Autour de la notion de "développement
durable"
L’idéologie contemporaine se donne la plupart du temps l’apparence d’un simple constat, d’un simple « bon sens », unique, irrécusable, de l’ordre des choses. Ce ne serait pas la pensée qui serait unique, ce serait la réalité. Cette idéologie se reconnaît souvent dans des tics de langage (la langue automatique) que tout à chacun va utiliser sans s’en apercevoir, étant ainsi le jouet ou le produit d’intérêts politiques et commerciaux, subordonnés à la recherche du profit de quelques-uns. C’est la pensée dominante qui nous domine au profit des dominants. Il me semble que l’expression « développement durable » participe pleinement à ce mécanisme.
L’idéologie contemporaine se donne la plupart du temps l’apparence d’un simple constat, d’un simple « bon sens », unique, irrécusable, de l’ordre des choses. Ce ne serait pas la pensée qui serait unique, ce serait la réalité. Cette idéologie se reconnaît souvent dans des tics de langage (la langue automatique) que tout à chacun va utiliser sans s’en apercevoir, étant ainsi le jouet ou le produit d’intérêts politiques et commerciaux, subordonnés à la recherche du profit de quelques-uns. C’est la pensée dominante qui nous domine au profit des dominants. Il me semble que l’expression « développement durable » participe pleinement à ce mécanisme.
L’expression
« développement durable » envahissant les écrits de toutes sortes,
les écrans télévisés, les supermarchés, les multinationales
« éco-responsables » ainsi que les programmes verdissants de tous les
partis politiques, et par ailleurs ayant retenu de Friedrich Engels et de Karl
Marx que « les idées dominantes
d’une époque n’ont jamais été que les idées de la classe dominante »
[1], je me suis posé la question de savoir si cette expression ne faisait pas
partie de l’arsenal du « lavage de cerveaux en liberté » dont fait
allusion le linguiste et philosophe Noam Chomsky dans un entretient accordé à
Daniel Mermet pour le Monde diplomatique » [2].
L’association de deux mots :
S’agissant du développement,
il faudrait préciser de quel développement il s’agit : de production de
marchandises, des techniques, du bien être social, de l’égalité, de la liberté
de décider et d’agir. Dans un système voué intégralement au capitalisme, il
peut s’agir tout simplement du seul développement des profits. Ne parle-t-on
pas aujourd’hui de capitalisme vert.
Pour le durable, il prête à
ironiser : jusqu’à quand ? En effet, la matière est en perpétuelle
évolution et les circonstances dans lesquelles se fait cette évolution changent
constamment. Ces circonstances sont conditionnées par l’activité humaine, mais
pas seulement. Pour prendre un exemple, la géologie nous apprend qu’il y a
environ 120 millions d’années, le Jura actuel était recouvert en partie par une
mer tropicale avec des coraux et des poissons rouges dont il nous reste
aujourd’hui comme témoignage, le lac Léman, les Salines de Salins-les-Bains et
la saline royale d’Arc et Senans.
Si les bipèdes du Neandertal
de cette région et de cette époque avaient eu la capacité d’imaginer un
« développement durable », il y a peu de chances qu’ils l’auraient
échafaudé dans les conditions d’aujourd’hui.
On peut se poser la question
de savoir si l’association des mots développement et durable n’est pas un
oxymore puisque le développement en cours, même labellisé durable, détruit à
petit à petit la planète [3], plus sûrement qu’un hypothétique réchauffement de
celle-ci, dont la question reste en débat, y compris parmi les scientifiques.
Ce qui n’est pas un problème en soi, puisque la controverse entre chercheurs,
organisés au sein de la communauté scientifique, est un des moteurs essentiels
de la construction des savoirs.
Toutefois, on pourrait à
l’inverse considérer développement et durable comme un pléonasme, puisque le
développement est un processus à long terme, donc durable.
Alors un oxymore ou un
pléonasme, c’est bien toute l’équivoque du développement durable.
Son origine :
Au tournant des années 1970,
le développement du capitalisme et la détérioration de la planète amènent de
nouvelles réflexions. Des catastrophes écologiques : Seveso, Bhopal,
l’Amocco Cadiz, accident nucléaire de Three Mile Island aux Etats-Unis, puis de
Tchernobyl en Ukraine, Exxon Valdez, Erika, etc. conduisent à une impression de
catastrophisme. Des idéologues s’en emparent. Bertrand de Jouvenel, pour ne
citer que l’un des plus connus, théorise sur une société qui mettrait en accord
le marché et l’environnement. [4] La notion de développement durable fait son
apparition.
En 1972, le Club de Rome
publiait le rapport « Halte à la croissance », un rapport sur les
limites de la croissance rédigé à sa demande par une équipe de chercheurs du
Massachusetts Institute of Technology (MIT) dit rapport Meadows, du nom de deux
de ses auteurs. Ce rapport préconise une croissance zéro et annonce
l’épuisement des réserves mondiales de pétrole pour . . . 1992.
En 1987 le Rapport Brundtland, du nom de la présidente de la commission mondiale sur
l’environnement et le développement, la norvégienne, Madame Gro Harlem
Brundtland, précise le développement durable et ses directives ne mettent
aucunement en cause le type de développement et encore moins le type de
société. Il s’agit d’adapter le capitalisme par « un développement qui
répond au besoin du présent sans compromettre la capacité des générations
futures à répondre aux leurs ».
S’ensuivent des rendez-vous
périodiques. Le Sommet de la Terre de Rio de 1992 marque un tournant, l’URSS
est tombée [5], le capitalisme de casino fait son apparition, les grands périls
qui menacent le monde ne sont plus d’ordre sociaux, mais d’ordre naturels. Il
soumet un référentiel d’action : l’Agenda 21, pour dire 21e siècle [6],
qui donne des conseils aux nations à partir de préoccupations environnementales
qui peuvent être utiles mais qui ne tiennent absolument pas compte du social et
surtout qui ne mettent pas en cause la recherche du profit. A ce sommet ce ne
sont plus les politiques qui ont un mandat de leurs électeurs (plus ou moins
respecté) qui parlent haut et fort, mais les grandes ONG [7], c’est la
technique de « la société civile », où les responsabilités sont
diluées.
Arrive le protocole de Kyoto
en 1997, contre le gaz carbonique à effet de serre (CO2) qui mériterait une
dissertation à lui tout seul.
En France, le Grenelle de l’environnement de 2007 est l’un des derniers avatars des
environnementalistes. Sous l’impulsion de Nicolas Hulot, expert en produits financiers
et de la nature à la télévision, qui a réussi l’exploit de faire signer un
pacte aux politiques de tous bords, le nouveau gouvernement « surfe »
sur la mode du naturel associée à l’apocalyptique ; le développement
durable se renforce grâce à des subventions qui seront accordées sous certaines
conditions. Une formule perverse :
Qui sait ce que veut dire la formule de développement
durable ? Tout juste peut-on
imaginer un autre développement (lequel ?) qui serait plus respectueux de
la nature bienveillante qui nous a pourtant rappelé à plus de circonspection
avec l’irruption du volcan islandais Eyjafjöll qui vient de paralyser le trafic
aérien. En fait, le développement durable c’est l’auberge espagnole, tout le
monde y met ce qu’il veut. C’est pour cela que le développement durable est
hégémonique. Il est adopté par tous quand chacun y met ce que bon lui semble.
La géographe Sylvie Brunel décrit même une formule fourre-tout et un concept
glouton [8].
L’idéologie :
Le développement durable place
la nature au cœur de la problématique du futur, en évacuant la lutte des
classes. Selon un schéma binaire des gentils et des méchants, toutes les
réflexions qui s’y opposent tendent à être disqualifiées. Avec le développement
durable, l’écologie est devenue un facteur de légitimation de l’ordre existant.
Avec le développement durable,
il s’agit de sauver une planète idéalisée plutôt que l’humanité. C’est une
nouvelle religion avec ses prêtres : des industriels, des politiques et
des économistes à leur service, des communicants et quelques puissantes ONG
parmi les plus médiatisées.
La notion de développement
durable est souvent associée à d’autres notions, telle la démocratie
participative. Ce qu’elles ont en commun, c’est de faire appel à des
« experts ». S’agissant du développement durable c’est grâce à de
nouvelles techniques qui seraient moins polluantes que la planète pourrait être
sauvée. Avec la démocratie participative, ce sont ceux qui savent, qui viennent
proposer des actions à celles et ceux qui peuvent, le cas échéant, en discuter
la mise en pratique. Ce sont toujours des décisions qui viennent « d’en
haut », jamais d’en bas, c’est-à-dire qu’avec le développement durable et
la démocratie participative, la démocratie (directe) est bafouée. On nie au
gens le droit de décider par eux-mêmes pour eux-mêmes.
Ces deux notions se rejoignent
d’autant plus qu’elles sont prônées par l’OCDE qui précise : « La transparence des activités
des pouvoirs publics est nécessaire pour offrir des possibilités de
participation active des citoyens au débat sur le développement durable et
forger un consensus sur les réformes nécessaires » [9]. On
comprendra aisément qu’une organisation au service du libre échange et de la
concurrence, ne serait pas une source d’inspiration du développement durable,
si le développement en question était de nature révolutionnaire.
L’ancien PDG de Renault, Louis
Schweitzer l’avait bien compris lorsqu’il déclarait aux Echos en 2004 :
« Le développement durable n’est ni une utopie ni même une contestation,
mais la condition de survie de l’économie de marché » [10]. Le
développement durable serait donc un changement écologique dans la continuité
capitaliste.
Avec le développement durable,
le discours catastrophique est de rigueur. Il rejoint ainsi le discours sur les
retraites où la situation serait désastreuse. En 1971, le géographe Pierre
Georges écrivait déjà dans son livre sur l’environnement, « Pour
entraîner les masses, il faut les terrifier » [11]. A chaque fois, il
s’agit de « plumer » les salariés ainsi que les classes moyennes qui
devraient être toujours plus exploités. Peut-être l’avez-vous remarqué, il
s’agit toujours de faire pour le bien des générations futures qui n’ont pas
leur mot à dire puisque par définition, elles n’existent pas. C’est-à-dire que
les générations présentes devraient payer les échecs sociaux et
environnementaux du capitalisme pour les générations à venir. Il s’agit
d’opposer les générations présentes aux futures. Le piège est grossier.
Evidemment, on pense dans quelques sphères que l’on pourra faire avaler la même
baliverne aux générations futures et ainsi de suite. Et le capitalisme
survivra. Peut-être ? De toutes les façons il s’agit bien pour les
dominants d’abord de profiter, ensuite qui vivra, verra ! Au fond, si la
politique du développement durable aspire à la durabilité du capitalisme, elle
aspire d’abord aux profits présents et immédiats pour la satisfaction de
quelques-uns et au détriment de milliards d’autres [12].
Pour des progrès sociaux et la
satisfaction de la population, maintenant, dès aujourd’hui, il s’agit bien de
changer la donne tant sur les moyens de productions, lesquels, comment,
pourquoi faire, leurs propriétés, que de mettre fin à la course aux profits. Si
les générations présentes se portent bien, les générations futures ne s’en
porteront que mieux. « La vraie générosité envers l’avenir consiste à
tout donner au présent », écrivait Albert Camus [13].
Avec une sphère environnementaliste :
La sphère environnementaliste
du développement durable mythifie une nature naturelle, un jardin d’Eden
primitif. Le plus souvent cette sphère est d’origine urbaine. Elle a oublié
l’origine des ses arrières grands parents ruraux, qui ne rêvaient que de
rejoindre la ville pour fuir les dépendances envers les caprices du ciel, le
gel, le froid, la sécheresse, les tempêtes, pour se soustraire aux travaux
harassants, pour éviter la misère et les maladies, espérant ainsi échapper à la
certitude d’une vie des plus difficile. Aujourd’hui, lorsqu’elle en a les
moyens financiers, cette sphère s’évade de la ville pour rejoindre une nature
préparée à sa réception par des agences de voyages spécialistes de circuits
touristiques pour apprentis explorateurs ou participe à des « Raids
Nature », qui offrent des palliatifs d’aventures ou tout est balisé dans
une nature sécurisée, coupée du risque, qui rapportent aux
« gentils » organisateurs.
Cette sphère oublie que
l’environnement dans lequel elle vit, à la ville comme à la campagne, n’est que
le produit des activités humaines. L’environnement, c’est ce qui entoure
l’homme et que l’homme a modifié au cours des siècles par son travail. La
nature est une construction sociale.
Celui qui travaille la terre
sait qu’il faut laisser reposer cette dernière pour restaurer sa fertilité,
mais pas trop longtemps, car alors la « nature » reprend le dessus,
c’est-à-dire une nature « naturelle » où les plantes les plus fortes,
les animaux les plus forts l’emportent au détriment des autres. C’est la
sélection dite naturelle, chère à l’idéologie nazie à l’origine du mythe de la
régénération par le retour à la nature, reprise ensuite par Pinochet [14], avec
des ronces et des végétations qui empêchent la terre de respirer et de produire
ce qui est nécessaire à l’homme, à certaines espèces animales et empêchent
éventuellement les balades du citadin, le dimanche aux champs.
Un exemple édifiant c’est celui des forêts. Celles dites en bois taillis ou taillis futaies qui
sont peu travaillées par l’homme possèdent des arbres d’assez petite taille,
utiles seulement pour le bois de chauffage et la fabrication de piquets. A
l’inverse les forêts régulièrement travaillées par des sylviculteurs donnent
des arbres majestueux, qui offrent le meilleur bois aux ébénistes. En France,
une politique volontariste de protection et de reboisement, le plus souvent
sous la direction de l’Office National des Forêts (ONF), a permis une diversité
forestière de qualité.
A la Réunion, la forêt dite
« primaire » est surveillée par l’ONF et entretenue par cet office
pour éviter que la flore et la faune ne soient détruites.
Qu’elle soit de forêt ou de
pleins champs, la nature n’est bonne pour l’homme que si elle est travaillée
par ce dernier. Non travaillée, elle devient vite une jungle. Il faut
simplement que le travail de l’homme ne dépende pas des industries de
l’agrobusiness et des spéculateurs en tous genres (banques, assurances, fonds
de pension et autres actionnaires), qui n’ont cure ni de ce qui se fabrique, ni
de la façon dont on opère. Ils ne s’intéressent qu’aux retours sur investissement,
désormais avec un pourcentage à deux chiffres.
Enfin, pour une nature
travaillée, moins dépendante du chimique, des énormes engins et tracteurs qui
tassent la terre et favorisent le ruissellement, cela suppose une autre logique
économique avec un peu plus de personnels, et ainsi éviter la monoculture qui
favorise l’usage intensif des pesticides, de même que la perte de la diversité
animale et végétale. Hors, malgré (ou à cause de) la politique du développement
durable, le secteur agricole de la seule Union européenne a chuté, selon une
étude de l’Office des statistiques Eurostat, de 25 % entre 2000 et 2009,
soit une perte de 3, 7 millions d’emplois à temps plein [15]. Cette situation
profite à de grands domaines dont l’agriculture dite intensive protège
l’environnement comme le bitume protège la peau et les poumons de celui qui le
travaille [16]. Ceci permet à l’UE d’affirmer que le revenu par agriculteur
augmente.
Le politiquement correct, le poids du consensus et du
soi disant modernisme :
Le développement durable est
le triomphe du consensus. Tout le monde il est beau, tout le monde il est
gentil, nous vivons sur une même planète, il s’agit de la sauver et de faire
taire des divergences pour une œuvre oh combien plus importante que l’emploi,
la misère, les retraites, le pouvoir d’achat ou les populations déplacées au
nom du soi-disant bien commun [17].
Le développement durable, est le « nid »
hétéroclite de militants associatifs et de politiques partisans d’un monde
meilleur et de courants partisans du pouvoir
et du porte-monnaie. Parmi les premiers, on peut y trouver les meilleures
intentions, mais orphelins de solutions politiques consistantes, ils trouvent
de la sorte un moyen de satisfaire leur « bonne conscience » en se
donnant l’illusion de « faire quelque chose de positif ». Toutefois,
ce refuge, dans sa contradiction, n’a pas que des aspects négatifs, il permet
de faire avancer des considérations qui complètent une vision progressiste de
la société.
Le développement durable ne se
donne pas la peine d’analyser les tendances nécessairement expansionnistes du
capitalisme, comme l’installation d’un système qui crée des besoins inutiles,
au détriment des services utiles, si les premiers rapportent plus. Avec le
développement durable, il faut dépenser . . . du développement durable.
Prenons un exemple simple pour
illustrer ce propos, lorsque vous allez au supermarché, les caissières ne vous
donnent plus de poches en plastique au nom du développement durable. Cependant,
comme vous êtes bien obligé d’avoir un contenant on vous en propose un avec un
logo vert que vous payez. Non seulement, avec le développement durable, le
supermarché est dispensé avec bonne conscience de vous donner un sac, mais en
plus il gagne de l’argent en vous vendant un autre sac écologiquement certifié,
qui fait sa promotion gratuitement puisque son nom est marqué dessus.
II existe une expression pour
caractériser l’écologie utilisée comme simple argument commercial, il s’agit du
« greenwashing » où
blanchiment vert [18].
De la publicité qui vous
invite à remplacer votre voiture, votre mode de chauffage forcément vieux et
polluant, des ampoules dites à basse consommation très controversées pour
diverses raisons et qui contiennent assez de mercure pour devenir dangereuses
en cas de brisure, des vélos en alliages coûteux en énergie et générateurs de
déchets difficiles à recycler, de l’étiquette énergétique obligatoire sur les
ampoules, les réfrigérateurs, les congélateurs, les lave-linge, les
lave-vaisselle et les sèche-linge qui permet de vendre ces appareils de classe
A++, la plus économe, hors de prix, quand bien même l’économie d’énergie n’est
pas toujours au rendez-vous [19], à la véritable autorisation aux Etats de
polluer que constitue la bourse à carbone [20], aux éoliennes qui fonctionnent
de manière aléatoire, qui consomment beaucoup de béton pour leurs socles et qui
sont des pièges à oiseaux [21]. Des ambiguïtés du développement durable, la
liste est trop longue à énumérer.
Beaucoup s’inquiètent en
France de l’échec du Grenelle de l’environnement. Il n’y a pas d’échec
concernant le développement durable car au crédit du gouvernement on peut
mettre d’importantes largesses financières. Les subventions pleuvent facilement
concernant les agro carburants [22], l’isolation des bâtiments ou les véhicules
électriques. Les Communes de gauche comme de droite, les régions font toutes du
développement durable et s’en félicitent mais si on y regarde de plus près on
voit que ces aides sont plus profitables d’abord à certains secteurs industriels
qu’à la planète. Si en plus, on considère que le gouvernement n’a pas en caisse
un seul euro de ces subventions, il faut bien qu’il emprunte aux marchés
financiers [23]. A l’arrivée le remboursement des emprunts sera bien plus
coûteux pour les contribuables que ne l’affirment les communicants. Résultat,
c’est la dette qui va être durable. Bien commode pour expliquer qu’il nous faut
faire de nouveaux trous à la ceinture pour la serrer de plusieurs crans [24].
L’aspect « moderne »
du développement durable ne compte pas aussi pour rien dans sa notoriété. En
effet, les élus des communes, des départements, des régions, consensus aidant,
s’ils n’ont plus peur d’être pris de gauche ou de droite (surenchère) comme on
disait autrefois, ont une peur bleue d’être considérés comme ringards, de ne
pas être « modernes », alors c’est à ceux qui en feront le plus pour l’écocitoyenneté, le développement durable,
et la participation. L’écart grandit sans cesse entre les plus riches et
les plus pauvres [25]. Les élus de proximité savent pertinemment que la lutte
des classes est à son apogée au détriment des plus pauvres qu’ils reçoivent
quelquefois dans leurs permanences, mais ils restent peu expressifs sur la
question lorsqu’il s’agit des discours et des actes, se contentant trop souvent
de déshabiller Paul pour habiller Pierre ou l’inverse.
On le voit bien avec ces
politiques qui critiquent le Grenelle parce qu’il n’aboutirait pas à faire
payer par tout un chacun les taxes carbones tant réclamées par les
« experts » [26]. Ceux là ne s’inquiètent guère du pouvoir d’achat de
leurs administrés. Mais il est vrai que selon le développement durable, moins
on achète, moins on pollue. Et puisque on peut faire de l’argent avec de
l’argent, pourquoi se préoccuper des richesses réelles ?
Les leçons de l’histoire récente :
Force est de reconnaître que
le développement du capitalisme a coïncidé avec le développement des
techniques. D’abord la lutte des idées (en gros à la fin de règne de Louis XIV
pour la France et la philosophie dite des lumières), les révolutions et les
luttes sociales ont permis que les connaissances remplacent les illuminations
divines. Le capitalisme naissant s’est emparé de ces connaissances pour
enrichir une bourgeoisie « éclairée ».
Au 20e siècle les techniques
ont progressé plus vite qu’au cours des millénaires précédents. La concurrence
avec son corollaire, la recherche du profit, a colonisé la planète. Des régions
entières ont été dévastées pour la recherche pétrolifère, de l’or, de
l’uranium, des diamants, du cuivre, de la bauxite, etc. Des guerres ont
contaminé des régions pour des centaines d’années. Au Vietnam, la dioxine de
l’agent Orange (herbicide défoliant) créé par la multinationale Monsanto tue
toujours [27]. Des forêts, pourtant garantes d’un bon équilibre de la planète
sont arrachées au profit de cultures à fort rendement financier. De plus, ces
forêts sont souvent victimes des autoroutes qui les traversent et des camions
toujours en augmentation à l’origine des pluies acides.
Les aliments ainsi que le circuit
alimentaire polluent aussi la planète, donc les espèces qui vivent dessus, donc
les hommes. En France, qui ne connaît pas un propriétaire de vergers qui vend
aux intermédiaires des marchés mais qui fait pousser à distance respectable de
ses autres plantations un pommier, un poirier, un pécher, un abricotier pour
son usage personnel ? C’est dire que ces professionnels ne se font guère
d’illusion sur la qualité des produits qu’ils vendent, car ils savent bien le
nombre de bidons de produits chimiques divers qu’ils déversent sur leur
production et que l’innocuité de ces produits n’est pas, selon eux, garantie. A
l’inverse d’autres producteurs, moins nombreux, faisant pousser en essayant de
prendre en compte les intérêts environnementaux et la santé des acheteurs de
leurs produits, se trouvent souvent devant des difficultés financières
inextricables lorsque ce n’est pas tout simplement traînés devant la justice
par l’agrobusiness pour n’avoir pas utilisé les produits des firmes
capitalistes [28].
Hors les grandes exploitations, seules quelques
filières « bio » arrivent
encore à s’en sortir en évitant les intermédiaires par le biais des
Associations pour le maintien d’une agriculture paysanne (AMAP) aux prix d’une
durée de travail hebdomadaire fort longue et en créant des Coopératives
d’Utilisation du Matériel Agricole (CUMA). Jusqu’à quand ?
Pour ne prendre que l’exemple
français, l’agriculture exporte mais est incapable de nourrir les habitants du
pays. La production française pollue en s’exportant et la nourriture des
français pollue en l’important. L’amélioration des techniques (réfrigération,
avions) permet que les produits de consommation courante qui pourraient pousser
en France proviennent pour la plupart d’Afrique, d’Amérique du sud ou d’Asie
[29], alors que les habitants des ces continents sont des millions à être sous
alimentés [30]. La technique utilisée par le capitalisme permet le profit qui
rend malade et tue. Le capital n’a ni patrie ni principe ni dogme ; seul
compte sa rentabilité financière.
Une chance inouïe s’est
présentée pour l’humanité, c’est celle d’un camp socialiste qui pouvait
utiliser les techniques à d’autres fins que le profit. L’aspect autoritaire de
ce socialisme couplé à une approche concurrentielle avec le capitalisme sur les
bases de ce dernier (on fait les mêmes choses, mais en plus fort), n’ont pas
permis de déceler une différence dans l’aspect environnemental de ces deux
systèmes. C’est bien dommage !
L’ordre du jour, la sortie du capitalisme :
Plus généralement, à travers
cette réflexion sur le développement durable, la question posée n’est pas
originale (tout le monde se la pose), elle se multiplie par trois : d’où
venons nous, où sommes nous, où allons nous ?
N’ayant pour seule assurance
que celle de dire que le capitalisme n’est pas l’avenir de l’homme, mais que
non combattu, il pourrait être à l’origine de la fin de l’humanité, puisque
pour la première fois dans l’histoire de celle-ci, les techniques permettent de
détruire autant que de construire. C’est dire l’importance de leur utilisation.
La question de la sortie du capitalisme est donc posée. Le consensus n’est pas
à l’ordre du jour.
Nous l’avons vu le concept de
développement durable est pour le moins controversé. De nature impérialiste, il
impose et, puisque c’est la planète qu’il faut sauver, il milite pour la
mondialisation et pour une gouvernance mondiale [31], comme si les peuples ne
comptaient pas et que seule la nature au service des plus riches compterait
avec des parcs dits naturels, c’est-à-dire une nature sous cloche.
Cette démarche marque la
continuité du tout individuel, c’est à chacun de prendre les dispositions
adéquates, qui ont été définies dans un « sommet » d’experts
autoproclamés, pour défendre les générations futures. C’est l’individualisme
opposé à la démarche collective et aux peuples qui ne savent pas. C’est la
société civile remplaçant la politique et la démocratie. C’est l’opposition
entre le présent et l’après.
Le développement durable est
au service des structures capitalistes et complémentaires à celles-ci. Dans
l’Union européenne, comme pour le développement durable, il s’agit à partir
d’intérêts financiers « supérieurs » de faire payer la crise du
système aux plus pauvres. Le FMI et la BCE [32] deviennent des autorités au
dessus des peuples. La logique est à chaque fois la même ainsi que
l’argumentation et c’est toujours pour faire des profits.
On peut considérer que le
capitalisme est à la fin d’un cycle, qu’il est au bout du rouleau, qu’il a
atteint une limite, qu’il ne survit que par des subterfuges où l’économie
réelle devient un appendice des bulles spéculatives, qu’il a fait la
démonstration du danger qu’il représentait pour les hommes et … pour la nature.
Ce n’est pas son bilan qui nous contredira avec ses famines, ses guerres
mondiales, ses guerres coloniales, ses guerres liées aux richesses à conquérir
et ses crises politiques et financières, la somme des pertes, pour
l’environnement, pour les sociétés qu’il a engendrées. Si le seul bien, c’est
celui qui permet d’obtenir pour les personnes et les peuples une vie
rationnelle et intelligente, alors le capitalisme est hors jeu. Comme le
capitalisme a succédé au féodalisme, le temps est venu d’une autre société qui
va succéder au capitalisme.
La possibilité de la fin du
capitalisme est réelle, mais pas son inéluctabilité à court terme si la thèse
du développement durable parvenait à l’emporter, puisque ce concept n’existe
que pour porter le capitalisme plus loin dans le temps, tout en maintenant un
taux important d’augmentation du capital financier.
Bien entendu, le capitalisme ne met pas tous ses œufs
dans le panier du développement durable et il a l’art de créer assez de brume
pour embrouiller, pour détourner l’attention pour arriver à ses fins. En définitive, de diviser pour régner.
Dans les sociétés
occidentales, on peut exclure une sortie du capitalisme par le haut. Un
politique français, un peu oublié aujourd’hui, Léon Bourgeois, prix Nobel de la
paix en 1920, partisan du solidarisme, avait coutume de dire : « Les
partis sont toujours en retard sur les idées. ». La situation n’a pas
changé. Pour ceux d’aujourd’hui, à quelques exceptions près, il leur est
apparemment toujours très difficile de se projeter dans une société de l’après
capitalisme. En France, ne voit-on pas avec la crise actuelle, des partis
« de gauche » [33] se pencher avec compassion sur le chevet d’une
Union européenne au service de la finance, malade et menacée d’éclatement,
alors que par ailleurs la majorité de la population juge cette Union
négativement. Le refus de vote (appelé à tort abstention) à la dernière
élection des députés siégeant à Strasbourg venant confirmer certains sondages,
après la victoire du Non au référendum du 29 mai 2005.
Sans tirer de plans sur la
comète, tout juste peut-on penser que de nombreux soubresauts se succéderont
avec des rapports transversaux des militants, d’associations et des populations
qui feront converger les luttes et que les partis, qui ne semblent pas
pertinents sur la question du changement, prendront (peut-être ?) le wagon
en cours de route. La première étape étant vraisemblablement de se débarrasser
de l’Union européenne et de sa monnaie tant chéries par les
« institutionnels », pour garantir aux populations d’avoir leurs mots
à dire concernant leur avenir et de mettre en place d’autres relations
internationales basée sur les intérêts communs à tous.
Concernant la monnaie, une parenthèse s’impose. En ayant abandonné le droit « régalien de battre
monnaie », lorsque les impôts ne suffisent pas à assurer les dépenses
d’intérêt général et celles abusives des cadeaux aux plus fortunés, les
politiques de l’Union européenne, qui ont choisi l’euro qui se
« dollarise » de plus en plus sous l’effet de la crise financière,
ont condamnés les Etats qu’ils dirigeaient à recourir au crédit privé. Par le
biais de la dette publique, qui vient principalement d’une défiscalisations
massive des revenus du capital [34], les Etats font ainsi servir par les
contribuables une nouvelle rente aux plus riches. Il faut, en effet, emprunter
chaque année pour payer les intérêts de la dette publique. Et ces emprunts
entraînent une augmentation de la dette publique et donc le versement de
nouveaux intérêts. C’est un système sans fin qui, en France, a rapporté ainsi,
42,9 milliards d’euros aux plus riches en 2009 sans créer un emploi. Ce poste
est devenu le deuxième poste budgétaire de l’Etat, juste après l’éducation
nationale. Le montant cumulé des intérêts dus aux rentiers représente
aujourd’hui un tiers du montant de la dette publique française. Ainsi, la dette
publique, c’est l’histoire du panier percé du capitalisme que les contribuables
seraient invités à remplir. La thèse de l’augmentation de la dette, du fait de
l’augmentation des dépenses publiques, est donc une thèse absurde qui n’a rien
à voir avec la réalité économique, elle sert seulement à justifier la
diminution des services publics et à privatiser la partie la plus
« juteuse » de ceux-ci.
Ailleurs, de nouveaux rapports
se dessinent déjà où la concurrence est peu à peu remplacée par la coopération
et la solidarité entre les peuples avec la réappropriation des principales
richesses à la collectivité [35]. Un début de socialisme. Ces rapports sont
encore balbutiants, combattus avec hargne par les Etats-Unis et leurs alliés.
Ils montrent une autre voie possible.
Un élément qu’il faut prendre
en compte, la peur de l’absorption par le tout social peut radicaliser
l’individualisme si important aujourd’hui et constituer un frein à un
changement vers une société que nous pourrions dénommer socialiste. Il s’agit
donc de ne pas laisser croire qu’une grande machinerie à penser et à faire
devrait en remplacer une autre. Il s’agira bien de redéfinir les conditions et
le rapport au travail en permettant dans et hors travail des activités
autonomes dans lesquelles on pourra s’identifier. Dans le travail collectif,
devra s’imposer une gestion collective et autonome et ailleurs devra se
développer le « travail libéré » et non subordonné comme le font les
retraités. Les retraités font souvent un travail émancipé, attaché à la personne
et non à l’emploi, qui se met en œuvre dans la liberté, créant ainsi des
richesses. Leur pension doit être un salaire à vie, inaliénable, sans
contreparties. L’enjeu de la bataille des retraites est aussi celui du travail
libéré de l’exploitation et des nuisances (36).
Pour recentrer mon propos
autour du développement durable, sans doute dans une prochaine société
faudra-t-il distinguer les dépenses négatives des dépenses positives. J’entends
par dépenses négatives, celles qui comptent pour la croissance et qui ne
servent à rien comme par exemple les réparations suite à la tempête Xynthia qui
compteront dans le calcul du PIB, alors que des précautions (comme contrer les
promoteurs immobiliers vantant les pieds dans l’eau) et des travaux en amont auraient
permis que ces réparations n’aient pas lieu [37]. J’entends également par
dépenses négatives, cette demande superficielle et inutile qui s’appuie sur la
recherche émotionnelle, pour des valeurs symboliques plus que d’usages, créée
actuellement par la publicité [38], machine à façonner la subjectivité des
personnes dont les enfants et les adolescents sont les premières victimes, qui
manipule les consciences, les désirs, les goûts et fait acheter, consommer,
convoiter et qui détruit l’environnement dont il faut ensuite gérer les
déchets.
Concernant les déchets justement, n’est-il pas temps de créer un service public qui
aurait pour mission soit de les recycler, soit de les éliminer et non de s’en
débarrasser vers les pays les plus pauvres où la main d’œuvre est moins chère,
comme cela se fait le plus souvent pour les déchets lourds ?
Il faudra reconsidérer la
question des recherches en agronomie indépendamment des lobbys pro ou anti
OGM. Il faut se rappeler que les plantes que nous utilisons régulièrement
sont le résultat de recherches, de sélections (de coupage comme ont dit
parfois), de préférence hybride de 1ère génération [39] et que si la fraise
sauvage est succulente, il en faut beaucoup pour remplir le panier. Même si, en
cuisine, certaines variétés sauvages sont excellentes dans l’accompagnement
pour leur vertu gustative, l’artichaut sauvage (Joubarbe des toits), les
tomates sauvages (non comestibles dans les îles Galápagos) ou l’ail sauvage
(ail des ours) n’ont absolument rien à voir avec les artichauts, les tomates ou
l’ail produit par l’agriculture dite biologique.
L’amélioration des espèces par
les paysans associée aux recherches agro-alimentaires peuvent aider la
coopération d’en finir avec la faim dans le monde, tout juste faut-il que les
laboratoires de recherches soient indépendants du financier, que ce soient des
laboratoires de recherches publiques avec des finalités contrôlées
démocratiquement et fonctionnant sur un mode autogestionnaire et non des
laboratoires sous la coupe des marchés où des chercheurs doivent se transformer
en apprentis sorciers et ne travailler que pour vendre, avec tous les risques
que cela comporte. Pour une bonne recherche, il faut du temps avec beaucoup de
précautions, travailler sur du long terme. Les marchés, eux, calculent sur le
très court terme, c’est contradictoire.
On ne peut parler de
développement durable sans aborder la question de l’eau. On sait que des pays
se disputent l’eau de certains fleuves, que des multinationales (pour la
plupart françaises) se disputent le marché de l’eau. L’eau potable représente
environ 1 % de l’eau disponible sur terre. On sait aussi aujourd’hui
dépolluer les eaux usées, voire déssaliniser l’eau de mer. Le problème est que
ces techniques coûtent cher. La question se pose alors : l’eau est-elle
une marchandise comme une autre ? Où
existe-il un droit inaliénable à l’eau, bien public ? Le devoir de
coopération ne s’impose-t-il pas ? Le même genre de questions peut être
posé pour de nombreuses autres ressources.
La question environnementale est intimement liée à la
question sociale et ramène toujours aux
mêmes questions sociales, quelle croissance, comment et pour qui ? Plutôt
des écoles et des hôpitaux que des yachts ? Plutôt au bénéfice de tout le
monde qu’à celui d’une minorité avec des jardins en Afrique, d’où la population
autochtone est chassée ? Plutôt des théâtres consacrés à la culture que
des avions de combat consacrés à la guerre ? Plutôt des salaires
conséquents que des PDG payés 200 à 300 millions d’euros à l’année ?
Plutôt une alimentation pour tout le monde et de qualité qu’une alimentation
élitiste pour quelques-uns ? Plutôt consommer local, régional ou national
que d’importation ? Plutôt des richesses partagées que des rapports
marchands ? La liste des questions est longue. En définitive, la question
environnementale n’est pas celle ou l’on pourrait se permettre d’aimer un peu,
beaucoup, passionnément le capitalisme, mais une question politique comme les
autres et du choix de société que nous voulons.
Serge Portejoie
Notes et références :
Notes et références :
[1] Manifeste du parti
communiste, dans la partie II du manifeste, p. 55, éditions sociales, 1973.
[3] Voir notamment le livre
d’Hervé Kempf « Comment les riches détruisent la planète », Editions
du Seuil, 2007 et celui de Naomi Klein « La stratégie du choc, la montée
d’un capitalisme du désastre », particulièrement sa partie 7, intitulée
« La zone verte mobile », Editions Actes Sud, mai 2008.
[4] Bertrand de
Jouvenel : « La civilisation de puissance », Fayard, 1976 et
« Essais sur le mieux vivre », Gallimard, 2002.
[5] L’Union soviétique abolit,
le capitalisme se lâche, il est enfin libre de régresser jusqu’à sa forme la
plus extrême partout dans le monde. Si la lutte des classes est au zénith,
selon les thuriféraires du profit, le temps du compromis sous la contrainte des
luttes ouvrières est dépassé, le capitalisme n’a plus besoin de « New
Deals », il lui faut des nouveaux périls pour remplacer le rouge. Ainsi à
la guerre contre le terrorisme s’ajoute la guerre pour le développement
durable.
[6] Sous l’égide des nations
unis, un site est dédié à l’agenda 21 : http://un.org/esa/sustdev/documents...
[7] Les grandes ONG vivent
largement des fonds publics. Parmi les plus connues et les plus puissantes, ont
peut citer le Fonds mondial pour la nature, mieux connu sous son acronyme
anglais WWF (World Wide Fund for Nature) et son célèbre Panda qui fut créé en
1961 par un grand laboratoire pharmaceutique d’origine suisse, Hoffmann-La
Roche, qui produit entre autres le Valium sous la marque Roche. A noter que
l’on passe facilement du poste de responsable d’une grande ONG à celui de
patron d’une multinationale et inversement.
[8] Sylvie Brunel, « le
développement durable », pages 52 et 77, Editions PUF, collection Que
sais-je ? 2009.
[9] OCDE Editions,
« Développement durable, quelle politique ? », 2001.
[10] Rapporté par
l’universitaire suisse Romain Felli dans l’avant propos de son livre :
« Les deux âmes de l’écologie », Editions l’Harmattan, 2008.
[11] Pierre Georges,
« L’environnement », introduction, page 7, PUF, collection Que
sais-je ? 1971.
[12] Selon plusieurs études
(notamment celle des économistes Etats-uniens Carola Frydman et Raven Saks ou
celle du français Emmanuel Saez à l’université de Berkeley aux Etats-unis) le
rapport entre ce que gagnaient les plus hauts dirigeants des 100 plus
importantes sociétés américaines et le revenu moyen des travailleurs aux USA
étaient stable mais quand bien même 40 fois supérieur en faveur des plus riches
entre les années 1950 à 1980, pour s’envoler ensuite jusqu’à plus de 300 fois
supérieur au début des années 2000. Ils notent également qu’avec un peu de
retard dans tous les pays la même courbe est constatée quelque soient les modes
de calcul.
[13] Albert Camus,
« L’Homme révolté », Page 380, Gallimard, collection folio/essais,
1991.
[14] Pinochet prenait souvent
l’exemple de la nature pour expliquer sa politique inspirée de Friedrich Hayek
et Milton Friedman, « La nature nous montre la nécessité de l’ordre et
de la hiérarchie », écrivait-il dans une lettre, citée par Naomi Klein
dans son livre « La stratégie du choc, la montée d’un capitalisme du
désastre », ouvrage déjà cité, page 102.
[15] Source Eurostat,
communiqué de presse du 7 mai 2010. http://epp.eurostat.ec.europa.eu/ca....
[16] Le cancer du bitume
englobe le cancer de la peau, le cancer des poumons et celui de la vessie. En
date du 10 mai 2010, le concepteur de routes Eurovia a été reconnu coupable par
le tribunal de Bourg en Bresse d’une faute dont l’un de ses ouvriers aurait été
victime. Le cancer du bitume tend à rejoindre celui de l’amiante.
[17] L’énergie hydro
hydroélectrique et la prolifération des barrages chassent des populations
indigènes de leur territoire en rendant leur terre inculte comme en Ethiopie
par exemple pour les peuples de la vallée de l’Omo
[18] Pour dénoncer le
« greenwashing » où blanchiment vert, un nouveau site s’est
créé : http://observatoiredelapublicite.fr/
[19] Selon Que Choisir.
[20] Une bourse du carbone est
un marché de négociation et d’échange de droits d’émission de gaz à effet de
serre.
[21] Une plateforme écologique
européenne s’est créée pour lutter contre les éoliennes. Voici son site en
français : http://epaw.org/index.php?lang=fr
[22] Les agros carburants sont
décriés par des ONG, moins médiatisées celles-là et très critiques sur le mode
de production capitaliste. Le dossier « Les agro carburants : le
miracle éphémère » paru dans le n° 22 d’Echo et nature de novembre et
décembre 2008, sur ce sujet, est assez édifiant. Par ailleurs, selon un centre
de recherche américain (Oakland Institute), en Afrique et notamment en
Ethiopie, au Ghana, au Congo (RDC), à Madagascar, au Mali, au Soudan, en Guinée
Bissau, au Bénin, en Sierra Leone et au Liberia, la Société financière
internationale (SFI), une filiale de la Banque mondiale, achète des millions
d’hectares de terre pour produire des biocarburants au détriments des
populations locales qui ne peuvent plus s’auto alimenter sans bénéficier des
retombées financières accaparées par leurs gouvernements. Les animaux perdent
également leurs nourritures ainsi que leurs abris naturels.
[23] Les marchés financiers ne
sont pas une construction immatérielle, derrière l’expression se cachent des
personnes le plus souvent interconnectées au travers de services bancaires
internationaux qui vendent et achètent en spéculant. L’informatique a boosté
cette spéculation qui ne tient pas compte ou très peu de l’économie réelle.
L’une des plus connues de ces personnes est Georges Soros qui s’est permis
d’écrire un livre « La vérité sur la crise financière », alors qu’il
est l’un des spéculateurs parmi les plus virulents et les plus riches sur la
planète. Voir, sur l’utilisation de l’expression « marchés
financiers » un article du site de l’observatoire des médias et d’Acrimed
(acronyme d’« Action critique Médias ») : http://acrimed.org/article3382.html.
[24] La déconnexion entre
l’économie financière et la production réelle permet à quelques-uns d’accumuler
des milliards de dollars alors que les biens et services fournis sont des
centaines de milliers de fois inférieurs ce qui autorise à dire que les dettes
publiques dont on nous rebat tant les oreilles ne sont fabriquées que sur du
vent, puisque c’est des sommes représentantes des richesses virtuelles qu’ont
emprunté les Etats.
[25] Voir les études de Carola
Frydman, Raven Saks et Emmanuel Saez (déjà cités) ainsi que l’observatoire des
inégalités : http://www.inegalites.fr/
[26] Pour la temporisation en
France concernant la taxe carbone, on peut s’imaginer que le poids des
transporteurs routiers a plus pesé dans la balance que celui des automobilistes
se rendant à leur travail.
[27] André Bouny, « Agent
Orange - Apocalypse Viêt Nam », Editions Demi lune, 2010
[28] Au nom de la concurrence
libre et non faussée (un marché d’ailleurs faussement concurrentiel, puisqu’il est
en faveur des seules puissances économiques dominantes), les industriels de la
semence font un procès à l’association Kokopelli pour concurrence illégale,
voir : http://kokopelli.asso.fr/proces-kok....
L’éditeur et auteur Bernard Bertrand de son coté se voit interdit de vanter les
mérites du purin d’ortie sous peine de 75 000 euros d’amende.
[29] Sauf pour les fraises
d’hiver qui sont « fabriquées » en Espagne (Andalousie).
[30] L’Inde exporte des
céréales partout dans le monde. L’exportation de son blé a augmenté de façon
assez linéaire passant ainsi de 11 millions de tonnes en 1961 à 72 millions de
tonnes en 2005, pour autant plus de 200 millions de personnes y souffrent de malnutrition.
Comme quoi avec le capitalisme on peut avoir un estomac vide à coté de greniers
pleins à ras bord.
[31] La géographe, Sylvie
Brunel (auteure déjà citée) en fait la démonstration dans « A qui profite
le développement durable ? », Larousse, collection : « A
vrai dire », 2008. Dans ce livre la géographe fait une description assez
savoureuse de Al Gore, Gorbatchev, Schwarzenegger, Hulot et quelques autres,
nouveaux gourous verts, qui ne sont pas à une contradiction près.
[32] Par exemple, les grands argentiers
de la planète, dont le patron du FMI, Dominique Strauss-Kahn, celui de la BCE
Jean-Claude Trichet ou encore le financier et spéculateur Georges Soros, ainsi
que le vice-président de la Réserve fédérale américaine (Fed) Donald Kohn, le
président du Conseil de stabilité financière (FSB) Mario Draghi, le patron de
la Bundesbank Axel Weber et celui de la Banque Nationale Suisse (BNS) Philipp
Hildebrand et quelques autres se sont retrouvés dans une réunion informelle, le
11 mai 2010 à Zurich, pour discuter de l’avenir de la planète. Quand les forces
de l’argent s’arrogent le droit de décider pour tous (pile poil avec les
théories des Chicago Boys), c’est une dictature qui ne dit pas son nom en
concordance avec le développement durable qui plaide pour une gouvernance
mondiale.
[33] Dans le domaine des idées
et de la politique, comme dans certains secteurs commerciaux, l’étiquetage est
source d’erreur car derrière les étiquettes se cachent trop souvent des
produits de contrefaçon.
[34] Les communicants de l’économie
ont trouvé un nouveau barbarisme : les dettes publiques sont devenues des
« dettes souveraines ». C’est ridicule, parce que la dette publique
n’est pas la dette du souverain, puisqu’en démocratie, le souverain, c’est le
peuple, et que l’Etat n’est pas le peuple.
[35] L’Alba (Alliance
Bolivarienne pour les Amérique).
[36] Sur le sujet des
retraites et le travail libéré et attaché à la personne, voir le livre de
Bernard Friot, « L’enjeu des retraites », éditions La Dispute, 2010.
[37] Milton Friedman,
l’économiste de référence du capitalisme et de beaucoup de chefs d’Etats,
chantre de l’insécurité, a préconisé une privatisation radicale des
catastrophes pour faire de l’argent, non de les prévoir et lutter contre
celles-ci, mais de les attendre, voire de les favoriser. Les catastrophes
naturelles ou non étant dans son esprit un autre moyen, en supplément des
guerres, pour stimuler un secteur économique. L’exemple récent de la gestion du
tsunami au Sri Lanka et de l’ouragan Katrina en Nouvelle-Orléans, du séisme de
2010 à Haïti, vient confirmer cette thèse. Voir son livre culte, voué à la
« sainte » trinité capitaliste : privatisation, déréglementation
et réduction des dépenses sociales, réédité en France, « Capitalisme et
liberté », Leduc.s Editions, 2010.
[38] Voir à propos de la
publicité, le livre de Naomi Klein (auteure déjà citée), « No logo, la
tyrannie des marques », Editions Actes Sud, 2001.
[39] Si les semences issues de
croisement de 1ère génération (dites hybrides F1) renforcent et améliorent
souvent les variétés, les semences hybrides de seconde génération (dites
hybrides F2) sont des semences qui produisent des grains qui ne sont pas
réutilisables car cette semence de seconde génération a perdu ses
caractéristiques. Les semences doivent donc être rachetées tous les ans aux
firmes semencières.
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