers="GX24 GX35 GX51">47,9</td><td class="tab-chiffre" headers="GX26 GX36 GX51">43,8</td><td class="tab-chiffre" headers="GX26 GX37 GX51">42,5</td></tr>
<tr><th class="etendue-ligne" id="GX61">Revenu annuel par foyer fiscal imposé</th><td class="tab-chiffre" headers="GX22 GX32 GX61">30 185</td><td class="tab-chiffre" headers="GX22 GX33 GX61">30 732</td><td class="tab-chiffre" headers="GX24 GX34 GX61">30 735</td><td class="tab-chiffre" headers="GX24 GX35 GX61">30 783</td><td class="tab-chiffre" headers="GX26 GX36 GX61">33 054</td><td class="tab-chiffre" headers="GX26 GX37 GX61">33 189</td></tr>
<tr><th class="etendue-ligne" id="GX71">Part des pensions et retraites dans le revenu fiscal (en %)</th><!--<td class="tab-chiffre" headers ="GX22 GX32 GX71" ></td>--><td bgcolor="#999999"></td><td class="tab-chiffre" headers="GX22 GX33 GX71">28,2</td><!--<td class="tab-chiffre" headers ="GX24 GX34 GX71" ></td>--><td bgcolor="#999999"></td><td class="tab-chiffre" headers="GX24 GX35 GX71">25,4</td><!--<td class="tab-chiffre" headers ="GX26 GX36 GX71" ></td>--><td bgcolor="#999999"></td><td class="tab-chiffre" headers="GX26 GX37 GX71">22,6</td></tr>
</tbody></table>
<div class="top">
<a href="http://www.insee.fr/fr/themes/document.asp?reg_id=8&ref_id=18919#sommaire">Retour au sommaire</a></div>
<br /><br />
<h3 id="inter4">
Agriculture et services, moteurs de développements</h3>
<!-- ou autre titre inter4 -->Le développement économique de la Vallée de la Drôme-Diois repose sur une économie à vocation à la fois agricole, tertiaire et sur le fort développement du secteur associatif. La Vallée de la Drôme, et plus encore le Diois, s'inscrivent dans une démarche de développement équilibré, soucieux de l'équilibre écologique, de la qualité, et reposant largement sur les services à la personne. L'enjeu consiste à valoriser le développement économique autour de la protection et de la valorisation des bio-ressources (en particulier l'utilisation durable de l'eau) et des éco-activités.<br />
La part de l'emploi industriel est bien moindre dans le territoire (15 %) que dans la zone de référence (23 %) et qu'en Rhône-Alpes (19 %). Importance de l'agriculture et faible part de l'industrie caractérisent plutôt le Diois. En effet, la part de l'emploi agricole y est de 16 %, contre seulement 10 % en Val de Drôme, et inversement, l'industrie en Diois pèse 6 % contre 18 % en Val de Drôme. L'industrie est essentiellement localisée à l'ouest du territoire dans l'espace de confluence avec le Rhône, autour d'Allex et de Livron-sur-Drôme. Le Diois concentre un nombre d'emplois industriels très faible (environ 300 actifs en 2007) par rapport à la Vallée de la Drôme (2 500 actifs).<br />
En 2007, les établissements de l'industrie emploient 2 800 salariés. 28 % d'entre eux (contre 16 % en zone de référence) travaillent dans l'agro-alimentaire, 15 % dans la plasturgie, et, vraie spécificité du territoire, 13 % dans la pharmacie, parfumerie et entretien (contre seulement 2 % en zone de référence). Cette dernière activité est directement liée à la transformation de la production agricole locale (plantes à parfum et plantes médicinales).<br />
<!-- Tableau 08 sous N onglet T11 - Marché du travail --><table summary="Marché du travail"><caption>Marché du travail</caption><thead>
<tr><th class="etendue-colonne" id="ZJ21" rowspan="2">15 ans et plus</th><th class="etendue-colonne" colspan="3" id="ZJ22">1999</th><th class="etendue-colonne" colspan="3" id="ZJ25">2006</th></tr>
<tr><th class="etendue-colonne" id="ZJ32">Vallée de la Drôme - Diois</th><th class="etendue-colonne" id="ZJ33">Référence</th><th class="etendue-colonne" id="ZJ34">Région</th><th class="etendue-colonne" id="ZJ35">Vallée de la Drôme - Diois</th><th class="etendue-colonne" id="ZJ36">Référence</th><th class="etendue-colonne" id="ZJ37">Région</th></tr>
</thead><tfoot>
<tr><td class="source" colspan="7">Source : Insee, Recensements de la population 1999 et 2006 (exploitation principale)</td></tr>
</tfoot><tbody>
<tr class="tab-total"><th class="etendue-ligne tab-total" id="ZJ41">Actifs ayant un emploi</th><td class="tab-chiffre" headers="ZJ22 ZJ32 ZJ41">18 804</td><td class="tab-chiffre" headers="ZJ22 ZJ33 ZJ41">424 760</td><td class="tab-chiffre" headers="ZJ22 ZJ34 ZJ41">2 308 240</td><td class="tab-chiffre" headers="ZJ25 ZJ35 ZJ41">21 502</td><td class="tab-chiffre" headers="ZJ25 ZJ36 ZJ41">488 796</td><td class="tab-chiffre" headers="ZJ25 ZJ37 ZJ41">2 591 867</td></tr>
<tr><th class="etendue-ligne" id="ZJ51">Dont salariés</th><td class="tab-chiffre" headers="ZJ22 ZJ32 ZJ51">14 819</td><td class="tab-chiffre" headers="ZJ22 ZJ33 ZJ51">350 709</td><td class="tab-chiffre" headers="ZJ22 ZJ34 ZJ51">2 017 413</td><td class="tab-chiffre" headers="ZJ25 ZJ35 ZJ51">17 250</td><td class="tab-chiffre" headers="ZJ25 ZJ36 ZJ51">412 739</td><td class="tab-chiffre" headers="ZJ25 ZJ37 ZJ51">2 282 587</td></tr>
<tr><th class="etendue-ligne" id="ZJ61">Dont non salariés</th><td class="tab-chiffre" headers="ZJ22 ZJ32 ZJ61">3 985</td><td class="tab-chiffre" headers="ZJ22 ZJ33 ZJ61">74 051</td><td class="tab-chiffre" headers="ZJ22 ZJ34 ZJ61">290 827</td><td class="tab-chiffre" headers="ZJ25 ZJ35 ZJ61">4 253</td><td class="tab-chiffre" headers="ZJ25 ZJ36 ZJ61">76 057</td><td class="tab-chiffre" headers="ZJ25 ZJ37 ZJ61">309 280</td></tr>
<tr><th class="tab-date etendue-ligne" id="ZJ71"></th><td class="tab-chiffre" headers="ZJ22 ZJ32 ZJ71"></td><td class="tab-chiffre" headers="ZJ22 ZJ33 ZJ71"></td><td class="tab-chiffre" headers="ZJ22 ZJ34 ZJ71"></td><td class="tab-chiffre" headers="ZJ25 ZJ35 ZJ71"></td><td class="tab-chiffre" headers="ZJ25 ZJ36 ZJ71"></td><td class="tab-chiffre" headers="ZJ25 ZJ37 ZJ71"></td></tr>
<tr class="tab-total"><th class="etendue-ligne tab-total" id="ZJ81">Chômeurs</th><td class="tab-chiffre" headers="ZJ22 ZJ32 ZJ81">2 849</td><td class="tab-chiffre" headers="ZJ22 ZJ33 ZJ81">53 467</td><td class="tab-chiffre" headers="ZJ22 ZJ34 ZJ81">286 935</td><td class="tab-chiffre" headers="ZJ25 ZJ35 ZJ81">2 983</td><td class="tab-chiffre" headers="ZJ25 ZJ36 ZJ81">52 181</td><td class="tab-chiffre" headers="ZJ25 ZJ37 ZJ81">272 142</td></tr>
<tr><th class="etendue-ligne" id="ZJ91">% chômeurs dans la population active</th><td class="tab-chiffre" headers="ZJ22 ZJ32 ZJ91">13,1</td><td class="tab-chiffre" headers="ZJ22 ZJ33 ZJ91">11,1</td><td class="tab-chiffre" headers="ZJ22 ZJ34 ZJ91">11,0</td><td class="tab-chiffre" headers="ZJ25 ZJ35 ZJ91">12,2</td><td class="tab-chiffre" headers="ZJ25 ZJ36 ZJ91">9,6</td><td class="tab-chiffre" headers="ZJ25 ZJ37 ZJ91">9,5</td></tr>
</tbody></table>
<br /><br />
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<br /><br />
<h3 id="inter5">
Un tissu associatif très important</h3>
<!-- ou autre titre inter5 -->Le poids de l'emploi dans les services est notablement plus fort dans la Vallée de la Drôme-Diois (67 %) que dans le territoire de référence (62 %). Ce phénomène est plus accentué dans le Diois (72 %) que dans la Vallée de la Drôme (65 %). Au sein même du tertiaire, le poids relatif des transports est important (6 % contre 4 % dans la référence).<br />
Le fort développement des services à la personne, de l'administration, du tourisme contribue à renforcer le poids de l'économie présentielle. Majoritaire dès les années 1990, elle pèse pour 61 % de la main-d'œuvre en 2006, contre 57 % dans la zone de référence. Son poids est encore plus important dans le Diois (71 %) que dans la Vallée de la Drôme (58 %). La structure de la sphère présentielle par fonction est très proche de celle de la zone de référence pour les services de proximité (15 %), la santé-action sociale (13 %), le bâtiment (11 %), l'administration publique (11 %). Il faut noter cependant une importance plus grande de la fonction « culture-loisirs » (4 % contre 2 % dans le rural). La fonction « Agriculture » occupe un quart des actifs de la sphère non présentielle, plus que la fonction « Fabrication » (22 %).<br />
Le secteur de « l'économie sociale et solidaire » regroupe 17 % des salariés du territoire, contre 12 % en zone de référence et 10 % en Rhône-Alpes. Ce secteur emploie plus de jeunes qu'ailleurs, 46 % de ses salariés ayant moins de 35 ans contre 39 % pour la référence. La Vallée de la Drôme-Diois présente un tissu associatif très fourni qui emploie 14 % des salariés contre 10 % dans la référence rurale.<br />
<!-- Tableau 10 - sous N onglet T14 - Créations d'établissements --><!-- En 2008 - remplacer 2 lignes par <td bgcolor="#999999"></td> pour mettre du grisé --><!--Flux annuel moyen 2000-2002 - remplacer 2 lignes par <td rowspan="2" style="text-align: center; vertical-align:middle;">+ ou - le nombre décimal écrit</td> --><!-- Flux annuel moyen 2006-2008 supprimer 2 dernières lignes --><table summary=" Créations d'établissements"><caption> Créations d'établissements</caption><thead>
<tr><th class="etendue-colonne" id="ZV21" rowspan="2">Période</th><th class="etendue-colonne" colspan="2" id="ZV22">Vallée de la Drôme - Diois</th><th class="etendue-colonne" id="ZV24">Référence</th></tr>
<tr><th class="etendue-colonne" id="ZV32"> Ensemble</th><th class="etendue-colonne" id="ZV33">Évol. entre les 2 périodes (%)</th><th class="etendue-colonne" id="ZV34">Évol. entre les 2 périodes (%)</th></tr>
</thead><tfoot>
<tr><td class="source" colspan="4">Source : Insee, Sirene - Champ ICS</td></tr>
</tfoot><tbody>
<tr><th class="etendue-ligne" id="ZV41">En 2008</th><td class="tab-chiffre" headers="ZV22 ZV32 ZV41">377</td><!--<td class="tab-chiffre" headers ="ZV22 ZV33 ZV41" ></td>--><td bgcolor="#999999"></td><!--<td class="tab-chiffre" headers ="ZV24 ZV34 ZV41" ></td>--><td bgcolor="#999999"></td></tr>
<tr><th class="etendue-ligne" id="ZV51">Flux annuel moyen 2000-2002</th><td class="tab-chiffre" headers="ZV22 ZV32 ZV51">225</td><!--<td class="tab-chiffre" headers ="ZV22 ZV33 ZV51" >+ 56,9</td>--><td rowspan="2" style="text-align: center; vertical-align: middle;">+ 56,9</td><!--<td class="tab-chiffre" headers ="ZV24 ZV34 ZV51" >+ 52,5</td>--><td rowspan="2" style="text-align: center; vertical-align: middle;">+ 52,5</td></tr>
<tr><th class="etendue-ligne" id="ZV61">Flux annuel moyen 2006-2008</th><td class="tab-chiffre" headers="ZV22 ZV32 ZV61">353</td><!--<td class="tab-chiffre" headers ="ZV22 ZV33 ZV61" ></td>
<td class="tab-chiffre" headers ="ZV24 ZV34 ZV61" ></td>--></tr>
</tbody></table>
Le territoire a une vocation touristique avec 75 lits touristiques pour 100 habitants, contre 40 dans la zone de référence. Il s'agit essentiellement d'un tourisme de résidences secondaires (71 % des capacités touristiques) et de campings (25 %). Avec près d'un logement sur cinq, la part des résidences secondaires est très élevée ; en comparaison, elle se monte à 12 % dans le territoire de référence. Elles sont plus particulièrement concentrées dans l'arrière-pays montagneux et le Diois, où leur part atteint 37 % de l'ensemble des logements. Pour les acteurs du territoire, le développement de l'attractivité touristique du territoire est important. Ils mènent en particulier des actions de promotion et aident la profession à s'organiser.<br />
<!-- Image 6 - carte etab_diois.gif - Les établissements de plus de 100 salariés au 31 décembre 2007 --><h4>
Les établissements de plus de 100 salariés au 31 décembre 2007</h4>
<!--/ou autre cddra/ --><img alt="Les établissements de plus de 100 salariés au 31 décembre 2007" height="400" src="http://www.insee.fr/fr/insee_regions/rhone-alpes/themes/syntheses/lettre_analyses/02NS8_Vallee_Drome_Diois/img/etab_diois.gif" title="Les établissements de plus de 100 salariés au 31 décembre 2007" width="480" /><br /><br /><br />
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<h3 id="inter6">
La précarité de l'emploi très présente dans le Diois</h3>
<!-- ou autre titre inter6 -->En 2006, la population active totale comptait 24 500 personnes dont 17 % sont non salariées alors que cette catégorie ne représente que 14 % des actifs dans la zone de référence. Cette part s'explique par le nombre important d'exploitants agricoles. Dans le Diois, plus isolé et plus rural, la part des non-salariés atteint 25 %. Ils ne sont que 16 % dans le Val de Drôme. Le quart des emplois salariés sont à temps partiel dans la Vallée de la Drôme-Diois contre un cinquième en référence rurale. Par exemple, plus de la moitié des emplois dans le secteur du tourisme sont à temps partiel (52 %).<br />
Le territoire de la Vallée de la Drôme-Diois se caractérise également par une part importante de sa population aux faibles revenus. Plus d'un ménage sur deux (52 %) n'est pas imposable, contre 48 % dans la zone de référence, et 43 % pour la région Rhône-Alpes. Avec 19 817 euros en 2007, le revenu fiscal moyen est de 4 % inférieur à celui de la zone de référence et 15 % plus faible que celui de l'ensemble de la région. Une proportion bien plus importante de la population vit sous le seuil de pauvreté dans le territoire de la Vallée de la Drôme-Diois (18 % contre 14 % dans la zone de référence). Au sein du territoire, 23 % de la population vit avec de bas revenus dans le Diois, cette part étant inférieure pour le Val de Drôme (17 %) tout en restant très supérieure à la moyenne régionale.<br />
<!-- Tableau 11- sous N onglet T15 - Répartition de l'emploi par sphère d'activité en 2006 --><table summary="Répartition de l'emploi par sphère d'activité en 2006"><caption>Répartition de l'emploi par sphère d'activité en 2006</caption><thead>
<tr><th class="etendue-colonne" id="BL21" rowspan="2"></th><th class="etendue-colonne" colspan="2" id="BL22">Vallée de la Drôme - Diois</th><th class="etendue-colonne" id="BL24" rowspan="2">Référence %</th></tr>
<tr><th class="etendue-colonne" id="BL32">Effectifs</th><th class="etendue-colonne" id="BL33">%</th></tr>
</thead><tfoot>
<tr><td class="source" colspan="4">Source : Insee, Recensement de la population 2006 (exploitation complémentaire)</td></tr>
</tfoot><tbody>
<tr><th class="etendue-ligne" id="BL41">Activités présentielles</th><td class="tab-chiffre" headers="BL22 BL32 BL41">11 005</td><td class="tab-chiffre" headers="BL22 BL33 BL41">61,3</td><td class="tab-chiffre" headers="BL24 BL41">57,4</td></tr>
<tr><th class="etendue-ligne" id="BL51">Activités non présentielles</th><td class="tab-chiffre" headers="BL22 BL32 BL51">6 933</td><td class="tab-chiffre" headers="BL22 BL33 BL51">38,7</td><td class="tab-chiffre" headers="BL24 BL51">42,6</td></tr>
<tr class="tab-total"><th class="etendue-ligne tab-total" id="BL61">Ensemble</th><td class="tab-chiffre" headers="BL22 BL32 BL61">17 937</td><td class="tab-chiffre" headers="BL22 BL33 BL61">100,0</td><td class="tab-chiffre" headers="BL24 BL61">100,0</td></tr>
</tbody></table>
<!-- Tableau 12- sous N onglet T16 - Répartition de l'emploi par fonction en 2006 --><table summary="Répartition de l'emploi par fonction en 2006"><caption>Répartition de l'emploi par fonction en 2006</caption><thead>
<tr><th class="etendue-colonne" id="PU21" rowspan="2"></th><th class="etendue-colonne" colspan="2" id="PU22">Vallée de la Drôme - Diois</th><th class="etendue-colonne" id="PU24" rowspan="2">Référence %</th></tr>
<tr><th class="etendue-colonne" id="PU32">Effectifs</th><th class="etendue-colonne" id="PU33">%</th></tr>
</thead><tfoot>
<tr><td class="source" colspan="4">Source : Insee - Recensement de la population 2006 (exploitation complémentaire)</td></tr>
</tfoot><tbody>
<tr><th class="etendue-ligne" id="PU41">Conception, recherche</th><td class="tab-chiffre" headers="PU22 PU32 PU41">153</td><td class="tab-chiffre" headers="PU22 PU33 PU41">0,9</td><td class="tab-chiffre" headers="PU24 PU41">1,5</td></tr>
<tr><th class="etendue-ligne" id="PU51">Prestations intellectuelles</th><td class="tab-chiffre" headers="PU22 PU32 PU51">308</td><td class="tab-chiffre" headers="PU22 PU33 PU51">1,7</td><td class="tab-chiffre" headers="PU24 PU51">1,9</td></tr>
<tr><th class="etendue-ligne" id="PU61">Agriculture</th><td class="tab-chiffre" headers="PU22 PU32 PU61">1 815</td><td class="tab-chiffre" headers="PU22 PU33 PU61">10,1</td><td class="tab-chiffre" headers="PU24 PU61">6,5</td></tr>
<tr><th class="etendue-ligne" id="PU71">Bâtiment</th><td class="tab-chiffre" headers="PU22 PU32 PU71">1 347</td><td class="tab-chiffre" headers="PU22 PU33 PU71">7,5</td><td class="tab-chiffre" headers="PU24 PU71">8,2</td></tr>
<tr><th class="etendue-ligne" id="PU81">Fabrication</th><td class="tab-chiffre" headers="PU22 PU32 PU81">1 787</td><td class="tab-chiffre" headers="PU22 PU33 PU81">10,0</td><td class="tab-chiffre" headers="PU24 PU81">15,0</td></tr>
<tr><th class="etendue-ligne" id="PU91">Commerce interentreprises</th><td class="tab-chiffre" headers="PU22 PU32 PU91">505</td><td class="tab-chiffre" headers="PU22 PU33 PU91">2,8</td><td class="tab-chiffre" headers="PU24 PU91">3,1</td></tr>
<tr><th class="etendue-ligne" id="PU101">Gestion</th><td class="tab-chiffre" headers="PU22 PU32 PU101">1 582</td><td class="tab-chiffre" headers="PU22 PU33 PU101">8,8</td><td class="tab-chiffre" headers="PU24 PU101">9,8</td></tr>
<tr><th class="etendue-ligne" id="PU111">Transport, logistique</th><td class="tab-chiffre" headers="PU22 PU32 PU111">1 613</td><td class="tab-chiffre" headers="PU22 PU33 PU111">9,0</td><td class="tab-chiffre" headers="PU24 PU111">8,6</td></tr>
<tr><th class="etendue-ligne" id="PU121">Entretien, réparation</th><td class="tab-chiffre" headers="PU22 PU32 PU121">1 316</td><td class="tab-chiffre" headers="PU22 PU33 PU121">7,3</td><td class="tab-chiffre" headers="PU24 PU121">8,0</td></tr>
<tr><th class="etendue-ligne" id="PU131">Distribution</th><td class="tab-chiffre" headers="PU22 PU32 PU131">1 334</td><td class="tab-chiffre" headers="PU22 PU33 PU131">7,4</td><td class="tab-chiffre" headers="PU24 PU131">7,7</td></tr>
<tr><th class="etendue-ligne" id="PU141">Services de proximité</th><td class="tab-chiffre" headers="PU22 PU32 PU141">1 817</td><td class="tab-chiffre" headers="PU22 PU33 PU141">10,1</td><td class="tab-chiffre" headers="PU24 PU141">9,8</td></tr>
<tr><th class="etendue-ligne" id="PU151">Éducation, formation</th><td class="tab-chiffre" headers="PU22 PU32 PU151">1 080</td><td class="tab-chiffre" headers="PU22 PU33 PU151">6,0</td><td class="tab-chiffre" headers="PU24 PU151">5,0</td></tr>
<tr><th class="etendue-ligne" id="PU161">Santé action sociale</th><td class="tab-chiffre" headers="PU22 PU32 PU161">1 544</td><td class="tab-chiffre" headers="PU22 PU33 PU161">8,6</td><td class="tab-chiffre" headers="PU24 PU161">8,0</td></tr>
<tr><th class="etendue-ligne" id="PU171">Culture loisirs</th><td class="tab-chiffre" headers="PU22 PU32 PU171">524</td><td class="tab-chiffre" headers="PU22 PU33 PU171">2,9</td><td class="tab-chiffre" headers="PU24 PU171">1,4</td></tr>
<tr><th class="etendue-ligne" id="PU181">Administration publique</th><td class="tab-chiffre" headers="PU22 PU32 PU181">1 214</td><td class="tab-chiffre" headers="PU22 PU33 PU181">6,8</td><td class="tab-chiffre" headers="PU24 PU181">5,4</td></tr>
<tr class="tab-total"><th class="etendue-ligne tab-total" id="PU191">Ensemble</th><td class="tab-chiffre" headers="PU22 PU32 PU191">17 937</td><td class="tab-chiffre" headers="PU22 PU33 PU191">100,0</td><td class="tab-chiffre" headers="PU24 PU191">100,0</td></tr>
</tbody></table>
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<h3 id="inter7">
De nombreux déplacements domicile-travail dans la Vallée de la Drôme, beaucoup moins pour le Diois</h3>
<!-- ou autre titre inter7 -->Un tiers des actifs résidant dans le territoire va travailler à l'extérieur. Par catégorie sociale, ces navettes représentent 48 % des cadres, 43 % des professions intermédiaires et 36 % des ouvriers. Les employés sont, en nombre, moins nombreux à se déplacer pour aller travailler ; la part de ceux qui travaillent à l'extérieur du territoire est de 28 %. Pour les résidents du territoire allant travailler en dehors, la principale zone d'échanges pour les déplacements domicile-travail est l'aire urbaine de Valence. 4 200 personnes viennent du territoire pour y travailler, tandis que, dans l'autre sens, 1 500 actifs Valentinois travaillent dans la Vallée de la Drôme-Diois. Montélimar est la deuxième destination pour les flux domicile-travail, avec 600 actifs du territoire venant y travailler quotidiennement, pour seulement 340 montiliens actifs en sens inverse. À un niveau moindre, les flux significatifs restant concernent Privas, l'aire urbaine de Livron-sur-Drôme et Romans-sur-Isère. Le territoire est très contrasté en matière de navettes domicile-travail avec l'extérieur. Pour la seule Vallée de la Drôme, 59 % des actifs restent travailler dans le territoire. Dans le Diois, territoire encore plus autonome, cette part est de 85 %. Pour les flux entrants, 20 % des emplois sont occupés par des actifs résidant ailleurs. Il s'agit principalement de cadres (28 %), de professions intermédiaires (26 %) et d'ouvriers (27 %). Avec seulement 14 %, les employés sont moins représentés.<br />
<!-- Tableau 09 - sous N onglet T13 DEPLACEMENT DOMICILE TRAVAIL --><table summary="Déplacements domicile-travail"><caption>Déplacements domicile-travail</caption><thead>
<tr><th class="etendue-colonne" id="HK21" rowspan="2">Ensemble des actifs (*)</th><th class="etendue-colonne" colspan="2" id="HK22">1999</th><th class="etendue-colonne" colspan="2" id="HK24">2006</th></tr>
<tr><th class="etendue-colonne" id="HK32">Nombre</th><th class="etendue-colonne" id="HK33">%</th><th class="etendue-colonne" id="HK34">Nombre</th><th class="etendue-colonne" id="HK35">%</th></tr>
</thead><tfoot>
<tr><td class="note" colspan="5">(*) Dans ce tableau, les actifs occupés sont pris en compte quel que soit leur âge (donc y compris les quelques actifs de 14 ans)</td></tr>
<tr><td class="source" colspan="5">Source : Insee, Recensements de la population 1999 et 2006 (exploitation principale)</td></tr>
</tfoot><tbody>
<tr class="tab-total"><th class="etendue-ligne tab-total" id="HK41">Actifs occupés (au lieu de résidence)</th><td class="tab-chiffre" headers="HK22 HK32 HK41">18 804</td><td class="tab-chiffre" headers="HK22 HK33 HK41">100,0</td><td class="tab-chiffre" headers="HK24 HK34 HK41">21 503</td><td class="tab-chiffre" headers="HK24 HK35 HK41">100,0</td></tr>
<tr><th class="etendue-ligne" id="HK51">Résidant et travaillant dans la zone</th><td class="tab-chiffre" headers="HK22 HK32 HK51">13 275</td><td class="tab-chiffre" headers="HK22 HK33 HK51">70,6</td><td class="tab-chiffre" headers="HK24 HK34 HK51">14 231</td><td class="tab-chiffre" headers="HK24 HK35 HK51">66,2</td></tr>
<tr><th class="ventilation etendue-ligne" id="HK61">dont résidant et travaillant dans la même commune</th><td class="ventilation tab-chiffre" headers="HK22 HK32 HK61">8 606</td><td class="ventilation tab-chiffre" headers="HK22 HK33 HK61">45,8</td><td class="ventilation tab-chiffre" headers="HK24 HK34 HK61">8 443</td><td class="ventilation tab-chiffre" headers="HK24 HK35 HK61">39,3</td></tr>
<tr><th class="etendue-ligne" id="HK71">Travaillant en dehors de la zone</th><td class="tab-chiffre" headers="HK22 HK32 HK71">5 529</td><td class="tab-chiffre" headers="HK22 HK33 HK71">29,4</td><td class="tab-chiffre" headers="HK24 HK34 HK71">7 273</td><td class="tab-chiffre" headers="HK24 HK35 HK71">33,8</td></tr>
<tr><th class="tab-date etendue-ligne" id="HK81"></th><td class="tab-chiffre tab-total" headers="HK22 HK32 HK81"></td><td class="tab-chiffre tab-total" headers="HK22 HK33 HK81"></td><td class="tab-chiffre tab-total" headers="HK24 HK34 HK81"></td><td class="tab-chiffre tab-total" headers="HK24 HK35 HK81"></td></tr>
<tr class="tab-total"><th class="etendue-ligne tab-total" id="HK91">Emplois dans la zone (au lieu de travail)</th><td class="tab-chiffre" headers="HK22 HK32 HK91">16 330</td><td class="tab-chiffre" headers="HK22 HK33 HK91">100,0</td><td class="tab-chiffre" headers="HK24 HK34 HK91">17 996</td><td class="tab-chiffre" headers="HK24 HK35 HK91">100,0</td></tr>
<tr><th class="etendue-ligne" id="HK101">Occupés par des actifs résidant dans la zone</th><td class="tab-chiffre" headers="HK22 HK32 HK101">13 275</td><td class="tab-chiffre" headers="HK22 HK33 HK101">81,3</td><td class="tab-chiffre" headers="HK24 HK34 HK101">14 231</td><td class="tab-chiffre" headers="HK24 HK35 HK101">79,1</td></tr>
<tr><th class="etendue-ligne" id="HK111">Occupés par des actifs résidant hors de la zone</th><td class="tab-chiffre" headers="HK22 HK32 HK111">3 055</td><td class="tab-chiffre" headers="HK22 HK33 HK111">18,7</td><td class="tab-chiffre" headers="HK24 HK34 HK111">3 765</td><td class="tab-chiffre" headers="HK24 HK35 HK111">20,9</td></tr>
<tr><th class="tab-date etendue-ligne" id="HK121"></th><td class="tab-chiffre" headers="HK22 HK32 HK121"></td><td class="tab-chiffre" headers="HK22 HK33 HK121"></td><td class="tab-chiffre" headers="HK24 HK34 HK121"></td><td class="tab-chiffre" headers="HK24 HK35 HK121"></td></tr>
<tr class="tab-total"><th class="etendue-ligne tab-total" id="HK131">Nombre d'emplois / nombre d'actifs</th><td class="tab-chiffre" headers="HK22 HK32 HK131">0,87</td><td class="tab-chiffre" headers="HK22 HK33 HK131"></td><td class="tab-chiffre" headers="HK24 HK34 HK131">0,84</td><td class="tab-chiffre" headers="HK24 HK35 HK131"></td></tr>
</tbody></table>
<!-- Image 7 - graphique graf_specificite.gif - Spécificité du tissu productif de la Vallée de la Drôme-Diois par rapport à la zone de référence en 2007--><h4>
Spécificité du tissu productif de la Vallée de la Drôme-Diois par rapport à la zone de référence en 2007</h4>
<!-- Pour ce graphique - (graf_specificite.gif width="480" height="400") - qui n'est pas bien lisible pour l'internaute, rajouter un lien autre page htm (nom du territoire_img.htm) pour l'agrandissement du graphique. Le graphique d'agrandissement s'appelle (graph_tissu_productif_zoom.gif)il correspond au graphique d'origine G17 sous N dans onglet excel --><!-- rajout lien --><!--Lien pour la nouvelle page " pour agrandir" --><a href="http://www.insee.fr/fr/themes/document.asp?reg_id=8&ref_id=18919&page=syntheses/lettre_analyses/02NS8_Vallee_Drome_Diois/Vallee_drome_Diois_img.htm#img1" title="Agrandir le graphique"><img alt="graph : Spécificité du tissu productif de la Vallée de la Drôme-Diois par rapport à la zone de référence en 2007" class="graphique" id="img1" src="http://www.insee.fr/fr/insee_regions/rhone-alpes/themes/syntheses/lettre_analyses/02NS8_Vallee_Drome_Diois/img/graf_specificite_diois.gif" title="Agrandir le graphique" /></a><br />
<div class="top">
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<br /><br />
<h3 id="inter8">
Une offre d'équipements meilleure dans la Vallée de la Drôme que dans le Diois</h3>
<!-- ou autre titre inter8 -->L'offre d'équipements et de services n'est pas homogène dans le territoire. La Vallée de la Drôme-Diois compte 16 communes pôles de services de proximité. 12 de ces communes sont localisées dans la Vallée de la Drôme (Allex, Aouste-sur-Sye, Bourdeaux, Crest, Eurre, Grane, Livron-sur-Drôme, Loriol-sur-Drôme, Mirabel-et-Blacon, Montoison, Saillans, Saou), et seulement 4 dans le Diois : Die, Chatillon-en-Diois, Lus-la-Croix Haute, Luc-en-Diois.<br />
<!-- Image 8 - carte carte_equipement.gif - Pôles de services --><h4>
Pôles de services</h4>
<!--/ou autre cddra/ --><img alt="Pôles de services" height="400" src="http://www.insee.fr/fr/insee_regions/rhone-alpes/themes/syntheses/lettre_analyses/02NS8_Vallee_Drome_Diois/img/carte_equipement_diois.gif" title="Pôles de services" width="480" /><br /><br /><br /><br />
Le territoire compte quatre communes pôles de services intermédiaires ; trois d'entre elles se trouvent dans la Vallée de la Drôme (Crest, Livron, Loriol), tandis que Die est le seul pôle intermédiaire du Diois. L'unique pôle de services de la gamme supérieure du territoire se trouve à Crest. La population de la Vallée de la Drôme-Diois bénéficie d'une bonne desserte en termes d'équipements de proximité, à peu près équivalente à celle de la zone de référence.<br />
La population du territoire est concentrée dans quelques communes qui correspondent au lieu d'implantation des services de proximité. Cela explique que 75 % de la population dispose d'un bureau de Poste pour seulement 18 % de communes équipées. De même, 76 % de la population dispose d'une supérette, pour 21 % des communes, 81 % de la population a une boulangerie, pour 28 % des communes. En matière de services et équipements de la gamme intermédiaire, le niveau d'équipement est globalement meilleur que pour la zone de référence. Quelques équipements font cependant exception : les magasins d'équipements du foyer et surtout les services d'aide aux personnes âgées (12 % de la population est couverte, contre 28 % pour la référence). En revanche, les temps d'accès sont moins bons pour 25 des équipements de la gamme intermédiaire qui en compte 27. En particulier, 23 % de la population réside à plus de quinze minutes d'un service d'aide aux personnes âgées (16 % dans la référence). L'offre d'équipements de la gamme supérieure est faible dans le territoire. Par rapport à la zone de référence, l'accessibilité à plus de la moitié des équipements de la gamme est dégradée. On relève même l'absence de certains équipements, particulièrement dans le domaine médical : pas d'hôpital psychiatrique, de centre de santé, d'établissement de santé de long séjour, de gastrœntérologue et de pédiatre. En termes de distance d'accès, la situation est également systématiquement au désavantage du territoire, par rapport à la zone de référence. 7 équipements sur 36 sont à plus de 30 minutes pour plus de 70 % de la population. Afin d'assurer un meilleur équilibre du territoire, les deux pôles de Die et de Crest pourraient œuvrer pour améliorer leur complémentarité.<br />
<br /><!-- ENCACRE FISCALITE LOCALE --><br />
<h2 id="encadres">
Encadré</h2>
<div class="encadre">
<h3 id="encadre1">
Eléments sur la fiscalité locale</h3>
<!-- Tableau 13 - sous N onglet 018 - Fiscalité locale en 2008 --><table summary="Fiscalité locale en 2008"><caption>Fiscalité locale en 2008</caption><thead>
<tr><th class="etendue-colonne" id="BE21" rowspan="3"></th><th class="etendue-colonne" colspan="2" id="BE22">Vallée de la Drôme - Diois</th><th class="etendue-colonne" colspan="2" id="BE24">Référence</th></tr>
<tr><th class="etendue-colonne" id="BE32" rowspan="2">Produit euros/hab</th><th class="etendue-colonne" id="BE33" rowspan="2">Produit (%)</th><th class="etendue-colonne" id="BE34" rowspan="2">Produit euros/hab</th><th class="etendue-colonne" id="BE35" rowspan="2">Produit (%)</th></tr>
</thead><tfoot>
<tr><td class="source" colspan="5">Source : Insee, DGFiP - Recensement des éléments d'imposition</td></tr>
</tfoot><tbody>
<tr><th class="etendue-ligne" id="BE51">Taxe d'habitation</th><td class="tab-chiffre" headers="BE22 BE51">221</td><td class="tab-chiffre" headers="BE22 BE51">27,6</td><td class="tab-chiffre" headers="BE24 BE51">177</td><td class="tab-chiffre" headers="BE24 BE51">19,4</td></tr>
<tr><th class="etendue-ligne" id="BE61">Foncier bâti</th><td class="tab-chiffre" headers="BE22 BE61">273</td><td class="tab-chiffre" headers="BE22 BE61">34,2</td><td class="tab-chiffre" headers="BE24 BE61">255</td><td class="tab-chiffre" headers="BE24 BE61">27,8</td></tr>
<tr><th class="etendue-ligne" id="BE71">Foncier non bâti</th><td class="tab-chiffre" headers="BE22 BE71">21</td><td class="tab-chiffre" headers="BE22 BE71">2,7</td><td class="tab-chiffre" headers="BE24 BE71">20</td><td class="tab-chiffre" headers="BE24 BE71">2,2</td></tr>
<tr><th class="etendue-ligne" id="BE81">Taxe professionnelle</th><td class="tab-chiffre" headers="BE22 BE81">283</td><td class="tab-chiffre" headers="BE22 BE81">35,5</td><td class="tab-chiffre" headers="BE24 BE81">463</td><td class="tab-chiffre" headers="BE24 BE81">50,6</td></tr>
<tr class="tab-total"><th class="etendue-ligne tab-total" id="BE91">Total des 4 taxes</th><td class="tab-chiffre" headers="BE22 BE91">798</td><td class="tab-chiffre" headers="BE22 BE91">100,0</td><td class="tab-chiffre" headers="BE24 BE91">915</td><td class="tab-chiffre" headers="BE24 BE91">100,0</td></tr>
</tbody></table>
<br /><!-- Tableau 14 - sous N onglet 019 - Indicateurs de fiscalité 2008 --><table summary="Indicateurs de fiscalité 2008"><caption>Indicateurs de fiscalité 2008</caption><thead>
<tr><th></th><th class="etendue-colonne" id="OF22">Vallée de la Drôme - Diois</th><th class="etendue-colonne" id="OF23">Référence</th><th class="etendue-colonne" id="OF24">Région</th></tr>
</thead><tfoot>
<tr><td class="source" colspan="4">Source : Insee, DGFiP - Recensement des éléments d'imposition</td></tr>
</tfoot><tbody>
<tr><th class="etendue-ligne" id="OF31">Richesse fiscale par habitant (en euros)</th><td class="tab-chiffre" headers="OF22 OF31">549</td><td class="tab-chiffre" headers="OF23 OF31">639</td><td class="tab-chiffre" headers="OF24 OF31">762</td></tr>
<tr><th class="etendue-ligne" id="OF41">Coefficient de mobilisation de la richesse fiscale</th><td class="tab-chiffre" headers="OF22 OF41">0,83</td><td class="tab-chiffre" headers="OF23 OF41">0,81</td><td class="tab-chiffre" headers="OF24 OF41">0,96</td></tr>
<tr><th class="etendue-ligne" id="OF51">Degré d'intégration intercommunale (en %)</th><td class="tab-chiffre" headers="OF22 OF51">23,5</td><td class="tab-chiffre" headers="OF23 OF51">36,8</td><td class="tab-chiffre" headers="OF24 OF51">38,7</td></tr>
</tbody></table>
</div>
<div class="top">
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Médias Citoyens Dioishttp://www.blogger.com/profile/06769203187523772866noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-995174148176424425.post-6521722843719499892012-10-08T11:40:00.001-07:002012-10-08T11:40:14.690-07:00Les dictatures sont aussi économiques....<h2 class="entry-title">
<a href="http://4.bp.blogspot.com/-Kn7Nn_-LQyg/UHMdsV-DWrI/AAAAAAAAK1E/LE0Q0ojhEDM/s1600/klein+naomie+1.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="178" src="http://4.bp.blogspot.com/-Kn7Nn_-LQyg/UHMdsV-DWrI/AAAAAAAAK1E/LE0Q0ojhEDM/s200/klein+naomie+1.jpg" width="200" /></a>La stratégie du choc (extraits), par Naomi Klein.</h2>
<br />
<strong>T</strong><strong>enir
une idéologie pour responsable des crimes commis en son nom:
l’entreprise exige beaucoup de prudence. Il est trop facile d’affirmer
que ceux dont nous ne partageons pas le point de vue sont non seulement
dans l’erreur, mais de plus tyranniques, fascistes, génocidaires. Il est
vrai également que certaines idéologies représentent un danger pour le
public et doivent être identifiées comme telles. On songe en particulier
à la fermeture des idéologies fondamentalistes, incapables de coexister
avec d’autres systèmes de croyance; leurs disciples dénoncent la
diversité et exigent de disposer d’une liberté absolue pour installer
leur modèle parfait. Ils veulent détruire le monde tel qu’on le connaît
pour faire place à leur invention de puristes. Cette logique, nourrie
des fantasmes bibliques du déluge et du grand incendie, conduit
inéluctablement à la violence. Les idéologies qui aspirent à cette
impossible « table rase », condition qu’on ne peut obtenir qu’au prix
d’un cataclysme, sont dangereuses.</strong><br />
<strong>Habituellement,
ce sont les idéologies religieuses et radicales extrêmes qui proposent
l’oblitération de cultures et de peuples entiers comme condition de
l’avènement d’un monde nouveau, épuré. Depuis l’effondrement de l’Union
Soviétique, toutefois, on a pris conscience des crimes ignobles commis
au nom du communisme. (…) Partout dans le monde, des spécialistes
participent à des débats enflammés et se demandent si les atrocités sont
imputables à l’idéologie proprement dite ou aux aberrations de ses
tenants, dont Staline, Ceauşescu, Mao et Pol Pot.</strong><br />
<strong>(…)
Il ne s’ensuit pas nécessairement que toutes les formes de communisme
sont par nature génocidaires, comme autant l’ont affirmé avec
jubilation, mais c’est indiscutablement une interprétation de la théorie
communiste doctrinaire, autoritaire et hostile au pluralisme qui
explique les purges de Staline et les camps de rééducation de Mao. Le
communisme autoritaire porte -et devrait porter- les stigmates de ces
laboratoires du réel.</strong><br />
<strong>Qu’en est-il, cela étant,
de la croisade menée pour la libéralisation des marchés? On n’a jamais
qualifié de crimes capitalistes les coups d’<strong>É</strong>tat, les
guerres et les massacres qui avaient pour but d’installer et de
maintenir en place des régimes favorables à la libre entreprise. Pour
les expliquer, on invoque plutôt les excès de dictateurs trop zélés ou
les « fronts chauds » de la Guerre froide et, aujourd’hui, de la guerre
contre le terrorisme. Quand les plus fervents opposants du modèle
économique corporatiste sont éliminés systématiquement, comme ils l’ont
été en Argentine dans les années 1970 et comme ils le sont à présent en
Irak, on fait allusion au sale boulot que suppose la lutte contre le
communisme ou le terrorisme -et presque jamais à la lutte en faveur de
l’avancement du capitalisme à l’état pur.</strong><br />
<strong>Je ne
dis pas que les régimes capitalistes sont par nature violent. Il est
tout à fait possible de mettre en place une économie de marché
n’exigeant ni une telle brutalité ni une telle pureté idéologique. La
libre circulation des biens de consommation peut très bien cohabiter
avec des services de santé publics et gratuits, des écoles publiques et
l’assujettissement de vastes pans de l’économie -une société pétrolière
nationale, par exemple- au contrôle de l’<strong>É</strong>tat. De la
même façon, il est tout à fait possible de contraindre les employeurs à
verser des salaires décents et à respecter le droit à la syndicalisation
des travailleurs, cependant que les gouvernements prélèvent des impôts
et redistribuent la richesse de manière à réduire les inégalités
marquées qui caractérisent l’<strong>É</strong>tat corporatiste. Rien ne
dit que les marchés doivent être fondamentalistes. (…) Le capitalisme
prôné par l’École de Chicago a effectivement un point commun avec
d’autres idéologies dangereuses: la recherche d’une pureté inaccessible,
d’une table rase à partir de laquelle bâtir une société modèle
entièrement revue et corrigée.</strong><br />
<br />
(En 2005), parmi
ceux pour qui les eaux de crue de La Nouvelle-Orléans étaient synonymes
de « superbes occasions » se trouvait Milton Friedman, grand gourou du
mouvement en faveur du capitalisme sans entraves. C’est à lui qu’on
attribue la paternité du credo de l’économie mondialisée contemporaine,
caractérisée par l’hypermobilité. Âgé de 93 ans et de santé fragile, «
Oncle Miltie », ainsi que l’appelaient ses partisans, trouva malgré tout
la force d’écrire un article pour la page d’opinions du <em>Wall Street Journal</em>,
trois mois après l’effondrement des digues : « La plupart des écoles de
La Nouvelle-Orléans sont en ruine, faisait-il observer, au même titre
que les maisons des élèves qui les fréquentaient. Ces enfants sont
aujourd’hui éparpillés aux quatre coins du pays. C’est une tragédie.
C’est aussi une occasion de transformer de façon radicale le système
d’éducation. »(<a class="footnote-link footnote-identifier-link" href="http://dormirajamais.org/klein/#footnote_0_6718" id="identifier_0_6718" title="« The Promise of Vouchers », Wall Street Journal, le 5 décembre 2005.">1</a>)<br />
L’idée
radicale de Friedman se résume comme suit : au lieu d’affecter à la
remise en état et au renforcement du réseau des écoles publiques de La
Nouvelle-Orléans une partie des milliards de dollars prévus pour la
reconstruction de la ville, le gouvernement devrait accorder aux
familles des « bons d’études » donnant accès à des écoles privées (dont
bon nombre à but lucratif) subventionnées par l’État. Il était
essentiel, selon Friedman, que ce changement fondamental constitue non
pas une solution provisoire, mais au contraire une « réforme permanente(<a class="footnote-link footnote-identifier-link" href="http://dormirajamais.org/klein/#footnote_1_6718" id="identifier_1_6718" title="Ibid.">2</a>)
». (…) Aux yeux de Milton Friedman, (…) l’idée même d’un réseau
d’écoles administré par l’État empeste le socialisme. Pour lui, l’État a
pour unique fonction « de protéger notre liberté contre ses ennemis
extérieurs et contre nos concitoyens eux-mêmes : il fait régner la loi
et l’ordre, il fait respecter les contrats privés, et il favorise la
concurrence(<a class="footnote-link footnote-identifier-link" href="http://dormirajamais.org/klein/#footnote_2_6718" id="identifier_2_6718" title=" Milton Friedman, assisté de Rose D. Friedman, Capitalisme et liberté, traduit de l’anglais par A. M. Charno, Éditions Robert Laffont, « Le monde qui se fait », Paris, 1971, p. 14">3</a>)».
En d’autres termes, il s’agit de fournir les policiers et les soldats –
tout le reste, y compris l’éducation publique gratuite, n’est
qu’ingérence au sein des marchés.<br />
Contrairement à la réfection des
digues et au rétablissement du réseau électrique, la vente aux enchères
du réseau scolaire de La Nouvelle-Orléans s’effectua avec une rapidité
et une précision toutes militaires. Dix-neuf mois après les inondations,
alors que la plupart des pauvres de la ville étaient encore en exil,
presque toutes les écoles publiques de La Nouvelle-Orléans avaient été
remplacées par des écoles à charte exploitées par le secteur privé.
Avant l’ouragan Katrina, le conseil scolaire comptait 123 écoles ; il
n’en restait plus que 4. Il y avait alors 7 écoles à charte ; elles
étaient désormais 317. Les instituteurs de La Nouvelle-Orléans étaient
représentés par un syndicat puissant ; leur convention collective était
dorénavant réduite en lambeaux, et les quelque 4 700 membres du syndicat
licenciés. Certains jeunes instituteurs furent réembauchés par les
nouvelles écoles à charte, où ils touchaient un salaire nettement
inférieur qu’auparavant. Bien d’autres n’eurent pas cette chance.<br />
(…) J’appelle
« capitalisme du désastre » ce type d’opération consistant à lancer des
raids systématiques contre la sphère publique au lendemain de
cataclysmes et à traiter ces derniers comme des occasions d’engranger
des profits. L’intervention de Friedman sur La Nouvelle-Orléans
contenait son ultime recommandation publique : en effet, il mourut moins
d’un an plus tard, le 16 novembre 2006, à l’âge de 94 ans. La
privatisation du réseau d’écoles publiques d’une ville américaine de
taille moyenne peut passer pour un enjeu modeste, s’agissant d’un homme
considéré comme l’économiste le plus influent de la deuxième moitié du
siècle dernier. Friedman comptait parmi ses disciples quelques
présidents des États-Unis, des premiers 15 ministres britanniques, des
oligarques russes, des ministres des Finances polonais, des dictateurs
du tiers-monde, des secrétaires du Parti communiste chinois, des
administrateurs du Fonds monétaire international et les trois derniers
chefs de la Réserve fédérale des États-Unis. Pourtant, sa détermination à
profiter de la crise de La Nouvelle-Orléans pour faire progresser une
version fondamentaliste du capitalisme signait à merveille les adieux de
ce professeur énergique d’un mètre cinquante-sept à peine qui, dans ses
jeunes années, s’était décrit lui-même « comme un prédicateur à la mode
d’autrefois en train de prononcer le sermon du dimanche »(<a class="footnote-link footnote-identifier-link" href="http://dormirajamais.org/klein/#footnote_3_6718" id="identifier_3_6718" title="Milton Friedman, Inflation : Causes and Consequences, Asia Publishing House, New York, 1963, p. 1.">4</a>).
Pendant plus de trois décennies, Friedman et ses puissants disciples
avaient perfectionné leur stratégie : attendre une crise de grande
envergure, puis, pendant que les citoyens sont encore sous le choc,
vendre l’État, morceau par morceau, à des intérêts privés avant de
s’arranger pour pérenniser les « réformes » à la hâte. Dans l’un de ses
essais les plus influents, Friedman définit le remède universel que
propose le capitalisme moderne et énonce ce que j’en suis venue à
considérer comme la « stratégie du choc ». « Seule une crise – réelle ou
supposée – peut produire des changements, fait-il observer. Lorsqu’elle
se produit, les mesures à prendre dépendent des idées alors en vigueur.
Telle est, me semble-t-il, notre véritable fonction : trouver des
solutions de rechange aux politiques existantes et les entretenir
jusqu’à ce que des notions politiquement impossibles deviennent
politiquement inévitables. »<br />
<div class="wp-caption aligncenter" id="attachment_6730" style="width: 543px;">
<img alt="" class="size-medium wp-image-6730" height="796" src="http://dormirajamais.org/wp-content/uploads/2012/03/pinochet-533x796.jpg" title="" width="533" /><div class="wp-caption-text">
Pinochet et les hommes de la Junte, le 19 septembre 1973, huit jours après le coup d'état et le meurtre de Salvador Allende.</div>
</div>
(…)
Selon Friedman, « un nouveau gouvernement jouit d’une période de six à
neuf mois au cours de laquelle il peut opérer des changements
fondamentaux. S’il n’en profite pas pour agir avec détermination, une
telle occasion ne se représentera plus ». Variation sur un thème cher à
Machiavel, selon qui le mal devait « se faire tout d’une fois », cette
idée constitue l’un des legs stratégiques les plus durables de Friedman.
C’est au milieu des années 1970, à l’époque où il conseillait le
général Augusto Pinochet, dictateur chilien, que Friedman eut pour la
première fois l’occasion d’exploiter un choc ou une crise de grande
envergure. Au lendemain du violent coup d’État orchestré par Pinochet,
les Chiliens étaient sans contredit en état de choc. De plus, le pays
était aux prises avec les traumatismes causés par une hyperinflation
galopante. Friedman conseilla à Pinochet de procéder aussitôt à une
transformation en profondeur de l’économie – réductions d’impôts,
libéralisation des échanges commerciaux, privatisation des services,
diminution des dépenses sociales et déréglementation. Bientôt, les
Chiliens virent même leurs écoles publiques remplacées par des écoles
privées auxquelles donnaient accès des bons d’études. C’était la
métamorphose capitaliste la plus extrême jamais tentée. On parla
désormais de la révolution de l’« école de Chicago », de nombreux
économistes de Pinochet ayant étudié à l’université de Chicago sous la
direction de Friedman. Ce dernier prédit que la soudaineté et l’ampleur
des changements économiques provoqueraient chez les citoyens des
réactions psychologiques qui « faciliteraient l’ajustement(<a class="footnote-link footnote-identifier-link" href="http://dormirajamais.org/klein/#footnote_4_6718" id="identifier_4_6718" title="Milton Friedman et Rose D. Friedman, Two Lucky People. Memoirs, University of Chicago Press, Chicago, 1998, p. 59.">5</a>)».
Friedman créa l’expression « traitement de choc » pour parler de cette
douloureuse tactique. Au cours des décennies suivantes, les
gouvernements qui imposèrent de vastes programmes de libéralisation des
marchés eurent justement recours au traitement de choc ou à la «
thérapie de choc ». Pinochet, lui, facilita l’« ajustement » au moyen
d’une autre forme de chocs : dans les nombreuses salles de torture du
régime, les corps qui se convulsaient sous l’effet de la douleur étaient
ceux des personnes les plus susceptibles de s’opposer à la
transformation capitaliste.<br />
En Amérique latine, nombreux sont ceux
qui établirent un lien direct entre les chocs économiques qui se
soldèrent par l’appauvrissement de millions de personnes et l’épidémie
de tortures qui punirent dans leur chair des centaines de milliers de
personnes qui rêvaient d’une autre forme de société. D’où la question
posée par l’écrivain uruguayen Eduardo Galeano : « Comment préserver
cette inégalité autrement que par des décharges électriques ? »
Exactement trente ans après que ces trois formes de chocs eurent frappé
le Chili, la formule reprend du service en Irak, de façon beaucoup plus
violente. Il y eut d’abord la guerre, qui, selon les auteurs de la
doctrine militaire des États-Unis <em>Shock and Awe</em> (parfois
traduite par « choc et effroi »), avait pour but « de contrôler la
volonté, les perceptions et la compréhension de l’adversaire et de le
priver de toute capacité à agir et à réagir ». Vint ensuite la thérapie
de choc économique, imposée, à l’heure où le pays brûlait toujours, par
l’émissaire chef des États-Unis, L. Paul Bremer : privatisations
massives, libre-échange sans restrictions, taux d’imposition uniforme de
15%, réduction spectaculaire de l’appareil d’État. Le ministre du
Commerce par intérim de l’Irak, Ali Abdel-Amir Allaoui, déclara à
l’époque que ses compatriotes en avaient « assez de servir de cobayes à
des expériences. Après tous les chocs auxquels le système a été soumis,
ils n’ont pas du tout envie que l’économie subisse le même sort ». En
cas de résistance, les Irakiens étaient arrêtés et jetés dans des
prisons où leur corps et leur esprit subissaient d’autres chocs, ceux-ci
beaucoup moins métaphoriques.<br />
Après les attentats du 11
septembre, Washington s’estima dispensé de demander aux pays concernés
s’ils voulaient bien « du libre-échange et de la démocratie » à la mode
états-unienne ; il recourut simplement à la force militaire inspirée de
la doctrine « choc et effroi ». En réfléchissant à la progression de
cette vision des marchés qui règne désormais un peu partout sur la
planète, je me rendis toutefois compte que l’idée d’exploiter les crises
et les désastres était le modus operandi du mouvement de Milton
Friedman depuis ses débuts – de tout temps, cette forme de capitalisme
fondamentaliste a dû compter sur les catastrophes pour progresser. Les
catastrophes « facilitatrices » se font maintenant plus destructrices et
plus horribles, sans doute, mais la situation observée en Irak et à La
Nouvelle-Orléans n’est pas le fruit d’une nouvelle invention consécutive
au 11 septembre. Au contraire, l’exploitation effrontée des crises est
l’aboutissement de trois décennies d’application stricte de la stratégie
du choc. Vues sous cette optique, les trente-cinq dernières années
apparaissent sous un jour sensiblement différent. On avait jusque-là
tendance à voir certaines des violations les plus flagrantes des droits
de l’homme comme des actes sadiques dont se rendaient coupables des
régimes antidémocratiques. En fait, il s’agissait plutôt de mesures
prises dans le dessein de terroriser la population et de préparer le
terrain à l’introduction de « réformes » radicales axées sur la
libéralisation des marchés. Dans l’Argentine des années 1970, la junte
fit « disparaître » 30 000 personnes, pour la plupart des militants de
gauche, afin d’imposer les politiques de l’école de Chicago ; à la même
époque, le Chili eut recours à la terreur pour accomplir sa métamorphose
économique. Dans la Chine de 1989, le massacre de la place Tiananmen et
l’arrestation de dizaines de milliers de personnes permirent aux
communistes de transformer une bonne partie du pays en une gigantesque
zone d’exportation, où travaillent des salariés trop terrifiés pour
faire valoir leurs droits. Dans la Russie de 1993, la décision prise par
Boris Eltsine de lancer les chars d’assaut contre le Parlement et de
faire emprisonner les chefs de l’opposition pava la voie à la
privatisation précipitée qui engendra les célèbres oligarques du pays.
Au Royaume-Uni, la guerre des Malouines, survenue en 1982, eut le même
effet : le désordre et l’élan nationaliste nés de la guerre permirent à
Margaret Thatcher de recourir à une force extraordinaire pour étouffer
la grève des mineurs du charbon et lancer la première vague de
privatisations effrénées en Occident. En 1999, les bombardements de
Belgrade par l’OTAN créèrent des conditions favorables à des
privatisations rapides en ex-Yougoslavie – objectif du reste antérieur à
la guerre. La politique économique ne fut pas le seul facteur à
l’origine de ces conflits, bien sûr, mais chacun de ces chocs collectifs
servit à préparer le terrain au traitement de choc économique. Les
traumatismes ayant servi à affaiblir les résistances ne furent du reste
pas toujours ouvertement violents.<br />
(…) En Amérique latine et en
Afrique, dans les années 1980, c’est la crise de l’endettement qui
obligea les pays « à privatiser ou à crever », selon la formule d’un
ex-représentant du FMI(<a class="footnote-link footnote-identifier-link" href="http://dormirajamais.org/klein/#footnote_5_6718" id="identifier_5_6718" title="Davison L. Budhoo, Enough Is Enough. Dear Mr. Camdessus… Open Letter of Resignation to the Managing Director of the International Monetary Fund, New Horizons Press, New York, 1990, p. 102">6</a>).
Minés par l’hyperinflation et trop endettés pour dire non aux exigences
dont s’assortissaient les nouveaux prêts, des gouvernements acceptèrent
le traitement de choc dans l’espoir qu’il les préserverait de
l’effondrement. En Asie, c’est la crise financière de 1997-1998 –
presque aussi dévastatrice que la Grande Dépression – qui affaiblit les «
tigres » asiatiques et les obligea à ouvrir leurs marchés à ce que le
New York Times appela la « plus grande vente de faillite du monde(<a class="footnote-link footnote-identifier-link" href="http://dormirajamais.org/klein/#footnote_6_6718" id="identifier_6_6718" title=" Michael Lewis, « The World’s Biggest Going-Out-of-Business Sale », The New York Times Magazine, le 31 mai 1998">7</a>) ».
Bon nombre de ces pays étaient des démocraties, mais les
transformations radicales visant la libéralisation des marchés ne furent
pas imposées de façon démocratique. En fait, ce fut exactement le
contraire : conformément aux prévisions de Friedman, le climat de crise
généralisée permettait de faire fi de la volonté des électeurs et de
céder le pays aux « technocrates » de l’économie. Dans certains cas,
bien entendu, l’adoption des politiques de libéralisation des marchés se
fit de façon démocratique, quelques politiciens ayant été portés au
pouvoir malgré des programmes draconiens : l’élection de Ronald Reagan
aux États-Unis et, plus récemment, celle de Nicolas Sarkozy en France en
constituent des exemples frappants. Dans de tels cas, cependant, les
croisés du libéralisme économique se heurtent à l’opposition du public
et doivent adoucir ou modifier leurs projets radicaux, accepter les
changements à la pièce plutôt qu’une reconversion totale. On voit bien
que le modèle économique de Friedman, s’il est en partie compatible avec
la démocratie, a besoin de conditions totalitaires pour être imposé
dans son expression la plus pure. Pour que le traitement de choc
économique soit appliqué sans contrainte – comme ce fut le cas au Chili
dans les années 1970, en Chine à la fin des années 1980, en Russie dans
les années 1990 et aux États- Unis au lendemain des attentats du 11
septembre 2001 –, on doit compter sur un traumatisme collectif majeur,
lequel entrave ou suspend provisoirement l’application des principes
démocratiques. Cette croisade idéologique prit naissance au sein des
régimes autoritaires d’Amérique du Sud ; dans les territoires
nouvellement conquis – la Russie et la Chine –, elle cohabite encore
aujourd’hui, sans difficulté et de façon rentable, avec un régime à la
poigne de fer.<br />
(…)<br />
Dans le déluge de mots écrits en hommage à
Milton Friedman après sa mort, on souligna à peine l’importance que
revêtent les chocs et les crises pour l’avancement de sa vision du
monde. Le décès de l’économiste fut plutôt l’occasion de récrire
l’histoire officielle et de rappeler que le capitalisme radical qu’il
prônait faisait désormais figure d’orthodoxie gouvernementale dans
presque tous les coins du monde. C’était un véritable conte de fées,
débarrassé des violences et des contraintes si intimement mêlées à cette
croisade. Elle représente à n’en pas douter la campagne de propagande
la mieux réussie des trois dernières décennies. L’histoire va comme
suit.<br />
Pendant toute sa vie, Friedman livra une pacifique bataille
d’idées à ceux qui soutenaient que les gouvernements avaient la
responsabilité d’intervenir au sein des marchés afin d’en émousser les
aspérités. Il était d’avis que l’Histoire avec un grand H avait
“commencé du mauvais pied” lorsque des politiciens avaient prêté
l’oreille à John Maynard Keynes, l’intellectuel à l’origine du “New
Deal” et de l’État-providence moderne. À la suite du krach de 1929, un
solide consensus avait émergé: le laisser-faire était un échec et les
gouvernements avaient l’obligation d’intervenir dans l’économie afin de
redistribuer la richesse et de réglementer les entreprises. Pendant ces
années sombres pour la doctrine du laisser-faire – durant lesquelles le
communisme faisait la conquête de l’Est, que l’Occident misait sur
l’État-providence et que le nationalisme économique s’enracinait dans le
Sud post-colonial -, Friedman et son maître à penser, Friedrich Hayek,
entretinrent patiemment la flamme du capitalisme à l’état pur en la
défendant contre les tentatives keynésiennes de mettre les richesses en
commun pour créer des sociétés plus justes.<br />
“Selon moi, écrivait
Friedman dans une lettre adressée à Pinochet en 1975, l’erreur
principale fut de croire qu’il était possible de faire le bien avec
l’argent des autres.” Peu l’écoutèrent; la plupart des gens étaient
d’avis que les gouvernements pouvaient et devaient faire le bien. Dans
un article dédaigneux du magazine Time de 1969, on décrivit Friedman
comme un “lutin ou un enquiquineur”, un prophète adulé par une poignée
d’élus. Friedman passa donc des décennies dans une sorte d’exil
intellectuel. Vinrent enfin les années 1980 et les règnes de Margaret
Thatcher (qui qualifia l’économiste de “combattant pour la liberté
intellectuelle”), et de Ronald Reagan (qu’accompagnait, pendant la
campagne présidentielle, un exemplaire de Capitalisme et liberté,
véritable manifeste de Friedman). Enfin, des dirigeants politiques
avaient le courage d’imposer dans le vrai monde des marchés libres de
toute entrave. Selon cette histoire officielle, la libéralisation
pacifique et démocratique de leurs marchés respectifs par Reagan et
Thatcher fut suivie d’une période de prospérité et de liberté si
enviables que, au moment de l’effondrement des dictatures, de Manille à
Berlin, les masses exigèrent la doctrine économique de Reagan en plus de
leurs Big Macs.<br />
Lorsque l’Union soviétique s’effondra enfin, les
habitants de l’“Empire du mal” se montrèrent eux aussi empressés de
participer à la révolution ourdie par Friedman, au même titre que les
communistes devenus capitalistes de la Chine. Plus rien ne s’opposait
donc à la création d’un véritable marché mondial, au sein duquel les
entreprises nouvellement libérées auraient les coudées franches à
l’intérieur de leurs pays respectifs, et, de surcroît, seraient libres
de franchir les frontières sans contraintes et de répandre la prospérité
partout dans le monde. Concernant le fonctionnement de la société, un
double consensus s’affirmait à présent: il convenait que les dirigeants
politiques fussent élus et que les économies fussent administrées selon
les préceptes de Friedman. C’était, ainsi que l’écrivit Francis
Fukuyama, “la fin de l’histoire”, “le point final de l’évolution
idéologique de l’humanité”. Au moment de la mort de Friedman, on écrivit
dans le magazine Fortune qu’il “avait entraîné à sa suite la marée de
l’histoire”. Le Congrès des États-Unis adopta une résolution dans
laquelle Friedman était présenté comme “l’un des plus grands défenseurs
de la liberté, non seulement dans le domaine économique, mais sur tous
les plans”. Le gouverneur de la Californie, Arnold Schwarzenegger, fit
du 29 janvier 2007 la “journée Milton Friedman” dans tout l’État, et
plusieurs villes, petites ou grandes, l’imitèrent. Un titre du Wall
Street Journal résuma à merveille ce récit épuré: “Monsieur Liberté”.<br />
Extrait de Naomi Klein, <em>La Stratégie du choc, La montée d’un capitalisme du désastre</em>,
Léméac éditeur, Arles, 2008. Traduit de l’anglais (Canada) par Lori
Saint-Martin et Paul Gagné. Édition de poche, Actes Sud, Babel, 2010.<br />
<br />
<strong>Pour aller plus loin:</strong><br />
<ul>
<li>Un
film de Michael Winterbottom et Mat Whitecross donne un aperçu en 88
minutes des 860 pages de l’ouvrage de Naomi Klein -malgré les vives
critiques de l’auteur. On pourra le consulter <a href="http://www.youtube.com/watch?v=MKeiChMRWTU" target="_blank">ici</a> en version originale sous-titrée.</li>
<li>Longs entretiens avec Naomi Klein sur le site de la <a href="http://latelelibre.fr/libre-posts/naomi-klein-et-la-crise-financiere-13/" target="_blank">Télé libre</a>.</li>
<li>Un prolongement de l’analyse de Naomi Klein, dans le livre de Bernard Stiegler, <a href="http://arsindustrialis.org/etats-de-choc-b%C3%AAtise-et-savoir-au-xxi%C3%A8-si%C3%A8cle" target="_blank"><em>États de choc</em>,<em> Bêtise et savoir au XXIè siècle</em></a>, Paris, Mille et une nuits, 2012.</li>
<li>Une autre approche des crimes du capitalisme « pur », dès le dix-neuvième siècle: <a href="http://dormirajamais.org/famines/" target="_blank">Famines, libre-échange et colonisation</a>.</li>
<li>Sur
une approche complémentaire -et non contradictoire-, de la mise en
place des dictatures en Amérique latine, voir le livre de Marie-Monique
Robin, <em>Les escadrons de la mort, l’école française</em>, Paris, La Découverte, 2004, ainsi que l’entretien donné par l’auteur à la <a href="http://www.ldh-toulon.net/spip.php?article1778" target="_blank">Ligue des droits de l’homme de Toulon</a>.</li>
<li><a href="http://www.arretsurimages.net/vite.php?id=13482" target="_blank">L’analyse de Daniel Schneidermann</a>
sur une tentative manquée de récupération des attentats de Toulouse de
mars 2012. Nous sommes là, évidemment, en présence d’un cas très isolé,
peu susceptible de générer une peur massive, mais l’absence d’effet même
à court terme sur la campagne est révélateur aussi d’une
« vaccination » progressive des électeurs.</li>
<li>Quelques réflexions de Guy Debord sur le <a href="http://dormirajamais.org/commentaires-2/" target="_blank">terrorisme</a>.</li>
<li>Sur l’exemple italien: Gerardo Maffei, <em><a href="http://www.editionsdufelin.com/o-s-cat-r-488.html" target="_blank">Silvio’s glam democracy</a></em>, Le Félin, Paris.</li>
</ul>
<ol class="footnotes">
<li class="footnote" id="footnote_0_6718">« The Promise of Vouchers », Wall Street Journal, le 5 décembre 2005. [<a class="footnote-link footnote-back-link" href="http://dormirajamais.org/klein/#identifier_0_6718">↩</a>]</li>
<li class="footnote" id="footnote_1_6718">Ibid. [<a class="footnote-link footnote-back-link" href="http://dormirajamais.org/klein/#identifier_1_6718">↩</a>]</li>
<li class="footnote" id="footnote_2_6718"> Milton Friedman, assisté de Rose D. Friedman, <em>Capitalisme et liberté</em>, traduit de l’anglais par A. M. Charno, Éditions Robert Laffont, « Le monde qui se fait », Paris, 1971, p. 14 [<a class="footnote-link footnote-back-link" href="http://dormirajamais.org/klein/#identifier_2_6718">↩</a>]</li>
<li class="footnote" id="footnote_3_6718">Milton Friedman, <em>Inflation : Causes and Consequences</em>, Asia Publishing House, New York, 1963, p. 1. [<a class="footnote-link footnote-back-link" href="http://dormirajamais.org/klein/#identifier_3_6718">↩</a>]</li>
<li class="footnote" id="footnote_4_6718">Milton Friedman et Rose D. Friedman, <em>Two Lucky People. Memoirs</em>, University of Chicago Press, Chicago, 1998, p. 59. [<a class="footnote-link footnote-back-link" href="http://dormirajamais.org/klein/#identifier_4_6718">↩</a>]</li>
<li class="footnote" id="footnote_5_6718">Davison L. Budhoo, <em>Enough Is Enough. Dear Mr. Camdessus… Open Letter of Resignation to the Managing Director of the International Monetary Fund</em>, New Horizons Press, New York, 1990, p. 102 [<a class="footnote-link footnote-back-link" href="http://dormirajamais.org/klein/#identifier_5_6718">↩</a>]</li>
<li class="footnote" id="footnote_6_6718"> Michael Lewis, « The World’s Biggest Going-Out-of-Business Sale », The New York Times Magazine, le 31 mai 1998 [<a class="footnote-link footnote-back-link" href="http://dormirajamais.org/klein/#identifier_6_6718">↩</a>]</li>
</ol>
Médias Citoyens Dioishttp://www.blogger.com/profile/06769203187523772866noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-995174148176424425.post-72810618858816234042012-09-06T12:33:00.001-07:002012-09-06T12:33:35.919-07:00Quelle Ecologie ?<div class="cartouche">
<h2 class="titre-principal titre">
Critique de la societe
industrielle & Ecologie-radicale. De la nécéssité d’un
positionnement social et antifasciste ! </h2>
<span class="themes"></span>
</div>
<div class="moderation">
</div>
<div class="texte">
<h3 class="spip">
L’écologie, un thème de gauche ?</h3>
A l’heure où l’extrême-droite fasciste opère un retours inquiétant et
passe à l’offensive dans tout les millieux et sur tout les front, que
ce soit la rue, le monde du travail, où encore la culture, peut-on
encore laisser cette considation répandue qui voudrait comme une
évidence que l’écologie soit une thématique de gauche ? A l’évidence
non, et c’est pourquoi nous pensons que les mouvements luddites et
écologistes radicaux auxquels nous considérons appartenir doivent
réaffirmer des positions claire en ce qui concerne la lutte des classes
et particulièrement l’antifascisme. La proximité entre extrême-droite et
écologie où refus du progrès ne tiennent pas du simple opportunisme
mais ont toujours existés.<br />
<strong>Alors que d’importante luttes sont menées actuellement
(no-TAV, ZAD, anti-THT...) nous devons plus que jamais rester vigilants,
(re)connaitre notre énnemi et être en mesure de lui apporter une
réponse détérminée tant sur le plan idéologique que physique et c’est ce
que les prochains articles se donnent pour but de faire.</strong><br />
<h3 class="spip">
Origine des liens entre extrême-droite fasciste et
écologie. Les mouvements Volkish de la fin du XIXème siècle & La
révolution conservatrice allemande.</h3>
Les première théories s’approchant de ce que l’on pourrait appeler
l’éco-fascisme se font jour en Allemagne dans la première moitié du
XIXème siècle sous la plume d’Ernst Moritz Arnd qui prône l’amour de la
nature combinée au nationalisme puis Wilhelm Heinrich Riehl qui y
ajoute le romantisme du retours à la terre. A la même époque le mot
« écologie » sera inventé par le zoologue réactionnaire et
anti-humaniste allemand Ernst Haeckel, référence à l’époque pour les
partisans du darwinisme social, du racisme et de l’antisémitisme.<br />
A la fin du XIXème siècle en Allemagne le romantisme politique
(courants très conservateurs influencé par Nietszhe dans son pessimisme
anti-moderne) s’opposait à la modernité qu’il voyait comme source de la
décadence de la société. Il sera tout d’abord théorisé par Paul Lagarde
et Theodor Fritsch (qui dirigera plus tard des mouvements néo-païens
d’influence nationale). Il vas se dévelloper à l’époque tout un tas de
pratiques alternative allant du végétarisme au naturisme en passant par
les medecines douces et les première revendication écologistes vont se
faire jour. Mais toute ces expérience alternative ne sont pas
exclusivement le fait de libertaires disciple de Kropotkine où d’Elisé
Reclus, loin de là.<br />
A cette époque et dans ces millieux vas emerger le courant
néo-paganiste et pangermanique Volkish, c’est ce courant profondément
raciste qui placera l’aryen au sommet d’une hierarchie qu’il aura
établie entre les peuples et qui absorbera une bonne partie des millieux
antisémite de la fin du XIXème siècle et du début du Xxème. Les
Volkischer vont développer une vision completemment mysthifiée de
l’histoire et imaginer de nouvelles formes de cultes où la nature est
centrale, des communauté d’Homme prôche de cette dernière et libremment
soumis à d’autre Hommes plus fort naturellement. Le mouvement Volkische
sera défini par Peter Staudenmaier par ailleurs écologiste social comme
un « populisme ethnocentrique avec un mysticisme de la nature ».<br />
A partir de 1918 en opposition à la république de Weimar l’Allemagne
vas se trouver confronter à la révolution conservatrice qui l’a menée au
nazisme avec lequel nombre de ses acteurs comme Martin Heidegger où
Carl Schmitt vont collaborer. Une nouvelle foi on assiste à l’émergence
d’une véritable contre-culture appelée Wandervögel majoritairement de
droite et notamment influençée par Heiddeger.<br />
<dl class="spip_document_4374 spip_documents">
<dt><img alt="JPEG - 22.3 ko" height="252" src="http://grenoble.indymedia.org/local/cache-vignettes/L350xH252/Wandervogel_1926-79412.jpg" style="height: 252px; width: 350px;" width="350" /></dt>
</dl>
Au sein de la révolution conservatrice allemande se retrouve les
néo-conservateur (Ernst Junger,), les nationaux-bolchéviques (Ernst
Niekisch) et les Volkischer... Le courant Volkisch vas profiter des
évennements (défaite de l’Allemagne, proclamation d’une répulique,
forteagitation émanant des spartakistes...) pour opérer son retour,
rejoint notament par des personalités de premier plan.<br />
Dans son article de 2007 <i>« Terre & Peuple :: Quand les Gaulois sont dans la peine… »</i> la revue antifasciste REFLEXes évoque longuement ce courant :<br />
<blockquote class="spip">
« De tous les courants de la « révolution conservatrice » allemande,
le courant volkisch est sans doute le plus ancien puisqu’il émerge dès
la fin du XIXème siècle. À l’époque, ses centres d’intérêt reflètent une
bonne part des orientations culturelles de cette période : approche
« scientifique » des origines guidée par l’esprit positiviste et l’élan
romantique du mouvement des nationalités ; effervescence
« spiritualiste » née de la crise de l’identité religieuse
traditionnelle, en l’occurrence le christianisme. Ces deux voies
convergent chez les « Völkischen » dans la défense du « peuple » conçu
non comme masse mais comme identité, à la fois biologique et
spirituelle. Le courant völkisch est donc foncièrement tourné vers le
passé sans pour autant être réellement réactionnaire puisqu’il ne
cherche pas à revenir à une époque révolue mais à se rattacher à ce
qu’il considère être la plus lointaine origine. Un des fondements
intellectuels de ce courant est alors Herman Wirth, philologue de la
première moitié du XIXème siècle, qui, dans L’aube de l’humanité (1828),
entendait reconstruire l’histoire de la religion, du symbolisme et des
écrits d’une « race nordico-atlantique » primordiale, dont il faisait
remonter les origines au paleolithique. Wirth situait le berceau
originel de cette race dans la région correspondant à l’actuelle
Arctique et la décrivait comme porteuse d’une culture cosmico-symbolique
dont le thème central serait l’année solaire comme expression d’une loi
universelle de renouvellement, cycle dans lequel le solstice d’hiver
aurait revêtu une importance particulière.<br />
Dans cette recherche des origines, le monde indo-européen (terme qui
finit par l’emporter sur « indo-aryen ») est au centre des
préoccupations. Découverte par les linguistes à la fin du XIXème siècle,
« l’indo-européanité » identifiée comme noyau originel de la
civilisation européenne donna un socle scientifique plus solide au
courant völkisch. Ce dernier s’intéressa immédiatement au groupe
germanique des peuples indo-européens, considéré comme le moins dénaturé
et le plus proche des caractéristiques originelles. Reprenant des
arguments développés par Arthur de Gobineau, deux philologues vont
imposer leurs idées dans le courant völkisch : Hans F.K. Günther et
Ludwig Ferdinand Clauss. Si Günther est célèbre, Clauss l’est un peu
moins en raison d’une approche ethnique assez éloignée du racisme
« suprémaciste » d’essence coloniale fort en vogue à l’époque. Il
considérait en effet que chaque homme est porteur d’un « style »
caractéristique de l’âme du groupe ethnique auquel il appartient, style
fondamentalement distinct des caractères purement individuels : « chaque
race possède en elle-même le criterium de ses valeurs les plus hautes
et il n’existe pas de mesure commune qui puisse permettre de la comparer
à une autre ».<br />
Parallèlement à cette quête « raciale », le courant völkisch
développe tout un intérêt pour l’occultisme, en particulier en Allemagne
du Sud et en Autriche, terres catholiques s’il en est. La principale
conséquence de cet intérêt fut la création de petites sectes occultistes
et surtout un intérêt appuyé pour les runes, ancien alphabet nordique
dont les vertus divinatoires supposées ne pouvaient que les attirer. De
ces catholiques autrichiens apostats est venu également un antisémitisme
typiquement lié à leur origine et conjugué sur le mode classique du
conspirationnisme. D’autres tendances du mouvement désirèrent cependant
simplement refonder une religion purement allemande. Certains optèrent
pour la thèse fantaisiste du « Christ aryen » développée par Houston
Stewart Chamberlain dans ses Fondements du XIXe siècle publié en 1899.
Luther était à leurs yeux l’émancipateur de l’âme allemande, désormais
libérée du carcan méditerranéen et despotique de Rome. Ils prétendaient
achever la Réforme en purgeant le christianisme de son contenu spirituel
sémitique. L’absurdité théorique et l’impossibilité pratique d’un tel
projet n’échappèrent cependant pas aux plus lucides qui se tournèrent
alors vers le paganisme nordique ou vers une « religiosité
indo-européenne » plus large.<br />
Cette quête des racines de « l’âme allemande » amène les
« Völkischen » à porter une attention particulière aux traditions
populaires (fêtes, folklore, coutumes) où, sous le vernis chrétien, se
perpétuent des éléments beaucoup plus anciens, d’origine païenne. Dans
le même esprit, ils accordent une grande importance au paysage et leur
position est celle d’une écologie intégrale avant même que cette notion
ne connaisse la popularité qui est la sienne à partir des années 1960.
Défenseur de « l’art du terroir », ils créent ainsi un mode de vie
alternatif relativement hors norme pour l’époque. Enfin, très attachés
aux vertus privées du lignage et aux identités locales, les
« Völkischen » ont relativement peu théorisé sur ce qui leur semblerait
l’État idéal, la majorité se retrouvant dans la conception de l’empire
germanique avec ses libertés locales. »<br />
</blockquote>
<h3 class="spip">
L’écologie et le National-Socialisme</h3>
Le IIIème Reich et l’idéologie national-socialiste sont les héritiers
direct de la « révolution conservatrice » allemande et
particulièrement des Volkischer. Le journal de Munich, le Münchener
Beobachter, qui fut offert au Volkischer munichois par Rudolf Freiherr
von Sebotendorff (grand lecteur du Protocole des sage de Sion et chef de
la société de Thulé dont étaient membres bon nombre de dignitaires
nazis) devint ainsi plus tard l’organe officiel du NSDAP et s’appelera
le Volkischer Beobachter.<br />
<dl class="spip_document_4373 spip_documents">
<dt><img alt="JPEG - 47.4 ko" height="368" src="http://grenoble.indymedia.org/local/cache-vignettes/L300xH368/300px-Volkischer_Beobachter_front_page_Jan-_31_1933-7e3d0.jpg" style="height: 368px; width: 300px;" width="300" /></dt>
</dl>
Aussi étonnant que cela puisse paraître, ce fait étant rarement mis
en avant, l’écologie occupait une place centrale chez les nazis qui
étaient pour beaucoup sur ce point de véritables intégristes. Ainsi sous
le IIIème Reich l’agriculture biologique était favorisé et c’est en
Allemagne que fut crée la première réserve naturelle d’Europe.<br />
Une étude sur le sujet écrite par deux écologistes sociaux Janet Biehl et Peter Staudenmaier existe, intitulée <i>« Ecofascism : lessons from the German experience »</i>. Staudenmaier concluera son analyse de la manière suivante :<br />
<i>"Pour rendre cette consternante et dérangeante analyse plus
acceptable, il est tentant d’en tirer exactement les mauvaises
conclusions : à savoir, que même les engagements politiques les plus
répréhensibles produisent parfois des effets louables. Mais la vraie
leçon est exactement inverse : même la plus louable des causes peut être
pervertie et instrumentalisée pour être mise au service de la
sauvagerie criminelle. "L’aile verte" du NSDAP n’étaient pas un groupe
d’idéalistes innocents, désorientés et manipulés, ni même des
réformateurs de l’intérieur : ils étaient des promoteurs et des
exécutants conscients d’un programme infâme ouvertement dédié à une
violence raciste inhumaine, à une répression politique massive et à une
domination militaire mondiale"</i><br />
<br />
<br />
<div class="texte">
<h3 class="spip">
Terre & Peuples, les heritiers des Volkischer</h3>
<dl class="spip_document_4377 spip_documents">
<dt><img alt="JPEG - 16.9 ko" height="224" src="http://grenoble.indymedia.org/local/cache-vignettes/L298xH224/Photo-088-2e6a6.jpg" style="height: 224px; width: 298px;" width="298" /></dt>
</dl>
Le principal animateur de la revue Terre & Peuple aujourd’hui
n’est plus a présenter, il s’agit de l’une des figures de l’extrême
droite Française, Pierre Vial qui gère également en Rhône-Alpes le
groupe Europe-Identité et dont la revue antifasciste REFLEXes, toujours
dans son article de 2007 <i>« Terre & Peuple :: Quand les Gaulois sont dans la peine… »</i>, fait un rappel biographique :<br />
<blockquote class="spip">
« Né en décembre 1942, il s’engage très tôt dans la mouvance
nationaliste en rejoignant Jeune Nation en 1958. Le parti étant dissous
pour son engagement en faveur de l’Algérie Française, Vial adhère à la
Fédération des Étudiants Nationalistes au début des années 1960 et
participe à la fondation d’Europe-Action qui en est partiellement issue.
Comme beaucoup d’autres, il suit ensuite le parcours classique du
militant nationaliste : Mouvement Nationaliste de Progrès (MNP) en 1966
puis Rassemblement Européen de la Liberté (REL) en 1967. Mais il devient
une figure importante de la droite radicale en cofondant le GRECE au
printemps 1968 et en y prenant la responsabilité de la commission
Histoire l’année suivante. Animateur des structures lyonnaises du
Groupement, il en est surtout le secrétaire général de 1978 à 1984 ainsi
que le directeur de certaines des publications : Éléments, Études et
Recherches. Il devient également conseiller culturel de l’association
Domus lors de sa fondation le 04 novembre 1973. Celle-ci est la
structure qui gère la Domus Europa, propriété détenue par l’association à
Ventabren (13) et qui aujourd’hui encore est animée par l’un de ses
fondateurs au parcours quasi-identique à celui de Pierre Vial : Maurice
Rollet. La montée en puissance du FN, en particulier son accession à
l’Assemblée Nationale et, parallèlement, l’affaiblissement du GRECE miné
par l’absence de perspectives et les querelles internes poussent
certains des cadres de l’organisation à rejoindre la structure
frontistes à partir de 1987-1988, semblant ainsi tourner le dos à la
stratégie métapolitique qui était au cœur de la démarche néo-droitiste.
En 1990, Pierre Vial entre au Comité Central du FN et entame un parcours
classique de cadre politique : élections locales et législatives à
Villeurbanne et en Rhône-Alpes, formation et conférences, participation
aux publications, sans oublier les extra comme une intervention au
meeting de soutien à la Croatie libre organisé par Alain Sanders le 7
février 1994 et soutenu par le GUD. La crise de 1998 le voit participer à
la fronde mégretiste, sans doute à la fois par hostilité à certains
courants frontistes (« marinistes », catholiques nationaux de Bernard
Antony, partisans de Bruno Gollnisch) et par affinité avec la radicalité
politique d’une partie des partisans de Bruno Mégret. La scission est
d’ailleurs très violente en Rhône-Alpes où le FN est investi dans
certaines sociétés comme la SARL Telegone et la SCI Liberté. Vial
devient immédiatement un des dirigeants du FN-Mouvement National, futur
MNR, en prenant la responsabilité du secrétariat national aux milieux
populaires et au social dans l’organigramme du parti présenté par
B.Mégret le 10 novembre 1999. Mais l’absence de perspectives du MNR et
l’évolution politique du parti le mettent rapidement en porte-à-faux
avec Bruno Mégret et il est officiellement exclu du MNR le 14 octobre
2001 pour avoir critiqué les positions proaméricaines de B. Mégret,
suite aux attentats du 11 septembre que les proches de Vial ne se
cachent pas d’avoir fêtés. Il fonde alors le groupe Europe-Identité au
conseil régional Rhône-Alpes avec la poignée de conseillers MNR l’ayant
suivi. Ce groupe, à défaut de peser dans les décisions régionales,
s’avérera fort utile à Terre & Peuple puisque cela permettra à
l’association d’envoyer son courrier aux frais du contribuable sous
couvert de celui d’Europe-Identité. Il en sera de même des autres
facilités offertes par les mandats régionaux (au même titre que les
autres groupes politiques), en particulier en termes de frais de
déplacements. Europe-Identité fera d’ailleurs des « boutures » en
Champagne-Ardenne et en Midi-Pyrénées. »<br />
</blockquote>
Il est étonnant de constater que le parcours politique de Pierre Vial
bien qu’ayant commençé bien avant comporte bien des similitude (passage
à Nouvelle-Résistance et au MNR, carrièrisme au FN, soutien au
nationalistes Croates) avec ceux d’autre fascistes de première
importance, notamment Grenoblois comme André-Yves Beck où Jean-Marc
Vivenza.<br />
Terre & Peuple s’impose au sein de l’extrême-droite comme
l’heritiere de la pensée des Volkischer, on y retrouve énormément de
thèmes propre au Volkisch : histoire revisitée, paganisme,
enracinnement... Elle compte (toujours d’après l’article de REFLEXes)
autours de 1000 adhérents en France, sa Table Ronde annuelle réunit
entre 400 et 500 personnes et son noyau (ceux présents aux assemblés
communautaires par exemple) entre 50 et 60 personnes.<br />
<h3 class="spip">
L’écologie politique d’extrême-droite aujourd’hui en France Goldsmith, Waechter, de Benoist, Ozon et Cie</h3>
<dl class="spip_document_4378 spip_documents">
<dt><img alt="JPEG - 46.5 ko" height="226" src="http://grenoble.indymedia.org/local/cache-vignettes/L279xH226/robert-steuckers1-40325.jpg" style="height: 226px; width: 279px;" width="279" /></dt>
</dl>
<strong>En 1993</strong> Robert Steuckers quitte le <a class="spip_out" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/GRECE" rel="external">GRECE</a>
(Groupement de recherche et d’études pour la civilisation européenne)
après y avoir été le bras droit depuis 1981 d’Alain de Benoist. Il fonde
Synergie-Européenne réseau européen appartenant à la Nouvelle-Droite.
Synergie Européenne qui compte dans ses rangs des individus comme le
grenoblois <a class="spip_out" href="http://grenoble.indymedia.org/2012-04-30-L-implantation-de-l-extreme-droite">Jean-Marc Vivenza</a>
où les groupes écofascistes allemands Unabhängigen ökologen
Deutschlands et Arbeitskreis Grüne Trommel de Hambourg. Synergie
Européenne a des sections en France, en Belgique, au Portugal, en
Russie, en Autriche, en Latvie, en Lituanie, en Yougoslavie, en Italie
et en Allemagne.<br />
<strong>En 1994</strong>, Antoine Waechter est une figure de
l’écologie. Dans les années 70 il a été secretaire général de la
Fédération Alsace de l’Association régionale pour la protection de la
Nature, compte parmis les fondateur de Écologie et Survie, fait parti du
Mouvement d’Ecologie Politique. Il est l’un des porte-parole nationaux
des Vert à partir de leur fondation en 1984, candidat à la
présidentielle de 1988 il devient conseiller municipal de Mulhouse puis
députés Européen et conseiller régional d’Alsace.<br />
<dl class="spip_document_4375 spip_documents">
<dt><img alt="JPEG - 7.6 ko" height="217" src="http://grenoble.indymedia.org/local/cache-vignettes/L326xH217/AntoineW-25050.jpg" style="height: 217px; width: 326px;" width="326" /></dt>
</dl>
Cette année 1994 il quitte les Vert pour fonder le Mouvement
Ecologiste Indépendant. « Indépendant » car défendant une vision « ni
gauche ni droite » de l’écologie. Un slogan qui porte à confusion et que
les fasciste de tout poils adorent. On se rappelera Jacques Doriot,
ancien communiste devenu fasciste et collaborateur <i>"Ni droite ni gauche, en avant !"</i> et on ne pourra que faire le rapprochement avec le <i>"Gauche, droite. Marxisme et capitalisme divisent."</i> de Terre & Peuple où bien encore plus récemment,<i>"Droite des valeurs. Gauche du travail"</i> d’Egalité et Reconciliation, <i>"Ni droite, ni gauche. Identitaire !"</i> des identitaires où bien ceux de Troisième-Voie.<br />
<dl class="spip_document_4376 spip_documents">
<dt><img alt="JPEG - 34.7 ko" height="139" src="http://grenoble.indymedia.org/local/cache-vignettes/L240xH139/laurent-ozon-c4e20.jpg" style="height: 139px; width: 240px;" width="240" /></dt>
</dl>
Un an plus tard, Nouvelle-Ecologie est fondée <strong>en 1995</strong>
par Laurent Ozon (spécialiste au sein de la Nouvelle-Droite des
questions environnementales et du localisme) c’est la branche écologie
du GRECE. Nouvelle-Ecologie publie la revue Recours aux Forêts. Laurent
Ozon est aussi le fondateur de l’organisation écologiste Wildniss Club.
Le recours aux Forêts et le Wildniss Club appartiennent au courant
actuel de l’écologie profonde et sont liés au mouvement écologiste
américain Earth First ! Sur lequel nous reviendront plus tard.<br />
Les liens même indirect existent dès le départ entre Waetcher et l’éco-fascisme. <strong>En 1998</strong>
après avoir obtenu deux élu au éléction régionale Waetcher et son MEI
se rapprochent d’Edward Teddy Goldsmith fondateur en 1969 de la revue
The Ecologist dont il est le propriétaire et le rédacteur en chef.<br />
Edward Goldsmith, mort en 2009 qui était connu pour être un activiste
envirronementaliste au service de la Nouvelle-Droite et dont le frère,
James, avait racheté l’hebdomadaire (anticommuniste) l’Express avant de
le revendre en 1987 et à financé la fondation du MPF de Phillipe de
Villier à hauteur 3,5 millions de dollars. Goldsmith fréquente depuis
longtemps le GRECE dont le dirigeant Alain de Benoist compte parmis ses
amis et pour qui il finira par donner une première conférence en 1994.
Le milliardaire Edward Goldsmith sponsorise à travers toute l’Europe une
vision de l’écologie totalitaire et fasciste comme celle du GRECE mais
aussi de Synergie Européenne.<br />
<strong>En 1999</strong> Antoine Waechter participe (à l’instar de
Goldsmith ainsi qu’Alain de Benoist, François Terrasson et Serge
Latouche l’année précedente) au coloque de Nouvelle-Ecologie dont le
leader, Laurent Ozon qui ne veut pas que l’on s’en prenne à la nature et
prétend la proteger, reste quoiqu’il arrive un fasciste et un flic, il
est d’ailleurs le fondateur (<strong>en 2001</strong>) et le PDG de Storvision (figurant parmi les leaders du secteur de la vidéosécurité).<br />
<dl class="spip_document_4379 spip_documents">
<dt><img alt="JPEG - 25.9 ko" height="271" src="http://grenoble.indymedia.org/local/cache-vignettes/L244xH271/jean-robin-28be5.jpg" style="height: 271px; width: 244px;" width="244" /></dt>
</dl>
Jean Robin, soutien de Daniel Cohn Bendit en 1999, démissione des Verts <strong>en 2004</strong>. Il est, depuis sa démission régulièrement intervenu sur les ondes de Radio Courtoisie et a crée <strong>en 2006</strong> les <i>Editions du Tatamis</i> (destinée à éditer des ouvrages politiquement incorrect), il a fait campagne pour Dupont-Aignan l’année suivante (<strong>2007</strong>)<br />
Plus récemment, Laurent Ozon a fondé <strong>en 2008</strong> La
Maison Commune renforçant les liens existant déjà avec Serge Latouche
et le MAUSS et devient le compagnon de route des identitaires en
participant à la convention d’<strong>octobre 2009</strong> où le Bloc Identitaire se transformera officiellement en parti.<br />
<strong>En 2010</strong> le site d’extrême-droite, Enquète & Débat (conccurent de FdeSouche) est lancé par Jean Robin. <strong>En 2011</strong>
avec l’arrivé de Marine Le Pen à la tête du Front National, Laurent
Ozon est directemment plaçé par cette dernière au bureau politique du
parti pour s’y occuper de l’Ecologie. Cependant les divergence étant
trop forte Laurent Ozon quitte le FN sept mois plus tard. Par ailleurs
il faut mentionner que pour sa campagne présidentiel de 2012 le FN était
doté d’un programme écologique conséquent.<br />
<br />
<br />
<strong>A la peur de l’immigré et aux tentations de repli
communautaire s’ajoutent la tendances à un retour à l’ordre moral
conservateur. Nous vivons dans une société malade et les charlatans ne
manquent pas...</strong><br />
Si les technocrates utilisent les moyens technologiques pour
renforcer un système de domination de l’Homme sur l’Homme, on assiste
également sur le plan spirituel et moral à un retours en force du
religieux et du conservatisme. Les systèmes fascistes ont su par le
passé allier la domination par la contrainte physique (la discipline des
corps poussée à son paroxysme), à travers différend systèmes de
coercition technico-militaro-policier, et la domination par la
contrainte psychologique, basée sur l’aliénation des masses à travers
l’endoctrinement religieux ou patriotique, la hiérarchisation de la
société et la sanctification du pouvoir.
Cela se voit sur différents plans. La surmédiatisation des faits-divers
glauques, et des effets d’annonce contribue à renforcer l’idée d’une
société hostile et, en opposition, d’un état protecteur. Les mesures de
surveillance, la criminalisation de toute opposition efficiente au
pouvoir, l’alourdissement des peines n’est plus imposée mais réclamée
par une frange de la société abrutie. Si le phénomène touche comme on
pouvait s’y attendre les franges bourgeoises et vieillissante de la
société, il touche également les jeunes.<br />
L’organisation verticale des rapports sociaux et l’emprise croissante
de la marchandise dans ces derniers aboutissent de manière logique à
une société de contrôle consentie. La déshumanisation dont font l’objet
les individus réduits à l’état de marchandises, et qui perdent peu à peu
le contrôle sur leur vie et l’espace dans lequel ils évoluent, les
dispose tout entiers à accepter le totalitarisme marchand et l’abandon
de leur vie à ce dernier.
A travers l’illusion du bonheur matérialiste le mensonge capitaliste
perdure et s’amplifie. Et quand bien même la mondialisation capitaliste
et la financiarisation ont mené à la pire crise économique de
l’histoire, cette dernière ne fait que jeter dans les bras du
nationalisme et de la réaction les classes populaires.<br />
<i>« L’antisémitisme comme mouvement national a toujours été ce que
ces intigateurs aimaient repprocher au sociaux démocrates : le
nivellement. Ceux qui n’ont aucun pouvoir pour commander ne doivent pas
vivre dans des condition meilleures que celles du peuple. Tous les
suivistes avides ont au fond toujours su qu’ils n’y gagneraient rien
sinon la joie de constater que les autres n’en ont pas d’avantage »</i> <strong>Horkheimer & Adorno La dialectique de la Raison</strong><br />
Cette citation sur l’antisémitisme s’applique aussi bien aux formes
de racisme d’Etat que l’on a vu se mettre en place ces dernières années.
La différenciation et la mise en concurrence des individus sur des
critères absurdes, en lieu et place de l’analyse des rapports de
domination sape jour après jour les efforts du mouvement social et
laisse en revanche la part belle aux théories différentialistes.<br />
<strong>Il semble que le nombre des personnes à même d’avoir conscience de la nécessité de la lutte des classes ne cesse de décliner</strong>.<br />
Les médias marchands, largement dominants par leur nombre et leur
moyens financiers, cèdent peu à peu à la facilité, laissant de côté
l’analyse de fond et la recherche de la création artistique au profit
d’un traitement spectaculaire de l’information et la promotion d’une
culture de supermarché, recyclable à l’envi. Cette culture de
l’instantané et de l’éphémère se retrouve désormais dans les politiques
d’éducation et de recherche. A l’école l’acquisition de savoirs
automatiques est privilégiées au détriment de la réflexion personnelle,
la réduction du nombre de professeurs, les classes surchargées, et la
négation de l’enfant en tant qu’individu à part entière avec ses envies
propres, contribuent à une perte de repères des jeunes générations et de
la pertinence de leur bagage culturel et scientifique. Les alternatives
ne manquent pourtant pas, mais on leur préfère une vision autoritaire
et uniformisante de l’enseignement. Dans la recherche, les crédits sont
désormais orientés vers des technologies rentables à court terme, en
particuliers celles liées au contrôle des population, que ce soit dans
son volet techno-policier, ou socio-économique.<br />
<i>« Le totalitarisme... découle d’un système de production et de
distribution parfaitement compatible avec un puralisme de partis, de
journaux, avec la séparation des pouvoirs. »</i> <strong>Marcuse L’homme unidimensionnel</strong><br />
<h3 class="spip">
Le dangereux retours à la spiritualité où comment se crée potentiellement un contexte et des mentalités propices.</h3>
Que ce soit en un Dieu bienfaisant, en la main invisible du marché et
les vertus du progrès, ou même en la révolution, la croyance rassure
non seulement le croyant, mais aussi le pouvoir qui détient alors un
outil de contrôle formidable.<br />
<i>"Les hasards et les chances imprévus de fortune qui prédisposent
les bourgeois aux idées superstitieuses n’existent pas pour le
prolétaire ; et l’idée de Dieu ne peut apparaître dans le cerveau
humain, que si sa venue est préparée par des idées superstitieuses de
n’importe quelle origine."</i> <strong>Paul Lafargue</strong> Le déterminisme économique de Karl Marx<br />
Il n’est guère étonnant dans ce contexte de crise culturelle et
économique, de voir resurgir des théories obscurantistes. A mesure que
l’analyse rationnelle recule, les théories mystiques et religieuses
opèrent un retour pour le moins inquiétant. Elles concernent tout les
milieux et s’invitent dans tout les aspect de la vie. Elles participent à
la confusion générale et profitent à de nombreuses dérives. Des
théories créationnistes aux sectes new-age, l’éventail des fausses
réponses, des discours confusionnistes et des mensonges rassurants est
immense.<br />
De plus en plus d’individus se détournent en partie où complétement
de la lutte politique opposant les opprimés à leurs oppresseurs, de la
pensée révolutionnaire et des pratiques émancipatrices du mouvement
social pour chercher ailleurs des "solutions". Ainsi progresse partout
cette idée qui veut que quelque soit ses opinions (comprendre par là :
dans quel camp qu’il se place dans la guerre sociale) l’individu aurait
besoin de "spiritualité".<br />
<i>"Le monde aliéné apparait [...] comme le seul possible ; cela
suscite la transfiguration, la résignation, et la recherche d’un chemin
menant à la "vie" par l’experience mysthique irrationnelle, laquelle ne
peut évidemment rien changer à l’éssence de cette situation de fait. Ces
attitude qui exprimment plus l’écrasement de l’individu face au monde
sont inévitables à partir du moment où l’on renonce à toute praxis
possible..."</i> (propos sur les écologistes issu des classes moyennes extraits de la brochure <strong>Anonyme</strong> <i>"Les mythes décisifs. Aux écoeurés de Malville"</i>)<br />
<h3 class="spip">
Les initiatives de l’extrême-droite identitaire en France sur fond de retours à la terre.</h3>
<strong>A l’extrême-droite le courant identitaire est sans aucun
doute pour la dernière décénie, celui qui a pris le plus d’initiatives
concrètes dans tout les domaines.</strong> Suivant sa methode basée sur
la métapolitique il se sont employés sans relache a investir tout les
terrains et notamment ceux abandonnés par le FN et a occuper un maximum
d’espace.<br />
<i>« La métapolitique est une conception idéologique et une pratique
politique qui vise à s’inscrire dans les rapports de force sociaux et
économiques en déployant des concepts au niveau culturel pour influencer
la sphère politique et y faire progresser ses idées. Il s’agit de
considérer que la vision que la société porte sur elle même doit être
modifiée préalablement à une tentative de changement de société. Vision
politique adaptée au contexte social actuel, la métapolitique est une
des formes d’action politique. » (Source : « Métapolitique et
stratégies des droites radicales »).</i><br />
<strong>Cela vas par exemple de l’ouverture de locaux aux allures de
centres sociaux et culturels et à l’occupation de certains quartiers
dans les grandes villes à des démarche de retours à la terre...</strong> On a déjà vu <a class="spip_out" href="http://grenoble.indymedia.org/2012-06-06-Critique-de-la-societe">dans un premiers articles</a>
que l’écologie faisait partie intégrante de l’extrême droite. Le blog
11sept2010.wordpress (aujourd’hui : Le blog du Drapeau Noir) avait déjà
entamé ce travail d’enquète il y a un an...<br />
On ne citera pas toutes les revues, les petites maisons d’éditions,
les ateliers artisanaux, boutiques d’artisanat enracinés. Le plus grand
des succés des identitaire restant néamoins l’ouverture de ses Maisons
de l’Identité, inspiré par les Casapound, centre sociaux fasciste qui
fleurissent dans toute l’Italie. Aujourd’hui elle sont au nombre de
huigt (« La Barricade » à Paris, la « Vlaams Huis » à Lille, « La maison
de l’Artois » dans le Nord-Pas-de-Calais, « Lou Bastioun » à Nice, « La
Traboule » à Lyon, « Ti-breizh » dans le Finistère, « l’Echoppe » à
Bordeaux et « l’Oustal » à Toulouse). Sur le mouvement Casapound en
Italie qui a inspiré ces locaux on peut lire la brochure « Sortir des
égouts : de l’égémonie culturelle de droite au fascistes du troisième
millénaire » édité par Tatanka, et voir le documentaire d’Arte « Casa
Pound une maison occupée par l’extrême droite »)<br />
<strong>Mais la plus inquiétante des initiatives identitaire reste La Desouchière.</strong>
Une bière artisanale. En se penchant un peu sur ce cas particulier on
se rend compte qu’il s’agit d’individus issu de la mouvance identitaire
qui ont racheté quelques batiments et crée une SCI dans une petite
commune. Le but étant d’installer une véritable colonie d’individus. La
methode est à peu près la même que pour certaines Maison de l’identité,
le blog 11sept2010.wordpress (aujourd’hui : Le blog du Drapeau Noir)
l’analysait déjà il y a un an :<br />
« Attirer des gens vers des communautés fermées, isolées, et animées
par un concept ésotériquo-spirituo identitaire fumeux, puis organiser le
tout financièrement pour qu’il essaime, je ne pense pas être le seul à
voir là dedans une dérive sectaire. »<br />
Olivier Bonnet, fondateur de La Desouchière est intervenu à la 3ème
Journée Nationale et Identitaire organisée à l’occasion du 3ème
anniversaire de la revue Synthèse Nationale ainsi qu’à la 11éme
Rencontre des Identitaires de Coloma organisée par Terre &
Peuple-Wallonie pour parler de « la ré-appropriation par la culture
locale, par les habitudes alimentaires locales, par les randonnées
locales, par les traditions vestimentaires, les fêtes, les rites, les
lieux sacrés locaux, l’économie équitable, le mouvement coopératif, le
micro-capitalisme, la perma-culture biologique, les activités éducatives
et sportives locales, etc ».<br />
Message du fondateur de la desouchiere en octobre 2008 :<br />
<blockquote class="spip">
« Le but Il doit être fixé de manière claire de façon à ce que chacun en
soit bien conscient avant de s’engager de la façon qui lui convient.
Cependant, il faut demeurer relativement évasif dans les documents
officiels (statuts des sociétés et associations éventuelles), de manière
à ne pas prêter le flanc à la critique de nos adversaires, ni éveiller
les soupçons des autorités du lieu finalement choisi. Si une SCI doit
acheter des maisons, des terrains, des appartements, elle doit pouvoir
le faire tout naturellement, sans tapage inutile. c’est la partie la pus
délicate du démarrage. une fois des biens immobiliers acquis, il
devient quasiment impossible de s’opposer à l’arrivée de nouveaux
habitants dans la commune »<br />
« Je ne détaillerai pas ici et maintenant les méthodes qui permettent
de limiter les risques mais il me semble par exemple qu’il vaudrait
mieux éviter de débarquer dans un coin étendard au vent. L’implantation
ne doit pas être avant tout politique, a mon sens le but premier doit
être de s’intégrer et de se faire accepter, apprécier, des habitants du
cru, en adoptant un comportement exemplaire. »<br />
« Il serait judicieux de choisir une commune peu peuplée afin de
pouvoir assez rapidement placer un maire souchien. Si nous sommes
suffisamment nombreux nous pourrons mécaniquement gagner les
municipales.
Une liste dite apolitique simplement souchienne. »<br />
« C’est même réalisable au niveau d’un canton pour peu que le projet prenne de l’ampleur »<br />
« L’arrivé dans une mairie ou au moins dans les conseils municipaux
pour debuter (avec menagement de la population de souche -la vrai- lol)
est en effet indispensable mais doit se faire delicatement (que l’on est
pas l’impression de debarquer et vouloir prendre le pouvoir) dans le
cas contraire on ne se distinguerai pas beaucoup des migrateurs
allogènes. Il faut avant avoir mené de bonnes actions, des
rehabilitations et acquis la confiance des gens. Mais en effet,
l’entrisme dans les listes municipales offrira beaucoup d’autres
perspectives. »<br />
« il faut donc s’installer dans une commune déjà existante et réussir
à y placer notre maire. Le contrôle de la mairie nous permettra de
contrôler les permis de construire et en conséquence, de contrôler
l’accroissement, la rigueur des construction, le bon emploi des fonds
publics et la tenue de l’école. »<br />
« Imaginez donc une commune en voie de désertification, avec 100
électeurs inscrits (car c’est ainsi dans les campagnes, il y a toujours
plus d’électeurs inscrits que d’habitants à l’année, enfants compris) et
10 nouveaux arrivants, qui sont 30 au bout de 18 mois et plus de 50 en 3
ans : ils prennent ensuite la mairie avec leur liste entière (11 élus,
donc le maire plus l’ensemble du conseil municipal) sans problème. »<br />
« Il y a déjà des camarades qui ont franchis le cap du retour à la
terre. Vu le peu d’entre-nous qui ont eu le courage de passer à l’acte
(moi compris), ils sont amenés à avoir des échanges (de produits,
d’animaux et de services) avec les gauches sans que ses derniers les
soupçonnent en rien. Et même parfois, s’ils ont un soupçon, le fait de
partager la même vie, le respect s’installe. Il suffit de ne pas faire
de prosélytisme et d’avoir un peu d’humour. Les gauches, eux, sont bien
plus nombreux que nous à être redevenus paysans et dans ce domaine ils
sont bien plus cohérents que nous. »<br />
« Et je répète, pour les gauches il n’y a pas de soucis à ce faire.
Ceux des ville, les plus pourris, ne viennent pas à la campagne. Et vous
seriez surpris de voir que les gauches de la campagne ont bien des
point communs avec nous. Sauf pour les questions raciales. C’est là où
ils sont incohérents et ils s’en rendent compte parfois. Ceux-là ne
viendront pas manifester devant chez vous si vous ne faites pas dans le
prosélytisme. Soyons 95 % paysans, 5% politique. »<br />
« SI le projet est bien amené, bien presenté sans provocation (et il
n’y a pas de raisons qu’il y en aient) les gauchistes ou autre nuisibles
n’y verront que du feu. »<br />
« Mais bon, si l’ont n’arrivent pas avec nos gros sabots, je ne vois
pas de crainte. Il suffira d’employer les arguments simples de
“developement durable”, “mise en valeur du patrimoine local”, très en
vogue actuellement.
Et surtout être discrets sur nos buts et notre philosophie. Il nous
faudra mettre en avant notre côté “écolo-développement-durable” (bien à
la mode) sans pour autant verser dans l’idéologie qui la sous-tend
actuellement,… »<br />
</blockquote>
Plusieurs endroits sont depuis plus d’un ans en cours d’infiltration
par cette secte. Nous allons ici nous contenter de donner quelques
indication :<br />
<img alt="-" class="puce" height="11" src="http://grenoble.indymedia.org/local/cache-vignettes/L8xH11/puce-32883.gif" style="height: 11px; width: 8px;" width="8" /> Sur le blog (<a class="spip_out" href="http://tourdeurope.over-blog.com/" rel="external">http://tourdeurope.over-blog.com</a>)
tenu par Fanny TRUILHE et Mathilde GIBELIN, on peut constater que des
écoles primaires tombent dans le piège et offre une tribune de choix
auprès de jeunes enfants, relayée par la tribune et le midi libre.<br />
<img alt="-" class="puce" height="11" src="http://grenoble.indymedia.org/local/cache-vignettes/L8xH11/puce-32883.gif" style="height: 11px; width: 8px;" width="8" /> « La ferme du bout du monde » (<a class="spip_out" href="http://lafermeduboutdumonde.fr/" rel="external">http://lafermeduboutdumonde.fr</a>) implantée à la Parrade 43850 Alleyras est elle aussi née d’un trip retour aux racines gauloises.<br />
<img alt="-" class="puce" height="11" src="http://grenoble.indymedia.org/local/cache-vignettes/L8xH11/puce-32883.gif" style="height: 11px; width: 8px;" width="8" /> « Retours à la Terre » (<a class="spip_out" href="http://retouralaterre.canalblog.com/" rel="external">http://retouralaterre.canalblog.com</a>)
se présente comme un projet de potager collectif situé à côté de
Montluçon dans l’allier qui se définit lui-même comme ceci : “Notre
démarche s’inscrit dans une logique comptant de plus en plus d’adeptes
parmi les citadins : celle du “ré-enracinement”. Ce principe peut être
“intérieur” (la redécouverte de ses racines), ou physique, par un retour
à la terre (comme l’indique le nom de ce blog), l’un accompagnant
l’autre le plus souvent.” Le lien avec l’AMAP du Bourbonnais affiché est
à vérifier.<br />
<img alt="-" class="puce" height="11" src="http://grenoble.indymedia.org/local/cache-vignettes/L8xH11/puce-32883.gif" style="height: 11px; width: 8px;" width="8" /> L’art des mêts (<a class="spip_out" href="http://www.lartdesmets.eu/" rel="external">http://www.lartdesmets.eu</a>)
Sandrine Mesguich, La Cigogne 03210 Gipcy. Une boutique de graines qui
propose également des stages. Identitaire et destinée aux cibles
particulièrement en quête de spiritualité, elle propose par exemple de
“s’élever en douceur vers la santé des trois corps : physique, mental et
spirituel”. Particulièrement inquiétant…</div>
</div>
<br class="nettoyeur" />
Médias Citoyens Dioishttp://www.blogger.com/profile/06769203187523772866noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-995174148176424425.post-63992457460961473492012-08-07T02:32:00.000-07:002012-08-07T02:32:01.246-07:00Sport : Quel fête ?<div class="clearfix" id="story_head">
<h1>
La sombre histoire du comtié international olympique : fascisme, nazisme et antisémitisme</h1>
<div class="info st_date">
lundi 06 août 2012 </div>
<h4 class="chapeau">
Par Daniel Salvatore Schiffer. Les Jeux
Olympiques battent leur plein en cet été 2012. C'est une immense fête
populaire. Les yeux du monde entier sont rivés sur Londres. Les
meilleurs athlètes y accomplissent leurs exploits sportifs. On y exalte,
par médias interposés, les valeurs de l'olympisme : fraternité entre
les peuples, égalité des races, amitié entre les ennemis d'hier, éloge
de la paix. Bref : c'est la fameuse et très louable « trêve
olympique » ! </h4>
<div id="st_pics">
<img alt="La sombre histoire du comtié international olympique : fascisme, nazisme et antisémitisme" height="300" id="main" src="http://www.lesoir.be/zc/vignettes475x300/mediastore/_2011/aout/du_1_au_10/_06_olympique.jpg" width="475" /> </div>
</div>
<div id="story_body">
<div class="st_first_p with_img">
Certes ces principes, que l'on voudrait
universels, sont-ils magnifiques en soi. Sauf que cette instance
suprême qu'est le Comité International Olympique (CIO) ne cessa, au
cours de son histoire, de les trahir, pour n'en faire finalement que
d'obscurs alibis, souvent purement théoriques, destinés à mieux
dissimuler, sous couvert de moralité, ses graves dérives idéologiques
(sans parler même de ce que j'appelais ailleurs, d'une formule très
rimbaldienne, ses « horreurs économiques » : <a href="http://www.lepoint.fr/sport/jeux-olympiques/l-horreur-economique-des-jeux-olympiques-26-07-2012-1489844_761.php">http://www.lepoint.fr/sport/jeux-olympiques/l-horreur-economique-des-jeux-olympiques-26-07-2012-1489844_761.php</a>). </div>
1936, COUP DOUBLE POUR HITLER : LES JO D'HIVER ET D'ETE <br />
La
plus condamnable de ces dérives idéologiques est, sans conteste, son
honteuse compromission, sur le plan politique, avec le fascisme
triomphant puis le nazisme naissant, le tout assorti d'une non moins
détestable dose d'antisémitisme. Cette longue et impardonnable série de
compromissions avec les pires régimes dictatoriaux eut lieu - peu de
gens s'en souviennent aujourd'hui - lors des Jeux Olympiques d'hiver de
1936, qui se tinrent, du 6 au 16 février, dans la petite ville allemande
de Garmisch-Partenkirchen. Cette année-là, ces Jeux, ardemment
désirés par Hitler, arrivé au pouvoir trois ans auparavant (1933),
furent organisés, afin de lui servir de vitrine tout autant que de
tribune, par Joseph Goebbels en personne, Ministre de la Propagande du
Troisième Reich. C'est un aristocrate belge, le comte Henri de
Baillet-Latour, antisémite notoire, qui était alors le président, depuis
1925 (année ou Pierre de Coubertin abandonna cette fonction pour en
devenir le « président d'honneur à vie »), du Comité International
Olympique. Voici ce que Baillet-Latour, obsédé par ce « double péril »
que représentaient pour lui communistes et juifs, écrivait en 1940 : «
Terrible bataille entre les barbares soviétiques et les Finlandais (…).
Cette guerre que les Bolchéviques attendaient depuis 1920 devint un fait
réel grâce à l'aide des Juifs, pour le seul bénéfice de la Russie
rouge. » Et de déplorer, dans la foulée, que l'Allemagne nazie perdît
ainsi, à cause de ces « méfaits » des Juifs, « le contrôle de la
Baltique », dont, insistait-il, les Etats étaient pourtant « imprégnés
de culture germanique depuis mille ans ». C'est cette admiration pour
cette « culture germanique », précisément, qui fit que ce même
Baillet-Latour éprouva une grande fierté, lors de la cérémonie
d'ouverture de ces Jeux olympiques d'hiver de 1936, à se faire
photographier, ainsi que le montre un célèbre cliché, entouré, à sa
gauche, d'Adolf Hitler, lequel se répandait alors en saluts nazis pour
accueillir les athlètes à l'intérieur du stade, et, à sa droite, de
Rudolf Hess, son diabolique dauphin. En voici, très concrètement,
l'indéniable preuve matérielle : <br />
<a href="http://no.wikipedia.org/wiki/Fil:Bundesarchiv_R_8076_Bild-0019,_Olympische_Winterspiele.-_Er%C3%B6ffnung.jpg">http://no.wikipedia.org/wiki/Fil:Bundesarchiv_R_8076_Bild-0019,_Olympische_Winterspiele.-_Er%C3%B6ffnung.jpg</a> <br />
Un trio d'enfer, effectivement : le plus terrifiant des podiums
olympiques, que l'actuel CIO prend bien soin, afin de ne pas ternir son
image de marque, de ne pas divulguer ! Il est par ailleurs d'autres
éléments, non moins accablants pour lui, que le CIO tente de passer,
tout aussi lâchement, sous silence. Parmi eux, la course relais de la
flamme olympique, symbole par excellence des olympiades modernes. Car
si un de ses documents officiels stipule bien qu'elle fut l'invention,
en cette même année 1936, mais lors de Jeux Olympiques d'été de Berlin
cette fois, d'un certain Carl Diem, il omet sciemment de préciser,
cependant, l'essentiel : Carl Diem, officier allemand, était lui aussi
un dignitaire nazi, que le Ministre des Sports du Troisième Reich (Hans
von Tschammer und Osten, lui-même sous la tutelle de Goebbels), nomma,
en raison de son pragmatisme bureaucratique et de son efficacité toute
teutonne, Secrétaire Général du Comité Organisateur de ces mêmes Jeux.
Voici, à ce propos, ledit document officiel, enrobé de ce mensonge par
omission, du CIO : <br />
<a href="http://www.olympic.org/Documents/Reference_documents_Factsheets/Le_relais_de_la_flamme_olympique.pdf">http://www.olympic.org/Documents/Reference_documents_Factsheets/Le_relais_de_la_flamme_olympique.pdf</a> <br />
Voici à présent le véritable rapport existant entre la course relais de la flamme olympique et le nazi Carl Diem : <br />
<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Carl_Diem">http://fr.wikipedia.org/wiki/Carl_Diem</a> <br />
Comme quoi idéal olympique et rêve nazi ont parfois fait bon ménage, aussi abominable fût-il, au cours de l'Histoire ! <br />
BERLIN : LES JEUX DE LA HONTE, ET COUBERTIN COMPLICE <br />
Berlin 1936, donc, du 1er au 16 août : les Jeux de la honte ! C'est à
leur occasion que le Comité International Olympique atteignit, en effet,
un rare sommet d'abjection. Son président, le même comte Henri de
Baillet-Latour, par ailleurs toujours aussi immanquablement flanqué du «
Führer », déclara avoir alors éprouvé une « grande joie à la suite de
ces merveilleux Jeux Olympiques ». Quant à son prédécesseur, le baron
Pierre de Coubertin, qui admirait « intensément » Hitler et que vénérait
Maurras au temps où il était directeur de la très pétainiste « Action
Française », il fut plus dithyrambique encore à leur égard : « Je veux
remercier le gouvernement et le peuple allemands pour l'effort dépensé
en l'honneur de la onzième Olympiade » , affirma-t-il, peu avant leur
cérémonie d'ouverture, lors d'un entretien accordé à la radio allemande.
Et d'ajouter, lors de son discours de clôture : « Que le peuple
allemand et son chef soient remerciés pour ce qu'ils viennent
d'accomplir. » Quant à ceux qui, embarrassés par ce type de
commentaire, lui demandaient s'il ne nourrissait pas quelque scrupule à
soutenir pareil régime, ils n'obtenaient, en guise de réponse, que ce
genre d'aberration : « Comment voudriez-vous que je répudie la
célébration de la onzième Olympiade ? Cette glorification du régime nazi
a été le choc émotionnel qui a permis le développement qu'elles (les
olympiades) ont connu ! » Quoi d'étonnant, face à semblable
enthousiasme et devant pareille publicité, si Hitler, qui n'en demandait
pas tant pour vanter son régime aux yeux du monde, projeta de lui
ériger une gigantesque statue, comme seuls les délires nazis pouvaient
les concevoir et construire, en plein centre du stade de Berlin ? Mieux :
il le proposa officiellement, pour le remercier, comme lauréat du prix
Nobel de la paix (sic) : ce que à quoi la prestigieuse Académie d'Oslo
se refusa bien évidemment, à juste raison, d'acquiescer ! Voici, à ce
sujet, une photo de la cérémonie d'ouverture des JO de Berlin en 1936,
où l'on voit Adolf Hitler, arborant la croix gammée, saluer le drapeau
olympique. On y distingue, à sa droite, entre lui et Rudolf Hess encore,
le président du CIO, Henri de Baillet-Latour : <br />
<a href="http://www.ushmm.org/wlc/fr/media_ph.php?ModuleId=284&MediaId=1945">http://www.ushmm.org/wlc/fr/media_ph.php?ModuleId=284&MediaId=1945</a> <br />
Certes le comte de Baillet-Latour n'était-il jamais, argueront ses
défenseurs en vue de l'excuser, qu'un homme de son temps, ni plus ni
moins coupable qu'un autre face aux compromissions de l'Europe tout
entière par rapport à l'avènement du nazisme. De même, insisteront-ils,
le baron de Coubertin n'était-il jamais, en France, qu'un homme de la
Troisième République : celle-là même qui, engluée dans l'antisémitisme
ambiant, condamna arbitrairement, sous la présidence de Félix Faure, le
capitaine Dreyfus. Peut-être ! A cette différence près, toutefois,
qu'il y eut néanmoins, à l'époque, des consciences suffisamment
vigilantes et éclairées, dotées de lucidité intellectuelle tout autant
que de courage moral, pour dénoncer cette sorte d'esprit de Munich,
capable des pires capitulations, avant la lettre. Au sein de ces hommes
exemplaires émergea alors le grand Georges Clemenceau, qui publia
notamment, dans son journal « L'Aurore », le « J'accuse » d'Emile Zola,
mais que, face à son opposition pourtant radicale vis-à-vis de
l'hitlérisme de Coubertin, personne n'écouta cependant. Et ce, malgré le
soutien appuyé, sur cette épineuse mais importante question, de Léon
Blum. La suite de ces sombres événements lui donna, hélas,
tragiquement raison lors de la Seconde Guerre mondiale : 50 millions de
morts en Europe - le pire carnage de l'histoire de l'humanité - et 6
millions de juifs exterminés à Auschwitz ! <br />
UN ANTISEMITE (BRUNDAGE) ET UN FRANQUISTE (SAMARANCH) A LA TÊTE DU CIO <br />
Et puis, il y encore ceux qui nous diront envers et contre tout,
nantis de cette obstination confinant à l'aveuglement, que l'hitlérisme
n'était pas encore, à l'époque, le nazisme, et que personne, donc, ne
pouvait prévoir le désastre à venir. Faux, dans la mesure où cette
fatidique année-là, 1936, fut précisément celle durant laquelle Hitler
mit stratégiquement en place, avec la nomination de ses plus fidèles
lieutenants aux postes clés et leviers de pouvoir, tout le système
idéologique du Troisième Reich, dont la création des unités SS avec
écusson à tête de mort (la « Totenkopffuerbande ») par Himmler,
l'édification du NSDAP (le « Parti National-Socialiste des Travailleurs
Allemands », qui régentait l'institut pour l'étude de la « question
juive ») par Goebbels, et l'affectation de Göring au double poste de
commandant en chef de la « Luftwaffe » ainsi que de la politique d' «
aryanisation » (en réalité mise en œuvre, dans toutes les organisations
sportives du Reich, depuis 1933 déjà). Et ce, à l'encontre, non
seulement des juifs, mais aussi des tziganes et des homosexuels,
considérés médicalement, selon les théories de l'eugénisme alors en
vogue, comme « dégénérés » tant sur les plans biologique
qu'anthropologique. Ainsi est-ce en cette même année-là, 1936
toujours, que les premières persécutions antisémites apparaîtront, en
Allemagne, au grand jour : pas moins de 114 lois antijuives y seront
édictées pendant le seule période s'étalant entre les Jeux Olympiques
d'hiver, à Garmisch-Partenkirchen, et ceux d'été, à Berlin, tandis que
tous les athlètes juifs de l'équipe nationale allemande, et certains de
tout premier plan (Erich Seelig pour la boxe ; Daniel Prenn pour le
tennis ; Gretel Begmann pour le saut en hauteur), en seront
systématiquement exclus. Davantage, le 16 juillet 1936, soit deux
semaines avant l'ouverture de ces JO d'été, 800 Tziganes et Rom résidant
à Berlin furent arrêtés arbitrairement, lors d'une rafle orchestrée par
la police allemande, puis internés tout aussi abusivement, sous la
garde des SS, dans un camp - ce fut là le premier camp de concentration
de l'histoire nazie - alors spécialement aménagé à cet effet : celui de
Marzahn, quartier situé dans l'est de Berlin. La plupart de ces
prisonniers-là, dont beaucoup y furent exécutés sommairement, n'en
sortiront jamais plus ! Voici, à ce sujet, une photo, datant de cette
époque-là, du camp d'internement de Marzahn-Berlin, avec, comble du
cynisme, les propres roulottes des gitans en guise de baraquements de
fortune : <br />
<a href="http://www.ushmm.org/wlc/fr/media_ph.php?ModuleId=75&MediaId=2310">http://www.ushmm.org/wlc/fr/media_ph.php?ModuleId=75&MediaId=2310</a> <br />
Sur ce premier crime de guerre commis par le Troisième Reich, en plein
Jeux Olympiques, ni le puissant président du CIO, Henri de
Baillet-Latour, ni son illustre président d'honneur à vie, Pierre de
Coubertin, lesquels étaient pourtant parfaitement au courant de cette
situation ainsi que l'attestent de nombreux documents historiques, ne
pipèrent jamais mot, le couvrant ainsi honteusement, du haut de leur
prestige international, d'un très complice, et d'autant plus coupable,
silence. Pis : le président du Comité National Olympique Américain
d'alors, Avery Brundage, antisémite chevronné, nazi convaincu et membre
actif de deux associations ultra racistes Outre-Atlantique, « America
First » et « Sigma Alpha Epsilon Fraternity », relativement secrètes et
toutes deux proches du tristement célèbre « Ku Klux Klan », convainquit
les Etats-Unis d'Amérique, sous prétexte que « les Juifs étaient bien
traités par le Reich », de ne pas boycotter ces Jeux de Berlin.
C'est précisément pour ces services alors rendus à la cause olympique
que ce très zélé disciple d'Hitler, et que Göring recevait régulièrement
en grande pompe, fut nommé, en 1952, président du CIO, puis, en 1972, «
président d'honneur à vie » lui aussi ! Son prédécesseur, le suédois
Sigfrid Edström, président du CIO de 1946 à 1952, se livra, lui, à un
odieux marchandage : il conditionna la reconnaissance du Comité National
Olympique de l'URSS à la libération de Karl Ritter von Halt, ancien «
Reichsportführer » (Ministre des Sports sous Hitler) retenu captif par
les Soviétiques et lui-même élu membre, en 1937, du comité exécutif du
CIO. Ritter, pour corser l'affaire, retrouva, intact, son siège, de 1951
à 1961, de président du Comité National Olympique d'Allemagne !
Voici, à ce propos, une photo de l'entrée triomphale d'Adolf Hitler,
entouré des principaux membres du CIO (dont Baillet-Latour et Brundage),
lors de la cérémonie d'ouverture, le 1er août 1936, des JO de Berlin :
<br />
<a href="http://www.linternaute.com/savoir/magazine/adolf-hitler/jo-de-1936.shtml">http://www.linternaute.com/savoir/magazine/adolf-hitler/jo-de-1936.shtml</a> <br />
Et
puis, très amère cerise sur le gâteau, il y eut cette funeste mais
décisive date du 18 novembre de cette même année 1936, soit trois mois
après, à peine, de la clôture de ces Jeux de Berlin. C'est ce jour-là,
en effet, qu'eut lieu le départ des aviateurs allemands de la légion «
Condor », placés sous les ordres de Göring, pour aller combattre en
Espagne, contre les républicains, aux côtés des fascistes de Franco, au
premier rang desquels émergeait alors, franquiste parmi les franquistes,
un certain Juan Antonio Samaranch, qui militait déjà, en ce temps-là,
dans les rangs serrés des très fascistes « Phalange Espagnole
Traditionnaliste » (FET) et autres « Juntes Offensives
National-Syndicalistes (JONS), mais qui, surtout, deviendra lui aussi,
de 1980 à 2001, l'inamovible président du CIO ! Pour tragique rappel,
c'est cette même légion « Condor », contre laquelle bataillèrent
héroïquement les brigades aériennes du grand Malraux, qui, cinq mois
plus tard seulement, le 26 avril 1937, bombarda, de sinistre mémoire, le
village de Guernica : massacre que Picasso immortalisa, avec le génie
pictural que l'on sait, dramatiquement. En voici le douloureux mais
éloquent tableau : <br />
<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Mural_del_Gernika.jpg">http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Mural_del_Gernika.jpg</a> <br />
«
No passeran », disaient les résistants espagnols… sauf pour ce futur
président du CIO que fut donc l'indigne marquis de Samaranch, qui, nommé
par Franco, en 1967, « Secrétaire des Sports » dans le Gouvernement
Espagnol, ne craindra pas d'affirmer encore, au soir de la mort de ce
sanguinaire dictateur, advenue en 1975, que « la figure et l'œuvre
réalisée par la Caudillo s'inscrira dans l'histoire comme l'un des plus
grands Chefs d'Etat du XXe siècle ». « No comment » ! <br />
QUAND JACQUES ROGGE, ACTUEL PRESIDENT DU CIO, HONORE LA MEMOIRE DE L'ANTISEMITE ET NAZI BAILLET-LATOUR <br />
Mais j'entends déjà les supporters et autres inconditionnels partisans
du Comité International Olympique crier là au scandale, sinon à
l'infamie : ce n'est là qu'histoire ancienne, sur laquelle ce même CIO a
tourné la page, me rétorqueront-ils. Ce à quoi je leur répondrai, pour
ma part, que non, justement ; et qu'il y a même là, au contraire, de nos
jours encore, une étrange et non moins répréhensible continuité.
Ainsi, pas plus tard que le 2 juin 2010, Jacques Rogge, actuel président
du CIO, se rendait-il à Virton, petite ville des Ardennes belges, pour y
aller s'incliner, ému et une couronne de fleurs à la main, sur la tombe
de son prédécesseur et compatriote Henri de Baillet-Latour, celui-là
même qui fut responsable de l'organisation, dans l'Allemagne nazie de
1936, des Jeux Olympiques d'hiver comme d'été. Rogge en profita, par la
même occasion, pour inaugurer, à grand renfort de discours, quoique dans
une relative discrétion afin de ne pas heurter certaines sensibilités,
un musée en son honneur. Pour ceux qui en douteraient encore, voici
l'article que le journal « Le Soir », premier quotidien de Belgique,
consacra deux jours après, dans son édition du 4 juin 2010, à cet
événement passé, à l'époque, quasiment inaperçu : <br />
<a href="http://archives.lesoir.be/jacques-rogge-a-honore-henri-de-baillet-latour_t-20100603-00XQ5Y.html">http://archives.lesoir.be/jacques-rogge-a-honore-henri-de-baillet-latour_t-20100603-00XQ5Y.html</a> <br />
Pis,
deux ans auparavant déjà, le 3 octobre 2008, ce même Jacques Rogge
donnait-il naissance officiellement, parrainée conjointement par
l'Université Catholique de Louvain (UCL) et l'Université de Gand, à la
cinquième Chaire Olympique au monde, financée, à hauteur de 85.000 euros
par année académique et pendant trois ans, par le fonds Inbev-Baillet
Latour. En voici l'inénarrable communiqué de presse : <br />
<a href="http://www.inbevbailletlatour.com/index.cfm?ee=2%7C144">http://www.inbevbailletlatour.com/index.cfm?ee=2|144</a> <br />
AVEC SIMON WIESENTHAL, POUR UN DEMANTELEMENT DU CIO <br />
Conclusion ? A l'heure où tout négationnisme historique, comme toute
sympathie ouvertement fasciste ou signes ostensiblement pronazis, se
voient durement pénalisés, à juste titre, par la législation de la
République Française et la plupart de nos démocraties d'Europe, qui
osera donc mettre cette organisation criminelle qu'est le Comité
International Olympique, du moins au vu de ses multiples et manifestes
collusions avec les pires des totalitarismes militaro-idéologiques, hors
la loi ? A tout le moins, ne fût-ce que par respect des victimes de
la Shoah, se doit-il d'être, au plus vite, démantelé. C'est là, urgent,
un sacro-saint devoir de mémoire ! Mieux : les valeurs de l'olympisme
elles-mêmes, dont l'universalisme des principes philosophiques, y
gagneraient ainsi, de surcroît, en crédibilité morale. C'est cela même
que, pourtant conscient de la difficulté de pareille tâche, me confia
un jour de mars 1993, alors que je m'entretenais en tête à tête avec
lui, dans ses bureaux de Vienne, Simon Wiesenthal en personne, qui n'eut
de cesse, jusqu'à sa mort, survenue en 2005, de traquer les criminels
nazis et à qui l'on doit, notamment, l'arrestation d'Eichmann, le
machiavélique concepteur de la « solution finale », et son historique
procès, en terre d'Israël, à Jérusalem même, pour crimes contre
l'humanité... <br />
<b>DANIEL SALVATORE SCHIFFER* </b><br />
*Philosophe,
auteur de « La Philosophie d'Emmanuel Levinas » (Presses Universitaires
de France), porte-parole du Comité International contre la Peine de Mort
et la Lapidation (« One Law For All »), dont le siège est à Londres, et
membre du Comité de Soutien « Jeux Olympiques de Londres 2012 - Justice
pour les Femmes », dont le siège est à Paris. </div>Médias Citoyens Dioishttp://www.blogger.com/profile/06769203187523772866noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-995174148176424425.post-18959649285573954222012-07-31T10:59:00.003-07:002012-07-31T10:59:37.348-07:00Psychanalyse et Bouddhisme...<h1>
Un sujet distribué. Lacan, Bouddha, Varela</h1>
<div class="meta">
Par <a href="http://penseedudiscours.hypotheses.org/author/penseedudiscours" rel="author" title="Articles par Marie-Anne Paveau">Marie-Anne Paveau</a> </div>
<span class="Z3988" title="ctx_ver=Z39.88-2004&rft_val_fmt=info%3Aofi%2Ffmt%3Akev%3Amtx%3Adc&rfr_id=info%3Asid%2Focoins.info%3Agenerator&rft.title=Un+sujet+distribu%C3%A9.+Lacan%2C+Bouddha%2C+Varela&rft.aulast=Paveau&rft.aufirst=Marie-Anne&rft.subject=Linguistique+sym%C3%A9trique&rft.subject=Philosophie+du+discours&rft.subject=Psychanalyse+du+discours&rft.source=La+pens%C3%A9e+du+discours&rft.date=2010-12-19&rft.type=blogPost&rft.format=text&rft.identifier=http://penseedudiscours.hypotheses.org/2527"></span>
<div style="text-align: justify;">
En novembre dernier j’ai assisté à une
journée d’étude originale dans le domaine de la psychanalyse, qui
proposait d’articuler philosophie, bouddhisme et psychanalyse. Elle
s’intitulait « Au delà du moi, la liberté ? Psychanalyse philosophie,
méditation » (lire le <a href="http://penseedudiscours.hypotheses.org/2527/plaquette-au-dela-du-moi" rel="attachment wp-att-2685">programme</a> et écouter les <a href="http://www.philosophies.tv/spip.php?article288">interventions</a>). L’initiative est venue d’une association de psychanalystes, “<a href="http://jeunes-psy.blogspot.com/">Jeunes&Psy</a>“, fondée par Nicolas d’Inca, psychologue clinicien, qui tient également un blog, <a href="http://psychologie-meditation.blogspot.com/">Psychologie et méditation</a>.
Cette journée novatrice a permis à ce lien entre bouddhisme et
psychanalyse, qui existe dans les pratiques, mais sans grande
visibilité, d’apparaître sur le devant de la scène et, je le souhaite,
de semer quelques graines intéressantes dans la réflexion
psychanalytique contemporaine. Les rigidités dogmatiques et les
catégorisations solides qui découpent jusqu’à présent la psychanalyse
française en écoles et en pratiques souvent stéréotypées (lacaniens,
freudiens, jungiens, etc.) sont en train de se « désolidifier » et
finiront, je l’espère, par se dissoudre, sous l’impulsion de
propositions de ce type.<span id="more-2527"></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<strong>Tous les chemins ne mènent pas au bouddhisme</strong></div>
<div style="text-align: justify;">
J’ai suivi cette journée parce que ces
trois domaines me sont familiers, et que leur articulation a piqué ma
curiosité. La philosophie et la psychanalyse sont des terrains que le
chercheur en sciences humaines et sociales peut rencontrer aisément,
soit dans son activité scientifique, soit dans son cheminement
personnel, donc rien de particulier à cet égard. Mais le bouddhisme est
évidemment plus rarement présent dans nos travaux, et l’on n’y vient pas
comme ça. Pour ma part, j’y suis venue par les sciences cognitives, par
la lecture de <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Francisco_Varela">Francisco Varela</a>
et des théories de l’énaction. Je suis arrivée à l’énaction par la
cognition sociale, dans sa version distribuée, à laquelle je suis
elle-même parvenue par ma réflexion sur les processus de production du
discours, me sentant à l’étroit dans les théories du contexte
disponibles dans les disciplines texte-discours contemporaines, et
souhaitant intégrer à mon travail la réalité matérielle et
expérientielle. Voilà pour mon cheminement. Mais quel rapport avec le
bouddhisme, allez-vous me dire ? J’y viens.</div>
<div style="text-align: justify;">
L’énaction est un courant qui nous vient du Chili, proposé par Varela à partir de son travail avec Humberto <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Humberto_Maturana">Maturana</a>, biologiste et philosophe, auteur du concept d’<a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Autopoiesis">autopoièse.</a>
L’autopoièse signifie que les systèmes vivants sont autonomes, qu’ils
produisent en quelque sorte leurs propres représentations, gèrent leurs
fonctionnements dans leurs environnements et produisent finalement leur
existence. Cette position constitue une contestation de la cognition
internaliste (ou « paradigme de l’ordinateur ») qui avance au contraire
que les représentations du monde extérieur sont prédéterminées et codées
dans l’esprit humain, qui fonctionne à cet égard comme un ordinateur,
et qu’on ne peut connaître les objets extérieurs qu’à travers les
représentations qu’on en a.</div>
<div style="text-align: justify;">
</div>
<div class="wp-caption aligncenter" id="attachment_2652" style="width: 410px;">
<a href="http://penseedudiscours.hypotheses.org/2527/489430756_1e20e6391a" rel="attachment wp-att-2652"><img alt="" class="size-full wp-image-2652 " height="300" src="http://f.hypotheses.org/wp-content/blogs.dir/246/files/2010/12/489430756_1e20e6391a.jpg" width="400" /></a><div class="wp-caption-text">
Les chemins du sujet</div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
Varela insiste en particulier sur la
notion d’émergence, qu’il emprunte à la pensée bouddhiste : selon lui,
les représentations ne sont pas préalables, déposées dans des cadres (<em>frames</em>),
mais émergent, sont « énactées » au fur et à mesure que les agents
évoluent dans les environnements. Il déclare par exemple dans <em>L’inscription corporelle de l’esprit</em>,
qui constitue une synthèse de la question élaborée avec Eleanor Rosch
et Evan Thompson que « la cognition, loin d’être la représentation d’un
monde prédonné, est l’avènement conjoint d’un monde et d’un esprit à
partir de l’histoire des diverses actions qu’accomplit un être dans le
monde » (Varela <em>et al</em>. 1993 : 35). Cet « avènement conjoint »
constitue une interaction réciproque entre nos perceptions et nos
manières de nous mouvoir dans le monde (notre motricité) ; il s’agit
donc d’une <em>cognition incarnée</em>, autrement dit une élaboration
corporelle de la conscience et de la connaissance : « La connaissance ne
préexiste pas en un seul lieu ou en une forme singulière, elle est
chaque fois énactée dans des situations particulières. » (Varela <em>et al</em>. 1993 : 97). Une des meilleures illustrations que Varela donne de l’émergence figure dans <em>Quel savoir pour l’éthique ?</em>, où il emploie une comparaison éthologique :</div>
<div style="padding-left: 60px; text-align: justify;">
<em><span style="color: olive;">Utilisons
une des meilleures illustrations des propriétés émergentes : les
colonies d’insectes. [...] Une chose est particulièrement frappante dans
le cas de la colonie d’insectes: contrairement à ce qui se passe avec
le cerveau, nous n’avons aucun mal à admettre deux choses : a) la
colonie est composée d’individus ; b) il n’y a pas de centre ou de “moi”
localisé. Pourtant, l’ensemble se comporte comme un tout unitaire et,
vu de l’extérieur, c’est comme si un agent coordinateur était
“virtuellement” présent au centre. C’est ce que j’entends lorsque je
parle d’un moi dénudé de moi (nous pourrions aussi parler de moi
virtuel) : une configuration globale et cohérente qui émerge grâce à de
simples constituants locaux, qui semble avoir un centre alors qu’il n’y
en a aucun, et qui est pourtant essentielle comme niveau d’interaction
pour le comportement de l’ensemble (Varela 1996 : 85-87).</span></em></div>
<div style="text-align: justify;">
Le sujet de la conscience selon Varela ne
siège pas dans un centre, qu’il soit neuronal ou métaphysique, mais
réside dans notre inscription dans les environnements de notre existence
: il s’agit donc un esprit distribué dans le monde, et non plus
encapsulé dans une forme d’intériorité de la conscience.</div>
<div style="text-align: justify;">
<strong>Une conception distribuée du sujet et du moi</strong></div>
<div style="text-align: justify;">
Le colloque « Au delà du moi, la
liberté ? » mettait en rapport avec beaucoup de fécondité des
conceptions du moi de ce type, mais à partir de la psychanalyse et du
bouddhisme. Nicolas d’Inca rappelait en introduction à quel point la
vision actuellement dominante du moi en fait un monde clos sur lui-même,
doté d’une « massivité » qui lui vient en partie de la conception
cartésienne. Il rappelait également que Derrida, en 1990, recommandait
déjà de “ne pas oublier la psychanalyse”, pour que cette conception du
moi ne finisse pas par dominer nos références.</div>
<div style="text-align: justify;">
Jean-Jacques Tyszler explique en effet au
début de la journée que chez Freud même, on ne trouve pas de conception
du moi comme instance régulatrice ou comme synthèse, qui fonde en notre
modernité une conception de l’identité qui envahit la vie sociale et
politique. Il souligne que chez Freud, le moi est un « bric-à-brac »,
une notion instable et peu formalisée. Pour Lacan relecteur de Freud, ce
moi massif et tout-puissant n’existe pas, mais il est au contraire une
instance de méconnaissance, la fonction moïque étant porteuse de la
paranoïa ordinaire du sujet. Croire à son moi, c’est tomber dans les
rets du sujet, et donc céder à l’aliénation, au fantasme et à la
pulsion. Pour Lacan, il est impossible que le sujet soit identique à
quelque chose qui serait lui-même, puisque le sujet est défini comme
sujet du fantasme. Notre identité nous échappe, puisque nous sommes le
fantasme de l’autre, nous sommes ce que façonne le regard de l’autre :
“Le moi est référentiel à l’autre. Le moi se constitue par rapport à
l’autre. Il en est corrélatif”, affirme-t-il dès le premier séminaire
(1953-54 : 83). Jean-Jacques Tyszler souligne que la conception de Lacan
n’est pas dénuée d’un certain pessimisme, car il a tendance à réduire
l’humain à ses objets de tyrannie, au nombre de quatre : le sein, les
fèces, la voix et le regard. Il rappelle que le « rien » (“l’objet
a-rien”) a failli devenir le cinquième objet, ce qui aurait
considérablement rapproché la psychanalyse lacanienne de la pensée
bouddhiste.</div>
<div style="text-align: justify;">
Jean-Luc Giribone, prenant ensuite la
parole, revient sur ce cinquième objet écarté et rappelle que le moi est
exactement défini par Lacan comme l’objet dont le sujet tombe amoureux,
installant avec lui une relation imaginaire. La formule est connue :
“L’objet aimé est dans l’investissement amoureux, par la captation qu’il
opère du sujet, strictement équivalente à l’idéal du moi” (1953-54 :
201). Pour Lacan, il s’agit même de la structure de la folie : croire en
son moi, croire que l’on est quelque chose et que ce quelque chose
possède à la fois une existence « solide » et une importance. Or le moi,
pour le bouddhisme, est une forme de rien, le non-moi (un prolongement
de cette intervention sur le <a href="http://psychologie-meditation.blogspot.com/">blog</a>
de N. d’Inca). Sur ce point, il existe de véritables analogies entre la
psychanalyse et le bouddhisme, en particulier dans les textes d’un des
maîtres inspirateurs de cette journée, Chögyam Trungpa, principale
figure du bouddhisme tantrique au 20e siècle. Dans <em>Pratique de la voie tibétaine</em>,
sous-titré « Au-delà du matérialisme spirituel », publié en 1973,
Trungpa a des formules que Lacan aurait pu produire vingt ans auparavant
:</div>
<div style="padding-left: 60px; text-align: justify;">
<span style="color: olive;"><em>Il
est important de voir que le point esentiel de toute pratique
spirituelle est de sortir de la bureaucratie de l’ego, c’est-à-dire de
ce constant désir qu’a l’ego d’une forme plus haute, plus spirituelle,
plus transcendante du savoir, de la religion, de la vertu, de la
discrimination, du confort, bref, de ce qui fait l’objet de sa quête
particulière. Il faut sortir du matéralisme spiriruel (1973 : 24).</em></span></div>
<div style="text-align: justify;">
Un peu plus loin, dans un chapitre
intitulé « Le développement de l’ego », Trungpa décrit comment la
littérature bouddhiste représente l’ego, à travers la métaphore du singe
prisonnier :</div>
<div style="padding-left: 60px; text-align: justify;">
<em><span style="color: olive;">On
parle d’un singe emprisonné dans une maison vide, une maison percée de
cinq fenêtres représentant les cinq sens. Ce singe est très curieux : il
sort sa tête par chacune des fenêtres et il n’arrête pas de sauter
de-ci de-là inquiet. C’est un singe captif dans une maison vide. La
maison est solide, ce n’est pas la jungle dans laquelle le singe
bondissait et se balançait accroché aux lianes, ni les arbres dans
lesquels il pouvait entendre souffler le vent et frémir les brachages et
les feuillages. Toutes ces choses ont été complètement solidifiées. En
fait, la jungle elle-même est devenue sa maison solide, sa prison. Au
lieu de se percher dans un arbre, notre singe curieux a été emmuré dans
un monde solide, comme si une chose fluide, une cascade dramatique et
belle, avait soudain gelé. Cette maison gelée, faite de couleurs et
d’énergies gelées, est complètement immobile (p. 135-136).</span></em></div>
<div style="text-align: justify;">
Cette parabole trouve d’étonnants échos dans le second séminaire, <em>Le moi dans la théorie de Freud et dans la technique de la psychanalyse</em>
(1954-55). C’est sans doute le plus “bouddhiste” des textes de Lacan,
texte où il propose quelques notions fortes comme le “décentrement du
sujet”, la “tendance à croire que nous sommes nous”, et où il explique
que l’inconscient est “ce sujet inconnu du moi” (p. 59) : “Dans
l’inconscient, exclu du système du moi, le sujet parle” (p. 77).</div>
<div style="text-align: justify;">
</div>
<div class="wp-caption aligncenter" id="attachment_2678" style="width: 410px;">
<a href="http://penseedudiscours.hypotheses.org/2527/img_3025-2" rel="attachment wp-att-2678"><img alt="" class="size-full wp-image-2678 " height="248" src="http://f.hypotheses.org/wp-content/blogs.dir/246/files/2010/12/4508338966_d0a667d8021.jpg" width="400" /></a><div class="wp-caption-text">
Meditation</div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
</div>
<div style="text-align: justify;">
<strong>Un réseau contemporain de propositions anti-dualistes : entrer dans le post-humanisme</strong></div>
<div style="text-align: justify;">
En écoutant les communications, je
pensais à Varela évidemment, mais aussi à d’autres propositions affines
dans d’autres disciplines, qui ont en commun cette conception distribuée
et fluide de l’esprit et du moi : le moi est dans l’autre, que cette
altérité soit humaine ou non-humaine, et par conséquent, l’existence
s’accomplit sur le mode de la distribution, de la médiation et du
décentrement. Nous vivons en effet actuellement un tournant
épistémologique important dans les sciences humaines, caractérisé par
l’effacement des grands binarismes et une recomposition de la pensée sur
le monde qui ne passe plus par la référence à des centres : les pensées
en «-centrisme » sont de plus en plus contestées et invalidées :
anthropocentrisme, ethnocentrisme, européanocentrisme, égocentrisme et
logocentrisme. Nous sommes entrés dans l’ère du post-centrisme. Quelques
exemples, au fil de ma pensée :</div>
<div style="text-align: justify;">
– La cognition distribuée, lancée au début des années 1990 par Edwin <a href="http://hci.ucsd.edu/hutchins/">Hutchins</a>
dans son étude princeps sur la circulation de l’intelligence à bord
d’un avion (1991), pose que les objets de notre entourage sont des
agents psychiques, et que, dans un cockpit par exemple, les informations
ne circulent pas seulement dans l’interaction duelle entre le pilote et
le copilote, mais se « distribuent » à travers les instruments de
mesure.</div>
<div style="text-align: justify;">
– La théorie de l’<a href="http://consc.net/papers/extended.html">extended mind</a> de Alan Clark et David J. <a href="http://consc.net/chalmers/">Chalmers</a>,
qui défendent l’idée de l’externalité de l’esprit, emprunte cete voie
de la distribution et du décentrement : mon esprit est, partiellement,
non seulement dans le vôtre, mais aussi dans les artefacts et les objets
matériels qui m’entourent et dont je fais usage.</div>
<div style="text-align: justify;">
– La réflexion sur l’identité de François Laplantine dont je viens de relire l’essai <em>Je, nous et les autres (lire un <a href="http://leportique.revues.org/index415.html">compte rendu</a>),</em>
tout juste republié aux Éditions du Pommier est absolument adéquate aux
conceptions lacanienne et bouddhiste. Laplantine est très hostile aux
deux concepts d’identité (dérivé d’une conception du moiet de
représentation, qui solidifient selon lui de manière draatqiue notre
rapport à l’autre et au monde.</div>
<div style="text-align: justify;">
– Même si le concept est critique dans
son esprit, et même si je trouve sa position conservatrice et
déploratoire, la notion de “liquidité” avancée par Zygmunt Bauman, qui
constitue un exact pendant à la “solidité” pensée par Laplantine, nous
aide à penser les circulations et les décloisonnements post-cartésiens,
dans <em>Identité</em> en 2004 et <em>Le présent liquide</em> en 2007.</div>
<div style="text-align: justify;">
– Mais c’est sans doute la position
d’Axel Honneth qui me semble la plus opératoire en sciences humaines,
car issue d’une synthèse puissante des remises en cause du sujet dans la
seconde moitié du 20e siècle (1993). Honneth propose la notion
d’”autonomie décentrée”, ne souhaitant pas abandonner totalement le
sujet au néant du non-moi, mais ne visant pas non plus le retour à une
conception pré-structuraliste d’un moi de la maîtrise et de la pleine
conscience.</div>
<div style="text-align: justify;">
On le voit, les circulations sont
intenses entre les différents paradigmes qui s’occupent de la question
du sujet et du moi dans une perspective non cartésienne : psychanalyse,
bouddhisme et méditation, cognition sociale, anthropologie, philosophie
de l’esprit, philosophie morale. Il ne me semble désormais plus possible
d’adopter une conception egocentrée du sujet, qui détiendrait une
perspective sur ‘autre et sur le monde. Reste à assumer cette
modification épistémologique dans nos disciplines, ce qui, en
linguistique en tout cas, aussi discursive soit-elle, reste encore
largement à accomplir.</div>
<div style="text-align: justify;">
<strong>Références</strong><br />
Bauman Z., 2010 [2004], <em>Identité</em>, trad. anglais M. Dennehy, Paris, L’Herne.<br />
Bauman Z., 2007, <em>Le présent liquide. Peurs sociales et obsessions sécuritaires</em>, trad. anglais L. Bury, Paris, Seuil.<br />
Clark A., Chalmers D., 1998, « The extended mind », <em>Analysis</em> 58 (1) : 10-23.<br />
Honneth A., 2008 [1993], « L’autonomie décentrée. Les conséquences de la
critique moderne du sujet pour la philosophie morale », dans <em>Psychologie morale, Autonomie, responsabilité et rationalité</em> pratique, Paris, Vrin, 347-364.<br />
Hutchins E., 1994 [1991], « Comment le cockpit se souvient de ses vitesses » (trad. de « How a Cockpit Remembers its Speed »), <em>Sociologie du travail</em> 4 : 461-473.<br />
Lacan J., 1975 [1953-1954], <em>Séminaire 1, Les écrits techniques de Freud</em>, Paris, Éditions du Seuil.<br />
Lacan J., 1978 [1954-1955], <em>Séminaire 2. Le moi dans la théorie de Freud et dans la technique de la psychanalyse</em>, Paris, Éditions du Seuil.<br />
Laplantine F., 2010 [1999], <em>Je, nous et les autres</em>, Paris, Le pommier.<br />
Trungpâ C., 1976 [1973], <em>Pratique de la voie tibétaine. Au-delà du matérialisme spirituel</em>, trad. de l’américain par V. Bardet, Paris, Seuil.<br />
Varela F., Thomson E. & Rosch E., 1993 [1991], <em>L’inscription corporelle de l’esprit : sciences cognitives et expérience humaine</em>, trad. V. Havelange, Paris, Seuil.<br />
Varela F., 1996, <em>Quel savoir pour l’éthique ? Action, sagesse et cognition</em>, Paris, La Découverte.</div>
<strong><span style="font-size: xx-small;">Crédits photographiques</span></strong><span style="font-size: xx-small;"><br />
1. “Meditation Labyrinth”, 2007, Nancy McClure, galerie de l’auteur sur </span><a href="http://www.flickr.com/"><span style="font-size: xx-small;">Flickr</span></a><span style="font-size: xx-small;">, contrat Creative Commons.<br />
2. “Meditation”, 2010, Sam, galerie de l’auteur sur </span><a href="http://www.flickr.com/"><span style="font-size: xx-small;">Flickr</span></a><span style="font-size: xx-small;">, contrat Creative Commons.</span>Médias Citoyens Dioishttp://www.blogger.com/profile/06769203187523772866noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-995174148176424425.post-88318574387270853662012-07-06T03:10:00.000-07:002012-07-06T03:10:00.735-07:00Appel à contribution ...sur les médias<h3 class="categorienouv">
<span>Sociologie</span></h3>
<h3 class="typenouv">
<span class="category">Appel à contribution</span></h3>
<div id="datelieu">
<span id="date">Lundi 15 octobre 2012</span> | Pessac (33600)
</div>
<h2 id="titrenouv">
<span class="summary">Médias, engagements et mouvements
sociaux</span></h2>
<h2 id="titrenouv">
<span class="summary">Media, commitment and social
movements</span></h2>
<div id="publiepar">
Publié le lundi 02 juillet 2012 par Elsa Zotian </div>
<h5>
<span>Résumé</span></h5>
<div id="resume_nouv">
<span class="description">C’est depuis quelques années que les
médias engagés ou alternatifs font l’objet de travaux. De même, le journalisme «
social » était considéré en France comme une forme de journalisme moins légitime
que le journalisme politique ou culturel, avant d’être réinvesti. Enfin, la
question du rapport des journalistes à l’engagement a émergé, après une période
fortement imprégnée par la représentation indigène de « l’indépendance » de la
presse et de « l’objectivité » de l’information. Enfin, l’interrogation sur les
usages, les publics et les modes d’appropriation des messages médiatiques (Le
Grignou, 2003, Goulet, 2010) s’est développée, avec la démocratisation de
l’accès aux TIC notamment. Les propositions de communications pourront
s'articuler autour de trois axes principaux : le traitement médiatique des
acteurs politiques et des mobilisations ; les formes de l’engagement dans la
sphère médiatique ; les usages des médias par les militants ; mais toutes les
propositions seront étudiées.</span></div>
<h5>
<span>Annonce</span></h5>
<div id="annonce">
<h1>
Argumentaire</h1>
Ces journées doctorales du RT37 de l’Association française de sociologie,
organisées avec le soutien des RT21 et 35, laissent la place aux jeunes
chercheurs (doctorants et post-doctorants). Elles auront lieu à Bordeaux, les
28-29 mars 201. <br />
Le RT sociologie des médias a été créé en 2002 dans le but de fournir un
espace de dialogue à l’ensemble des chercheurs travaillant sur les médias dans
une perspective sociologique, quelle que soit leur discipline d’exercice.
L’objectif est d’articuler différents niveaux d’analyse : celle des acteurs ou
producteurs de l’information, celle des organisations ou modes de production,
celle des contenus ou produits médiatiques, et enfin celle des modes de
réception. En faisant la place aux jeunes chercheurs, ces Journées doctorales
obéissent à la volonté du RT37 de structurer un espace de débat scientifique
pluraliste de sociologie des médias et de lui donner une meilleure visibilité
académique. Le partenariat entre plusieurs RT entend permettre de développer des
échanges et des passerelles avec les autres secteurs et spécialités de la
sociologie.<br />
La question du rapport entre médias et mouvements sociaux est peu traitée
jusqu’à la fin des années 1980. Jusqu’aux années 1990, les cadres théoriques de
la mobilisation des ressources constituaient le point d’appui central d’une
majorité de travaux sociologiques (Neveu, 2005), et focalisaient leur attention
sur les ressources collectives et individuelles des groupes, en laissant de côté
les relations aux médias et la construction des représentations. Par la suite,
l’étude des mouvements sociaux a pris une place croissante au sein de la science
politique française et s’est davantage penchée sur les conditions de
l’engagement, les relations concrètes entre les acteurs et les médias dans la
construction des problèmes publics (Neveu, 1999). De même, en sociologie des
médias, les recherches ont longtemps principalement porté sur le fonctionnement
interne des rédactions d’un côté, ainsi que sur le travail des journalistes
politiques et le traitement de la politique institutionnelle de l’autre. C’est
depuis quelques années que les médias engagés ou alternatifs font l’objet de
travaux. De même, le journalisme « social » était considéré en France comme une
forme de journalisme moins légitime que le journalisme politique ou culturel,
avant d’être réinvesti (Lévêque, 2000). Enfin, la question du rapport des
journalistes à l’engagement a émergé (Frisque, 2002, Lévêque et Ruellan, 2010,
Lemieux, 2010), après une période fortement imprégnée par la représentation
indigène de « l’indépendance » de la presse et de « l’objectivité » de
l’information. Enfin, l’interrogation sur les usages, les publics et les modes
d’appropriation des messages médiatiques (Le Grignou, 2003, Goulet, 2010) s’est
développée, avec la démocratisation de l’accès aux TIC notamment. <br />
Les propositions de communications pourront s'articuler autour de trois axes
principaux, mais toutes les propositions seront étudiées. Celles-ci peuvent
porter sur des objets ou dispositifs médiatiques bien spécifiques mais doivent
alors chercher à s’inscrire dans une réflexion plus large sur leurs enjeux, leur
positionnement, leur économie et mode de production… Les travaux de comparaison
historique ou internationale seraient les bienvenus. <br />
<h2>
Axe 1 : Le traitement médiatique des acteurs politiques et des
mobilisations</h2>
<ul>
<li>
<h3>
Le traitement médiatique de la sphère militante</h3>
</li>
</ul>
Le journalisme politique s’intéresse avant tout aux professionnels de la
politique et aux représentants des organisations officielles, mais traitent
parfois aussi des militants de ces organisations. Comment les militants,
adhérents et sympathisants des partis politiques « traditionnels » sont-ils
traités dans la presse écrite et audiovisuelle ? Quelle rôle ont-ils dans les
dispositifs médiatiques numériques ? Quelle est leur place et comment sont-ils
mis en scène ?<br />
<ul>
<li>
<h3>
Le traitement médiatique des mouvements sociaux </h3>
</li>
</ul>
Les mouvements sociaux, sous quelque forme que ce soit (grèves,
manifestations, rassemblements, actes de résistance…) font l’objet d’un
traitement médiatique souvent différencié (Jacquemain, Delwit, 2010). Comment
les médias traitent-ils de l’engagement ? Quels sont les rapports entre les
professionnels de l’information et les acteurs militants ? Quels sont les enjeux
en termes d’éthique journalistique ? Quelles sont les conséquences en matière de
politiques publiques ?<br />
<ul>
<li>
<h3>
Un traitement « alternatif » de l’information ?</h3>
</li>
</ul>
Les médias associatifs, militants, alternatifs, se positionnent en opposition
aux médias généralistes, conventionnels ou « mainstream » et forment une vaste
constellation aux contours incertains. Ils se dépeignent souvent comme proches
de leurs publics, répondant à maints besoins sociétaux et remplissant des
fonctions que ni les médias commerciaux ni les médias de service public ne
peuvent satisfaire. Ils disent contribuer à encourager le débat public, le
pluralisme politique, notamment en offrant la possibilité à des groupes variés –
incluant des minorités culturelles, linguistiques, ethniques, religieuses ou
autres – de recevoir et de communiquer des informations, de s’exprimer et
d’échanger des idées. Leur fonctionnement interne est aussi censé être
différent, de même que leur économie. Dans quelle mesure ces médias ont-ils un
fonctionnement spécifique ? Les différents niveaux (statut juridique,
fonctionnement interne, économie, traitement de l’information, critique des
médias…) sont-ils convergents ou comportent-ils des décalages ? Ces médias
forment-ils un sous-champ médiatique spécialisé voire autonome ou doivent-ils
être pensés en rapport avec l’espace médiatique global ? <br />
<h2>
Axe 2 : Les formes de l’engagement dans la sphère médiatique</h2>
<ul>
<li>
<h3>
Continuités et mutations des médias « participatifs » </h3>
</li>
</ul>
Dans les années 1960, les « fanzines » écrits par de petits groupes de jeunes
se sont multipliés, en Europe de l’Est, les samizdats ont formé un vaste système
clandestin de circulation d’écrits dissidents, manuscrits ou dactylographiés.
Dans les années 1970-1980, le mouvement des radios libres naissait de la volonté
de créer des outils de diffusion autonomes et de participer au débat public. Il
relevait de mouvements et de mécanismes sociaux, politiques et culturels
profonds et divers (Cheval 1997, Lefebvre 2008). Aujourd’hui, d’autres acteurs
sociaux s’emparent du web (internautes non journalistes, geeks) et des nouvelles
technologies (hackers) pour participer à l’élaboration de l’information (ex.
AgoraVox, Aubert 2009 ; Indymedia), défendre des causes (samizdat.net,
Anonymous, Telecomix, partis pirate), se positionner dans l’espace public.
Comment faire le lien avec l’engagement dans la presse underground, les fanzines
ou les radios libres ? Y a-t-il une spécificité de l’activisme sur Internet
(Blondeau 2007) ?<br />
Ce sous-axe sera l’occasion d’interroger les formes de coopérations qui
peuvent se former entre « anciens » et « nouveaux » acteurs (ex: Wikileaks/The
Guardian) dans l’information et la critique politique. Tous les citoyens
connectés peuvent désormais réagir en ligne en postant un commentaire, en
twittant ou en alimentant leur propre blog ; si bien que les frontières se
brouillent entre journalistes et citoyens, experts et profanes. De nouveaux
auxiliaires du politique se font jour : consultant web, blogueurs stars du fait
de leur compétence / réussite sur le web. Une réflexion sur les profils
socio-démographiques ou les trajectoires de ces nouveaux acteurs est la
bienvenue. <br />
<ul>
<li>
<h3>
L’engagement des fans </h3>
</li>
</ul>
A travers leurs activités dans les « communautés de pratiques » (Baym, 2000),
les fans développent des activités que nous pouvons définir en cinq catégories
parmi lesquelles l’activisme ou l’engagement civique (Bourdaa, 2012). Les fans
se rassemblent et à travers leurs discussions et leurs activités, ils sont à
même d’apporter une nouvelle vision au changement social. Comme le montre Henry
Jenkins (2006), « la culture de la participation conduit à l’engagement
civique ». <br />
Nous pouvons par exemple nous interroger sur le degré d’engagement des fans
pour des causes charitables. Comment les fans s’organisent dans les
communautés ? Ont-ils des moyens d’action différents de leurs autres activités
de créations ? Quels médias utilisent-ils en particulier ? Nous pouvons
également réfléchir aux différentes formes que peuvent prendre ces actions
activistes.<br />
Les pratiques médiatiques favorisées par les nouvelles technologies
donnent-elles une tribune plus favorable aux fans ? Comment les fans se
positionnent-ils par rapport aux questions de propriété intellectuelle des
franchises médiatiques ? Par exemple, les fans de The Hunger Games ont créé une
campagne de prévention contre les dangers de la faim, « Hunger is not a Game »,
en collaboration avec Oxfam qui a été fermée par Lionsgate, le distributeur du
film.<br />
<ul>
<li>
<h3>
Les rapports des journalistes à l’engagement </h3>
</li>
</ul>
Les journalistes des médias « classiques » peuvent entretenir des rapports
différenciés à l’engagement. Si certains estiment que leur rôle est simplement
de « suivre » et de « rendre compte » d’une actualité qu’ils perçoivent comme
donnée, d’autres ont une conception plus active de leur rôle. Pendant longtemps,
c’est un journalisme directement engagé politiquement qui a fait contre-point,
soit par un positionnement comme éditorialiste, soit par l’appartenance à une
presse partisane. Mais c’est maintenant de plus en plus par une forme
d’engagement « dans » et « par » le travail journalistique que cela s’exprime
(Frisque, 2002, Lemieux, 2010, Lévêque et Ruellan, 2010), par un effort de
distanciation critique vis-à-vis de l’information et/ou par la recherche d’une
contre-information (investigation, animation d’espaces de débat,
data-journalism…). Quelles formes prennent ces activités et quelle place
occupent-elles ? Comment les journalistes concernés gèrent-ils leurs positions
dans les rédactions des médias grand public ? <br />
<h2>
Axe 3 : Les usages des médias par les militants </h2>
<ul>
<li>
<h3>
Stratégies militantes de l’exposition médiatique</h3>
</li>
</ul>
Il s’agira ici de s’interroger sur les stratégies concurrentielles présentes
dans la définition des enjeux de le lutte (Sida : Barbot, 1999 ; sans-papiers :
Siméant, 1998 ; DAL : Pechu, 1996 ). Des communications pourront aussi porter
sur des comparaisons entre les stratégies défensives et les stratégies
offensives (coups d’éclat et engagement politique des hackers : les Anonymous
multiplient les attaques pour défendre wikileaks en s’en prenant à Amazon,
Paypal, Mastercard et autres géants ; Telecomix viennent en aide aux internautes
tunisiens, égyptiens et syriens ; création du Parti pirate français et lutte
contre les lois Hadopi et Loppsi 2).<br />
<ul>
<li>
<h3>
Le recours aux médias comme construction d’une identité
publique</h3>
</li>
</ul>
L’espace médiatique peut être vu comme une composante de la construction des
mobilisations. A titre d’exemple, les TIC peuvent permettre aux populations
migrantes et diasporiques d’entrer en contact de part et d’autre de la planète
et d’entretenir des sentiments communautaires à distance, tout en favorisant
dans le même temps des mobilisations et des actions collectives effectives dans
l’espace physique (Rigoni 2010). Cet axe invite à s’interroger sur la mise en
récit de l’engagement, de l’activité protestataire, sur la construction d’une
identité publique et les différentes stratégies d’engagement dans l’arène
médiatique.<br />
<ul>
<li>
<h3>
TIC et militantisme</h3>
</li>
</ul>
Internet a timidement fait son entrée dans le domaine politique au début des
années 1990 jusqu’à être considéré aujourd’hui comme un outil indispensable en
communication politique, « un obligatoire de campagne » (Ethuin, Lefebvre,
2002). Cet attrait grandissant pour les technologies est particulièrement
visible lors des campagnes électorales où les candidats se livrent une véritable
« course politique virtuelle » (Barboni, Treille, 2010). Ainsi, depuis le milieu
des années 2000, la palette des outils numériques utilisés (non forcément
maîtrisés) par les hommes politiques français ne cesse de s’élargir: Twitter,
Facebook, Dailymotion, Youtube, Flickr… Le succès phénoménal de
mybarackobama.com<b>, </b>outre-Atlantique, a encore renforcé l’intérêt des
hommes politiques français pour la Toile (Greffet, 2011). Les militants sont eux
aussi fortement incités par leurs partis à utiliser les outils numériques
(Theviot, 2012). <br />
Comment s’organise le militantisme en ligne ? Quel est son impact en termes
d’enjeux socio-politiques ? Qui sont ces « supporters » qui militent sur la
Toile, et comment s’expriment-ils (pratiques langagières) ? Lorsque l’on
s’intéresse aux profils des « twittos », on peut remarquer une certaine
fluctuation des contours du militantisme (présence d’acteurs individuels
engagés sur les réseaux sociaux, amis non encartés) : dissolution des frontières
entre sympathisants et militants. Cette tendance serait-elle symptomatique d’une
reconfiguration des organisations partisanes ? Certains auteurs postulent à la
transformation possible des instances partisanes en « firmes » régies par des
concepts marketing (Howard, 2006), ou en organisations citoyennes (Löfgren et
Smith, 2003), voire en « cyber-partis » (Margetts, 2006). Plus globalement, nous
pouvons nous demander si les TIC font émerger de nouvelles formes de
militantisme. <br />
<h2>
Références citées</h2>
<ul>
<li>Aubert Aurélie (2009), « Le paradoxe du journalisme participatif.
Motivations, compétences et engagements des rédacteurs des nouveaux médias »,
Terrains & travaux, (15), p.171-190.</li>
<li>Barboni Thierry, Treille Eric, (2010), « L'engagement 2.0 », Revue française
de science politique, 60(6), p.1137-1157.</li>
<li>Barbot Janine (1999), « L’engagement dans l’arène médiatique. Les
associations de lutte contre le sida », Réseaux, 17(95), p.155-196.</li>
<li>Baym Nancy (2000), Tune in, log on. Soaps, fandom and online community (new
media cultures), London, Sage.</li>
<li>Blondeau Olivier (2007), Devenir média. L’activisme sur Internet, entre
défection et expérimentation, Paris, Ed. Amsterdam.</li>
<li>Bourdaa Mélanie (2012), « Typologie des pratiques participatives des fans »,
Les cahiers de la SFSIC, n°7.</li>
<li>Cheval Jean-Jacques (1997), Les radios en France. Histoire, état, enjeux,
Rennes, Apogée.</li>
<li>Ethuin Nathalie, Lefebvre Remi (2002), « Les balbutiements de la
cyberdémocratie électorale. Contribution à une analyse des usages politiques
d’Internet : le site de Martine Aubry lors des élections municipales de mars
2001 », in Vivianne Serfaty (dir.), L’Internet politique, des Etats-Unis à
l’Europe, Strasbourg, Presses universitaires de Strasbourg, p.155-177.</li>
<li>Cardon Dominique et Granjon Fabien (2010), Médiactivistes, Paris, Presses de
sciences-po, coll. « Contester ».</li>
<li>Greffet Fabienne (dir) (2011), Continuerlalutte.com, les partis politiques
sur le web, Paris, Presses de Sciences Po.</li>
<li>Frisque Cégolène (2002), L'activité journalistique au quotidien : Travail
relationnel, identitaire et rédactionnel des journalistes de la presse
quotidienne régionale , thèse pour le doctorat de science politique, Paris-X
Nanterre.</li>
<li>Goulet Vincent (2010), Médias et classes populaires. Les usages ordinaires
des informations (préface de Patrick Champagne), INA éditions.</li>
<li>Howard Philip N., (2006), New Media Campaigns and Political Culture in
America, Cambridge, Cambridge University Press.</li>
<li>Jacquemain Marc, Delwit Pascal (dir.) (2010), Engagements actuels, actualité
des engagements, Louvain-La-Neuve, Academia Bruylant.</li>
<li>Jenkins Henry (2006), Convergence Culture. When old and new media collide,
New York, NYU Press.</li>
<li>Le Grignou Brigitte (2003), Du côté du public. Usages et réceptions de la
télévision, éditions Economica, coll. Etudes politiques.</li>
<li>Lefebvre Thierry (2008), La bataille des radios libres (1977-1981), Paris,
Nouveau Monde/INA.</li>
<li>Lemieux Cyril, dir. (2010), La subjectivité journalistique. Onze leçons sur
le rôle de l’individualité dans la production de l’information, Paris, Éditions
de l’EHESS, coll. Cas de figure, 12.</li>
<li>Lévêque Sandrine (2000), Les journalistes sociaux. Histoire et sociologie
d'une spécialité journalitique, Rennes, PUR, coll. Res Publica.</li>
<li>Lévêque Sandrine et Ruellan Denis (dir.) (2010), Journalistes engagés,
Rennes, PUR, coll. Res Publica.</li>
<li>Löfgren Karl et Colin Smith (2003), «Political parties and democracy in the
information age», in Gibson Rachel K., Paul Nixon et Stephen J. Ward (dirs.).
Net Gain? Political Parties and the Internet, London, New York, Routledge.</li>
<li>Margetts Helen (2006) « Cyber Parties », in Katz S. Richard et Crotty
William (eds), Handbook of Party Politics, Londres, Sage, p.528-535.</li>
<li>Neveu Erik (2005 [1996]), Sociologie des mouvements sociaux, Paris, La
Découverte — (1999), « Médias, mouvements sociaux, espaces publics », Réseaux,
17(98), p.17-85.</li>
<li>Péchu Cécile (1996), « Quand les ‘exclus’ passent à l’action. La
mobilisation des mal-logés », Politix, (34), p.114-133.</li>
<li>Rigoni Isabelle (2010), « TICs, migrations et nouvelles pratiques de
communication », Migrations Société, dossier "Migrants, minorités ethniques et
Internet. Usages et représentations", 22(132), novembre-décembre, p.33-46.</li>
<li>Siméant Johanna (1998), La cause des sans-papiers, Paris, PFNSP.</li>
<li>Theviot Anaïs (2012), « ‘La iForce, le grand retour des Jeunes Populaires
sur Internet !’ Stratégies numériques des jeunes militants UMP », Jeunes et
Médias, les cahiers francophones de l’éducation aux médias, Dossier « Jeunes,
médias et politique ».</li>
</ul>
<h1>
Modalités de soumission et de sélection</h1>
Les doctorants (thèse en cours) et jeunes docteurs (ayant soutenu depuis
2009) sont invités à soumettre une proposition de communication d’environ 400
mots (<b>3 000 signes</b> espaces compris) en anglais ou en français<br />
<h3>
avant le 15 octobre 2012.</h3>
Il s’agira de présenter l’axe méthodologique et théorique retenu, ainsi que
le terrain d’étude (type de dispositif, acteurs rencontrés…). <br />
La proposition devra comporter les éléments suivants :<br />
<ul>
<li>Nom, prénom du/des auteur-e-s</li>
<li>Institution de rattachement</li>
<li>Adresse mail</li>
<li>Titre de la communication</li>
<li>Proposition </li>
<li>Bibliographie succincte</li>
</ul>
Les propositions devront être envoyées à :
journeesdoctoralesRT37@googlegroups.com <br />
Merci de bien vouloir indiquer en objet de votre message : « proposition RT
médias »<br />
<b>L’évaluation des propositions sera effectuée en double aveugle</b>.
<br />
Le comité scientifique, rassemblant des chercheurs confirmés de diverses
disciplines, procèdera à la sélection des communications. L’objectif est
d’accorder un temps long à la discussion afin de favoriser le dialogue entre les
travaux. <br />
Les personnes sélectionnées devront faire parvenir au comité d’organisation
pour le 1<b>5 février 2013 au plus tard le texte final d’environ 6 500 mots</b>
(45 000 signes), espaces et références bibliographiques compris. Une publication
est envisagée.<br />
<h2>
Calendrier </h2>
<ul>
<li>15 octobre 2012 : date limite d’envoi des propositions</li>
</ul>
<ul>
<li>30 novembre 2012 : retour des évaluateurs</li>
</ul>
<ul>
<li>15 février 2013 : rendu des versions finales des papiers des auteur.e.s
sélectionné.e.s </li>
</ul>
<ul>
<li>28-29 mars 2013 : Journées doctorales</li>
</ul>
<h1>
Comité scientifique</h1>
<ul>
<li>Mélanie Bourdaa, MCF infocom, Université Bordeaux 3, MICA, RT37</li>
<li>Valérie Carayol, PR infocom, Université Bordeaux 3, MICA</li>
<li>Dan Ferrand-Bechmann, PR sociologie, Université Paris 8, CESOL, RT35</li>
<li>Cégolène Frisque, MCF sociologie, Université de Nantes, CRAPE, RT37</li>
<li>Fabien Granjon, PR infocom, Université Paris 8, CEMTI</li>
<li>Fabienne Greffet, MCF science politique, Université Nancy-2, IRENEE,
PACTE</li>
<li>Graem Hayes, politique comparée, CRAPE</li>
<li>Pierre Lefebure, MCF science politique, Université Paris 13, Centre Emile
Durkheim, RT37</li>
<li>Marie-Christine Lipani-Vaissade, MCF infocom, IJBA</li>
<li>Laurence Monnoyer-Smith, PR infocom, Université de Technologie de Compiègne,
COSTECH</li>
<li>Eric Macé, PR sociologie, Université de Bordeaux 2, Centre Emile
Durkheim</li>
<li>Sylvain Parasie, MCF sociologie, Université Paris-Est, LATTS, RT37</li>
<li>Geoffroy Pleyers, FNRS-UC Louvain, CADIS-EHESS, RT21</li>
<li>Yves Raibaud, MCF géographie, Université Bordeaux 3, ADES, RT35</li>
<li>Isabelle Rigoni, sociologie, science politique, infocom, Sciences Po
Bordeaux, MICA, RT37</li>
<li>Antoine Roger, PR science politique, Sciences Po Bordeaux, Centre Emile
Durkheim</li>
<li>Claude Rosental, DR sociologie, CEMS-EHESS</li>
<li>Anaïs Theviot, doctorante Sciences Po Bordeaux, Centre Emile Durkheim,
RT37</li>
<li>Arnaud Trenta, ATER sociologie, LISE-CNAM, RT35</li>
</ul>
<h1>
Comité d’organisation</h1>
<ul>
<li>Mélanie Bourdaa, MCF infocom, Université Bordeaux 3, MICA, RT37</li>
<li>Isabelle Rigoni, sociologie, science politique, infocom, Sciences Po
Bordeaux, MICA, RT37</li>
<li>Anaïs Theviot, doctorante Sciences Po Bordeaux, Centre Emile Durkheim,
RT37</li>
</ul>
Contact : journeesdoctoralesRT37@googlegroups.com</div>
<hr class="sep5" />
<div id="detail">
<h6>
Mots-clés</h6>
<ul>
<li>médias, engagement, mouvements sociaux, alternatif, fans, militantisme,
journalisme, information, presse, radio, télévision, Internet</li>
</ul>
<h6>
Fichiers attachés</h6>
<ul>
<li><a href="http://www.blogger.com/download.php?id=10607">Appel_Media_Engagement.pdf</a><br /><span class="descfichier"></span></li>
<li><a href="http://www.blogger.com/download.php?id=10608">Appel_Media_Engagement.doc</a><br /><span class="descfichier"></span></li>
</ul>
<h6>
Lieu</h6>
<ul>
<li><span class="location">Pessac (33600)</span> (Sciences Po Bordeaux, Centre
Emile Durkheim / Université Bordeaux 3, MICA)</li>
</ul>
<h6>
Date limite</h6>
<ul>
<li><abbr class="dtstart" title="20121015">lundi 15 octobre 2012</abbr> </li>
</ul>
<h6>
Contact</h6>
<ul>
<li>Comité d'organisation <br /><strong>courriel :</strong>
journeesdoctoralesRT37 <span class="elementmail">(at)</span> googlegroups <span class="elementmail">[point]</span> com </li>
</ul>
<h6>
Source de l'information</h6>
<ul>
<li>Isabelle Rigoni <br /><strong>courriel :</strong> isabelle <span class="elementmail">[point]</span> rigoni <span class="elementmail">(at)</span> club-internet <span class="elementmail">[point]</span> fr </li>
</ul>
</div>
<hr class="sep5" />
<h6>
Pour citer cette annonce</h6>
<div id="citation">
« Médias, engagements et mouvements sociaux », Appel à
contribution, <em>Calenda</em>, publié le lundi 02 juillet 2012, <a class="url" href="http://calenda.revues.org/nouvelle24659.html">http://calenda.revues.org/nouvelle24659.html</a></div>
<hr class="sep5" />Médias Citoyens Dioishttp://www.blogger.com/profile/06769203187523772866noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-995174148176424425.post-29745809424746849862012-07-02T05:26:00.002-07:002012-07-02T05:27:43.254-07:00Le sport et le nazisme...<h3 class="post-title entry-title">
Le sport européen à l’épreuve du nazisme. Des J.O. de Berlin aux J.O. de Londres (1936-1948)
</h3>
<div class="post-header">
</div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
<a href="http://2.bp.blogspot.com/-Uzm8X1WppsY/T4q0ZuicZFI/AAAAAAAAE8k/XGTqcCb8R-4/s1600/Le+sport+europ%C3%A9en+%C3%A0+l%27%C3%A9preuve+du+nazisme+affiche.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="200" src="http://2.bp.blogspot.com/-Uzm8X1WppsY/T4q0ZuicZFI/AAAAAAAAE8k/XGTqcCb8R-4/s200/Le+sport+europ%C3%A9en+%C3%A0+l%27%C3%A9preuve+du+nazisme+affiche.jpg" width="131" /></a><b style="mso-bidi-font-weight: normal;"> Photographies, affiches, cartes d’adhésions à des fédérations
sportives, etc. illustrent les relations complexes entre sports, corps et
régimes autoritaires ou totalitaires au XXe siècle et rappellent des
trajectoires humaines parfois tragiques. Des régimes totalitaires, fasciste et
nazi, qui ont mené des politiques sportives ambitieuses et discriminantes,
notamment à l’égard des Juifs, pour façonner leur « homme nouveau ».</b></div>
<br />
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
Grande, élancée, cette athlète brune se prépare à lancer
son disque en 1937. Elle est photographiée non par Leni Riefenstahl, mais par Liselotte
Grschebina. Celle-ci est née en 1908 à Karlsruhe. Elle fuit le nazisme en 1934
et émigre en Palestine mandataire. Elle s’installe à Tel-Aviv et meurt en 1994
à Petah Tikva.</div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
Du sport, cette <a href="http://sport.memorialdelashoah.org/">exposition</a> souligne
l’emprise sur les peuples, la politisation et la médiatisation. Elle évoque peu
l’Union soviétique – le club Dynamo est soutenu par le ministère de
l’Intérieur, plus particulièrement par la police secrète - ou le Japon.</div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
<br /></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
<a href="http://1.bp.blogspot.com/-VcaC4BRvBIY/T4q97Wxb5eI/AAAAAAAAE_E/LNJnux6a9XM/s1600/S%C3%A9ance+gymastique+ch%C3%A2teau+1942.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="125" src="http://1.bp.blogspot.com/-VcaC4BRvBIY/T4q97Wxb5eI/AAAAAAAAE_E/LNJnux6a9XM/s200/S%C3%A9ance+gymastique+ch%C3%A2teau+1942.jpg" width="200" /></a>Dans le premier espace, sont présentées des histoires
parallèles sous le thème <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Corps et sport
entre démocraties et totalitarismes</i> et en deux allées : celle de
gauche évoque la destinée tragique du sport (1925-1948) - l’Italie
fasciste : le sport sous la devise « croire, obéir, combattre », Le sport
allemand aryanisé, Sport et monde Juif en Europe, entre émancipation et
exclusion, « Travail, famille, patrie… et sport » dans la France de Vichy, Le
sport dans les camps d’internement, « Sport » dans les ghettos et dans
l’univers concentrationnaire et Résister dans le sport et par le sport -
et celle de droite le mur sportif, d’une olympiade à l’autre : les Jeux du
Reich : propagande, boycott, performances, les contres-jeux ouvriers et
l’olympiade populaire de Barcelone, les Maccabiades, « premiers Jeux Olympiques
Juifs », adhésion sportive et engagement politique, l’olympiade sacrifiée de
1940 et Londres 1948 : des Jeux de sortie de guerre.</div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
<a href="http://2.bp.blogspot.com/-QbfxHGx-bB0/T4rS-hoXTvI/AAAAAAAAE_8/4FKaAP5GyfM/s1600/Andr%C3%A9+Nahum+Qauatre+boules+de+cuir.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="200" src="http://2.bp.blogspot.com/-QbfxHGx-bB0/T4rS-hoXTvI/AAAAAAAAE_8/4FKaAP5GyfM/s200/Andr%C3%A9+Nahum+Qauatre+boules+de+cuir.jpg" width="131" /></a>La seconde
salle est dédiée à des portraits de sportifs de sept disciplines : gymnastique
- Alfred Flatow et Gustav Felix Flatow -, escrime, sports de combat - boxeur
Victor « Young » Perez (1911-1945) -, sports aquatiques - <a href="http://veroniquechemla.blogspot.com/2010/05/alfred-nakache-le-nageur-dauschwitz.html">Alfred Nakache</a> et les
nageuses du <a href="http://www.veroniquechemla.info/2011/10/les-sirenes-de-lhakoah-de-yaron.html">club Juif viennois Hakoah</a> -,
athlétisme, football - Matthias Sindelar - et sports de raquette - joueurs de
tennis Daniel Prenn et Gottfried von Cramm.</div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;">Le corps au service des régimes totalitaires </b></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
Les régimes
aspirent à modeler les corps pour impressionner les opinions publiques et
soumettre le sport à leur idéologie.</div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
Comme
l’écrit l’historien George Mosse dans <i style="mso-bidi-font-style: normal;">L'Image
de l'homme. L'invention de la virilité moderne</i> : « Le fascisme et le
national-socialisme ont démontré les effrayantes possibilités de la virilité
moderne, une fois celle-ci réduite à ses fonctions guerrières. Cela aurait pu
ne pas se produire. On peut imaginer un idéal masculin qui eût été poussé du
côté du fair-play et des vertus chevaleresques ».</div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
Les régimes
autoritaires et totalitaires ont mis en œuvre des politiques sportives
ambitieuses. </div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
Les régimes
totalitaires ont instrumentalisé l’école, l’armée et les loisirs afin de
façonner le corps de « l’homme nouveau » et influer sur son esprit.
Ils ont aussi recouru à l’éducation physique et au sport envisagés comme « un
moyen d’améliorer la « race » et de préparer la guerre. D’où
l’intérêt plus marqué pour la natation et l’athlétisme qui assouplissent les
musculatures et sculptent les corps, pour le rugby et la boxe qui trempent les
caractères, pour les sports de vitesse comme l’automobile et l’aviation qui
donnent le goût du risque. D’où la méfiance vis-à-vis du football : un
sport-spectacle qui profite à des joueurs professionnels et qui rend
incontrôlables les foules de passionnés ». </div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
Les bases
de la politique sportive des régimes fasciste italien et nazi allemand, de « leurs
imitateurs vichyste et franquiste, mais aussi de l’URSS » ? La « prise
de contrôle et l’épuration des fédérations sportives et de leurs clubs,
l’encadrement sportif des masses et le rayonnement à l’étranger des champions
et des équipes nationales constituent ».<span style="font-family: DIN-Regular; font-size: 11pt;"> </span>Dans sa dimension sportive, un corps
soumis étroitement à l’État et exhibé dans le stade, « lieu phare des
manifestations sportives », espace public de « cristallisation des
pratiques et des idéologies totalitaires ». </div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
Le sport
était à la fois un mode de formation de « l’homme nouveau », un instrument du combat
idéologique immiscé jusque dans les stades et de mobilisation des masses, et un
lieu méconnu de la persécution des Juifs. </div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;">L’Italie fasciste : Le sport sous la devise « Croire,
obéir, combattre » </b></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
Fondateur
du Parti national fasciste (PNF), Benito Mussolini arrive au pouvoir en octobre
1922. Sous sa férule, l’Italie engage « une politique de développement
sportif de masse qui encadre l’activité physique sous l’autorité de l’État ».</div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
<a href="http://2.bp.blogspot.com/-n-HUGBOle9s/T4q4TBhLhLI/AAAAAAAAE9U/q2GV_QJLlyY/s1600/Etudiants+ski+Italie.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="200" src="http://2.bp.blogspot.com/-n-HUGBOle9s/T4q4TBhLhLI/AAAAAAAAE9U/q2GV_QJLlyY/s200/Etudiants+ski+Italie.jpg" width="141" /></a>En « reprenant
l’idée de la fonction militaire de la gymnastique, déjà largement répandue en
Europe au début du XXe siècle, le fascisme utilise le sport comme un moyen de
forger et d’embrigader les masses et surtout la jeunesse italienne. Mussolini
veut cette dernière dynamique, forte et fidèle à son chef, selon sa devise « Croire,
obéir, combattre » qui illustre le caractère violent du régime ».</div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
Elément
central de l’investissement de l’Etat dans l’activité sportive et illustration
de l’idéologie fasciste : la construction des infrastructures sportives.
« Ainsi, l’inauguration des stades, toujours le 28 octobre, jour
anniversaire de la marche sur Rome (1922), devient l’occasion d’organiser des
fêtes fascistes et de mettre en scène le mythe de « l’homme nouveau » italien ».<span style="font-family: DIN-Regular; font-size: 11pt;"> </span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
Bénéficiant
d’une propagande dense, les victoires sportives sont instrumentalisées en succès
politiques : à l’étranger, elles glorifient le régime ;<span style="font-family: DIN-Regular; font-size: 11pt;"> </span>en Italie,
elles visent à renforcer « la cohésion sociale autour d’une conscience
nationale et de transformer les sportifs en héros civils ».<span style="font-family: DIN-Regular; font-size: 11pt;"> </span>Ainsi,
Champion du monde des poids lourds en 1933, Primo Carnera « devient le
symbole vivant de la force du régime. Il pose devant la presse internationale
en uniforme fasciste en faisant le salut romain ».<span style="font-family: DIN-Regular; font-size: 11pt;"> </span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
La « volonté
uniformisatrice », totalitaire du régime « se traduit par une
politique de fascisation qui embrasse tous les domaines de la société »,
dont les milieux sportifs. Le régime fasciste italien, totalitaire, encadre l’activité physique des
jeunes par un système d’organisation pyramidale qui débute « dès l’âge de
huit ans et la pratique obligatoire de la gymnastique se poursuit à l’âge
adulte ».</div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
Vers
« le milieu des années 1930, le régime fasciste s’engage progressivement
sur la voie du racisme et de l’antisémitisme, un processus d’épuration des
milieux sportifs se met brutalement en place ». Des fédérations et
associations sportives tel le Club Alpino Italiano, et les clubs d’échecs et du
tennis édictent un règlement « aryen ». Adoptée en 1938, cette législation
antisémite exclut des Juifs de la société italienne, dont les activités
sportives.</div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
Ainsi, le
boxeur Primo Lampronti est déchu de son titre et contraint de mettre un terme à
sa carrière. L’entraîneur hongrois Arpad Weisz qui, dans les années 1930, « avait
hissé les équipes Inter de Milan et Bologne au sommet du championnat de
football, doit quitter l’Italie et chercher refuge aux Pays-Bas d’où il est
déporté en 1942 à Auschwitz ». </div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;">
Malgré tous ses efforts et sa propagande en faveur
d’un sport spectacle, le fascisme italien ne parvient pas à créer « un
homme nouveau » par sa politique sportive.</div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-indent: 14.2pt;">
</div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-indent: 14.2pt;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;">Le sport
allemand aryanisé</b></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
« Le
jeune Allemand doit être mince et élancé, agile comme un lévrier,
résistant comme le cuir et dur comme l'acier de Krupp ». Telle est la
description d’Adolf Hitler.</div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
Ce qui
suppose un corps sculpté par une discipline sportive spéciale, d’airain.</div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
Dès 1933,
les nazis « ont non seulement mis en œuvre la nazification de la culture
physique et des organisations sportives, mais également utilisé le sport à des
fins racialistes ». </div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
De manière
plus extrémiste qu’en Italie, le sport allemand est donc « épuré » et
dirigé le chef SA de Dresde, Hans von Tschammer und Osten. Celui-ci devient Reichssportführer
en mai 1933. Il déclare que « l'âge de l'individualisme sportif a pris fin » et
que le sport est désormais « une obligation » pour tout Allemand. Le sport est également
« intégré dans la vie collective de la jeunesse à raison de 10 heures
hebdomadaires d'éducation physique pour « contrebalancer une éducation
scolaire » estimée « uniquement intellectuelle ». Enfin, jeunes filles et
femmes sont aussi astreintes à des activités physiques afin qu’elles « offrent
à l'État et au peuple (<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Volk</i>) des
enfants en pleine santé ».</div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
De plus,
les « fédérations sportives ouvrières sont interdites, les clubs chrétiens
sommés d'abandonner toute orientation religieuse, et les Juifs exclus des clubs
et des championnats allemands ».</div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
En théorie,
les Juifs sont autorisés à s'inscrire soit dans les clubs sionistes Maccabi car
ils prônent l'émigration, soit dans les sociétés Schild des anciens combattants
Juifs visant à « propager le sentiment patriotique allemand dans les jeunesses Juives
».</div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
En réalité,
ces deux mouvements affrontent de nombreux obstacles, en particulier pour
obtenir des terrains de jeux spécifiquement juifs, jusqu'à leur interdiction
définitive après la Nuit de cristal en novembre 1938. L'antisémitisme
d’État s’applique aux terrains publics de sport, aux piscines, aux lacs et
rivières utilisés pour nager... Les Juifs « n'ont même plus le droit de
monter à cheval, au motif qu’un cheval allemand ne saurait être en contact avec
un Juif ».<span style="font-family: DIN-Regular; font-size: 11pt;"></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
Sont aussi
persécutés les sportifs tsiganes sont également persécutés. Ainsi, « le
boxeur Sinti, Johann Wihlelm Trollmann, champion d’Allemagne en 1933 grâce à
son fameux jeu de jambes, se voit-il retirer son titre par les nazis ».</div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;">Judaïsme, sionisme et sport</b></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
Depuis « la plus haute Antiquité, la force et
la masculinité juives apparaissent de manière ambivalente », écrit Patrick
Clastres dans le passionnant catalogue de l’exposition. Et de citer les
personnages de <a href="http://www.veroniquechemla.info/2011/03/calling-hedy-lamarr-portrait-dune-femme.html">Samson</a> et de Salomon.</div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
<a href="http://4.bp.blogspot.com/-41-OqLHLYfg/T4q3vcxgp6I/AAAAAAAAE9E/wg1L7FN7EPI/s1600/Lanceur+poids+Maccabi.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="200" src="http://4.bp.blogspot.com/-41-OqLHLYfg/T4q3vcxgp6I/AAAAAAAAE9E/wg1L7FN7EPI/s200/Lanceur+poids+Maccabi.jpg" width="146" /></a>Cette
tradition de la force s’est illustrée dans des sports – le boxeur britannique
David Mendoza (1764-1836), le judoka Moshe Feldendkrais dans les années 1930 -,
les <a href="http://www.veroniquechemla.info/2010/12/regards-de-photographes-sur-le-cirque.html">arts</a> du <a href="http://www.veroniquechemla.info/2011/02/sous-le-chapiteau-des-pauwels-dagnes.html">cirque</a> – le trapéziste américain d’origine hongroise Ehrich Weiss
(1874-1926) devient le célèbre prestidigitateur Houdini -, l’haltérophilie,
etc. Les combats de lutteurs professionnels, parfois parlant le <i style="mso-bidi-font-style: normal;">yéniche</i> (mélange d’allemand, d’hébreu,
de yiddish et de romani) passionnent des rabbins et des élèves des écoles
talmudiques d’Europe centrale et orientale.</div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
L’émancipation
des Juifs européens s’accompagne de la pratique des sports, notamment de la
gymnastique, notamment en Allemagne.</div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
« Nous
devons aspirer à créer de nouveau un « judaïsme du muscle, nous devons
devenir de nouveau des hommes aux torses saillants, avec des corps d’athlète
et au regard hardi et nous devons élever une jeunesse agile, souple et musclée
qui doit se développer à l’image de nos ancêtres, les Hasmonéens, les Maccabées
et Bar Kokhba. Elle doit parfaitement être à la hauteur des combats héroïques
de toutes les nations », écrit <span style="color: windowtext;">Max Nordau</span> (1849-1923), né Simon Miksa
Südfeld, dans son appel lors du deuxième Congrès sioniste à Bâle, en 1898.</div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
En 1913,
des clubs d’Europe centrale prennent le nom de Maccabi (« marteau »
en hébreu), d’après le nom de Macchabée, qui a fondé la dynastie hasmonéenne.
Certains imposent la langue hébraïque dans les stades. </div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
<br />
<a href="http://3.bp.blogspot.com/-INlITBgc2dk/T4q_CDB4FYI/AAAAAAAAE_U/_HfoQl31jOw/s1600/Jiu+Jitsu+club+France+d%C3%A9monstration+Moshe+Feldenkrais.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="128" src="http://3.bp.blogspot.com/-INlITBgc2dk/T4q_CDB4FYI/AAAAAAAAE_U/_HfoQl31jOw/s200/Jiu+Jitsu+club+France+d%C3%A9monstration+Moshe+Feldenkrais.jpg" width="200" /></a>Au tournant
et au début du XXe siècle, dans les rangs sionistes, bundistes et communistes, dans
les communautés Juives d’Europe - mouvements sportifs juifs ouvriers dans la
Pologne de l’entre-deux guerres (Stern, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Morgnshtern</i>)
- et du pourtour méditerranéen, de nombreux clubs sportifs sont créés – club
Bar Kochba à Berlin (1898) qui ouvre dès 1900 une section féminine, club
néerlandais Attila - et sont des espaces de sociabilité.<span style="font-family: DIN-Regular; font-size: 11pt;"></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
Lors des
premières dynasties (<i style="mso-bidi-font-style: normal;">alyoth</i>),
« les nouvelles cultures corporelles s’introduisent en Palestine
ottomane », sont diffusées dans les lycées et clubs à Rishon le Tsion – le
club se transforme en <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Maccabi</i> de
Tel-Aviv en 1912 - ou Bar Giora dès 1906. La fédération des clubs Maccabi en
Palestine mandataire préfigure la structure sportive du futur Etat d’Israël.</div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
Lors du
XIIe congrès sioniste à Karlovy Vary (Carlsbad) en Tchécoslovaquie (1921),
l’Union juive des clubs de gymnastique (UJCG), fondée en 1903, se mue en Union
mondiale du <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Maccabi</i> (UMM) pour
regrouper les clubs d’Amérique, <a href="http://www.hsje.org/maccabi.htm">d’Afrique du nord</a> et de
Palestine mandataire, et privilégier les sports sur la gymnastique. En 1937,
ces Maccabi regroupaient environ 200 000 membres de 27 pays, dont
30 000 de 250 clubs en Pologne.</div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
Dès 1926,
est fondée à Tel-Aviv, une fédération sportive sioniste et socialiste appelée <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ha-Poel</i> (ouvrier en hébreu) placée sous
le contrôle du syndicat de travailleurs <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Histadrut</i>.
Cette fédération s’implante en 1932 en Lituanie et en Lettonie, en 1935 en
Pologne… </div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
Une
troisième organisation sportive sioniste est liée au Bétar.</div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
Aux
Etats-Unis, jusqu'au XXe siècle, les Juifs sont exclus de quartiers aisés, d’hôtels, de stades, de
gymnases, etc. Dans les années 1920, les jeunes Juifs partagent les convictions
de leurs concitoyens sur les valeurs véhiculées par le sport. Même champions,
ces sportifs Juifs américains sont visés par des stéréotypes antisémites.</div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
<a href="http://2.bp.blogspot.com/-RMvuR9nnBJA/T4rTtDZlQ0I/AAAAAAAAFAE/HBlLYDGVOLo/s1600/Watermarks+Affiche.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="200" src="http://2.bp.blogspot.com/-RMvuR9nnBJA/T4rTtDZlQ0I/AAAAAAAAFAE/HBlLYDGVOLo/s200/Watermarks+Affiche.jpg" width="150" /></a>Deux associations
sportives juives marquent l’histoire du sport : le Morgnshtern et <a href="http://www.veroniquechemla.info/2011/10/les-sirenes-de-lhakoah-de-yaron.html">l’Hakoah</a>. Le
<a href="http://www.veroniquechemla.info/2011/10/les-sirenes-de-lhakoah-de-yaron.html">club omnisports Hakoah de Vienne</a> (« la force » en hébreu) est fondé en réaction
à l’interdiction faite aux athlètes Juifs d’intégrer les clubs autrichiens et
gagnent nombre de compétitions européennes. Ses membres arborent l’étoile de
David sur leur maillot.</div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
Le
sport-roi pour les jeunes Juifs : le football, dans lequel s’illustre <a href="http://www.veroniquechemla.info/2011/10/les-sirenes-de-lhakoah-de-yaron.html">l’Hakoah</a>
dans les années 1920 (victoire sur le <i style="mso-bidi-font-style: normal;">West
Ham United,</i> équipe réserve,<i style="mso-bidi-font-style: normal;"> </i>en
1923).</div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
<a href="http://4.bp.blogspot.com/-vAsV3PuLi3o/T4q5XUs3vLI/AAAAAAAAE90/uZmSig4Q2XU/s1600/Lanceuse+disque+Isra%C3%ABl.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="200" src="http://4.bp.blogspot.com/-vAsV3PuLi3o/T4q5XUs3vLI/AAAAAAAAE90/uZmSig4Q2XU/s200/Lanceuse+disque+Isra%C3%ABl.jpg" width="145" /></a>Quant aux
femmes, elles sont attirées par deux modèles dominant dans cette première
moitié du XXe siècle : celui vantant les mérites de la santé par la
culture physique afin de renforcer la capacité à enfanter, ou celui de
« la sportive ».</div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
Après le
refus du CIO <span style="color: black;">(Comité international olympique) de
reconnaître l’UMM, Yosef Yekutieli suggère en 1929 au président du Fonds
national juif de créer des « Jeux olympiques Juifs » pour le 1800<sup>e</sup>
anniversaire de la révolte de Bar Kokhba (132-135 de l’ère vulgaire). Le Haut
commissaire britannique en Palestine Sir Arthur Wauchope conditionne son accord
à la participation d’athlètes arabes et des sportifs du mandat britannique. Du
28 mars au 6 avril 1932, les premières « olympiades Juives » ou
<a href="http://www.jewishsports.net/the_maccabiah_games.htm">Maccabiades</a> se
déroulent dans le stade de 20 000 places édifié spécialement près du
fleuve Yarkon, à Tel Aviv, ville de 50 000 habitants. Défilent 390
athlètes représentant 18 pays et 1 500 gymnastes. En nombre de médailles,
la Pologne devance l’Autriche et les Etats-Unis.</span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
<a href="http://4.bp.blogspot.com/-8IVp9WjwvgU/T4q7kDjXlmI/AAAAAAAAE-s/J5x9dmVvHu0/s1600/Carte+postale+Maccabiade+1935.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="200" src="http://4.bp.blogspot.com/-8IVp9WjwvgU/T4q7kDjXlmI/AAAAAAAAE-s/J5x9dmVvHu0/s200/Carte+postale+Maccabiade+1935.jpg" width="136" /></a><span style="color: black;">Les IIes Maccabiades (1935) attirent 1 350 sportifs de 28 pays. Malgré
les restrictions britanniques à l’a<i style="mso-bidi-font-style: normal;">liyah</i>
(Livres blancs en 1922 et 1930), des athlètes s’installent en Eretz Israël.</span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="color: black;">Des Maccabiades d’hiver ont lieu à Zakopane (Pologne) en 1933 et à Banska
Bystrica (Tchécoslovaquie) en 1936.</span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="color: black;">Les Maccabiades prévues en 1938 sont annulées en raison des persécutions
contre les Juifs en Europe et des troubles en Palestine mandataire.</span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="color: black;">Elles réapparaissent en 1950 avec 800 athlètes de 19 pays, en présence du
président Chaïm Weizmann et de David Ben Gourion.</span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="color: black;">La quatrième édition a lieu en 1953, puis les <a href="http://maccabi.org/">Maccabiades</a>
auront lieu dans l’année suivant les Jeux olympiques.</span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;">Les Jeux du Reich, les <span style="color: black;">« Jeux
d’Hitler »</span> (1936)</b></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="color: black;">En avril 1931, le CIO attribue à
Berlin les XIe Jeux Olympiques d’été.</span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="color: black;">Ces Jeux auraient pu ne pas se dérouler à Berlin car Hitler méprisait « la
croyance pathétique qui attribue au sport un rôle dans la réconciliation des
peuples, dans la paix mondiale, dans l'union des Nations, et dans la solidarité
internationale ». </span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
Le Führer
est persuadé de leur importance par Goebbels qui lui fait miroiter « le
potentiel de propagande » de cette fête quadriennale de la jeunesse sportive
du monde.</div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
Pour ces
Jeux, le ministère nazi de la Propagande produit à destination du monde entier
cartes postales, badges, bulletins d'information publiés en 14 langues
européennes, 200 000 posters traduits en 19 langues (dont un millier en
japonais) et quatre millions de brochures diffusées par la Compagnie allemande
de chemin de fer.</div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
<a href="http://3.bp.blogspot.com/-byCOVJmRWuA/T4q4IIF1yHI/AAAAAAAAE9M/JmIIYzqbWts/s1600/L%E2%80%99Olympiastadion+JO+Berlin+1936.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="128" src="http://3.bp.blogspot.com/-byCOVJmRWuA/T4q4IIF1yHI/AAAAAAAAE9M/JmIIYzqbWts/s200/L%E2%80%99Olympiastadion+JO+Berlin+1936.jpg" width="200" /></a>L’Allemagne
nazie entreprend des travaux importants pour prouver la « puissance
technologique et industrielle allemande : un stade de 100 000 places et des
équipements extérieurs pouvant accueillir 250 000 spectateurs, une tour géante
équipée d'une cloche olympique en bronze, deux nouvelles stations de métro, une
voie triomphale pour le défilé motorisé du Führer, un village olympique
ultramoderne pour héberger les 4 400 sportifs et les 360 sportives
sélectionnés ». Les dirigeants des Jeunesses nazies usent de tous les
moyens pour ramener des médailles comme, par exemple, « l’obligation faite
à l’hermaphrodite Herman Ratjen de concourir chez les femmes ».</div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
Les Nazis refusent
« aux Noirs esclaves, aux Nègres, de disputer la palme de la victoire aux
hommes libres » ; ils s’opposent aussi à la sélection de Juifs dans leurs
équipes nationales. Sous la pression internationale, ils autorisent finalement
les athlètes juifs allemands à s’entrainer pour les épreuves qualificatives,
mais « ils ne leur offrent que des conditions d'entraînement misérables ».
</div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
Aux
États-Unis, malgré un appel à un boycott des Jeux, l’<a href="http://aausports.org/">AAU</a> (<span class="ft">Amateur Athletic Union) </span>donne son accord en décembre 1935, par
quatre voix de majorité, à la participation des athlètes américains.<span style="font-family: DIN-Regular; font-size: 11pt;"> </span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
Le mouvement
sportif européen s’est relativement peu mobilisé pour s’opposer aux Jeux de
Berlin. </div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
<a href="http://1.bp.blogspot.com/-5a5RpJP3-y0/T4q3kHcAbxI/AAAAAAAAE88/AMTq16Bx-5Y/s1600/Pas+un+athl%C3%A8te+%C3%A0+Berlin+1936+affiche.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="200" src="http://1.bp.blogspot.com/-5a5RpJP3-y0/T4q3kHcAbxI/AAAAAAAAE88/AMTq16Bx-5Y/s200/Pas+un+athl%C3%A8te+%C3%A0+Berlin+1936+affiche.jpg" width="135" /></a>L’opposition
la plus énergique provient de la Ligue internationale contre l’antisémitisme
(LICA), Comité mondial de la jeunesse et les deux Internationales sportives
ouvrières, socialiste et communiste. </div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
Des
manifestations sont organisées à Amsterdam, à Prague, au Danemark, en Norvège,
à l’initiative d’émigrés allemands, d’artistes, de militants de gauche, de
défenseurs des droits de l’homme. Le « mouvement de boycott connaît
finalement son apogée à Paris avec l’organisation, par les communistes
français, de la conférence internationale pour le respect de l’Idée olympique
(6 et 7 juin 1936) ». </div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
Les Jeux
Olympiques de Berlin (1936) « constituent le plus grand événement
médiatique des années 1930, et la plus grande démonstration de force nazie ».
</div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
Le 1er août
1936, alors que les croix gammées se mêlent aux anneaux olympiques, plus de 100
000 spectateurs emplissent le stade olympique de Berlin. Ils chantent «
Deutschland über alles » et « Horst Wessel Lied » à l’adresse des 53 nations représentées
par 4 500 athlètes et officiels. Ils se réjouissent quand la délégation
française se présente bras tendus devant la tribune d’honneur : ils croient que
le salut olympique est le salut nazi. Bientôt « s’avance un jeune « aryen
», le champion d’Allemagne du 1
500 m, qui embrase la vasque avec une flamme allumée
pour la première fois à Olympie » (<span style="color: black;">Patrick
Clastres)</span>.<span style="color: black; font-family: DIN-Regular; font-size: 11pt;"> </span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
Quinze
jours plus tard, avec 89 médailles dont 33 en or, et de nombreuses places
d'honneur, les sportifs allemands montent sur la première place du podium pour
le plus grand plaisir des dignitaires nazis présents dans les tribunes. Vingt-trois
des médailles d’or du IIIe Reich concernent « des disciplines qui relèvent
des cultures pré-sportives (équitation militaire, haltérophilie gymnastique) ou
d’épreuves athlétiques où prime la force (poids, marteau, javelot) ».<span style="font-family: DIN-Regular; font-size: 11pt;"> </span>Le IIIe
Reich a atteint le firmament olympique. </div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
Pourtant invaincus
depuis 1896, les Américains occupent la deuxième marche du podium (56 médailles
dont 24 en or).</div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
Les
Hongrois se hissent au troisième rang grâce à leurs escrimeurs (16 médailles
dont 10 en or). </div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
<a href="http://4.bp.blogspot.com/-eijWYhIK_d4/T4q-FKE0TjI/AAAAAAAAE_M/dgfSJX4gFCU/s1600/Luz+Long+Jesse+Owens+JO+Berlin+1936.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="160" src="http://4.bp.blogspot.com/-eijWYhIK_d4/T4q-FKE0TjI/AAAAAAAAE_M/dgfSJX4gFCU/s200/Luz+Long+Jesse+Owens+JO+Berlin+1936.jpg" width="200" /></a>Sauf
quelques exceptions telle Gisela Mauermayer, les « Aryens » ont « subi la
loi des Afro-américains en athlétisme. Sans oublier celui dont les victoires
dépassent la seule histoire du sport : James « Jesse » Owens quadruple médaillé
d'or (100 m
en 10’’3, 200 m
en 20’’7, relais 4 x 100 m
en 39’’8, saut en longueur avec 8,06
m) ». </div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
</div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-indent: 14.2pt;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="color: black;">« Olympia, esthétique du corps masculin et hymne à la propagande nazie »</span></b></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
<a href="http://3.bp.blogspot.com/-REJCbenKBhw/T4rVkY80KOI/AAAAAAAAFAU/8Gfkli_QB9g/s1600/Leni+Riefenstahl+Olympia+Poster.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="200" src="http://3.bp.blogspot.com/-REJCbenKBhw/T4rVkY80KOI/AAAAAAAAFAU/8Gfkli_QB9g/s200/Leni+Riefenstahl+Olympia+Poster.jpg" width="136" /></a>« Des
statues d’athlètes antiques qui prennent vie, un homme noir au corps souple et
musclé qui s’élance pour un 100
mètres, des compétiteurs allemands qui s’exercent nus
dans la campagne germanique dans l’attente de l’ouverture des Jeux. Religion de
l’athlète, record chronométré, « supériorité » de la race aryenne. Passé de
l’agonistique grecque, présent de l’athlétisme anglo-saxon, avenir de la <i style="mso-bidi-font-style: normal;">culture</i> physique allemande. Telle est la
démonstration produite par Leni Riefenstahl avec <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Olympia</i>, projeté en avant-première le 20 avril 1937, en présence
d’Hitler ». </div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
Les
compétitions olympiques à Berlin en août 1936 sont représentées « dans un
cadre esthétique conçu comme un hymne à la beauté et à la force aryennes ».
</div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
Bénéficiant
d’importants moyens financiers alloués par Goebbels, Leni Riefenstahl, jeune
danseuse et actrice devenue cinéaste, a pu réaliser une œuvre filmée d'une très
grande modernité. </div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
<a href="http://4.bp.blogspot.com/-B1TJucRForo/T4rVqbuSHhI/AAAAAAAAFAc/taYWC1j_BPg/s1600/Leni+Riefenstahl+Olympia.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="200" src="http://4.bp.blogspot.com/-B1TJucRForo/T4rVqbuSHhI/AAAAAAAAFAc/taYWC1j_BPg/s200/Leni+Riefenstahl+Olympia.jpg" width="140" /></a>Des « rails
de travelling le long de la piste du 100 m, une caméra-catapulte pour les épreuves
de saut, des caméras en mouvement sur l'eau et sous l’eau, des lentilles et des
focales jamais expérimentées, la possibilité de ralenti, le recours fréquent à
la contre-plongée pour donner une stature majestueuse aux athlètes »… Ces
innovations sont utilisées dans les 400 000 m de bobines et 200 minutes du film. La
« plastique des corps en mouvement envahit l’écran ». </div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
En 1936, « dans
l’univers olympique, les images de propagande de Leni Riefenstahl, empreintes
de références à l’antiquité ».<br />
<br />
<br />
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;">L’Olypiade populaire de Barcelone et les Contre-Jeux ouvriers (1936)</b></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
En
1936, devait se tenir « l’Olympiade populaire, semaine du sport et du
folklore » à Barcelone (Espagne), avec des épreuves inédites (pelote
basque, échecs, tennis de table) et des sportifs représentant des Etats
non constitués : Algérie, Palestine, Juifs émigrés, Catalogne, Maroc
espagnol Maroc français, Euskadi. </div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
Des menaces ont visé les sportifs Juifs. </div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
Le déclenchement de la guerre d’Espagne annule la tenue de cette manifestation sportive. </div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
Un nombre faible d’athlètes – Yask d’Anvers - s’engagent dans les Brigades internationales.</div>
</div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-indent: 14.2pt;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;">« Travail,
famille, patrie… et sport » dans la France de Vichy </b></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
<a href="http://2.bp.blogspot.com/-XY5JI_pRIkI/T4q4m6mX6sI/AAAAAAAAE9c/aHfTP_6Hpvw/s1600/Sport+chevalerie+1940+Affiche.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="200" src="http://2.bp.blogspot.com/-XY5JI_pRIkI/T4q4m6mX6sI/AAAAAAAAE9c/aHfTP_6Hpvw/s200/Sport+chevalerie+1940+Affiche.jpg" width="148" /></a>Pour des
raisons politiques et esthétiques, la propagande de Vichy a accordé une
attention considérable au sport dont il a combattu le professionnalisme.</div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
Né de la
défaite militaire (1940), le régime de Vichy est dirigé par le maréchal Pétain,
alors octogénaire, qui mène la « révolution nationale » et la
collaboration avec l’occupant allemand nazi. Il trouve dans le sport un support
adéquat pour « exprimer la régénération et la re-virilisation de la
nation, la vitalité de la jeunesse, l’esprit de sacrifice de « l'homme nouveau
» et son obéissance au chef ». Au « mousquetaire du tennis » Jean Borotra est
confiée la tache « de renforcer les corps et d'embrigader les esprits ».<span style="font-family: DIN-Regular; font-size: 11pt;"> </span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
<a href="http://2.bp.blogspot.com/-nm_WbZl4C6g/T4q6SNXQ87I/AAAAAAAAE-U/MsFERiAiwR0/s1600/Les+messagers+du+sport+affiche+1941.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="200" src="http://2.bp.blogspot.com/-nm_WbZl4C6g/T4q6SNXQ87I/AAAAAAAAE-U/MsFERiAiwR0/s200/Les+messagers+du+sport+affiche+1941.jpg" width="138" /></a>Par la
Charte des sports du 20 décembre 1940, imitée de la <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Carta dello sport</i> adoptée en Italie en 1926, le commissaire général
à l’Education générale et aux Sports (CGEGS) contrôle les fédérations sportives.
Il a également « l'ambition d’éduquer les masses par l'image du sport et
développe une importante propagande en ayant recourt à l'affiche, à la photographie,
à la radio, au documentaire ». La « propagande du CGEGS, dont
l'impact doit être relativisé, prend d'autres formes comme les matchs contre
des équipes allemandes et les manifestations publiques ». Une imagerie est
reproduite pour les jeunes et les clubs, la presse locale, des dirigeants
sportifs et des membres du gouvernement.<span style="font-family: DIN-Regular; font-size: 11pt;"> </span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
L'engouement
pour le sport des jeunes, des adultes, ou bien encore des jeunes filles et des
femmes, est bien réel, même s’il ne signifie pas un ralliement au régime de Vichy.
En effet, dans cette ère marquée par les privations et les inquiétudes, le
sport a pu servir de dérivatif. </div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
<a href="http://1.bp.blogspot.com/-mlqn2fizwyg/T4q4u6utPnI/AAAAAAAAE9k/DxtfpDKnv4E/s1600/Arm%C3%A9e+nouvelle+affiche+1941.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="200" src="http://1.bp.blogspot.com/-mlqn2fizwyg/T4q4u6utPnI/AAAAAAAAE9k/DxtfpDKnv4E/s200/Arm%C3%A9e+nouvelle+affiche+1941.jpg" width="146" /></a>Le régime
de Vichy privilégie les sports de base ou « purs », tels l'athlétisme et la
natation, et les sports violents comme le rugby à XV et la boxe. </div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
Avec le
retour de Pierre Laval, chef du gouvernement dès avril 1942, Borotra est écarté
de sa fonction, puis déporté par les autorités allemandes pour « acharnement
patriotique » et Joseph Pascot , ancien officier de l'artillerie coloniale
et joueur de rugby à XV, directeur des sports dans le cabinet Borotra, est promu
commissaire général aux sports.<span style="font-family: DIN-Regular; font-size: 11pt;"> </span></div>
<br />
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
Pascot se
démarque de Borotra « par son culte de la personnalité, par un
autoritarisme accru, et surtout par sa complicité passive avec l’occupant, notamment
dans les persécutions antisémites. Les services de « Jep » Pascot vérifient les
conditions d'application de l'ordonnance allemande du 8 juillet 1942 qui
interdit aux Juifs « l'accès à toutes manifestations sportives, soit comme
participants, soit comme spectateurs, de même qu'aux plages et aux piscines ».
L’application de la législation antisémite par le CGEGS et certaines
fédérations, telle la Fédération française de pelote Basque, oblige les
sportifs à déclarer sur l’honneur qu’ils respectent les dispositions
de la loi du 2 juin 1941 (elle remplace la loi du 3 octobre 1940 portant statut
des Juifs).<span style="font-family: DIN-Regular; font-size: 11pt;"> </span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
<a href="http://2.bp.blogspot.com/-eH0LKpGM64k/T4q6F6_Z4JI/AAAAAAAAE-M/BUfGtUxLavs/s1600/Jeunesse+et+montagne+affiche.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="200" src="http://2.bp.blogspot.com/-eH0LKpGM64k/T4q6F6_Z4JI/AAAAAAAAE-M/BUfGtUxLavs/s200/Jeunesse+et+montagne+affiche.jpg" width="133" /></a>Les
échanges entre le CGEGS, le Commissariat aux questions juives et l’UGIF (Union générale des israélites de France)
montrent
les formes variées d’exclusion des Juifs des activités sportives. L’étau se
resserre sur les sportifs Juifs et communistes. Les membres de la <a href="http://fsgt.org/">FSGT</a> (Fédération sportive et gymnique du travail),
association sportive d'éducation populaire, sont poursuivis, et son secrétaire
général, Auguste Delaune est interpelé, interné, remis à la Gestapo et torturé
à mort. Les champions <a href="http://veroniquechemla.blogspot.com/2010/05/alfred-nakache-le-nageur-dauschwitz.html">Alfred « Artem » Nakache</a>,
nageur, et Victor « Young » Perez, (1911-1945) boxeur, sont déportés à Auschwitz. <br />
<br />
<br />
Né
à Tunis, Victor Young Perez a été champion du monde de boxe en 1931.
Arrêté en septembre 1943, il est déporté au camp d’Auschwitz. Il est
abattu lors de la Marche de la Mort. </div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
En 1940, le
régime de Vichy veut « redresser » moralement et physiquement la jeunesse
française. Mission est confiée à un organisme nouveau, le Commissariat général
à l’éducation générale et aux sports qui « introduit l’autoritarisme
vichyste dans un espace social théoriquement neutre ». </div>
<br />
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-indent: 14.2pt;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;">« Sport »
dans les ghettos et dans l’univers concentrationnaire nazi</b></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
<a href="http://4.bp.blogspot.com/--B4dMiPfoxE/T4q6st0azOI/AAAAAAAAE-c/OC3bv-qbPMA/s1600/Intern%C3%A9s+camp+internement+Pithiviers.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="123" src="http://4.bp.blogspot.com/--B4dMiPfoxE/T4q6st0azOI/AAAAAAAAE-c/OC3bv-qbPMA/s200/Intern%C3%A9s+camp+internement+Pithiviers.jpg" width="200" /></a>Dans les camps d'internement, dont celui de Pithiviers (France), certains pratiquent des activités sportives.</div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
</div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
De pratique
autorisée dans les premiers camps de concentration et les ghettos, le sport est
transformé dans son essence par les Nazis pour devenir un supplice dans les
centres de mise à mort. En effet, « dans la phraséologie nazie, le terme
de « sport » a pu recouvrir différentes significations mortifères comme chasse
aux Juifs sans défense, humiliation physique, ou mise à mort ».<span style="font-family: DIN-Regular; font-size: 11pt;"> </span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
Dans la « première
période des camps de concentration de Dachau, Buchenwald, ou Poniatowa, les
déportés politiques rejoints par les prisonniers de guerre ont pu pratiquer le
sport, comme d’autres activités (théâtre, musique, conférences) ». </div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
<a href="http://4.bp.blogspot.com/-N2gCQjrYiiw/T4q43UhYD2I/AAAAAAAAE9s/0UiJWZoYiMI/s1600/Ghetto+Salonique+sport+1942.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="130" src="http://4.bp.blogspot.com/-N2gCQjrYiiw/T4q43UhYD2I/AAAAAAAAE9s/0UiJWZoYiMI/s200/Ghetto+Salonique+sport+1942.jpg" width="200" /></a>Dans les
ghettos – Lodz, Varsovie -, les populations organisent des séances de
gymnastique pour garder des « repères de normalité et de liberté ».
Pour les habitants Juifs des ghettos, les « exercices physiques peuvent
aussi être transformés par les persécuteurs en brimades et humiliations :
séances de gymnastique au sol dans les rues boueuses de Varsovie, flexions des
genoux avec les bras tendus en avant jusqu’à épuisement à <a href="http://www.veroniquechemla.info/2011/02/le-rabbin-de-salonique-de-michele-kahn.html">Thessalonique</a>, ou
bien encore courses de chevaux humains sous les huées à Minsk ». Le « processus
nazi de déshumanisation brouille les frontières entre la vie et la mort ».
Sur une partie du cimetière Juif de Lublin, des Juifs du ghetto de cette ville
polonaise sont contraints de construire le terrain de sport et le complexe
nautique de la SS.</div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
À Terezín, « des
simulacres de courses sont imposées aux prisonniers pour tester leur aptitude
au travail forcé : leur performance déterminait leur survie. Survivre si, et
seulement, si on est vainqueur à la course ». </div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
Dans les
centres de mise à mort, le sport se présente sous des formes extrêmes comme ces
quelques matchs de football attestés entre SS et Totenjüden à Belzec ou bien
entre SS et Sonderkommandos à Auschwitz. Les champions Juifs, lorsqu’ils sont
reconnus, sont très souvent humiliés et victimes de tortures « sportives ».</div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-indent: 14.2pt;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;">Résister
dans et par le sport</b></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
Des
résistants comme Marcel Rayman ou Rino Della Negra ont un passé sportif.</div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
Les motifs
de la résistance ? Le « sursaut patriotique, le niveau de conscience
politique, le désir de vengeance, l’inconscience du danger souvent propre à la
jeunesse, l’effet d’entraînement qu’impliquent les liens de camaraderie et de
solidarité ».<span style="font-family: DIN-Regular; font-size: 11pt;"> </span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
Parmi « les
héros français du sport » dont les biographies sont publiées par Bernard Busson
en 1947, les « athlètes qui ont combattu sous l’uniforme en 1939-40 et en
1944-45 sont plus nombreux que les sportifs devenus combattants de l’ombre ».
</div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
En
Allemagne, quelques athlètes tels Werner Seelenbinder et <a href="http://www.veroniquechemla.info/2012/04/albert-richter-1912-1940-champion.html">Albert Richter</a> ont
résisté au régime nazi, démontrant « une opposition à l’embrigadement et
l’idéologie officiels ». Pour avoir perdu et sympathisé avec Jesse Owens
lors des J.O. de Berlin (1936), le sauteur en longueur Carl Ludwig « Luz » Long
est affecté sur le front italien où il meurt en 1943 lors de la bataille de San
Pietro. </div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
Les
activités sportives, lorsqu’elles sont autorisées, ont pu servir de couverture
à des formes d’organisation résistante. Ainsi, le préfet Bousquet dissout des
clubs de ping-pong parisiens au motif qu’ils dissimulent d’anciennes cellules
communistes. La section socialiste de Toulouse, qui refuse de se rallier au
nouveau conseil municipal, se reconstitue sous la forme d’une association
sportive. À Orléans, les dirigeants locaux de la résistance s’activent au sein
des clubs dans lesquels ils étaient déjà actifs avant-guerre. Les « déplacements
sportifs peuvent également couvrir des activités de résistance et les foules
des stades servir de refuge aux combattants ». Créé en 1941 par Robert
Mension et Auguste Delaune, Sport Libre est le seul mouvement sportif
clandestin français. Il illustre « la participation du sport ouvrier aux
combats de la Résistance et, plus précisément, un prolongement dans le stade de
l’action résistante communiste. Tandis qu’Auguste Delaune est arrêté par la
police de Vichy et torturé à mort en 1943, son camarade Robert Mension devient
l’un des principaux dirigeants des jeunesses communistes ».<span style="font-family: DIN-Regular; font-size: 11pt;"> </span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
Le sport, en
particulier « sous sa forme de culture physique, est un pourvoyeur
d’énergie et un reconstituant psychique. Les maquisards ont pu l’utiliser, par
exemple, pour se maintenir en forme et se préparer au combat. Après la
dissolution par Pierre Laval de l’École des cadres d’Uriage créée par le régime
de Vichy pour former l’élite française, l’animateur Joffre Dumazedier entre
dans la clandestinité et développe sa pédagogie du sport auprès des militants
ajistes de la région Rhône-Alpes ». </div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
<a href="http://3.bp.blogspot.com/-KVS7wqu7y1c/T4q9hhS1UdI/AAAAAAAAE-0/spf2gv-Bx1Q/s1600/Activit%C3%A9s+maison+Secours+enfants.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="131" src="http://3.bp.blogspot.com/-KVS7wqu7y1c/T4q9hhS1UdI/AAAAAAAAE-0/spf2gv-Bx1Q/s200/Activit%C3%A9s+maison+Secours+enfants.jpg" width="200" /></a>Ingénieur et
professeur d'éducation physique, le résistant Georges Loinger utilise ses activités
physiques et sportives, et de scoutisme, pour éduquer et sauver des enfants
Juifs en les faisant passer en Suisse.</div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
<a href="http://4.bp.blogspot.com/-hcWkoy6yV_0/T4q7RhOJ6SI/AAAAAAAAE-k/MZJtYXMpTqo/s1600/Alfred+Nakache+200+m%C3%A8tres+papillon.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="133" src="http://4.bp.blogspot.com/-hcWkoy6yV_0/T4q7RhOJ6SI/AAAAAAAAE-k/MZJtYXMpTqo/s200/Alfred+Nakache+200+m%C3%A8tres+papillon.jpg" width="200" /></a>Le sport, comme
défi dans les situations les plus dramatiques ? Le champion de natation
français <a href="http://veroniquechemla.blogspot.com/2010/05/alfred-nakache-le-nageur-dauschwitz.html">Alfred Nakache</a> et le jeune Noah Klieger nagent dans une citerne
d’Auschwitz à l’insu de leurs bourreaux. Pour « se prouver qu’ils n’ont
pas été privés de toute humanité, et aussi pour redonner courage à leurs
compagnons d’infortune ».<br />
<br />
</div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;">Sport, régimes totalitaires ou autoritaires et cinéma</b></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
<a href="http://1.bp.blogspot.com/-M8Sw6U4cdQ8/T4rVLuxSY2I/AAAAAAAAFAM/XDM1XwOVLLQ/s1600/Leni+Riefenstahl+Die+G%C3%B6tter+des+Stadions.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="200" src="http://1.bp.blogspot.com/-M8Sw6U4cdQ8/T4rVLuxSY2I/AAAAAAAAFAM/XDM1XwOVLLQ/s200/Leni+Riefenstahl+Die+G%C3%B6tter+des+Stadions.jpg" width="140" /></a>Ces
relations complexes entre sport et régimes totalitaires ont inspiré de nombreux
films, dont <i>Les Dieux du stade</i> de Leni Riefenstahl (Allemagne, documentaire, 1936), <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Le boxeur et la mort </i>de
Peter Solan (Tchécoslovaquie, 1963) et <i style="mso-bidi-font-style: normal;">L’Enclos</i>
d’Armand Gatti, ancien déporté au camp de Lindemann (France, Yougoslavie,
1961) - dans ces deux films, l’action se déroule dans un camp de
concentration -, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Alfred Nakache, le
nageur d’Auschwitz</i> de Christian Meunier (France, documentaire, 2001), <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Albert Richter, le champion qui a dit non</i>
de Michel Viotte (France, documentaire, 2005), <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Watermarks</i> de Yaron Zilberman (Israël, France, Etats-Unis,
documentaire, 2006) sur l’Hakoah.<span style="font-family: DIN-Regular; font-size: 11pt;"></span></div>
<br />
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-indent: 14.2pt;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;">Londres
1948, des Jeux de sortie de guerre </b></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
Malgré la
paix et la liberté, l’après-guerre s’avère difficile et empli de défis à
relever : reconstruire des économies, transformer des économies de guerre
en économie de paix, relancer des sociétés et des démocraties affaiblies et
rendues exsangues par la Seconde Guerre mondiale… Tout ceci rend nécessaire au
préalable « la reconstitution des organismes et le ressourcement des
psychismes ».</div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
La vie
quotidienne des Européens consiste à s’alimenter – les bons d’alimentation ont
encore cours -, à découvrir, et pour certains oublier, les atrocités (<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Shoah</i>), récupérer un état de santé
anémiée par les privations. Ces priorités économiques et alimentaires basiques
passent avant les activités sportives.</div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
<a href="http://3.bp.blogspot.com/-soiGtKrOf7s/T4q9s0thoJI/AAAAAAAAE-8/kG33gmIhjW4/s1600/Carte+postale+JO+1940.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="141" src="http://3.bp.blogspot.com/-soiGtKrOf7s/T4q9s0thoJI/AAAAAAAAE-8/kG33gmIhjW4/s200/Carte+postale+JO+1940.jpg" width="200" /></a>C’est à
Londres, cité de résistance et bombardée, que le Comité international olympique
(CIO), confie la tache de relancer en 1948 le cycle olympique interrompu à
Berlin (1936) – les J.O. de 1940 sont annulés en raison du déclenchement de la
Seconde Guerre mondiale<span style="font-family: DIN-Regular; font-size: 11pt;">. </span>Organisés « dans la bonne humeur et grâce au
système D, les « jeux de l’austerity » sont présentés comme une contribution
britannique au relèvement du monde ». </div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
Un an après
l’indépendance du sous-continent indien, les piètres résultats des athlètes
anglais, qui ne remportent que trois médailles, symbolisent plutôt un déclin de
l’Empire britannique.<span style="font-family: DIN-Regular; font-size: 11pt;"> </span>Grâce à l’absence des nations exclues, la France « sauve
son statut de grande puissance en terminant troisième, au nombre de médailles,
derrière les États-Unis et la Suède ».<span style="font-family: DIN-Regular; font-size: 11pt;"></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
Les
performances réalisées lors des Jeux Olympiques de Londres (29 juillet – 14
août 1948) sont souvent inférieures à celles de 1936, car les organismes sont
affaiblis. Douze années les J.O de Berlin, nombre de champions sont morts au
front, en résistant ou en déportation. Certains « font toutefois figure de
ressuscités » : le tireur au fusil philippin Martin Gison, arrivé
quatrième à Berlin, fait prisonnier par les Japonais et obligé de participer à
la marche de la mort de Bataan, le tireur au pistolet Karoly Takacs, champion
du monde par équipes pour la Hongrie en 1938, médaillé d’or à Londres avec sa
main gauche car il a perdu sa main droite à la suite de l'explosion d'une
grenade, le <a href="http://veroniquechemla.blogspot.com/2010/05/alfred-nakache-le-nageur-dauschwitz.html">nageur français Alfred Nakache</a>, éprouvé par sa déportation à
Auschwitz, est qualifié pour Londres mais sans pouvoir atteindre la finale du 200 m brasse.</div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
Le cavalier
français André Jousseaume en dressage par équipe, l’épéiste italien Edoardo
Mangiarotti, le gymnaste suisse Michael Reusch, les Hongrois Jenö Brandi (polo),
Jozsef Varszegi (javelot), Aladar Gerevitch (sabre) et Ilona Helek (fleuret),
l'haltérophile américain John Terpak, le marathonien sud-africain Johannes
Coleman... Tels sont les athlètes ayant participé voire obtenu des médailles
aux Jeux Olympiques de 1936 et de 1948.</div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
Ces Jeux de
Londres de l’année 1948 symbolisent le monde libre et la résistance au nazisme.</div>
<br />
<br />
<div align="center" class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: center; text-indent: 14.2pt;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-size: 14pt;"><span style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif;"><span style="color: #20124d;">Itinéraires biographiques</span></span></span></b></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-indent: 14.2pt;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;">Gretel
Bergmann </b></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
<a href="http://3.bp.blogspot.com/-czjwhwDhBJ4/T4q3QOBI0QI/AAAAAAAAE80/qhScCEmRWF8/s1600/Gretel+Bergmann+saut+1936.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="200" src="http://3.bp.blogspot.com/-czjwhwDhBJ4/T4q3QOBI0QI/AAAAAAAAE80/qhScCEmRWF8/s200/Gretel+Bergmann+saut+1936.jpg" width="140" /></a>Athlète Juive
allemande, Gretel Bergmann a été championne internationale de saut en hauteur. </div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
Expulsée de
son club d’athlétisme en 1933, elle se réfugie au Royaume-Uni où elle s’illustre
comme une championne nationale. </div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
En
septembre 1935, la fédération sportive allemande d’athlétisme l’invite à
intégrer l’équipe olympique allemande qui s’entraine pour les Jeux Olympiques de
Berlin (1936). Le régime nazi tente ainsi d’apaiser les mouvements de
contestation exhortant au boycott de ces Jeux et de redorer l’image de
l’Allemagne en la présentant comme une nation pacifique ne discriminant pas les
Juifs. A Berlin, Gretel Bergmann s’entraîne avec l’équipe allemande. </div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
Le 30 juin
1936, un mois avant les Jeux Olympiques, Gretel Bergmann saute 1,60 mètre et bat le
record d’Allemagne. A la fin du stage de préparation, elle est évincée de
l’équipe nationale allemande en alléguant des « performances insuffisantes ». </div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
« Humiliée,
Gretel Bergmann s’exile en 1937 aux Etats-Unis où elle poursuit sa carrière
jusqu’en 1939. Après son mariage avec l’athlète Bruno Lambert, elle prendra son
nom, devenant Margareth Lambert ». </div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
Son record
de 1936 ne sera reconnu par la fédération allemande d'athlétisme qu’en 2009.</div>
<br />
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-indent: 14.2pt;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;">Ilona Elek,
Helene Mayer et Ellen Preis </b></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
« Au
regard des lois nazies de Nuremberg, ce sont trois « demi-juives » (<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Mischlinge</i>), qui occupent le podium
olympique du fleuret féminin à Berlin en 1936 ». Médaillée d’argent,
Helene Mayer effectue le salut nazi. </div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
D'origine
juive par son père, médecin réputé et patriote, Helene Mayer jouit d’une
immense popularité en Allemagne depuis sa victoire aux jeux d'Amsterdam en 1928
à l'âge de 17 ans. En Californie, elle étudie le droit après les jeux de Los
Angeles. Là, elle apprend en 1933 sa radiation du club d’Offenbach. </div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
« Incarnation
de la parfaite « aryenne » pour les nazis, se considérant elle-même comme
Allemande, elle répond favorablement à l'invitation d’Hitler de participer aux
Jeux de Berlin. Son ambition sportive et sa naïveté politique, davantage que la
crainte de représailles pour sa famille, en font la caution du régime nazi et
de tous les adversaires du boycott ». Elle continue sa carrière aux Etats-Unis,
puis revient vivre en République fédérale d’Allemagne (RFA), Allemagnede
l’ouest, après la Seconde Guerre mondiale. </div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
Quant à ses
deux rivales, elles « connaissent une longévité olympique remarquable :
une nouvelle médaille d’or à Londres en 1948 et l’argent à Helsinki en 1952
pour la Hongroise Ilona Elek, le bronze à Londres et une honorable septième
place à Melbourne en 1956 pour l’Autrichienne Ellen Preis ».<span style="font-family: Calibri; font-size: 11pt;"> </span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
</div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;">Noah Klieger</b></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
<a href="http://1.bp.blogspot.com/-gWmELv_SFPw/T4q2qq7CTvI/AAAAAAAAE8s/JAxkLMA1H3k/s1600/Noah+Klieger+La+boxe+ou+la+vie+Couverture.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="200" src="http://1.bp.blogspot.com/-gWmELv_SFPw/T4q2qq7CTvI/AAAAAAAAE8s/JAxkLMA1H3k/s200/Noah+Klieger+La+boxe+ou+la+vie+Couverture.jpg" width="103" /></a>Né en 1926
à Strasbourg, <a href="http://www.akadem.org//sommaire/themes/histoire/la-solution-finale/un-apprenti-boxeur-a-auschwitz-04-06-2007-6960_95.php">Noah Klieger</a> est
Arrêté sur dénonciation, et déporté à Auschwitz le 15 janvier 1943. </div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
Il échappe
à la sélection grâce au champion du monde des poids mouche Victor « Young »
Perez qui lui suggère de se présenter comme un boxeur. Il entre dans l’équipe
de boxe d’Auschwitz- III (Buna-Monovitz) créée par le commandant Schwartz. Les
combats se déroulent le dimanche d’octobre 1943 à mai 1944. </div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
<a href="http://2.bp.blogspot.com/-a60sWZ2TVsE/T4rQVPpVS9I/AAAAAAAAE_c/u5zEUYWe_sE/s1600/Noah+Klieger+L%27%C3%A9pop%C3%A9e+de+L%27Exodus.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="200" src="http://2.bp.blogspot.com/-a60sWZ2TVsE/T4rQVPpVS9I/AAAAAAAAE_c/u5zEUYWe_sE/s200/Noah+Klieger+L%27%C3%A9pop%C3%A9e+de+L%27Exodus.jpg" width="153" /></a>Après 1945,
ce journaliste embarque sur <i style="mso-bidi-font-style: normal;">l’Exodus, </i>fait
son <i style="mso-bidi-font-style: normal;">aliyah</i>, et combat pour
l’indépendance du pays. </div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
Il écrit pour
Yediot Aharonot et <i style="mso-bidi-font-style: normal;">L’Equipe.</i></div>
<br />
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;">Georges Loinger</b></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
Ingénieur et
professeur d'éducation physique, le résistant Georges Loinger utilise ses activités
physiques et sportives, et de scoutisme, pour influer positivement sur le moral
des enfants Juifs accueillis avant guerre et ceux réfugiés dans les quatorze «
maisons » de zone non-occupée, et fait passer des enfants Juifs en Suisse,
notamment via un terrain de sport d’Annemasse près de la frontière. </div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
Le sport
sert alors à éduquer – « programmes sportifs et compétitions comme vecteur
d’épanouissement personnel et collectif » - et à sauver. </div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
A la fin de
la guerre, Georges Loinger crée le service de l’éducation physique et
l’association Sport et Joie, et participe à l’aliyah clandestine vers la
Palestine mandataire.</div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;">Alfred Nakache </b></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
Né à Constantine,
<a href="http://www.veroniquechemla.info/2012/04/alfred-nakache-le-nageur-dauschwitz-de.html">Alfred Nakache</a> devient, dans les années 1930, aux côtés de Jean Taris, une « figure
emblématique de la natation française » en multipliant les exploits
sportifs.</div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
<a href="http://4.bp.blogspot.com/-hcWkoy6yV_0/T4q7RhOJ6SI/AAAAAAAAE-k/MZJtYXMpTqo/s1600/Alfred+Nakache+200+m%25C3%25A8tres+papillon.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="133" src="http://4.bp.blogspot.com/-hcWkoy6yV_0/T4q7RhOJ6SI/AAAAAAAAE-k/MZJtYXMpTqo/s200/Alfred+Nakache+200+m%25C3%25A8tres+papillon.jpg" width="200" /></a>Surnommé « Artem », il « s’illustre
en brasse papillon et enchaîne titres, médailles et « Unes » de la presse. A
plusieurs reprises champion de France, il poursuit cette ascension sportive
jusqu’à l’été 1942. </div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
Le régime
du Maréchal Pétain, tout en adoptant une législation antisémite qui fait des
Juifs de France des citoyens de seconde zone, autorise <a href="http://veroniquechemla.blogspot.com/2010/05/alfred-nakache-le-nageur-dauschwitz.html">Alfred Nakache</a> à nager
pour défendre les couleurs nationales ». </div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
<a href="http://4.bp.blogspot.com/-8bwTbORm5Pw/T4rRtuaEdII/AAAAAAAAE_k/OiBv6bq5ek0/s1600/Denis+Baud+Alfred+Nakache+Livre.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="200" src="http://4.bp.blogspot.com/-8bwTbORm5Pw/T4rRtuaEdII/AAAAAAAAE_k/OiBv6bq5ek0/s200/Denis+Baud+Alfred+Nakache+Livre.jpg" width="124" /></a>Mais « le
paradoxe ne dure pas : le champion est la cible des attaques des journaux
antisémites tandis que le Commissariat à l’Education générale et aux Sports lui
interdit de participer aux championnats de France en 1943 ». </div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
Après
l’échec d’une tentative de fuite via l’Espagne, Alfred Nakache est arrêté en
1943, et déporté à Auschwitz en janvier 1944 avec sa femme et leur fille.
Celles-ci sont assassinées dès leur arrivée. </div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
<a href="http://3.bp.blogspot.com/-R3CaaJYoiN0/T4rRzdkrGJI/AAAAAAAAE_s/TTivdcp6ocE/s1600/Alfred+Nakache+DVD+2011.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="200" src="http://3.bp.blogspot.com/-R3CaaJYoiN0/T4rRzdkrGJI/AAAAAAAAE_s/TTivdcp6ocE/s200/Alfred+Nakache+DVD+2011.jpg" width="138" /></a><a href="http://veroniquechemla.blogspot.com/2010/05/alfred-nakache-le-nageur-dauschwitz.html">AlfredNakache</a> est affecté au camp d’Auschwitz III-Monowitz. « Il nage encore. Il
s’agit parfois d’actes de résistance et de dignité humaine face à l’indicible ;
à d’autres reprises, dans le bassin de rétention d’eau, il est question de
l’arbitraire d’un garde SS qui lui impose une pratique de la nage, instrument
de soumission en allant chercher les clés et les cailloux qui lui sont lancés
au fond d’une citerne d’eau croupie et glacée. L’expérience concentrationnaire
vécue par Alfred Nakache est marquée du sceau de son statut de champion de
natation. Elle a largement contribué à construire l’image du « nageur
d’Auschwitz ». </div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
De retour
des camps, <a href="http://veroniquechemla.blogspot.com/2010/05/alfred-nakache-le-nageur-dauschwitz.html">Alfred Nakache</a> parivent à reprendre la natation, à se faire
sélectionner aux Jeux Olympiques de 1948, douze ans après sa participation aux J.O.
de Berlin (1936).<br />
<br />
A l'occasion du Yom HaShoah (19 avril 2012), la mairie de Netanya a donné le nom du nageur Alfred Nakache à la <a href="http://www.guysen.com/news_Netanya-les-memoires-du-nageur-Alfred-Nakache-et-du-boxeur-Victor-Young-Perez-de_349549.html">salle de sports de l'école Shaï Agnon de cette ville israélienne</a>. Puis a été inaugurée la <a href="http://www.guysen.com/news_Netanya-les-memoires-du-nageur-Alfred-Nakache-et-du-boxeur-Victor-Young-Perez-de_349549.html">salle de sports du lycée Sharett</a> qui désormais porte le nom du boxeur Victor Young Perez. </div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;">Albert Richter</b></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
<a href="http://1.bp.blogspot.com/-Z9CfRNarzNo/T4rR9y0KbAI/AAAAAAAAE_0/Ez3_GIN3ljU/s1600/Michel+Viotte+Albert+Richter+champion+qui+a+dit+non.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="200" src="http://1.bp.blogspot.com/-Z9CfRNarzNo/T4rR9y0KbAI/AAAAAAAAE_0/Ez3_GIN3ljU/s200/Michel+Viotte+Albert+Richter+champion+qui+a+dit+non.jpg" width="151" /></a><a href="http://www.veroniquechemla.info/2012/04/albert-richter-1912-1940-champion.html">Albert Richter</a> est l’un des plus grands coureurs cyclistes allemands de l’entre-deux-guerres.
</div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
Malgré
l’emprise des nazis, Richter demeure fidèle à son entraineur Juif, Ernst
Berliner. </div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
Il est le
seul cycliste à s’opposer publiquement à l’autorité des Nazis. </div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
Le 3
janvier 1940, Richter est retrouvé mort dans des circonstances non élucidées. </div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
<a href="http://4.bp.blogspot.com/-pfHVPRdPPP8/T4q0TemPcGI/AAAAAAAAE8c/zLlOlvrpzZo/s1600/Le+sport+%C3%A0+l%27%C3%A9preuve+du+nazisme+catalogue.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="200" src="http://4.bp.blogspot.com/-pfHVPRdPPP8/T4q0TemPcGI/AAAAAAAAE8c/zLlOlvrpzZo/s200/Le+sport+%C3%A0+l%27%C3%A9preuve+du+nazisme+catalogue.jpg" width="144" /></a><b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="http://librairie.memorialdelashoah.org/ficheproduit.asp?pid=17D7995B&rid=BEBC212&uid=120412202336128551662">Le sport européen à l’épreuve du nazisme. Des JO de Berlin aux JO de Londres (1936–1948).</a></i></b><b style="mso-bidi-font-weight: normal;"> Ed. Mémorial de la Shoah, 2011. 126 pages.
ISBN : 9782916966625</b></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="color: black; font-family: Times,"Times New Roman",serif;"><b></b></span></b><br />
<span style="font-size: 11pt;"></span></div>
<br />
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif;"><span style="color: #20124d;">Visuels :</span></span></b></div>
Affiche<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
Athlète au
disque. </div>
Photographie
de Liselotte Grschebina, 1937. <br />
<span style="color: windowtext; font-family: "Times New Roman";">Liselotte
Grschebina, photographe juive allemande, quitte l’Allemagne nazie en 1934 pour
s’installer à Tel Aviv. Elle réalise en 1937 une série de photographies de sportifs
juifs dont l'esthétisme n'est pas sans rappeler les sources d’inspiration et
les réalisations de Leni Riefenstahl notamment pour son film Olympia. © Le
Musée d’Israël, Jérusalem </span><br />
<br />
<br />
<div class="Default" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="color: windowtext; font-family: "Times New Roman";">Séance
de gymnastique lors d’une fête sportive à la maison d’enfants du château de
Chabannes. France, 25 août 1942. </span></div>
<span style="color: windowtext; font-family: "Times New Roman";">La
photographie a été prise la veille de la rafle du 26 août 1942. </span><br />
Coll.
Mémorial de la Shoah/CDJC/Fonds OSE/Coll. Rosner. <br />
<br />
<br />
<div class="Default" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="color: windowtext; font-family: "Times New Roman";">Groupe
d’étudiants à ski d’une université fasciste s’entrainant dans les Alpes
italiennes. </span></div>
<span style="color: windowtext; font-family: "Times New Roman";">Italie,
années 1930. </span><br />
© AKG-images
<br />
<br />
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
Lanceur de
poids, lors du championnat du Maccabi et du Reichsbundes jüdischer
Frontsoldaten (RJF, association sportive des vétérans juifs d’Allemagne). Berlin,
Allemagne, 14 juillet 1935. </div>
©
AKG-images/Abraham Pisarek. <br />
<br />
<br />
<div class="Default" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="color: windowtext; font-family: "Times New Roman";">Démonstration
effectuée par Moshe Feldenkrais au Jiu-Jitsu-Club de France. </span></div>
Paris, 10
février 1939. Coll. Michel Brousse <br />
<br />
<br />
<div class="Default" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="color: windowtext; font-family: "Times New Roman";">Carte
postale publiée à l'occasion des IIe Maccabiades. </span></div>
Tel Aviv,
Palestine mandataire, 2 au 10 avril 1935. <br />
<span style="color: windowtext; font-family: "Times New Roman";">Coll.
Mémorial de la Shoah/CDJC. </span><br />
<br />
<br />
<div class="Default" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="color: windowtext; font-family: "Times New Roman";">L’Olympiastadion,
construit par les nazis pour les Jeux Olympiques de Berlin de 1936. </span></div>
Coll.
Mémorial de la Shoah/CDJC. <br />
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
Pas un athlète à Berlin ! Comité d’action
contre le déroulement des Jeux Olympiques à Berlin, France, 1936. Affiche,
[40,1 x 60,1 cm]. Coll. Mémorial de la Shoah/CDJC. </div>
<br />
<br />
<div class="Default" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="color: windowtext; font-family: "Times New Roman";">Luz
Long et Jesse Owens le long de la piste lors de la finale du saut en longueur
des Jeux Olympiques. </span></div>
<div class="Default" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="color: windowtext; font-family: "Times New Roman";">Berlin, Allemagne, 1936. </span></div>
<div class="Default" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="color: windowtext; font-family: "Times New Roman";">Coll. George Eisen </span></div>
<br />
<br />
<div class="Default" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="color: windowtext; font-family: "Times New Roman";">Le
sport, cette chevalerie moderne. </span><br />
<span style="color: windowtext; font-family: "Times New Roman";">France, 1940. </span></div>
<div class="Default" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="color: windowtext; font-family: "Times New Roman";"></span><span style="color: windowtext; font-family: "Times New Roman";">Affiche
éditée par le Commissariat général à l’Education générale et aux Sports. [123 x
166,5 cm] </span></div>
Coll.
Mémorial de la Shoah/CDJC. <br />
<br />
<br />
<div class="Default" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="color: windowtext; font-family: "Times New Roman";">Les
Messagers du Sport. </span></div>
<span style="color: windowtext; font-family: "Times New Roman";">France,
1941. </span><br />
<span style="color: windowtext; font-family: "Times New Roman";">Affiche
du film de propagande tourné au cours de la tournée Borotra en Afrique du Nord.
</span><br />
Coll.
Mémorial de la Shoah/CDJC. <br />
<br />
<br />
<div class="Default" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="color: windowtext; font-family: "Times New Roman";">Armée
nouvelle. </span></div>
<div class="Default" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="color: windowtext; font-family: "Times New Roman";">France,
1941. </span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
Coll.
Mémorial de la Shoah. </div>
<br />
<span style="color: windowtext; font-family: "Times New Roman";">«
Jeunesse et montagne ». </span><br />
<span style="color: windowtext; font-family: "Times New Roman";">France,
1940-1944. </span><br />
<div class="Default" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="color: windowtext; font-family: "Times New Roman";">Affiche
éditée par le Commissariat à l’Education générale et aux Sports. </span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
Coll.
Mémorial de la Shoah/CDJC. </div>
<br />
<br />
<div class="Default" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="color: windowtext; font-family: "Times New Roman";">Internés
membres du groupe sportif de la baraque 10 du camp d’internement de Pithiviers
(Loiret). </span></div>
<div class="Default" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="color: windowtext; font-family: "Times New Roman";">France,
mai 1941-juin 1942. </span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
Coll.
Mémorial de la Shoah/CDJC/Coll. Krauzman </div>
<br />
<br />
<div class="Default" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="color: windowtext; font-family: "Times New Roman";">Le
« sport » dans le ghetto de <a href="http://www.veroniquechemla.info/2011/02/le-rabbin-de-salonique-de-michele-kahn.html"><span style="font-family: Times;">Salonique</span></a>. </span></div>
<div class="Default" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="color: windowtext; font-family: "Times New Roman";">Grèce, 1942.</span></div>
<div class="Default" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="color: windowtext; font-family: "Times New Roman";">Sous
les ordres des nazis, les Juifs sont obligés de faire des exercices sportifs
jusqu’à épuisement.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
Coll.
Mémorial de la Shoah/CDJC. </div>
<br />
<br />
<div class="Default" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="color: windowtext; font-family: "Times New Roman";">Activités
sportives pour les enfants d’une maison du Secours suisse aux Enfants. </span></div>
<div class="Default" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="color: windowtext; font-family: "Times New Roman";">Chambon-sur-Lignon,
France, 1941-1944. </span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
Coll.
Mémorial de la Shoah /CDJC/Auguste Bohny </div>
<br />
<br />
<div class="Default" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="color: windowtext; font-family: "Times New Roman";">Alfred
Nakache nageant le 200 m
papillon lors des championnats de France de natation. </span></div>
<div class="Default" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="color: windowtext; font-family: "Times New Roman";">Toulouse,
France, 1941. </span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
Coll.
Mémorial de la Shoah/CDJC </div>
<br />
<div class="Default" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="color: windowtext; font-family: "Times New Roman";">Carte
postale éditée pour promouvoir les Jeux Olympiques de 1940.</span></div>
<div class="Default" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="color: windowtext; font-family: "Times New Roman";">Allemagne,
1939. </span></div>
<div class="Default" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="color: windowtext; font-family: "Times New Roman";">Les
Jeux Olympiques d’hiver de Garmisch-Partenkirchen et les Jeux Olympiques d’été
d’Helsinki sont annulés respectivement en novembre 1939 et en avril 1940 à
cause de la guerre. </span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
Coll.
Mémorial de la Shoah/CDJC. </div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
La
championne de saut en hauteur Gretel Bergmann remporte le record de saut
féminin avec 1,60 m
de hauteur au Championnat sportif du Reichsbundes jüdischer Frontsoldaten (RJF,
Association sportive des vétérans juifs d'Allemagne) sur le terrain de sport de
la communauté sportive de Berlin-Grünewald. </div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
Berlin, Allemagne, juillet 1936. </div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-indent: 14.2pt; text-justify: inter-ideograph;">
©
Bildarchiv Pisarek/AKG-images </div>Médias Citoyens Dioishttp://www.blogger.com/profile/06769203187523772866noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-995174148176424425.post-78081631584442264342011-07-28T03:41:00.000-07:002011-07-28T03:41:11.501-07:00Die 26150 : Deux Maisons vides squattées... à l' abandon<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="http://3.bp.blogspot.com/-I5r454DJ-kc/TjE76L9-vYI/AAAAAAAAE1g/50QCtBHSrn4/s1600/Die+rompu+20110003.JPG" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="240" src="http://3.bp.blogspot.com/-I5r454DJ-kc/TjE76L9-vYI/AAAAAAAAE1g/50QCtBHSrn4/s320/Die+rompu+20110003.JPG" width="320" /></a></div><!--[if gte mso 9]><xml> <w:WordDocument> <w:View>Normal</w:View> <w:Zoom>0</w:Zoom> <w:HyphenationZone>21</w:HyphenationZone> <w:Compatibility> <w:BreakWrappedTables/> <w:SnapToGridInCell/> <w:WrapTextWithPunct/> <w:UseAsianBreakRules/> </w:Compatibility> <w:BrowserLevel>MicrosoftInternetExplorer4</w:BrowserLevel> </w:WordDocument> </xml><![endif]--><!--[if gte mso 10]> <style>
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<div class="MsoNormal"><span style="font-size: small;"><b><span style="font-family: Verdana;">Die : Expulsion du squat de la maison du Pont-rompu</span></b></span></div><div class="MsoNormal"><span style="font-size: small;"><b><span style="font-family: Verdana;">Mercredi 13 juillet 2011</span></b></span></div><div class="MsoNormal"><span style="font-size: small;"><strong><span style="font-family: Verdana;">LA MAISON DU PONT-ROMPU EXPULSEE.</span></strong><span style="font-family: Verdana;"></span></span></div><div class="MsoNormal"><span style="font-size: small;"><em><span style="font-family: Verdana;">Bref retour sur 5 mois d’une expérience collective plutôt riche :</span></em><span style="font-family: Verdana;"></span></span></div><div class="MsoNormal"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Verdana;">Sans surprise nous avons reçu le 29 juin le rendu du jugement du procès à notre encontre qui nous ordonne, notamment, de quitter les lieux immédiatement. Deux raisons principales nous avaient poussé à occuper ce lieu illégalement. La première c’était de pouvoir loger certains d’entre nous qui ne pouvaient pas se payer un loyer. La seconde était d’avoir un lieu indépendant des subventions ainsi que des pouvoirs économique et étatique. Un lieu pour se rencontrer, échanger, s’organiser sans sermons et sans rien à vendre. Les deux, finalement, se rejoignaient dans le rejet de la gestion de la pauvreté qui pense les pauvres comme des êtres malheureux et résignés en mal de réinsertion. Les 5 mois durant laquelle notre volonté aura pris forme nous permet de dire qu’on s’est pas si mal débrouillé. Une dizaine de personnes ont vécu quotidiennement dans cette espace. Au moins autant de projections ont été organisées et presque autant de débats (sur les gaz de schiste, les brigades rouges, la lutte des mapuche ou l’opposition à l’aéroport de Notre Dames des Landes pour n’en citer que quelques uns). Enfin quelques ateliers, deux concerts et évidemment des fêtes. Tout ça à prix libre (cela allait de soi pour nous) et les moyens du bord.</span></span></div><div class="MsoNormal"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Verdana;">Pendant ce temps la machine judiciaire faisait son œuvre pour mettre fin rapidement à ce manquement à l’un des principes fondateurs de notre constitution : la propriété privé. Mais qui est donc cette partie adverse, propriétaire des lieux, qui lança cette machinerie bien huilée contre nous ? Drôme Aménagement Habitat est une entreprise privé à mission public. Elle construit, restaure et acquière des logements pour les louer aux moins fortunés d’entre nous. Bref, de braves gens. En même temps cette entreprise qui fait du social ne se gêne pour faire aussi de la spéculation foncière. Elle vend des terrains, des logements, à des prix raisonnables vous diront ils mais vu dans l’état où sont pas mal de leurs logements sur Die, ça se comprend. Amiante, peinture au plomb, isolation phonique déplorable, espaces extérieurs communs laissés à l’abandon (à Cocause on trouve des traces d’herbes par endroit mais sinon ça ressemble plus à une friche industrielle) et à Pluviane on peut même voir un immeuble dont les fondations sont mises en danger par les racines d’un arbre (une futur tour de Pise peut-être, ça attirera le chaland). Leur nouvelle façade développement durable qu’ils vendent sur leur site n’efface pas les conditions déplorables où se trouvent les anciens logements et le mépris avec lequel ils traitent les personnes se plaignant de ces conditions. Il paraît qu’en occupant cette maison nous empêchions de donner accès à un logement à une famille bénéficiant de l’API (allocation parent isolé). Ils feraient donc mieux avant de dépenser les 170 000 euros prévus pour la restauration de la maison du pont-rompu d’améliorer les conditions de vie insalubre de leurs logements. Durant le procès l’avocat de DAH ajouta la bêtise à l’hypocrisie en nous comparant (sous-prétexte de faux noms présents sur la boîte aux lettres) à tout ce que la bonne morale doit condamner : cubains, islamistes intégristes, nord-coréens, communistes. Mesquineries et mensonges de ceux qui décident face à ceux à qui devraient subir.</span></span></div><div class="MsoNormal"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Verdana;">Il y a quelques années une maison, propriété de DAH, avait été squattée à Die et depuis son expulsion, rien, pas un début de travaux si ce n’est le murage des portes et fenêtres. Pour ce qui est de la maison du pont-rompu nous attendons de voir… De toute façon les logements vides sont légions dans le Diois et la crise du logement poussera, nous l’espérons, d’autres que nous à ouvrir des squats par centaines.</span></span></div><div class="MsoNormal"><span style="font-size: small;"><em><b><span style="font-family: Verdana;">Contact : maisonpont-rompu[at]mailoo[point]org</span></b></em></span></div><div class="MsoNormal"><span style="font-size: small;"><span class="meta-prepmeta-prep-author"><b><span style="font-family: Verdana;">Publié le</span></b></span><b><span style="font-family: Verdana;"> <a href="https://actusquat.wordpress.com/2011/07/14/die-expulsion-du-squat-de-la-maison-du-pont-rompu/" title="23:59"><span class="entry-date"><span style="color: windowtext; text-decoration: none;">14 juillet 2011</span></span></a> <span class="meta-sep">par</span> <span class="authorvcard"><a href="https://actusquat.wordpress.com/author/actusquat/" title="Afficher tous les articles par actusquat">actusquat</a></span> </span></b></span></div><div class="MsoNormal"><br />
</div><div class="MsoNormal"><span style="font-size: small;"><b><span style="font-family: Verdana;"><a href="https://actusquat.wordpress.com/2011/07/20/die-expulsion-de-la-maison-du-perrier/" title="Permalien vers [Die] Expulsion de la maison du Perrier"><span style="color: windowtext; text-decoration: none;">Die déjà : Expulsion de la maison du Perrier</span></a></span></b></span></div><div class="MsoNormal"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Verdana;">Voici la réalité de notre monde et de son capitalisme pourri jusqu’aux os. 18 êtres vivants pris pour cible par une entreprise sous les ordres de Georges Berginiat , le maire UMP de la ville.</span></span></div><div class="MsoNormal"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Verdana;">Lundi 18 juillet 2011 : la maison du Perrier expulsée.</span></span></div><div class="MsoNormal"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Verdana;">Muré il y a plusieurs années, après avoir déjà été expulsé pour cause de travaux de rénovation (urgents…) sous l’égide de Drôme Aménagement Habitat, ce squat réoccupé a répondu à de réel besoins de logement sur la petite ville de Die : lieu de vie indépendant et gratuit pour les plus pauvres et les plus marginaux/marginales d’entre nous.</span></span></div><div class="MsoNormal"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Verdana;">Ce lundi matin à la première heure, l’entreprise SATRAS de Livron sur Drôme, commanditée, à en croire le chef, par le maire de Die, commence la vandalisation du bâtit alors que 9 personnes et 9 chiens dorment dans la maison même et dans des camions à coté. Les ouvriers accepteront d’attendre que tout le monde soit sorti et ait récupéré quelques affaires avant de continuer leur sale boulot, dans des conditions de sécurité au travail par ailleurs détestables pour eux aussi.</span></span></div><div class="MsoNormal"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Verdana;">Sans préavis, 9 personnes et 9 chiens doivent se trouver un nouveau squat après avoir échappé de justesse de se faire ensevelir sous les décombres.<b> </b></span></span></div><div class="MsoNormal"><span style="font-size: small;"><span class="meta-prepmeta-prep-author"><b><span style="font-family: Verdana;">Publié le</span></b></span><b><span style="font-family: Verdana;"> <a href="https://actusquat.wordpress.com/2011/07/20/die-expulsion-de-la-maison-du-perrier/" title="17:43"><span class="entry-date"><span style="color: windowtext; text-decoration: none;">20 juillet 2011</span></span></a> <span class="meta-sep">par</span> <span class="authorvcard"><a href="https://actusquat.wordpress.com/author/actusquat/" title="Afficher tous les articles par actusquat">actusquat</a></span></span></b></span></div><div class="MsoNormal"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Verdana;"><span class="authorvcard">( Nous avons retirer les insultes des textes; ndlr) </span> </span></span></div><div class="MsoNormal"><br />
</div><div class="MsoNormal"><span style="font-size: small;"><span class="text"><b><span style="font-family: Verdana;">Vendredi 22 juillet 2011</span></b></span><b><span style="font-family: Verdana;"> </span></b></span></div><div class="MsoNormal"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Verdana;"><a href="http://lelaboratoire.over-blog.com/article-deuxieme-expulsion-commandee-par-drome-amenagement-habitat-79966557.html" title="Deuxième expulsion commandée par Drome Aménagement Habitat"><span style="color: windowtext; text-decoration: none;">Deuxième expulsion commandée par Drôme Aménagement Habitat </span></a></span></span></div><div class="MsoNormal"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Verdana;">Que représente drome Aménagement Habitat? DAH gère plus de 8500 logements familiaux dans la Drôme. Il en en a mis 600en vente. Ces ventes, réservées prioritairement aux locataires en place se réalisent avec des clauses de sécurisation ( rachat en cas de licenciement, maladie de longue durée, divorce...., relogement si besoin,conseil de l'Adil (<a href="http://www.anil.org/"><span style="color: windowtext; text-decoration: none;">http://www.anil.org</span></a>), prêt à taux zéro). Déjà fin juin le squat du pont rompu a été expulsé après décision du tribunal de Valence c'est le deuxième squat expulsé de Die par l'intervention de cet association. Il mériterais sûrement une visite comme on dit en novalangue: une visite citoyenne. </span></span></div><div class="MsoNormal"><span style="font-size: small;"><b><span style="font-family: Verdana;"><a href="http://lelaboratoire.over-blog.com/article-deuxieme-expulsion-commandee-par-drome-amenagement-habitat-79966557.html">http://lelaboratoire.over-blog.com/article-deuxieme-expulsion-commandee-par-drome-amenagement-habitat-79966557.html</a></span></b></span></div><div class="MsoNormal"><br />
</div><div class="MsoNormal"><span style="font-size: small;"><strong><span style="font-family: Verdana;">DROME AMENAGEMENT HABITAT</span></strong></span></div><div class="MsoNormal"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Verdana;">Premier bailleur social du département, <strong><span style="font-family: Verdana;">Drôme Aménagement Habitat</span></strong> loge près de 20.000 drômois. <br />
Notre organisme est aujourd'hui une entreprise moderne de service public, forte de 167 salariés, qui gère près de 8.500 logements familiaux et 18 foyers, ce patrimoine étant réparti sur 127 communes de notre département. </span></span></div><div class="MsoNormal"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Verdana;">Grâce au soutien du Conseil Général, Drôme Aménagement Habitat tente de répondre au mieux aux besoins des drômois en développant son activité sur l'ensemble du territoire du département.</span></span></div><div class="MsoNormal"><span style="font-size: small;"><b><span style="font-family: Verdana;">Présentation Chiffres clés 2010</span></b></span></div><div class="MsoNormal"><span style="font-size: small;"><strong><span style="font-family: Verdana;">Nombre de logements gérés :</span></strong><span style="font-family: Verdana;"><br />
<strong><span style="font-family: Verdana;">8789</span></strong> logements familiaux regroupés sur 131 communes du département,</span></span></div><div class="MsoNormal"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Verdana;">21 foyers représentant 504 équivalents logements</span></span></div><div class="MsoNormal"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Verdana;">37 commerces</span></span></div><div class="MsoNormal"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Verdana;">3093 garages</span></span></div><div class="MsoNormal"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Verdana;">Le Val d'Or à LAPEYROUSE MORNAY</span></span></div><div class="MsoNormal"><span style="font-size: small;"><strong><span style="font-family: Verdana;">Nombre d'attributions en 2010 :</span></strong><span style="font-family: Verdana;"></span></span></div><div class="MsoNormal"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Verdana;">1227 logements attribués<br />
- 1227 nouveaux locataires (926 en 2009)<br />
- 152 mutations internes au parc (153 en 2009)</span></span></div><div class="MsoNormal"><span style="font-size: small;"><strong><span style="font-family: Verdana;">Budget 2010 de 112,3 millions d'euros</span></strong><b><span style="font-family: Verdana;"><br />
</span></b><span style="font-family: Verdana;">Fonctionnement : 49,3 millions d’euros<br />
Investissement : 63 millions d’euros</span></span></div><div class="MsoNormal"><span style="font-size: small;"><strong><span style="font-family: Verdana;">SIEGE DE DROME AMENAGEMENT HABITAT</span></strong></span></div><div class="MsoNormal"><span style="font-size: small;"><b><span style="font-family: Verdana;"><a href="http://www.dromeamenagementhabitat.fr/presentation">http://www.dromeamenagementhabitat.fr/presentation</a></span></b></span></div><div class="MsoNormal"><span style="font-size: small;"><b><span style="font-family: Verdana;">11 Avenue de la Gare<br />
BP 10250 ALIXAN<br />
26958 VALENCE CEDEX 9<br />
<strong><span style="font-family: Verdana;">Tél: 04.75.81.78.00</span></strong></span></b><span style="font-family: Verdana;"><br />
<strong><span style="font-family: Verdana;">Fax: 04.75.81.78.01</span></strong></span></span></div>Médias Citoyens Dioishttp://www.blogger.com/profile/06769203187523772866noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-995174148176424425.post-4378810182091461012011-07-27T06:15:00.000-07:002011-07-27T06:15:42.955-07:00La Voie de Edgar Morin....<div class="MsoNormal"><a href="http://1.bp.blogspot.com/-wMIjrziYv1c/TjAPZBKtsyI/AAAAAAAAE1c/5l97J8NkU1I/s1600/morin.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="146" src="http://1.bp.blogspot.com/-wMIjrziYv1c/TjAPZBKtsyI/AAAAAAAAE1c/5l97J8NkU1I/s200/morin.jpg" width="200" /></a><b><span style="font-family: Verdana; font-size: 14pt;">La voie Edgar Morin</span></b></div><div class="MsoNormal"><b><span style="font-family: Verdana; font-size: 14pt;">La Voie - Pour l'avenir de l'humanité</span></b></div><div class="MsoNormal"><b><span style="font-family: Verdana; font-size: 14pt;">Texte d'Edgar Morin version mars 2010.</span></b></div><div class="MsoNormal"><a href="http://www.blogger.com/post-create.g?blogID=995174148176424425" name="_rbp1"><b><span style="font-family: Verdana; font-size: 14pt;">Sparsa colligo </span></b></a><b><span style="font-family: Verdana; font-size: 14pt;"><a href="http://dialoguesenhumanite.org/331-la-voie-edgar-morin#_bp1"><sub>[1]</sub></a></span></b></div><i>« La grande Voie n'a pas de porte. Des milliers de routes y débouchent ». Proverbe zen</i><br />
<i>« Il y a ceux qui voudraient améliorer les hommes et il y a ceux qui estiment que cela ne se peut qu'en améliorant d'abord les conditions de leur vie. Mais il apparaît que l'un ne va pas sans l'autre et on ne sait par quoi commencer. » André Gide Journal 1942-49, p.31</i><br />
<i>« Les forces "extérieures" du monde sont les memes que celles qui nous agitent intérieurement ; ses drames, ses tentations, ses lâchetés, ses cruautés procedent aussi de la vie intérieure de tous les autres etres humains..Les cruautés des tyrans leur viennent d'une vie intérieure qui nous est commune a tous. »</i> <i> </i><br />
<i>« Il faudrait voir d'une part si le projet humain réalisé durant ces six millénaires par l'homo historicus est le seul projet humain possible et d'autre part voir s'il ne faudrait pas faire aujourd'hui quelque chose d'autre. » Raimundo Pannikar </i><br />
<i>« Si le domaine des idées est révolutionné, la réalité ne peut demeurer telle qu'elle est. » Hegel</i><br />
<i>« Nous continuons a chercher des dépanneurs de la planete alpha, alors que nous sommes sur la planete beta. » Ph. Caillé</i><br />
<i>« Une terre finie peut-elle supporter un projet infini? » Leonardo Boff</i><br />
<i>« Quiconque croit qu'une croissance exponentielle peut durer toujours dans un monde fini, est ou un fou ou un économiste. » Kenneth Boulding</i><br />
<i>« Nous sommes condamnés a murir si nous ne voulons pas etre condamnés a mourir. » -xx</i><br />
<i>« Je ne cesse d'avoir de nouvelles preuves qu'un grand potentiel de bonne volonté sommeille en nous. Celle-ci n'est qu'atomisée, intimidée, piégée, paralysée et désemparée. Dans cette situation, il est du devoir des hommes politiques de ramener a la vie ce potentiel timide et sommeillant, de lui proposer une voie, de lui frayer un passage, de lui redonner assurance, possibilité de se réaliser, bref espoir. » Vaclav Havel</i><br />
<i>«Chaque chose en tout temps marche avec son contraire. » Les mille et une nuits</i><br />
<i>« Liez les extremes et vous aurez le véritable milieu. » Fiedrich Schlegel</i><br />
<i>« Pour atteindre l'humanité il faut le sens d'un au-dela de l'humanité. » Friedrich Schlegel</i><br />
<i>« Notre temps n'est pas assez mur pour cela, disent-ils toujours. Est ce une raison pour y renoncer? » Friedrich Schlegel</i><br />
<i>« La réalité envoie des signes annonciateurs a l'humanité. » Peter Sloterdyk</i><br />
<i>« Tout se passe comme si nous savions que quelque chose d'énorme va soit se produire, soit échouer lamentablement. » Mahaswata Devi</i><br />
<i>« La crise sociale, économique et spirituelle actuelle peut etre dépassée grâce a la science, la spiritualité et la fraternité. » Krishnammal Jagannathan</i><br />
<i>« Il ne s'agit pas de trouver des "solutions" pour certains "problemes" mais de viser a une alternative globale a l'état de choses existant, une civilisation nouvelle, un mode de vie autre, qui ne serait pas la négation abstraite de la modernité, mais son dépassement (aufhebung), sa négation déterminée, la conservation de ses meilleurs acquis, et son au-dela vers une forme supérieure de la culture - une forme qui restituerait a la société certaines qualités humaines détruites par la civilisation bourgeoise industrielle. Cela ne signifie pas un retour au passé, mais un détour par le passé, vers un avenir nouveau. » Michaël Lowy</i><br />
<div class="MsoNormal"><b><span style="font-family: Verdana; font-size: 14pt;">Première partie:</span></b></div><h3>La difficulté de penser le présent</h3><ul type="disc"><li class="MsoNormal"><i>« la conscience est toujours en retard par rapport a l'immédiat »</i> (Ortega y Gasset)</li>
<li class="MsoNormal">il y a la rapidité des processus en cours</li>
<li class="MsoNormal">il y a la complexité propre a la globalisation: inter-retro-actions innombrables entre processus extremement divers (économiques, sociaux, démographiques, politiques, idéologiques, religieux, etc)</li>
<li class="MsoNormal">il y a nos carences cognitives :<br />
les cécités d'une connaissance qui, compartimentant les savoirs, désintegre les problemes fondamentaux et globaux qui nécessitent une connaissance transdisciplinaire<br />
l'occidentalo-centrisme qui nous situe sur le trône de la rationalité et nous donne l'illusion d'etre dans l'universel<br />
Ainsi ce n'est pas seulement notre ignorance, c'est aussi notre connaissance qui nous aveugle.</li>
</ul><h3>De la mondialisation a la globalisation</h3>Le processus de mondialisation commence a la fin du XVe siecle avec la conquete des Amériques et la circumnavigation autour du globe.La globalisation commence en 1989 avec l'effondrement des économies dites socialistes, l'universalisation du marché et du capitalisme<a href="http://www.blogger.com/post-create.g?blogID=995174148176424425" name="_rbp2"></a><a href="http://dialoguesenhumanite.org/331-la-voie-edgar-morin#_bp2">[2]</a>, la constitution d'un réseau de télécommunications immédiates sur tout le globe (fax, téléphone portable, Internet). Cette globalisation opere une unification techno-économique occidentalisante sur la planete en croissance rapide.<br />
La globalisation a comporté, suite a l'effondrement de l'URSS et la déconfiture du maoisme, une vague démocratisante en diverses parties de la planete, une valorisation des droits de l'homme et des droits de la femme, dont les effets sont demeurés incertains et limités. Elle a comporté également trois processus culturels a la fois concurrents et antagonistes, d'une part un processus d'homogénéisation et de standardisation selon les modeles nord-américains, d'autre part un contre processus de résistances et de refloraisons de cultures autochtones, et, en meme temps, un processus de métissages culturels.<br />
Enfin la globalisation a produit comme l'infra-texture d'une société-monde. Une société nécessite un territoire comportant de permanentes et innombrables intercommunications, ce qui est arrivé a la planete; elle nécessite sa propre économie, ce qui est la cas de l'économie mondialisée; mais il lui manque le contrôle de l'économie; il lui manque les autorités légitimes dotées de pouvoirs de décision ; il lui manque la conscience d'une communauté de destin, indispensable pour que cette société devienne Terre Patrie. Aussi ce ne sont pas seulement les souverainetés absolues des Etats-Nations, c'est aussi le mouvement techno-économique de la globalisation qui, parce qu'incontrôlé, empeche la formation d'une société monde<br />
<h3>La crise planétaire</h3><ol start="1" type="1"><li class="MsoNormal">La crise de l'unification<br />
L'unification techno-économique du globe coincide des 1990 avec des dislocations d'empires et de nations aggravant la balkanisation de la planete: dislocation de l'Union soviétique, de la Yougoslavie, de la Tchécoslovaquie, pulsions multiples d'ethnies vers des micros nations (Ossétie du Sud, Abkhazie en dernier lieu), tout cela dans le déchaînement des identités nationales, ethniques, religieuses. D'ou l'accroissement d'un chaos en meme temps que celui des interdépendances. La coincidence n'est pas fortuite. Elle s'explique a) par les résistances nationales, ethniques, culturelles a l'homogénéisation civilisationnelle et a l'occidentalisation , b) par l'effondrement d'un Progres conçu comme Loi du devenir humain<a href="http://www.blogger.com/post-create.g?blogID=995174148176424425" name="_rbp3"></a><a href="http://dialoguesenhumanite.org/331-la-voie-edgar-morin#_bp3">[3]</a> et l'accroissement des incertitudes et menaces du lendemain. Ainsi dans la perte du futur, jointe a la précarité et aux angoisses du présent, s'operent les reflux vers le passé c'est a dire les racines culturelles, ethniques, religieuses, nationales.<br />
Il y a a la fois une relation inséparable et une contradiction formidable entre l'unité techno-économique du globe et la prolifération d'Etats souverains.<br />
En meme temps, et en dépit de l'hégémonie techno-économico-militaire des Etats-Unis se développe un monde multipolaire dominé par de grands blocs aux intérets a la fois coopératifs et conflictuels, ou les crises multiples augmentent a la fois les nécessités de coopération et les risques de conflit.<br />
Ainsi la globalisation, a la fois Une et Plurielle, subit sa propre crise de globalité, qui a la fois unit et désunit, unifie et sépare<a href="http://www.blogger.com/post-create.g?blogID=995174148176424425" name="_rbp4"></a><a href="http://dialoguesenhumanite.org/331-la-voie-edgar-morin#_bp4">[4]</a>.</li>
<li class="MsoNormal">Les poly-crises<br />
La globalisation ne fait pas qu'entretenir sa propre crise. Son dynamisme provoque de multiples crises a l'échelle planétaire, </li>
<ul type="circle"><li class="MsoNormal">crise de l'économie mondiale, dépourvue de véritables dispositifs de régulation<a href="http://www.blogger.com/post-create.g?blogID=995174148176424425" name="_rbp5"></a><a href="http://dialoguesenhumanite.org/331-la-voie-edgar-morin#_bp5">[5]</a></li>
<li class="MsoNormal">crise écologique, issue de la dégradation croissante de la biosphere, qui elle-meme va susciter de nouvelles crises économiques sociales et politiques</li>
<li class="MsoNormal">crise des sociétés traditionnelles, désintégrées par l'occidentalisation ininterrompue</li>
<li class="MsoNormal">crise de la civilisation occidentale, ou les effets négatifs de l'individualisme et des compartimentations détruisent les anciennes solidarités, ou un mal-etre psychique et moral s'installe au sein du bien etre matériel, ou se développent les intoxications consuméristes des classes moyennes, ou se dégrade la sous-consommation des classes démunies, ou s'aggravent les inégalités</li>
<li class="MsoNormal">crises démographiques produites par les surpopulations des pays pauvres, les baisses de population des pays riches, le développement des flux migratoires de misere et leur blocage en Europe</li>
<li class="MsoNormal">crise des villes devenues megapoles asphyxiées et asphyxiantes, polluées et polluantes, ou les habitants sont soumis a d'innombrables stress, ou d'énormes ghettos pauvres se développent et ou s'enferment les ghettos riches</li>
<li class="MsoNormal">crise des campagnes devenant déserts de monocultures industrialisées, livrées aux pesticides, privés de vie animale, et camps de concentration pour l'élevage industrialisée producteurs de nourritures détériorées par hormones et antibiotiques</li>
<li class="MsoNormal">crise de la politique encore incapable d'affronter la nouveauté et l'ampleur des problemes</li>
<li class="MsoNormal">crise des religions écartelées entre modernisme et intégrisme, incapables d'assumer leurs principes de fraternité universelle</li>
<li class="MsoNormal">crise des laicités de plus en plus privées de seve et corrodées par les recrudescences religieuses</li>
<li class="MsoNormal">crise de l'humanisme universaliste, qui d'une part se désintegre au profit des identités nationales-religieuses, et d'autre part n'est pas encore devenu humanisme planétaire respectant le lien indissoluble entre l'unité et la diversité humaines.</li>
</ul></ol><h3><span style="font-family: Symbol;">·</span> <u>La crise du développement</u></h3>L'ensemble de ces multiples crises interdépendantes et interférentes est provoqué par le développement, qui est encore considéré comme la voie de salut pour l'humanité.<br />
Le développement a certes suscité sur toute la planete des zones de prospérité selon le modele occidental et il a déterminé la formation de classes moyennes accédant aux standards de vie de la civilisation occidentale. Il a certes permis des autonomies individuelles délivrées de l'autorité inconditionnelle de la famille, l'accession aux mariages choisis et non plus imposés, l'apparition des libertés sexuelles, des loisirs nouveaux, la consommation de produits inconnus, la découverte d'un monde étranger magique, y compris sous l'aspect du Macdonald et du Coca-cola, et il a suscité de grandes aspirations démocratiques.<br />
Il a apporté aussi, au sein des nouvelles classes moyennes, les intoxications consuméristes propres aux classes moyennes occidentales, l'accroissement de la composante imaginaire des désirs ainsi que l'insatiabilité de besoins toujours nouveaux.<br />
Il a apporté aussi les côtés sombres de l'individualisme, c'est-a-dire l'égocentrisme, la soif du profit, et l'autojustification (qui suscite l'incompréhension d'autrui) . Le développement a créé de nouvelles corruptions dans les Etats, les administrations, les relations économiques. Il a détruit les solidarités traditionnelles, exacerbé les égoismes sans récréer de nouvelles solidarités et de nouvelles communautés. D'ou la multiplication des solitudes individuelles.<br />
De plus, le développement a créé d'énormes zones de misere, ce dont témoignent les ceintures démesurées de bidonvilles qui auréolent les mégapoles d'Asie, d'Afrique, d'Amérique latine. Comme l'a dit Majid Rahnema, la misere y chasse la pauvreté des petits paysans ou artisans qui jouissaient d'une relative autonomie en disposant de leurs polycultures ou de leurs outils de travail. Je ne sais qui a dit « <i>le développement est un voyage qui comprend plus de naufragés que de passagers</i> ».<br />
Le moteur du développement est techno-économique. Il est censé entraîner les wagons du bien-etre, de l'harmonie sociale, de la démocratie. De fait, il est compatible avec les dictatures pour qui le développement économique comporte l'esclavagisation des travailleurs et la répression policiere comme ce fut le cas au Chili et au Brésil et comme le montre l'hyper développement de la Chine actuelle..<br />
D'autre part, le développement instaure un mode d'organisation de la société et des esprits ou la spécialisation compartimente les individus les uns par rapport aux autres et ne donne a chacun qu'une part close de responsabilité. Et, dans cette fermeture, on perd de vue l'ensemble, le global, et la solidarité. De plus, l'éducation hyper spécialisée remplace les anciennes ignorances par le nouvel aveuglement.<br />
Cet aveuglement vient également de la conception techno-économique du développement qui ne connaît que le calcul comme instrument de connaissance (indices de croissance, de prospérité, de revenus, statistiques qui prétendent tout mesurer). Autrement dit, il ne fonctionne qu'avec le quantifiable. Il ignore non seulement les activités non monétarisées comme les productions domestiques et/ou de subsistance, les services mutuels, l'usage de biens communs, la part gratuite de l'existence, mais aussi et surtout ce qui ne peut etre calculé: la joie, l'amour, la souffrance, l'honneur c'est-a-dire le tissu meme de nos vies.<br />
Le développement est une formule standard qui ignore les contextes humains et culturels. Il s'applique de façon indifférenciée a des sociétés et cultures tres diverses, sans tenir compte de leurs singularités, de leurs savoirs, savoir-faire, arts de vivre, présents aussi chez les peuples que l'on réduit a leur analphabétisme, et dont on ignore par la meme les richesses de leurs cultures orales traditionnelles. Il constitue un véritable ethnocide pour les petits peuples indigenes sans Etats.<br />
Le développement, promu comme vérité universelle pour la planete, est en réalité pseudo-universaliste, puisqu'il donne le modele occidental comme modele universel. C'est un produit du sociocentrisme occidental et c'est aussi un moteur d'occidentalisation forcené. Il suppose que les sociétés occidentales sont la finalité de l'histoire humaine.<br />
Or le développement-solution ignore que les sociétés occidentales sont en crise du fait meme de leur développement. Celui-ci a produit un sous-développement intellectuel, psychique et moral. Intellectuel parce que la formation disciplinaire que nous recevons, en nous apprenant a séparer les choses, nous a fait perdre l'aptitude a relier, et du coup l'aptitude a penser les problemes fondamentaux et globaux. Psychique parce que nous sommes dominés par la logique purement économique et quantitative, qui ne voit comme perspective politique que la croissance et le développement, et que nous sommes poussés a tout considérer en termes quantitatifs et matériels. Moral parce que partout l'egocentrisme prime la solidarité. Il faut dire aussi que l'hyper-spécialisation, l'hyper-individualisme, la perte de solidarité, tout ceci conduit a un mal-etre, y compris au sein du bien-etre matériel. Et ainsi nous vivons dans une société ou les solutions que nous voulons apporter aux autres sont devenues nos problemes.<br />
Aussi, l'occident ressent en lui un vide et un manque, puisque de plus en plus nos esprits désemparés font appel aux psychanalyses et psychothérapies, au yoga, au bouddhisme Zen, aux marabouts; on essaie de trouver dans les cultures et les sagesses d'autres continents, des remedes a notre vide créé par le caractere quantitatif et compétitif de nos vies.<br />
La conscience de la crise du développement n'est arrivée que de façon partielle, insuffisante, limitée a la problématique écologique, ce qui a conduit a attendrir la notion de développement en lui accolant l'épithete « <i>durable</i> ». Mais l'os demeure.<br />
Enfin, si l'on considere que le développement, l'occidentalisation et la globalisation sont les moteurs l'un de l'autre, alors toutes les crises que nous avons énumérées peuvent etre considérées aussi comme les composantes d'une mega-crise a trois visages inséparables: crise du développement, crise de l'occidentalisation, crise de la mondialisation<br />
<h3>Crise cognitive/crise politique/sociale</h3><h3>La crise de l'humanité</h3>La globalisation, l'occidentalisation, le développement sont donc les trois faces du meme dynamisme qui produit une pluralité de crises interdépendantes et enchevetrées, et qui elles-memes produisant la crise de la globalisation, celle de l'occidentalisation, celle du développement. Mais comme ce caractere complexe meme de la crise planétaire est généralement ignoré, cela indique que la multi crise est aussi cognitive.. La gigantesque crise planétaire n'est autre que la crise de l'humanité qui n'arrive pas a accéder a l'humanité.<br />
<h2>Vers l'abîme ?</h2>Le développement du développement développe la crise du développement et conduit l'humanité vers de probables catastrophes en chaînes.<br />
Le vaisseau spatial terre est propulsé par quatre moteurs incontrôlés: la science, la technique, l'économie, le profit. Leurs effets sont ambivalents. La science a produit non seulement des élucidations et suscité des applications bénéfiques, mais a produit aussi les armes de destruction massive, notamment nucléaires, et des possibilités inconnues de manipulation des genes et des cerveau humains. La technique, ambivalente par nature, a permis d'asservir les énergies naturelles mais aussi les etres humains a son service. L'économie a produit non seulement des richesses inouies mais aussi des miseres inouies, et son manque de régulation laisse libre cours au profit lui-meme propulsé et propulseur d'un capitalisme déchaîné hors de tout contrôle, ce qui contribue a la course vers l'abîme.<br />
A cela se combine l'aggravation des diverses crises enchevetrées qui, dans un monde disloqué, aggravent les antagonismes, lesquels aggravent les déferlements idéologiques-politiques-religieux, lesquels eux-memes intensifient les manichéismes et les haines aveugles, suscitant des hystéries de guerre. Deux barbaries sont plus que jamais alliées. La barbarie venue du fond des âges historiques qui mutile, détruit, torture, massacre, et la barbarie froide et glacée de l'hégémonie du calcul, du quantitatif, de la technique sur les sociétés et les vies humaines.<br />
L'issue catastrophique du cours actuel est ainsi hautement probable, la probabilité étant définie par ce qu'un observateur, en un temps et un lieu donnés, peut induire de la continuation des processus en cours.<br />
Aussi peut-on dire que la globalisation constitue le pire qui soit arrivé a l'humanité.<br />
<h2>Le meilleur</h2>Mais il faut dire également qu'elle en constitue le meilleur. Le meilleur est que pour la premiere fois dans l'histoire humaine sont réunies les conditions d'un dépassement de cette histoire faite de guerres s'aggravant jusqu'au point de permettre le suicide global de l'humanité.<br />
Le meilleur est qu'il y ait désormais interdépendance accrue de chacun et de tous, nations, communautés, individus sur la planete terre, et que se multiplient symbioses et métissages culturels en tous domaines, en dépit des processus d'homogénéisation qui par ailleurs tendent a détruire les diversités.<br />
Le meilleur est que les menaces mortelles et les problemes fondamentaux communs aient créé une communauté de destin pour toute l'humanité.<br />
Le meilleur est que la globalisation ait créé l'infratexture d'une société-monde. Le meilleur est que dans les conditions de communauté de destin et de possible société-monde nous puissions envisager la terre comme patrie, sans que cette patrie nie les patries existantes, mais au contraire les englobe et les protege.<br />
Mais la conscience des périls est encore faible et dispersée. Mais la conscience de la nécessité de dépasser l'histoire n'a pas encore émergé. Mais la conscience de la communauté de destin reste déficiente. Mais la conscience d'une Terre Patrie est encore marginale et disséminée. Mais la globalisation techno-économique empeche la société-monde dont elle a pourtant créé les infratextures. Mais il y a contradiction entre les souverainetés nationales encore absolues et la nécessité d'autorités supra-nationales pour traiter les problemes vitaux de la planete.<br />
Ainsi effectivement, la mondialisation est a la fois le meilleur (la possibilité d'émergence d'un monde nouveau) et le pire (la possibilité d'auto-destruction de l'humanité) Elle porte en elle des périls inouis. Elle porte en elle des chances inouies. Elle porte en elle la probable catastrophe. Elle porte en elle l'improbable donc possible espérance.<br />
Tous les processus actuels portent en eux des ambivalences. Toute crise, et la crise planétaire de façon paroxystique, porte en elle risque et chance. La chance est dans le risque. La chance s'accroît avec le risque. « <i>La ou croit le péril aussi ce qui sauve</i> » (Holderlin).<br />
La voie: tout est a recommencer, tout est a repenser<br />
Epoque qui devrait etre comme la renaissancce et plus encore l'occasion d'une repensée reproblématisation généralisée<br />
Mais la chance n'est possible que s'il est possible de changer de voie. Est ce possible ?<br />
<h2>Vers la métamorphose ?</h2>Quand un systeme est incapable de traiter ses problemes vitaux, il se dégrade, se désintegre ou alors il est capable de susciter un meta-systeme capable de traiter ses problemes: il se <u>métamorphose</u><br />
Le systeme terre est incapable de s'organiser pour traiter ses problemesvitaux:<br />
<ul type="disc"><li class="MsoNormal">périls nucléaires qui s'aggravent avec la dissémination et peut etre la privatisation de l'arme atomique</li>
<li class="MsoNormal">dégradation de la biosphere</li>
<li class="MsoNormal">économie mondialisée dépourvue d'un systeme de contrôle/régulation</li>
<li class="MsoNormal">retour des famines</li>
<li class="MsoNormal">conflits ethno-politico-religieux pouvant se développer en guerres de civilisation.</li>
</ul>L'amplification et l'accélération de tous ces processus peuvent etre considérés comme le déchaînement d'un formidable feed-back négatif, processus par lequel se désintegre irrémédiablement un systeme.<br />
Le probable est la désintégration.<br />
L'improbable mais possible est la métamorphose.<br />
Qu'est ce qu'une métamorphose? Nous en voyons d'innombrables exemples dans le regne animal notammentchez les insectes. Une chenille s'enferme dans une chrysalide. Elle commence alors un processus qui est a la fois d'autodestruction et d'auto-reconstruction selon une organisation et une forme différentes. Quand la chrysalide se déchire, il s'est formé un papillon, qui est autre que la chenille, tout en demeurant le meme. L'identité s'est maintenue et transformée dans l'altérité.<br />
La naissance de la vie peut etre conçue comme la métamorphose d'une organisation physico-chimique, qui, arrivée a un point de saturation, a créé une méta-organisation, l'auto-éco-organisation vivante, laquelle, tout en comportant exactement les memes constituants physico-chimiques, a produit des qualités nouvelles, dont l'autoreproduction, l'autoréparation, l'alimentation en énergie extérieure, la capacité cognitive.<br />
La formation des sociétés historiques, au Moyen-Orient, en Inde, en Chine,au Mexique, au Pérou constitue une métamorphose a partir d'un agrégat de sociétés archaiques de chasseurs-cueilleurs, qui a produit les villes, l'Etat, les classes sociales, la spécialisation du travail, les grandes religions, l'architecture, les arts, la littérature, la philosophie. Et cela pour le meilleur comme aussi pour le pire: la guerre, l'esclavage, la barbarie.<br />
A partir du XXI<sup>e</sup> siecle se pose le probleme de la métamorphose des sociétés historiques en une société-monde d'un type nouveau, qui engloberait les Etats-nations sans les supprimer. Car la poursuite de l'histoire, c'est-a-dire des guerres, par des Etats disposant des armes d'anéantissement, conduit a la quasi-destruction de l'humanité. Il y a la nécessité vitale d'une métahistoire. Alors que pour Fukuyama les capacités créatrices de l'évolution humaine sont épuisées avec la démocratie représentative et l'économie libérale, nous devons penser qu'au contraire c'est l'histoire qui est épuisée et non les capacités créatrices de l'humanité.<br />
C'est dans la métamorphose que se régénéreraient les capacités créatrices de l'humanité. L'idée de métamorphose est plus riche que l'idée de révolution. Elle en garde la radicalité novatrice, mais la lie a la conservation (de la vie, des cultures, de l'héritage des pensées et des sagesses de l'humanité).<br />
Pour aller vers la métamorphose, il est nécessaire de changer de Voie. Mais s'il semble possible d'en modifier certains cheminements, de corriger certains maux, il est impossible de meme freiner le déferlement techno-scientifico-économico-civilisationnel qui conduit la planete aux désastres<br />
Et pourtant l'Histoire humaine a souvent changé de voie. Comment? Tout commence, toujours, par une initiative, une innovation, un nouveau message de caractere déviant, marginal, modeste, souvent invisible aux contemporains. Ainsi ont commencé les grandes religions. Le prince Sakyamuni a élaboré le bouddhisme au terme d'une méditation solitaire sur la vie puis a partir de quelques disciples s'est développée une religion qui s'est répandue en Asie. Jésus était un chaman galiléen qui énonça sa prédiction sans succes aupres du peuple juif, mais son message, repris et universalisé par un pharisien dissident, Paul de Tarse, se répandit lentement dans l'Empire romain pour devenir finalement sa religion officielle. Mahomet dut fuir La Mecque et se réfugier a Médine; le Coran se propagea de disciples en disciples, et devint le texte sacré d'innombrables populations en Afrique,Asie, Europe. Le capitalisme se développa en parasite des sociétés féodales pour finalement prendre son essor et, avec l'aide des royautés, les désintégrer. La science moderne s'est formée a partir de quelques esprits déviants dispersés, Galilée, Bacon, Descartes, puis créa ses réseaux et ses associations, s'introduisit dans les Universités au XIX<sup>e</sup> siecle, puis au XX<sup>e</sup> siecle dans les économies et les Etats pour devenir l'un des quatre puissants moteurs du vaisseau spatial Terre. Le socialisme est né dans quelques esprits autodidactes et marginalisés au XIX<sup>e</sup> siecle pour devenir une formidable force historique au XX<sup>e</sup>.<br />
Aujourd'hui, tout est a repenser. Notre époque devrait etre, comme fut la renaissance, et plus encore, l'occasion d'une reproblématisation généralisée. Tout est a repenser. Tout est a recommencer.<br />
Tout en fait, a recommencé mais sans qu'on le sache. Nous en sommes au stade de commencements, modestes, invisibles, marginaux, dispersés.<br />
<b>Mais il existe déja, sur tous continents, en toutes nations, un bouillonnement créatif, une multitude d'initiatives locales, dans le sens de la régénération économique, ou sociale, ou politique, ou cognitive, ou éducationnelle, ou éthique, ou de la réforme de vie. Mais leur dispersion est inouie. (Tout ce qui devrait etre relié est séparé, compartimenté, dispersé). Ces initiatives ne se connaissent pas les unes les autres, nulle administration ne les dénombre, nul parti n'en prend connaissance. Mais elles sont le vivier du futur. Le salut commencera par la base. Il s'agit de les reconnaître, de les recenser,de les collationner, de les répertorier, et de les conjuguer en une pluralité de chemins réformateurs. En chacun et en tous, il s'agit de relier, améliorer, stimuler. Ce sont ces voies multiples qui pourront, en se développant conjointement, se conjuguer pour former la Voie nouvelle, laquelle altérerait et décomposerait la voie que nous suivons, et nous menerait vers l'encore invisible et inconcevable Métamorphose.</b><br />
Pour élaborer les voies qui se rejoindront dans la voie, il nous faut nous dégager des alternatives bornées, auxquelles nous contraint le mode de connaissance et de pensée hégémonique:<br />
Mondialisation/démondialisation<br />
Croissance/décroissance<br />
Développement/enveloppement<br />
Il faut a la fois mondialiser et démondialiser, croître et décroître, développer et envelopper ou « <i>introverser</i> »<br />
Disons rapidement ce qui apparaîtra nettement en cours d'exposé. L'orientation mondialisation/démondialisation signifie que s'il faut multiplier les processus de communications et de planétarisation culturelles, s'il faut que se constitue une conscience de «<i> terre-patrie</i> » qui est une conscience de communauté de destin, il faut aussi promouvoir, de façon démondialisante, l'alimentation de proximité, les artisanat de proximité, les commerces de proximité, le maraîchage périurbain, les communautés locales et régionales. Autrement dit il faut développer a la fois le global et le local sans que l'un dégrade l'autre. Du meme coup, le monde humain doit évoluer en spirale, retourner partiellement au passé pour repartir vers le futur: c'est a dire retourner aux paysans, aux villages, a l'artisanat.<br />
L'orientation croissance/décroissance signifie qu'il faut faire croître les services, les énergies vertes, les transports publics, l'économie plurielle dont l'économie sociale et solidaire, les aménagements d'humanisation des mégapoles, les agricultures et élevages fermiers et biologiques, mais décroître les intoxications consommationnistes, la nourriture industrialisée, la production d'objets jetables et non réparables, le trafic automobile, le trafic camion (au profit du ferroutage).<br />
L'orientation développement/enveloppement signifie que l'objectif n'est plus fondamentalement le développement des biens matériels, de l'efficacité, de la rentabilité, du calculable, il est aussi du retour de chacun sur soi, sur ses besoins intérieurs, de la stimulation de nos aptitudes a comprendre autrui, notre prochain et notre lointain, d'un retour au temps long et non strictement chronométré. L'enveloppement signifie le grand retour a la vie intérieure et au primat de l'amour et de l'amitié<br />
Il ne suffit plus de dénoncer. Il nous faut maintenant énoncer. Il ne suffit pas de rappeler l'Urgence. Il faut savoir aussi commencer, et commencer par définir les voies qui conduiraient a la Voie. Le Message qui indique la Voie n'a pas encore été formulé, il est en cours d'élaboration, ce a quoi nous essayons de contribuer.<br />
L'origine est devant nous disait Heidegger. La métamorphose serait effectivement une nouvelle origine.<br />
<h2>Les raisons d'espérer</h2>Quelles sont les raisons d'espérer? Nous pouvons formuler cinq principes d'espérance:<br />
<ol start="1" type="1"><li class="MsoNormal">Le surgissement de l'inattendu et l'apparition de l'improbable. Ainsi la résistance victorieuse par deux fois de la petite Athenes a la formidable puissance perse, cinq siecles avant notre ere, fut hautement improbable et permit la naissance de la démocratie et celle de la philosophie. De meme fut inattendue et improbable la congélation de l'offensive allemande devant Moscou en automne 1941, puis la contre-offensive victorieuse de Joukov commencée le 5 décembre, et suivie le 8 décembre par l'attaque de Pearl Harbor qui fit entrer les Etats Unis dans la guerre mondiale.</li>
<li class="MsoNormal">Les vertus génératrices/créatrices inhérentes a l'humanité. De meme qu'il existe dans tout organisme humain adulte des cellules souches dotées des aptitudes polyvalentes (totipotentes) propres aux cellules embryonnaires, mais inactivées, de meme il existe en tout etre humain, en toute société humaine des vertus régénératrices, génératrices, créatrices a l'état dormant ou inhibé. Dans les sociétés normalisées, stabilisées,rigidifiées, les forces génératrices/ créatrices se manifestent chez les marginaux souvent déviants que sont artistes, musiciens poetes, peintres, écrivains, philosophes, découvreurs, bricoleurs, inventeurs. Or la conscience que tous les grands mouvements de transformation commencent toujours de façon marginale, déviante, modeste, nous montre que meme (surtout?) dans les sociétés figées ou sclérosées peuvent apparaître les innovations créatrices</li>
<li class="MsoNormal">les vertus de la crise : en meme temps que des forces régressives ou désintégratrices, les forces génératrices créatrices s'éveillent dans les sociétés en crise. La crise de la mondialisation, la crise du néo-libéralisme, la crise de l'humanité a l'ere planétaire sont riches de périls mais aussi riches de possibilités transformatrices. Ainsi, de Seattle a Porto Alegre et Belem s'est formée une volonté de répondre a la mondialisation techno-économique par un alter-mondialisme , terme a prendre a la lettre comme aspiration a un autre monde, et qui pourrait conduire a l'élaboration d'une véritable « <i>politique de l'humanité</i> »</li>
<li class="MsoNormal">Ce a quoi se combinent les vertus du péril: « <i>la ou croit le péril croit aussi ce qui sauve</i> ». La ou croit la désespérance croit aussi l'espérance. La chance supreme est dans le risque supreme.</li>
<li class="MsoNormal">L'aspiration multimillénaire de l'humanité a l'harmonie (paradis, puis utopies, puis idéologies libertaire/socialiste/communiste, puis aspirations juvéniles des années 60 (Peace-Love) et révoltes juvéniles de 68 ne peut mourir. Cette aspiration renaît et renaîtra sans cesse. Elle est présente dans le grouillement des initiatives multiples et dispersées a la base des sociétés civiles, qui vont pouvoir nourrir les voies réformatrices,elles-memes vouées a se rejoindre dans la Voie vers la métamorphose.</li>
</ol>L'espérance était morte. Les vieilles générations sont désabusées des fausses promesses et des faux espoirs. Les jeunes générations sont en désarroi. Elles se désolent qu'il n'ait plus de cause a laquelle se vouer, comme fut celle de notre résistance durant le seconde guerre mondiale. Mais notre cause portait en elle meme son contraire. Comme disait Vassili Grossman de Stalingrad, la plus grande victoire de l'humanité était en meme temps sa plus grande défaite, puisque le totalitarisme stalinien en sortait vainqueur. La victoire des démocraties rétablissait du meme coup leur colonialisme. Aujourd'hui, la cause est sans équivoque, sublime: il s'agit de sauver l'humanité.<br />
L'espérance est ressuscitée! L'espérance n'est pas illusion. L'espérance vraie sait qu'elle n'est pas certitude, mais sait que l'on peut faire un chemin en marchant (<u>caminante no hay camino, se hace el camino al andar</u>), l'espérance non pas au meilleur des mondes, mais en un monde meilleur, l'espérance qui sait que le salut par la métamorphose est possible.<br />
<div class="MsoNormal"><b><span style="font-family: Verdana; font-size: 14pt;">Deuxième partie:</span></b></div><h2>Les voies de la Voie.</h2>Les réformes politiques seules, les réformes économiques seules, les réformes éducatives seules, les réformes de vie seules ont été et seront condamnées a l'insuffisance et a l'échec. Chaque voie ne peut progresser que si progressent les autres. Les voies réformatrices sont corrélatives, interactives, interdépendantes.<br />
Pas de réforme politique sans réforme de la pensée politique, qui suppose une réforme de la pensée elle-meme, qui suppose une réforme de l'éducation, laquelle elle meme suppose une réforme politique. Pas de réforme économique et sociale sans réforme politique qui elle meme suppose réforme de la pensée. Pas de réforme de vie ni de réforme éthique sans réforme des conditions économique et sociales du vivre, et pas de réforme sociale ni économique sans réforme de vie et réforme éthique.<br />
Plus profondément encore la conscience de la nécessité vitale de changer de voie est désormais inséparable de la conscience que le grand probleme de l'humanité est celui de l'état souvent monstrueux et misérable des relations entre individus, groupes, peuples. La question tres ancienne de l'amélioration des relations entre humains, qui a suscité tant d'aspirations révolutionnaires et tant de projets politiques, économiques, sociaux, éthiques, est désormais indissolublement liée a la question vitale du 21<sup>eme</sup> siecle qui est celui de la Voie nouvelle et de la Métamorphose.<br />
<b>J'ai déja indiqué qu'a la base, dans toutes les sociétés civiles il y a multiplicité d'initiatives dispersées, ignorées des partis, des administrations, des médias. Tout est épars, séparé, compartimenté. Mais les reliances, développements et convergences des innombrables initiatives permettraient de frayer des voies qui convergeraient pour former La Voie.</b><br />
<h2>La voie de la Réforme politique:</h2><h3>politique de l'humanité et politique de civilisation.</h3><h4>1 régénération de la pensée politique</h4>L'action politique s'est toujours fondée, implicitement ou explicitement sur une conception de la société, de l'homme, et du monde, c'est a dire sur une pensée. C'est ainsi qu'une politique réactionnaire a pu se fonder sur Bonald, Joseph de Maistre, Maurras, qu'une politique modérée a pu se fonder sur Tocqueville, que des politiques révolutionnaires ont pu se fonder sur Marx, Proudhon, Bakounine. Une politique qui vise a l'amélioration des relations entre humains (peuples, groupes, individus) doit plus qu'une autre se fonder non seulement sur une conception de l'homme de la société et du monde (ou anthropologie) mais aussi pouvoir se baser sur une conception pertinente du monde contemporain et de son devenir.<br />
C'est bien l'effort que j'ai tenté dans « <i>Introduction a une politique de l'homme</i> », « <i>Pour une politique de civilisation</i> », « <i>Terre Patrie</i> ».<br />
Il nous faut plus encore: un diagnostic pertinent sur le cours actuel de l'ere planétaire qui emporte l'espece l'humaine: c'est ce que j'ai tenté dans « <i>Vers l'abîme</i> » et c'est un concentré de ce diagnostic qui se trouve présenté dans la premiere partie du présent document.<br />
La régénération de la pensée politique suppose conjointement la réforme de la pensée que nous indiquons plus loin. La nouvelle politique obéirait a une double orientation, celle d'une politique de l'humanité et celle d'une politique de la civilisation. Et elle veillerait a penser en permanence et simultanément planétaire, continental, national et local.<br />
<h4>2 Politique de l'humanité</h4>La politique de l'humanité se justifie comme politique de la communauté de destin de l'espece humaine face a des problemes vitaux et mortels communs; elle concrétiserait cette conscience dans l'idée de <u>Terre patrie</u>, laquelle loin de nier les patries singulieres les intégreraient dans une patrie commune. Les internationalismes ignoraient l'importance des diversités culturelles et nationales. La « <i>terre patrie</i> » comporterait le souci de sauvegarder indissolublement l'UNITE/DIVERSITE humaine: le trésor de l'unité humaine est la diversité, le trésor de la diversité humaine est l'unité humaine.<br />
Elle partirait du constat que la globalisation a créé le substrat d'une société-monde (reseau de communications multiples sur le globe et économie désormais planétaire) mais sans créer des institutions propres et une conscience commune. Elle ouvrerait pour la création d'institutions planétaires compétentes pour les problemes vitaux de l'économie, de la biosphere, des armes de destruction massive, de protection des richesses culturelles. Il devient désormais nécessaire, d'élaborer, a partir d'une ONU réformée, les premieres institutions d'une société-monde qui pourraient éventuellement par la suite constituer une premiere forme de gouvernance mondiale.<br />
La politique de l'humanité opérerait le dépassement de l'idée de développement, meme soutenable (durable).<br />
L'idée de <i>soutenabilité</i>, apporte au développement la prise en compte de la sauvegarde de la biosphere et corrélativement de la sauvegarde des générations futures. Cette idée a une composante éthique importante. Mais cette composante éthique ne peut améliorer profondément l'idée meme de développement.<br />
La notion de développement appliquée a la société dérive de la notion de développement biologique, de l'embryon a la personne devenue adulte. Mais le développement biologique comporte corrélativement progres en qualités et en quantités, progres en complexité, dont en solidarité entre tous les éléments en développement, accroissement des communications entre les parties et le tout, accroissement corrélatif de l'unité et des diversités<br />
Or l'idée admise du développement se fonde essentiellement sur le moteur techno-économique, conçu comme locomotive entrainant démocratie et vie meilleure. C'est une idée réductrice, privée de complexité et du sens des solidarités; elle est sous-développée..<br />
Enfin, la notion de sous-développement a quelque chose d'injustement péjoratif, parce qu'on appelle sous-développées des cultures qui comportent des savoirs, des savoir-faire (en médecine par exemple), des sagesses, des arts de vivre souvent absents chez nous ; bien entendu, elles comportent des superstitions, des illusions, mais nous-memes nous avons nourri de nombreuses illusions, dont le mythe du progres comme loi de l'histoire, la derniere étant la capacité de l'économie libérale a résoudre tous les problemes humains. Nous avons a nous défaire de l'arrogance intellectuelle occidentalocentrique, et non des supposés sanglots de l'homme blanc.<br />
Il ne s'agit nullement ici d'idéaliser les sociétés traditionnelles, qui ont leurs carences, leurs fermetures leurs injustices, leurs autoritarismes. Il faut voir aussi leurs qualités, et considérer leurs ambivalences. Nous devons également concevoir toutes les ambivalences du développement et promouvoir les aspects positifs de l'occidentalisation (les droits humains, les autonomies individuelles, la culture humaniste, la démocratie). Ces éléments positifs peuvent et doivent féconder une politique de l'humanité, tandis qu'une politique de civilisation devrait refouler au second plan le négatif, qui aujourd'hui est au premier plan, c'est-a-dire l'hégémonie de la quantité sur la qualité, la réduction de la politique a l'économie, la réduction de la connaissance au calcul, (lequel ignore la multi dimensionnalité de l'existence humaine), la domination de la rationalisation (qui écarte tout ce qui échappe a sa logique close), sur la rationalité ouverte. Cela nous confirme que le probleme désormais n'est pas de continuer sur la voie du développement, n'est pas meme de l'aménager avec quelques adoucisseurs qui le rendraient soutenable; il est de changer de voie.<br />
Nous pouvons commencer a élaborer une voie nouvelle avec une politique de l'humanité et une politique de la civilisation. Une politique de l'humanité peut et doit prendre en charge des problemes que normalement devrait résoudre le développement, par exemple le probleme accru de la faim. Une politique de la santé devrait pouvoir fournir gratuitement les médicaments, notamment contre le Sida aux pays du Sud. Une politique de l'humanité devrait fournir gratuitement aux memes pays tous les dispositifs producteurs d'énergie verte , dont les centrales solaires et marémotrices. La politique de l'humanité, c'est aussi une politique humanitaire a l'échelle de la planete qui devrait mobiliser, non seulement les ressources matérielles, mais aussi la jeunesse des pays qu'on appelle développées, mobilisées dans un service civique planétaire, qui remplacerait les services militaires, afin d'aider sur place les populations dans le besoin. Une politique de l'humanité voit les différents problemes tels qu'ils se posent dans les différentes régions du globe, et au lieu d'une formule standard appliquée dans les contextes les plus divers, elle élaborerait des actions convenant a ces contextes. Une politique de l'humanité est surtout une politique de LA civilisation, qui serait la symbiose entre ce qu'il y a de meilleur de la civilisation occidentale, et les apports extremement riches des autres civilisations.<br />
La politique de l'humanité comporte le respect des savoirs, savoir faire, arts de vivre des cultures y compris orales. Il integre ce qu'il y a de valable dans l'idée actuelle de développement mais pour le concevoir dans les contextes singuliers de chaque culture ou nation. De plus, comme je l'ai indiqué, il faut compléter la notion de développement par celle d'enveloppement, c'est a dire de sauvegarde des qualités que le développement tend a détruire, de retournement vers les valeurs non matérielles de sensibilité, de cour et d'âme.<br />
La politique de l'humanité est une politique de symbioses planétaires: elle prône le grand rendez vous du donner et du recevoir dont parlait Senghor. Ainsi pour les médecines: elle comporte l'apport des médecines occidentales en hygiene, médicaments antisida, etc, mais l'intégration des médecines indigenes, non seulement dans les nations de traditions médicales millénaires, Inde et Chine, mais aussi dans les peuples archaiques d'Amazonie connaissant vertus et venins des plantes ainsi que les thérapies chamaniques.<br />
Quant a la politique de civilisation, elle ne saurait etre limitée aux sociétés occidentales « <i>développées</i> »; elle vaut aussi pour toutes les parties occidentalisées du monde.<br />
La politique de civilisation s'exercerait contre les effets négatifs croissants du développement de notre civilisation occidentale (cf mon diagnostic dans <u>Politique de civilisation, Arlea). </u>Elle viserait a restaurer les solidarités, a réhumaniser les villes, revitaliser les campagnes, renverserait l'hégémonie du quantitatif au profit de la qualité de la vie, prônerait le mieux plutôt que le plus, et contribuerait a la réforme de vie.<br />
Elle dépasserait l'alternative croissance/décroissance dans la considération de ce qui doit croitre/décroitre/demeurer stationnaire<br />
<b>Tout en étant de portée planétaire, la politique de civilisation peut déja etre entreprise a l'échelle d'une nation et, du meme coup contribuer par l'exemple a développer, pour l'Europe ou l'Amérique latine, une réforme a l'échelle d'un continent </b><br />
<h2>La Voie des Réformes économiques</h2>L'établissement d'une institution permanente (conseil de sécurité économique) vouée aux régulations de l'économie planétaire et au contrôle des spéculations financieres<br />
Le développement d'une économie plurielle comportant le développement des mutuelles, coopératives, entreprises citoyennes, agriculture fermiere, agriculture biologique, alimentation de proximité (en meme temps que régression de l'agriculture et de l'élevage industrialisés), généralisation du biochar<a href="http://www.blogger.com/post-create.g?blogID=995174148176424425" name="_rbp6"></a><a href="http://dialoguesenhumanite.org/331-la-voie-edgar-morin#_bp6">[6]</a> qui supprimerait la faim dans le monde, microcrédit, commerce équitable, entreprises citoyenne.<br />
Le maintien ou la résurrection des services publics nationaux (poste, télécommunications, chemins de fer) et pour l'Europe, l'institution de services publics européens<br />
Un new deal de grands travaux de salut collectif (énergies renouvelables, ceinture de parkings autour des villes, transports publics non polluants, aménagement des chemins de fer pour le ferroutage)<br />
<h2>La voie des Réformes sociales</h2><ol start="1" type="1"><li class="MsoNormal">En réponse a l'accroissement des inégalités, institution d'un observatoire des inégalités» déterminant les réductions progressives des inégalités par le haut et par le bas</li>
<li class="MsoNormal">En réponse a l'accroissement de la misere, politique d'allocation de logement et nourriture aux démunis et politique d'aide et incitation aux métiers de solidarité et de convivialité; retour des contrôles humains dans le monde désertique de l'automatisation.</li>
<li class="MsoNormal">Réforme des administrations. Débureaucratisassion des administrations devenues sous-efficientes et inhumaines (cf. les indications dans ma conférence de Madrid) Centrisme, hiérarchie, spécialisation, compartimentation corrigés par combinaison de centrisme/polycentrisme/acentrisme, hiérarchie combinée avec polyarchie et anarchie.</li>
<li class="MsoNormal">régénération des solidarités par institutions de maisons de la solidarité dans les villes et d'un service civique de solidarité, l'aide a la formation de métiers de solidarité<a href="http://www.blogger.com/post-create.g?blogID=995174148176424425" name="_rbp7"></a><a href="http://dialoguesenhumanite.org/331-la-voie-edgar-morin#_bp7">[7]</a> et de convivialité</li>
<li class="MsoNormal">résurrection et actualisation de la notion de bien commun naturel (eau, climat), de bien commun social (transports urbains) et conversion des biens culturels (via internet) en biens communs permettant de vastes démocratisations culturelles</li>
</ol><h2>La Voie de la Réforme de pensée.</h2>Toutes les crises de l'humanité planétaire, dans la mesure ou elles sont mal perçues, sous-évaluées, disjointes les unes les autres sont en meme temps des crises cognitives. Nous sommes arrivés au paradoxe ou ce qui nous aveugle est notre systeme de connaissance.<br />
Les aveuglements résultant d'une connaissance parcellaire, les illusions propres a une vision unidimensionnelle de toutes choses vont de pair avec le mirage que nous sommes arrivés a la société de la connaissance, alors que nous sommes arrivés a la société des connaissances séparées les unes des autres ,et que nous sommes inconscients notre aveuglement.<br />
Nous nous croyons détenteurs d'une pensée rationnelle alors que nous ne savons pas distinguer rationalité et rationalisation ni reconnaître les limites de la raison.<br />
Notre connaissance séparatrice a perdu l'aptitude a contextualiser l'information et a l'intégrer dans un ensemble qui lui donne sens. Le morcellement et la compartimentation de la connaissance en des disciplines non communicantes rendent inapte a percevoir et concevoir les problemes fondamentaux et globaux. La réforme de la pensée nécessité une pensée de reliance, qui puisse relier les connaissances entre elles, relier les parties au tout, le tout aux parties et qui puisse concevoir la relation du global au local et celle du local au global. Nos modes de pensée doivent intégrer un va et vient constant entre ces niveaux.<a href="http://www.blogger.com/post-create.g?blogID=995174148176424425" name="_rbp8"></a><a href="http://dialoguesenhumanite.org/331-la-voie-edgar-morin#_bp8">[8]</a><br />
Si nos esprits restent dominés par une façon mutilée et abstraite de connaître, par l'incapacité de saisir les réalités dans leur complexité et dans leur globalité, si la pensée philosophique au lieu d'affronter le monde, demeure enfermée dans des préciosités moliéresques, alors paradoxalement notre intelligence nous aveugle. Notre mode de connaissance parcellarisé produit des ignorances globales. Notre mode de pensée mutilé conduit a des actions mutilantes. Seule une pensée apte a saisir la complexité non seulement de nos vies, de nos destins, de la relation individu/société/espece mais aussi de l'ere planétaire, peut tenter le diagnostic de la course actuelle de la planete vers l'abîme et définir les réformes vitalement nécessaires pour changer de voie. Seule une pensée complexe peut nous nous armer pour préparer la métamorphose a la fois sociale, individuelle et anthropologique.<br />
<h2>La voie de la Réforme de l'éducation</h2>Un nouveau systeme d'éducation, fondé sur la reliance, radicalement différent donc de l'actuel, devrait s'y substituer. Ce systeme permettrait de favoriser les capacités de l'esprit a penser les problemes individuels et collectifs dans leur complexité. Il introduirait aux problemes vitaux, fondamentaux et globaux occultés par le morcellement disciplinaire.<br />
La réforme introduirait a tous les niveaux de l'enseignement, depuis le primaire jusqu'a l'université, les matieres suivantes:<br />
<ul type="disc"><li class="MsoNormal">les problemes de la connaissance: l'erreur, l'illusion; qu'est ce qu'une connaissance pertinente?</li>
<li class="MsoNormal">la nature humaine comme trinité individu/société/espece</li>
<li class="MsoNormal">l'ere planétaire: de la conquete du monde a la globalisation</li>
<li class="MsoNormal">la compréhension d'autrui, compréhension entre personnes, entre peuples, entre ethnies<a href="http://www.blogger.com/post-create.g?blogID=995174148176424425" name="_rbp9"></a><a href="http://dialoguesenhumanite.org/331-la-voie-edgar-morin#_bp9">[9]</a>.</li>
<li class="MsoNormal">l'affrontement des incertitudes</li>
</ul>Elle introduirait un enseignement de civilisation portant sur les médias, la publicité, la consommation, la famille, les relations entre générations, la culture adolescente, les addictions et intoxications de civilisation (le consumérisme, l'intoxication automobile, etc...)<br />
Une telle réforme d'éducation serait indispensable pour le développement des voies nouvelles. Elle est inséparable de la réforme de pensée. Paradoxalement l'une suppose l'autre. Seuls des esprits réformés pourraient réformer le systeme éducatif, mais seul un systeme éducatif réformé pourrait former des esprits réformés. Marx déja, se demandait « <i>qui éduquera les éducateurs</i> ». De fait ce sera par une multiplication d'expériences pilotes que pourrait naître la réforme de l'éducation, réforme particulierement difficile a introduire car aucune loi générale ne permettrait de l'implanter. C'est elle pourtant qui conduirait a créer la forme d'esprit capable d'affronter les problemes fondamentaux et globaux, de les relier au concret, et qui conduirait a réformer la pensée. Réforme de l'éducation et réforme de la pensée se stimuleraient l'une l'autre, en un cercle vertueux.<a href="http://www.blogger.com/post-create.g?blogID=995174148176424425" name="_rbp10"></a><a href="http://dialoguesenhumanite.org/331-la-voie-edgar-morin#_bp10">[10]</a><br />
<h2>La voie de la réforme de vie</h2>C'est le probleme concret sur lequel devraient converger toutes les autres réformes.<br />
Nos vies sont dégradées et polluées par l'état lamentable et souvent monstrueux des relations entre les humains, individus, peuples, par l'incompréhension généralisée d'autrui, par la prosaisassion de l'existence consacrée aux tâches obligatoires que ne donnent pas de satisfaction, au détriment de la poésie de l'existence qui s'épanouit dans l'amour, l'amitié, la communion, le jeu.<br />
La recherche d'un art de vivre est un probleme tres ancien abordé par les traditions de sagesse des différentes civilisations et en occident par la philosophie grecque. Il se présente de maniere particuliere dans notre civilisation caractérisée par l'industrialisation, l'urbanisation, la recherche du profit, la suprématie donné au quantitatif. La mécanisation de la vie, l'hyperspécialisation, la chronométrisation, l'application du calcul et de la logique de la machine artificielle a la vie des individus, la généralisation d'un mal-etre au sein du bien-etre matériel provoquent en réaction une aspiration a la « <i>vraie vie</i> »<br />
La réforme de vie vise a échapper a la vie soumise aux contraintes et obligations extérieures comme a nos intoxications de civilisation, elle est de chercher a vivre poétiquement, dans la dialogique permanente entre raison et passion.<br />
La réforme de vie doit nous conduire a vivre les qualités de la vie, a retrouver un sens esthétique, a travers l'art bien sur mais également dans la relation a la nature, dans la relation au corps, et a revoir nos relations les uns aux autres, a nous inscrire dans des communautés sans perdre notre autonomie. C'est le theme de la convivialité évoqué par Illich dans les années 70. Il existe aujourd'hui, un peu partout, des germes de cette réforme. Ils apparaissent a travers l'aspiration a une autre vie, a travers les choix de vie visant a mieux vivre avec soi-meme et autrui, parfois le renoncement a une vie lucrative pour une vie d'épanouissement, ainsi que dans une recherche d'accord avec soi meme et le monde que l'on constate dans les attractions pour le bouddhisme zen, les sagesses orientales, dans la recherche de l'alimentation saine que proposent l'agriculture fermiere et l'agriculture biologique. Cette aspiration a vivre « <i>autrement</i> » se manifeste de façons multiples et l'on assiste un peu partout a des recherches tâtonnantes de la poésie de la vie, amours, fetes, copains, rave parties. Les vacances sont antidotes a la vie prosaique Une partie des citadins partage le temps entre, d'un côté une vie urbaine a laquelle ils sont soumis avec ses contraintes et obligations, et d'un autre côté une vie de week-end ou de vacances durant laquelle ils se déprogramment, échappent a la chronométrie, abandonnent les vetements citadins pour des rustiques, voire la nudité, et vivent librement pendant ce temps: le club méditerranée est l'utopie concrete d'une vie libérée meme de la monnaie (il faut évidemment payer au préalable pour y vivre sans argent) Le contraste est aussi fort que celui évoqué par Mauss lorsqu'il nous apprend que les esquimaux ont une religion d'été et une religion d'hiver, avec des dieux différents en fonction des saisons. Tout se passe comme si nous n'avions, nous aussi, des dieux différents en fonction des périodes de la semaine ou de l'année. Mais il ne suffit pas d'alterner : nous devons intégrer dans nos vies quelques-unes des vertus que nous pouvons trouver dans nos vacances et loisirs. Il y a mille ébauches de réforme de vie, d'aspirations a bien vivre, a échapper au mal-etre qu'a produit la civilisation du bien-etre matériel, a pratiquer la convivialité, qui ne sont pas encore reliées. Mais si on considere ensemble ces éléments qui, séparément, semblent insignifiants, il est possible de montrer que la réforme de vie est inscrite dans les possibilités de notre temps. Le dénominateur commun en est : la qualité prime sur la quantité, le besoin d'autonomie est lié et le besoin de communauté doivent etre associés, la poésie de l'amour est notre vérité supreme.<br />
Relater ici l'expérience du Monte Verita, celle d'Auroville a travers ses problemes, celle de communes californiennes, qui ont voulu réaliser la réforme de vie, mais ont échoué, tous ces échecs étant dus, semble t'il a l'isolement de ces expériences de vie, a l'inconscience des difficultés a maintenir une continuité, et a l'absence d'une conjonction avec d'autres réformes qui leur auraient été solidaires<br />
Parler du besoin d'harmonie qui traverse toute l'histoire humaine et s'est exprimé dans les paradis, les utopies, les idées libertaires-communistes-socialistes, les « <i>communes</i> » californiennes et autres, les explosions juvéniles de mai 68 et qui renaîtront sans cesse sous d'autres formes. Avec toujours les memes aspirations a l'autonomie, la communauté, l'aspiration a vivre poétiquement.<br />
La prise de conscience que « <i>la réforme de vie</i> » est une des aspirations fondamentales dans nos sociétés est un levier qui peut puissamment nous aider a ouvrir la Voie.<br />
Aller au dela de l'esprit de conquete, de domination, de réussite non pas l'annihiler, mais le réguler par le développement des valeurs féminines (amour, tendresse) Aller vers l'esprit d'épanouissement de communion de poésie (impossibilité d'éliminer la prose, mais la subordonner).<br />
<b>La réforme de pensée dépend de la réforme de l'éducation, mais celle ci dépend aussi d'une réforme de pensée préliminaire, ce sont deux réformes maitresses en boucle récursive l'une productrice/produit de la réforme de l'autre, et indispensable pour la réforme de la pensée politique laquelle commandera les réformes sociales, économiques, etc. En meme temps la réforme de vie est cruciale, en relation de boucle avec réforme de l'alimentation, de la consommation, de l'habitat, des loisirs/vacances. Ces trois méta-réformes permettent de concevoir la solidarité de toutes les réformes, lesquelles les nourriront...</b><br />
<h2>La voie de la réforme morale</h2>Constater la barbarie de nos vies. Nous ne sommes pas intérieurement civilisés. La possessivité, la jalousie, l'incompréhension, le mépris, la haine. L'aveuglement sur soi meme et sur autrui, phénomene général et quotidien. Que d'enfers domestiques, microcosmes des enfers plus vastes des relations humaines.<br />
Nous retombons la sur une préoccupation tres ancienne puisque les principes moraux sont présents tant dans les grandes religions universalistes que dans la morale laique. Mais les religions qui ont prôné l'amour du prochain ont déchaîné des haines épouvantables, et rien n'a été plus cruel que ces religions d'amour.<br />
Il semble donc évident que la morale mérite d'etre repensée et qu'une réforme doit l'inscrire dans le vif du sujet humain.<br />
Si on définit le sujet humain comme un etre vivant capable de dire « <i>je</i> », autrement dit d'occuper une position qui le met au centre de son monde, il s'avere que chacun de nous porte en lui un principe d'exclusion (personne ne peut dire « <i>je</i> » a ma place). Ce principe agit comme un logiciel d'auto-affirmation égocentrique, qui donne priorité a soi sur toute autre personne ou considération et favorise les égoismes. Dans le meme temps, le sujet porte en lui un principe d'inclusion qui nous donne la possibilité de nous inclure dans une relation avec autrui, avec les « <i>nôtres</i> » (famille, amis, patrie), et qui apparaît des la naissance ou l'enfant ressent un besoin vital d'attachement. Ce principe est un quasi logiciel d'intégration dans un « <i>nous</i> », et il subordonne le sujet, parfois jusqu'au sacrifice de sa vie. L'etre humain est caractérisé par ce double principe, un quasi double logiciel: l'un pousse a l'égocentrisme, a sacrifier les autres a soi ; l'autre pousse a l'altruisme, a l'amitié, a l'amour... Tout, dans notre civilisation, tend a favoriser le logiciel égocentrique. Le logiciel altruiste et solidaire est partout présent, mais inhibé et dormant. Il peut se réveiller. C'est donc ce logiciel qui doit etre stimulé.<br />
Il faut concevoir également une éthique a trois directions, en vertu de la trinité humaine: Individu/société/espece.<br />
<h3>L'éthique individuelle</h3>La réforme morale nécessite l'intégration, dans sa propre conscience et sa propre personnalité, d'un principe d'auto-examen permanent, car, sans le savoir, nous nous mentons a nous-memes, nous nous dupons sans cesse. Nos souvenirs se transforment, nous avons une vision de ce que nous sommes et des autres entierement pervertie par l'égocentrisme. Nous ne pouvons donc faire l'économie de pratiquer l'auto-examen et l'autocritique. Or, la encore, dans notre civilisation, il semble que nous ayons completement oublié cette possibilité, préférant confier la solution de nos maux moraux et psychiques a des tiers tels les psychiatres, les psychanalystes. Autrui est important pour nous connaître nous-memes, mais seul l'auto-examen nous permet d'intégrer le regard d'autrui, dans notre effort pour mieux nous comprendre nous-memes, avec nos carences, nos lacunes, nos faiblesses. . .<br />
Aller vers les compréhensions mutuelles. Se comprendre est indispensable si l'on veut comprendre l'autre. Cette compréhension, nous l'avons potentiellement. Nous la manifestons lorsque nous sommes au théâtre, au cinéma, ou lorsque nous lisons un roman. Nous sommes alors capables de comprendre des personnages totalement éloignés de nous, vivant dans des mondes exotiques, ou de personnages ambigus, parfois criminels, comme le parrain de Coppola ou les personnages de Shakespeare. Nous comprenons la misere du clochard, nous comprenons un vagabond comme Charlot. Mais lorsque nous retournons dans la vie courante, nous perdons notre capacité a comprendre autrui. Alors que nous l'avons dans l'imaginaire, nous la perdons dans la réalité.<br />
La réforme morale doit développer deux caractéristiques fondamentales chez tout etre humain: l'auto-examen permanent et l'aptitude a la compréhension d'autrui. La réforme morale doit bien évidemment etre conjuguée avec la réforme de l'éducation et avec la réforme de vie, qui elles memes doivent ere conjuguées av ec les autres réformes.<br />
<h3>L'éthique civique</h3>C'est l'éthique du citoyen qui, dans une société ou il dispose de droits, doit assumer ses devoirs pour la collectivité<br />
<h3>L'éthique du genre humain</h3>Autant une éthique universelle concernant tous les hommes était abstraite avant l'ere planétaire, autant la communauté de destin de tous les humains la rend concrete. Nous pouvons aujourdhui tenter d'agir pour l'humanité, c'est-a-dire d'abord contribuer a la prise de conscience de la communauté de destin humain et a notre inscription comme citoyen de la terre-patrie.<br />
<div class="MsoNormal"><b><span style="font-family: Verdana; font-size: 14pt;">En conclusion,</span></b></div>Les réformes sont interdépendantes La réforme morale, la réforme de pensée, la réforme de l'éducation, la réforme de civilisation, la réforme politique la réforme de vie s'entr'appellent les uns les autres et par la meme leurs développements leur permettraient de s'entre dynamiser<br />
Nous devons etre conscience de la limite des réformes ( de vie, éthique, donc aussi des autres) Homo est non seulement sapiens, faber, economicus, mais aussi demens mythologicus, ludens. On ne pourra jamais éliminer la capacité délirante, on ne pourra jamais rationaliser l'existence (ce qui serait la normaliser, la standardiser, la mécaniser) On ne pourra jamais réaliser l'utopie de l'harmonie permanente, du bonheur assuré,<br />
<b>Ce qu'on peut espérer c'est non plus le meilleur des mondes, mais un monde meilleur. Seul le cheminement des sept réformes régénérera assez le monde pour faire advenir la Voie vers la métamorphose. Seule la métamorphose pourra améliorer le monde.</b><br />
Tout est a réformer et transformer. Mais tout a commencé sans qu'on le sache encore. Apportons la reliance, la conscience. Travaillons a diagnostiquer, réformer, transformer chacun dans sa voie<br />
Travailler a relier, relier, toujours relier.<br />
Répétons le les réformes sont solidaires : la réforme de pensée dépend de la réforme de l'éducation, mais celle ci dépend aussi d'une réforme de pensée, ce sont deux réformes maîtresses en boucle récursive l'une productrice/produit de la réforme de l'autre, et indispensables pour la réforme de la pensée politique laquelle commandera les réformes sociales, économiques, etc. En meme temps la réforme de vie est cruciale, en relation de boucle avec réforme de l'alimentation, de la consommation, de l'habitat, des loisirs/vacances. Ces trois méta-réformes permettent de concevoir la solidarité de toutes les réformes, lesquelles les nourriront...<br />
Les chemins des réformes pourront se relier pour formerla Voie. C'est la Voie qui régénérera le monde pour faire advenir la métamorphose.<br />
<div class="MsoNormal"><br />
</div><a href="http://www.blogger.com/post-create.g?blogID=995174148176424425" name="_bp1"></a><a href="http://dialoguesenhumanite.org/331-la-voie-edgar-morin#_rbp1"><b><span style="text-decoration: none;">[1]</span></b></a> « <i>Je réunis ce qui est épars, je rassemble ce qui est dispersé.</i> »<br />
<a href="http://www.blogger.com/post-create.g?blogID=995174148176424425" name="_bp2"></a><a href="http://dialoguesenhumanite.org/331-la-voie-edgar-morin#_rbp2"><b><span style="text-decoration: none;">[2]</span></b></a> Les conséquences de l'échec du communisme ont été énormes: déchaînement capitaliste, déchaînements ethno religieux (y compris et parfois surtout dans les pays ex-socialistes).<br />
<a href="http://www.blogger.com/post-create.g?blogID=995174148176424425" name="_bp3"></a><a href="http://dialoguesenhumanite.org/331-la-voie-edgar-morin#_rbp3"><b><span style="text-decoration: none;">[3]</span></b></a> Le Progres, grand mythe providentiel du monde occidental, avait envahi toute la planete: il prétendait apporter a l'Ouest avec les développements de la démocratie libérale, la meilleure société possible, a l'Est « <i>l'avenir radieux</i> » du socialisme et partout ailleurs les accomplissements heureux du développement. Partout science, raison, technique, économie libérale et capitalisme ici, socialisme la, semblait etre les moteurs d'un avenir humain d'harmonie. Nous avons eu l'illusion du progres mécanique, automatique de l'histoire et nous avons perdu cette illusion au cours des quinze dernieres années, quand nous avons commencé a comprendre que l'histoire n'allait pas vers un progres assuré, mais vers une incertitude extraordinaire - personne ne sait ce que sera demain, personne ne peut dire si dans un mois nous sommes en guerre avec l'Iran ou non, personne ne peut dire ce que sortirait de cette guerre éventuelle avec l'Iran, etc. Donc, une incertitude, mais pas seulement l'incertitude; c'est que tout ce qui était bénéfique pour nous, qui nous semblait raisonnablement bénéfique, c'est-a-dire le développement de la science, a montré son ambivalence. Effectivement la science produit des bienfaits considérables, mais elle produit aussi des menaces et des dangers a travers les armes ou les manipulations génétiques. La science produit des connaissances fabuleuses, que seule elle a pu provoquer. Mais aussi la science produit, avec ses compartimentations disciplinaires, des fermetures et des ignorances qui empechent de voir, je le répete, les problemes globaux. La technique elle-meme - parce que aujourd'hui le vaisseau spatial (la Terre) est emporté par un quadrimoteur, qui sont tous issus du développement, c'est-a-dire la science, la technique, l'industrie et l'économie. Ce sont des forces qui ont eu un aspect bénéfique, mais les aspects maléfiques, périlleux, voire mortels, ce sont développés de façon considérable et le vaisseau spatial n'a pas de pilote. Et, en plus, les passagers se disputent les uns avec les autres.<br />
<a href="http://www.blogger.com/post-create.g?blogID=995174148176424425" name="_bp4"></a><a href="http://dialoguesenhumanite.org/331-la-voie-edgar-morin#_rbp4"><b><span style="text-decoration: none;">[4]</span></b></a> Alors que le grand probleme posé par la globalisation est de sauvegarder inséparablement l'unité et la diversité humaines. Ce qui exige de comprendre que la trésor de l'humanité humaine est sa diversité que le trésor de la diversité humaine est sa diversité. Que le propre de l'unité humaine est de produire de la différence (entre individus, cultures, langues, cultures) et que le propre de la diversité humaine est d'etre produite par l'unité humaine ( cf plus loin réforme politique).<br />
<a href="http://www.blogger.com/post-create.g?blogID=995174148176424425" name="_bp5"></a><a href="http://dialoguesenhumanite.org/331-la-voie-edgar-morin#_rbp5"><b><span style="text-decoration: none;">[5]</span></b></a> Il suffit de citer deux auteurs qui parlent de l'intérieur du systeme puisqu'il s'agit de Patrick Artus directeur de la recherche de Natixis et Marie Paule Virard rédactrice en chef de Enjeux-les Echos de 2003 a 2008. Apres avoir écrit « <i>le capitalisme est en train de s'autodétruire</i> » , ils récidivent en 2008 avec: Globalisation le pire est a venir. Le livre est écrit, précisons le, avant la grande crise de septembre 2008 ouverte par la faillite de la quatrieme banque d'affaires américaines Lehman Brother. La page de garde de l'ouvrage est édifiante et pourrait relever de la littérature altermondialistesi elle n'émanait d'auteurs au cour du systeme: « <i>le pire est a venir de la conjonction de cinq caractéristiques majeures de la globalisation: une machine inégalitaire qui mine les tissus sociaux et attise les tensions protectrices; un chaudron qui brule les ressources rares, encourage les politiques d'accaparement et accélere le réchauffement de la planete; une machine a inonder le monde de liquidités et a encourager l'irresponsabilité bancaire; un casino ou s'expriment tous les exces du capitalisme financier; une centrifugeuse qui peut faire exploser l'Europe</i> ». Fermez le ban! ce sont la des avis venus de l'intérieur du systeme financier lui-meme tout comme ceux d'Alan Greenspan, l'ancien patron de la FED (la banque fédérale américaine) qui dans son livre « <i>le temps des turbulences</i> » montre a quel point la finance mondiale est devenue un bateau ivre ou Jean Peyrelevade, l'ancien patron du Crédit Lyonnais qui dresse un constat accablant dans son livre « <i>le capitalisme total </i>» de l'état d'un systeme financier incapable d'investir au-dela du court terme. Et le fait que l'on puisse, a juste titre, s'interroger sur la cohérence éthique de ces différents auteurs qui ont tres largement profité de rémunérations indécentes du systeme avant de le critiquer, ne retire rien a des analyses d'autant plus percutantes qu'elles viennent. Patrick Viveret dans , La découverte, 2009<br />
<a href="http://www.blogger.com/post-create.g?blogID=995174148176424425" name="_bp6"></a><a href="http://dialoguesenhumanite.org/331-la-voie-edgar-morin#_rbp6"><b><span style="text-decoration: none;">[6]</span></b></a> <img border="0" height="16" src="file:///C:/DOCUME%7E1/UTILIS%7E1/LOCALS%7E1/Temp/msohtml1/01/clip_image001.gif" width="16" /><a href="http://dialoguesenhumanite.org/sites/dialoguesenhumanite.org/files/docimages/2010/ce_nest-pas_comme_ca_quon_reglera_la_fain_dans_le_monde.pdf">ce_nest-pas_comme_ca_quon_reglera_la_fain_dans_le_monde.pdf</a> <a href="http://www.pronatura.org/" target="_blank" title="http://www.pronatura.org/">http://www.pronatura.org/</a><br />
<a href="http://www.blogger.com/post-create.g?blogID=995174148176424425" name="_bp7"></a><a href="http://dialoguesenhumanite.org/331-la-voie-edgar-morin#_rbp7"><b><span style="text-decoration: none;">[7]</span></b></a> sur l'aptitude a la solidarité, cf Réforme morale, les deux logiciels.<br />
<a href="http://www.blogger.com/post-create.g?blogID=995174148176424425" name="_bp8"></a><a href="http://dialoguesenhumanite.org/331-la-voie-edgar-morin#_rbp8"><b><span style="text-decoration: none;">[8]</span></b></a> Voir Edgar Morin « <i>Introduction a la pensée complexe</i> » ESF 1990.<br />
<a href="http://www.blogger.com/post-create.g?blogID=995174148176424425" name="_bp9"></a><a href="http://dialoguesenhumanite.org/331-la-voie-edgar-morin#_rbp9"><b><span style="text-decoration: none;">[9]</span></b></a> Tous ces points sont développés dans Edgar Morin, « <i>les sept savoirs nécessaires a l'éducation du futur » </i>éditions du Seuil, 2000.<br />
<a href="http://www.blogger.com/post-create.g?blogID=995174148176424425" name="_bp10"></a><a href="http://dialoguesenhumanite.org/331-la-voie-edgar-morin#_rbp10"><b><span style="text-decoration: none;">[10]</span></b></a> Une telle réforme intégrerait l'expérience des enseignements « <i>d'éducation nouvelle</i> » initiées par de grands pédagogues comme Decroly, Freinet, Montessori et autres.<br />
<div class="MsoNormal"><br />
</div>Médias Citoyens Dioishttp://www.blogger.com/profile/06769203187523772866noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-995174148176424425.post-61253355626724860672011-02-09T02:10:00.000-08:002011-02-09T02:10:12.751-08:00Le texte de loi dit de "Sécurité Intérieure"Nous avons mis le texte entier de cette loi sur notre site Débat : <br />
http://mediascitoyensdioisdebats.blogspot.com/2011/02/loi-loppsi-dite-de-securite-interieure.htmlMédias Citoyens Dioishttp://www.blogger.com/profile/06769203187523772866noreply@blogger.com1