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mercredi 22 décembre 2010

Rencontres Régionales de L' Ecologie de Die 2011


9 èmes Rencontres de l'Ecologie au Quotidien

Du 21 janvier au 06 février 2011

Dans la Vallée de la Drôme

A Die dans la Salle Polyvalente du 25 01 au 02 02 2011

« Grandir en Humanité »

« Nous ne pouvons espérer résoudre un problème complexe au niveau de conscience où il a été créé ». Albert Einstein

En ce début de siècle et de millénaire, il n’est pas excessif de dire que l’humanité a rendez-vous avec elle-même (…). Nous pouvons « grandir en humanité », utiliser les formidables progrès que nous avons réalisés en matière d’intelligence collective au cours des derniers siècles afin de les mettre au service d’un réel développement dans l’ordre de l’être plutôt que d’une course haletante et toujours insatisfaite dans l’ordre de l’avoir.

Cette question structurelle et mondiale est donc aussi une question personnelle. L’aventure de l’humanité se joue à la fois dans la singularité de chacune de nos vies et dans sa capacité collective à se construire désormais en sujet positif de sa propre histoire (…). Il ne s’agit plus seulement de rêver d’un autre monde possible. Il faut reconnaître et faire vivre d’autres manières d’être au monde déjà présentes mais que nous ne voyons pas. Un projet qui nous fait vivre intensément l’aventure d’êtres conscients dans l’univers, les autres étant alors des compagnons d’un voyage aussi fascinant que mystérieux.

Patrick Viveret

Vendredi 21 janvier 2011 Territoire en Transition

Crest- 26 - Salle des Acacias- Chemin des Acacias

18h30 Film The Oil Crash de Basil Gelpke : “Cruel sera le réveil”

Un regard sur l’avenir peut-être court du pétrole.

Diaporama/ Débat Diois-Vallée de la Drôme-Après Pétrole.

Crise Energétique et Climat : relever le défi par des initiatives locales

Construire une communauté solide, prête pour l’après pétrole… prête à éviter les scénarios catastrophiques des étagères vides et de l’économie en panne.

Pierre Bertrand et François Bartsch- Trièves Après-Pétrole

Buffet Partagé

Samedi 22 janvier Préparer Demain

Crest- 26 - Café Citoyen l’Arrêt Public – rue de la République

11h Inauguration des Rencontres de l’Ecologie avec des jeux de mots et musique Soupe et verre de vin.

14h-16h30 Atelier Pratique

Moment d’Ecriture : « Grandir en Poésie »

Françoise Verilhac, artiste

La Roche sur Grâne -26 -Les Amanins

14h Conférence-débat « Eduquer pour Elever les Consciences »

Réfléchissons ensemble à ce qui est important à transmettre en éducation dans

l’urgence écologique actuelle…

Isabelle Peloux, Pierre Rabhi, Albert Jacquart, Philippe Meirieu

Die - Atelier des Couleurs – Quartier Cocause

15h-16h15: Atelier de peinture Libre

Se laisser guider par les couleurs, en résonance avec le film Dessine-toi

Emmanuelle Mounier (enfants et adultes-inscriptions : 04 75 21 76 36)

Cinéma Le Pestel - Die

17h : Film Dessine -Toi de Gilles Porte

En avant-première suivi d’un échange avec le réalisateur

Quand des enfants se dessinent…c'est l'histoire de chacun de nous, de ce que nous avons été, et de la difficulté de le rester... pour enfants et adultes

Dimanche 23 Janvier 2011 Plantes Amies

Montvendre-26 Art’Aime – Les Dourcines

Atelier Pratique

14h Chanter pour grandir en Humanité :

Que dit notre voix de nos aspirations profondes et comment chantent notre terre et notre ciel intérieurs ? Atelier ludique axé sur l'exploration et l'improvisation.

Marie-Claude Ozanne, relaxologue, musicienne

Cobonne-26 La Ferme de Baume Rousse

14h à 16h Visite d’un domaine en biodynamie

Inscriptions au 04.75.25.08.68

Lundi 24 Janvier Energie Verte

Die

Au restaurant Tchaï Walla - 8 rue Joseph Reynaud

19h Ensemble pour une Energie Citoyenne

Pourquoi choisir une électricité éthique basée sur l'utilisation de sources d'énergie renouvelables.

Enercoop et Georges Roussel

20h Repas bio aux épices (sur réservation : 04 75 21 00 94)

Mardi 25 Janvier Semence Sacrée

Début des Rencontres de l’Ecologie au Quotidien à la Salle Polyvalente de Die - Bd du Ballon (sauf indication contraire)

Repas et boissons Bio sur place midi et soir- Salle Polyvalente

Hall d’accueil : Salon de Gratuité pendant les Rencontres :

Amener les objets que vous voulez donner ou/et repartez avec ceux dont vous avez besoin. Nous consulter pour les permanences.

14h Jeux Coopératifs

Un voyage au pays des jeux coopératifs pour le plaisir de gagner ou perdre

ensemble.

Maryline Wolf-Roy - Coop'Aire de Jeux

17h La Domopsychologie : La thérapie par votre maison

Depuis l'aube des temps les hommes connaissent la relation entre eux et l'univers.

Approche de notre environnement dans une vision positive et holistique.

Luc Dambrin – Domopsychologue

17h Film Débat « Tr’ame » de Doris Buttignol

La Couverture Vivante, une création collective d’autoportraits sur tissus confectionnés par des femmes du monde entier véhicule une culture de la Paix.

Les Brasseurs de Cage

20h30 Etre Acteur de la Biodiversité au Quotidien

Agir pour la biodiversité en cultivant des variétés anciennes de légumes menacées par l'industrialisation de notre alimentation. Echange et don de semences pour parrainage.

Vincent Delbecque- Pharmacien-Phytothérapeute- Les Champs de l'Aube

Mercredi 26 Janvier Rêver les Possibles

La Roche sur Grâne – 26 – Les Amanins

10h à 12h : Visite du Centre Agroécologique par Michel Valentin

12h Repas (sur réservation : 04 75 43 75 05)

14h30 Film/ Débat : Quels enfants laisserons-nous à la planète? de Anne Barth

Isabelle Peloux, directrice de l'Ecole du Colibri- Les Amanins et Anne

Barth, réalisatrice.

Die - l’Atelier des Couleurs- Quartier Cocause

10h-11h30 : Découverte d’un atelier d’expression libre

Une invitation à dialoguer et à jouer avec les couleurs de manière libre

Emmanuelle Mounier (Enfants et adultes Inscriptions 04 75 21 76 36)

10h Diaporama de Photographies Vision Nature

Ces oeuvres interrogent nos sentiments sur la nature et sur la puissance créative d'un homme qui sait voir.

En présence de l’artiste Alain Bernegger

10h Ateliers Pratiques

Jeux relationnels

Expérimenter des jeux de paroles pour mieux communiquer dans sa vie quotidienne

Avec Frédérique Epelly

13h30-16h30 Mercredi Ecologie pour jeunes Créer avec la Nature

Les enfants sont invités à participer aux ateliers gratuitement et à apporter des éléments de la nature à la salle polyvalente.

Spectacle d’accueil avec les Vertaclowns

Ateliers :

Ma terre en couleurs- Aurore Corominas

Tresser un panier en osier – Gianluca Figus

Mobiles en plumes Marie Castela-Levin

Feutrer un tapis en laine - Emmanuelle Mounier

Jeu Perlipapotte- Frédérique Epelly

Créer avec les arbres- Laëticia Gasquet

Jeux Coopératifs - Maryline Wolf-Roy

Ateliers permanents : Dessine-toi, des Mots en serpent - Ecrire Changer la Vie

Goûter bio offert par Ecologie au Quotidien

15h Rencontre avec Jean Mailland, écrivain

« Le Journal des Arbres »

Derrière l’histoire d’amour entre un homme et des arbres, c’est le sens animal du territoire et le bonheur simple des heures de véritable existence que célèbre l’auteur.

Au Restaurant/Salon de thé un Air de Famille

Quartier les Aires-5 rue Kateb Yacine-Die

Cinéma Le Pestel

17h30 : Film Dessine-toi de Gilles Porte

17h Pour une Enfance sans Violence- Frédérick Leboyer

Des mots banals, des gestes irréfléchis, des abandons… la violence a des répercussions sur la santé physique et mentale de nos enfants et sur leur devenir d’adultes.

Résonance Locale : Françoise Billy-René, éducatrice de jeunes enfants,

Sybille Berresheim-sage-femme

18h30 Les Toits de la Gare

Présentation d'un projet d’habitat groupé, écologique, solidaire et intergénérationnel

à Recoubeau-26.

Association les Toits de la Gare et Ar’Terre

Au Restaurant/Salon de thé un Air de Famille

Quartier les Aires-5 rue Kateb Yacine-Die

20h30 Changer le Monde : du Rêve à la Réalité

Il existe une autre voie, qui, au lieu de se bâtir sur nos peurs, se bâtit sur ce que nous avons de plus grand, la joie, la beauté, l'harmonie, l'amour, l'humour.

Vahé Zartarian, Chercheur

Se changer soi-même pour changer le Monde.

La transformation intérieure comme voie de changement et de création du

Monde que nous rêvons pour nos enfants.

Meena Compagnon, Psycho praticienne Humaniste

22h Découvrir la Biodanza

Soirée Danse animée par Marie-Christine Fontaine

Jeudi 27 Janvier Eau Essentielle

10h Un moment de repos intérieur

Goûter au partage du silence et de quelques friandises

10h Water Makes Money ou les risques de privatiser l’eau

Un film de L. Franke et H.Lorenz

L’irrésistible expansion des privatiseurs mondiaux de l’eau.

Le film montre que l’eau aux mains des citoyens/citoyennes, c´est possible !

14h Les Jardins Familiaux, Eau et Troc de Graines

Entre une qualité de vie et une production vivrière, ils favorisent la rencontre de l'autre. Ils préservent les espaces verts naturels et créent des trames vertes en ville.

Avec Les Potagers Rares, Aire Trésor, Meriem Fradj-les Jardins familiaux le

Mat de Fonbarlette

17h Le Mystère de l’Eau

Une nouvelle vision scientifique et éthique du monde. L'eau de notre vie et de notre corps est considérée par la science comme une des plus grandes énigmes scientifiques.

Jacques Collin, chercheur

20h00 Conférence/Débat L'Eau, Bien Commun de l'Humanité

Pour que l'accès à l'eau devienne un droit pour tous. Sans eau potable, pas de vie ni de droits de l’homme possibles. 1,5 milliard de personnes dans le monde ne disposent pas d’accès à l’eau potable. Quelles solutions ?

Danielle Mitterrand, Emmanuel Poilâne, Fondation France Libertés

Résonance locale : Didier Jouve, Conseil Régional

Cinéma Le Pestel - Die

20h30 Film Le Quattro volte de M. Frammartino

Une vision poétique des cycles de la vie, de la nature et des traditions demeurées intactes en Calabre.

22h Danser avec l’Expression Primitive

Constance Hirsch

Vendredi 28 Janvier Etre en Santé

10 h Ateliers Echanges

Bien Vivre et Perspectives pour Mieux Vivre Ensemble

Bien vivre et bien vieillir en Pays Diois et Pays de Saillans : échanges autour des résultats d'une enquête du CLIC auprès des personnes vieillissantes.

Marie de Hennezel, CLIC-26, habitants, associations locales,

Ludambule

10 h30 Ateliers Echanges

Créer un Environnement Sain à la Maison

Quels liens établir entre les pollutions de notre environnement quotidien et les maladies ? Proposition d’alternatives.

Santé Environnement Rhône Alpes- Philippe Perrin, Eco-infirmier

Le Pouvoir de l’Eau

Recettes pour dynamiser l’eau.

Jacques Collin, Valérie Philippot, Gianluca Figus

14h La Prévention du Cancer

Prévention du cancer et de sa récidive au niveau environnement de la maison, hygiène de vie et alimentation.

Marie Chabrol, Infirmière en Cancérologie

14h Géobiologie & Feng-shui

Deux approches complémentaires pour harmoniser les espaces de vie.

Dominique Pedoux, praticienne Feng-shui- Gilbert Clerc, géobiologue

17h Des Hommes et Des Graines

Partageons l'expérience de voyages à la recherche de graines improbables et de

leurs liens immémoriaux avec les hommes.

Romain Dufayard -Terre de Graines

17h Soins Naturels et Solidaires

Présentation du Dispensaire de Soins Naturels de Crest

Thérapeutes du Crestois

20h30 Conférence/Débat « Revivre ! »

« Le sens profond de la maladie aux niveaux physiologique, psychologique et spirituel. L'expérience du cancer peut devenir une occasion d’évoluer ». Seront abordées des façons concrètes de modifier ses états intérieurs à travers l'épreuve, car ce sont eux qui influencent la qualité de ce que nous vivons au jour le jour.

Guy Corneau – Psychanalyste

Samedi 29 janvier Une Vie pour Naître

10h La Permaculture - L'abondance de la nature avec moi !

Que peut apporter la permaculture dans mon projet de vie, sur mon lieu, dans mon rapport aux autres, au monde ?

Diaporama-débat - Véronique Pellé – Gourmandises Sauvages

10h Quelle école pour quelle société ?

Repenser notre manière de voir l'éducation pour sortir du modèle industriel.

Hadrien Roche, formateur Montessori

Résonance Locale : Hélène Yel -Graine de savoir

10h30 Atelier Pratique

Masser les bébés

Enrichir le lien parent-enfant à travers le massage des bébés (de moins de 1 an).

(Inscription : 09 53 15 12 57)

Laure Granger, Association Les Moments partagés

11h30 Inauguration festive sur le marché

Animation interactive « Porteurs de Paroles »

12h Repas Partagé sur le marché

Soupe et verre de l’amitié offerts par Ecologie au Quotidien

14h Vieillir : Une vie pour se Mettre au Monde

Changer le regard sur la vieillesse

Nous vieillissons tous, mais nous pouvons décider de ne pas devenir « vieux ».

Vieillir nous fait peur. C’est le coeur qui peut nous aider à dépasser nos peurs et nous soutenir au milieu des pires épreuves de la vieillesse. Un véritable « art de vieillir ».

Conférence/débat Marie de Hennezel, psychologue

Résonance locale : CLIC26, habitants, associations

Cinéma Le Pestel

16h30 : Film Dessine-toi de Gilles Porte

16h30 Démocratie et Ecologie

Les pays occidentaux sont entrés dans un régime oligarchique qui maintient une économie destructrice de l'environnement. Pour répondre à l’enjeu écologique, principal défi du siècle, il nous faut revenir en démocratie.

Hervé Kempf, auteur- Michèle Rivasi, Députée Européenne

Résonance locale : Florence Alicot-Conseil Local de Développement de la Vallée de la Drôme, Claude Veyret-Conseil Local de Développement du Diois

18h30 Inauguration des Rencontres de l’Ecologie sous la présidence de Jean-Jack Queyranne, président du Conseil Régional

Instant musical avec Morice Benin et Ecologie au Quotidien

19h30 Buffet Biologique offert par Ecologie au Quotidien

Cinéma Le Pestel - Die

20h30 Film Inside Job de Charles Ferguson

Le premier film exposant la vérité choquante qui se cache derrière la crise économique aux Etats-Unis.

21h Bal Folk avec Danse sur le Piano

Répertoire traditionnel et créations de musiques à danser, teintées d’influences de

Jazz, d’Irlande, d’Occitanie, du Vivarais et chant.

Dimanche 30 Janvier La Nature en Nous

10h Les 4 R : Réduire, Réutiliser, Réparer, Recycler

Inauguration du premier Salon de la Gratuité. Comment des territoires et des organismes valorisent les déchets.

Emmaüs, Ressourcerie de la Villeneuve Grenoble, Recyclerie de Dieulefit,

Villard de Lans, Communauté des Communes du Diois.

Résonance locale : Aire Trésor

10h Célébrer la Vie et la Beauté

L'art, une arme pacifique contre la destruction de la biodiversité. Les artistes participent à sauvegarder la forêt amazonienne et les Indiens qui y vivent.

Collectif Artistes & Frontière de vie- Corinne Arnould, Chantal

Delacotte, Olivier de Sepibus

10h Alimentation pour l'Hiver

Pourquoi nous accorder avec l'énergie de la saison ? Comment ? Quels aliments, épices, modes de cuisson en hiver ? Echange, démonstration et dégustation.

Ljiljana Milosavljevic, animatrice santé alimentation

14h Education à la Paix, Education à la Joie

Eduquer aujourd'hui est plus qu'enseigner ou instruire, c'est aider l'autre à devenir un être responsable, créatif, libre et relié à la joie de vivre...

Antonella Verdiani, experte en éducation, formatrice

Une éducation à la paix sollicite une approche transdisciplinaire et holistique développée par l'Université Internationale de la Paix-Unipaz depuis 25 années.

Roberto Crema, anthropologue, psychologue

14h Ateliers Pratiques

Voir et écouter la nature

Une balade pour découvrir les traces des animaux sauvages et identifier les indices de présence de la faune que nous côtoyons sans nous en apercevoir.

LPO Drôme, Hélène Bernard et Gilbert David

Yoga du Rire

Et si le rire, c’était du sérieux ? C’est un moyen simple pour exprimer le bonheur d’être au monde dans la singularité de l’instant présent.

Jacques Laris, formateur en communication

14h La Résistance du Peuple Kichwa

2 Films (18’) de E.G.Montalvo “Soy el defensor de la selva” et “le chemin de fleurs”.

Depuis 30 ans, le peuple kichwa de Sarayaku lutte pacifiquement contre la destruction de la forêt amazonienne. Ce peuple a décidé de planter tout autour de leur territoire une frontière d'arbres à fruits et à fleurs. Par leur lutte pacifique, les Kichwas transmettent à l’Occident leur conviction qu’il faut vivre en harmonie avec la nature.

Paroles de Nature, Corinne Arnould

Cinéma Le Pestel

15h30 Film Dessine-toi de Gilles Porte

17h Film Alma de et avec Patrick Rouxel – Salle Polyvalente

Un récit sur la souffrance et notre relation envers l’espèce animale.

Alma porte sur les enjeux de l’élevage bovin lié à la forêt amazonienne et sur les industries qui la détruisent. Le film pose la réflexion de notre société de consommation actuelle et des répercussions de nos habitudes de vie sur la nature.

ALMA est une invitation à faire preuve d’empathie.

Résonance Locale : Jochen Haun, éleveur

17h Atelier Pratique

Eduquer à la joie

Un parcours éducatif pour apprendre à faire résonner la joie en nous et dans le autres. Des exercices pratiques pour suivre le chemin de la joie en partant de la "joie - émotion" à la "Joie - état de l'être".

Antonella Verdiani

Cinéma Le Pestel

17h30 Quatre Volte de Michelangelo Frammartino

18h30 Atelier Echanges

Villes & Territoire en transition

Le choc de l'après pétrole et les changements climatiques...Se préparer ensemble pour une société viable sur notre territoire.

Planetaiire, Ecologie au Quotidien

20h Comment Mieux Habiter le Monde ?

Quelle est ma relation à la « nature », ma représentation de la « nature », celles des autres ? Ces questions, développées par l’anthropologue Philippe Descola, aident à réviser nos façons d’être au monde et d’agir face aux problèmes de l’environnement pour, ensemble, « Grandir en Humanité ».

Chantal Delacotte, géographe, agrégée de l’Université.

Suivi d’une animation interactive

22h Scène Ouverte Poétique

Lecture de créations des ateliers d’écriture « Grandir en poésie, Grandir en

Humanité ».

Animée par Françoise Verilhac

Lundi 31 janvier Changer de Vision

10h Atelier Pratique

L’intelligence collective pour vivre ensemble

Faciliter les espaces de créativité et de conscience individuelle et collective pour mieux agir.

Anne-Marie Bataille psychologie de la relation, Ecologie au Quotidien

14h Atelier Pratique

L’intelligence collective pour vivre ensemble

Anne-Marie Bataille, Ecologie au Quotidien

14h Les Vautours, équarrisseurs naturels

Diaporama : En même temps que l’homme retrouve la biodiversité, les vautours évitent d'avoir à transporter dans la Drôme au moins 3000 cadavres/an vers un équarrissage industriel et polluant.

Jean-Pierre Choisy, naturaliste

17h Quelle place pour les ongulés sauvages en France ?

Les ongulés sauvages, par leur biomasse, leur impact sur les milieux naturels, leur rôle primordial comme proie pour les grands prédateurs occupent une place de premier plan dans le fonctionnement des écosystèmes.

Gilbert Cochet, Frapna

Résonance Locale : Françoise Savasta-Aspas, Gilbert David-LPO

Drôme

Cinéma Le Pestel

20h15 Film-Débat Small is beautiful de et avec Agnès Fouilleux

Pourquoi la production agricole s’est-elle industrialisée au point de désertifier les campagnes, d’empoisonner l’eau et les sols et d’affamer des millions de paysans ?

Résonance Locale : Vincent Ducomet, éleveur à Barnave

20h30 Comment Naviguer dans un Monde Chaotique

Comment être acteurs du changement, que faire pour voir le monde tel qu'il est, et non tel qu'il n'est plus ? Comprendre notre monde en pleine mutation et intégrer les derniers changements de paradigmes scientifiques au quotidien.

Bruno Marion, co-fondateur de l’Université Intégrale

Suivi d’une animation interactive d’AM.Bataille et Ecologie au

Quotidien

Mardi 01 février Se Relier Autrement

10h Atelier Pratique

Atelier d’Ecriture « Grains d’Avenir»

Nos perspectives et projets pour que change la vie et grandir en humanité

Association Ecrire Changer la Vie

14h En quête de Zones Blanches

Documentaire sonore de Caroline Fontana. Témoignages de personnes

électrohypersensibles devenues nomades et en quête de zones non couvertes par les champs électromagnétiques.

Résonance locale : Associations Next up, Robin des Toits

16h30 Silence... On vaccine ! Film de Lina B Moreco

Un documentaire qui donne la parole à des victimes de la vaccination, ainsi qu’à des chercheurs et des spécialistes des domaines médical et juridique au Québec, en France et aux États-Unis.

Association A.L.I.S, Eliane Chavernoz

20h30 Ecologie Relationnelle

La Présence Consciente dans la Relation. Une relation plus authentique avec soi et avec l’autre comme chemin d'éveil et d'ancrage pour retourner à cet endroit où l'aspect créateur de la nature humaine résonne avec la Nature créatrice.

Françoise Buisson, Brigitte Pinat, Centre Eco-Anthropologie

Dès la conception, et de la naissance à la mort, c'est la Qualité du Lien qui assure notre plein développement et féconde les trésors de vie qui nous habitent.

Antoinette Liechti, thérapeute Imago

Mercredi 02 février Paroles d’Humanité

Au Café « Le Voltaire », 81 Rue Buffardel, Die

15h00 : Rencontre avec un Historien

Cent ans d'immigration italienne à travers les Alpes. 1860-1960

Philippe Hanus, historien au CPIE-Parc du Vercors

17h Cercle de Parole «Grandir en Humanité»

19h Repas de Clôture offert par Ecologie au Quotidien

21h30 Danses en Cercle

Animées par Michèle de Chazournes

*Fin des Rencontres de l’Ecologie au Quotidien

Salle Polyvalente de Die - Bd du Ballon*

Samedi 05 février Agir Ensemble

Villard de Lans (38) à la Coupole

14h-18h l’Ecologie au Quotidien sur le Vercors

Des particuliers, associations et organismes des 4 Montagnes témoignent de leurs actions au quotidien pour préserver l’environnement.

Réfléchir, agir... Venez découvrir ces (bonnes) idées près de chez vous !

Initiatives Vercors- www.initiatives-vercors.fr/

Dimanche 06 février Mieux être

Espenel-26

Lieu : Association Labelvie- Rourbel (04 75 21 75 47)

10h Mieux Etre par la Pleine Conscience

Découverte d’une pratique pour réduire le stress et soulager les souffrances.

Anne Tesson, intervenante en gestion du stress et relaxation

12h Repas partagé

14h-16h Atelier Pratique

Phytothérapie Familiale

Cinq plantes sauvages à découvrir pour soigner toute la famille. Les reconnaître, les récolter, les transformer et les utiliser, pour une médecine naturelle, humaine et écologique.

Vincent Delbecque, pharmacien, phytothérapeute, et Les champs de l'aube

Les 4 saisons d'Ecologie au Quotidien

1- Samedi 21 janvier et dimanche 5 février 2011

Rencontres de l’Ecologie « Grandir en Humanité »

2- 22 Avril 2011

Journée de la Terre et de la Biodiversité

3- juillet 2011

Relocaliser l’Economie

4- Octobre 2011

Eco-Construire dans la Vallée de la Drôme

L'association "Ecologie au Quotidien" a pour objectif de sensibiliser les habitants sur l'impact de nos gestes quotidiens sur l'environnement, la

Nature, la santé et la société et de proposer des alternatives.

Pendant les Rencontres de l’Ecologie

Soyez acteurs de ces Rencontres : réagissez, agissez, exprimez vos idées pour esquisser la trame d’autres possibles à l’Espace Forum de l’Arbre à Paroles.

- Après les conférences, échange convivial autour du Bio-Bar

- Restauration & Buvette biologiques tous les jours à 12 h et 19 h

Salon de gratuité : Amener les objets que vous voulez donner

ou/et repartez avec ceux dont vous avez besoin tout au long des Rencontres de l’Ecologie.

- Moments musicaux avec Anjala, Morice Benin, Ecologie au Quotidien …

- Conférences/débat : Animations interactives organisées par Ecologie au Quotidien

- Expositions : Frontière de vie et Kichwas, la Couverture Vivante, Parking day mobile-Frapna,

Paroles d’Anciens… Photo Color&Sens Aurore Corominas

- Expositions de Photographies : Color&Sens Aurore Corominas – Vision Nature Alain Bernegger

- Visite d'éco-sites : La Ferme de Baume Rousse Cobonne (26) le dimanche 23 01 à 14h

- Espace l’Arbre à Paroles – Atelier d’écriture permanent - Association Ecrire changer la vie

- Espace Enfants : jeux et dessins

- Espace Détente et Bien-être – inscription sur place

- Espace Pensées de Terriens : Proposer des solutions pour un avenir meilleur devant une caméra.

- Espace Librairie avec la Balançoire de Crest, Edition Yves Michel, Silence, Passerelle-éco…

- Tout au long de l’année :

- Sorties Nature LPO Drôme- Gilbert David 04 75 22 07 51

- Tables rondes/Débats -Ateliers/Animations/Formations

La manifestation se déroule à la Salle Polyvalente, Bd du Ballon à Die (26).

sauf indication contraire

Participation aux Rencontres de l’Ecologie

- ECO PASS Rencontres à partir de 20 € donnant accès à toutes les expositions, conférences, tables rondes, visites de sites, ateliers d’échanges

(Exceptés ateliers pratiques, Bal Folk et films au Cinema Le Pestel)

- Journée ou conférence/film : 5 € (3 €/ TR-tarif réduit)

- Films au Cinéma Le Pestel: Consultez la plaquette du Cinéma Le Pestel

- 1 Journée+Bal Folk : 12 € (6 € TR)

- Soirée Bal Folk seul : 8 € (5 € TR)

- Ateliers pratiques - 2h : 10 € (5€ TR) Inscription au 09 64 12 16 10

- Consultez la plaquette Ateliers Pratiques et Visites de Sites

- Accès et ateliers gratuits pour scolaires et étudiants

Les difficultés financières ne doivent pas être un obstacle

à votre participation. Nous consulter sur place.

- Pour venir, pensez à utiliser le Covoiturage www.ecovoiturons.org

- Pour l’hébergement, contactez l’Office de Tourisme de Die :

04 75 22 03 03 www.diois-tourisme.com/

- Possibilité d'hébergement citoyen.

Nous remercions les partenaires ci-dessous pour leur participation

aux Rencontres de l'Ecologie 2011 :

ADEME (69), un Air de Famille (26), Alliance PEC Drôme, les Amanins (26), APISAssociation Populaire d’Information Solidaire (26), Aire Trésor (26), A.R.E.H.N (Rouen 76), L’Arrêt Public (26), Ar’Terre (26), ASPAS (26), Atelier des Couleurs (26), Imprimerie Atelier 26, Biovallée®, Café Voltaire (26), Centre Eco-Anthropologie (26), les Champs de l’Aube (26), Cinéma le Pestel (26), CLIC 26, Communauté des Communes du Diois (26), Conseil Local de Développement du Diois (26), Conseil Local de Développement Vallée de Drôme (26), Conseil Général de la Drôme, CFPPA (26), Conseil Régional Rhône Alpes, Coop’aire de Jeux (26), Couleurs Locales (Die), Danse sur le Piano (26), Gourmandises Sauvages (38), LPO Drôme (26), Conseil Général de la Drôme, DIREN (69), les Brasseurs de Cage (26), Ecrire et changer la vie (26), Edition Yves Michel (04), E.MAGE (26), Fédération des Œuvres Laïques (26), Ferme de Baume Rousse (26), F.R.A.P.N.A (Fédération Rhône Alpes pour la Protection de la Nature- 26/42), Gîtes Panda (26), Festival du Conte de Bourdeau (26), Fondation France Libertés (75), Le groupe des éco-constructeurs du Diois, Héraldie (26), Imagerie (Die), Initiatives Vercors (38), Jaillance (26), Labelvie (26), Librairie La Balançoire (26), Ludambule (05), Médiathèque Départementale Diois-Vercors (26), Next up (26), Paroles de Nature(75), Planetaiire (26), P.N.R.V (Parc Naturel et Régional du Vercors 38-26), les Potagers Rares (26), Région Rhône-Alpes, SERA (26), Robin des Toits (26), Silence (69), Tchaï Walla (26), Terre de Graine (26), les Toits de la Gare (26), Trièves Après-pétrole (38), Unipaz France et Brésil, Université Intégrale (75), les Vertaclown, la Ville de Die et le Personnel Municipal (26)…

Ecologie au Quotidien Le Chastel 26150 DIE Tel

04 75 21 00 56

Courriel : ecologieauquotidien.die@gmail.com

Sites : www.ecologieauquotidien.fr

lundi 13 décembre 2010

Déplacer et loger les indésirables....


Déplacer et loger les indésirables, sociologie du logement contraint

Nous amorçons, dans cet article, une socio-histoire des modes de résidence forcés et logements contraints pour les populations indésirables en France durant le XXe siècle. A partir d’un corpus de lieux de mise à l’écart résidentiels et du croisement comparatif de monographies de cantonnements, foyers et centres d’accueil ou d’internement, trois pistes sont explorées : Quelles sont les configurations spatiales et résidentielles des lieux dédiés à l’accueil des populations déplacées ou retenues ? Existe-t-il une culture professionnelle et des cadres cognitifs propres aux agents qui gèrent ces espaces résidentiels d’exception ? Quelles sont les populations concernées de la Première guerre mondiale à nos jours par ces modes de logement atypiques ? Nous en concluons que le recours au logement contraint est une constante des politiques de contrôle des réfugiés, travailleurs forcés et migrants depuis le début du XXe siècle en France. Cette action s’est structurée autour des entreprises employeuses de main d’œuvre coloniale et du ministère de l’Intérieur (Sûreté nationale puis Police), et est restée disponible dans l’arsenal des politiques de contrôle et des politiques sociales.

La notion de logement contraint recouvre des espaces désignés institutionnellement pour être affectés de manière provisoire à des fonctions d’accueil et de résidence de populations définies comme indésirables et inutiles. Elles sont, par ce moyen, mises à l’écart sous surveillance et privées de moyens de subsistance autonomes. Placées en ces lieux soit par pour raisons d’ordre public soit en l’absence de solutions de logements alternatives ces civils se voient concentrés dans des espaces clos et séparés et des types d’habitat divers. Ces espaces offrent la possibilité aux pouvoirs publics de rassembler et d’appliquer des techniques de contrôle militaire à des populations en déplacement, déviants, réfugiés ou migrants et de les maintenir pour des durées indéterminées à l’écart du reste de la population [1]. Malgré leur diversité nous faisons l’hypothèse d’une cohérence et d’une continuité de ces formes de logements et des savoirs qui organisent leur gestion et leur fonctionnement. Ces modalités spécifiques de regroupement d’étrangers ou d’individus marginalisés pour répondre à des situations de crise et de menace ont concrètement émergé durant la Première Guerre mondiale. Elles participent du processus de « trivialisation » [2] qui s’est pérennisé en temps de paix, que nous nommons une militarisation de la question sociale.

Nous avons pu reconstituer, à partir de plusieurs monographies socio-historiques portant sur des formes d’habitat à différentes périodes, l’usage et la gestion de lieux utilisés comme sites d’habitat spécifiques et résultant du détournement de certains types de bâtiments [3]. Ils présentent plusieurs caractéristiques paradoxales. Le logement contraint instaure tout d’abord une situation d’expédient permanent et programmé qui pérennise une précarité sociale et économique. Retranché socialement et spatialement du reste du corps social, il n’est jamais totalement coupé de l’extérieur et reste en contact avec le monde du travail. Ensuite, la norme y devient le hors normes tant pour le bâti - il est possible d’adapter tout espace à cette fonction [4] - et les conditions de vies, que pour le statut des personnes. Enfin les pouvoirs publics laissent se constituer de tels lieux d’habitat alors qu’ils pilotent dans le même temps un mouvement d’urbanisation structuré autour d’objectifs d’hygiénisme, de salubrité et d’intégration. Le paradoxe n’est, d’après nous, qu’apparent dans la mesure où le recours au logement contraint s’intègre à la gestion politique des populations concernées d’une part en les situant dans un espace « répulsif » qui matérialise un message d’inhospitalité et d’autre part en ce qu’il permet différents processus d’identification, de différenciation et de hiérarchisation de celles-ci.

Cette notion de « logement contraint » présente un intérêt heuristique. Elle donne la possibilité d’analyser comparativement différentes formes de logements, camps et lieux de rétention administrative, baraquements, casernements et logements d’usine, cités de transit, foyers de travailleurs et centres humanitaires qui sont peu ou pas étudiées. Cela permet de cerner les représentations collectives de l’espace et de l’habiter et les projections sur l’espace des autorités et des acteurs économiques et sociaux et de comparer d’un point de vue sociologique les différentes populations placées dans ces espaces. On peut ainsi déconstruire l’approche usuelle en termes d’urgence et d’exception qui justifie souvent dans les discours l’usage de ces formes précaires de résidence comme expédient. Car, à la différence du logement d’urgence, il n’est pas censé constituer une réponse momentanée avant un relogement dans un logement normalisé mais une réponse programmée comme temporaire. Ce n’est en rien un préalable à une intégration ou une réintégration dans le corps social mais, au contraire, un moyen planifié a minima de tenir à l’écart des populations. Il se différencie aussi des « bidonvilles » [5], des squats et plus largement du « logement spontané » caractérisé par l’occupation illégale ou tolérée d’un terrain ou d’une habitation, bien que le « passage » de l’un à l’autre soit possible [6]. De plus la généalogie de ces espaces permet de mieux appréhender de nouvelles de logements qui paraissent « apparentés » au logement contraint. La structuration progressive, depuis plusieurs décennies, des dispositifs d’accueil des réfugiés et des demandeurs d’asile n’a pas empêché la croissance et la diversification des formes et des statuts de bâtiments de logements précaires et hors normes dans lesquels le droit à une habitation indépendante est assorti de contrainte quand il n’est pas carrément nié [7].

Dans une première partie nous établirons une typologie des formes morphologiques que peut prendre le logement contraint. Nous chercherons ensuite à repérer les modes de gestion et les cultures professionnelles générés par ce logement si particulier. On mettra enfin en évidence les deux types de populations concernées par cet habitat, les « indésirables » et les « bouches inutiles ».

1. Conceptions spatiales et configurations résidentielles, esquisse d’une typologie du logement contraint

On peut repérer durant le XXe siècle un certain nombre de constantes dans les espaces réservés et les techniques d’aménagement de ces logements hors normes et « d’exception ».

Une projection militaire sur des espaces détournés de leur fonction

Le logement contraint tel que nous le définissons peut sembler hétérogène mais on peut schématiquement distinguer des cas de figures architecturaux selon qu’il s’agit de sites détournés de leur fonction ou d’espaces non occupés. Les camps militaires sont historiquement le premier type de lieu utilisé pour l’accueil de populations civiles. Lors de la Première Guerre mondiale des réfugiés et des internés civils ont été placés dans des forts et des camps d’instruction [8]. D’importants sites militaires comme ceux de Vincennes, de Larzac [9], de Saint Maurice l’Ardoise [10], ou de Rivesaltes [11] ont été affectés au même usage à plusieurs reprises au cours du siècle. La liste est longue de ces camps qui proposent de vastes espaces vacants sur lesquels sont installées des baraques, des tentes ou des modulaires, démontables et déplaçables pour un hébergement rudimentaire. Et elle se perpétue. En 2001, des Kurdes réfugiés sont placés temporairement dans le camp militaire de Fréjus dans le Var [12].

L’étude de la topologie et de la gestion de ces zones militaires montre qu’elles se prêtent à un contrôle sécurisé et permettent un classement et une répartition des hébergés. L’espace est souvent organisé autour d’une place d’appel, sur lequel est érigé le drapeau français, et se divise en parties dédiées au logement, à l’hygiène et au ravitaillement, à la socialisation et au travail [13]. L’administration est un lieu autonome auquel s’agrègent postes de garde, mitard, locaux d’habitation des gardes, cuisines, sanitaires, infirmerie, etc. Les camps militaires, par leur taille et leur équipement, peuvent constituer le centre d’un réseau de camps plus petits. Ces lieux sont généralement mis à disposition par les autorités militaires pour celles de la police ou d’autres administrations et doivent être restitués en l’état au terme d’une période plus ou moins longue. Mais si les autorités militaires ont été à l’origine de cette politique, elles n’ont que très exceptionnellement accepté de gérer directement des civils. Lors de la période de la Libération, par exemple, les autorités militaires demandent la restitution dans des délais très brefs des camps affectés à l’internement des individus suspectés de collaboration [14]. Cependant certains sites militaires secondaires ou désaffectés, tels des zones de stockage de munitions ou des bâtiments militaires vendus à des collectivités, peuvent avoir une fonction, sur une longue période, durablement associée à un hébergement coercitif [15].

Ce statut d’espace loué ou prêté correspond aussi à celui des centres pénitentiaires. Comme pour les sites militaires, l’usage de l’espace carcéral à des fins d’internement, forme complète de logement contraint, ne peut être que très momentané et souvent durant des périodes de crises aigues. Car ni l’administration pénitentiaire, pour des questions matérielles mais aussi en raison de l’impossibilité d’accepter la confusion entre des détenus avec et sans mandat, ni le ministère de l’Intérieur, refusant de voir confondues procédures judiciaires et administratives, ne sont favorables à l’accueil durable des internés dans les murs des prisons déjà surpeuplées [16]. On voit dans ce cas que les sites ayant une fonction précise, militaire ou pénitentiaire, ne sont utilisables qu’exceptionnellement comme forme de logement contraint conservant simultanément leur affectation première et posant de ce fait des problèmes de co-présence de populations aux statuts différents. La présence actuelle dans les prisons françaises de près d’un quart de prisonniers étrangers dont une partie pour infraction à la législation sur le séjour est un contre-exemple mais certaines maisons d’arrêt risquent de devenir progressivement des centres de rétention « officieux ».

C’est pourquoi d’autres lieux sont recherchés pour y assigner des civils hors procédure judiciaire. Là aussi la rétention supplante momentanément la fonction usuelle du bâtiment qui peut être indifféremment hôtelière, industrielle, scolaire ou simplement résidentielle. Elle ne nécessite pas non plus la construction de bâtiments spécifiques et cela permet d’être mis en service dans des délais brefs et à moindre coût. Certains des premiers camps du XXe siècle ont été installés dans des propriétés ecclésiastiques réquisitionnées [17], particulièrement en Bretagne. On peut mentionner des hôpitaux d’aliénés, mais aussi des écoles et des bâtiments de colonies de vacances ou des hôtels. Ces derniers rappellent la durée limitée du séjour et sont utilisés depuis le XIXe siècle pour loger des prisonniers de guerre gradés et des réfugiés. Ces bâtiments d’accueil collectif ayant des places inoccupées sont particulièrement propices à une transformation de leur fonction pour le logement contraint. Un incendie meurtrier d’un hôtel à Paris a révélé récemment à l’opinion publique cet usage « semi-officiel » d’hôtels pour héberger des demandeurs d’asile qui témoigne pourtant d’une grande continuité en la matière [18]. D’autres types de bâtiments, tels des stades ou des cinémas, peuvent aussi servir à l’occasion de lieux de rétention momentanés.

Topographie d’un espace répulsif

Notre corpus révèle que d’anciens sites industriels ou des fermes à l’abandon ont accueillis de manière provisoire des populations civiles. C’est le cas dès le premier conflit mondial lorsque des locaux de vieilles industries fermées, de la métallurgie ou d’extraction essentiellement, accueillent des nomades appréhendés dans le cadre de la loi de 1912. Puis entre 1939 et 1946 on constate l’utilisation de carrières abandonnées, fours à chaux, mines, ardoisières, et d’usines désaffectées, verreries, poudreries et salines [19]. Certains centres actuellement en fonctionnement sont aussi dans la continuité de cette histoire comme le hangar à voussoirs d’Eurotunnel à Sangatte transformé de 1997 à 2002 en centre d’accueil ou le bâtiment des docks d’Arenc sur le port de Marseille utilisé sans discontinuer depuis 1964 comme centre de rétention administrative [20].

La nature de ces lieux abandonnés, res nullius et zones non aedificandi, est à rapprocher des catégories de populations qui y sont placées. Cela donne des indications sur les représentations à l’œuvre dans le logement contraint. Si certains centres se trouvent placés sur des axes stratégiques notamment lorsqu’ils assurent une fonction de tri et de sélection, on trouve durant le XXe siècle divers « camps » et centres installés sur des terres isolées, des îles, des plages [21], des plateaux déserts, des zones inondables ou polluées. Ils sont peu visibles, difficiles d’accès et laissent peu de traces. Les conditions de vies, y sont dures, particulièrement pour les familles. Que se soient des bâtiments détournés de leur fonction ou des abris de fortune érigés à la hâte, les points communs de ces espaces sont la précarité et l’insalubrité. Soit ils ne sont pas adaptés pour accueillir du public en grand nombre et cela pose d’importants problèmes sanitaires, rend difficile le chauffage et l’isolation des locaux. Soit il s’agit de logements sommaires qui n’offrent aucun confort et sont souvent très dégradés. Dans tous les cas ils peuvent être considérés comme « répulsifs » [22].

L’unité de logement essentielle, et emblématique, du logement contraint, reste la baraque. Le modèle en bois dit « Adrian » a été le plus utilisé jusque dans les années 1940. Lorsqu’il n’y en a pas ou plus assez, on construit parfois en dur ou on récupère des structures dans des chantiers et dans l’architecture militaire comme des hangars à avion. Quand la population est trop importante on utilise aussi de simples tentes comme pour l’accueil de dizaines de milliers de réfugiés espagnols en 1938 sur les plages du Roussillon et sur le plateau du Larzac en 1962 pour héberger des familles harkies. Ces dernières l’avaient renommé le « plateau des milles tentes ».

Car si le camp militaire est destiné initialement au repos et la restauration des soldats pour une période donnée, on peut dire que pour les civils, y être logé s’apparente à entrer dans une « maison de guerre » sans limite de durée. Le logement contraint applique durablement, sous le règne de l’arbitraire, des règles et des horaires martiaux. Le confort est sommaire et le rationnement systématique. Comme l’ont bien montrés Bourdieu et Sayad pour les villages de regroupement [23], ces privations et cette absence de prise sur l’avenir entraînent une insécurité générale des conditions de vie et une irréalisation des perspectives [24].

La plupart des sites que nous avons étudiés ne nécessitent pas de surveillance particulière lors des situations de confinement de familles ou de travailleurs déplacés. Les nomades, les harkis et plus généralement les réfugiés ne s’évadent pas. Comment s’échapper avec des enfants et de personnes âgées, des malades ? Pour aller où ? Seul l’existence d’un réseau de soutien à l’extérieur permet de réduire la durée du séjour dans ces lieux. En l’absence d’aide autre qu’humanitaire, le séjour peut s’allonger indéfiniment. D’où les multiples cas de sédentarisation sur place que l’on a pu observer pour ces populations civiles qui s’installent dans leur centre d’accueil jusqu’à une éventuelle destruction ou une rénovation qui, alors, entérine la fixation pour plusieurs générations sur le lieu de mise à l’écart. De nombreuses communautés ex-harkies résident encore sur les sites d’accueil mis en place à partir de 1962 [25] même si certaines cités ont été résorbées dans les années 1980.

Les locaux doivent répondre d’abord à des exigences minimales aux yeux des autorités comme la disponibilité immédiatement, la facilité de contrôle des lieux, la disposition topographique et géographique pour n’évoquer que les principaux arguments. Il est fait peu de cas des demandes ou aux besoins des usagers finaux. C’est dans cette malléabilité ses espaces et du bâti et dans son faible coût que se trouve l’intérêt essentiel du logement contraint aux yeux de ses concepteurs. En outre les mêmes lieux sans confort ni équipement particulier peuvent accueillir indifféremment toute population dans des situations variées et pour des objectifs changeants en fonction des circonstances. « L’urgence ne coûte pas cher » [26] et elle peut durer longtemps [27]. Cette règle valable pour les lieux s’applique aussi à l’encadrement et au personnel.

2. Gérer le logement contraint : quelles cultures professionnelles ?

Contrairement à ce que l’on pourrait croire la culture des gestionnaires du logement contraint n’est pas une culture de la crise et de l’urgence. Elle s’inscrit dans la continuité des modèles de gestion assistanciels et répressifs des classes dangereuses et de l’enfermement des pauvres [28] qui diffusent leurs cadres et leurs techniques à d’autres politiques de prise en charge sociale et humanitaire. Le logement contraint trouve ses structures fondatrices dans l’articulation entre les pratiques du logement d’usine et les savoir-faire de l’internement administratif.

La pratique du logement d’usine et des chantiers mobiles

Des employeurs de main d’œuvre captive ont développé parallèlement au logement social, lui-même conceptuellement issu du modèle de la caserne [29], un savoir faire d’hébergement dans des usines désaffectées et des casernements. Les types de logements contraints dans les sites de production concernent essentiellement l’industrie d’extraction d’une part, l’agriculture et la sylviculture d’autre part. Ils constituent le prolongement des premières formes de logements ouvriers développés à partir de la révolution industrielle mais progressivement abandonnés pour les nationaux [30]. Inauguralement sont concernées les « coloniaux » mais aussi les prisonniers de guerre et dans une moindre mesure les réfugiés. Cette main d’œuvre est affectée à des tâches spécifiques. Les coloniaux, qu’ils soient africains, malgaches ou indochinois, sont surtout orientés vers l’industrie de l’armement dans des poudreries et des arsenaux dans lesquels ils assurent des tâches dangereuses. On peut aussi évoquer des emplois dans le percement de canaux et de tunnels et la construction de voies de chemins de fer.

Une organisation particulière, le service d’organisation des travailleurs coloniaux (S.O.T.C.), est mise en place en 1916 dans le contexte de guerre pour prendre en charge le placement et le logement de ces travailleurs. On peut penser qu’elle va servir de modèle ou à tout le moins qu’elle va influencer les différents modes de prise en charge qui lui succéderont [31]. Dès ce moment là sont édictées et diffusées sous forme de guides [32] des instructions fortement empreintes de racisme et de paternalisme colonial pour la gestion de ces travailleurs en métropole. Durant cette première période ces ouvriers coloniaux résident dans les cantonnements qui leur sont réservés. Ce modèle puissamment coercitif se perpétue pour certaines catégories de travailleurs, notamment ceux qui sont « requis » de force dans les années 1930, malgaches et cochinchinois notamment. La contrainte qui pèse sur ces travailleurs est double car il leur est non seulement interdit de quitter leur lieu de résidence mais quand bien même ils parviendraient à le quitter ils rencontreraient de grandes difficultés à regagner leur pays d’origine.

Durant l’entre-deux-guerres, en l’absence d’institution publique spécialisée et d’un système d’encadrement coordonné au niveau national, les autorités incitent les entreprises à veiller à l’hébergement de ces populations provenant de l’empire. Ce sera notamment le cas dans l’Est et Nord pour les mines qui développent un système de cantonnement réservé à leurs travailleurs indigènes. Le modèle le plus abouti et donné d’ailleurs en exemple par les pouvoirs publics est celui développé à l’usine Michelin de Clermont Ferrand, où l’ensemble de la vie quotidienne des ouvriers est pris en charge par la direction du personnel inspirée d’expériences coloniales [33] et du travail forcé [34]. Il existe à cette période de petites organisations structurées pour la gestion de certaines populations. C’est le cas avec la Main d’oeuvre indigène, nord-africaine et coloniale [35] fonctionnant en autarcie, pour des travailleurs indochinois, africains et malgaches requis. Ces organisations et les textes régissant le « travail requis » vont progressivement se structurer avec de la loi sur « l’organisation générale de la Nation pour le temps de guerre » du 11 juillet 1938 [36], qui permet notamment la réquisition de main d’œuvre. Héritant de cette tradition de traitement séparée dans le logement et dans les usines, la politique de recrutement de ces travailleurs dans l’industrie et le BTP sera couplée avec le développement des foyers réservés aux migrants jusqu’au début des années 1970 [37].

Les savoir-faire de l’internement et du logement d’exception

D’autre part la police française a conçu depuis le premier conflit mondial un système d’internement et de mise à l’écart qui s’est progressivement structuré et qui s’est diffusé dans d’autres institutions notamment pour l’accueil des réfugiés, le logement des étrangers et des populations précaires. La gestion des espaces de logement contraint demande des compétences spécifiques. Dans les lieux explicitement disciplinaires et répressifs comme les camps d’internement [38], un savoir-faire policier particulier a été développé tant du point de vue de l’organisation administrative que de la gestion au quotidien. Un corps spécialisé de fonctionnaires gestionnaires de camp s’est constitué progressivement, développant des cadres cognitifs spécifiques [39]. Des cadres et des techniciens de l’internement, mis en place à plusieurs reprises par la direction de la Sûreté nationale depuis la Première Guerre mondiale, apportent leur savoir faire à chaque recours à ce type d’assignation [40]. La direction d’un centre requiert en effet des compétences polyvalentes de contrôle et de gestion logistique. On est appelé à gérer les conflits qui émaillent les relations entre les hébergés et le personnel et entre les divers services intervenant et être en mesure de combattre les différentes formes de mobilisation. Il faut aussi savoir « moduler » le peuplement des centres et anticiper sur d’éventuelles réactions de la population environnante.

A cette tradition internementale [41] il faut ajouter celle du contrôle policier et de surveillance sanitaire des « Nord-africains », initiée par l’armée à partir de 1916 et poursuivie par la préfecture de police de Paris après 1925, quand la France a commencé à recourir au « réservoir colonial » pour la métropole [42]. Durant l’entre-deux guerre les pouvoirs publics cherchent néanmoins à découpler progressivement les fonctions de contrôle et d’assistance de ces populations. La police assure toujours des tâches de surveillance et prend quelquefois en charge l’hébergement des indigents mais ne s’occupe pas directement des employés immigrés des usines. A certaines occasions néanmoins, les tâches peuvent être confondues à nouveau. En 1945, le « transfèrement » en Algérie des Algériens présents en métropole est entièrement contrôlé par la police. Elle rend obligatoire le passage des candidats au retour par des centres d’enregistrement installés dans des stades réquisitionnés à cet effet à Arles et à Tarascon dans les Bouches du Rhône [43].

Une partie de ces savoir-faire va transiter dans les années 1950 vers la gestion du logement spécifique des « coloniaux » à l’occasion de l’embauche dans les casernes de l’industrie et dans les foyers de travailleurs migrants d’anciens militaires à la retraite. Cela permet de récupérer un personnel peu onéreux et censé être qualifié pour des tâches de sélection, d’encadrement et de contrôle des « indigènes » et induit une propension au fonctionnement coercitif, autarcique, voire népotique des espaces réservés. Les associations gestionnaires des foyers appartiennent en partie à cette tradition. De plus, à côté de ces agents contractuels, militaires et fonctionnaires, en retraite ou en disponibilité, on remarque l’appel fréquent à d’autres personnels en fonction des besoins. L’encadrement d’une « caserne » de Cochinchinois doit s’adjoindre des « indigènes » et celui des camps désigne des responsables de chambres dans les baraquements. Pour les centres d’internement et les camps répressifs en général, l’encadrement est complété par des vacataires dont le recrutement est décrit dans la plupart des cas comme désastreux, pour l’administration et surtout pour les internés.

3. « Indésirables » et « bouches inutiles », l’appréhension du surnuméraire en suspect et sa mise à l’écart

Deux types d’individus, « indésirables » et « bouches inutiles », sont susceptibles d’être placées à un moment où un autre de leur trajectoire résidentielle ou de leur séjour en France dans un logement contraint.

Ecarter une menace avec le logement contraint et séparé

Certaines populations sont perçues comme des menaces et mises à l’écart dans une forme d’habitat spécifique. On peut distinguer plusieurs modes d’appréhension de ces populations. Une première catégorie regroupe les individus qui, quelque soit leur nationalité (ils peuvent être français ou ressortissants étrangers), apparaissent, souvent dans certaines circonstances de crise, comme susceptibles d’être la source de « nuisances » et de menaces tant pour la « sécurité de l’Etat » et de ses frontières que pour « l’ordre public », dans ses trois dimensions constitutives d’ordre politique, social ou sanitaire [44]. Ces « indésirables », dont nous étendons la définition au-delà des seuls réfugiés européens [45], regroupent à la fois des étrangers dont la présence sur le territoire est considérée comme une menace et des nationaux que l’appréhension essentialisée par les autorités ou l’opinion publique présente comme des « suspects » [46]. La menace représentée par les « indésirables » peut être d’ordre militaire lorsqu’il s’agit de ressortissants de pays en guerre avec la France. L’Etat veut protéger son territoire d’espions potentiels pouvant transmettre des informations ou opérer des attaques derrière ses lignes au profit de l’ennemi. C’est le cas des Allemands, des Autrichiens et des ressortissants de l’Empire ottoman en 1914 [47]. A partir de l’entrée en guerre de la France, ils doivent quitter le pays sous peine d’être arrêtés et internés comme des « civils ennemis ». Ceux qui resteront seront arrêtés et placés dans des « camps de concentration » quelquefois jusqu’à la fin de la guerre. Dans la période actuelle, en France comme dans l’Union européenne, les migrants clandestins sont pour partie assimilés à des criminels et combattus dans le cadre et avec les mêmes moyens que ceux de la lutte contre le terrorisme. Cette confusion justifie aux yeux des pouvoirs publics le recours à des méthodes d’identification, de traque et de neutralisation d’inspiration sécuritaire pour lutter contre ces « clandestins ». La mise en place de centres fermés est dans la logique de cette utilisation des méthodes militaires aux processus de contrôle et de répression de ces « migrations illégales » [48].

La menace peut être aussi conçue comme d’ordre politique, sanitaire et socioéconomique. Les mesures visant à contrôler les potentielles activités militantes des étrangers s’inscrivent dans la tradition de la surveillance politique des migrants du XIXe siècle [49]. Elles ont aussi pour but de contrôler leur diffusion sur le territoire pour éviter la propagation de maladies et, dans une optique plus raciale, à restreindre le contact avec la population autochtone. D’un point de vue socio-économique, elles contribuent à protéger certains secteurs d’activités en limitant l’accès au marché du travail officiel [50]. Une partie des populations concernées sera placée dans un réseau de camps et de centres d’accueil dont certains affichent des objectifs humanitaires et d’autres des buts clairement répressifs et disciplinaires [51]. Dans de nombreux cas le passage par ces espaces anticipe et préfigure soit un éloignement du territoire soit une déportation voire, pour la période de la collaboration, une élimination.

La menace peut être définie selon un modèle mixte combinant des dimensions à la fois stratégiques, politiques et sociales. C’est le cas le plus souvent lorsque ce sont des ressortissants français qui sont désignés comme étant des « suspects », voire des « individus dangereux ». Les pouvoirs publics, dans un « pacte tacite » avec la population, ayant des « doutes » sur la fidélité et l’attachement à la nation française, anticipent sur une éventuelle « trahison » de ces individus par une politique préventive de retranchement du corps social.

Cet « ennemi intime » [52] doit être, plus encore que l’étranger, mis « hors d’état de nuire » selon la formule consacrée des circulaires administratives des politiques d’internement. Différentes populations ont été l’objet de surveillance et de procédures de mises à l’écart. Les nomades [53], les Alsaciens-Lorrains, les Juifs français, les Algériens avant l’indépendance de l’Algérie et plus généralement les ressortissants de l’Empire colonial pour évoquer les principales font l’objet sur la longue durée d’un traitement particulier des pouvoirs publics, qui inclut une réponse en matière de logement [54]. Cette situation de mise à l’écart peut aussi résulter d’une mauvaise conscience de la société d’accueil. C’est le cas des familles harkies qui ont subi depuis leur rapatriement sélectif de 1962 un « exil intérieur » [55] en ayant été assignées depuis lors dans près d’une centaine de camps et de « hameaux forestiers » et qui s’y sont sédentarisées.

La volonté de maintenir à l’écart certaines populations touche également les travailleurs ou les tirailleurs coloniaux. D’emblée il est évident pour les autorités tant militaires que civiles que ces hommes doivent être installés dans des sites réservés, d’autant plus que leur présence organisée sur le sol métropolitain doit rester provisoire. Ils constituent en fait une menace multiple. Ces « indigènes » prélevés dans l’empire colonial représentent un risque en tant que groupes de jeunes hommes seuls, considérés comme racialement et culturellement inférieurs [56]. Il faut donc éviter qu’ils soient en contacts avec la population environnante et qu’ils soient influencés par des idées politiques émancipatrices. Le problème se pose d’ailleurs tant lors de leur séjour en métropole que lors de leur éventuel rapatriement dans leur contrée d’origine où ils risquent d’être cette fois des vecteurs d’idées subversives. Ils constituent enfin une menace en tant qu’ils peuvent susciter des réactions hostiles de la population riveraine de leur lieu d’installation.

Loger et faire travailler les « bouches inutiles »

L’autre catégorie est désignée dès le milieu du XIXe siècle comme étant composée de « bouches inutiles ». C’est au départ le qualificatif appliqué à des populations perçues comme potentiellement gênantes par les autorités militaires parce que habitant, stationnant ou circulant dans des théâtres d’opérations militaires. Les réflexions stratégiques inaugurées dans les années 1850-1870 ont envisagé différentes situations de guerre. Les stratèges s’interrogèrent sur les risques que représenterait la présence de civils dans le conflit pour eux-mêmes mais aussi et surtout pour les difficultés logistiques qu’elle génèrerait pour les militaires, tant pour les combats proprement dits que pour leur ravitaillement. Des projets de déplacement et de regroupement de ces civils vont donc être établis conjointement avec le ministère de l’Intérieur. Ils passent par la mise en place d’un système de camps à même d’accueillir ces populations « déplacées ». Cette notion de « bouches inutiles » regroupe les familles et plus largement tout individu susceptible de ne pouvoir subvenir à ces besoins dans des circonstances exceptionnelles. « Indigentes » et « en surnombre », elles font peser un poids excessif à la collectivité nationale. Le placement dans une forme de logement contraint devra dès lors permettre à la fois de punir de ce surcoût et de le compenser en couplant souvent le retranchement spatial de la collectivité avec la mise au travail.

C’est durant l’entre-deux-guerres que cette catégorie de « bouche inutile » aux fortes résonances anthropologiques ne cesse d’être étendue à d’autres groupes. L’afflux vers la France de réfugiés arméniens puis sarrois, espagnols et juifs d’Europe de l’Est, pour n’évoquer que les principaux contingents, est rapidement perçu comme un surcoût et un « fardeau » pour l’économie nationale. Il faut limiter leur diffusion sur le territoire et d’éviter qu’ils viennent concurrencer les Français sur le marché du travail. Non seulement ils sont placés dans ces centres mais ceux-ci sont installés dans des départements périphériques de l’Hexagone ou à proximité de gares frontières [57]. Cette disposition sur le territoire doit faciliter le rapatriement vers les pays d’origine ou l’expulsion. La durée de l’accueil doit être la plus brève possible de manière à limiter le poids économique de leur prise en charge. Mais dans les faits, l’hébergement se prolonge souvent indéfiniment faute d’accueil alternatif hors des frontières.

Puisque l’installation doit être réalisée au moindre prix, les hébergés participent parfois à la construction du centre d’accueil. Le cas échéant ils sont mis au travail pour compenser les charges qu’ils génèrent. Les centres d’accueil vont ainsi devenir des lieux de sélection de travailleurs susceptibles d’être employés dans les secteurs primaires et secondaires [58]. Des compagnies, puis des groupements de travailleurs étrangers [59] (G.T.E.) vont ainsi voir le jour dans les années 1920-1930. Leur fonctionnement s’apparentent à du travail forcé et sont similaires aux pratiques appliquées dans l’empire colonial [60] ou au traitement réservé aux travailleurs coloniaux « requis » ou « forcés » amenés en métropole [61]. L’origine de ce type de dispositif est sans doute aussi à chercher dans les déplacements de contingents coloniaux de la Première Guerre mondiale. Les « coloniaux » civils sont rassemblés alors selon un principe ethnique dans des « groupements de travailleurs » [62]. Dans ces compagnies de Chinois, d’Annamites ou de Kabyles, la discipline est militaire et le logement à part, en camp ou en caserne, systématique. Les groupements sont quelquefois distingués en fonction de leur activité, agricole ou minière le plus souvent. Un des cas d’accueil de Kabyles et de Chinois dans des casernements a été étudié à propos des usines Schneider [63] mais d’autres employeurs ont eu recours à ce type de main d’œuvre réquisitionnée et de logement contraint [64].

Ces deux larges catégories à dimension anthropologique « d’indésirables » et « d’inutiles » ne sont bien entendues pas « étanches » et il est fréquent que l’appréhension de ces groupes évolue dans le temps. Là encore le logement contraint est un opérateur décisif dans ces translations. Il peut apparaître comme une réponse à la menace ou au poids de telle ou telle population pour les mettre à distance et/ou pour les « mettre au travail ». Mais ce type de logement, en raison notamment de sa propension à rompre les liens sociaux des individus avec l’extérieur du camp, peut s’avérer être le lieu dans lequel le groupe « menaçant » devient un groupe « inutile » ou « dépendant », subissant les mauvaises conditions de vies et ne pouvant subvenir seul à ses besoins élémentaires. Inversement le regroupement d’un grand nombre d’individus dans l’espace du logement contraint transforme aisément une population démunie en menace aux yeux de la collectivité, modifiant au passage les cadres habituels d’appréhension. Ce fut le cas lors de l’installation du centre d’hébergement et d’accueil d’urgence humanitaire de Sangatte, les représentations compassionnelles des riverains du centre faisant progressivement place à une attitude de rejet et de stigmatisation [65].

Conclusion : Le logement contraint ou la norme du hors norme

D’un point de vue d’une sociologie de l’espace et de l’habitat les types de logement contraint présentent des caractères paradoxaux. Si l’on applique les catégories traditionnelles de cette discipline, les camps et autres centres d’accueil sont à la fois un type d’habitat dispersé, en ce qu’ils sont établis en des points distants les uns des autres et éloignés des centres urbains, mais aussi un type d’habitat groupé dans la mesure où des individus en grand nombre sont concentrés dans un espace limité. De plus, que les réfugiés ou les internés participent ou non à la construction de leur habitat ils ne peuvent pour autant influer de manière notable sur la structure de leur « maison » ou les fonctions de cet abri. Cela différencie nettement le logement contraint des bidonvilles et de l’habitat autoconstruit ou squatté permettant à leurs habitants de concevoir leur espace de vie et de modifier les fonctions initiales des pièces qu’ils occupent. Comme abri, outil de production, médiateur social ou encore cadre de vie, ce logement n’est ni conçu ni aménagé selon les besoins de ses occupants, mais selon des principes administratifs et sécuritaires édictés par les autorités.

Néanmoins plusieurs principes structurants de ce que nous avons appelé le « logement contraint » ont pu être établis ici pour le cas de la France.

Premier point, il s’agit toujours d’une ségrégation dans un habitat en dessous des normes en vigueur. D’un point de vue technique il est hors-réseaux, exigu et mal équipé, collectif et surpeuplé. Le mode de peuplement y est administratif, discriminatoire et évidemment non contractuel car, de manière explicite ou non, structurelle ou contingente, c’est une « assignation à résidence forcée ». A l’absence de loyer et de titre d’occupation s’ajoute la durée arbitraire, et donc incertaine, du séjour. Rapidement ouvert, le camp est susceptible d’être soudainement « liquidé » lorsque les internés ont été mis « hors d’état de nuire » et la cité de transit ou le centre de réfugiés peuvent être « résorbés » ou « condamnés » lorsque leur utilité économique ou politique s’est réduite. De même qu’il revient moins cher qu’un logement aux normes en termes de taille, d’équipement sanitaire, d’entretien et de gestion, le personnel de gardiens de ces logements est souvent réduit et peu compétent à l’exception des quelques cadres et travailleurs sociaux qui y interviennent. Tous ces aspects participent d’une fonction dissuasive et répulsive de ce « sous logement ».

Deuxièmement, le passage par l’habitat contraint participe des procédures d’identification et de contrôle administratif des populations « à risques ». Le fichage (carnet anthropométrique des Tsiganes, fichiers Z des Algériens, carnets A et B des étrangers, fichiers juifs, surveillance policière des travailleurs coloniaux, etc.) peut être préalable à la contrainte résidentielle permettant l’identification des individus à surveiller ou il peut être concomitant, le passage par un centre servant cette fois à compter, à identifier et à différencier les individus. On peut voir ici une fonction complexe de ce type de logement qui participe d’un double mouvement d’homogénéisation et d’essentialisation des groupes qui y transitent mais qui permet aussi de procéder à leur classement et leur différenciation en une multitude de sous-catégories hiérarchisées selon les sexes, les nationalités, les antécédents, la santé, l’employabilité, etc. Il faut rappeler le couplage ambiguë du logement contraint avec le travail, souvent « forcé » durant la première moitié du XXe siècle et désormais interdit pour les demandeurs d’asile comme pour les « retenus » [66], mais qui reste en correspondance avec le marché du travail.

En troisième lieu, ce logement, loin d’être exceptionnel, apparaît comme un élément récurrent du répertoire de prise en charge publique et privée de certaines populations. Malléable, il peut fonctionner dans des circonstances variées non seulement comme une forme de punition ou un « sas » de sélection mais aussi comme un recours pratique et routinier pour faire face à des besoins de logement non pourvus. Dans le contexte actuel il fait partie de l’arsenal des techniques (d’acteurs privées autant que publics) de mobilité urbaine forcée qui permet tantôt de « fixer » tantôt « d’expulser » certains groupes « à risques » devant être « scotomisés » [67] et « invisibilisés » [68]. Qui plus est, le fait de « loger », même sommairement, un individu ou un groupe sans abri conserve toujours une dimension « humanitaire » et dépolitisante et par extension représente un début de politique sociale et de prise en charge, avec les effets d’engagement que cela suppose. Lorsqu’elle est informée, l’opinion publique montre une certaine tolérance aux différentes formes que peut prendre cette contrainte car l’argumentaire des pouvoirs publics articule habilement des notions oxymoriques de sécurité arbitraire, d’urgence discrétionnaire et d’hospitalité mesurée [69]. Le logement contraint peut aussi s’avérer pertinent pour analyser les transformations actuelles de la prise en charge, à la frontière entre judiciaire et administratif, des populations « exclues » [70] autres qu’étrangères, les « nouveaux vieillards » [71], les « malades mentaux » [72], et plus largement les nouvelles « figures menaçantes » [73].

Enfin la prise en compte dans l’analyse de la subjectivité des « malgré eux » du logement contraint permet seule de comprendre comment « la communauté imaginée par les uns [devient] la prison politique des autres » [74].

Marc Bernardot

Marc Bernardot, maître de conférences en sociologie à l’université de Lille 1 (Clersé-CNRS UMR 8019)
Spécialiste des questions de logement et d’immigration, il travaille actuellement sur les formes modernes d’internement et de mises à l’écart des étrangers et des déviants.

NOTES

[1] L’internement, forme extrême de logement contraint, et plus généralement la mise en camp, se distingue du système pénitentiaire par son caractère collectif, extrajudiciaire et arbitraire qui participe à essentialiser les individus qui y transitent. Il présente l’avantage d’être plus pratique, meilleur marché et plus discret encore que la prison dont ce sont pourtant les qualités essentielles.

[2] Mosse G., De la Grande Guerre au totalitarisme. La brutalisation des sociétés européennes, Hachette, 2003. Voir aussi Becker A., Oubliés de la Grande Guerre. Humanitaire et culture de guerre (1914-1948), Populations occupées, déportés civils, prisonniers de guerre. Paris, Hachette, 2003.

[3] Nous avons constitué en 2001 un corpus d’un millier environ de lieux de « mise à l’écart » que nous avons progressivement enrichi au fur et à mesure de nos lectures et de nos recherches. Sur la structure de ce corpus cf. notre article, « Au pays des mille et un camps : Approche socio-historique des espaces d’internement en France au XXe siècle » les Cahiers du Cériem, 10, 2002, pp. 57 à 76. D’autres démarches de recensement sont en cours. Par exemple, la fondation pour la mémoire de la déportation a lancé depuis 1999 un inventaire d’un millier de lieux d’internement entre 1938 et 1945 qui porte sur la France métropolitaine et les ex-colonies françaises. Cf. http://www.fmd.asso.fr.php. C’est le cas aussi du réseau Migreurop qui recense cette fois les lieux de rétention actuels des étrangers en Europe qu’ils soient ouverts ou fermés. Cf. Intrand C., Perrouty, Pierre A., « La diversité des camps d’étrangers en Europe : présentation de la carte des camps en Europe », Cultures et Conflits, 57, 2005, pp. 71 à 90.

[4] La circulaire de 2001 sur les conditions d’entrée et de séjour des étrangers stipule que le préfet ou le commissaire de police peut décider de transformer toute pièce en local de rétention administrative.

[5] Gilbert A., Gugler J., Cities, Poverty, and Development. Urbanization in the Third World, Londres, Oxford University Press, 1982.

[6] Ce type d’habitat est intégré au continuum des formes de logements administratifs ou accompagnés lorsque les capacités de ces derniers sont saturées. Cf. Bouillon F., « Des migrants en des squats : précarités et réactivités aux marges de la ville, Revue européenne des migrations internationales, 19, 2, 2003, pp. 23 à 46 ; Ballain R., Bougnoux M.-O., « Les saisonniers : des conditions de vies indignes pour les soutiers du tourisme et de l’agriculture », annexe du rapport 2002 sur l’état du mal logement en France, Fondation Abbé Pierre, 2003, 52 p.

[7] Il faut noter que le développement de cette « contrainte par le logement » se fait depuis les années 1990 dans un contexte de criminalisation de l’immigration et de xénophobie nationaliste accrue. A posteriori la perception, dans la société française des années 1950-1970, du réfugié comme une victime apparaît exceptionnelle. Sur ce point voir Kobelinsky C., « Les figures du réfugié : représentations pratiques et quotidiennes dans deux centres d’accueil pour demandeurs d’asile », communication à la journée d’études du programme ACI-Asiles, 17 mai 2005.

[8] Mauran H., Les camps d’internement et la surveillance des étrangers en France durant la Première Guerre mondiale (1914-1920), Thèse d’histoire, Montpellier III, 2003, t. 1 ; Tuban G., Les séquestrés de Collioure, un camp disciplinaire au Château royal en 1939, Perpignan, Mare Nostrum, 2003.

[9] Bernardot M., « Etre interné au Larzac : la politique d’assignation à résidence surveillée durant la guerre d’Algérie, 1958-1962 », Politix, 1-2005, pp. 39 à 61.

[10] Charbit M., « Sociographie des familles de harkis de Saint-Maurice l’Ardoise », DPM, 2005, 27 p., dact.

[11] Boitel A., Le camp de Rivesaltes 1941-1942, du centre d’hébergement au « Drancy de la zone libre », Presses universitaires de Perpignan, Mare Nostrum, 2001.

[12] Mohseni C., « L’accueil des demandeurs d’asile en France : le cas des Kurdes de l’East Sea », Hommes et migrations, 1250, 2002, pp. 59 à 64.

[13] Nous avons pu constater pour les camps comme les foyers un processus récurrent de fragmentation de l’espace.

[14] Bernardot M., « Au cœur de Saint-Mître : sociologie d’un centre de séjour surveillé, 1944-1945 », Déviance et société, 29-1, 2005, pp. 13 à 31.

[15] On peut citer par exemple le château de Fort-Barraux dans l’Isère qui, après avoir été utilisé comme camp de prisonniers de guerre allemand entre 1914 et 1918, a été successivement un centre d’accueil de réfugiés espagnols dans les années 1930, puis un centre de séjour surveillé dans les années 1940. Depuis 1987, il sert à héberger de jeunes délinquants pour des programmes de réinsertion. Une histoire presque identique peut être évoquée pour le centre de la Rye au Vigeant dans la Vienne. A l’origine centre de pyrotechnie et de munitions à la fin des années 1930, il va dans les années 1940 accueillir successivement des soldats malgaches puis des soldats allemands, avant d’être une prison de droit commun. Il héberge ensuite des réfugiés, indochinois en 1954, hongrois en 1957, harkis en 1962. Le camp devient alors une petite ville avec une école, un centre de formation pour adultes, un cimetière musulman. Depuis 1991, il accueille comme Fort-Barraux un centre de réinsertion pour jeunes délinquants.

[16] Bernardot M., « Au cœur de Saint-Mître… », op. cit.

[17] Farcy J.-C., Les camps de concentration français de la première guerre mondiale, Paris, Anthropos – Economica, 1995.

[18] « Un incendie a ravagé un hôtel du centre de Paris ». Le Monde, 16 avril 2005. Ce sinistre meurtrier à l’hôtel « Paris Opéra » dans le 9e arrondissement relance la visibilité médiatique du logement en hôtel des réfugiés et déboutés du droit d’asile par les services sociaux et le Samu social. Voir « L’hébergement d’urgence est démuni face à l’afflux d’étrangers, Le Monde, 17-18 avril 2005, et « Les nouveaux marchands de sommeil stigmatisés » Le Figaro, 19 avril, 2005.

[19] Etudes tsiganes, op.cit. ; Peschanski D. (dir.), Les Tsiganes en France, 1939-1946, Paris, CNRS Editions, 1994 ; Sigot, Jacques, Ces barbelés oubliés par l’histoire, un camp pour les Tsiganes et les autres, Montreuil-Bellay, 1940-1945, La Motte d’Aigues, Châteauneuf-les-Martigues, 1994.

[20] Cette habitude est à rapprocher du logement d’usine et du casernement des travailleurs coloniaux. Sayad A., « L’immigration en France : une pauvreté exotique », Mémoires algériennes, coord. Kadri A., Prévost G.. Paris, Editions Syllepse, 2004, pp. 121 à 153.

[21] Dreyfus-Armand G., Témime E., Les camps sur la plage, un exil espagnol, Paris, Editions Autrement, hors série, 1995 ; Plages d’exil, les camps de réfugiés espagnols en France, BDIC, Centre universitaire de Nanterre, 1989.

[22] Sur cette expression voir le récent colloque « Exil et relégation, les tribulations du sage et du saint dans l’Antiquité romaine et chrétienne », Université Paris 12 – Val de Marne, 17-18 juin 2005.

[23] Bourdieu P., Sayad A., Le Déracinement, Paris, Edition de Minuit, 1964. Sur la longue durée, les conséquences pour les populations passées par le logement contraint sont considérables, en termes de stigmatisation, de culpabilisation ou de victimisation et de mémoire collective comme l’ont montrés différents travaux sur les ex-Harkis, les Roms et les travailleurs coloniaux.

[24] De nombreuses recherches anglo-saxonnes abordent les conséquences psychosociologiques de l’internement. Voir par exemple : Bloom L., “Till death do us part : Men’s and women’s interpretations of war time internment”, Women’s Studies International Forum, Vol. 10, Issue 1, 1987, pp. 75-83 ; Debogovich G., “Japanese-American internment : a Psychohistorical inquiry”, Thèse PHD, Université de Carrolton, USA, 1999.

[25] Roux M., Les Harkis, les oubliés de l’histoire, 1945-1991, Paris, La Découverte, 1992.

[26] Cette formule est de J.-F. Mattei, président de la Croix-Rouge française, à propos du tsunami dans l’Océan indien en décembre 2004.

[27] Les effets d’engagement (path dependancy) à long terme du logement contraint pour les autorités sont néanmoins parfois très coûteux.

[28] Ils se fondent sur les idéologies hygiénistes coercitives et sécuritaires de la première moitié du XIXe siècle.

[29] Flamand J.-P., Loger le peuple. Essai sur l’histoire du logement social, Paris, La Découverte, 1989.

[30] Murard L., Zylberman P., Le Petit Travailleur infatigable. Villes-usines, habitat et intimités au XIXe siècle. Paris, Recherches, 1976 ; Devilliers C., Huet C., Le Creusot, naissance et développement d’une ville industrielle, 1782-1914. Paris, Champ Vallon, 1981.

[31] Schor R., Histoire de l’immigration en France de la fin du XIXe siècle à nos jours, Paris, A. Colin, 1996, pp. 41 et suiv. Pour les différents services de gestion de la main d’œuvre coloniale pendant la P.G.M., voir Viet V., La France immigrée. Construction d’une politique, 1914-1997, Paris, Fayard, 1998, pp. 32 à 36.

[32] Cf. « Instructions pour les chefs de détachement du service des travailleurs coloniaux », « Guide administratif à l’usage des commandants de groupements nord-africains » 1918, archives départementales de l’Indre, (R 921).

[33] Sayad A., « L’immigration en France : une pauvreté exotique » op. cit, p. 147 ; El Atouf E., « Les institutions coloniales de l’entre-deux guerres pour les musulmans d’Afrique du Nord », Migrations Santé, 110-11, 2002, pp. 161 à 192 ; Gallissot R., « La guerre et l’immigration algérienne en France », La guerre d’Algérie et les Français, s.d. Rioux J.-P., Paris, Fayard, 1990, pp. 337 à 347.

[34] Voir par exemple, Sene, I. « Colonisation française et main-d’oeuvre carcérale au Sénégal : De l’emploi des détenus des camps pénaux sur les chantiers des travaux routiers (1927-1940) », French Colonial History, 5, 2004, pp. 153-171.

[35] A ne pas confondre avec la Main d’œuvre immigrée (M.O.I.), mise en place par le P.C.F. en 1923 pour encadrer les travailleurs immigrés en métropole, et qui fournira des troupes de choc durant la Résistance.

[36] Organisation de la Nation pour le temps de guerre, Paris, Imprimerie du Journal officiel, 1952.

[37] Bernardot M., « Chronique d’une institution : la Sonacotra, 1956-1976 », Sociétés contemporaines, 33-34, 1999, pp. 38 à 58 ; Pitti L., « Les “Nord-Africains’’ à Renault : un cas d’école de gestion coloniale de la main d’œuvre en métropole », Bulletin de l’IHTP, 83, 2004, pp. 128 à 143.

[38] L’euphémisation des appellations des camps est fréquente. Ces derniers peuvent être désignés par exemple comme « centres d’assignation » ou comme « centres de séjour surveillé ».

[39] Sur les carrières de commissaires gestionnaires de camps, voir notre article, « Etre interné au Larzac … » op. cit. Les projets actuels d’intensification de la lutte contre l’immigration clandestine du gouvernement français évoquent la création autour de la police de l’air et des frontières d’une police spécialisée de l’immigration qui aura à gérer des centres de rétentions.

[40] Au sein du ministère de l’Intérieur cette politique est conçue par le service « assignation » de la direction de la réglementation intérieure. Il s’inspire des précédents textes régissant l’internement. Les Décrets de 1938, 1939 et 1943 notamment servent de modèles à la rédaction des nouvelles règles relatives à l’assignation à résidence.

[41] Mauran H., Les camps d’internement… , op. cit.

[42] House J., « Contrôle, encadrement, surveillance et répression des migrations coloniales : une décolonisation difficile (1956-1970) », Bulletin de l’IHTP, 80, 2004, pp. 144 à 156 ; Bernardot M., « Trois configurations historiques du logement des célibataires étrangers au XXe siècle », Actes de l’histoire sociale de l’immigration, 1999, http:// barthes.ens.fr/clio, 4 p.

[43] Bernardot M., « Des camps en France, 1944-1963 », Plein droit, 58, 2003, pp. 9 à 13.

[44] Ces notions floues d’un point de vue juridiques apparaissent durant le XIXe siècle dans plusieurs pays européens et sont à même d’être adaptées et transposées à une grande variété de circonstances, en tant de guerre comme en temps de paix. Agamben G., Homo sacer I, le pouvoir souverain et la vie nue, Paris, Seuil, 1997.

[45] Marrus M., Les Indésirables. Réfugiés européens au XXe siècle, Paris, Calmann-Lévy, 1986.

[46] Entre autres dates de naissance du camp moderne et du recours à l’internement, la « loi sur les suspects » de 1793 est souvent, elle-même probablement « héritière » des « lettres de cachets ».

[47] Farcy J.-C., Les camps de concentration français … », op. cit.

[48] Mezzadra S., Diritto di fuga. Migrazioni, cittadinanza, globallizazione, Verona, Ombre Corte, 2001.

[49] Blanc-Chaléard M.-C. et alii. Polices et migrants. France (1667-1939), Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2001

[50] Par exemple Les Juifs étrangers en provenance d’Europe de l’Est et les Espagnols républicains de la Retirada. Noiriel G., Le Creuset français, histoire de l’immigration, XIXe-XXe siècle, Paris, Seuil, 1992.

[51] Parmi les nombreux ouvrages traitant de cette question voir par exemple : Grandjonc J., Grundtner T., Zones d’ombres : exil et internement d’Allemands et d’Autrichiens dans le Sud-est de la France (1933-1944), Aix en Provence, Alinéa-Erca, 1990 ; Les Camps d’internement dans le midi de la France, 1939-1944, Bibliothèque municipale de Toulouse, 1990.

[52] Nous reprenons ici le titre du film de Hervé Rotman sur la guerre d’Algérie. On pourrait aussi le désigner comme un « inquiétant étrange ». Cf. Freud S., « L’inquiétante étrangeté » [1919], L’inquiétante étrangeté et autres essais, trad. B. Féron, Paris, Gallimard, 1993, pp. 213 à 263.

[53] « France : L’internement des tsiganes (1939-1946), Etudes tsiganes, 2, 1995.

[54] Mauran H., « Un camp d’“Alsaciens-Lorrains romanichels’’ dans la Drôme (Crest, 1915-1919) », Etudes tsiganes, 13, 1999 ; Peschanski D., dir.), Les Tsiganes en France, 1939-1946, Paris, CNRS Editions, 1994 ; Sigot, Jacques, Ces barbelés oubliés par l’histoire, un camp pour les Tsiganes et les autres, Montreuil-Bellay, 1940-1945, La Motte d’Aigues, Châteauneuf-les-Martigues, 1994.

[55] Muller L., « L’exil intérieur des harkis », Revue des sciences sociales de la France de l’Est, 24, 1997, pp. 107 à 111.

[56] Dornel L., « Les usages du racialisme. Le cas de la main d’œuvre coloniale en France pendant la Première Guerre mondiale », Genèses, 20, 1995, pp. 48 à 72. Voir aussi : Horne J., “Immigrants workers in France during the World War 1’’, French international studies, 14, 1985, pp. 57 à 88.

[57] Dans les années 1930, des « centres de tris » qui regroupent et sélectionnent les étrangers autorisés à entrer sur le territoire national sont installés dans les principaux ports et gares frontières (Le Havre, Toul, Modane, Menton, Cerbère, Perpignan, Campan, Hendaye, Bordeaux). La géographie actuelle des principaux centres de rétention et des zones d’attente des personnes en instance est similaire (ports, aéroports, points de passage ferroviaires aux frontières).

[58] Ces sélections de travailleurs (entendues comme choix et comme restriction) peuvent se faire soit dans les camps installés en métropole soit dans des camps situés hors des frontières comme lors de l’immédiat après seconde guerre mondiale. Cf. à ce sujet Noiriel G., La tyrannie du national. Le droit d’asile en Europe (1793-1993), Calmann-Lévy, 1991.

[59] Giraudier V., Sauvageon J., Mauran H., Serre R., Des indésirables. Les camps d’internement et de travail dans l’Ardèche et la Drôme durant la Seconde Guerre mondiale, Valence, Editions Peuple libre & Notre temps, 1999

[60] Babassana H., Travail forcé, expropriation et formation du salariat en Afrique noire, Presses universitaires de Grenoble, Université de Brazzaville, 1978 ; Fall B., Le travail forcé en Afrique Occidentale française, (1900-1945), Paris, Karthala, 1993 ; Roitman J., « The Garrison-Entrepôt », Cahiers d’études africaines, 150-152, XXXVIII-2-4, 1998, pp. 297 à 329.

[61] Tran-Nu L.-K., Les Travailleurs indochinois en France de 1939 à 1948, Thèse d’histoire, Paris X, 1998.

[62] Près de 190 000 travailleurs coloniaux sont affectés à des tâches civiles durant la Première Guerre mondiale. Ils sont le plus souvent voués à des tâches spécifiques selon des regroupements ethniques et logés sur les sites même selon les mêmes principes.

[63] Cf. Frey J.-P., La Ville industrielle et ses urbanités, la distinction ouvriers/employés. Le Creusot 1870-1930, Liège, Bruxelles, Mardaga, 1993. Le besoin de main d’œuvre pousse les responsables de ces établissements à faire appel à des étrangers. Les « travailleurs coloniaux » sont accueillis à partir de 1916, selon un cahier des charges signé avec les autorités, dans de grands cantonnements sur la propriété de l’usine. Cet habitat répond à une architecture relativement standardisée qui est la même que pour les camps d’internements militaires. Frey précise d’ailleurs que « l’autonomie des cantonnements par rapport à la ville et l’ordre militaire y est telle, qu’ils ont pu (…) accueillir indifféremment des travailleurs, des militaires, des réfugiés et des prisonniers. » (p. 340). Ces espaces cantonnés, ceints de palissade et de barbelés, verront effectivement passer, avant leur destruction dans les années 1950, des coloniaux, des travailleurs polonais, des réfugiés Russes blancs, des ouvriers espagnols…

[64] La Société nationale des poudres et explosifs a été un employeur et un logeur prépondérant des ouvriers coloniaux depuis la Première Guerre mondiale (Kabyles et Annamites par exemple à Angoulême, à Bergerac, à Saint-Chamas, à Mauzac, etc.).

[65] Voir, Bernardot M., Deguines I., « Cohabiter à Sangatte », Plein droit, 58, 2003, pp. 25 à 28.

[66] Voir à ce sujet : Bourgeois F., (s.d.), « Les réfugiés Kosovars évacués à Lyon et à Montréal au printemps 1999. Une recherche comparative : politiques d’accueil, insertion sociale et circulation migratoires », Migrations études, n°100, 2001, 6 p. ; Fischer N., « Clandestins au secret. Contrôle et circulation de l’information dans les centres de rétention administrative français », Cultures et Conflits, 57, 2005, pp. 91 à 118.

[67] Simon P., « La gestion politique des immigrés. La diversion par la réforme urbaine », Sociétés contemporaines, 33-34, 1999, pp. 5 à 14.

[68] Cf. à ce sujet notre communication pour le VIII ème congrès de l’association française de science politique, « L’impensable visibilité des mobilisations d’étrangers en France ». Atelier 31 s.d. Thomas H., « Les invisibles de la sociologie de la participation politique » Lyon, 14 septembre 2005.

[69] Lire sur le retournement de l’hospitalité le texte de Derrida J., De l’hospitalité, Paris, Calmann-Lévy, 1997.

[70] Thomas H., La production des exclus, Paris, P.U.F., 1997.

[71] Thomas H., « Le “métier’’ de vieillard. Institutionnalisation de la dépendance et processus de désindividualisation dans la grande vieillesse », Politix, 2005, « Formes et enjeux du vieillissement ».

[72] A ce sujet voir les travaux de Bernardet P., « Les dossiers noirs de l’internement psychiatrique, Paris, Fayard, 1989, confirmés par les tendances actuelles. « Le nombre d’internements psychiatriques a fortement augmenté », Le Monde, 28 octobre 2004.

[73] Garapon A. Salas D. (dir.), La justice et le mal, Paris, Odile Jacob, 1997.

[74] Appadurai A., Après le colonialisme. Les conséquences culturelles de la globalisation, ([1996], 2005), Payot, Paris p. 70.

Marc Bernardot, "Déplacer et loger les indésirables, sociologie du logement contraint", Recueil Alexandries, Collections Esquisses, septembre 2005, url de référence: http://www.reseau-terra.eu/article337.html

Ce texte est une version modifiée d’une communication au colloque international « Mobilité, précarité, hospitalité : héritages et perspectives du logement en Europe », Nanterre, Paris X, 29 et 30 septembre 2005. Nous amorçons, dans cet article, une socio-histoire des modes de résidence forcés et logements contraints pour les populations indésirables en France durant le XXe siècle..